Affichage des articles dont le libellé est police. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est police. Afficher tous les articles

vendredi 7 février 2025

BD - Police du réel examinée dans "Anatomie d'un commissariat"

Démarche très journalistique de Mikael Corre, reporter à La Croix. Après plusieurs reportages sur les violences policières pour le quotidien, il a voulu approfondir le sujet, comprendre pourquoi la police française est à ce point décriée par une bonne frange de la population.

Il a donc passé une année en immersion dans un commissariat. Des séjours de quelques jours à Roubaix, pour rencontrer tous les policiers, du simple planton chargé de l’accueil au grand chef en passant par les hommes de terrains, ceux qui luttent contre les trafiquants d drogue ou les violences du quotidien.

Un récit transformé en roman graphique (reportage graphique plus exactement), par Bouqé. Un dessin simple et rond, comme pour adoucir le quotidien de ces forces de l’ordre si souvent confrontées à l’horreur, la mort. Car ce qu’il ressort principalement de cet album c’est derrière l’uniforme ou la plaque de tout flic, il y a un homme ou une femme, tentant de servir leur pays, de protéger leurs concitoyens, avec plus ou moins de moyens. Certains reconnaissent que leur action est vaine. Pas assez nombreux, dépassés, peu aidés par les politiques. La politique du chiffre cache un marasme important.

Les auteurs constatent une crise profonde, tout en reconnaissant que le système tient le choc malgré les crises, les insuffisances.
« Anatomie d’un commissariat », Bayard Graphic’, 168 pages, 28 €

vendredi 18 août 2023

BD - Dérive californienne absolue dans « Le labeur du Diable »


Ce n’est certainement pas l’album de BD qui est le plus dans l’esprit de Noël. Au contraire, il est réservé à un public averti. Dans une ville de Los Angeles aux prises avec tous les vices, un petit employé de bureau frustré va se métamorphoser en tueur sanguinaire.


Il a ce mal ancré au fond de lui. Pour le faire émerger, il lui suffit d’endosser un uniforme de policier.
Écrit par Fathi Beddiar, ce scénario destiné au cinéma était trop violent pour passer l’épreuve des financements. Résultat, cela devient une BD extrême dessinée par Babbyan et Geanes Holland.
« Le labeur du Diable » (tome 1), Glénat, 24,95 €

dimanche 27 février 2022

Cinéma - Dans le film « Selon la police », le drame est permanent


Présenté en janvier dernier au festival du film politique de Carcassonne, Selon la police de Frédéric Videau est une accumulation de tranches de vie dans un commissariat au bord de l’implosion. Pourtant des travaux viennent d’être effectués dans les toilettes, resplendissantes. Et des plantes vertes ornent les couloirs. Mais c’est juste car le ministre de l’Intérieur est de passage.


Une fois parti, Ping-Pong (Patrick d’Assumçao), brûle sa carte de police dans le lavabo. Il n’aime plus son métier, lui qui a débuté comme flic de proximité, chargé de parler avec les jeunes des quartiers. Maintenant le ministère exige des résultats. En clair des chiffres pour gonfler les statistiques des affaires résolues.

Pyramide Ce film, parfois aussi authentique qu’un documentaire, raconte aussi le quotidien d’une policière stagiaire. En plus des réflexions machistes, elle doit subir les insultes racistes car issues d’une famille maghrébine. On suit aussi le groupe dirigé par Tristan (Simon Abkarian), formé de filles et de garçons animés souvent d’envies contradictoires.

L’histoire la plus forte reste celle de ces deux frères (Alban Lenoir et Émile Berling), fils de flic. Le premier a la foi en son métier, le second au contraire est au bout du rouleau. Émotion garantie. Tout comme la fin du film où plusieurs personnages de retrouvent pour un sacrifice poignant.

 

dimanche 3 mai 2020

Polar - Les maux de la police dans « Que tombe le silence »


 Depuis toujours le roman policier, notamment en France, fait aussi dans la critique sociale. Plus étonnant, le polar d’un policier encore en activité, Christophe Guillaumot, aborde de façon frontale et sans détour le problème des suicides dans cette profession toujours sur la brèche.
Une exploration très renseignée et documentée sur un phénomène toujours aussi prégnant, qui n’empêche pas l’auteur de ficeler une intrigue captivante autour de ses personnages récurrents que sont le Kanak et Six. Sorti en janvier dernier, « Que tombe le silence » vient de se voir attribuer le tout nouveau Prix Midi, du nom de notre supplément loisir détente du dimanche. Vous pourrez lire dans l’édition de ce 3 mai, le portrait de Christophe Guillaumot, écrivain mais surtout flic toulousain, responsable de la brigade des courses et jeux de la capitale régionale. 

