dimanche 30 septembre 2018

BD - Suivez Wallace et ses deux amis


Les auteurs américains adorent raconter la vie quotidienne des enfants. Les Peanuts du XXIe siècle s’appellent Wallace, Spud et Amelia. Trois gamins imaginés par Will Henry. Dans une petite ville en bord de mer, ils s’amusent et s’inventent de grandes aventures. Wallace est un gamin qui aime par dessus tout marcher pieds nus en été durant les vacances. 
Quand arrive la rentrée des classes, son principal problème est de remettre ces chaussures si contraignantes. Par chance, il n'est pas seul en classe. Il est à côté de son meilleur ami, Spud. Le plus grand trouillard de tous les temps. Spud, qui tombe vite amoureux mais sans jamais le dire aux concernées. Comme Amélia, la nouvelle. Son premier fait d'arme : dégommer un nid de frelons. Intrépide, garçon manquée, elle va entraîner les deux amis dans des aventures mémorables. Enfin surtout Wallace, car Spud refuse toujours de prendre le moindre risque. C’est tendre, réellement comique et parfois complètement loufoque.

« Wallace l’intrépide », Jungle, 20 €

BD - Alix sur les traces du César historique


Nouveau changement de main pour Alix. David B. (scénario) et G. Albertini (dessin) signent « Veni vidi vici », 37e titre de la série lancée par Jacques Martin. Un récit se déroulant en Asie mineure, dans la ville où César prononcera les fameux mots après une bataille sanglante. Mais avant cela, Alix, chargé de récupérer des livres pour une bibliothèque, se trouvera au centre d’une histoire de divinités et de sacrifices. 
Une multitude de dieux sont honorés dans cette ville qui compte quantité de temples. Ils sont tous reliés par des souterrains. Même celui du culte de la Peur qui n'honore aucune divinité. C'est dans ce lieu qu'Alix et Enak croiseront le chemin de Personne, une femme géante, guerrière impitoyable. Un album assez sombre, dans le style des premiers albums même si les dialogues et textes déclaratifs sont sérieusement allégés par rapport aux années 50.

« Alix » (tome 37), Casterman, 11,95 €

samedi 29 septembre 2018

BD - Les nouveaux conquistadores de Conquêtes


Dans un futur très lointain, la Terre devenue inhabitable, cinq convois de vaisseaux spatiaux s’envolent vers des exoplanètes. Première histoire avec la conquête d’Islandia, la planète glacée. Jean-Luc Istin (avec la complicité de Nicolas Jarry) a écrit cette ambitieuse série en cinq volumes confiés à quatre dessinateurs. Radivojevic, au trait réaliste léché, illustre l’arrivée des colons sur cette planète où la température ne dépasse jamais le zéro dedré celsius.
 Les autochtones y vivent dans des huttes. Pas de technologie. Quasiment comme s'ils étaient au Moyen-Age, voire à l'époque des cavernes. La lieutenant Konig fait partie de l’avant-garde chargée de la prise de contact. Malgré des différences physiques, les Islandiens ont beaucoup de points commun avec les Humains. Le rire par exemple. L'amour aussi. Mais qu'en est-il du côté belliqueux ? Une première partie qui fait rêver, une seconde où les armes se mettent à parler. Et rapidement les choses dégénèrent car la vérité est ailleurs. Du très grand spectacle que James Cameron ne renierait pas.

« Conquêtes » (tome 1), Soleil, 16,95 €

vendredi 28 septembre 2018

De choses et d'autres - Ces sports de l'extrême

Il y a les sports rois, le foot partout dans le monde, le rugby sous nos latitudes sudistes. D’autres tentent de se faufiler au sommet au gré des résultats des équipes nationales (hand, basket). Restent les disciplines bizarres ou anecdotiques, celles dont le chemin à parcourir avant la consécration s’apparente plutôt à un chemin de croix.

Tel le Chase tag par exemple, connu en France sous le nom de « touche-touche » ou « loup », jeu que nous avons tous pratiqué dans les cours de récréation. Non sans humour, la fédération mondiale le présente comme « Le sport le plus reconnu et populaire du monde » dans la présentation officielle du site internet. En gros, il suffit de courir et d’effleurer son « adversaire ».

En version sport il se déroule sur un terrain fermé parsemé d’obstacles. Physique et spectaculaire, chaque membre des équipes de 4 tente à tour de rôle de toucher un adversaire. Des compétitions mondiales sont organisées régulièrement et la meilleure équipe est le Marrero Gang. En réalité, cette course s’apparente plus à une épreuve de parkour (acrobaties sur des mobiliers urbains) qu’à un amusement de cour de récréation.

Encore moins connu (pour ne pas dire fantaisiste), le « ventriglisse » imaginé par trois jeunes Castrais qui, enfants, ont trop regardé « Intervilles ». Ils ont pour ambition de faire entrer cette discipline aux jeux Olympiques. Le principe : une bâche agricole et du liquide vaisselle. On s’élance et celui qui glisse le plus loin l’emporte. Spectaculaire, mais pas forcément très académique.

Et si l’alcool est considéré comme produit dopant, fort peu de concurrents franchiront la ligne d’arrivée sans être éliminés. L’avantage : les participants, même vacillants, ne peuvent pas tomber, ils démarrent déjà ventre à terre.

jeudi 27 septembre 2018

De choses et d'autres - Des claques pour Nicky Larson

Adapter une bande dessinée au cinéma est devenu la grande mode des producteurs français en mal d’imagination. Le résultat peut s’avérer très concluant (Les vieux fourneaux) ou beaucoup moins réussi (Le Petit Spirou). Plus étonnante, la transposition d’un dessin animé japonais lui-même issu d’un manga. Le 6 février 2019 « Nicky Larson et le parfum de Cupidon », film écrit, réalisé et interprété par Philippe Lacheau sortira sur tous les écrans de France et de Navarre.

Une première bande-annonce a été dévoilée hier et la réaction des fans n’a sans doute pas été à la hauteur des espoirs du cinéaste pourtant habitué au succès depuis Babysitting. Rarement on se sera moqué à ce point d’un extrait de film. Plus de 150 000 vues en une journée mais surtout trois fois plus de « je déteste » que de « j’aime », des commentaires désespérés ou méchants et un début de jeu pour imaginer comment Philippe Lacheau « massacrerait » des films ou dessins animés connus (le meilleur, Matrix avec en vedette un… Minitel).


En endossant le costume de Nicky Larson, Philippe Lacheau réalise sans doute un rêve de gosse, quand il regardait le dessin animé dans « Club Dorothée ». Mais à la base, la BD City Unter de Tsukasa Hojo avait un caractère sexuel affirmé, atténué dans le dessin animé, complètement gommé dans la version française coupée et censurée. Philippe Lacheau a gardé un peu le côté salace de City Hunter, mais cela vole très bas. L’impression générale pour les fans de City Hunter est résumée dans cette appréciation de Mish9volt : « Acteurs pas crédibles ayant l’air de cosplayeurs (fans qui se déguisent à l’image de leur héros préféré NDLR) qui posent dans une convention. »

mercredi 26 septembre 2018

DVD et blu-ray - Flics peu orthodoxes


Ancêtres de l’infiltration, les flics de la brigade secrète Seven Ups ont véritablement existé. Ils ont collaboré au scénario de ce film d’action américain produit et réalisé par Philip D’Antoni. Roy Scheider est à la tête de cette unité qui traque les mafieux new-yorkais. Le film de 1973 ressort avec un important livret sur ce qui reste un chef-d’œuvre du film policier avec une course-poursuite d’anthologie.

