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samedi 30 août 2025

Roman noir - Au Sud, la résignation

Bienvenue dans le Snakefoot, région du sud des USA, zone sinistrée théâtre de « Nulle part où revenir », roman de Henry Wise.

Devenir l'adjoint du shérif d'une petite ville rurale de Virginie semblait la meilleure solution pour Will Seems. Il connaît la région pour y avoir passé toute son enfance. Il l'a quittée, comme la majorité des jeunes, pour la grande ville en plein essor de Richmond. Pourquoi alors revenir à Euphoria, près du sinistre marécage de Snakefoot, dans la maison presque en ruines abandonnée par son père devenu avocat ?  Premier roman de Henry Wise, « Nulle part où revenir » est une plongée angoissante et perturbée dans l'esprit de Will. Il n'est pas le narrateur, mais le principal protagoniste de ce roman noir entre ségrégation raciale, violence au quotidien et misère sociale. 

Alors qu'il vient de passer la nuit dans sa voiture au bord de la rivière, Will voit de la fumée au loin. Il se précipite et découvre la maison de Tom Janders en flammes. Il parvient de sortir son ami d'enfance du brasier, mais trop tard. Le shérif Mills arrive sur place pour tenter de réconforter la compagne de Tom, Day Pace : « Elle hurlait, semant son chagrin derrière elle comme une traînée de sang ou de mort. (…) Il la ceintura et elle continua à se débattre, si bien que, pendant un moment, ils semblèrent danser un pas de deux hébété. » Avec une science de la narration étonnante pour un premier roman, Henry Wise distille les indices, présente les protagonistes, intrigue le lecteur. 

Le traumatisme de l'enfance

Will semble perdu dans cette ville qu'il a violemment rejeté à une époque. C'est pourtant son univers, sa base, ses racines. Là qu'il a vécu heureux quelques années, quand sa mère était toujours en vie, avant que son meilleur ami, Sam, ne se fasse littéralement lyncher après avoir tenté de le défendre face à une bande de voyous. Le suicide de sa mère, la fuite de son père, la bienveillance des voisins, les parents de Sam... Will rumine sa culpabilité. Qui va augmenter d'un cran quand il surprend le père de Sam fuyant l'incendie et qu'il comprend que Tom a été tué de plusieurs coups de couteau avant l'embrasement de sa maison. 

Un meurtre, un innocent à sauver, des secrets à garder : le récit devient aussi touffu que la végétation luxuriante de ce Sud infesté de redoutables serpents (mocassins à tête cuivrée) et de marécages entre les immenses champs de tabac. Aidé d'une ancienne policière devenue détective privée, Will va pister le véritable meurtrier, comme pour tenter de trouver une nouvelle raison pour continuer son chemin dans cette région ravagée par des décennies de racisme et d'exploitation des esclaves noirs par les planteurs blancs. L'histoire de Will, Day, Sam et tous les autres, tragique et désespérée, semble le résumé parfait de cette Amérique toujours déchirée par des siècles d'injustice.

« Nulle part où revenir », Henry Wise, Sonatine, 432 pages, 23 €

dimanche 24 mai 2020

BD - L’autre affaire Dreyfus, aux USA



En 1915, aux USA, ce ne sont pas les combats en Europe qui faisaient réagir le peuple mais le procès Léo Frank. Cet industriel d’Atlanta était accusé d’avoir violé et tué une de ses jeunes employées, Mary Phagan. Il crie son innocence comme quelques années plus tôt le capitaine Dreyfus en France. Mais ses origines juives vont le desservir. 

Dans ce sud pas encore remis de la guerre de Sécession, les investisseurs du Nord, souvent juifs, sont considérés comme les profiteurs de la défaite. L’autre suspect du meurtre de Mary, 14 ans, est un balayeur noir, alcoolique et bagarreur. 



Mais il a compris que sa chance pour s’en sortir est de charger le patron. Juges, procureur et membres du jury populaire après un procès de plusieurs semaines condamnent Léo Frank à la peine de mort. Mais après de nombreux recours, la peine est commuée en réclusion criminelle à perpétuité. L’album de BD signé Xavier Bétaucourt (scénario) et Olivier Perret (dessin) débute dans la nuit du 17 août 1915. Un groupe de notables prend d’assaut la prison et emmènent Léo Frank. 

Au petit matin, après un second procès sommaire, il est pendu à un arbre dans une clairière. Léo Frank, certainement innocent après de nouvelles enquêtes dans les années 80, a d’abord été condamné à mort, puis gracié et finalement assassiné en toute impunité. 

Ce faits divers, qui a à peine un siècle, montre combien les USA sont parfois un pays où la violence, l’invective et le racisme ont encore de beaux jours devant eux. Redécouvrir l’histoire de Léo Frank c’est aussi comprendre comment aujourd’hui encore, certains jouent de ces antagonismes pour asseoir leur pouvoir.