Arme compromettante

Renato Donatelli, géant originaire de Nouvelle-Calédonie, est surnommé le Kanak. Un nom qui claque comme les baffes qu’il distribue quand on le contrarie. Comme son inventeur, il officie à la brigade des courses et jeux de Toulouse. Ce déraciné vit sa troisième aventure. Il n’est pas nécessaire d’avoir lu les deux précédentes (disponibles en poche chez Points) pour plonger dans cet univers de potes. Il y a la police, mais aussi les malfrats, les paumés, le tout dans une ville passée à la moulinette de la plume de Christophe Guillaumot : « Toulouse est une ville du Sud, il y règne la violence, l’ordre est l’exception. Une jungle dévorante qu’aucun maire n’a su contenir. » Un décor urbain et ses tensions. 
Le roman débute avec un règlement de compte entre dealers. Un chef de quartier est abattu. Problème, c’est avec l’arme de Six, le collègue et ami du Kanak. Pistolet qu’un petit dealer lui a dérobé quand il était en pleine dépendance à la cocaïne. A ses supérieurs, sur le conseil du Kanak, il a déclaré l’avoir perdue dans le feu de l’action du précédent roman. La police scientifique fait rapidement le lien entre l’arme et son propriétaire. Six, qui venait de prendre la décision de quitter la police pour aller s’installer aux USA avec la femme de sa vie est interpellé au petit matin. Un vrai cauchemar pour ce flic efficace. Le Kanak va tout faire pour comprendre d’où vient ce coup tordu. 
Un roman foisonnant, multipliant les centres d’intérêt autour de l’intrigue principale, des amours de Renato à la maladie de sa grand-mère, en passant par des révélations sur ses origines et les retrouvailles avec une cousine qui a mal tourné. Il y a aussi quelques personnages hauts en couleur, du flic corrompu à l’avocat marron en passant par le haut fonctionnaire qui préfère abandonner la partie : « Je dois appliquer des circulaires que je ne comprends plus. De nos jours, les politiques sont des girouettes qui tournent sur elles-mêmes au gré des polémiques médiatiques. »
Sans oublier la hiérarchie, totalement dénuée d’humanité, qui par ses calculs et sa gestion à l’économie des effectifs, pousse de bons flics à bout.  

« Que tombe le silence » de Christophe Guillaumot, Éditions Liana Levi, 19 €

samedi 11 avril 2020

De choses et d’autres - Les gardiens de l’immobile

Avant, les forces de l’ordre au bord des routes nous disaient : « Circulez, y’a rien à voir ». Aujourd’hui, ces mêmes forces de l’ordre nous obligent à ne pas circuler. Ils sont devenus les gardiens de l’immobile. Les garants du confinement.
Les enfants ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs, mais aux gendarmes et aux déconfinés.
Les contrôles se multiplient et plus il fait beau, plus les Français osent braver l’interdit. Alors, policiers et gendarmes verbalisent à tour de bras. Pas par plaisir. Simplement car c’est la seule solution existante pour faire respecter un tant soit peu ce confinement qui, ne l’oublions pas, a pour but d’arrêter la progression du virus et donc de sauver des vies.

Forces de l’ordre mobilisées et inflexibles. Plus de passe-droit. On n’en est pas encore au niveau de la Nouvelle-Zélande où la Première ministre a viré le ministre de la Santé surpris à la plage avec femme et enfants, comme s’il avait oublié que lui aussi était confiné.