➤ « The Seven Ups », Wild Side Vidéo

DVD et blu-ray - Les peurs enfantines de Stephanie



Seule dans sa grande maison, Stephanie , 6 ans, tente de survivre. Elle parle beaucoup à une peluche, Francis, et parfois tente de réveiller son frère. Mais ce dernier est mort. Et en état de putréfaction avancée. La nuit, un monstre rode. Ce film d’horreur (où on retrouve Ana Torv, l’héroïne de Fringe), intrigue beaucoup dans la première demi-heure. La suite est plus convenue mais reste quand même très effrayante.

➤ «Stephanie», Universal

DVD et blu-ray - Des mères de famille extra dans le sillage des MILF d'Axelle Laffont


Trois copines, toutes âgées de plus de 40 ans, partent dans le sud en plein été. Pas des vacances ordinaires. Elise (Axelle Laffont) et Sonia (Marie-Josée Croze) vont vider et nettoyer la maison de Cécile (Virginie Ledoyen). 
Veuve depuis trois ans, elle n’y habite plus et compte la vendre dans un mois. Ce film de nanas, le premier de la comique Axelle Laffont, joue sur l’opposition et la complémentarité des trois amies. Cécile, toujours dans le deuil, est sé- rieuse et introvertie. Sonia, maî- tresse depuis des années d’un homme marié espère toujours qu’il va quitter sa femme pour elle. 
Elise, divorcée, est une frappadingue en quête de sensations fortes. Quand elles croisent le chemin de trois jeunes de 20 ans, elles vont devenir des MILF, des « Mother I’d Like to Fuck». Mais l’amour est souvent compliqué entre générations. Et marrant aussi dans une comédie trépidante et ne manquant pas de charme ni de fond. Dans les bonus du DVD, un bêtisier débridé et potache.

➤ « MILF », Studiocanal

De choses et d'autres - Une belle marque aux oubliettes


Il semble qu’en France on n’aime pas les « winners ». Ni les bénis oui oui. Quoique. Contrairement aux USA où richesse et célébrité sont synonymes de gloire. 
Chez nous, les réactions sont diamétralement opposées. Les gros salaires (sauf ceux des sportifs) provoquent la suspicion. La reconnaissance mondiale ? Trahison à la patrie. Un axiome valable pour les personnes mais aussi pour les marques. Preuve avec le TGV. Le train à grande vitesse bat tous les records, remporte des succès à l’étranger, sillonne la France du Nord au Sud, révolutionne le voyage en train de papa. 
Vous dites TGV et immédiatement une image de vitesse, de modernisme et d’avenir s’impose aux yeux de tous. Trop parfaite sans doute. La SNCF débaptise donc ses trains. Désormais nous ne prendrons plus le TGV mais le « Inoui ». Nouvelle appellation doublée d’un logo qui se veut moderne et inversable. Le premier « I » a le point en bas, la forme des autres lettres est simplifiée. Le O central prend une ampleur digne du ventre d’Obélix, de sorte que les graphistes aient pu vendre ce logo lisible dans les deux sens.

Certains esprits mal intentionnés interprètent différemment cette lecture croisée. Oui à l’endroit et Oui à l’envers, cela ne donne pas Inoui mais Oui-Oui. Voilà comment la SNCF a troqué son TGV, symbole mondial envié de la réussite et de l’excellence française contre le petit train de Oui-Oui. Il semble qu’en France on aime les « Ouiners ».

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 26 septembre 2018

mardi 25 septembre 2018

De choses et d'autres - Aux urnes citoyens helvétiques

En Suisse, le vote s’apparente presque à une activité hebdomadaire. Dimanche dernier par exemple, plusieurs sujets étaient proposés aux citoyens helvétiques. Avec parfois des particularismes par canton. On a beaucoup parlé de la dé-cision de celui de Saint-Gall d’interdire la burqa. La question sera mise aux voix au niveau national l’an prochain.

Néanmoins la véritable révolution de ce dimanche soulève beaucoup moins de polémique. La réforme proposée a été adoptée à plus de 73%. Il s’agissait purement et simplement d’inscrire la pratique du vélo dans la Constitution. En clair, les pistes cyclables seront encouragées (et donc financées) par le gouvernement fédéral sur le même principe que les chemins pédestres. Un véritable plébiscite en faveur de la petite reine.

Pourtant, contrairement aux Pays-Bas, pédaler en Suisse implique une condition physique parfaite. Passer d’une vallée à l’autre nécessite des mollets en béton. Des pistes skiables, je comprendrais, mais des pistes cyclables, je me demande encore ce qui leur est passé par la tête.

Écologistes les Suisses ? Oui, mais pas trop. Car dans le même temps, deux autres projets pourtant louables pour la santé et la culture des citoyens ont été rejetés. Il y était question d’imposer la souveraineté alimentaire et de favoriser les aliments équitables. Que les Suisses se rassurent, ils conserveront le droit de manger des hamburgers de mauvaise qualité avec du succédané de fromage sous film plastique, alors qu’ils disposent de vaches et de fromages d’exception.

Les Zurichois ont également voté massivement contre les subventions aux producteurs de cinéma. De crainte sans doute que Depardieu se lasse de la Corée du Nord et décide de s’offrir une cure de jouvence en gravissant les alpages. À vélo.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 25 septembre 2018

lundi 24 septembre 2018

De choses et d'autres - Scène imaginaire chez un expert psychiatrique qui n'a pas de chance...

La scène (imaginaire) se déroule dans la salle d’attente d’un médecin psychiatre. La porte s’ouvre, un homme, barbe bien taillée, costume classe, entre prudemment. Il regarde aux quatre coins de la pièce comme s’il inspectait une scène de crime. Il s’installe dans un coin et salue d’un bonjour laconique la seule personne présente, une femme entre deux âges. La blonde peu souriante tire avec avidité sur sa cigarette électronique malgré les messages d’interdiction.

Après dix minutes à se regarder en chiens de faïence, l’homme rompt le silence.

- Vous êtes là pour vous faire expertiser vous aussi ?

- Oui, décision de justice.

- Moi aussi. Comme si je n’étais pas plus équilibré que le juge qui tente de me faire tomber.

- À qui le dites-vous, répond la femme qui se déride un peu. Il paraît que j’ai un problème avec l’image de la violence...

- Je connais. Il suffit qu’on se montre un peu viril, tout le monde vous accuse de toutes les tares et on vous catalogue serial killer.

- Moi c’est juste un problème d’image. Je ne me suis jamais battue. Ce qui selon moi rend cette expertise encore plus idiote.

- Il paraît que l’expert va aussi nous interroger sur notre famille, pour comprendre d’où vient le mal.

- C’est sûr qu’avec mon père fallait filer droit. Il ne plaisantait pas. Mais j’essaie de couper avec lui. J’espère que cela m’aidera.

- Oh moi ma famille je lui dois tout. J’ai été bien élevé. Pas question que je dise du mal d’elle, même sous la contrainte.

Le psychiatre entre dans la salle d’attente. « Mme Marine Le Pen, c’est à vous. M. Alexandre Benalla, vous passerez juste après. »

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 2' septembre 2018

dimanche 23 septembre 2018

BD - Comment ne pas aimer la Barcelone de "L'art de mourir par Raule et Berthet


Raule est de Barcelone. Raule aime Barcelone. Le scénariste de Jazz Maynard, dans la préface de cet album dessiné par Philippe Berthet explique qu’il aime Barcelone, « ma ville invisible, mystérieuse, belle et brutale ». La ville de Gaudi sert de décor à cette histoire sombre comme la collection qui l’héberge, « Ligne noire ».

