jeudi 30 juin 2016

Cinéma : Filme, c'est du belge !

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Des comédies les plus délirantes aux films d'auteurs à forte connotation sociale en passant par l'animation, le cinéma belge n'en finit pas de tailler des croupières aux autres productions européennes. Et n'est pas prêt de s'arrêter.

Un pays, deux langues et une production cinématographique incroyablement dynamique. La Belgique, en plus d'être le centre de l'Europe, s'impose depuis deux décennies comme le nouvel Hollywood du Vieux continent. Il ne se passe pas un mois sans qu'un ou plusieurs films belges ne sortent sur les écrans français. Plus dynamique que l'Italie ou l'Espagne, presque au niveau de l'Allemagne, le cinéma belge semble représenter l'autre "exception culturelle" après la France. Au dernier festival de Cannes, les frères Dardenne participaient une nouvelle fois à la compétition. Déjà lauréats de deux palmes, les cinéastes du réel font partie de la branche sociale et politique comme Lucas Belvaux ou Jaco Van Dormael. Des films engagés, détonants, à l'écoute de notre société, qui n'hésitent pas à dénoncer, à dire tout haut ce que la majorité pense mais n'ose pas exprimer. "La fille inconnue" avec Adèle Haenel est revenu bredouille de la Croisette, mais on pourra découvrir cette histoire d'une jeune toubib pleine de doutes le 12 octobre dans toutes les salles de France.
Plus jeune mais tout aussi talentueux, Felix Van Groeningen prouve que les créateurs Flamands ne traînent pas à la remorque des Wallons. Après une "Merditude des choses" décoiffant, il frappe un grand coup avec Alabama Monroe, distribué par les Catalans de Bodega, vainqueur du César du film étranger et nominé aux Oscars. Sa dernière production, "Belgica" sorti en mars dernier, raconte l'épopée d'un bar musical de légende. Une plongée dans la jeunesse belge des années 90-2000.
Collé-serré à l'actu
Plus récent quant à son propos, "Black" (sortie le 24 juin, uniquement en e-cinéma) plonge le spectateur dans la guerre des gangs de la banlieue de Bruxelles. Une histoire d'amour sur fond de lutte entre Noirs et Arabes très révélatrice de l'état réel d'un pays qui a engendré les filières islamistes responsables des attentats de novembre dernier à Paris.

Côté comédie désenchantée, Bouli Lanners et sa bonne bouille rafle tout. Acteur principal de "Tous les chats sont gris" (sortie le 15 juin) il joue et réalise aussi "Les premiers les derniers" (en DVD le 29 juin). Mais le cinéma Belge c'est également, et avant tout pour les fans, des films inclassables, totalement barrés. En juillet, ne manquez pas "Je me tue à le dire" de Xavier Seron. Coproduction franco-belge, on retrouve cependant beaucoup de cet humour grinçant typique outre-Quiévrain. Michel vit avec sa mère. Cette dernière est malade. Se pourrait-il que Michel ait lui aussi un cancer du sein ? Sur cette simple question, réalisateur et acteurs partent loin, très loin dans le délire introspectif.
Le titre du film de Vincent Bal est tout un poème : "La vie est belge" surfe aussi sur cette mode de la belgitude des choses. Le 14 juillet, la bataille entre deux fanfares, l'une flamande, l'autre wallonne permettra de découvrir, en musique, l'incroyable antagonisme de ces ressortissants d'un même pays que tout oppose à cause d'une frontière linguistique infranchissable.

Et comme le cinéma belge ne daignerait se contenter d'une seule niche, ne manquez pas la sortie le 29 juin de "La tortue rouge". Un dessin animé de Michael Dudok de Wit d'une extraordinaire poésie. Fluidité du dessin, beauté des paysages, couleurs lumineuses, cette histoire d'un naufragé sur une île déserte vaut largement toutes les superproductions des grands studios américains.
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ADAPTATIONS De la planche à l'écran
Quoi de plus logique que la Belgique, pays de la bande dessinée par excellence (Tintin, Spirou...) utilise ce trésor national pour dynamiser sa production cinématographique. Mais ces pépites ne restent pas toujours dans le giron belge. Tintin adapté par Spielberg, les Schtroumpfs par les studios Sony et le Marsupilami de Franquin s'est animé sous la réalisation d'Alain Chabat.
Les vieux classiques ont également les honneurs du grand écran. Avec plus ou moins de bonheur. Benoît Brisefer (avec Jean Reno et Gérard Jugnot) s'est révélé catastrophique. Tout aussi peu convaincant, mais aux chiffres de fréquentation faramineux (près de 2 millions d'entrées), Boule et Bill a même une suite en chantier.

On attend avec beaucoup plus d'impatience les versions filmées de séries moins connues du grand public, mais de très grande qualité. Il s'agit du second souffle de la BD belge, notamment des trouvailles des éditions Dupuis pour le magazine Spirou. Première en piste, Tamara. La jeune adolescente un peu boulotte, imaginée par Zidrou et dessinée par Darasse, tiendra le haut de l'affiche le 26 octobre. Avec Sylvie Testud (mais pas dans le rôle-titre), cette comédie sur l'amour et les formes, offre à Rayane Bensetti (Danse avec les Stars) le rôle de Diego, le benêt de service.

En 2017, ce sera au tour de la série "Seuls" d'être portée au cinéma. Pas une comédie pour une fois, mais un conte entre science-fiction et fantastique. Dans une grande ville (Bruxelles dans la BD), plusieurs enfants se réveillent et découvrent que les adultes ont disparu. Directement inspiré de "Sa majesté des mouches", le scénario de Fabien Vehlmann s'étire déjà sur une dizaine de tomes avec Bruno Gazzotti au dessin. Le tournage vient de s'achever et tout ce que l'on sait c'est que Dodji, un des meneurs de la bande, sera interprété par Stéphane Bak.

Enfin, pour l'anecdote, Pierre-François Martin-Laval (Les Profs, 1 et 2) serait en plein travail d'écriture sur l'adaptation de Gaston Lagaffe. On lui souhaite bien du plaisir tant le personnage de Franquin est atypique.
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 Belges et cultes
Le cinéma belge a cela de passionnant qu'il parvient à enfanter des monstres impossibles à classer dans une case si ce n'est celle des "films cultes". Dans cette longue liste d'OFNI (objets filmés non identifiés) deux titres se détachent.
C'est arrivé près de chez vous. Premier succès de Benoît Poelvoorde datant de 1992, ce faux documentaire de Rémy Belvaux est tourné à la manière de l'émission "Strip-tease". Des journalistes suivent Ben, tueur à gages spécialisé dans l'élimination des personnes âgées. En noir et blanc, d'un mauvais goût assumé, avec des scènes d'une horreur absolue, le film est la première pierre à l'édifice du cinéma belge catégorie "Improbable mais complètement culte".
Dikkenek. 15 ans plus tard, Olivier Van Hoofstadt relève le gant. Son "Dikkenek", (gros cou en bruxellois) mélange de sonorités bruxelloises et de liégeoises (mais le public français ne capte pas encore la différence) tente peut-être de réconcilier deux communautés fratricides et impose François Damiens comme acteur comique d'exception. Ses mimiques quand il photographie de jeunes femmes nues, sa réplique "Man ? Claudy à l'appareil, dis, je viens de m'faire carjacker !" (accent liégeois) ou son récurrent "C'est excessivement énervant" (accent bruxellois) sont presque rentrés dans le langage courant d'une certaine génération. En clair, tout est bon dans "Dikkenek", ce qui n'est pas le cas de la fricadelle...

DVD : Dominé et dominant à l'épreuve de la solitude dans "Les Naufragés"



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Pour son troisième long-métrage, David Charhon (Cyprien et De l'autre côté du périph') a décidé de joindre l'utile à l'agréable. Après les geeks et la banlieue, il écrit un scénario se déroulant sur une île déserte paradisiaque. Le tournage dure quelques semaines en Thaïlande. Cela donne des images aussi belle que Koh-Lanta et plus typiques que Camping. « Les naufragés », comme nombre de grandes comédies françaises, s'appuie sur un duo que tout oppose. Jean-Louis Brochard (Daniel Auteuil), grand capitaliste, version magouille et caisse noire, quitte la France précipitamment. Un ultime scandale financier lui interdit de rester à Paris au risque de découvrir le confort minimum de « l'hôtel » de la Santé. Coincé dans un pays d'Amérique du sud, il parvient à décoller en plein cyclone à bord de l'avion affrété par William Boulanger (Laurent Stocker), artisan blanchisseur de son état, en voyage de noces, mais sans l'épouse qui a trouvé mieux sur place. L'avion se crashe en mer.