Mais presque. Pour preuve, un jet privé en provenance de Grande-Bretagne avec dix personnes à son bord a été immobilisé et contrôlé à son arrivée à l’aéroport de Marseille. Les riches passagers pensaient pouvoir rejoindre, en hélicoptère, une villa luxueuse à Cannes.
Inflexibles, les gendarmes ont non seulement verbalisé les contrevenants, mais obligé l’avion à repartir vers les brumes anglaises. Logique, le virus, lui aussi, ne fait pas de différence entre un Français à découvert et un Anglais au compte en banque bien plein. Le virus est intraitable. Comme les gardiens de l’immobile.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant du samedi 11 avril, 26e jour du grand confinement


vendredi 27 mars 2020

Série Télé - Enquête sombre et froide dans le passé de l’Islande


L’avantage de Netflix, c’est que l’offre de série ne se limite pas aux productions US et tricolores. On peut aussi découvrir quantité de productions en provenance des quatre coins du monde. C’est parfois étonnant d’exotisme (Corée, Thaïlande, Turquie, Brésil) et puis il y a les pros du polar, généralement des pays nordiques. Suède et Danemark dominent mais il ne faut pas négliger l’Islande. Tout petit pays par sa population, immense par la superficie et la grandeur de ses paysages, l’Islande est le cadre des « Meurtres du Valhalla », imaginée par Ottar Nordfjord diffusée depuis peu sur Netflix. Huit épisodes de 45 minutes pour une série véritablement découpée en deux parties. Au début, Kara (Nína Dögg Filippusdóttir) se rend sur une scène de crime. Un homme a été poignardé en pleine nuit sur un quai de Reykjavik. Les yeux de la victime ont été lacérés après le meurtre. Quand un second cadavre est découvert, la police est sur les dents et Magnus (Sigurður Skúlason), le patron, demande l’aide d’un cador Danois, Arnar (Björn Thors). 
Enquête classique dans les cinq premiers épisodes avec assassin démasqué. Mais il y a encore trois épisodes, eux beaucoup plus sombres. Car derrière cette série de meurtres, il y a les agissements d’un autre « monstre dans la nuit » (titre du dernier chapitre). Les deux personnages principaux vont alors devoir aller bien au-delà de leurs prérogatives de policiers islandais pour le mettre hors d’état de nuire. 
La série, un peu longue et trop classique au début, devient brillante dans son final. Avec cerise sur le gâteau des décors enneigés d’un gigantisme qu’aucune major hollywoodienne ne pourrait reproduire.

lundi 19 septembre 2016

Rentrée littéraire : Sadorski, le pire des salauds

sadorski, slocombe, occupatiuon, naeis, police, robert laffont, bête noire
Pour raconter l'occupation allemande, Romain Slocombe n'y va pas par quatre chemins : il se met dans la peau des pires salauds et raconte à la première personne leurs motivations nauséabondes. Après l'écrivain dénonciateur de juifs dans « Monsieur le commandant », place à Léon Sadorski, inspecteur de la police française, spécialisé dans les renseignements généraux et plus spécialement la surveillance des Juifs. Sado pour les collègues, vénère le maréchal Pétain et collabore avec la Gestapo. Aussi quand il est arrêté un matin et conduit à Berlin pour subir plusieurs jours d'interrogatoires il ne comprend pas du tout. Il se retrouve dans la peau des ces « sous hommes » qu'il aime malmener au quai des Orfèvres.
Le bourreau dans le rôle de la victime, c'est l'essentiel de la première partie de ce roman policier historique, sélectionné dans le première liste du Goncourt. La suite se déroule à Paris, Sadorski devra retrouver une de ses anciennes maîtresses suspectée d'activité antinazis.
Un roman témoignage, aux scènes parfois dures, mais qui reflètent l'époque. En préambule, l'auteur et l'éditeur préviennent ne pas « cautionner les propos tenus par le personnage principal ». Car Sadorski, effectivement, est le pire des salauds.
« L'affaire Léon Sadorski », Romain Slocombe, Robert Laffont, 21 €

vendredi 2 septembre 2016

Rentrée littéraire : Compassion policière selon Hugo Boris

police, grasset, hugo boris, rentrée littéraire
Depuis plus d'un an la police est sur les dents, obligée d'assurer la sécurité des Français face à une menace diffuse. Aimés ou détestés, au gré des événements, ce sont pourtant des hommes et des femmes comme tout le monde, avec cas de conscience, envies de bonheur, espoir d'avenir. Hugo Boris, dans ce court roman, entraîne le lecteur dans la voiture d'une équipe de la BAC. Après une journée déjà chargée, ils sont réquisitionnés pour reconduire à la frontière un sans papier. En clair, le conduire à Roissy.
Erik est le chef. Virginie sa coéquipière est enceinte d'Aristide, le troisième de l'équipage. Le lendemain elle doit aller se faire avorter. Cette nuit, Virginie a des doutes et elle s'émeut de la situation de ce prisonnier politique promis à la torture. L'équipe s'arrête avec son prisonnier dans un fast-food. « Ici, ce soir, dans ce fast-food, la Terre semble presque habitable. Pour preuve, on peut même s'assoir et manger. » Un texte plein d'humanité qui devrait changer notre vision des policiers, hommes et femmes en proie au doute comme tout un chacun.
« Police » de Hugo Boris, Grasset, 17

