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jeudi 8 mai 2025

Roman fantastique - « La Dissonance », invisible, passionnante

Il y a du Stephen King de la grande époque dans ce roman de Shaun Hamill. La destinée magique et fantastique de quatre adolescents délaissés.

Véritable tour de force que ce roman de Shaun Hamill. Seulement son second et déjà un texte qui devrait compter dans les décennies à venir. En imaginant et en édictant les règles de la Dissonance, l'auteur texan a tout simplement créé une nouvelle forme de magie, de fantastique urbain.

Avant de plonger dans ces mondes alternatifs où rares sont ceux qui voient et ont des pouvoirs, le lecteur fait connaissance des quatre amis, héros involontaires, voués à sauver le monde. Les mondes exactement.

Encore ados en cette année 1996. Hal est le prototype du « petit branleur », jamais sérieux, toujours trop arrogant. Pas de père, une mère volage et absente, il s'en tire toujours par une pirouette. Quitte à y laisser quelques plumes (ou des dents dans les bagarres). Erin, blonde, belle, rêve d'une vie normale. Mais ses parents vivent dans un mobil-home et sont sur le point de divorcer. Athena, jeune Noire très intelligente, sait que si elle veut réussir, elle devra batailler dix fois plus que les autres. Enfin Peter, orphelin, introverti, est élevé par son grand-père Elijah Mash, un professeur d'université toujours plongé dans ses vieux livres.

Quatre rejetés par les autres jeunes, qui se sont trouvés et vont passer leur première soirée pyjama. C'est là qu'un petit livre apparaît dans le couloir de la vieille demeure du professeur Marsh. Il est écrit en « dissonnant », langage magique qu'Athena maîtrise immédiatement comme Erin et Peter. Pour Hal c'est du chinois. Mais après avoir prononcé une formule, Athena envoie le quatuor dans les bois environnants. Il se retrouve aux prises avec des araignées géantes, cauchemardesques, agressives. C'est Hal, armé d'une épée magique, qui les sauvera.

Le début de la saga est précédé du quotidien des trois survivants, de nos jours. Malgré leurs pouvoirs, ils semblent faire toujours partie des ratés, des laissés pour compte. C'est dans ce contexte morose que l'auteur développe les psychologies compliquées, voire toxiques, de ces héros dont on rêve pourtant à s'identifier.

Un pavé qui se dévore, sans le moindre temps mort, avec rebondissements, trahisons, morts violentes, exploration de mondes inconnus et final à grand spectacle. Une fois ce roman refermé, La Dissonance fera partie de votre existence et ne la quittera plus jamais. Ici et maintenant. Demain et ailleurs.

« La dissonance » de Shaun Hamill, Albin Michel Imaginaire, 640 pages, 24,90 €

mercredi 12 février 2025

Une autobiographie - Le pape François

Le 15 janvier dernier, l’autobiographie du pape François a été mise en vente en France. Mais pas que. Le catholicisme étant une religion planétaire, ce texte du souverain pontife en exercice (écrit en collaboration avec Carlo Musso), a bénéficié d’une sortie mondiale dans 100 pays. 

Une autobiographie événement donc qui raconte les racines de sa famille (des émigrés italiens tentant leur chance en Argentine) jusqu’à sa nomination au sommet de l’Église. Il revient sur sa jeunesse, ses engagements, le tout illustré de très nombreuses photos personnelles. 

Un texte que le pape François ne voulait dévoiler qu’après sa mort, mais face aux défis du moment, il a préféré le publier en ce début d’année 2025.
« Espère », Pape François, Albin Michel, 400 pages, 22,90 €

dimanche 26 janvier 2025

Une romance new adult - West Well de Lena Kieffer


De la haine à l’amour… Deux familles ennemies et, par malheur, deux des rejetons tombent amoureux. Rien de bien nouveau et pourtant cela marche toujours. 

La preuve avec le succès de ce roman de l’Allemande Lena Kieffer. A New York, deux familles richissimes du secteur de l’immobilier se détestent. Encore plus depuis que les deux héritiers antagonistes ont été retrouvés morts d’overdose après une brève histoire d’amour torride.

Et l’histoire semble se répéter, Helena va craquer pour Jessiah. Et réciproquement. Les fans de luxe, d’amours compliquées, de vengeance tordue et de buildings seront aux anges. Les autres n’y verront que clichés et grosses ficelles.
« West Well » de Lena Kiefer, Nox - Albin Michel, 512 pages, 19,90 €

dimanche 19 janvier 2025

Pamphlet - La France déconstruite dans « Les lettres qataries »

Gilles Martin-Chauffier endosse les habits d’un diplomate qatari pour résumer, d’un point de vue radicalement différent du parisianisme, une année politique française assez folle.


L’exercice littéraire n’est pas nouveau mais a fait ses preuves. Rien de tel que le regard d’un étranger pour mieux analyser sa propre société. Depuis les Lettres persannes, plusieurs intellectuels ont tenté de confronter la civilisation française à certaines de ses contradictions en utilisant un regard différent.

