vendredi 31 mai 2013

Chronique : RIP Léon Vivien sur Facebook


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« Je ne suis plus un homme du vingtième siècle, je suis un soldat de Crécy, un soudard du Moyen Âge, un fantassin sans armure. J'ai peur, Madeleine. Je t'aime. Ils arriv » Léon Vivien, instituteur, a posté son dernier message sur Facebook le 22 mai 1915 à 12 h 20. L'opération du  Musée de la Grande Guerre s'est achevée dans la boue, les larmes, le sang et la violence. Comme la vie de millions de soldats, des deux camps. Plus de 56 000 personnes ont suivi le destin brisé de Léon et la détresse de sa femme, Madeleine, jeune maman d'un petit Aimé qui ne connaîtra jamais son père. Au cours des  mois d'avril et mai 1915, Léon prend conscience de l'horreur de cette boucherie. Après l'enthousiasme de l'entraînement et la naissance de nouvelles camaraderies, la folie des officiers, la rage des ennemis et les conditions de vie en constante détérioration plombent le quotidien des tranchées. La veille de sa mort au combat, Léon, de plus en plus réaliste, raconte comment la troupe est équipée de nouvelles armes : « Des couteaux de boucher ; c'est idéal pour dépecer l'ennemi et ça nous rappelle ce que nous sommes, nous, les biffins : rien de plus que de la viande en uniforme... » En illustration, terminés les sourires de Poilus sûrs de leur force. Les monceaux de cadavres et les champs éventrés par les obus donnent une idée de l'enfer. Et puis il y a le dernier message de Madeleine après le statut inachevé de Léon. « Réponds-moi, je t'en supplie... » Toute la détresse d'une génération sacrifiée. Poignant. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 30 mai 2013

Chronique : Ma meuf, elle écrit


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Ecrire au féminin ? Selon une image assez rancie par les ans, les filles n'arrêtent pas de faire des histoires. Stéphanie Rouget, Nathalie Lenoir et Fanny Desmares l'admettent bien volontiers. Mais chez ces trois-là, les histoires se transforment en scénarios. Elles viennent de lancer un site internet au doux nom de #meufteam. Leur objectif : développer des projets pour le cinéma comme pour la télévision « qui mettent en lumière la femme sous un jour dynamique et moderne. » Mais pas trop sérieusement quand même. Elle se présentent comme des digitals mums qui « utilisent la vie comme matériel d’écriture et s’amusent de tout (surtout d’elles même). » Une chance qu'elles aient de l'humour, car l'image des femmes dans certaines séries télé ne fait pas progresser la cause.
Une mine pourtant, la preuve avec la première production propre de HD1, la chaîne de la TNT.  « Ma Meuf » est une série de 60 épisodes de 3 minutes, programmée du lundi au vendredi à 20H35 à partir du 10 juin. Elle raconte l'histoire de Joseph, apprenti réalisateur, qui filme Margaux, sa copine, depuis leur première rencontre, sans jamais apparaître lui-même à l'écran. Et on voit toute l'utilité de la démarche de la #meufteam : un homme est aux commandes, la femme sa simple marionnette.

L'exercice se solde parfois par une réussite comme « La vie d'Adèle », film récompensé à Cannes. Reste que ce long-métrage est tiré d'une bande dessinée de... Julie Maroh. Une artiste, scénariste et dessinatrice, lesbienne militante, snobée par Abdellatif Kechiche, comme par hasard.  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : les chats omniscients de Leslie Plée

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Si vous envisagez d'adopter un chat, plongez-vous dans cette BD de Leslie Plée avant de commettre l'irréparable. Les chats ne sont pas les grosses boules de poils affectueuses que l'on croit. Ce sont des êtres calculateurs, ils manient la duplicité avec une rare perversion. La vérité sur cette engeance, c'est Michel, le chat de Leslie Plée, qui la révèle au grand public. Il a écrit une « Méthode de développement personnel pour les chats » intitulée plus simplement « Vivre vieux et gros ». Il y révèle tous ses trucs pour manger le plus de croquettes. Il affiche aujourd'hui un joli 6 kilos, preuve de l'efficacité de ses astuces. Cette BD vous fera hurler de rire si vous avez la chance d'héberger un Michel dans vos murs. Vous ne regarderez jamais plus votre « gros chat » de la même façon. Et vous ne l'aimerez que plus...