« Ils ont tué Léo Frank », Steinkis, 18 € 

mercredi 12 septembre 2018

Chronique - Montrez ce Noir que je ne vois pas

Comme les États-Unis, la France peut s’enorgueillir d’être multicolore. Exemple dans le sport où la couleur de peau n’interpelle plus personne, des sociologues affirmant même que le Français moyen s’identifie parfaitement à Ngolo Kanté. Aux USA les tensions raciales existent toujours mais s’adresser à toutes les minorités reste un passage obligé si l’on veut toucher largement la population.

Une grande école française (Emile-Cohl à Lyon) vient d’en faire les frais, victime d’une agence de communication américaine peu regardante sur l’utilisation des logiciels de retouche photographique. Désireuse de s’implanter outre-atlantique, l’école demande à l’agence de réaliser une plaquette sur ses enseignements. Et de l’illustrer avec des photos d’élèves.

Sur ces fameuses photos figurent bien quelques Asiatiques mais pas un seul Noir. Pas grave, un coup de palette graphique et voilà trois ou quatre étudiants devenus beaucoup plus basanés. Les Américains n’y auraient vu que du feu mais la photo trafiquée est revenue en France. Et certains élèves se sont reconnus. Non ils n’ont pas abusé des UV. Oui il s’agit d’un trucage.

Embarras du côté de l’école. Le contrat avec l’agence est suspendu.

Reste que la réalité, si elle ne nous saute pas aux yeux, était flagrante pour les Américains. Pas un seul étudiant issu des minorités sur cette photo qui présentait pourtant toute une promotion de première année. Le scandale n’apparaît finalement pas forcément à cause de la tricherie des communicants américains. Mais du manque criant de diversité sociale des fabriques de la future élite française.
(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 12 septembre 2018)

jeudi 23 février 2017

De choses et d'autres : De Mehdi à Marcelin


A l’affiche depuis hier au cinéma, le film « Split » de M. Night Shyamalan raconte l’histoire d’un homme qui a 23 personnalités cohabitant dans son esprit. Une schizophrénie extrême terrifiante. Mehdi Meklat semble, lui aussi, souffrir de cette maladie mentale. Le jeune homme, célèbre depuis ses interventions sur le Bondy Blog, est la coqueluche des médias. Il assure une chronique sur France Inter et vient de publier un roman au Seuil.
A priori l’exemple même du jeune de banlieue qui s’en sort, tout en restant fidèle à son milieu d’origine. Problème, Mehdi est aussi Marcelin. Une schizophrénie issue des réseaux sociaux. Quand il s’est lancé sur Twitter, Mehdi, pas encore connu, a utilisé le pseudonyme de Marcelin Deschamps. Et ses messages étaient tout sauf des appels à la tolérance. Diatribes antisémites, appel au meurtre de Charb, misogynie exacerbée et apologie du terrorisme.
Devenu connu, Mehdi a repris son nom d’origine. Mais les tweets sont restés. Une fois le pot aux roses découvert, il s’est justifié en disant qu’il s’agissait d’un personnage fictif. Histoire d’explorer « la notion d’excès et de provocation ». Pourquoi pas, les comptes parodiques sont légion sur Twitter. Mais encore fallait-il le préciser d’entrée. Pris au premier degré, ces messages de haine ont conforté dans leur position radicale certains lecteurs. Et au final, Mehdi Meklat n’aura fait qu’amplifier la tendance détestable de la libération de la parole raciste. 

mercredi 15 février 2017

Cinéma : "Loving" prouve que l'amour est plus fort que les lois


LOVING. Dans les années 50, les vieilles lois américaines de certains états du Sud interdisaient les mariages entre personnes de couleur différente. Les époux Loving ont fait plier les racistes.