Les deux hommes se retrouvent naufragés sur une île tropicale hostile et déserte. Le premier, habitué à se faire servir, a tendance à donner des ordres. Le second, prototype parfait du « trop bon, trop con », se transforme en larbin. Même réduite à deux exemplaires, la société féodale et toujours d'actualité du dominant et du dominé s'impose comme une évidence. On se met à détester Brochard, qui en plus cache une valise pleine de billets. Boulanger, au contraire, est bien sympathique dans sa maladresse. Ils vont tout faire pour quitter leur faux paradis, mais au lieu d'unir leurs forces, fabriqueront chacun de leur côté un radeau avec plus ou moins de réussite.
Le film, sans être exceptionnel, est un bon moment de divertissement. Daniel Auteuil, dans un rôle de fourbe taillé sur mesure, est très crédible. Laurent Stocker, de la Comédie française, n'a pas le charisme de Pierre Richard ou Jacques Villeret mais impose son comique burlesque au fil des scènes. Le DVD offre en bonus quelques scènes coupées, une fin alternative un long making-of et même un bêtisier.
Michel Litout
« Les Naufragés », Wild Side Vidéo, 15,05 euros


mercredi 29 juin 2016

BD : Spirou fait une overdose de femmes


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Non seulement les héros de bande dessinée sont dans une très grande majorité des hommes, mais ils semblent tous avoir un problème avec les femmes. Prenez Spirou, le jeune groom imaginé par Rob-Vel et popularisé par Franquin. A part Seccotine, l'impétueuse journaliste, tout son entourage est masculin. Quand Benoît Feroumont propose de signer un album dans la collection « Le Spirou de... », il décide de radicalement féminiser cet univers. Si Fantasio se marie dans cet album, sa future épouse n'est qu'un élément dans une intrigue plus complexe se déroulant dans le milieu de la mode féminine. La méchante est une femme, la police est aussi représentée par une inspectrice, les victimes à aider une mère et sa fille, enceinte d'une fille. Et pour couronner le tour, Fantasio, rangé des affaires, est remplacé par la fameuse Seccotine qui va jusqu'à se mettre en colocation avec le jeune héros. Mais que va-t-il se passer dans la salle de bain quand ils vont se retrouver tous les deux en petite tenue ? Feroumont, brillant dessinateur particulièrement inspiré par les femmes, bouscule un univers trop sage. Sans aller trop loin cependant, mais ses quelques allusions coquines sont un régal pour les yeux et l'esprit.
« Le Spirou de... Benoît Feroumont : Fantasio se marie », Dupuis, 14,50 euros



mardi 28 juin 2016

DVD et blu-ray : Gangsters de légende dans le Londres des années 60

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Les jumeaux Kray ont régné sur Londres durant quelques années. Ces gangsters de la pire espèce, jumeaux, violents et sans pitié, ne sont pas restés très longtemps en activité mais sont devenus des légendes du milieu britannique. Brian Helgeland, surtout connu pour être le scénariste de quelques perles comme "L.A Confidential" ou "Mystic River" passe derrière la caméra pour raconter cette épopée incarnée par Tom Hardy. L'acteur anglais endosse les deux rôles principaux. Ceux de Reggie et Ronnie Gray. Au milieu des années 60, ces petites frappes se font respecter avec les poings. Ils terrorisent puis "protègent" des commerces, mettent en place des trafics de drogue. L'argent leur permet d'acheter des boîtes de nuit et de se payer quelques protections haut placées.


Un parcours classique de gangsters qui est cependant exceptionnel car ces jumeaux, s'ils sont viscéralement attachés l'un à l'autre et très ressemblant physiquement, sont en réalité très opposés. Si Reggie est calme, pondéré et calculateur, Ronnie est un réel malade mental. Schizophrène, paranoïaque, son homosexualité le classe définitivement dans les cas à part de la folie humaine. Le film montre comment ce tandem va finalement s'autodétruire, juste à cause d'une femme. Frances (Emily Browning), sœur du chauffeur de Reggie, tape dans l'œil du caïd. Il va lui faire la cour pour finalement l'épouser. Avec à la clé la promesse qu'il va se "ranger", cesser ses activités illégales pour vivre simplement avec son épouse. Des promesses qui ne durent pas. La faute à Ronnie qui multiplie les incartades déclenchant une guerre des gangs et relançant les investigations de Scotland Yard.
Le film, entre bluette, scènes d'anthologie (quand Ronnie pique une colère, c'est homérique) et reconstitution historique est remarquablement construit. On ne s'ennuie pas une minute durant ces deux heures entièrement tournées dans les rues de Londres préservées.
Dans les bonus, un documentaire nous en apprend un peu plus sur les véritables frères Kray, ces légendes qui ont finalement terminé leurs jours, en prison pour Reggie, dans un asile psychiatrique pour Ronnie.
"Legend", Studiocanal, 19,99 euros le DVD, 24,99 euros le blu-ray

lundi 27 juin 2016

Cinéma : L'argent facile et si rapide

Pascal Bonitzer, dans "Tout de suite maintenant" sous couvert d'un film sur la haute finance, s'intéresse surtout aux remords, regrets et autres motifs de culpabilisation.
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Nora (Agathe Bonitzer) est belle, ambitieuse et brillante. La jeune trentenaire, après deux années dans une banque, intègre une société de conseil financier spécialisée dans les fusions-acquisitions. La grande finance, dans des bureaux impersonnels. Pour son premier jour, elle passe devant les deux grands patrons de la boîte, les fondateurs. Barsac (Lambert Wilson) est le véritable décideur. Prévôt-Parédès (Pascal Greggory) n'est plus l'ombre de l'homme entreprenant de sa jeunesse. Nora, observatrice et calculatrice, se rend rapidement compte que les deux hommes affichent une certaine prudence face à la nouvelle recrue. Entre amitié et méfiance.
Obligée de travailler en binôme avec Xavier (Vincent Lacoste), elle obtient de très bons résultats. Et découvre que son père n'est pas étranger aux rumeurs qui circulent sur son sujet.
Fille de son père
Pascal Bonitzer, loin de centrer son récit sur l'ambition d'une working-girl dans un monde très macho, fait glisser l'intrigue vers les difficultés à échapper à sa famille. Son père Serge (Jean-Pierre Bacri) a fait des études avec les deux patrons. Des trois c'était le plus intelligent, le plus prometteur. Mais Serge a préféré l'enrichissement intellectuel à la bête réussite matérielle. Résultat il vivote dans un vieil appartement alors que Barsac profite d'une villa moderne et spacieuse. Barsac qui est marié à Solveig (Isabelle Huppert), une femme qui elle aussi faisait partie du cercle d'amis de Serge. Nora, dans ce panier de crabes, va tenter de comprendre et de sauver sa peau. Mais quand Serge apprend qu'elle travaille pour Barsac, il la rejette. Et devient encore plus misanthrope. La multiplication des personnages, des intrigues, des histoires d'amour (passées, ratées ou à venir), le réalisateur noie un peu le spectateur sous une profusion d'informations. Tous les personnages, très typés dans leurs différentes catégories, jouent des partitions personnelles. Que cherche Nora exactement en travaillant pour Barsac, Solveig peut-elle encore aimer Serge, Xavier va-t-il choisir entre amour et carrière, pourquoi Prévôt-Parédès est-il obsédé par les banians, des arbres d'Asie, au point de devenir suicidaire ?
Il n'y a pas de véritable morale quand on sort de la salle. Simplement la constatation qu'un banal poème écrit dans sa jeunesse peut avoir des conséquences sur toute sa vie. Et que notre société ne donne plus de temps au temps. L'immédiateté est la règle. 
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Jean-Pierre Bacri : normal et malheureux
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De tous les personnages de "Tout de suite maintenant", Serge interprété par Jean-Pierre Bacri est le seul qui semble avoir conservé beaucoup d'humanité. Sceptique et pessimiste, il a consacré sa vie à des recherches en mathématiques pures. Une petite vie idéale pour cet introverti, amateur de solitude et rechignant à être heureux.
Pourtant il aurait des raisons à profiter de la vie. Notamment grâce à ses deux filles, devenues adultes, belles et si opposées. Nora est bosseuse, sérieuse. Maya (Julia Faure) voudrait être artiste, mais vivote en attendant le succès derrière le bar d'une discothèque à servir des shoots de vodka à des hommes et femmes qui eux ont réussi. Financièrement parlant.
Bacri, parfait dans la peau de cet homme désabusé, se détestant, jamais satisfait, est la pierre angulaire du film. Tout gravite en fait autour de lui. Solveig, son seul amour, Barsac, son rival amoureux, méprisant et triomphal. Pascal Bonitzer, dès le début de l'écriture, voulait Jean-Pierre Bacri dans ce rôle. Comme pour prolonger son précédent film, "Cherchez Hortense". Bacri y interprétait un fils écrasé par son père. Dans "Tout de suite maintenant", il récupère le rôle du père omniprésent. Une occasion en or pour démontrer toute l'étendue de son talent.