dimanche 12 juin 2016

BD : Baltimore, ses flics, ses crimes


Avant d'écrire le scénario de la série "The Wire", David Simon a été reporter. Il a notamment couvert les faits divers dans la ville de Baltimore. Durant l'année 1988, il a suivi tous les inspecteurs de la section des homicides de cette grande ville américaine, gangrénée par le trafic de drogue. Philippe Squarzoni, connu pour ses reportages dessinés, se lance dans l'adaptation de "Homicide" tiré des chroniques de Simon. On est à 1 000 lieues des "Experts" et autres séries télévisées américaines. À Baltimore, les flics chargés de résoudre les homicides sont surchargés de boulot. Trop souvent les affaires restent non résolues car impossible de trouver un témoin. Le mensonge est systématique. Ce sont donc des portraits d'hommes frustrés mais pas encore totalement découragés qui se succèdent dans ces 120 pages retraçant seulement un mois d'enquêtes. Et même si les faits datent de près de 30 ans, cela permet de mieux comprendre cette Amérique, violente, pauvre et abandonnée.
"Homicide" (tome 1), Delcourt, 16,50 euros

mercredi 13 avril 2016

Polar : Les Poulets sont lâchés

hénaff, albin michel, police, capestan
Comme dans toutes les professions, il y a des bons et des mauvais policiers. Ceux qui se retrouvent affectés à la brigade d’Anne Capestan font, en théorie, partie de la seconde. En réalité ce sont de bons flics, mais qui ont connu un problème dans leur carrière. Au bout de quelques semaines de cure de repos, ils sont mis au placard dans cette unité spéciale. Cela donne une dizaine de spécimens bizarres, dans la veine d’un Bérurier, avec l’efficacité en plus. Leur première enquête a connu un beau succès (“Poulets grillés” vient de sortir au Livre de Poche) et Sophie Hénaff remet le couvert, avec une histoire de flic abattu en pleine rue. Son ex-beau-père aussi. Ce qui explique qu’elle hérite de l’enquête. 
« Rester groupés» de Sophie Hénaff, Albin Michel, 18,50 euros.

samedi 1 août 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le riant été

J'avoue mon admiration sans borne face à la bêtise de certaines personnes, héros involontaires de faits divers estivaux. Le « teufeur » brouteur, la mère et son bébé maquillé à l'auto-bronzant, le jeune rebelle à l'équilibre chancelant : trois exemples glanés cette semaine dans la presse.
Publiée dans l'Indépendant (édition de Carcassonne), l'histoire du « teufeur » brouteur dans un petit village de la Montagne noire : à l'issue d'une rave, les gendarmes remarquent un jeune à quatre pattes dans une prairie. Explication fournie par l'intéressé à la maréchaussée : il cherche un bon coin... pour brouter de l'herbe. Laissé en liberté, le compte-rendu ne précise pas si l'énergumène est une recrue de la mairie de Grenoble (où les espaces publics sont désormais entretenus par des moutons).
Outre-Manche, cette maman veut être belle malgré sa récente maternité. Elle se badigeonne donc la poitrine d'auto-bronzant. Et dans la foulée, donne le sein à son bébé. Surprise, une fois la tétée terminée, l'enfant est bronzé, mais uniquement de la joue droite, du menton et du bout du nez. La maman s'excuse sur Facebook, le bébé a retrouvé son teint rose en quelques jours.
Enfin la palme revient à ce jeune qui fait la fête dans un appartement de Colmar. Il repère une voiture de police. Rebelle, tient à cracher sur les forces de l'ordre. Prend son élan et bascule par-dessus la rambarde. Bilan : trauma crânien et multiples fractures. Sans compter les poursuites judiciaires pour « outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique ». Et non, l'été tout n'est pas permis.

vendredi 13 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Police ! Game over !