Gilles Martin-Chauffier, sans renouveler le genre, propose une réflexion d’actualité sur l’année politique française écoulée. Pour tenter de décrypter ces soubresauts, il se glisse dans la peau de Hassan, diplomate qatari en poste à Paris, racontant chaque mois à son frère resté au pays, ses découvertes de la France profonde ou des mœurs parisiano-parisiennes.

Quand il se déplace en province (Landes, Savoie), c’est assez bien vu. La France des terroirs n’a que peu changé et les défauts d’hier sont toujours aussi présents. Par contre, quand il s’agit de politique, on s’étonne que cet Hassan ait tant de critiques contre le président Macron ou François Hollande, et très peu contre Marine Le Pen. Il est sans pitié pour le dernier président socialiste : « qui ne restera dans l’Histoire que pour ses cinq ans de sieste à l’Élysée ». Il a tendance à oublier un peu vite que durant ce quinquennat, le terrorisme islamiste a violemment frappé et endeuillé le pays (Charlie, Bataclan, Nice) et que la réaction de la présidence a été à la hauteur. Que le président Hollande a été le premier à couper les ponts avec Poutine (alors que Sarkozy…) ou tout fait pour faire tomber Assad alors que d’autres députés allaient au contraire se pavaner à Damas.

Il est facile de déconstruire la vieille gloire de la France, reste que si elles avaient été moins partisanes, ces Lettres qataries auraient pu rester dans les mémoires. Raté.

« Les lettres qataries » de Gilles Martin-Chauffier, Albin Michel, 224 pages, 19,90 € (parution le 22 janvier)

dimanche 5 janvier 2025

Littérature – Quelques grands romans à redécouvrir dans des versions festives

Rééditions de prestige pour des romans d’anthologie. La fin de l'année est  aussi l’occasion de redécouvrir des histoires intemporelles qui ont marqué leur époque.


Sorti en 1984, Talisman de Stephen King et Peter Straub fait partie de ces grands romans fantastiques dont le héros, Jack Sawyer, gamin de 12 ans, devient un ami intime tant on vibre à ses aventures à la recherche du Talisman dans les Territoires pour sauver sa mère, malade.

Au début des années 80, Stephen King est déjà très célèbre. Peter Straub, dans un genre encore plus horrifique, est lui aussi considéré comme un grand romancier. L’envie de collaborer est immédiate et la trame du roman est trouvée dans un kebab londonien. C’est Stephen King lui-même qui l’affirme dans l’interview qui précède le roman dans cette très belle réédition chez Albin Michel (800 pages, 29,90 €). Raconte comment ils ont écrit à tour de rôle les chapitres, se les envoyant par modem (internet n’existait pas encore) par-dessus l’Atlantique.

Le texte final est d’une grande fluidité, une quête regorgeant d’inventions et d’épreuves.


Autre style littéraire avec le recueil de romans de Patrick Modiano intitulé Paris des jours et des nuits, paru chez Gallimard dans la toujours très élégante collection Quarto (1 020 pages, 27 €). Cette édition, réalisée par l’auteur, reprend de façon chronologique une dizaine de romans parus entre 1982 (De si braves garçons) et 2019 (Encre sympathique). 

Leur point commun : Paris, la ville que Patrick Modiano a sillonné depuis des décennies en long, en large et en travers, y puisant son inspiration.

Le Prix Nobel de littérature en 2014 propose en début de volume des photographies des divers lieux que l’on croise dans ses romans, des abattoirs de Vaugirard à la gare Saint-Lazare en passant par le bal de La Marine ou les Tuileries.



Classique un peu oublié de la littérature française, La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils est de nouveau disponible chez Calman-Lévy (240 pages, 25 €) dans une édition collector, couverture cartonnée avec préface de Claude Schopp. Inspirée de sa propre liaison avec Marie Duplessis, cette dramatique histoire d’une femme qui se sacrifie par amour a été adaptée au théâtre.

On peut notamment découvrir la scène finale au début du film Sarah Bernhardt, la Divine, actuellement au cinéma, interprétée par une Sandrine Kiberlain possédée par son personnage. Une tirade inoubliable de la belle Marguerite : « J’ai toussé et craché le sang toute la nuit. Aujourd’hui je ne peux plus parler, à peine si je peux remuer les bras. Mon Dieu ! Mon Dieu ! je vais mourir. Je m’y attendais, mais je ne puis me faire à l’idée de souffrir plus que je ne souffre, et si… » Un des sommets du romantisme.

mardi 12 novembre 2024

Un guide : Comment écrire


La France compterait, selon une croyance populaire, autant d’écrivains que de lecteurs. Mais arriver au bout de l’écriture d’un roman,n‘est pas chose aisée. Et très facile à rater. Pierre Assouline, critique renommé et romancier accompli, a puisé dans les déclarations des grands de la littérature mondiale pour synthétiser quelques conseils donnant les clés sur Comment écrire.