dimanche 26 juin 2016

DVD et blu-ray : Les "Amis publics", braqueurs pour la bonne cause

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Ils sont gentils les auteurs, acteurs et réalisateur d'Amis Publics 'feel good movie' sur l'équipée d'une bande de copains bras cassés sur la route du grand banditisme malgré eux. Réalisé par Édouard Pluvieux, adapté par Kev Adams sur une idée de John Eledjam : le trio se connaît depuis des années et le film a mis près de cinq années à se faire. Le temps pour peaufiner le projet, trouver des investisseurs et surtout à Kev Adams de devenir l'acteur français attirant des millions de spectateurs dans les salles ("Aladin", "Profs").
La jeune star a cependant l'élégance de ne pas ramener toute la couverture à lui, offrant à ses potes des rôles sympas et n'en faisant pas trop dans ses mimiques. Ben (Pail Bartel) est gravement malade. Un cancer du à une explosion d'une usine chimique. Ses parents sont morts et depuis c'est son grand frère, Léo (Kev Adams), qui s'occupe de lui. Bloqué à l'hôpital, Ben se morfond. Il ne pourra pas réaliser son rêve de gosse : braquer une banque. Alors Léo décide d'organiser un faux braquage pour permettre à son frère de 'partir' avec de bons souvenirs. Il met sur le coup ses deux meilleurs potes, sympas mais très gaffeurs et le directeur d'une banque, comédien raté. Résultat ils se trompent d'adresse et c'est une véritable banque qui est attaquée.


Le butin est énorme. Quand ils se rendent compte de leur méprise, il est trop tard. Ben décide alors de donner l'argent à une association d'aide aux malades et de rendre public son geste. Ou comment se transformer d'apprenti gangster en symbole de la justice sociale. Les braqueurs ont la sympathie du public, mais un flic (Vincent Elbaz) fait tout pour arrêter ces amateurs. Sans temps mort, truffé de gags (de bons sentiments aussi), "Amis publics" a remporté un beau succès lors de sa sortie en salles.
Le DVD propose quelques scènes coupées mais surtout un making-of presque exclusivement orienté sur le côté famille et amitié du tournage.
'Amis publics', Universal, 12,99 euros le DVD et le blu-ray

samedi 25 juin 2016

Livre : Evangile tueuse entre Lauragais et Rennes-le-Château

François-Claudius Simon, policier imaginé par Guillaume Prévost, enquête sur les secrets de l'abbé Saunière
Les mystères de Rennes-le-Château sont une mine inépuisable pour les romanciers. Guillaume Prévost, par ailleurs historien apporte son grain de sel dans les nombreuses hypothèses pour justifier la richesse de l'abbé Saunière, le sulfureux curé du petit village audois. L'action se déroule en 1920. Le lecteur retrouve François-Claudius Simon, le héros récurrent imaginé par le romancier. Une cinquième aventure pour prolonger un feuilleton digne des meilleures séries.
Emoi au Sacré-coeur de Paris. Un curé est retrouvé assassiné. Dans une mise en scène très macabre : « ses bras croisés sur ses cuisses retenaint une masse sanguinolente et molle, de la taille d'un gros poing fermé. On avait pris soin d'entourer la chose d'une espèce de ronce et d'enfoncer une croix de bois à son sommet. » Ce que le religieux a entre les bras c'est tous simplement son cœur. Parmi les suspects, les participants à la prière nocturne. Dont François-Claudius dont le nom est inscrit sur le rigiste.

De Limoux au Lauragais
En plein marasme (il tourne alcoolique après sa séparaton avec son amour, restée à Moscou, enceinte), cette mise en cause le remet sur les bons rails. Il va devoir se disculper et découvrir qui est ce tueur, surnomme « L'enfant de choeur » et qui a également tué à Castelnaudary et Carcassonne.
Le roman se déroule en grande partie dans l'Aude, entre l'église de Rennes et une grotte de la Montagne Noire. Une partie locale savoureuse dans sa description du département au début du siècle dernier. La force du roman reste le foisonnement de personnages et les multiples rebondissements, avec au final des révélations sur l'enfance du héros, abandonné par sa mère, élevé par des religieux et finalement au centre de cette histoire de cinquième évangile (la première en vérité) remettant en cause tous les dogmes de la chrétienté actuelle. 
« Cantique de l'assassin » de Guillaume Prévost, NiL, 20 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le rêve des îles

Ils doivent bien rigoler les Grecs et leur très vieille invention aux effets ravageurs. La démocratie a cela de compliqué qu'elle n'est en rien une science exacte. Les Britanniques l'ont parfaitement compris, au grand dam d'autres peuples plus timorés. Le Brexit, de fantasme, devient réalité. Ils ne sont cependant pas les premiers à tourner le dos à cette Union européenne toujours très mal défendue par ses partisans. Le Groenland et Saint-Barthélémy ont également voté leur indépendance en 1985 et 2012. Deux îles, comme par hasard. Les indépendantistes corses n'ont plus qu'à monter au créneau pour réclamer un "Corsexit", préambule à toute autonomie.
A bien y réfléchir, ce résultat est aussi compréhensible car tout en appartenant à l'Union, la Grande-Bretagne a conservé quasiment toutes ses particularités comme la conduite à gauche ou la livre sterling. Sans parler de la cuisine ou de la météo. Une vraie démocratie induirait que les 52 % soient réellement entendus. Ce qui n'a pas toujours été le cas partout. En France, les mots référendum et Europe forment une association à l'arrière-goût plein d'amertume. Souvenez-vous, 2005, rejet par les Français de la nouvelle constitution européenne par plus de 54 % des votants. Trois ans plus tard, le même texte, devenu traité de Lisbonne, est adopté par les parlementaires français. De droite comme de gauche.
Au final, le résultat du référendum de jeudi peut se résumer par cette paraphrase : "Messieurs les Anglais, tirez-vous les premiers... »

vendredi 24 juin 2016

Livre : Lola, papillon de nuit


Le titre énigmatique du roman de Julie Estève ne parle qu'aux spécialistes des papillons de nuit. "Moro-sphinx" est une espèce gracieuse qui butine les fleurs à l'aide de sa longue trompe en faisant du surplace, comme un colibri. La nuit, Lola aussi aime à se charger d'odeurs. Pour attirer des hommes avec qui elle fait l'amour. Une sorte de fringale physique, comme pour se remplir de culpabilité. Avec à chaque fois un rituel pour marquer la fin de la rencontre "Elle attrape la main droite de son binôme et lui coupe l'ongle du pouce". Elle est comme ça la jeune héroïne fracassée, "quand d'autres se coupent avec des rasoirs, Lola écarte les cuisses." Texte parfois dur, ce premier roman rentre un peu dans le rang quand Lola tombe amoureuse. Reste qu'elle n'est vraiment pas faite pour la normalité.
"Moro-sphinx", Julie Estève, Stock, 18 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Torture ou hypnose ?

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Le sondage fait mal au pays des droits de l'Homme : 36 % des Français estiment que dans certains cas exceptionnels (attentat, guerre, etc.), on peut accepter le recours à la torture. Une majorité, 54 % exactement, trouve normal qu'un policier "envoie des décharges électriques sur une personne soupçonnée d'avoir posé une bombe prête à exploser". Les terroristes de Daech, en tuant des innocents, nous replongent en plein Moyen Âge. D'un côté, "Ils tuent donc on a le droit de les torturer". De l'autre, "Ils nous torturent, donc on tue pour se venger".
Il doit pourtant exister d'autres solutions pour soutirer des informations aux suspects. En regardant l'autre soir une émission sur la TNT, je découvre qu'un célèbre "mentaliste" ou "hypnotiseur", est parvenu à faire croire à trois chroniqueurs du talk-show de Cyril Hanouna qu'ils étaient en présence de Rihanna. En réalité, ils étaient face à... un âne. Une séquence absolument pas bidonnée selon les victimes. Mais si cet "hypnotiseur" se révèle si bon et efficace, pourquoi ne propose-t-il pas ses services à l'État français plutôt que de chercher à remplir des salles de spectateurs crédules ? On le laisse deux heures avec Abdeslam, par exemple, et le présumé terroriste racontera en détail la soirée du 13 novembre. On saura s'il a encore des complices dans la nature, si d'autres attentats sont en préparation. On ne lui demande pas de voir un âne mais simplement de devenir doux et coopératif comme un agneau.
À moins que les fameux "hypnotiseurs" ne pratiquent le charlatanisme à tout va.