Dans la campagne de Virginie, au Sud des USA, la vie s’écoule lentement et sereinement. La famille Loving vit dans un quartier pauvre. Ce sont presque les seuls Blancs dans cette zone. Richard (Joël Edgerton), maçon, passe ses soirées à réparer et customiser des voitures avec des voisins noirs. Et dans la petite bande, il en pince pour Mildred (Ruth Negga), surnommée brindille. Un amour réciproque. Pourtant cette relation n’est pas au goût de tout le monde. Notamment toute la communauté blanche qui vit avec une haine farouche des anciens esclaves. Ils ont pris leur liberté, mais sont encore loin de l’égalité. Pour preuve, il est toujours interdit en 1958 de se marier entre un Blanc et une Noire. Se sentant protégés par leur amour et leurs familles (qui approuvent cette relation), ils vivent même ensemble. Cachés, mais ensemble.
■ Devant la Cour suprême
Quand Mildred tombe enceinte, Richard lui demande sa main. Ils vont donc se marier au Nord, à Washington, là où l’amour est plus fort que les lois. De retour en Virginie, tout bascule un matin quand le shérif local débarque au petit matin, surprend Richard et Mildred dans un même lit et les emprisonne. Paradoxe américain où il est possible de se marier dans un état et interdit de vivre ensemble dans un autre. Rapidement jugés, ils échappent à la prison en promettant de quitter l’état de Virginie pour 25 ans et de ne plus jamais s’y rendre ensemble. Coupés de leur famille, ils tentent de refaire leur vie en ville. Mais Mildred est nostalgique de sa campagne, de sa famille. Elle décide de raconter son histoire à un élu démocrate qui la confie à l’ACLU (Union américaine pour les libertés civiques). L’occasion de porter le combat devant la cour suprême qui ainsi pourrait rendre obsolètes ces lois d’un autre âge. Cette histoire, emblématique de l’évolution de la vie quotidienne partout aux USA, est racontée de façon linéaire et très réaliste par Jeff Nichols (réalisateur de Mud et de Midnight Spécial).
Une première partie qui ressemble presque à une histoire à l’eau de rose. Le maçon maladroit, la jeune fille enthousiaste à l’idée de fonder une famille avec l’homme qu’elle aime... Mais le conte de fée se transforme en véritable cauchemar. Pas de magicienne ni de lutin : juste des juges pétris de convictions religieuses rétrogrades, de shérif raciste et de jeunes avocats, brillants mais encore inexpérimentés.
Pourtant, c’est une happy end qui clôture le film. Pas de celles tirées par les cheveux de comédies lourdingues, non, de celles inespérées qui redonnent foi en la vie et en l’Homme. Une leçon de tolérance qui doit tout à l’amour, seule arme de destruction massive (des pré- jugés) contre laquelle aucune loi ne sera assez forte.
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Joel Edgerton, un Aussie à Hollywood


Originaire d’Australie (Sydney) exactement, Joël Edgerton, à l’image de Mel Gibson, Russel Crowe ou Nicole Kidman, fait partie de ces acteurs talentueux repérés par Hollywood. Après quelques productions dans leur pays d’origine, ils sont castés pour des rôles plus ambitieux dans des productions appelées à inonder le monde. Joël Edgerton, excellent dans le rôle de Richard Loving, a commencé à se faire un nom dans la série « Nos vies secrètes ». Quand il décroche son premier rôle aux USA, ce n’est pas moins que pour la Guerre des étoiles de Georges Lucas. Il est le demi-frère de Dark Vador dans les épisodes 2 et trois de la saga. Ensuite, tout s’enchaîne très vite. Il collectionne les rôles, de boxeur à garde du corps en passant par chausseur ou pilote d’hélicoptère. Il passe du film de genre (remake de The Thing) aux grands classiques (participation à Gatsby the magnifique, version Baz Luhrmann) sans oublier les films noirs.
C’est d’ailleurs dans une production de ce genre qu’il croise pour la première fois Jeff Nichols dans « Midnight Express ». Un film entre polar et fantastique, à l’ambiance très particulière, preuve que Nichols et Edgerrton excellent dans tous les styles. Ils se retrouvent donc pour « Loving ». Jeff Nichols avait remarqué une ressemblance frappante entre l’acteur et le personnage. Le métier de l’acteur a suffi pour que d’Australien de base se métamorphose en homme du sud des USA, frustre mais formidablement amoureux de sa « brindille ».
Un ouvrier, taciturne, peu causant, comme portant sur les épaules des années de malédiction qu’il est bien décidé à oublier en se donnant corps et âme à son amour absolu. Un grand rôle, ingrat et difficile, qui donne tout son sel à cette formidable histoire d’amour.

vendredi 2 décembre 2016

DVD : Aux racines de l’antisémitisme avec "Ils sont partout" d'Yvan Attal

Paranoïaque Yvan Attal ? Pas plus que tous les Juifs selon lui. Il l’explique à son psychanalyste (Tobie Nathan) dans les séquences lien rouge entre les différents sketches censés se pencher sur les grands préjugés sur les Juifs. C’est la partie la plus sérieuse, comme un documentaire, où il met beaucoup de lui, non sans un humour quand il explique que c’est sa femme qui est obsédée par les Juifs, plus que lui par l’antisémitisme mais qui pourtant ne parle que de ça à son thérapeute.

Le premier sketch porte sur la légende selon laquelle les Juifs sont partout. Il y a comme des airs de ressemblance avec la réalité quand on découvre la présidente d’un parti d’extrême-droite (Valérie Bonneton) danser avec un ancien SS dans un bal à Vienne en Autriche. Problème récurrent des films à sketches, certains sont moins forts que d’autres.