« Vivre vieux et gros », Delcourt Tapas, 14,95 euros

mercredi 29 mai 2013

Chronique : Proximité numérique et fête des voisins avec All-together.net

fete, voisins, all-together, internetCe vendredi, pour la 13e fois, les voisins vont faire la fête entre eux. Lancée en 1999, cette initiative de rapprochement rencontre chaque année un beau succès. Proximité, contact humain :  l'antithèse parfaite des réseaux sociaux. Mais alors pourquoi passer par internet pour en faciliter l'organisation ? 
All-together.net, site spécialisé dans le partage des passions, tient le challenge de rajeunir le panel des participants. Sur la base des études démontrant qu'un jeune sur quatre ne connaît pas ses voisins, les gestionnaires sur site ont imaginé une solution pour entrer en contact avec ces derniers... sur internet. Il faut un volontaire, quelqu'un qui prenne l'initiative de l'événement. Il s'inscrit sur le site, précise le lieu et l'heure de la fête qui obtient ainsi un numéro. L'organisateur peut dans la foulée imprimer des flyers à déposer dans les boîtes aux lettres ou à placarder dans les halls. Terminée la corvée de sonnettes, des portes closes et des malotrus malpolis... Seules les personnes intéressées s'inscrivent. Elles doivent tout simplement aller sur le site et préciser le nombre du groupe et le choix de leur contribution culinaire ce vendredi 31 mai. Grâce à la magie d'internet, les timides pourront faire le premier pas sans sortir de leur salon. Petite précision pour les vrais geeks, il faudra quand même être présent physiquement à la fête les rencontres par webcam interposée ne sont pas encore au programme... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Bébé stryge

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Un papa, une maman, on ne ment pas aux bébés stryges. Non, Corbeyran et Guérineau n'ont pas basculé dans le côté sombre, ils ne sabordent pas leur série vedette en imaginant la jeunesse des Stryges. Simplement, pour les besoins du 15e titre de la série, l'organisation de Weltman, a capturé un stryge mâle et une femelle pour effectuer une fécondation in vitro et tenter de sauver l'espèce. Un album transition, comme ces préliminaires qui n'ont pas eu lieu entre les deux démons ailés. Les différents protagonistes s'observent beaucoup, se trahissent également. Tant et si bien qu'on ne sait plus qui travaille pour qui. Qui est bon ou méchant. S'il faut sauver ou détruire les Stryges. Sans parler des hybrides... On est un peu perdu, mais c'est tout l'intérêt de cette série, une des plus réussie du moment sur le plan du suspense.   
« Le chant des Stryges » (tome 15), Delcourt, 13,95 €

mardi 28 mai 2013

Chronique : Les masses critiquent


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Le festival de Cannes, en plus des starlettes et des fans, est la plus grande  concentration de critiques cinéma de la planète. Durant deux semaines, ils visionnent  trois à quatre films par jour et jugent à tire-larigot. Le beau métier que voilà. Mais  pas si évident que ça. Il suffit de se promener sur les zones commentaires de certains sites spécialisés pour s'en convaincre. Quand la masse critique, la critique rit. 
@Alluciné est un compte Twitter spécialisé dans le « Florilège des critiques (drôles) à  une étoile de films qu'on aime bien. » On se demande souvent si les anonymes postant  leurs commentaires ont vu les mêmes films. Titanic, de James Cameron, record mondial d'entrées, ne serait en fait « qu'un gros navet. Même un dessin animé peut être mieux. » 
Une constance, la référence à un autre film, de préférence une grosse daube. Pour ce spectateur (sans doute Marseillais) Pulp Fiction, chef-d'œuvre de Quentin Tarantino, « vaut surtout pour son générique qui pompe honteusement la musique superbe de Taxi. » Raging Bull de Martin Scorcese, oscar pour Robert de Niro n'est pas si bien qu'on pourrait le croire : « Franchement j'ai été déçu, je trouve que ça ne vaut pas "Taxi 2" » 
Et puis il y a ceux qui ont le souci du détail. Que retenez-vous de Shining, l'atmosphère oppressante, le jeu de Nicholson ? Une seule chose a marqué ce spectateur « J'aime bien le costume à la 102e minute ». Et pour finir, une évidence à propos des Aventuriers de l'Arche perdue : « Il y a de bien meilleurs films pour les amateurs d'archéologie. »
Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : La ménopause héroïque façon Cestac chez Dargaud

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Florence Cestac, auteur très respectée dans le milieu de la BD (elle a débuté comme libraire, puis est devenue éditrice tout en signant des albums pour les plus jeunes) a connu une seconde jeunesse en publiant « Le démon de midi ». Cette autobiographie générique des femmes en mal d'indépendance a remporté un beau succès, prolongé sur les planches par Michelle Bernier. « Le Démon du soir » est la troisième partie de cette vaste exploration de la condition féminine actuelle. Noémie approche de la soixantaine. Mari avachi, travail harassant, vie sexuelle en berne, elle décide de tout larguer pour tenter une dernière aventure excitante tant qu'elle en a encore la possibilité. Voyage puis installation au Sud, à la campagne : elle revit, même si les premiers temps sont très durs. 56 pages d'optimisme concentré, valable pour les femmes... et les hommes.