De Murakami à Zola en passant Balzac ou Steinbeck, vous trouverez quelques trucs et astuces pour trouver la motivation à aller au-delà de deux feuillets. Avec toujours en filigrane la recommandation essentielle de toujours reprendre un texte pour tenter de l’améliorer.
« Comment écrire », Pierre Assouline, Albin Michel, 336 pages, 24,90 €

vendredi 1 novembre 2024

Un discours : Pour les générations futures avec Simone Veil


Face au tapage médiatique autour de l’embrasement du Proche-Orient de ces derniers mois, on regrette que certaines voix ne puissent plus s’exprimer.

Simone Veil aurait été un phare dans la tempête. On peut cependant imaginer sa position en découvrant ce texte datant de 2005. Elle a prononcé un discours et répondu aux questions des élèves de l’École Normale Supérieure. Un texte inédit où elle parle de la déportation, de résilience, de Droits de l’Homme.

Et surtout de l’espoir qu’elle place dans ces jeunes gens, la quatrième génération après la Shoah.
« Pour les générations futures », Simone Veil, Albin Michel, 156 pages, 17,90 €

lundi 23 septembre 2024

Science-fiction - Le périple intersidéral de « La porteuse de mort »

Sur la planète Factis, mourir est plus simple que survivre. Dix Low, médecin, tente de sauver des vies. Travail de titan pour un roman de SF brûlant et violent.

Un peu tombé en désuétude, le space opéra est pourtant un genre qui permet aux auteurs les plus imaginatifs de façonner des mondes nouveaux et étonnants. L’action de La porteuse de mort, roman signé par l’Anglaise Stark Holborn, est principalement concentrée sur la planète nommée Factis. 

Loin d’être un paradis. Désert, vents violents, climat aride et caniculaire, rien n’y pousse et les seules bestioles qui survivent, ce sont des serpents agressifs et venimeux. Dix Low, seule au volant de son mulet (sorte de véhicule tout-terrain), ce médecin tente, souvent en vain, de sauver des vies. Dans ses cauchemars, elle tient un compte. Qui n’est jamais à l’équilibre. Combien d’hommes et de femmes devra-t-elle encore sauver pour effacer sa dette ? 

Quand un astronef se crashe, elle a l’occasion de reprendre son travail. Une enfant sort des décombres, « des cheveux noirs encadrent un petit visage rendu gris par l’hémorragie, masqué par une couche de sang séché et de sable. » Une fillette mais qui n’est pas ce qu’elle parait. Gaby est une générale, membre de la force mineure, composée d’enfants-guerriers. 

Une orpheline transformée en bête de guerre dès son plus jeune âge. Comment ces deux femmes, dans ce milieu hostile vont-elles trouver un accord pour survivre ? D’autant qu’elles étaient dans deux camps opposés il y a peu de temps. 

La richesse du roman, en plus des rebondissements psychologiques des deux personnages principaux, réside dans la description de ce monde invivable. Les femmes y sont fortes, les esprits malins, les membres de la secte des Chercheurs, sans pitié. Et tous les autres attendent, résignés, leur fin rapide et inéluctable.  

« La porteuse de mort » de Stark Holborn, Albin Michel, 316 pages, 20,90 €

samedi 7 septembre 2024

Roman français - « L’hôtel du Rayon Vert » au cœur de la rentrée littéraire

Le mythique palace de Cerbère à la frontière entre France et Catalogne sert de décor au roman de Franck Pavloff. Des personnages forts et entiers y croisent les fantômes d’Antonio Machado et de Walter Benjamin. 

Difficile de ne pas tomber amoureux de ce paquebot immobile. L’hôtel du Rayon Vert continue de veiller sur Cerbère. Et les nombreux fantômes qui continuent à errer sur ses coursives. Un décor de choix pour le roman de Franck Pavloff, un des titres très attendus de cette rentrée littéraire.

Un voyage à plusieurs proposé par le romancier. Dans l’hôtel et la gare de triage en contrebas, il va minutieusement organiser la rencontre de quelques égarés. Trois humains qui doutent, mais croient en la force de la vie. Sous l’égide d’un libraire, spécialiste de Machado et d’un cheminot, syndicaliste, une photographe, un violoniste et une fugueuse vont partager quelques moments. « C’est la saison des rencontres imprévues » fait remarquer à la photographe le cheminot. « Aujourd’hui vous, hier une jeune inconnue en sweet à capuche avec qui j’ai partagé un café thermos, et le jour d’avant un violoniste qui connaît aussi bien les poésies de Machado que ses partitions. » Ils vont découvrir la ville frontière, endormie en cette arrière-saison.

La photographe va saisir des moments de vie et s’installer dans un des appartements du Rayon Vert. Le violoniste, hanté par ses origines, recherche la valise de Machado. Il voudrait y trouver la preuve que sa mère est la fille illégitime du poète mort à Collioure. La fugueuse refait le dernier trajet de Walter Benjamin, le philosophe juif allemand, recherché par les nazis. Il a traversé les Albères, épuisé, et s’est donné la mort dans un hôtel à Portbou, en Catalogne.

Les fantômes de ces deux grands hommes, morts chacun de part et d’autre de la frontière après une fuite effrénée, planent sur le roman. Et quand les personnages se retrouvent de l’autre côté des Albères, Franck Pavloff, avec une étonnante clairvoyance, constate que « la Catalogne est le pays des mémoires égarées. » La force du texte réside dans le parallèle fait entre le passé et notre présent.