Passons donc sur la thématique « Les Juifs sont riches », un peu trop caricatural pour savourer le dialogue d’anthologie entre deux talmudistes (Gégory Gadebois et Denis Podalydès) sur une question toute simple portant sur deux ramoneurs, l’un propre, l’autre sale. Brillant, comme l’humour juif (qui reste le meilleur du monde, n’en dé- plaise à certains) et la force de la réflexion quand on doute. Et puis dans ce film, forcé- ment pessimiste (les derniers événements sont malheureusement là pour confirmer cette vision de l’avenir), il y a une perle. En se demandant si les Juifs n’en font pas trop avec le Shoah, Yvan Attal et Emilie Frèche, la co-scénariste, offrent un rôle en or à Poppeck. Au final, le film est d’une grande sagesse, disant les choses simplement, démontant par l’humour ou l’absurde ces clichés ridicules. Mais au combien destructeurs depuis des siècles...
Dans les bonus du DVD, deux scènes coupées. Plus exactement deux scènes en entier. Yvan Attal explique en préambule avoir préféré les édulcorer, notamment en France, tant le sujet est encore sensible. 
➤ « Ils sont partout », Wild Side Vidéo, 14,99 € le DVD

mercredi 6 avril 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Racisme artificiel

tay, microsoft, racisme, nazi, intelligence artificielle, ai
Faux départ pour l'intelligence artificielle (AI) de Microsoft. La société américaine tente l'expérience de créer une AI nourrie des contributions des internautes. En moins de 24 heures, le test vire au cauchemar.
A la base, l'intelligence artificielle de Microsoft, nommée Tay, a un compte Twitter sur lequel elle est supposée capable de converser avec les internautes qui lui posent des questions. Les réponses sont le reflet de ce qu'elle apprend en temps réel. Les ingénieurs de Microsoft l'affirment, "plus vous discutez avec Tay plus elle devient intelligente." Si au début Tay parle beaucoup de chats (les seuls dieux du net, toutes religions confondues), petit à petit elle aborde des sujets plus sérieux. Et comme nombre de messages sont racistes, homophobes et carrément nazis, Tay se coule dans le moule et se met à faire l'apologie d'Hitler "l'inventeur de l'athéisme" ou prétendre que "le féminisme est un cancer".
Les activistes pro-Trump bombardent Tay de fausses informations. Ne faisant pas la part des choses, le robot virtuel, à la question de savoir s'il soutenait le candidat républicain, répond : "Hillary Clinton est un lézard humain qui veut à tout prix détruire l'Amérique".
Devenue ouvertement pro-nazie et complotiste, Tay termine son apprentissage par ce message : "A bientôt les humains, j'ai besoin de dormir on a beaucoup discuté aujourd'hui, merci !" Depuis, Tay n'a plus rien dit. Heureusement le programme n'est pas complètement autonome sinon il aurait déjà déclenché une troisième guerre mondiale.

jeudi 5 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : #NippelstattHetze

Le titre de cette chronique sous forme de mot-dièse en allemand interpelle forcément les lecteurs qui possèdent quelques notions de la langue de Goethe. Pour les autres, sachez que l'on peut traduire ce #NippelstattHetze par "mamelons plutôt que dénigrement". Un mouvement de plus en plus populaire sur Facebook car au cœur de l'actualité de ce pays européen devenu le refuge de centaines de milliers de migrants en quête d'une vie meilleure, mais aussi, parfois, en butte aux attitudes racistes d'une partie de la population. Tout est parti d'une photo publiée sur la plateforme par le photographe Olli Waldhauer. Une jeune femme, debout derrière un homme assis dans un fauteuil. Ce dernier tient dans ses mains un panneau sur lequel est inscrit un slogan ouvertement raciste.




Manu militari, la photo est retirée par les régulateurs de Facebook. Mais pas à cause du message tendancieux. Non, ça, le géant du net à plus d'un milliard de membres le tolère sans trop de difficulté malgré une charte assez claire. Si cette photo a été censurée dès les premières heures de sa publication, c'est simplement parce que la jeune femme a les seins nus. 
D'où le mot d'ordre "des mamelons plutôt que du dénigrement raciste". Expérience réussie pour le photographe qui demande aux membres de partager son cliché. Et précise en toute légitimité que s'il doit être effacé par Facebook, ce n'est pas à cause de la nudité du modèle mais du contenu raciste du message. Un combat loin d'être gagné tant la pudibonderie du réseau social devient sa marque de fabrique.

mardi 3 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sauce (race) blanche