jeudi 23 juin 2016

Livres de poche : petits et grands effets de la mort


Hemda Horowitch vit ses derniers jours. Ses souvenirs s'imposent à sa conscience : un père trop exigeant, un mariage sans amour, cette difficulté à aimer équitablement ses deux enfants, Avner et Dina. Dans une langue puissante, Zeruya Shalev évoque la colère, le ressentiment et la peur qui construisent les familles autant que l'amour et le bonheur d'être ensemble.
"Ce qui reste de nos vies", Folio, 8,20 euros


D'ordinaire, les amis imaginaires s'éteignent naturellement, peu à peu négligés par ceux qui les ont inventés. Pas Boddah. Pendant les vingt-sept années de sa courte vie, Kurt Cobain n'a jamais cessé de s'adresser à lui. Mêlant scènes réelles et imaginaires, conversations authentiques et inventées, le texte de Héloïse Guay de Bellissen s'offre un narrateur omniscient.
"Le roman de Boddah", Pocket, 6,95 euros


Adolescente taciturne, June rêve d'art et de son oncle Finn, un peintre new-yorkais reconnu. Mais Finn est très affaibli et meurt bientôt de cette maladie qu'on n'évoque qu'à demi-mot en 1980, le sida. Inconsolable, la jeune fille se lie d'amitié avec le mystérieux Toby, l'ami de Finn. Carol Rifka Brunt raconte le passage à l'âge adulte après un deuil.
"Dites aux loups que je suis chez moi", 10/18, 8,80 euros


mercredi 22 juin 2016

BD : "Amour austral", une romance aux antipodes


L'amour se moque des frontières. Jan Bauer, dessinateur allemand, pour oublier ses problèmes européens, se lance dans une randonnée au cœur du bush australien. Un parcours en solitaire. Il fuit les autres marcheurs, jusqu'à sa rencontre avec une Française qui semble aussi paumée que lui. Ils vont faire un bout de route ensemble. Jusqu'à partager la tente au cours de nuits glaciales qui vont vite devenir torrides. Parenthèse amoureuse, loin de tout, Jan voudrait que cela se prolonge. Mais la fille est trop sauvage. Pour se remettre de cet amour brisé en plein vol, le dessinateur a reproduit son périple au lavis en noir et blanc. 240 pages tendres et dépaysantes
"Amour austral", Warum, 20 euros

mardi 21 juin 2016

BD : Pères impurs et manque...

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Jean-Philippe Peyraud, après avoir adapté plusieurs romans de Philippe Djian, se lance en solo sur un long roman graphique que l'auteur de "No" ou "Mise en bouche" ne renierait certainement pas. Robinson, quadra désinvolte, vivote en tentant de sauver son magasin de vente et de location de DVD. Célibataire, il multiplie les conquêtes grâce à son bagout sur un site internet. Il vient de passer la nuit avec Amandine, jeune femme aux formes avantageuses. Elle se réveille seule, mais heureuse de revoir sa copine Charlène de retour d'Amérique du Sud. Cette Française revient à Paris pour rencontrer son père. Un père indigne qui a abandonné mère et fille à la naissance. Des retrouvailles sous forme d'enquête policière. Son seul indice : il tient un vidéo-club... En multipliant les personnages et les intrigues entrecroisées, Peyraud transforme sa BD en une sorte de sitcom déjantée, avec rebondissements et fausses pistes à la pelle. 192 pages menées de main de maître et qui pourraient bien se prolonger dans un second tome.
« L'inversion de la courbe des sentiments", Futuropolis, 26 euros

lundi 20 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Paris est définitivement trop loin de la province

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Pourquoi alors proposer à Paris le service de livraison Amazon en une heure ? Le Parisien est-il si fainéant pour ne plus se déplacer ? Car le géant de la distribution en ligne, en plus des bouquins, propose de l'alimentaire et du frais. Bref, avec un peu de wifi et un compte en banque bien approvisionné, on peut rester cloîtré chez soi sans manquer de quoi que ce soit. D'un autre côté, si les Parisiens ne sortent plus, la ville n'en sera que plus agréable pour les touristes.
Toujours à Paris, un nouveau moyen de locomotion va tenter de s'imposer : le scooter électrique en libre-service. Comme les Vélib, sans l'exercice physique. Idéal pour les dépressifs suicidaires prêts à affronter les hordes de 4 x 4 composant l'essentiel du trafic. Le scooter à Paris, en été ça passe. Mais cet hiver, qui osera monter sur des engins ouverts à la pluie et au froid.
Avec un peu de chance, quand ils seront délaissés par les Parisiens, ces engins seront rapatriés chez nous, dans ces villes du Sud qui bénéficient de 300 jours d'ensoleillement par an. Car nous, on n'habite pas à la capitale, mais on est bronzé toute l'année et naturellement.

dimanche 19 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les mille et une vies de Coluche


Mort depuis 30 ans, putain de camion, Coluche a droit à toute une salve d'hommages, portraits et autres livres sur sa vie, son œuvre et tout le reste. Parmi les nombreux ouvrages qui lui sont consacrés, ceux qui aimaient particulièrement l'humoriste "bête et méchant", ne manqueront pas "Le petit Coluche illustré par l'exemple". Gilles Bouley-Franchitti a concocté une sorte d'encyclopédie de la pensée coluchienne. Un mot, une citation, une explication : la recette est simple et permet de retrouver quelques perles. A "militaire" par exemple, il déclarait en 1980 au Figaro "le fait militaire que j'admire le plus : la désertion et l'armistice". Le jeune Michel Colucci, dans les années 60, n'a pas échappé au service national. Il a passé au total 53 jours en prison pour "insultes envers des supérieurs ou incorrections avec les gradés". Sa vengeance n'en sera que plus cinglante. Coluche, visionnaire, a même anticipé cette série de commémorations quand il explique : "On dit que j'ai du talent. Quand je serai mort on dira que j'avais du génie. Moi, tant que j'ai du pognon... » 
"Le petit Coluche illustré par l'exemple", Nouveau Monde éditions, 14,90 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : De mères à maires

rome, paris, maire, hidalgo, raggiMême si, au final, le règne du mâle est loin d'être terminé, dans le symbole, les mentalités changent. En Europe, pour être maire d'une grande ville, mieux vaut depuis quelques années être également mère de famille. Après Paris et Anne Hidalgo, d'autres grandes capitales sont tombées dans l'escarcelle des femmes. Madrid et Barcelone ont profité de la vague Podemos pour renouveler le personnel politique et le genre dominant.
Ce week-end c'est en Italie que les femmes ont pris le pouvoir. Virginia Raggi pour le mouvement populiste "cinq étoiles" se retrouve à la tête de Rome. Juste retour des choses quand on sait que la ville est née, selon la légende, grâce à Romulus et Remus, sauvés par une louve. Et Virginia Raggi a tout de la louve. Aimante avec ses enfants, sans doute, elle peut mordre aussi. Jeune avocate, brillante et au charme certain, elle risque de marquer la ville éternelle de son empreinte. Un renouvellement complet des pratiques très machos de la classe politique italienne. Il suffit de se souvenir sur quels critères Berlusconi choisissait ses ministres femmes pour comprendre l'évolution des mentalités. Des mensurations parfaites valaient plus qu'une ou un CV prestigieux.
Plus près de nous, Carole Delga dirige la région. Seul membre du gouvernement originaire de l'Aude et des P.-O. la ministre Ségolène Neuville. Reste le titre suprême, la présidence de la République. Mais là, vu les candidats aux différentes primaires, inutile de rêver à une présidente en 2017.

samedi 18 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les immondes du foot

Je n'ai rien contre le football en soi. Mais plus le temps passe, plus je constate que seul le ballon est exempt de reproches. Chaque jour de l'Euro apporte son lot de déconvenues. Bagarres entre supporters, gestes équivoques de joueurs : les scandales s'accumulent au contraire des beaux gestes. Ne revenons pas sur le supposé bras d'honneur de Pogba, accordons lui le bénéfice du doute même si les images exhumées par la télé belge ne laissent que peu d'équivoque sur l'intention première.
Non, la plaie du football, ce sont les supporters. Ces hordes ne respectent plus aucune limite dès lors qu'elles se rassemblent en bande. Dernier exemple en début de semaine à Lille. Des dizaines de fans de l'équipe anglaise, attablés aux terrasses des cafés, ingurgitent des bières en quantité astronomique. Arrivent trois enfants roms mendiant quelques sous. La scène, filmée par des touristes, est édifiante. Immonde aussi. Les supporters jettent des piécettes dans la rue et rient en encourageant les enfants à se battre pour les ramasser. D'autres poussent un petit Rom de 7 ans à boire une bière contre quelques euros.
Mais qui sont ces monstres qui s'amusent à humilier des gamins ? On en espérerait presque que des hooligans russes débarquent par surprise et leur inculquent un peu de gentillesse à grands coups de pied dans le fondement. Bien que ces mêmes Russes, une fois torse nu, dévoilent leur vrai visage en arborant des tatouages de croix gammées.
Non, décidément, pour l'instant, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de l'Euro.