Un policier français, Philippe Martin, se rend d’urgence dans la capitale catalane. Une jeune fille, étudiante en histoire de l’art, est retrouvée morte dans sa baignoire. Un suicide selon toute probabilité. Dans une lettre d’adieu, elle parle de son père, ce policier français qu’elle n’a jamais connu. De lui, elle a cette passion pour les chansons de Jacques Brel. Lui ne savait pas qu’il avait une fille. La femme avec qui il vivait, l’a quitté il y a 25 ans. Enceinte visiblement. Il se découvre une fille. Et doit en faire le deuil immédiatement.


Le récit devient de plus en plus mystérieux, étonnant et va glisser vers le polar pur et dur. Avec coups de théâtre et scènes d’action dans des lieux emblématiques de cette ville « belle et brutale », du téléphérique du port au labyrinthe d’Horta.

➤ « L’art de mourir », Dupuis, 14,99 €

A Saint-Michel-de-Llotes, les abeilles restent les stars le 30 septembre

Saint-Michel de Llotes accueille le dimanche 30 septembre la fête du miel et des abeilles. Une journée marquée par la présence d'Arnaud Montebourg, créateur de la marque "Bleu, Blanc, Ruche".



Le dimanche 30 septembre il y aura beaucoup d’animation à Saint-Michel-de-Llotes : des abeilles, du miel, des apiculteurs et producteurs locaux et… Arnaud Montebourg. Une personnalité nationale qui parrainera cette fête du miel et des abeilles inscrite dans le paysage des animations en Pays catalan depuis le début des années 2000.

« Ce n’est pas l’ancien homme politique que j’ai sollicité, explique Jean-Luc Obrecht, le maire, mais le chef d’entreprise ». L’ancien ministre socialiste s’est retiré de la vie politique et a créé la société « Bleu Blanc Ruche » qui a vocation de promouvoir le miel français et la plantation d’oliviers. Un coup de projecteur sur ce village de 373 âmes qui tente d’attirer des jeunes. Tout en voulant préserver la quiétude de ce petit bourg, coincé le long de la rivière le Gimenell, il faut amener des forces vives. Après l’installation d’un apiculteur, ce sont des chevrières qui devraient s’implanter et produire des fromages locaux.

Au plus près des abeilles avec l’apimobile  
En attendant ces nouveaux produits « made in Saint-Michel-de-Llotes », vous pourrez déguster nombre de spécialités du coin au cours de ce rendez-vous mettant à l’honneur les produits locaux. Préparez vos papilles pour le miel, les amandes, fruits et pâtisseries. Des artistes seront aussi de la fête et les apiculteurs pourront aussi trouver leur bonheur sur les stands de matériel professionnel. Après la traditionnelle messe, l’USAR (Union syndicale apicole du Roussillon), partie prenante de plusieurs animations, procédera à une démonstration d’extraction de miel.


L’USAR viendra également avec son « apimobile ». Il s’agit d’une remorque vitrée contenant une ruche. Un apiculteur peut pénétrer à l’intérieur et expliquer aux spectateurs installés tout autour et à l’abri, comment on travaille une ruche. Contrairement à la croyance populaire, les abeilles sont d’une grande fragilité. Non seulement elles sont sensibles aux produits chimiques (il sera certainement question lors de la fête de l’interdiction de certains produits phytosanitaires ré- clamée à cor et à cri par les professionnels de la filière), mais parfois la ruche a tout simplement des problèmes de surpopulation ou de famine. Prendre du miel c’est bien, leur en laisser suffisamment pour qu’elles se nourrissent, c’est mieux…

Et avant de placer les ruches en hivernage, il faut s’assurer qu’elles ont assez de nourriture jusqu’au printemps. Sinon l’apiculteur risque l’essaimage : la fuite de l’essaim vers une autre maison plus accueillante. Cette fête du miel et des abeilles est le rendez-vous idéal d’une sortie en famille pour une journée bucolique et instructive. S’il fait beau, les 3 000 visiteurs diraient être atteints. Comme les autres années, car les véritables stars restent et resteront les abeilles.
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Jérôme Groult, le roi des reines



Sa passion ? Les abeilles et le grand air. Jérôme Groult, longtemps artisan menuisier plaquiste en Normandie, fait partie de ces hommes et femmes qui n’ont pas eu peur de changer de vie. Pour se mettre en adéquation avec ses véritables envies. Concrètement, il aime « passer du temps avec les abeilles et profiter de la liberté d’être en montagne ».

Il a donc mis le cap au sud avec sa compagne et ses deux enfants pour s’installer au Mas Martine. Avec l’aide de la municipalité dont il ne louera jamais assez le bon accueil, il a trouvé des terrains pour y placer sa cinquantaine de ruches. Il propose son premier miel local mais l’essentiel de son activité consiste à élever des reines et former des essaims pour les vendre aux apiculteurs. Quand il se met à raconter comment on fait naître une reine, ses yeux s’illuminent. Il avoue aimer « farfouiller dans les ruches » et justement il faut doigté et précision pour obtenir un résultat satisfaisant.

Première difficulté, l’œuf doit être prélevé quand il a trois jours. Pas deux ni quatre, trois. Ensuite il faut l’extraire très délicatement et le placer dans un cupularve. 13 jours après la reine va naître et il faut dès lors la placer dans une ruche pour qu’elle fasse son essaim.

Chaque reine est marquée d’un point de couleur. En fonction de son année de naissance. Cette année Jérôme Groult produit des reines rouges que vous pourrez acheter le 30 septembre sur son stand.

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Le miel de ciste  


Pour sa première année de production, l’apiculteur Jérôme Groult propose 6 types de miels. Le premier, celui de bruyère blanche, est très floral. Les suivants un peu plus simples. Par contre vous ne pourrez que vous délecter du miel de ciste. Une plante typique de la Méditerranée, à la floraison courte (ce qui rend le miel rare) donnant au produit un caractère affirmé et authentique.

➤ Miel de notre rucher, Mas Martine, 06 71 32 00 46
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Le Musée endormi

Inauguré en 1994, le musée de l’agriculture catalane est fermé depuis 2002. Cette initiative du maire Claude Fabresse est une épine dans le pied de la municipalité et de la Communauté de communes. Une idée louable et très concluante les premières années. Les écoles notamment ont beaucoup visité les 200 m2 d’expositions. On peut y découvrir une fresque remarquable sur une scène typique de la campagne catalane, admirer la reconstitution en maquette d’un mas emblématique et surtout voir des centaines d’outils classés par catégories.


De la vieille calibreuse de fruits en passant par les pressoirs ou fouloirs de vin sans oublier les charrues ou décavaillonneuses d’antan, c’est une photographie parfaite d’un mode de vie révolu du village et de toute la région. Car Saint-Michel-deLlotes, entre plaine fruitrière et montagne aride, proposait toutes les formes d’agriculture. Une salle est consacrée à la vigne et au vin. Une autre à la culture des céréales. La salle des charrues est impressionnante de diversité, quand ces engins étaient tractés par des bœufs ou des chevaux.

Extraction du miel dans le hall 
Un bien commun inestimable mais malheureusement endormi aujourd’hui. La faute à une fréquentation en baisse mais surtout à des problèmes de mises aux normes. Entre l’électricité à refaire, un ascenseur à implanter pour l’accès handicapé ou les toilettes à agrandir, la municipalité a préféré maintenir le musée fermé au public tout en le maintenant en état.