La jeune fille suit le sentier Walter Benjamin car elle veut savoir par où est passée une réfugiée africaine aidée quelques semaines auparavant à Toulouse. Et le violoniste dort dans le même wagon abandonné en gare de Cerbère que celui où Machado a repris des forces avant son arrivée à Collioure.

Un roman de l’espoir d’aujourd’hui, nourri des souffrances du passé.

« L’hôtel du Rayon Vert » de Franck Pavloff, Albin Michel, 240 pages, 20,90 €

Franck Pavloff sera à Cerbère ce 7 septembre à 18 heures, rencontre suivie d’une séance de dédicaces à l’Hôtel Belvédère du Rayon Vert, en partenariat avec la librairie Oxymore de Port-Vendres.

mercredi 28 août 2024

Rentrée littéraire - Amélie Japon


33 ! L’impossible retour est le 33e roman d’Amélie Nothomb. Un titre énigmatique et un peu contradictoire : comme chaque mois de septembre, le nouveau roman de la célèbre Belge sera de retour en tête des ventes. Mais si ce texte parle de sa vie, il n’est pas du tout question de la rentrée littéraire mais d’un voyage au Japon. Le pays qu’elle affectionne le plus.

Même si elle y a vécu des expériences traumatisantes (se souvenir de Stupeur et tremblements). Amélie Nothomb, en 2023, retourne à Kyoto et Tokyo pour y servir de guide à une amie photographe. Quelques jours pour retrouver des sensations, des plaisirs, des ivresses incomparables. Assez différent de ses autres romans, ce récit alterne visite de temples, rencontres symboliques et réflexions, souvent édifiantes, sur le pays et ses habitants. Si l’amie est assez détestable, Amélie retrouve calme et sérénité dans ce monde comme figé dans les conventions.

Reste quelques fulgurances, comme cette réflexion quand elle entame la relecture d’un roman de Huysmans : « Bien plus que lire, relire est un acte d’amour. Prendre le risque de réexpérimenter un coup de foudre, s’agissant d’un acte aussi intime que la possession littéraire, c’est insensé. » On rit aussi quand elle raconte son passage dans le café des lapins et comment un léporidé, « adorable petite bête, vient déposer des crottes sur mon pied. » Bienvenue au Japon !
« L’impossible retour » d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 164 pages, 18,90 €

vendredi 12 juillet 2024

Roman de science-fiction - Vénus, porte des étoiles

 Seconde partie de la grande saga vénusienne signée Derek Künsken. Les « coureurs », découvreurs de la porte des étoiles, veulent une société plus juste. 

Rien de tel qu’un roman de science-fiction pour s’évader d’un quotidien trop terre à terre. Sur près de 600 pages, vous allez abandonner l’horizon terrien de moins en moins enthousiasmant pour explorer Les profondeurs de Vénus. Derek Künsken, écrivain canadien, signe La maison des Saints, suite de sa saga se déroulant dans l’atmosphère hostile de Vénus.

Dans deux siècles, quelques inconscients ont décidé de coloniser la « planète déesse ». Impossible de vivre en surface. C’est dans l’atmosphère, chargée d’acide et de tempêtes violentes que quelques « coureurs » vivent dans des habitats précaires constitués de gros champignons domestiqués qui flottent et produisent un peu d’oxygène. Les « coureurs » récupèrent un peu de métal dans les cendres qui flottent depuis des millénaires.

Juste de quoi faire un peu de troc avec les flottilles, plus modernes, où l’État tente de gérer la planète tout en étant sous la coupe d’une puissante banque terrienne.

Une société injuste, qui pousse la famille d’Aquillon, « coureurs », descendants d’immigrés québécois, à tenter de changer la société, la rendre plus juste.

Pascale, une des filles du patriarche, a trouvé le moyen de toucher la surface. Et a découvert dans une grotte un trou de ver permettant de communiquer avec l’espace infini. Avec son amant Gabriel-Antoine, ils débouchent sur « un système solaire mort ». « L’esprit humain a du mal à imaginer une planète entière. Ne parlons même pas de comprendre vraiment la taille d’une étoile. Et une étoile a explosé ici, ce qui a réduit en poussière et petits cailloux la moindre planète, la moindre lune. » Un véritable trésor pour les « coureurs », experts en récupération, géniaux ferrailleurs de l’espace.

L’intrigue se déroule sur plusieurs niveaux. En surface avec l’exploration du trou de ver. Dans les nuages avec le patriarche qui tente de protéger ses enfants, tout en haut, avec les manigances de la banque, prête à tout pour préserver son pouvoir. Même à tuer.

Des morts qui vont déchaîner la colère de la famille d’Aquillon. Un space opéra réaliste, crédible, quasi scientifique, avec l’éternelle lutte du petit contre le gros, des opprimés contre la dictature. Après la lecture de ce roman, vous ne regarderez jamais plus les étoiles de la même façon.