Etrange aventure que celle arrivée mardi soir à Hubert Skrzypek connu sous le petit nom de Bibix dans le monde des gamers, ces geeks fans de jeu vidéo au point de se montrer en direct sur la plateforme Twitch. Casque sur les oreilles, Bibix se bat contre une horde de zombies affamés. La tension est extrême quand on frappe à sa porte. Exactement, on défonce sa porte d'entrée. Le reste de la scène est enregistré et repris sur tous les réseaux sociaux. Ce ne sont pas des zombies venus boulotter le cerveau de Bibix mais plus prosaïquement une équipe de la BAC (brigade anticriminalité) en pleine intervention. Mis en joue, Bibix, forcé de mettre les mains sur la tête, est menotté derechef par les fonctionnaires de police. Interloqué, il demande quand même pourquoi on l'arrête. Pas de réponse. Et puis il percute enfin : un canular, il s'agit d'un simple canular. Pourtant les menottes semblent diablement réelles et les policiers excellents acteurs. 
Et pour cause, eux aussi sont des pigeons dans l'affaire. Bibix est le premier Français victime d'un « swatting ». Aux USA la mode fait des ravages. Le but de ce bête défi consiste à persuader la police d'intervenir en urgence dans un appartement où un crime serait en cours. Les fameux « Swatt » déboulent en force dans la maison. Que l'opération soit diffusée en direct sur le net rajoute un plus indiscutable. Dans le cas de Bibix, le pirate a usurpé son identité au téléphone et expliqué aux policiers qu'il venait de trucider sa femme... Des zombies d'accord, sa copine, jamais ! Moralité, si Bibix a la malchance d'être attaqué par de vrais méchants, son appel risque fort de passer à la trappe.  

mardi 13 janvier 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Black Blanc Beur

Plus de 1,5 million de personnes dans les rues de Paris dimanche. La dernière mobilisation remonte à 1998 à l'occasion de la victoire à la coupe du monde de foot. Le peuple célébrait une équipe Black Blanc Beur qui portait les couleurs Bleu Blanc Rouge. Cette symbolique revient aussi dans l'hommage de dimanche.
Parmi les 17 morts de la série d'attentats, trois policiers. Eux aussi étaient Black Blanc Beur. Eux aussi portaient sur leurs uniformes les couleurs Bleu Blanc Rouge. Clarissa Jean-Philippe, abattue à Montrouge par Coulibaly, était originaire de la Martinique. Une Black. Franck Brinsolaro, policier chargé de protéger Charb, tué lors de l'attaque de Charlie Hebdo, était originaire de Normandie. Un Blanc. Ahmed Merabet, gardien de la paix, froidement achevé d'une balle dans la tête alors qu'il était à terre, blessé, est de Livry-Gargan. Musulman, sa famille est originaire d'Algérie. Un Beur.
On a trop longtemps prétendu que seul le sport permettait l'intégration dans la nation, développer un sentiment de fierté nationale par delà toutes les croyances ou couleurs de peau. On s'aperçoit que dans les structures de la république, la police est également un formidable outil d'intégration. Clarissa, Franck et Ahmed ne protégeaient pas leurs communautés, ils étaient au service de tout un pays et de tous les citoyens. 
Si l'émotion est si forte, partout, de Paris au plus petit village de France, c'est pour la liberté de la presse, mais aussi pour rendre hommage à ces trois serviteurs de la république. Ces trois Black Blanc Beur, protecteurs (au prix de leur vie) du Bleu Blanc Rouge.

Chronique parue le mardi 13 janvier en dernière page de l'Indépendant.  

jeudi 25 septembre 2014

DVD : De l'utilité des prisonniers dans "On the job"

Thriller philippin, « On the job » fait découvrir au spectateur les bas-fonds de Manille.
Le cinéma asiatique est trop souvent méconnu en Europe. Saluons donc la sortie en DVD chez Wild Side Vidéo de ce film philippin nerveux et violent. Réalisé par Erik Matti, « On the job » est tiré d'une histoire vraie. Dans ce pays où politique et corruption ont toujours fait bon ménage, un scandale a ébranlé la police quand la presse a révélé que des prisonniers étaient utilisés comme tueurs à gages. Tatang et Daniel (Joel Torre et Gerald Anderson) sont détenus depuis de longues années. Le premier est en train de former le second à ce métier non officiel. Régulièrement, ils sont exfiltrés du pénitencier et ont pour mission d'abattre un « ennemi ». La scène d'ouverture, en plein carnaval, est impressionnante. Tatang, sous la protection de Daniel, s'approche de la cible et l'abat de deux balles. Une dans la poitrine pour le faire tomber, une seconde dans la tête pour terminer le travail. Une fois le travail accompli, ils rentrent dans le rang, avec un beau pécule en poche.