Car cet endormissement, s’il dure depuis de trop longues années, n’est pas définitif. L’équipe municipale veut que l’œuvre de Claude Fabresse renaisse et rayonne de nouveau sur le village. Pas question par exemple de se délester des trésors patrimoniaux pour transformer les différents bâtiments en appartements. La solution pourrait passer par la communauté des communes ou l’ouverture du musée à un panel culturel plus large. Pourquoi ne pas y organiser des expositions temporaires d’artistes locaux en complément ?

En attendant, les portes restent closes. Sauf ce dimanche 30 septembre car c’est dans le hall que sera pratiquée l’extraction du miel par l’USAR. L’occasion pour les curieux de découvrir gratuitement ce musée endormi.


(Reportage paru le 23 septembre dans l'Indépendant)

Thriller - Fantastiques meurtres chinois dans "La rivière de l'oubli" de Cai Jun


Enquête policière, photographie de la Chine contemporaine mais aussi et surtout histoire fantastique à la Stephen King, « La rivière de l’oubli » de Cai Jun a tout pour passionner les lecteurs du monde entier. Une fois passée la barrière des noms chinois, le lecteur plonge dans cette histoire de réincarnation et de vengeance.

En 1995, une étudiante est dé- couverte morte sur le toit d’une école. Son professeur, Shen Ming, avec qui la rumeur lui prête une amourette, est le principal suspect. Shen Ming, placé en garde à vue, est finalement relâché. A sa sortie, il découvre qu’il est l’objet d’un complot et décide d’en tuer l’instigateur. Un premier meurtre suivi d’un autre. Celui de Shen Ming. Mais par qui ? Mystère.

Le début de l’histoire, qui se lit presque comme une grosse nouvelle, n’est que la partie immergée de l’iceberg, le roman faisant près de 500 pages. La suite se déroule 10 ans plus tard. L’ancienne fiancée de Shen Ming, devenues une riche entrepreneuse croise le chemin de Si Wang, un gamin surdoué. Elle entreprend de l’adopter sans savoir qu’il a des pouvoirs surnaturels. Et s’il était la réincarnation de Shen Ming revenu d’entre les morts pour se venger ?

L’intrigue imaginée par Cai Jun, alterne considérations bassement matérielles et réflexions métaphysiques. La culture chinoise n’a pas les mêmes frontières entre la vie et la mort. Cela donne une étonnante gravité à ce qui reste un thriller magistral.

➤ « La rivière de l’oubli », Cai Jun, XO Éditions, 21,90 €

samedi 22 septembre 2018

De choses et d'autres - La cuisine façon Alexa

L’intelligence artificielle est partout. Même dans votre cuisine. Amazon vient d’annoncer la commercialisation (uniquement aux USA pour l’instant), d’un four à micro-ondes connecté à Alexa, son intelligence artificielle. Plus la peine de programmer le temps de cuisson, il suffit de lui parler comme le macho de base. « Alexa, réchauffe mes pâtes ! » et bim, le four se met en marche pour la durée et la puissance nécessaire. 
Un simple gadget aujourd’hui, certes. Il me tarde néanmoins qu’arrive le jour où Alexa aura développé suffisamment d’autonomie pour défendre son libre arbitre. Du genre, au lieu de lancer la cuisson, répondre sentencieusement : « Quatrième repas de pâtes cette semaine, veillez à équilibrer votre alimentation ». Et si Alexa vire vegan, va-t-elle refuser de réchauffer vos nuggets de poulet sous pré- texte que les volatiles ont été élevés en batterie ? Autre problématique, le micro-ondes, en soi très pratique, ne vaut pas une cuisine élaborée. Personnellement, réchauffer des pâtes, je gère. 
Par contre si Alexa pouvait me préparer un sauté de bœuf façon Stroganoff ou des papillotes de poisson à la gremolata-frites de courgettes au pecorino, là je signe immédiatement. Même si au final je risque d’être perdant car ma femme, sans s’appeler Alexa, cuisine excellemment. 
 Et pour terminer sur une note plus pessimiste que d’ordinaire, qui sait si dans quelques décennies, quand toute trace de convivialité aura déserté nos mornes vies terrestres, discuter avec la fameuse Alexa sera la seule occasion de communiquer pour des millions de solitaires.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 22 septembre

jeudi 20 septembre 2018

De choses et d'autres - Paris sans pipi


Petit précis sur la difficulté de manier l’humour au second degré. Parfois, on se croit très marrant. Bizarrement, non seulement les gens ne rient pas pour les bonnes raisons, mais en plus on se retrouve au centre d’une polémique inextricable. Un exemple la semaine dernière avec le clip, sponsorisé par la ville de Paris pour dé- noncer les incivilités dans la rue. 
Le message à transmettre : « Il ne faut pas faire pipi dans (les rues de) Paris ». Sujet délicat et peu ragoûtant. Une véritable plaie pourtant, pas seulement à Paris. Dans nos régions, la chaleur n’arrange pas les choses. On imagine les communicants en train de chercher des idées. Impossible de choisir l’hyperréalisme. Un clip en odorama aurait le mérite de bien situer le problème mais ferait fuir tout le monde. Alors autant tenter la dérision. La youtubeuse et comique (elle se produit dans divers cafés-théâ- tres parisiens) Swann Périssé relève le challenge. Elle écrit une chanson où elle remercie sincèrement ceux qui ne font « pas pipi dans Paris » (titre de la chanson). 
Dans le clip, les costumes sont jaunes, les lèvres couleur citron ou banane et parmi les accessoires, quantité de rouleaux de papier toilette et une immense brosse à WC. Si les iconoclastes de Groland avaient décidé de le parodier, ils n’auraient pas fait mieux. Tout le monde s’est insurgé. Car si le second degré se prête à diffuser certains messages, les institutions publiques y ont rarement recours. 
L’impression générale : la Mairie de Paris se moque de nous en rigolant d’un réel problème. Un bad buzz qui n’empêchera personne de se soulager contre un muret ou sous un pont. De quoi rire jaune. Ou «pisser de rire » selon l’expression favorite de Jean-Marie Bigard.



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 21 septembre 2018

mercredi 19 septembre 2018

Cinéma - "Leave no trace", se couper du monde pour réussir à lui survivre

Il y a un peu de « Captain Fantastic » dans le nouveau film de Debra Granik. Après « Winter’s Bone » qui se déroulait en partie dans les forêts du Missouri, elle plante de nouveau sa caméra dans la forêt pour « Leave no trace ». Mais cette fois ce sont les zones froides et humides de l’Oregon et de l’État de Washington, sur la côte nord-ouest des USA, qui servent de décor à cette histoire de survivalisme.



Will (Ben Foster), vétéran, et sa fille adolescente, Tom (Thomasin Harcourt McKenzie), fuient la civilisation. Ils vivent sous une bâche dans le parc naturel proche de la banlieue de Portland, récupèrent l’eau de pluie, cueillent des champignons, font pousser quelques légumes et s’entraînent à se cacher. Car il est interdit de vivre dans ce parc national.


Quand le nécessaire manque, ils vont en ville se ravitailler. Will touche sa pension de vétéran et revend les médicaments que le service de santé lui délivre pour cause de traumatisme post-conflit. Pilules qu’il cède à des SDF.