« Le Démon du soir », Dargaud, 13,99 €

Chronique : Le charme des RAM


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Messieurs, j'ai trouvé le truc infaillible pour séduire les femmes, mieux que Dutronc ou Delon réunis. Un peu de termes techniques (mémoire RAM, disque SSD, balises HTML), beaucoup de bagout et vous voilà dans la peau d'un geek lover, ce que secrètement désire ramener à la maison toute demoiselle désespérée par la lenteur de son ordinateur. Et elles sont 74% à pester quand elles sont obligées d'attendre plus de trois secondes qu'une page internet s'affiche.
Ce sondage réalisé par Easy Panel pour la société Crucial.fr « les experts en mémoire informatique », montre l'importance prise par tout ce qui est numérique dans nos vies. Terminé le temps où il fallait exhiber ses muscles ou ses prouesses en mécanique pour les faire fondre. 33% des femmes admirent les hommes « ayant des connaissances en informatique ». Ce ne sont que des statistiques, mais mathématiquement, les geeks ont une chance sur trois de conclure juste en parlant de ce qui les passionne. Enfin attention, n'en faites pas trop, car les femmes ne sont pas dupes. Elles espèrent la perle rare mais foncièrement pensent que seulement 4% des hommes peuvent « ajouter de la mémoire à un ordinateur trop lent », le même pourcentage pour ceux qui « savent faire la vaisselle »... Et puis surtout, elles sont 43% à ne pas nous croire sur parole. Il leur faut des actes. Pas de chance, ce chiffre se retrouve dans le nombre d'hommes reconnaissant avoir « exagéré leurs connaissances en informatique ». Mais qui ne tente rien...
L'intégralité du sondage sous forme d'infographie :

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Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

lundi 27 mai 2013

Livre : "La conjuration primitive" de Maxime Chattam, violent, forcément violent...


Maxime Chattam est obsédé par le mal. Et la violence qu'il engendre. Son thriller « La conjuration primitive » en est le parfait exemple.

conjuration primitive, chattam, albin michel, tueurs en sérieQuand Maxime Chattam n'écrit pas des romans fantastiques (la série Autre-Monde), il signe des thrillers a vous filer des sueurs froides. Il semble passer beaucoup de temps à peaufiner les personnages de tueurs en série et leurs techniques. Parfois, on se demande s'il n'est pas lui-même un psychopathe devenu écrivain pour assouvir ses pulsions. D'autant que ses héros « positifs », face à l'innommable, basculent eux aussi parfois dans une forme de violence sauvage. Mais non, Maxime Chattam est juste un auteur plein d'imagination, parfaitement capable de s'immerger dans un milieu, le décrire, le comprendre, tout en ne se déconnectant pas de la réalité, de sa vie normale, forcément normale alors que le roman est violent, forcément violent.

Gendarmes en civils
Résolument français ce thriller, même si sa construction, son suspense, son dénouement, font penser aux meilleurs titres américains. Français dans le choix de la profession des « héros ». Alexis et Ludivine sont gendarmes. Mais pas des militaires à cheval sur la tenue réglementaire et habitués aux contrôles radars en bord de route. Non, ils font partie de la crème de la gendarmerie, la section de recherches de Paris. Et la plupart du temps, ils sont en civils.
Alexis est à la tête d'un petit groupe chargé d'enquêter sur des meurtres sauvages se multipliant en France. Deux tueurs sont identifiés. Le « Fantôme » car il ne laisse aucune trace dans les appartements de ses victimes. Les enquêteurs retrouvent même les portes fermées à clés. La « bête », surnommée ainsi en raison de l'état de ses victimes, dépecées, en partie mangées par leur bourreau. Deux tueurs mais une seule et unique signature, une marque, gravée à même la peau : « *e ».