vendredi 17 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Enfoncer les portes ouvertes

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Le CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel) cartonne dans la pratique d'enfoncer les portes ouvertes. Les "sages" de l'audiovisuel viennent d'avertir solennellement trois chaînes de la TNT. NRJ12, W9 et NT1 feraient preuve de sexisme dans leurs différents programmes de téléréalité.
Particulièrement visée, l'émission "Les Anges" contiendrait "plusieurs scènes portant directement atteinte à l'image des femmes (...) en raison de propos stéréotypés et dégradants". Ils me font rire parfois, ces prétendus gendarmes du bon goût télévisuel. D'abord, ils délivrent des canaux de diffusion à des groupes qui ont clairement l'intention de faire de la sous-télévision, peu chère et trash, puis ils s'indignent du résultat obtenu. Comme s'il n'était pas évident que les nouvelles chaînes ne programmeraient pas un équivalent d'"Apostrophes", mais plutôt du "Loft Story" low cost. Après Loana, il convenait d'aller plus loin dans la caricature de la bimbo complètement idiote.
Au risque de ne pas provoquer le buzz synonyme d'écrans publicitaires hors de prix. Nabilla et son "Allo, quoi... » en représentent le parfait exemple. En fait, la philosophie de ces programmes tient en deux lignes encore plus misogynes que le triste "sois belle et tais-toi". Les Anges, Les Marseillais, les Ch'tis et autres Bachelor encouragent le "Sois sexy et dis des conneries pour te ridiculiser". Le CSA semble parfois découvrir l'eau chaude. Et comme sanction il envisage d'interdire ces émissions aux moins de 12 ans. Mais quels sont les parents indignes qui autorisent leurs enfants à regarder ces programmes abjects ?

jeudi 16 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Quand on n'a que l'humour...

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Difficile en ce moment de trouver des sujets de chroniques légers et dérisoires. Comme si l'actualité se liguait contre le plumitif qui s'efforce d'arracher un sourire au lecteur assailli par les attentats, les grèves et autres exactions de casseurs ou hooligans russes.
Sans compter les enfants de Fallouja ou les femmes condamnées à la prison dans certains pays au simple prétexte qu'elles ont déposé plainte pour viol.
Alors il reste l'Euro de foot. Mais même là, il convient de se méfier car se moquer des Bleus n'est pas dans l'air du temps. La pensée unique nous oblige à les soutenir et les trouver merveilleux. Du moins tant qu'ils gagnent. Heureusement cet Euro 2016 offre suffisamment d'à-côtés pour fournir matière à plaisanter. La cérémonie d'ouverture par exemple avec la prestation discordante du chanteur Will.i.am. Digne des bêtisiers de la Nouvelle Star.
Et puis David Guetta apparaît dans le rond central, sourire figé de benêt et doigt en l'air. "Mais pour une fois il semble avoir les cheveux propres", glisse perfidement mon épouse. La prestation originale, lamentable de l'avis général, devient carrément risible avec la parodie postée par un internaute sur Facebook. Il a juste rajouté la voix off, imaginaire, de Guetta interrogeant les millions de pigeons : "Voulez-vous me regarder appuyer sur des boutons ?" "Yeah, je suis tellement riche !".
Dans un autre style, un défenseur turc a crevé l'écran. Sur le but (superbe) de Modric pour la Croatie, il est très occupé à... se recoiffer. La gravure de mode risque de rester sur la touche au prochain match.

Cinéma : Dans la jungle, le stagiaire est roi

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Film décalé, marrant et très politique, "La loi de la jungle" d'Antonin Peretjatko va réjouir les amateurs de cinéma français hors norme, dans la lignée des délires de Mocky.


Comment dénoncer la condition des stagiaires, nouveaux esclaves de notre civilisation moderne, sans ennuyer le spectateur ? Antonin Peretjatko a la recette : montrer la violence de la société économique avec une métaphore. Le monde du travail est une véritable jungle. Donc tout le film a été réalisé dans la forêt guyanaise, une des plus redoutable jungle du monde. Le tournage a sans doute été épique au vu des acteurs crapahutant dans des marécages, de l'eau jusqu'aux genoux, recouverts de toutes les bestioles possibles et imaginables, entre serpents, crocodiles et autres insectes aux dards mortels. Sans compter la chaleur et l'humidité.
loi de la jungle,pons,macaigne,légitimus,guyane,peretjatko,haut et courtMais avant d'arriver au cœur de cet enfer vert, les deux personnages principaux, Châtaigne (Vincent Macaigne) et Tarzan (Vimala Pons) apprennent un peu à se connaître. Le premier est stagiaire au ministère de la Norme. Sa mission : certifier la conformité aux dictacts européens du projet "Guyaneige". Financé en grande partie par le Qatar et un fonds de pension canadien, il s'agit de construire la première station de ski couverte en pleine Amazonie. De quoi relancer le tourisme du département français... Tarzan est stagiaire aussi. Normalement elle doit superviser la création de jardins à la française à Cayenne. En réalité elle va servir de chauffeur à Châtaigne. Ils ont tout les deux 27 ans, l'âge moyen des stagiaires dans cette France en crise économique.
Pastiches
Le film, succession de péripéties et de rencontres improbables, décousu, foutraque et totalement improbable, passe du burlesque au poétique sans oublier quelques pastiches comme la scène de la bagarre dans lebar où Vimala Pons cogne plus fort et plus vite que Terence Hill. On croise également un Mathieu Amalric en caricature de colonialiste, Pascal Légitimus, touche locale beaucoup plus sensée que les "expatriés", des guérilleros, une secte mangeuse de cerveaux, un huissier fou et même le cadre ambitieux d'une société d'audit qui a l'intention de construire une ligne TGV entre Cayenne et Manaus. Il y a aussi beaucoup d'arbres et quelques animaux étranges comme ce serpent albinos en plein repas, un ver accordéoniste amateur de jazz ou des coléoptères dotés de deux phares phosphorescents. Cela ne donne pas spécialement envie d'aller faire du tourisme en Guyane, a moins que l'on désire, comme nos deux héros qui vont finalement roucouler ensemble nus dans une pirogue, de quitter ce monde de fous.


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"L'humain n'est pas rentable"
loi de la jungle,pons,macaigne,légitimus,guyane,peretjatko,haut et courtOn retrouve toujours avec un grand plaisir les deux acteurs fétiches d'Antonin Peretjatko. Vimala Pons en lanceuse de couteau téméraire, constamment une clope au bec, petit short sexy voire un peu moins quand elle ingurgite sans le savoir un puissant aphrodisiaque. Vincent Macaigne, costard cravate, énorme code de la Norme sous le bras, symbolise parfaitement ces technocrates européens persuadés que ces "poussières d'empire", à cause de leur statut de département français, doivent répondre aux mêmes normes qu'à Berlin ou Lisbonne... Il va rapidement déchanter, comprenant qu'il n'est qu'un rouage dérisoire dans l'énorme escroquerie du politiquement correct. Quelques tirades bien senties remettent les pendules à l'heure comme ce directeur de cabinet qui reconnaît que "l'humain n'est pas rentable" ou ce "stagiaire de la femme de ménage" venu passer l'aspirateur à sa place. On retrouve un ton libertaire absolu dans ce film, comme dans les meilleurs Mocky. L'intrigue est souvent remisée au second plan, juste pour permettre un clin d'œil comme cette statue de Marianne perdue en forêt ou ce pont financé sur des fonds publics mais qui ne sert à rien. Le pire étant cette station de ski en pleine zone équatoriale. Mais là, le réalisateur n'a rien inventé, un tel complexe existant en Arabie Saoudite...