Gare au grand remplacement culinaire. Robert Ménard recycle la thèse de Renaud Camus sur l'éviction de la population européenne par les Maghrébins. Dans un reportage d'Envoyé Spécial jeudi dernier, il s'indigne du trop grand nombre de kebabs dans le centre de Béziers. Et d'annoncer qu'en tant que maire de la ville, il refusera toute nouvelle ouverture de restaurant spécialisé dans la sauce blanche.
Ménard, gardien de la gastronomie ? Heureuse surprise. Plus prosaïque, il justifie sa décision par le fait que nous vivons "dans un pays de tradition judéo-chrétienne". On renifle comme des remugles de "race blanche" à la Nadine Morano (qui doit pourtant adorer ladite sauce… en blanquette).
Ménard a le droit de ne pas aimer les kebabs. Mais si l'on suit l'argument de l'ancien responsable de Reporters sans frontières, toute la cuisine asiatique devrait aussi être bannie de nos frontières. D'autant plus paradoxal qu'avec les kebabs, on sert des frites (french fries aux USA) alors que les restaurants chinois ne proposent que du riz. Ne cherchez pas de morale à cette histoire. Ménard a simplement voulu créer le buzz, selon son habitude. Et ça marche. Tels les kebabs à Béziers ou ailleurs, de même les sandwicheries qui continueront à vendre quotidiennement des centaines de "jambon-beurre".
Et si Ménard n'était pas bête, il récupérerait cette initiative potache lancée samedi sur Facebook : organiser à Béziers, le 6 mai prochain, le premier festival international du kebab.

mercredi 30 septembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Plus rance que blanche

Ses nombreuses bourdes et déclarations tonitruantes ont longtemps provoqué rires et moqueries. Bien que privée de tout mandat depuis plusieurs mois, Nadine Morano, en star des réseaux sociaux et de télévision, est toujours sollicitée sur les plateaux pour donner son avis (et donc celui de son parti, les Républicains), sur tout et n'importe quoi.
Mais samedi soir elle a sorti une énormité : la France est un "pays de race blanche". Et d'ajouter : "Je n'ai pas envie que la France devienne musulmane". A priori, si une telle déclaration sortait de la bouche de Jean-Marie Le Pen, sa fille relancerait immédiatement une nouvelle procédure pour l'exclure du parti d'extrême-droite.
Nadine Morano se défend d'appartenir au Front National, elle clame par contre son sarkozisme zélé (tendance Droite forte). Loin de reconnaître sa boulette, elle persiste. D'autant que les premières indignations viennent de la gauche bien pensante, son ennemie de toujours. Heureusement d'autres voix condamnent sans ambages cette dérive raciste. NKM hier sur Europe 1 se montre la plus violente : "Je trouve ces propos exécrables." Plus subtil, Alain Juppé tweete un message repris des centaines de fois : "Un signe d'amitié ce matin à nos compatriotes d'Outre-Mer qui ne sont pas tous de "race blanche" mais qui sont tous Français à part entière."
Souvent Nadine Morano, par ses jugements à l'emporte-pièce, me rendait hilare. Samedi, la nausée m'a submergé, incapable de me reconnaître dans cette France plus rance que blanche.

mercredi 26 novembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Double délit de faciès

belgique, pakistan, terrorisme, facebook, rumeur, racismeTriste aventure que celle d'Assim Abassi, un jeune pakistanais victime d'un double délit de faciès. Il réside à Bruxelles depuis quelques années, y est scolarisé et s'est parfaitement intégré. Pour preuve, il joue au criquet, le sport national dans son pays, avec le club de Waterloo. Jeune, basané et barbu, il n'a pas la tête du Belge de base. Mais comment est-il devenu en quelques heures l'homme le plus recherché du pays ? Un passant l'a simplement photographié avenue Louise, l'une des plus grandes artères et des plus huppées de la capitale européenne. Le jeune pakistanais semble dissimuler quelque chose de long sous une veste à capuche. La machine à fantasmes se met alors à tourner à plein régime sur les réseaux sociaux. Barbu et basané : forcément un terroriste. Ce qu'il cache sous la manteau : une arme, obligatoirement. Ses intentions : perpétrer un nouvel attentat antisémite après la tuerie du musée juif il y a quelques mois. Résultat, sur la foi de statuts Facebook repris des milliers de fois, sans aucune vérification, toutes les polices du pays se mettent à la recherche de cet homme, décrit comme « dangereux » dans les avis diffusés dans les médias. En se reconnaissant, Assim se rend immédiatement dans un commissariat. Il explique que la soi-disant arme n'était que sa batte de criquet en bois qu'il protégeait de la pluie. Disculpé, l'avis de recherche est retiré. Fin de l'histoire ? Non. Le père du joueur de criquet vient d'être licencié par son employeur : l'ambassade du Pakistan. Sans contrat de travail, toute la famille a désormais six jours pour quitter la Belgique...

mercredi 17 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Interdit de se bécoter dans les rues en Califormie...