on the job, philippines, matti, prison, police, corruption, wind side vidéo
Ces règlements de compte, de plus en plus fréquents, poussent la police locale à mobiliser ses meilleurs éléments. L'enquête est confiée au sergent Acosta, un pur, incorruptible et tenace. Dès qu'il a une piste, l'affaire lui est retirée et confiée au FBI local, plus spécialement à Francis Coronel Junior. Jeune, beau, ambitieux, il est le gendre d'un homme politique influent. Entre les détenus tueurs et le duo de flics, une palpitante chasse à l'homme va s'engager, des ruelles sombres et étroites des bas-fonds de Manille aux couloirs d'un hôpital en passant par les beaux quartiers où la classe politique, alliée à l'armée et la mafia, manipule et corrompt au quotidien. Le film n'est pas uniquement d'action. Il dénonce aussi vivement la corruption qui gangrène le pays. De manière un peu naïve, mais finalement assez salutaire.

« On the job », Wild Side Vidéo, 14,99 euros.

mercredi 17 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Interdit de se bécoter dans les rues en Califormie...

baniele watts, noire, actrice, prostituée, police, racisme
« Les amoureux qui s'bécotent sur les bancs publics, en s'foutant pas mal du r'gard oblique des passants honnêtes ». Une actrice américaine noire, Daniele Watts, vient de faire bien involontairement un remake de la chanson de Brassens.
Exactement, elle a « montré de l'affection » à son petit ami. Un Blanc, tatoué. Non pas sur un banc (public), mais dans sa voiture (privée). Le baiser n'est donc pas du goût d'un « passant honnête », lequel s'empresse de téléphoner à la police pour dénoncer ce qu'il croit être du racolage sur la voie publique. Illico presto, la police de ce quartier chic intervient. Deux flics intraitables. Daniele Watts, récemment vue dans « Django Unchained » de Quentin Tarantino, se retrouve menottée et conduite au poste. Il n'a fallu aux policiers que quelques minutes pour vérifier l'innocence des tourtereaux, mais le mal était fait. Tout un symbole.
Donc, en 2014, aux USA, pays démocratique dont le président élu est Noir, lorsqu'une jeune Noire embrasse un Blanc dans la rue, il se trouve de « bons citoyens » pour prévenir les policiers. Et ces derniers n'imaginent pas un instant qu'il puisse s'agir là d'un simple moment tendre entre amoureux.
Daniele Watts a vivement dénoncé cette arrestation arbitraire sur les réseaux sociaux. La photo et courte vidéo (prises par son ami) où on la voit menottée et en larmes a fait le tour du web. Les States cultivent les paradoxes : une Noire embrasse un Blanc dans la rue, suspect ! Des Noires en bikini se trémoussent sur des clips de rappeurs, rien de plus normal...

jeudi 6 février 2014

BD - Un curé à la Mondaine

Le duo composé de Zidrou et Jordi Lafebre, déjà auteur de l'histoire émouvante de Lydie, récidive dans une histoire encore plus ambitieuse et réussie se déroulant à la fin des années 30. Aimé Clouzeau, jeune policier parisien (originaire du Sud de la France), demande sa mutation à la brigade des mœurs. Lassé des crimes, il espère plus de sérénité dans la surveillance des maisons closes et prostituées qui battent le pavé de la capitale. Il va découvrir tout un monde de perversions. Il est vrai qu'Aimé vit toujours chez sa mère. Il a un blocage avec les choses du sexe. La faute à son père. Prêtre, il a « fauté », a cédé au péché de chair. Aimé en est le résultat. Obligé de quitter les ordres et sa région, le prêtre défroqué est devenu fou, se prenant pour le diable. 
La BD de Zidrou raconte les débuts d'Aimé dans son service, les longues planques pour surprendre les « invertis » et autres exhibitionnistes en flagrant délit. Il découvre aussi des hommes et des femmes à l'aise avec leurs corps et leurs désirs. Mais celui qui aurait aimé être chef indien a des restes d'éducation religieuse rigoureuse. Paradoxe pour ce fils de curé chargé d'écumer les bordels...