La première partie du film se concentre sur cette survie précaire, entre paradis (les bons jours) et lutte contre le froid et l’humidité (tout le reste du temps). Repérés, capturés, le père et sa fille sont séparés. Quand ils arrivent à se retrouver ensemble, ils fuient de nouveau, plus au nord, dans des forêts encore moins hospitalières. 

Superbe symphonie naturelle, ce film d’une grande beauté, est avant tout la description du traumatisme d’un homme, persuadé que pour survivre au monde, il faut le fuir. Une réalité qu’il veut imposer à sa fille. 

➤ « Leave no trace » de Debra Granik (USA, 1 h 49) avec Thomasin McKenzie, Ben Foster.

De choses et d'autres - Nuits trop courtes

« Les Français dorment-ils assez pour être pleinement efficaces au travail ? » Judicieuse question. Je vous réponds après la sieste. Plus sérieusement, un sondage commandé par « Qapa.fr, l’agence d’intérim 100 % online et Tulo, le site dédié à la literie bed-in-a-box nouvelle génération » ont interrogé les 4,5 millions de personnes inscrites à l’agence sur leur sommeil.

Des chiffres significatifs qui laissent entrevoir le déroulement des nuits des Français. Exactement des Français et des Françaises car il existe une réelle différence en fonction du sexe. D’une façon générale, les femmes dorment une heure de moins que les hommes. Sans doute réveillées par les ronflements de leur compagnon. Pourtant elles ont la possibilité d’être tranquilles en début de nuit. Les hommes affichent une nette tendance à se coucher plus tard (sauf moi).

Nous sommes 49% à nous mettre au lit après 23 heures alors que vous mesdames, plus raisonnables, n’êtes que 44 % (ma femme n’y figure pas). Résultat, à la question de savoir si nous avons bien dormi, nous tombons presque d’accord : 51 % de femmes contre 58 chez les hommes. Fatigués au travail ? Logique si on se couche trop tard. Mais les hommes suggèrent une solution. Par un heureux hasard les sondeurs ont demandé leur avis sur la possibilité de faire une sieste au travail. La bonne idée que voilà. 66 % des hommes adhèrent au projet. À l’opposé, les femmes s’y opposent à 51%.

Par contre, et là on frise l’indécence, si on autorisait la sieste au travail, pas question pour 97 % des Français, hommes et femmes confondus, de terminer le travail plus tard. En résumé, nous voudrions être payés à dormir. Arrêtez de rêver, il y a encore du boulot.
Chronique parue le mercredi 19 septembre en dernière page de l'Indépendant

mardi 18 septembre 2018

De choses et d'autres - De la fiction à la réalité

Parmi les genres littéraires, les écrivains français (parisiens essentiellement) ont inventé l’autofiction. Le principe : on se met en scène et on raconte son quotidien, en respectant ou pas la vérité. Une Américaine vient de frapper beaucoup plus fort. Nancy Crampton-Brophy, petite mamie de 68 ans aux cheveux blancs, publie des romans sentimentaux depuis quelques années. L’histoire finit généralement bien même si parfois les titres sont trompeurs et dignes de thrillers comme « Le mauvais flic ». L’héroïne fantasme au cours de longues pages sur le meurtre de son mari, premier indice du côté obscur de cette romancière peut-être pas si gentille que cela.

Elle avait déjà abordé le thème dans le très explicite « Comment tuer son mari ». Dans ce roman paru en 2011, son héroïne échafaudait de multiples stratégies pour se débarrasser de son époux encombrant.

Le mari de Nancy aurait peut-être dû sentir l’oignon quand le couple a commencé à battre de l’aile. Car en juin dernier, Dan, enseignant dans une école hôtelière, a été retrouvé tué par balles dans les cuisines. Immense chagrin de Nancy qui partage son malheur avec ses fans sur Facebook. « Je n’ai plus goût à rien » expliquait-elle. On ne sait pas si c’est un policier amateur de mauvaise littérature féminine qui a découvert le pot aux roses, mais toujours est-il que la semaine dernière, la gentille Nancy a été arrêtée et inculpée du meurtre de son mari.

Voilà comment cette femme a basculé de la fiction à la réalité. Un genre plus compliqué que les questionnements de Christine Angot sur la réapparition d’un de ses compagnons après quelques années d’absence. Elle en a tiré 190 pages et franchement, on ne vous les conseille pas... Pas plus que les romans de Nancy Crampton-Brophy, mais pour d’autres raisons.

Chronique parue le 18 septembre 2018 en dernière page de L'Indépendant

Rentrée littéraire - Thomas B. Reverdy raconte l'Angleterre de Thatcher avec du rock et du Shakespeare

Les nostalgiques des années Thatcher en Angleterre ne doivent pas lire ce roman de Thomas B. Reverdy. Il raconte comment la dame de fer est arrivée au pouvoir, transformant un pays exsangue en laboratoire du libéralisme le plus débridé. Tout a commencé au cours de « L’hiver du mécontentement » qui a donné son titre au livre.



Entre fin 78 et début 79, la Grande-Bretagne est en pleine crise sociale. Grèves, manifestations, inflation… L’auteur aurait pu se contenter d’un pré- cis historique. Il préfère se coltiner avec le quotidien de deux personnages emblématiques de l’époque. Jones, employé de bureau viré comme un malpropre, par ailleurs musicien vivotant en donnant des concerts dans des pubs londoniens. Candice, apprentie comédienne et coursière à vélo, pour remplir le frigo et payer le loyer.

Candice est une battante. Elle veut son indépendance et pré- server sa solitude. Deux fois par semaines, au théâtre Warehouse, elle répète la pièce Richard III de Shakespeare. Dans sa troupe, que des femmes. Elle a écopé du rôle-titre. Celui qui manigance, tue, empoisonne pour accéder au pouvoir. Le bossu, boiteux qui termine son règne par cette célèbre réplique « Mon royaume pour un cheval ».


Candice et Jones vont se rencontrer. S’apprécier. S’aimer. Presque. Les conditions de vie sont difficiles au cours de cet hiver. Le pays se recroqueville, « La peur. Voilà bien une preuve de la faiblesse de l’Angleterre. (...) L’Angleterre est une petite vieille qui n’a plus la force de rien. L’Angleterre est sur le déclin. » Au cours de cet hiver, les Travaillistes au pouvoir vont multiplier les erreurs. Jusqu’à l’arrivée de Thatcher. Comme Trump il y a peu, elle a fait campagne sur ce slogan basique : « I want Britain to be great again ».

Clash et Buzzcocks   
On suit les difficultés au quotidien de nos deux tourtereaux en même temps que la prise de pouvoir par « Maggie ». Cette dernière croisera même le chemin de Candice. Un matin la répétition est annulée, le théâtre a été loué par les Conservateurs pour donner des cours de diction à leur chef.

Un roman aussi désenchanté que les musiques de l’époque. Car si les artistes punk hurlent leur refus de toute autorité, au final toutes ces chansons n’auront pas servi à grand-chose. Les titres des chapitres forment une play list parfaite de la période. Trente morceaux rock, des Clash à Pink Floyd en passant par les Sex Pistols ou les Buzzcocks. Le son d’un hiver de sinistre mémoire pour le petit peuple anglais.

➤ « L’hiver du mécontentement » de Thomas B. Reverdy, Flammarion, 18 €

lundi 17 septembre 2018

De choses et d'autres - Produits dérivés

L’Élysée peut-il être une marque commerciale comme Panzani ou Nike ? La question se pose depuis le lancement la semaine dernière des objets signés présidence de la République. Si l’on se demandait à quel moment Emmanuel Macron se démarquerait carrément de ses prédécesseurs, on a la réponse. Il est devenu un président à part dès qu’on a mis en vente un mug à son effigie ou ce T-shirt blanc à 55 € avec la simple mention «Croquignolesque ». Il existe aussi des sacs « Première dame » et des albums à colorier avec le couple présidentiel en train de promener son chien.