mercredi 15 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Direct macabre

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Dans un cahier, je note les idées susceptibles d'alimenter cette chronique quotidienne. Il y a quelques jours, j'ai découvert sur Facebook cette application intitulée 'vidéo en direct' et qui ambitionne de concurrencer le pionnier, Periscope. J'aurais préféré en parler en d'autres circonstances. Le terroriste qui a froidement tué un couple de policiers lundi soir en région parisienne a diffusé une partie de son forfait sur le réseau social. La mort en direct...
L'outil est d'une simplicité absolue. Il suffit d'avoir un compte Facebook et de se connecter avec un smartphone ou un ordinateur doté d'une webcam. Peu d'adeptes en Europe. Par contre ils grouillent en Thaïlande et au Cambodge. Souvent de très jeunes abonnés qui tiennent des discours incompréhensibles pour le vieil occidental que je suis. Quand ils se filment avec des téléphones portables c'est dans la rue ou au volant. Image de mauvaise qualité, son inaudible, tout cela n'avait que peu d'intérêt. J'attendais encore avant de me décider si le phénomène méritait qu'on en parle. Et puis Larossi Abballa s'est transformé en VRP macabre du service. Moins d'une centaine de personnes a pu visionner sa vidéo qui est restée en ligne quelques heures après sa diffusion. Mais on reste glacé d'effroi quand David Thompson, journaliste à RFI, un de ceux qui l'a vue, raconte : "Le bébé est derrière lui, sur le canapé. Après avoir tué ses parents il dit : 'je ne sais pas encore ce que je vais faire avec lui'". Le pire film d'horreur qu'on puisse imaginer.

mardi 14 juin 2016

BD : Lennon : du rêve au cauchemar


Nouvelle collection thématique. Sur le concept simple de "J'ai tué... », des scénaristes se penchent sur les grands faits divers d'hier et d'aujourd'hui. Après Marat ou Abel, Rodolphe raconte comment Mark Chapman, un jour de décembre 1980 a tiré sur une légende vivante de la musique. "J'ai tué John Lennon" se focalise sur les derniers jours de ce gros Américain, horriblement frustré, devenu un meurtrier juste pour devenir aussi célèbre que sa victime. Gaël Séjourné s'est chargé de l'illustration de cette descente aux enfers, inéluctable. Chapman est un tueur en puissance qui fait régulièrement des rêves de gloire. Il s'imagine membre des Beatles. Adulé par les fans, riche, l'égal de John Lennon... Rêves qui se transforment en cauchemar. Il n'est rien. Et décide donc de se venger.
"J'ai tué John Lennon", Vents d'Ouest, 14,50 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Treize à la douzaine




Non, cette chronique n'est pas la suite de celle d'hier où je parlais des huîtres de Leucate. Les douze dont il est question présentement sont les candidats à la primaire de la droite. Hier matin, Henri Guaino, entre crainte de nouveaux débordements de supporters plus dangereux que des grévistes de la CGT et le bilan de la tuerie d'Orlando, a annoncé en direct sur France Inter qu'il se portait candidat- le douzième donc. Ils seront au minimum treize puisque Nicolas Sarkozy attend le dernier moment avant de se déclarer. Henri Guaino, pour rappel, a mené l'essentiel de sa carrière comme conseiller occulte. Longtemps plume de l'ancien président, il se prend à se rêver un destin national. Comme de Gaulle, son idole. D'ailleurs s'il se lance, c'est au nom du gaullisme. Mais c'est tout son problème. Il semble tout droit sorti des années 60-70. Un phrasé littéraire obsolète, la « grandeur de la France » en permanence au bord des lèvres ; c'est à se demander s'il n'a pas passé les 40 dernières années dans un caisson cryogène. Quelqu'un va-t-il se dévouer pour lui expliquer que la guerre froide est terminée, que la troisième voie inspirée par le grand commandeur de la France Libre est devenue la risée de tous les diplomates ? Surtout que son credo du nationalisme a été récupéré par tous les extrêmes, de Chevènement à Mélenchon à gauche en passant par Dupont-Aignan et Le Pen à droite. Le gaullisme est mort et enterré. Comme son créateur. Henri Guaino en se portant candidat à la primaire n'est que la personnification d'un fantôme politique.
Michel Litout

lundi 13 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Paradis dominical

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A cause de la chaleur ? Ou d'un livre lu récemment ("Leucate Univers" de Gérard Gavarry) ? A moins simplement d'une envie de grand air avant l'arrivée des touristes. Bref, hier en fin de matinée, me prend une envie irrépressible d'huîtres de Leucate. Ne vivant pas seul, et décidant rarement du menu du déjeuner, il me faut avant tout persuader mon épouse. Facile, il suffit que je prononce le mot "huîtres" pour que ses yeux s'illuminent. Prête en moins de dix minutes (un record), elle salive d'avance.
Une demi-heure plus tard, sous le soleil mais avec la fraîcheur des bassins pleins de fruits de mer juste à côté, nous voilà attablés dans un des nombreux restaurants-guinguettes du centre de conchyliculture audois. Si le vent sur l'étang propulse les véliplanchistes à de faramineuses vitesses, sur le parking il se contente de brasser poussière et sable. Un petit désagrément vite oublié à l'abri derrière une palissade coupe-vent, quand la serveuse dépose un plateau de douze grosses huîtres et six palourdes devant ma moitié. Petit bras, je me contente de six moyennes, six moules et six palourdes. Bizarrement, j'adore ces coquillages, mais j'en suis très vite rassasié. Contrairement aux frites, pâtes et autres mets pourtant réputés plus roboratifs. La nature est mal faite (cf mon tour de taille).
Comme le vin, un petit cru local, se laisse boire, l'ensemble transforme ce repas en antichambre du paradis. Fraîcheur, goût, quantité, cadre : tout nous a contentés. Un dimanche parfait pour l'ultime jour d'une semaine de "vacances décalées".

BD : Femme au foyer experte en lames


Ne vous fiez pas aux apparences. Josie Schuller a tout de la parfaite femme d'intérieur. Mariée à un bon Américain, mère de deux ravissantes petites filles blondes comme les blés, elle sait parfaitement organiser de cocktails quand son mari reçoit ses collègues de boulot. Mais Josie est également experte en maniement du couteau. Pas pour éplucher des légumes. Pour tuer. Vite et discrètement. Sous couvert de bénévolat, la jolie jeune femme, aux airs de sorcière bien aimée (l'action se déroule dans les années 60), va remplir ses contrats de tueuses à gages. Imaginées et dessinées par Joëlle Jones (avec l'aide de Jamie S. Rich au scénario), les aventures de "Lady Killer" sont très divertissantes. L'opposition entre la gentille mère de famille et rageuse tueuse fait merveille. Le tout dans un style délicieusement rétro et un peu kitsch.
"Lady Killer" (tome 1), Glénat Comics, 15,95 euros


dimanche 12 juin 2016

BD : Baltimore, ses flics, ses crimes


Avant d'écrire le scénario de la série "The Wire", David Simon a été reporter. Il a notamment couvert les faits divers dans la ville de Baltimore. Durant l'année 1988, il a suivi tous les inspecteurs de la section des homicides de cette grande ville américaine, gangrénée par le trafic de drogue. Philippe Squarzoni, connu pour ses reportages dessinés, se lance dans l'adaptation de "Homicide" tiré des chroniques de Simon. On est à 1 000 lieues des "Experts" et autres séries télévisées américaines. À Baltimore, les flics chargés de résoudre les homicides sont surchargés de boulot. Trop souvent les affaires restent non résolues car impossible de trouver un témoin. Le mensonge est systématique. Ce sont donc des portraits d'hommes frustrés mais pas encore totalement découragés qui se succèdent dans ces 120 pages retraçant seulement un mois d'enquêtes. Et même si les faits datent de près de 30 ans, cela permet de mieux comprendre cette Amérique, violente, pauvre et abandonnée.
"Homicide" (tome 1), Delcourt, 16,50 euros

samedi 11 juin 2016

Livres de poche : les montagnes russes des émotions

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À la suite d'un accident d'escalade en montagne, Elsa est plongée dans le coma. Tandis que l'espoir de son réveil s'amenuise, Thibault, pénètre par erreur dans sa chambre. Traumatisé par le sort de son frère, qui a renversé deux jeunes filles en voiture, Thibault décide de se confier à Elsa malgré son mutisme. Ce roman sensible de Clélie Avit a remporté le Prix Nouveau Talent 2015.
« Je suis là », Le Livre de Poche 7,10 euros
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Quand Rosa découvre le journal de Marie Curie, commencé à la mort de Pierre son époux, les mots font écho à son propre deuil. Au-delà des époques, les deux femmes vivent la même douleur face à la perte. Leurs voix se mêlent pour raconter la reconstruction. Rosa Montero est née à Madrid où elle vit. Elle est l'auteur de plusieurs romans disponibles en Points.
« L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir », Points 6,70 euros
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Pour Becky, Hollywood est LA ville enfin à sa taille. Toutes ces stars à relooker, entre un cours de yoga avec Gwyneth et une séance maquillage avec Uma. Le rêve ! Hélas, le tapis rouge ne se déroule pas devant tout le monde. Sophie Kinsella n'en finit pas de nous faire rire avec son "Accro du shopping". (Parution simultanée de "L'accro du shopping à la rescousse" chez Belfond)
"L'accro du shopping à Hollywood", Pocket 7,80 euros

vendredi 10 juin 2016

Cinéma : Après la chute, la dure renaissance de Paul Sneijder

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Thomas Vincent adapte un roman de Jean-Paul Dubois retraçant "La nouvelle vie de Paul Sneijder" avec un remarquable Thierry Lhermitte en miraculé dépressif dans le rôle-titre.