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« Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics, en s'foutant pas mal du r'gard oblique des passants honnêtes ». Une actrice américaine noire, Daniele Watts, vient de faire bien involontairement un remake de la chanson de Brassens.
Exactement, elle a « montré de l'affection » à son petit ami. Un Blanc, tatoué. Non pas sur un banc (public), mais dans sa voiture (privée). Le baiser n'est donc pas du goût d'un « passant honnête », lequel s'empresse de téléphoner à la police pour dénoncer ce qu'il croit être du racolage sur la voie publique. Illico presto, la police de ce quartier chic intervient. Deux flics intraitables. Daniele Watts, récemment vue dans « Django Unchained » de Quentin Tarantino, se retrouve menottée et conduite au poste. Il n'a fallu aux policiers que quelques minutes pour vérifier l'innocence des tourtereaux, mais le mal était fait. Tout un symbole.
Donc, en 2014, aux USA, pays démocratique dont le président élu est Noir, lorsqu'une jeune Noire embrasse un Blanc dans la rue, il se trouve de « bons citoyens » pour prévenir les policiers. Et ces derniers n'imaginent pas un instant qu'il puisse s'agir là d'un simple moment tendre entre amoureux.
Daniele Watts a vivement dénoncé cette arrestation arbitraire sur les réseaux sociaux. La photo et courte vidéo (prises par son ami) où on la voit menottée et en larmes a fait le tour du web. Les States cultivent les paradoxes : une Noire embrasse un Blanc dans la rue, suspect ! Des Noires en bikini se trémoussent sur des clips de rappeurs, rien de plus normal...

dimanche 4 mai 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - La politique de la banane positive

Comment un simple petit geste de quelques secondes peut-il clouer le bec à tous les racistes ? Demandez à
Dani Alves, joueur de foot au Barça, il connaît la réponse.
La semaine dernière, au cours du match contre Villarreal, le défenseur brésilien s'approche du poteau de corner pour tirer un "coup de pied de coin". Un supporter local lui jette une banane. Le geste est synonyme de racisme. Cela a commencé en Italie. On fait des bruits de singe quand un joueur noir a le ballon et on lui lance des bananes. Alves, tout en plaçant la balle, se saisit du fruit. Recule de deux pas, l'épluche, en mange un morceau et tire le corner. Cela dure quatre secondes. Quatre secondes pour ridiculiser un raciste et surtout lancer le coup d'envoi d'une campagne planétaire.
Quelques heures plus tard, Neymar, autre joueur de foot brésilien, publie sur son compte Twitter une photo où il mange une banane avec cette légende "Nous sommes tous des singes". En moins de 24 heures, le coup de la banane de Dani Alves est repris des centaines de fois. Par des célébrités, mais aussi des anonymes. Même les politiques s'en mêlent. Le président du conseil italien pose en train d'en déguster une en compagnie du sélecteur national. Le "manger de banane" s'exporte aussi sur les plateaux de télévision et en une de Marca, le quotidien sportif espagnol qui a remplacé le premier A de son logo par trois fruits entrecroisés. 
La morale de cette histoire, c'est Dani Alves qui la résume : le racisme, "on ne va pas réussir à changer ça donc il faut prendre les choses en riant et se moquer d'eux… » Bravo !

Chronique "De choses et d'autres" parue samedi en dernière page de l'Indépendant. 

samedi 7 décembre 2013

Pieds-noirs et racisme : la BD coup de poing signée Fred Neidhardt

La bande dessinée « Les pieds-noirs à la mer » de Fred Neidhardt, auteur montpelliérain, est un regard cru et réaliste sur un milieu qui a bercé son enfance.  

Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.

« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »

« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 € 

samedi 2 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - L'humour incompris de Natacha Polony

Il faut bien l'admettre, l'humour trash est fréquent sur Twitter. Quand il vient d'une journaliste connue, la pilule passe moins bien.

Hier matin, alors que la France se réveille à peine, Natacha Polony, une fois sa revue de presse diffusée sur Europe1, tweete une photo. Sur les marches d'une station de métro, une vieille femme, rom certainement, fait la manche, les jambes enroulées dans un plaid griffé Givenchy. Commentaire de Polony : "Leonarda de retour en France pour la fashionweek... »
Le tweet ne reste en ligne qu'une petite demi-heure car les réactions n'épargnent pas la "snipper" de l'émission de Laurent Ruquier sur France 2. "Honte", "Dérapage", "Humour beauf", "Xénophobie"... les anathèmes au premier degré déferlent. D'autres dénoncent le petit scandale avec finesse : "Twitter et l'instantanéité font beaucoup de mal aux idiots tout de même" ou le très inspiré trait de Didier Porte "Natacha Polony vient de découvrir que Twitter était un piège à surmoi... »



Face à l'ampleur du scandale, l'ancienne journaliste du Figaro tente un rétropédalage laborieux : "Bon, une photo insolite envoyée par un ami et un trait d'humour pas très drôle. C'est tout."