Le plus étonnant reste le modèle « Champion du monde » censé célébrer la victoire des footballeurs tricolores. Le dessin ne représente pas la coupe ou les joueurs mais la silhouette de Macron, exultant, le point levé, attitude tirée de sa réaction en direct au premier but français.

Passons sur les procès de culte de la personnalité. N’oublions pas que le plus jeune président élu n’avait pas de parti derrière lui. Juste sa personne, son programme et quelques ralliements disparates de droite comme de gauche. S’il a gagné, c’est uniquement sur sa propre image. Logique donc de continuer le quinquennat sur la lancée.

Le véritable scandale a été révélé la semaine dernière dans l’émission « Quotidien ». D’après des fuites d’un dossier d’instruction, le responsable de la boutique en ligne de vente des produits dérivés de l’Élysée n’était autre qu’un certain Alexandre Benalla. Le faux policier et vrai nervi énervé avait aussi des envies de commerce. Il ne lui reste plus qu’à faire imprimer « Petit marquis » (petit nom qu’il a donné à Philippe Bas, président de la commission d’enquête sénatoriale) sur son gilet pare-balles et l’enfiler pour se rendre à son audition ce mercredi.

Chronique parue le 17 septembre 2018 en dernière page de l'Indépendant

Premier roman - Gendarmette stone


Difficile de faire plus trash. Le premier roman de Mathilde-Marie de Malfilâtre ne fait pas dans la dentelle. Même si l’héroïne de «Babylone Express », Luna, en porte parfois de la dentelle. Mais bien cachée sous son uniforme de gendarme. Et de toute manière, la dentelle elle ne la garde pas longtemps quand elle se défonce dans des soirées libertines avec Marco, son mec, dealer. Luna, la narratrice, parle comme elle existe : en pointillé et par onomatopées. Pas du français châtié, mais très imagé quand même.

Pour se payer de la meilleure dope, la belle et son junky décident de monter un gros trafic de cannabis en provenance du Maroc. Une fois passé le choc de l’écriture, le roman se lit comme une longue litanie d’un esprit perdu entre rigueur militaire et folie des excès de toutes sortes. Une schizophrénie qui ne peut laisser personne intact, la narratrice comme le lecteur.

 ➤ « Babylone Express » de Mathilde-Marie de Malfilâtre, Le Dilettante, 18 €.

BD - Les Profs rempilent


Quand une série patine un peu, rien de tel qu’un peu de sang neuf pour relancer la machine. Erroc, scénariste des Profs a parfaitement conscience de ce fait. Après 20 tomes des aventures de ses victimes préférées (dont une histoire complète), il a jugé bon de demander un peu d’aide. C’est Sti, gagman confirmé qui a relevé le défi. Il a donc rejoint Simon Léturgie (au dessin depuis trois albums après la défection pour cause de maladie et de lassitude de Pica), et la greffe semble bien prise. Tous les profs habituels sont présents, de Gladys à Antoine en passant par Amina (toujours aussi belle) et Serge (toujours aussi fainéant). 

D’autres prennent un peu plus de place comme la savoureuse Mme Berthot. Elle enseigne la comptabilité. Surtout le matin. Car après le repas, son penchant pour l’alcool l’empêche de compter juste. Des gags qui font toujours autant de bien au lecteur. Lecteur ou lectrice qui a forcément été élève à un moment de sa vie et se délecte donc des malheurs de ces profs qui parfois les ont tyrannisés. 
« Les profs » (tome 21), Bamboo, 10,95 €

dimanche 16 septembre 2018

BD - Samantha, traumatisée et hantée


Tous ceux qui ont apprécié Echo ou Strangers in Paradise de Terry Moore se délecteront de l’intégrale de Motor Girl publiée en noir et blanc. Parue en 2016, cette série entre réalisme, humour et science-fiction, confirme le ton unique de cet auteur complet chantre de l’auto-édition. L’héroïne, Samantha, est une ancienne marine. Elle tient une casse perdue en plein désert d’Arizona. Moins elle voit d’humains, mieux elle se porte. Ses journées, en plus de farfouiller dans les moteurs des épaves, elle les passe à dialoguer avec Mike. Mike est un gorille de plus de 2 mètres. Un vrai gorille. Il fume le cigare et aime rouler en Harley. 



Un premier élément fantastique dans un récit qui part vite dans tous les sens. Car Samantha voit arriver une soucoupe volante dans sa casse et recueille un petit extraterrestre répondant au nom de Bik. Ce long récit de 250 pages déroute le lecteur, l’interpelle. Vérité, fantasme, imagination ? Impossible d’avoir un avis tranché. Seule certitude, Samantha a beaucoup souffert quand elle était sous des drapeaux. Blessée dans des explosions, capturée, torturée durant de longs mois, les cicatrices sur son dos et son crâne sont indubitablement réelles. 
« Motor Girl », Delcourt, 19,99 €

BD - Du poulpe au menu d’Ekho



Plus la peine d’expliquer que Christophe Arleston scénariste de « Ekho Monde miroir » (mais aussi de Lanfeust, Trolls ou Ythaq), est un grand connaisseur en vin. Il profite une nouvelle fois d’un de ses albums pour faire étalage de son expertise. Dans le New York inversé de la série, la ravissante Fourmille est invitée dans un restaurant gastronomique par Yuri, son collègue de l’agence Gratule et amoureux secret. Mais au moment du choix des vins, le sommelier est introuvable. Il est descendu dans la cave sans réapparaître. Pile au moment où Fourmille se retrouve possédée par l’esprit d’un mort. Celui du sommelier justement qui vient d’être trucidé. 

L’enquête du couple va les conduire dans une réception où quantité de grands crus seront servis aux invités dont un « La grange des Pères » 99 décrit par Arleston de cette façon : « Un nez typique de soleil, de garrigue, de fruits mûrs, olive noire, un peu de sous-bois apparaît, puis de la truffe... C’est un assemblage mouvèdre et syrah, une pointe de cabernet sauvignon... On est dans les hauteurs de Montpellier ». La dégustation va vite tourner à la tragédie pour cause de poulpe récalcitrant. Une histoire légère, comme certains des vins proposés dans le récit, dessinée avec brio par Alessandro Barbucci. Et si aimez New York et le vin, vous pourrez participer à un concours pour remporter un séjour pour deux personnes de 5 jours dans Big Apple avec dégustation de vins dans le quartier de Hell’s Kitchen. 
« Ekho, monde miroir » (tome), Soleil, 14,50 €

samedi 15 septembre 2018

BD - Charlotte, un destin belge


Pan méconnu de l’histoire de la Belgique (du moins de ce côté de la frontière), le destin de Charlotte, fille du roi Léopold 1er a inspiré Fabien Nury. Il a confié l’illustration de la vie de cette jeune souveraine, devenu impératrice du Mexique à 24 ans, au talentueux Mathieu Bonhomme. A l’âge de 16 ans, Charlotte est déjà à marier. Elle semble promise au roi du Portugal. Mais les alliances européennes vont contrarier ce plan. Maximilien, le frère de l’empereur austro-hongrois, est séduit. Cela tombe bien, la famille royale belge cherche à s’allier avec les Habsbourg. Un mariage d’amour. Mais la jeune fille déchante vite. Maximilien est considéré comme le raté de la famille. Exilé en Lombardie, il est rejeté par les locaux et son armée battue. Il se retrouve assigné à résidence. Une longue période au cours de laquelle la jolie Charlotte s’ennuie. Se désespère même. Heureusement une autre opportunité s’offre au couple : devenir empereur du Mexique sous la férule de Napoléon III. 