Miraculé ! Paul Sneijder (Thierry Lhermitte) est un miraculé. Après un repas dans un restaurant panoramique au Québec, il prend l'ascenseur. Ce dernier lâche. Chute libre. Des cinq occupants de l'engin défectueux, seul Paul est retrouvé vivant. Une jambe cassée, mais vivant. Il pourrait s'en réjouir s'il n'avait pas dîné avec sa fille Marie. Le début de "La nouvelle vie de Paul Sneijder" donne le ton de l'ensemble. Dans une banlieue grise de Montréal, alors que le blizzard souffle et la neige tombe, Paul, claudiquant et s'aidant d'une canne, vient récupérer les cendres de Marie. Il attend dans cet univers impersonnel, avec une "musaque" d'ascenseur en fond sonore. On comprend que Paul est dépressif. Gravement dépressif.
Le film va-t-il être lui aussi désespérant ? Une petite réflexion de l'hôtesse d'accueil nous rassure. En plus de l'urne, elle propose à Paul un petit pendentif, pour conserver sur soi un peu de l'être aimé... L'humour sera noir. Le film n'en abuse pas, juste ce qu'il faut pour comprendre l'absurde de notre société face à un deuil impossible.
Crottes de chiens... bourgeois
Paul fait une fixation sur les ascenseurs. Il passe ses longues journées inactives à se renseigner sur ces machines. Sa convalescence sur le point de s'achever, il doit normalement reprendre son travail dans l'import-export de vins français. Impossible. Il doit prendre le bus. Rester enfermé sans une structure métallique le fait paniquer. Sa femme (Géraldine Pailhas) a d'autres projets pour lui. Il doit prendre un avocat, poursuivre la compagnie d'ascenseur et gagner le pactole. De quoi payer les études de leurs deux fils dans les meilleures universités américaines. Sur les conseils de son médecin, Paul marche beaucoup. Dans le froid et la neige du Québec hivernal. Il a alors l'idée de trouver un nouveau travail au grand air. Il parvient à se faire embaucher comme promeneur de chiens. Alors peut commencer la nouvelle vie de Paul Sneijder, même si ramasser les crottes de chiens appartenant à des bourgeois trop occupés pour les sortir n'est qu'une étape dans son long processus de reconstruction.
Entièrement tourné au Canada, par des températures très largement négatives, ce film permet aussi de découvrir quelques acteurs locaux remarquables. Guillaume Cyr interprète le nouveau patron de Paul. "C'est un acteur comique immense, à l'image de sa corpulence", estime le réalisateur. Autre révélation avec Pierre Curzi. Endossant le rôle de l'avocat de la partie adverse, il va se révéler comme étant celui qui comprend mieux les tourments de Paul. Au point de presque changer de camp et de l'aider quand il sera sur le point de résoudre, enfin, son problème avec les ascenseurs.
Après la chute, vient le temps de la renaissance, presque de l'envol. La fin est différente du roman, plus positive et ouverte. En un mot : lumineuse.

Thierry Lhermitte atteint des sommets

Attention, "La nouvelle vie de Paul Sneijder" n'est pas à proprement parler un film comique. On sourit parfois, mais rarement grâce au talent de Thierry Lhermitte. Le réalisateur a délibérément voulu utiliser l'ancien beau gosse du Splendid dans un contre-emploi absolu. Déprimé, triste, presque suicidaire, Paul Sneijder ne rayonne pas par sa joie de vivre. Un rôle de composition pour Thierry Lhermitte. La preuve de son grand talent aussi. Vieilli, malade, il se traîne lamentablement dans cette banlieue glacée, perpétuellement perdu dans ses pensées morbides. Plus rien ne le fait avancer. Si ce n'est la volonté d'être au niveau du sol. Et à l'air libre. Empêtré dans sa vie familiale, il va fuguer, tel un gamin capricieux. L'acteur français, aux succès mémorables dans les meilleures comédies de ces dernières décennies, a beaucoup travaillé pour être dans l'ambiance du personnage. "Dès qu'il y avait une once d'ironie dans mon regard ou dans mon interprétation, Thomas Vincent me l'enlevait, il n'en voulait pas", se souvient le comédien. Le résultat est étonnant. Il donne corps et force à cet homme qui, au lieu de profiter de la vie après l'accident auquel il a survécu miraculeusement, ne cesse de s'interroger sur sa relation avec sa fille. Un rôle en or, comme on en a peu dans une carrière.

jeudi 9 juin 2016

DVD et blu-ray : Étrange et surprenante "Danish girl" de Tom Hooper

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Lili est présente depuis toujours dans le corps d'Einar. Né homme, il se sent femme. Le phénomène transgenre est de plus en plus abordé dans le cinéma et dans la société, le "troisième sexe" devient un sujet de débat.

Mais dans les années 30, au Danemark très rigide au niveau des mœurs, un homme se doit d'être un bon époux. Donc Einar cache Lili au plus profond de lui et épouse Gerda. Un couple d'artistes qui semble s'épanouir dans un milieu relativement libre. Le film de Tom Hooper est tiré de l'histoire vraie d'Einar Wegener devenu Lili Elbe après une opération, la première du genre. Einar/Lili (Eddie Redmayne) est peintre et décorateur de théâtre. Il vit avec Gerda (Alicia Vikander), elle aussi peintre portraitiste.
Se travestir
Un jour, elle demande à Einar de se grimer en femme pour terminer un tableau. Le jeune homme y voit un signe. Gerda le pousse, par jeu, à aller plus loin. Il se déguise et va au bal des artistes, se présentant comme la cousine d'Einar. Une première sortie qui va le changer totalement. Le film ne se consacre pas uniquement à la transformation physique et psychique d'Einar. Il aborde aussi la problématique de l'amour de la femme pour un mari qui est en train de disparaître. Car si Lili veut vivre, elle doit tuer Einar. Gerda, se sent coupable mais ne peut s'empêcher d'aller contre la volonté de l'être aimé, quelles qu'en soient les conséquences.
Très académique, la mise en scène nuit un peu à la fluidité du récit. Alicia Vikander, à la beauté ravageuse, apporte fougue et dynamisme. On peut être moins convaincu par la performance d'Eddie Redmayne pourtant extraordinaire dans son interprétation de Stephen Hawking ("Une merveilleuse histoire du temps"). Sa transformation est bluffante, mais il reste trop dans la caricature.
Le DVD et blu-ray offre en bonus un petit making-of alors qu'on aurait aimé en savoir plus sur la véritable Lili Elbe.
"The Danish Girl", Universal, 16,99 euros le DVD, 19,99 euros le blu-ray.

mercredi 8 juin 2016

BD : Un mercredi tendre et émouvant

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Ce n'est pas une maison mais tout un immeuble qui est au centre de l'album « Mercredi », Juan Berrio, auteur complet espagnol. Un jour de semaine comme les autres, avec ses occupations routinières, l'extraordinaire et l'éternel recommencement de la vie quotidienne. Avec une virtuosité étonnante, l'auteur suit les différents habitants de l'immeuble, du jeune couple follement amoureux à la concierge maman poule en passant par le couple de petits vieux. Ils se lèvent, écoutent la radio, sortent, se rencontrent, vont faire leurs cours, déjeunent au restaurant, promènent leurs chiens. La douce poésie de la vie banale, de l'aventure au quotidien quand un voleur décide de sévir. L'amour frappe aussi en la personne d'une jolie touriste qui aime se faire photographier. Le dessin, ligne claire très stylisée, presque à angle droit, aux décors un peu de carton-pâte, donnent l'impression de se trouver dans une vieille comédie en noir et blanc. Une journée simple et finalement passionnante, avec au passage quelques très bonnes idées comme le dialogue sans cesse interrompu entre les deux jeunes amoureux.
« Mercredi », Steinkis, 15 euros