Meurtres simultanés
La première partie du roman, entre les scènes de crimes abondamment décrites, détaille les recherches des enquêteurs sur la signification du symbole. Le torturé Alexis et la blonde sportive Ludivine recevront l'aide d'un profileur, Mikelis, capable de se mettre dans la tête des assassins. Tout se complique quand des cadavres sont retrouvés en Pologne et en Espagne, qu'un jeune drogué tue trois personnes au hasard dans une gare et que le Fantôme et la Bête tuent, à des centaines de kilomètres de distance l'un de l'autre, mais exactement au même moment. Plus de doute, tout est lié : les tueurs en série sévissent de concert.
Cette idée de conjuration du mal permet à Maxime Chattam de prolonger ses précédents titres (notamment « La théorie Gaïa ») sans s'affranchir des rebondissements typiques de ses œuvres. D'un petit village du Lot-et-Garonne en passant par l'Écosse et la région parisienne le lecteur sera ravi des voyages. Même si souvent c'est pour admirer des cadavres éviscérés ou des montagnes de squelettes...
Michel LITOUT

« La conjuration primitive », Maxime Chattam, Albin Michel, 22,50 €

dimanche 26 mai 2013

BD : Soldat et père "Pour un peu de bonheur"

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En quelques albums et notamment « L'envolée sauvage », Laurent Galandon s'est imposé comme un des meilleurs raconteurs d'histoires du moment. Ce jeune scénariste, passionné de cinéma, a trouvé sa voie et sa voix. Des récits entre l'éclairage historique et la force des sentiments. « Pour un peu de bonheur » se déroule en 1919 dans un petit village des Pyrénées. Un soldat est de retour dans sa famille. Mais il n'est pas revenu indemne. Il a laissé la moitié de son visage dans les tranchées. Une gueule cassée qui intrigue dans cette petite communauté alors qu'un mystérieux tireur fait de gros dégâts dans le cheptel. Il y a plusieurs thèmes dans cette BD, de l'amour du père pour son enfant à la possibilité d'avoir une seconde chance dans la vie. Un album dessiné par A. Dan, un illustrateur connu pour ses travaux sur la nature. Ses cases pyrénéennes n'en ont que plus de puissance.
« Pour un peu de bonheur » (tome2), Bamboo Grand Angle, 13,70 €

samedi 25 mai 2013

Chronique : Deux euros, siouplaît... je me suis fait pirater !


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Se faire pirater son compte Facebook n'arrive pas qu'aux plus célèbres. Les escrocs sont peu regardants quand il s'agit de ponctionner quelques euros, mais en masse. J'en ai fait la triste expérience cette semaine. 
Heureusement j'ai limité les dégâts car les alertes Facebook ont parfaitement fonctionné. Je reçois à 18 heures, un email me signalant que l'adresse chantal563lola@... vient d'être ajoutée à mon compte Facebook. Et de me prévenir : « Si vous ne l'avez pas fait, veuillez sécuriser votre compte. » 
Naïf, je me persuade que ce n'est qu'une erreur. Je panique quand, 10 minutes plus tard, Facebook m'annonce que l'adresse litout@... vient d'être retirée de mon compte. Je tente immédiatement de me connecter. Impossible. Mon profil Facebook vient de passer aux mains de l'ennemi. Et Chantal (sans doute un vilain robot russe) ne chôme pas. 
Elle envoie à une trentaine de mes relations Facebook un message hameçon : « Coucou, comment ça va ? » A ceux qui répondent, elle explique que j'ai un problème de carte bleue. Un paiement de deux euros, « et si tu veux je te rembourse, ok ? ». A ce stade, la plupart de mes amis se doutent de quelque chose et cessent sur le champ le dialogue. Moi je m'active et récupère le contrôle de mon profil. Dans un statut public, j'explique la carambouille et m'excuse platement. Personne ne m'en a voulu. 
Morale de l'histoire : il faut se méfier des Chantal et mes amis sont formidables.