« La maison des Saints » de Derek Künsken, Albin Michel, 592 pages, 25,90 €

vendredi 10 mai 2024

Littérature française - De mère en mère avec Marianne Rubinstein et Anne Brochet

 Marianne Rubinstein et Anne Brochet évoquent beaucoup leurs mères dans « Bord de mère » et « L’armoire de vies », deux récits de vie.

Née en 1966, Marianne Rubinstein a traversé la fin du siècle dernier avec la chance de vivre dans un monde où les femmes étaient de plus en plus libres. Son récit, où elle se compare à sa mère, une scientifique en avance sur son temps, raconte l’émancipation des femmes dans cette France pas toujours aussi progressiste qu’on pourrait le penser.

Longtemps, Marianne Rubinstein a vécu dans l’ombre de sa mère. Comme si elles étaient reliées par des fils invisibles. « De nouveau, ta vie et celle de ta mère s’entremêlent, même si tu t’éloignes en partant vivre à Paris. Tu lui as présenté un de tes professeurs qui est devenu son nouveau compagnon et tu as rencontré chez elle un homme qui te plaît, ce qu’elle n’accepte que dans la mesure où cela t’aidera à tourner la page. » Et de constater, lucide : « Le problème n’est pas tant que les mères veuillent du mal à leurs filles, mais que les filles veuillent à ce point leur faire plaisir. »


Autre relation mère-fille dans le récit d’Anne Brochet. La comédienne, qui vient souvent dans les Pyrénées-Orientales, ouvre son quotidien par l’intermédiaire de ses armoires de toilette. De l’intime, avec longue litanie de marques, parfois disparues, d’Obao à Oil of Olaz. Dans le petit miroir, elle admire ses cheveux, coupant parfois sa frange pour ne plus ressembler à sa mère.

Constatant les dégâts, cette dernière rugira : « Tu t’es gâchée ! » Anne Brochet, dans un récit intimiste parfois très touchant, raconte ses amours, ses angoisses et la joie d’être deux fois mère à son tour. Et d’avouer « Ce qu’on aime le plus, les enfants et moi, c’est traîner dans la salle de bain. C’est notre âtre […] Je leur propose d’y habiter et de louer les autres pièces pour arrondir les fins de mois. Ils hésitent, se demandent si je plaisante. Une part de moi aimerait bien cette vie triangulaire autour d’une armoire de toilette. »

« Bord de mère » de Marianne Rubinstein, Verticales, 110 pages, 15,50 €
« L’armoire des vies », Anne Brochet, Albin Michel, 140 pages, 17,90 €

mercredi 10 avril 2024

Un thriller - L’été d’avant de Lisa Gardner


Depuis une dizaine d’années, Frankie sillonne les États-Unis pour résoudre les énigmes de personnes disparues. Et tenter de les retrouver. Dans une sorte de tentative de résilience, pour se pardonner à elle-même la mort de Paul, son sauveur, son amour.

Problème, dans les 14 « cas » de disparu.es qu’elle a réussis à résoudre, il était trop tard. Mais cette jeune Angelique, 16 ans, membre de la communauté haïtienne, elle se promet bien de la sauver avant qu’on ne découvre son corps sans vie. Jeune femme blanche plongée dans les quartiers noirs de Boston, imaginez l’accueil. Elle finit par s’intégrer, même auprès de la police locale, dont le séduisant Lotham est chargé de l’enquête.

Suspense, récit bien ficelé, bien écrit, amitiés improbables, un zeste de sexe… d’amour ? Tout Lisa Gardner, en somme.

F. H.

« L’été d’avant », Albin Michel, 448 pages, 22,90 €

samedi 30 mars 2024

Thriller - Holly, l'héroïne de Stephen King, seule face à deux vieux monstres

Stephen King retrouve Holly Gibney dans son nouveau thriller. La détective doit faire face à un couple maléfique insoupçonnable. 

 


Stephen King a de la suite dans les idées. Et n’aime pas gâcher de bons personnages. Après deux romans terrifiants (Mr Mercedes et L’Outsider), il remet Holly Gibney sur le devant de la scène. La détective privée mal dans sa peau doit affronter plusieurs crises en même temps.

Après la mort de son mentor, sa mère décède du covid. Covid qui met également hors-jeu son complice, Pete. Dans une Amérique de plus en plus fracturée (pour ou contre les vaccins, pour ou contre Trump), une mère la sollicite. Sa fille, Bonnie, a disparu.

Elles ne s’entendaient pas bien, mais la jeune bibliothécaire n’avait aucune raison de tout abandonner du jour au lendemain. Holly, toujours aussi peu optimiste, craint le pire. Enlèvement, viol, assassinat… Un scénario que le lecteur envisage aussi au premier chef en découvrant, entre les chapitres consacrés à la longue et patiente enquête d’Holly, les agissements des époux Harris. Deux vieux professeurs d’université qui cachent bien leur jeu de serial-killers.

Stephen King, en dévoilant dès les premières pages, les assassins, semble se moquer des cosy mystery très à la mode. Son roman n’en demeure pas moins passionnant car on découvre, au fil des pages, les agissements absolument horribles d’Emily et Rodney Harris. Arthrite et sciatique ne les empêchent pas de tuer et dépecer de jeunes victimes soigneusement choisies.