mardi 7 juin 2016

BD : Souvenirs et maison en héritage

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Paco Roca, dessinateur espagnol, aime particulièrement se pencher sur la transmission des souvenirs. Il avait signé une remarquable BD sur la maladie d'Alzheimer (« La tête en l'air », adaptée au cinéma) et livre un peu de sa propre histoire dans « La maison ». Un album à l'italienne, aux dessins d'une grande douceur, comme la campagne méditerranéenne environnant cette résidence secondaire familiale. La première planche montre un vieil homme qui sort de sa maison. La suivante retrace une année d'abandon. On comprend qu'il est mort et que ce n'est qu'une année après le décès que les enfants viennent s'occuper de cette bâtisse qui symbolise tous leurs souvenirs d'enfance. Le premier à remettre les pieds dedans est l'écrivain. Il n'est pas manuel, n'a jamais trop apprécié son père, trop terre-à-terre. Le second est l'ainé, celui qui a hérité de la force de travail physique du patriarche. Il est remonté contre l'écrivain, toujours en retard et indécis. Enfin la petite dernière regrette surtout que son père n'ait pas pu profiter de sa petite-fille. Les trois se retrouvent dans la maison pour la remettre en état. Le projet : la vendre le plus vite possible. Mais cela ne va pas se passer comme prévu, comme si les souvenirs du lieu se révolté contre l'oubli. Sensible et juste. Plein d'espoir aussi.
« La maison », Delcourt, 16,95 euros


lundi 6 juin 2016

Livre : l'abbé et l'eau

djemaï, lambert, oran, seuilBien que défroqué, l'abbé Lambert a continué à porter la soutane. Comme un uniforme. Abdelkader Djemaï, dans son style fleuri et imagé, refait vivre cette personnalité d'Oran. Le curé est surtout célèbre pour ses activités de sourcier. Ce "magicien" arrive à Oran au début des années trente pour alimenter la ville en eau potable. 
Il échouera et pour se venger, décidera de prendre la place du maire. L'eau, comme les femmes, il adore, même si "Lambert s'était souvent senti gêné vis-à-vis des femmes, mais cela n'empêchait pas le désir d'être toujours là, souterrain, vif et cristallin comme l'eau qu'il prenait plaisir à faire jaillir entre les cuisses fraîches et obscures de la terre." Portrait parfois émouvant d'un homme qui s'est trop souvent trompé, notamment dans ses positions racistes et antisémites.
"La vie (presque) vraie de l'abbé Lambert", Abdelkader Djemaï, Seuil, 16 euros

dimanche 5 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Procrastination joyeuse


Rien ne m'insupporte plus que la maxime : "Il ne faut pas reporter au lendemain ce qui peut être fait aujourd'hui". Cette volonté du tout, tout de suite, est démontée de la plus belle des manières dans "L'encyclopédie joyeuse de la procrastination" de David D'Equainville. J'avoue être un adepte de cette pratique injustement confondue avec la paresse. Le "procrastineur" n'est pas inactif. Au contraire, ses multiples activités sont souvent responsables de son manque d'efficacité. A la lettre T, je découvre pratiquer sans le savoir le "tsundoku". Loin d'être un jeu de chiffres, il s'agit de l'action d'empiler des livres en se promettant de les lire... plus tard. Un mot apparu au début de l'ère moderne du Japon. Mon "tsundoku" atteint des sommets, mais cette présente encyclopédie est passée à travers. On rit, on réfléchit, on s'étonne au gré de la centaine de pages. Sans doute n'est-ce pas le meilleur livre sur le sujet. La référence en la matière est forcément toujours à l'état d'ébauche dans un coin du cerveau d'un maître de la procrastination.
"Encyclopédie joyeuse de la procrastination", éditions Contrepoint, 9,90 euros

samedi 4 juin 2016

Livres de poche : nouveaux territoires, ici et ailleurs


Raleigh, assureur, citoyen et père de famille modèle en Caroline du Nord, coule une existence gentiment planifiée. Jusqu'au jour ou son père fugue de l'hôpital, dans une Cadillac jaune et flanqué d'une ravissante adolescente noire qu'il veut épouser. Raleigh n'a pas le choix, il va devoir partir à sa recherche à travers les USA des années 80. Michael Malone signe un chef d'oeuvre d'humour.
« Le parcours du combattant », 10/18, 10,20 euros

Les descendants de deux spationautes échoués sur une planète inconnue se cantonnent toujours à cette vallée où une étrange faune et flore bioluminescente leur permet de survivre. Autour s'étend un monde sombre et glacé. John est prêt à partir vers l'inconnu, convaincu que son avenir ne pourra s'écrire que par-delà les ténèbres. Chris Beckett signe un roman de science-fiction ample et inventif.
« Dark Eden », Pocket, 8,50 euros

Ifemelu quitte le Nigeria pour aller faire ses études à Philadelphie. Elle laisse derrière elle son grand amour, Obinze, éternel admirateur de l'Amérique, qui compte bien la rejoindre. Mais la couleur de sa peau va tout compliquer. De son ton irrévérencieux, Chimamanda Ngozi Adichie fait valser le politiquement correct et nous offre une grande histoire d'amour, parcourant trois continents d'un pas vif et puissant.
« Americanah », Folio, 8,70 euros

vendredi 3 juin 2016

DVD et blu-ray : restauration de chefs-d'œuvre

Nouvelles technologies, nouvelles découvertes. Les avancées en matière de restauration des copies de films argentiques permettent de sortir des versions numériques quasiment à l'identique. Un plaisir supplémentaire pour redécouvrir ces chefs-d'œuvre du cinéma. En ce début juin, on a le choix avec une sélection de titres français chez Pathé et un film américain pour Wild Side.
pathé, tourneur, justin, marseille, wild side, falaise mystérieuseDans la continuité du plan de restauration de son catalogue, Pathé s'est engagé dans un vaste plan de restauration des classiques de son catalogue. Les trois œuvres emblématiques de Julien Duvivier, "La Belle Équipe", "La Fin du Jour" et "Voici le temps des assassins", font parties de cette nouvelle vague de sorties en DVD et Blu-ray. L'occasion également de prendre une bouffée d'accent provençal avec "Tartarin de Tarascon", comédie jubilatoire de Raymond Bernard orchestrée par Marcel Pagnol ainsi que le chef-d'œuvre de Maurice Tourneur, "Justin de Marseille", film de gangsters marseillais comme il n'en existe pas ailleurs. Ce dernier prouve que les récents règlements de compte dans la ville ne sont que les rééditions des tensions ancestrales, quand Justin tentait de faire régner sa loi face aux agissements des Italiens...


pathé, tourneur, justin, marseille, wild side, falaise mystérieuseAutre style avec "La falaise mystérieuse" de Lewis Allen avec Ruth Hussey et Ray Milland. Ce film date de 1944 et mélange comédie et fantastique. Au cours d'un séjour dans les Cornouailles, Roderick Fitzgerald et sa sœur Pamela achètent, pour une somme dérisoire, une superbe maison surplombant une falaise. Ils s'y installent, mais dès la première nuit, leur sommeil est troublé par les sanglots mystérieux d'une femme. Le coffret contient blu-ray et DVD accompagné d'un long entretien de Christophe Gans sur la genèse du film et ses influences sur le genre des "films de fantômes" et des autres cinéastes (dont Hitchcock). Sans oublier un livre richement illustré de Patrick Brion. Parfait pour redécouvrir un film très en avance sur son temps.

DE CHOSES ET D'AUTRES : De la pérennité des émissions

maïtena Biraben, canal+, 30 millions d'amisUne saison et puis s'en va. Exit Maïtena Biraben du "Grand Journal" de Canal Plus. Un départ abondamment commenté hier, alors que paradoxalement une autre information concernant la télévision aurait mérité plus.
Après 40 années de présence sur les principales chaînes (TF1, France 2 puis France 3), "30 millions d'amis" est remisée à la niche. Terminé le générique avec Mabrouk, le berger allemand légendaire, et les gentils chats, avant même la mode des lolcats sur le net. Les nouveaux dirigeants de France Télévisions, dans une volonté affichée de rajeunissement de la grille, ont enterré sans le moindre état d'âme cet ancêtre du PAF. Une mort savamment programmée. Dans un premier temps, on alerte sur la baisse des audiences. Puis on déplace l'émission de sa case, le dimanche matin, dans une autre, forcément moins favorable, le mercredi matin. Résultat ils n'étaient plus qu'un peu plus de 100 000 fidèles sur le coup de 10 heures cette semaine à pleurer devant le dernier numéro.
La productrice historique, Réha Hutin, ne baisse pas les bras. Une autre chaîne pourrait accueillir la "marque". De plus la communauté a su fédérer grâce aux réseaux sociaux (635 000 amis sur Facebook) et propose des reportages sur son canal YouTube.
Alors pourquoi tout ce pataquès autour de Maïtena Biraben et à peine quelques mots sur "30 millions d'amis" ? À moins que l'éphémère présentatrice du "Grand Journal" ne rebondisse en prenant les rênes de la nouvelle version de "30 millions d'amis"... Sur Numéro 23 par exemple, la chaîne des tatoueurs.