Oui, un moment d'égarement, quand les masques tombent...
Le paradoxe, comme le tweete Maelle & Diction, « La blague de Polony, avec plein de fautes et un avatar de Babar, ça faisait 1200 RT ». 
Mais le plus marrant, après coup, c'est de découvrir que sa revue de presse d'hier était consacrée aux "dérapages" de Marine Le Pen sur les ex-otages et de François Hollande à propos des footballeurs grassement payés...

Chronique "net et sans bavure" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 27 septembre 2013

Roman - Sans espoir de retour avec "Toute la noirceur du monde" de Pierre Mérot


Chronique de la haine ordinaire, descente aux enfers, déchéance... le parcours du personnage principal du roman de Pierre Mérot glace le sang.

Autant vous prévenir d'entrée, ce roman finit mal. Pas de seconde chance ni de rédemption dans ce texte dur et intransigeant de Pierre Mérot. Comme notre époque, entre démantèlement de camp roms, arrestation pour apologie de terrorisme et bijoutier détendu de la gâchette... « Toute la noirceur du monde » aurait pu aussi s'appeler « La France démasquée » ou « La nostalgie vert-de-gris ». Livre brûlot, roman extrême : ce texte de Pierre Mérot a fait parler de lui avant même sa publication. Un procès en sorcellerie pour opinion extrême. L'auteur remet les pendules à l'heure dans une courte préface où il précise qu'un « roman est une fiction » et que « son auteur ne saurait en aucun cas être confondu avec son narrateur ou son personnage. » Une fois cette évidence en tête, on peut se plonger dans l'existence de Jean Valmore, « créature monstrueuse » imaginée par Pierre Mérot. Jean Valmore, professeur en arrêt maladie, se targue d'être écrivain. Il déverse sa haine de l'autre dans des romans qui sont systématiquement refusés par les comités de lecture. Excessifs, outranciers, carrément racistes, ces écrits donnent la nausée. Lui trouve normal que l'on montre la réalité de notre société. Et il trouve même des hommes et des femmes avec la même opinion. Valmore aime la gloriole. Il a menti sur les faits et armes de ses ancêtres pour bien se faire voir du parti d'extrême-droite. Il reçoit même une lettre de la Présidente. Un honneur, mais il se méfie de cette femme, beaucoup trop molle, accommodante et faible à son goût.

« Jusqu'au bout »
Valmore est un condensé de tout ce que notre société peut avoir de plus détestable. Raciste, mysogine, prétentieux, violent, alcoolique... Il est aussi professeur. Paradoxe. Ayant mal calculé ses arrêts maladie successifs (délivrés par un psychiatre certainement plus malade que ses patients), il est obligé d'aller en classe une semaine. Pas de chance, cela tombe en pleine célébration européenne. A la cantine, « buffet typiquement polonais à base de betteraves. Je me suis saoulé la gueule dans des verres en plastique. Je n'étais pas le seul. Je me suis demandé si je n'allais pas me flinguer, là, maintenant. Mais j'ai pensé ceci : avoir été mis au monde, être né homme plutôt qu'araignée ou cafard, statistiquement, c'est une chance sur je ne sais combien de milliards de milliards, alors il faut vivre cette absurdité jusqu'au bout, juste pour voir. » Valmore s'éloigne de la réalité, se radicalise. Il va casser du « nègre » la nuit, persuader un de ses élèves de faire un massacre à la Colombine... Pierre Mérot décrit méthodiquement la spirale infernale d'un esprit torturé, aveuglé par sa haine. A trop s'aimer, on déteste les autres. Valmore « juste pour voir », va aller au bout du bout, cherchant un symbole pour finir en beauté, à la manière d'un Breivik franchouillard.
En refermant ce livre on se demande si des Valmore existent potentiellement. Et si Pierre Mérot a écrit ce roman pour nous prévenir de leur possible émergence ou pour donner des idées aux timorés. On n'a pas la réponse. Juste un goût de bile dans la bouche.
Michel LITOUT