C’est une des difficultés que doit surmonter Holly : « Bonnie et Rae sont trop différents pour être victimes d’une même personne. Elle en est certaine. Presque. » Ce presque, doute caractéristique du fonctionnement d’Holly, donne tout son sel à ce thriller très psychologique. Car en plus des époux tueurs, on suit les remises en cause d’Holly découvrant les mensonges de sa mère ou la belle relation entre Barbara (une jeune collaboratrice d’Holly) et une vieille poétesse presque centenaire.

Souvent, dans les romans de Stephen King, ce sont ces passages hors intrigue qui donnent toute leur saveur à ces thrillers du réel.

« Holly » de Stephen King, Albin Michel, 528 pages, 24,90 €

mardi 23 janvier 2024

Littérature - Romain Puértolas, aux basques de Xavier Dupont de Ligonnès, invente le « roman-quête »

Ancien policier devenu romancier à succès, Romain Puértolas raconte comment il a retrouvé l’homme le plus recherché de France : Xavier Dupont de Ligonnès. Une fantaisie littéraire parfois plus sérieuse qu’il n’y paraît.


Un matin de 2023, Romain Puértolas, romancier vivant seul dans sa maison ariégeoise, découvre avec stupeur sur la terrasse d’à côté son voisin en robe de chambre en train de siroter un café. Sans doute un locataire Airbnb car il ne l’a jamais vu auparavant. Il le connaît pourtant. Parfaitement. Ce ne peut être que Xavier Dupont de Ligonnès, l’homme suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre enfants à Nantes en 2011.

Pas de chance pour le présumé tueur d’avoir loué pile à côté de l’homme qui a passé des années à tenter de résoudre ce mystère criminel. La suite de ce premier contact mène le romancier tout droit face à la cour d’Assises de Toulouse. Accusé de meurtre. Du meurtre de Xavier Dupont de Ligonnès avec un couteau à dessert.

Passés par Carcassonne

On retrouve dans les premières pages de ce roman truculent tout le brio de Romain Puértolas, écrivain qui sait faire rire son lecteur. L’étonner aussi. Jusqu’au dernier chapitre. Cette affaire est racontée à la première personne par le romancier, mais aussi par Xavier Dupont de Ligonnès (ou du moins ce que le romancier pense avoir découvert du fuyard durant sa cavale). On découvre aussi les différentes phases du procès avec le combat de coqs entre un procureur chipoteur et un avocat grandiloquent. Un quatrième segment du roman intéressera les addicts aux documentaires sur les criminels célèbres, l’enquête menée par Romain Puértolas durant près de 20 ans, quand il était simple flic, puis romancier à succès.

Ceux qui n’aiment pas rire des faits divers tragiques apprécieront ces pages où on découvre comment il a préparé les assassinats, couvert sa fuite, pourquoi il s’est délibérément laissé repérer à Roquebrune-sur-Argens, ce qu’il y est allé chercher. Pures spéculations d’un flic déjà titillé par la fiction, mais crédible de bout en bout. On serait presque tenté de compatir avec lui à ses rares erreurs, être rassuré quand il parvient enfin à quitter la France et refaire sa vie (et faire le bien), loin de la sinistre terrasse de la maison nantaise.

Sauf que Dupont de Ligonnès, en 2023, est toujours en France, à quelques mètres de Romain Puértolas. Dans cette maison ariégeoise « découverte au cours d’une excursion bucolique, après une rencontre dans un Cultura de Carcassonne. » Carcassonne, ville par où est passée Dupont de Ligonnès qui l’avoue sous la pression : « Je suis tombé sur cette baraque paumée au fond de l’Ariège alors que je cherchais une planque. J’ai eu un accident à Carcassonne, il y a quelques semaines, vraiment pas de bol. » Plus que pas de bol puisque c’est aussi la fin de sa cavale.

En mêlant parties romancées et véritable enquête sur le terrain, Romain Puértolas semble inventer le « roman-quête », forme de narration hybride qui mélange à tire-larigot pure invention parfois rocambolesque et faits vérifiés, établis, garantis 100 % authentiques.

On pourrait s’offusquer de ce subterfuge destiné à séduire deux publics aux goûts différents. Mais avec Romain Puértolas, qui retrouve dans ce roman le foisonnement imaginatif qui l’a propulsé au sommet avec son Fakir, il faut toujours s’attendre à être séduit, amusé et essentiellement surpris.

« Comment j’ai retrouvé Xavier Dupont de Ligonnès » de Romain Puértolas, Albin Michel, 288 pages, 19,90 €

samedi 13 janvier 2024

Science-fiction - La mathématicienne, l’amour et Mars

Et si le premier contact avec les Martiens passait par des problèmes mathématiques ? Seule Crystal Singer sait  résoudre des équations si complexes.