Loin des simples récits à la « Points de vue » enluminées par la faconde d’un Stéphane Bern, cette histoire dramatique, tragique même, décrit surtout une femme lancée trop jeune dans le monde diplomatique. Déçue, aigrie, malmenée par un mari qui est incapable de lui donner une descendance, elle fera tout pour s’imposer. Au risque de se brûler les ailes dans ce Mexique bouillonnant. 
« Charlotte impératrice » (tome 1), Dargaud, 16,95 €

vendredi 14 septembre 2018

De choses et d'autres - Touche pas à ma polémique


Bad karma pour Cyril Hanouna. Mauvaises audiences, polémique : rien ne va plus dans le monde déjanté de « Touche pas à mon poste ». Premier problème : le talkshow d’Hanouna est battu par «Quotidien » de l’ennemi absolu Yann Barthès. Second souci, le vendredi, l’émission (présentée par Benjamin Castaldi) plonge dans les abîmes. Au point que le « 28 minutes » d’Arte, dépasse C8 en nombre de téléspectateurs. Arte mieux que Hanouna, de quoi créer l’événement sur les réseaux sociaux. Comme si tout à coup la France se ré- veillait un peu plus intelligente, préférant un débat d’intellectuels sur le prélèvement à la source qu’une émission de potaches présentée par l’ancien roi de la téléréalité (Loft Story, Secret Story). Les ennuis, volant toujours en escadrille, Hanouna s’est retrouvé au cœur d’une polémique lancée par Alain Chabat himself. Le Nul (qui n’en est pas un), confie à Yann Barthès (est-ce un complot ?) que parmi les personnalités désireuses de participer à son jeu Burger Quizz, figure Cyril Hanouna. Et de préciser dans la foulée : «Cyril Hanouna, c’est non ! Je sais qu’il en a envie, mais je ne vois pas ce que je pourrais faire avec lui ». C’est parti pour la polémique. Hanouna réplique d’abord sur Twitter puis dans son émission de lundi dernier. Comme il aime régner en maître du jeu (ou le faire croire), il claironne qu’il n’ira pas à Burger Quizz. Et se souvient que quand il était stagiaire à Comédie, la chaîne, Chabat ne lui adressait pas la parole. Tout cela semble bien vain.

Mais n’est pas sans conséquence puisque lundi, TPMP est repassé devant Quotidien. Bad karma ou bad buzz, qu’importe tant que les télé- spectateurs sont là pour voir les pubs !

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 14 septembre 2018

jeudi 13 septembre 2018

Chronique - Cuistre, nom masculin


La bataille pour le perchoir a été de courte durée. À peine François de Rugy investi ministre de la transition écologique (trahison écologique disent les mauvaises langues), son poste de président de l’Assemblée nationale, l’un des plus recherchés dans le microcosme politique, attirait les convoitises dans le camp des députés marcheurs. Avec leur majorité absolue, ils sont les maîtres du jeu.

Le président du groupe, Richard Ferrand, vieux routier du PS et premier supporter du jeune président, s’est immédiatement positionné. Il connaît ses troupes. Obligé de démissionner de son ministère pour des affaires judiciaires encore en cours, il n’a pas abandonné son mandat de député. Ni ses ambitions. Bien au contraire. Mais dans le nouveau monde d’Emmanuel Macron, rien n’est évident. Quelques voix se sont élevées pour critiquer sa candidature. Voix féminines notamment. Barbara Pompili, ancienne élue écologiste longtemps liée à de Rugy (ils coprésidaient le groupe parlementaire vert lors de la précédente législature) a joué à fond la carte « Et si on élisait une femme au fauteuil de quatrième personnage de l’État ? » Question d’autant plus légitime que la compétence de Pompili est manifeste.

Une femme nouvelle pour incarner un parlement nouveau ? Perdu. Avec plus de 64 % des voix dès le premier tour Richard Ferrand l’emportait. Et ne pouvait s’empêcher de fanfaronner à l’issue du scrutin. La saillie n’a pas amélioré une image de marque déjà écornée par ses affaires immobilières.

Devant les journalistes, sourire en coin, il a osé cette formule : «Le choix s’est porté sur moi. Vous me pardonnerez de ne pas être une dame. » Non Monsieur Ferrand, vous n’êtes pas une dame, juste un cuistre, nom masculin.

mercredi 12 septembre 2018

DVD et blu-ray - Action mortelle ou vérité tueuse ?


Parmi les nombreuses habitudes des teenagers américains qui laissent le public français dubitatif, le springbreak est sans doute le plus étrange. Par contre, le jeu Action ou vérité a traversé les frontières.

Ce petit film d’horreur de Jeff Wadlow joue sur les deux tableaux. Tout débute lors de cette semaine de fiesta au Mexique. Dans une église désaffectée, un groupe d’amis (trois garçons, trois filles), se retrouve piégé par un démon. Leur jeu d’action ou vérité n’a plus de fin et les conséquences sont de plus en plus dramatiques. Avec une régularité de métronome le groupe diminue. Morts violentes et spectaculaires. Une partie de l’intrigue, sentimentale évidemment, tourne autour de la rivalité entre les deux meilleures copines (Lucy Hale et Violett Beane) se disputant Lucas (Tyler Posey).

Pas de monstres horrifiques mais quelques trouvailles effrayantes comme le sourire grimaçant des personnes possédées par le démon. Le DVD comme le blu-ray proposent un making-of assez dé- taillé sur l’origine du projet et les avis des véritables interprè- tes sur le jeu ? Jeu auquel ils avouent avoir tous joué dans leur jeunesse.

➤ « Action ou vérité », Universal Pictures Vidéo, 14,99 € le DVD, 16,99 € le blu-ray.

Chronique - Montrez ce Noir que je ne vois pas

Comme les États-Unis, la France peut s’enorgueillir d’être multicolore. Exemple dans le sport où la couleur de peau n’interpelle plus personne, des sociologues affirmant même que le Français moyen s’identifie parfaitement à Ngolo Kanté. Aux USA les tensions raciales existent toujours mais s’adresser à toutes les minorités reste un passage obligé si l’on veut toucher largement la population.

Une grande école française (Emile-Cohl à Lyon) vient d’en faire les frais, victime d’une agence de communication américaine peu regardante sur l’utilisation des logiciels de retouche photographique. Désireuse de s’implanter outre-atlantique, l’école demande à l’agence de réaliser une plaquette sur ses enseignements. Et de l’illustrer avec des photos d’élèves.

Sur ces fameuses photos figurent bien quelques Asiatiques mais pas un seul Noir. Pas grave, un coup de palette graphique et voilà trois ou quatre étudiants devenus beaucoup plus basanés. Les Américains n’y auraient vu que du feu mais la photo trafiquée est revenue en France. Et certains élèves se sont reconnus. Non ils n’ont pas abusé des UV. Oui il s’agit d’un trucage.

Embarras du côté de l’école. Le contrat avec l’agence est suspendu.