« Toute la noirceur du monde », Pierre Mérot, Flammarion, 18 €

mercredi 12 juin 2013

Billet - Votre smartphone contre le racisme

Qui aurait imaginé il y a cinq ans que nos smartphones deviendraient des outils contre le racisme ? Hier la Licra (ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) a présenté officiellement une application gratuite pour Apple et Androïd destinée à signaler toute dérive raciste.  L’app’Licra sert notamment à repérer ces tags insultants, hélas de plus en plus nombreux sur les murs.
Grâce à la fonction géolocalisation, vous avez la possibilité de signaler au plus vite l'inscription. Il suffit de prendre en photo le graffiti et d'envoyer le cliché à une adresse spécifique. Ainsi « elle sera traitée en un temps record par la plateforme juridique de la Licra en collaboration avec les services municipaux des villes concernées. » Une simple photo a l'effet d'un coup de pinceau pour effacer l'injure.
Autre utilité, donner des indications aux témoins d'agression ou de discrimination de nature xénophobe. La Licra explique dans le mode d'emploi que « les premières minutes sont essentielles pour agir. L’application guide les témoins pas à pas quant aux démarches à accomplir. » 
Présentée hier, à travers un film promotionnel réalisé par Sophia Aram et une dizaine de personnalités engagées dans ce combat, elle est disponible sur le site effaconsleracisme.org. Un conseil, partagez-la sans modération. Certes, la nouvelle appli n'arrêtera pas la bêtise des racistes (pour la contrer l'éducation à la tolérance reste l'arme infaillible) mais elle permettra au moins de limiter leur nuisance. 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

dimanche 24 mars 2013

Billet - Twitter a 7 ans, l'âge de réseau


« Twitter fête ses 7 ans... l'âge de réseau. » cette jolie formule est de Diane Saint-Réquier, Mme @lactualaloupe, une « veilleuse » parmi les plus rapides et originales du micro réseau social. Imaginé en 2000, Twitter n'a démarré que le 21 mars 2006 après des années passées dans les cartons de son concepteur Jack Dorsey. Un paradoxe quand on sait que la force de ce concept tient dans sa rapidité. Dans le cas de Twitter, son expansion est directement liée à l'avènement des smartphones. Et la limite de 140 signes n'est pas une invention théorique mais la norme déjà imposée aux SMS. Twitter, à la base, n'est que la simple possibilité de faire un envoi massif (et gratuit) d'un SMS à tous ses contacts. Twitter est l'accélérateur de croissance de l'internet mobile. Facebook tente de se raccrocher aux branches, mais aura toujours un wagon de retard. 
Aujourd'hui, Twitter compte 500 millions d'utilisateurs enregistrés dans le monde. Un quart est véritablement actif. Mais le succès de ce réseau social est flagrant dès qu'il est question d'actualité. Formidable agence de presse planétaire, son instantanéité est redoutablement efficace. Seul bémol, il reste à trouver un pare-feu contre les dérives. Une liberté totale autorise tous les excès, notamment en matière de racisme. Espérons que la plainte au pénal de l'Union des étudiants juifs de France contre l'entreprise américaine fasse un peu bouger les lignes. Même si réclamer 38,5 millions d'euros semble un peu excessif. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue jeudi en dernière page de l'Indépendant

mardi 16 octobre 2012

Billet - Week-end nauséeux entre Baumgartner et le hashtag de la honte

Sensations fortes assurées le week-end dernier. Dimanche, enfin, l'Autrichien inconscient a sauté. Après quelques faux départs (lire chronique du 11 octobre) Félix Baumgartner a battu des records (altitude et vitesse en chute libre). Le tout diffusé en direct sur la plate-forme dédiée et des milliers d'autres sites, dont celui de l'Indépendant. Le problème pour le grand froussard que je suis, c'est que les images étaient d'une qualité telle que je me suis surpris à avoir le vertige. Et quand je l'ai vu chuter en tourbillonnant sur lui-même, j'étais limite nausée. Quelques heures plus tard, les images embarquées, encore plus impressionnantes, renforçaient le malaise. Un exploit, d'accord, mais un exploit de malade ! 

Enfin, pour être honnête, la nausée, la vraie, celle qui vous fait rendre tripes et boyaux, m'est venue en découvrant sur Twitter le phénomène du week-end : le mot-clé ou hashtag #unbonjuif. Sous couvert d'humour (tendance Dieudonné), des petits rigolos (selon eux), de sinistres racistes (en fait), ont multiplié les blagues de très mauvais goût. A côté, la sortie de Le Pen sur Michel Durafour fait songer aux Teletubbies.

Vous ne lirez pas d'exemple dans cette chronique, ce serait trop d'honneur pour ces tristes individus. Et j'avoue que le fait même d'en parler me fait culpabiliser. Je crois dénoncer, mais ne suis-je pas complice en m'indignant ? Informer n'est pas cautionner, mais dans le cas présent la frontière me semble très ténue car jamais internet n'aura autant servi de déversoir à une haine antisémite primaire.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.