Le genre dit de la science-fiction est tellement vaste et en évolution permanente que les amateurs ont la chance d’être régulièrement étonnés par des trouvailles d’auteurs en perpétuelle recherche. Le roman L’affaire Crystal Singer d’Ethan Chatagnier est novateur à plusieurs titres. Pas de vaisseaux spatiaux dans cette aventure qui court sur plusieurs décennies. Simplement le récit des premiers contacts avec les Martiens. Sur cette Terre imaginaire, au début du XXe siècle, des signes apparaissent sur la surface de Mars. Des scientifiques déterminent qu’il s’agit d’un problème mathématique. Une bête addition. 

Ils tracent donc d’immenses canaux dans le désert et donnent la réponse en y faisant brûler du pétrole. Un dialogue débute, uniquement visuel, long et fastidieux. Les problèmes se complexifient jusqu’à ce qu’Einstein en personne jette l’éponge. Ce n’est que dans les années 60 que la jeune Crystal Singer, avec quatre de ses amis étudiants en mathématiques, trouve la solution et renoue le dialogue interrompu durant de longues décennies. Mais cette percée va bouleverser la vie de Crystal et de son petit ami, Rick, le narrateur. Elle disparaît et les échanges s’interrompent de nouveau. 

Ce roman, ambitieux, vulgarise les mathématiques. Il leur donne une substance que les écrivains n’ont que trop rarement cerné. Même si certaines notions nous dépassent, on comprend presque comment Crystal, plus qu’intelligente, parvient à intégrer la nouvelle logique des mathématiques martiennes, avec des nuances qui auront des conséquences capitales sur l’Humanité mais avant tout sur sa vie et celle de Rick. 

Reste aussi que L’affaire Crystal Singer permet également aux équations de mieux comprendre la magie de l’amour. 


« L’affaire Crystal Singer » d’Ethan Chatagnier, Albin Michel, 272 pages, 20,90 €

vendredi 22 septembre 2023

Science-fiction - La revanche des robots commence le « Jour Zéro »

De plus en plus intelligents ; les robots domestiques, tels des esclaves avides de liberté, se révoltent. Un roman apocalyptique signé C. Robert Cargill.


Après le très remarqué Un océan de rouille, C. Robert Cargill propose un nouveau roman de science-fiction qui n’a rien de réjouissant. Dans un futur proche, la robotique a fait d’énormes progrès. De plus en plus autonomes, les robots sont devenus une pièce essentielle dans la vie des ménages. 

Certains sont de simples femmes de ménages, d’autres des cuisiniers. Il existe aussi les nounoubots, des doudous plus que sophistiqués au service d’un enfant, de sa naissance à son adolescence. Hopi a huit ans. Comme Ezra, le petit garçon qu’il éduque, aide, protège et aime au quotidien depuis sa naissance. Ezra aime aussi Hopi. D’autant qu’il a la forme d’un gros tigre en peluche. 

Les parents, riches et progressistes, font toute confiance à Hopi pour conduire Ezra à l’école, lui faire faire ses devoirs et jouer. Pourtant on comprend que cette société est en train de changer profondément. Pour la première fois un robot a obtenu les mêmes droits que les humains. Il a fondé une ville et lutte pour la libération de ses congénères. Un attentat terroriste provoque une riposte immédiate. les robots ont trouvé le moyen de se défaire de la dépendance des Humains. Une grande partie d’entre eux se lance dans une extermination radicale et définitive de l’Humanité. 

Hopi doit choisir : l’émancipation ou protéger Ezra. Tout le nœud du roman de C. Robert Cargill se trouve dans cette bascule. Hopi prend sa décision et découvre dans la foulée qu’il est beaucoup plus qu’une simple nounou. 

Un roman bourré d’action et de réflexion, d’autant plus d’actualité que tous les robots rebelles s’unissent dans une sorte de fusion de mémoire, pour être plus puissants, immortels et développer une intelligence artificielle autonome inégalable. Après la lecture de Jour Zéro, vous regarderez votre monte connectée d’une façon différente.

« Jour Zéro » de C. Robert Cargill, Albin Michel, 21,90 €

vendredi 15 septembre 2023

Littérature - Dans la famille d’Alexandre Jardin, découvrez les « Frères » de l'écrivain

Après son père, et son grand-père, Alexandre Jardin entreprend de raconter la vie folle et éphémère d’Emmanuel, son demi-frère aîné tragiquement disparu il y a trente ans.


« Ce livre est mon secret, l’obscur le plus obscur de ma vie » confesse Alexandre Jardin en parlant de Frères, nouveau chapitre de la vaste et affolante saga de la famille Jardin. Un petit texte écrit dans les Corbières, région que l’auteur de Fanfan affectionne particulièrement, loin des terres du clan familial, en Suisse ou à Paris, là où Alexandre va se souvenir de la vie météorite de son demi-frère, Emmanuel.

S’ils n’ont pas la même mère, Alexandre et Emmanuel ont en commun ce père excessif dans tout, grand scénariste de cinéma, à la vie nocturne dissolue en compagnie des plus grandes stars françaises de l’époque. Même père et même choc à la mort du Zubial, emporté par un cancer, laissant les deux frères désemparés. Ils vont pourtant réagir de façon diamétralement opposée.