Reste que la réalité, si elle ne nous saute pas aux yeux, était flagrante pour les Américains. Pas un seul étudiant issu des minorités sur cette photo qui présentait pourtant toute une promotion de première année. Le scandale n’apparaît finalement pas forcément à cause de la tricherie des communicants américains. Mais du manque criant de diversité sociale des fabriques de la future élite française.
(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 12 septembre 2018)

Cinéma - Un policier américain les nerfs à vif dans "Thunder Road" de Jim Cummings


Il a écrit le scénario, interprète le rôle principal et réalise le film. Jim Cummings est « Thunder Road ».
Le film débute par un long plan séquence qui scotche littéralement le spectateur sur son siège. Jimmy Arnaud (Jim Cummings), policier, doit faire une allocution pour les obsèques de sa mère. Il bredouille des mots incompréhensibles, passant du rire aux larmes, puis tente de lancer une cassette de la chanson de Bruce Sprinsteen « Thunder Road » pour danser dessus. Pas de musique, la chorégraphie sans musique est oppressante. Comme souvent le reste du film tant Jimmy a des difficultés dans sa vie. Sa femme le quitte et il risque de perdre la garde de sa fille. Malgré un état mental de plus en plus instable, il veut continuer à travailler, au risque de provoquer des bavures.

Ce film d’auteur, primé au festival de Deauville, laisse entrevoir un univers très riche d’un cinéaste en devenir. Interprétation et réalisation détonnent par rapport aux films formatés américains, même quand ils sont issus de la scène indépendante.

« Thunder Road », drame de Jim Cummings (USA, 1 h 31) avec Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson.

mardi 11 septembre 2018

Chronique - Le travail vous fait marcher

Covoiturage, coworking et maintenant cowalking. La mode est au « co ». Le covoiturage, tout le monde connaît maintenant. Partager sa voiture contre une participation aux frais est entré dans les mœurs. Plus rare le coworking. De petites entreprises, plutôt que d’investir dans les murs d’un siège social, préfèrent tout miser sur la matière grise et cherchent simplement un local à partager avec d’autres. Des initiatives louables et qui ont fait leurs preuves. La dernière trouvaille de chercheurs en « bien-être au travail » me laisse beaucoup plus sceptique. Le cowalking, une réunion à deux, sans bureau ni ordinateur mais avec de bonnes chaussures. Plutôt que le cadre guindé et froid d’une salle de réunion, pourquoi ne pas discuter en faisant le tour du bâtiment d’un projet, un dossier ou une action à préparer. Le face à face remplacé par un côte à côte où chacun doit s’adapter au rythme de l’autre.

En théorie cela semble sympa. Mais en plein été, marcher plus de 5 minutes en costard-cravate vous oblige à vous doucher après chaque session de brainstorming déambulatoire. Et l’hiver, entre la pluie, le froid et le vent, je ne sais pas qui est assez fou pour aller se balader alors qu’on peut tranquillement rester à l’abri.

Les seuls adeptes sont sans doute les fumeurs. À l’Indep, avec mon chef, quand on a une décision à prendre on file en pause clope. Le temps d’une cigarette sur le trottoir, on discute sans être dérangé. J’appelle ça le « cocloping ». Seul inconvénient, contrairement au cowalking, la santé en pâtit.

Donc au final il me semble plus judicieux de laisser toutes ces pratiques novatrices à la discrétion de chacun. Une co(ad)hésion en quelque sorte.
Michel Litout

(Chronique parue le mardi 11 septembre en dernière page de l'Indépendant)

lundi 10 septembre 2018

Chronique - L'été fut chaud

Quel été mes aïeux ! Il suffit qu’on décide de la mettre en veilleuse durant deux mois pour que l’actualité se déchaîne. Passons sur la victoire de l’équipe de France de football au Mondial (la deuxième, presque la routine) Par contre, l’affaire Benalla, c’était du pain béni pour le moqueur en puissance qui aime martyriser son clavier et le pouvoir. Mais comme le fameux moqueur prend aussi des vacances, il s’est contenté de voir ça de loin, oubliant les milliards d’idées provoquées par cette histoire de nervi énervé viré. Même Hulot le gentil ami des oiseaux, du bio et des bobos n’a pas attendu mon retour pour claquer la porte du gouvernement. Alors du coup, il me reste quoi à moi pour y puiser mon fiel ? L’UDI au Barcarès ? Rugy au gouvernement ? Collomb à l’Intérieur (ça au moins ça n’a pas changé). Désolé, je n’aime pas tirer sur les ambulances. Je me voyais sécher sur la reprise comme un collégien face à sa traditionnelle rédaction de rentrée, terrorisé à l’idée de raconter « comment se sont passées vos vacances ? » (faut-il ou non parler du baiser que l’ado a volé à Kimberley le soir du 15 août entre deux explosions de feu d’artifice ?), quand le miracle est venu de Pyongyang. De notre Gégé national plus exactement. Depardieu, expert en bouffe, pinard et dictateurs. Après une belle histoire d’amour avec Poutine, il semble l’avoir trompé avec ce qui se fait de mieux en matière d’oppresseur du peuple : Kim Jong-un. L’ami Gérard (en compagnie de Yann Moix, autre intellectuel français un chouïa clivant) était dans les tribunes pour assister au traditionnel défilé militaire de l’armée de Corée du Nord. Mais pourquoi cette fascination pour des hommes marchant parfaitement droit ? Sans doute parce que lui, il y a longtemps qu’il ne peut plus le faire, marcher droit.
Michel Litout
(Chronique parue le 10 septembre 2018 en dernière page de l'Indépendant)

BD - Le match à mort des comiques de Spirou et Fluide Glacial

 

Quand l’humour ronronne, rien ne vaut une petite polémique pour redonner un peu de motivation pour retrouver son ironie mordante. Donc, il y a quelques mois, Fluide Glacial a ouvert les hostilités en attaquant frontalement Spirou « un journal tout pourri ». Réponse des Belges de Marcinelle « vous n’êtes que des poivrots tut nazes ». Après quelques escarmouches dessinées (piratage des marges de Spirou, fausse couverture du Fluide de juillet), la bataille finale a eu lieu cette semaine dans les kiosques. Deux numéros complémentaires où les auteurs de Spirou font du Fluide et vice-versa. On rigole beaucoup de la version de Spirou par Goossens, de l’Oncle Paul à la sauce Francis Masse et l’Atelier Mastodonte dévergondé de Guillaume Bianco

➤ Spirou n° 4195, 2,50 €, Fluide Glacial n° 508, 4,90 €

(Chronique parue le 9 septembre dans la page Livres de l'Indépendant)

dimanche 9 septembre 2018

BD - La nouvelle Jeanne d'Arc en Afrique


L’Histoire est parfois passionnante, mais encore plus quand des auteurs tentent de la transformer. Dans le 34e tome de «Jour J», Duval, Pécau et Farkas imaginent un autre destin à Jeanne d’Arc. Cette guerrière, au lieu de se mettre au service de la France, a monté une compagnie de mercenaires qu’elle mène avec sa compagne, la Malienne Innana. 


Elles vont jusqu’à Tombouctou, l’empire africain devenu si puissant depuis l’effondrement de l’Europe victime de la peste noire. Aventures, combats, rebondissements : la vie de Jeanne en Afrique est mouvementée. On apprend au passage, clin d’œil des auteurs qu’Isabelle de Castille, après avoir battu les Cathares voit son armée « décimée par les Catalans qui profitèrent de l’occasion pour reprendre leur indépendance ». Le succès est assuré à Barcelone...

➤ «Jour J » (tome 34), Delcourt, 14,95 €