« La Mondaine » (tome 1), Dargaud, 14,99 €

vendredi 11 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Police belge fantôme

Incroyable histoire belge. Pas la blague de base avec l'accent caricatural, plutôt celle qui met en exergue le côté surréaliste de nos voisins du Nord. Comme Magritte a imaginé « Ceci n'est pas une pipe », une vidéo démontre que « Ceci n'est pas la police ».

Tout débute un dimanche à minuit. Un jeune entrepreneur, pour achever un travail urgent, doit se rendre dans le quartier populaire de Schaerbeek. Pas de chance, une voiture mal garée l'empêche d'entrer dans ses bureaux. Il téléphone à la police pour faire évacuer le véhicule. Pas de réponse. Il se rend donc au commissariat situé à quelques pâtés de maisons (un ami filme toute la scène). Il sonne à l'interphone d'urgence. Pas de réponse. La suite est hallucinante. Il constate que la porte est ouverte. Il entre. Dans le noir, il appelle. Toujours aucun écho. Il déambule alors dans le commissariat et tente une nouvelle fois de téléphoner avec son portable. Il entend une sonnerie dans une pièce, s'y rend et décroche. Voilà comment il parvient à répondre à son propre coup de fil... Il conclut sa démonstration d'un très ironique « Ça se passe comme ça à la police de Schaerbeek ». Diffusée sur plusieurs sites belges, la vidéo est vue plus de 100 000 fois. Les commentaires sont particulièrement... vaches. Il faudra attendre deux jours pour que la fameuse police réagisse. Le problème viendrait d'une serrure électrique déficiente. Et une enquête interne est en cours. Mais la priorité sera sans doute de retrouver les policiers fantômes...

Chronique "Net et sans bavure" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

dimanche 7 octobre 2007

BD - Experts helvètes


La nouvelle série de Ceppi c'est un peu « Les experts à Genève ». La brigade des enquêtes réservées (BER) entre en action quand le délit semble dépasser les frontières de la confédération. Par exemple, quand le personnel d'un hôtel de luxe découvre dans une chambre une prostituée tuée par balle et son client, à côté, visiblement suicidé. Mais la mise en scène est sommaire, d'autant qu'une cliente révèle qu'elle a fait entrer dans l'hôtel, quelques minutes avant le crime, un homme suspect. Une affaire relevant d'autant plus de la BER que les deux morts sont Italiens. 

Une rapide enquête conduit les policiers vers le siège d'un parti d'opposition à un pays africain. La prostituée était chargée d'empoisonner le leader politique, l'Italien se révèle être un agent américain... Cela se complique sérieusement quand un ordre venu de très haut demander de lever le pied sur l'enquête. Avec, cerise sur le gâteau, un trafic d'armes. 

Les policiers imaginés par Ceppi sont très réalistes. Sérieux mais désabusés, ils savent que la plupart du temps, leur enquête butera sur la raison d'Etat. Une certaine vision du monde, certainement très proche de la réalité.

("CH Confidentiel", Le Lombard, 9,80 €) 

vendredi 4 mai 2007

BD - Police et infiltration

Brillante élève policier, Claire a été choisie pour un poste très risqué. Elle va infiltrer le monde de la prostitution lyonnaise. Depuis quelques années le milieu albanais terrorise les filles, n'hésitant pas à faire venir des pays de l'Est cette chair fraîche si appréciée par les clients occidentaux. Claire devient Clara et débute cette plongée dans l'horreur. Elle est toujours sur la ligne blanche. Protégée, surveillée, elle est pourtant très menacée. 

Toute personnalité trop affirmée est sévèrement réprimée par les malfrats albanais. 

Le premier tome de cette série de Laurent Astier, sur près de 100 pages, racontait la mise en place de la cellule Poison, de son but, de ses moyens. Le second tome accorde beaucoup plus d'importance à la psychologie des personnages. Leurs doutes, leurs peurs. En quatre chapitres très rythmés, on découvre le passé de Zoran, l'autre infiltré dans le milieu, et un voyage en Albanie, dans une sorte de supermarché du sexe tarifié, fait froid dans le dos.

 Quant à Claire, elle ne sait plus qui elle est véritablement et se pose de plus en plus de questions. Une série majeure à ne pas manquer. ("Cellule Poison", Dargaud, 11 €)