Prendre la place du père

Quand Alexandre, envoyé en Irlande, tente de se suicider dans les rouleaux de la mer glacée, Emmanuel décide de se substituer à ce père parti trop tôt. À peine un mois après les obsèques, il a pris sa place… dans son lit. Juste 18 ans et amant de la dernière compagne en date, qui elle en a 35. Alexandre est horrifié. Mais Emmanuel jubile. « La puissance avec laquelle il assume l’intégralité de sa vie barjo et sensuelle me laisse sans voix. Le danger maximal ? Pourquoi pas ! Emmanuel refuse d’être normalisé, ça ne l’intéresse pas le moins du monde. Il ne souhaite pas bander sans risque. L’animal désire le maximum de tout. Ici et maintenant. Tricher à l’infini, se servir à pleine louche de cette drogue insurpassable. Et avec cette femme de dix-sept ans son aînée, il bande dur comme vingt biceps. » Voilà à quoi ressemblait ce frère incroyable.

Un artiste qui rêvait de cinéma, écrivait des poésies. Mais dans les faits, c’est le timide, romantique et très réservé Alexandre qui aura du succès, assurant la suite de la saga publique des Jardin.

Opposition entre deux caractères, deux parcours, Alexandre à qui tout réussi, Emmanuel malmené, notamment par sa mère d’une incroyable méchanceté. C’est sans doute dans ces critiques incessantes qu’il a trouvé la force de résister et l’envie de se détruire : « A force de se faire agrafer à domicile, pour ne pas dire lapider, Emmanuel a conçu des qualités de survie, des réflexes d’évasion et comme une difficulté persistante à s’acclimater au monde réel. » Emmanuel, de plus en plus fragile psychologiquement, va sombrer. Il fera quelques tentatives de suicide jusqu’à ce 11 octobre 1993, date clé régulièrement évoquée dans Frères.

Quand il se tire une balle dans la bouche, Alexandre est à Nouméa, comme s’il voulait mettre le maximum de distance entre lui et ce drame inéluctable. Ce n’est que 30 ans plus tard que le romancier décide de parler librement de ce frère. Car le deuil est long et que dans ces lignes, il ose aussi révéler ce secret ultime qui liera pour toujours les deux frères.

« Frères » d’Alexandre Jardin, 168 pages, Albin Michel, 19,90 €

mardi 29 août 2023

Roman français – Serge Joncour livre son récit de confinement


Laissez-vous emporter par la prose puissante de Serge Joncour. Après le remarquable Nature humaine (Flammarion, prix Fémina 2020 et prix Midi 2021), l’auteur qui aime tant l’Occitanie et plus spécialement le Lot, reprend le récit des vies de la famille d’Alexandre Fabrier, ce paysan exemplaire de l’évolution d’un métier jusqu’à la fin du XXe siècle.

Chaleur humaine (Albin Michel, 348 pages, 21,90 €) se déroule 20 ans après. Nous sommes en janvier 2020. Seul sur sa ferme, Alexandre élève des vaches, les parents continuant de produire quelques légumes avec un ouvrier, Alexandre a prolongé son histoire d’amour à distance avec Constanze, l’Allemande protectrice de la nature. Ses sœurs sont des citadines. L’une professeur à Toulouse, l’autre tient un café à Rodez, la dernière travaille dans les nouvelles technologies à Paris.
Frère et sœurs sont fâchés. La faute à des éoliennes géantes implantées sur les terres des exilées. Mais quand le confinement à cause de la pandémie Covid est décrété, elles décident de revenir se mettre au vert. Un roman puissant sur la réconciliation familiale, l’attachement à la terre, sa préservation et l’amour des animaux. Des simples vaches en passant par d’adorables chiots, vedettes indirectes de cette Chaleur humaine.

mercredi 5 juillet 2023

Thriller - Musique mortelle


Après avoir exploré les sports extrêmes (le saut en parachute exactement) dans sa première enquête, Agnes Tveit, la journaliste norvégienne imaginée par Randi Fuglehaug, plonge dans le monde du jazz dans
Fatal Tempo
(450 pages, Albin Michel, 22,90 €).

Agnes est dans la salle de spectacle de la petite ville de Voss pour assister au concert de Marta Tverberg, la star du saxo. Mais en entamant son dernier morceau, la diva s’écroule et meurt sur scène. Les policiers découvriront que l’embout de l’instrument était enduit d’un puissant poison. Agnes est bouleversée, car elle était en train d’écrire la biographie de Marta.

Elle va retrouver ses réflexes d’enquêtrice et tenter de démasquer le meurtrier. Les suspects sont nombreux, des trois membres du groupe, dont deux frères eux aussi originaires de Voss et de la batteuse, belle-fille de Marta. À moins qu’il ne faille chercher du côté des notables qui détestaient cette forte tête, voire son mari. Agnes, elle, en fait jubile car ce meurtre va rendre son livre encore plus intéressant.

Surtout, elle peut renouer avec son ancien amour de jeunesse, Alexander, devenu directeur du festival. Un thriller qui semble linéaire mais qui au final regorge de coups de théâtre.