Chronique "çA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

vendredi 24 mai 2013

Chronique : Le Twitter du paillasson

l'élégance du paillasson, lebert, chifflet, twitter, concierge, humourLes laudateurs de Twitter ont la mémoire courte. Le micro réseau social, basé sur la brièveté des messages, n'a rien inventé. Le concepteurr du Post-it était un précurseur et les brèves, de comptoir ou d'ailleurs, sont de la même veine. Dans « L'élégance du paillasson », petit livre d'aphorismes recueillis par Jean-Marc Lebert et publié aux éditions Chiflet & Cie, les mots entre voisins dressent un étonnant portrait de notre société. Gardien d'immeuble ou concierge, Jean-Marc Lebert a collecté ces bribes de conversations, pensées et autres fulgurances. Du brut de décoffrage, parfois poétique, souvent horrible voire carrément idiot. Mais vrai, authentique. Pas de grande philosophie dans l'histoire, mais tout sonne juste comme cette réflexion sur la promiscuité : « La solitude dans les HLM qu'ils disent les médias... Tu parles d'une solitude ! Tu es chez toi peinard et tu entends tout le monde ». « C'est plus calme quand y a plus de bruit » remarque un autre. Chacun pour soi : « Moi, les problèmes du hall ? Je suis au-dessus de tout ça, j'habite au 9e. » Ce livre pourrait parfaitement se décliner sur un compte Twitter. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

Livre : "La muraille de lave", Indridason sans Erlendur...

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Quand un de ses amis d'enfance lui demande d'intervenir discrètement dans une affaire de chantage, Sigurdur, policier, ne sait pas dire non. Il se rend au domicile d'une femme, une échangiste, bien décidée à rembourser ses dettes en faisant chanter la belle-sœur de l'ami de Sigurdur adepte de ces parties fines. Sur place, le policier découvre la femme le crâne fracassé. Visiblement, il a été précédé par quelqu'un qui a trouvé une solution plus expéditive.
Nature hostile, hommes refermés sur eux-mêmes... Ce polar islandais d'Arnaldur Indridason, au cours sinueux et multiple, débute avec la violence d'un torrent pour s'achever avec la force d'un immense fleuve emportant tout sur son passage. Notamment le secteur bancaire du pays. (Points, 7,90 €)

jeudi 23 mai 2013

Chronique : les çonneries du brouhaha du multimédia

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Bienvenue dans le monde du multimédia. La rédaction de l'Indépendant n'échappe pas à cette évolution du métier de journaliste. En ce moment, tous les journalistes sont en formation. Apprendre à écrire pour le net, faire des tweets, des vidéos... Et pour motiver les troupes, chaque reporter a reçu un superbe smartphone dernière génération. Le nouveau couteau suisse de l'aventurier de l'information locale.
Comme toujours avec un jouet neuf, il faut du temps pour en saisir toutes les subtilités. Par exemple, côté sonnerie, c'est un peu la cacophonie à la rédaction. Car ces smartphones, en plus de permettre de recevoir des appels, font également du bruit quand un SMS arrive et même un email (enfin, pour les utilisateurs les plus futés).
Conséquence la salle de rédaction (un open space sans aucune séparation, même pas d'armoires...) se transforme en auditorium ouvert à tous les sons préenregistrés dans ces machines de l'enfer. Les machos, et ils sont nombreux, ont choisi majoritairement le sifflement. Toutes les deux minutes on lève la tête en se demandant qu'elle est la jolie fille qui suscite une telle admiration. Perdu, c'est un simple SMS, certainement moins affriolant que la beauté espérée. Le « toc toc » à la porte retentit aussi souvent que le dring dring du facteur. Chez les sportifs, le bruit caractéristique du décapsulage d'une bouteille de bierre aura certainement un beau succès. Et puis il y a les poétiques, ceux et celles qui se démarquent. Un refrain de Joe Cooker ou de Barry White, le « cuicui » d'un moineau ou les cris de ces mouettes, parfaitement reproduits. On se croirait dans une BD de Franquin. Vivement l'été et le bord de mer... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Amour de filles dans la BD qui a inspiré "La vie d'Adèle"

La présentation en compétition officielle à Cannes du film d'Abdellatif KECHICHE "La vie d'Adèle" est l'occasion de ressortir cette critique (publiée en 2010) de la BD "Le bleu est une couleur chaude" de Julie Maroh, la BD originale dont est librement inspiré le scénario. 

Le bleu est une couleur chaude.jpg

Clémentine est une adolescente qui se cherche. Elle découvre le lycée, une certaine indépendance, les garçons, la drague. Et un jour, en marchant dans la rue, c'est le coup de foudre. Pour Emma, une fille aux cheveux bleus. Ce long récit de Julie Maroh est une étude tendre et sensible sur la difficulté d'aimer et d'accepter ses différences. Car Clémentine, va longtemps garder en elle cet amour immense. L'éducation stricte de ses parents, notamment son père, fait qu'elle se sent coupable, comme anormale, amorale. Elle tentera même d'avoir des relations avec des garçons. Mais le fantôme d'Emma revient sans cesse dans ses rêves. Emma qui fera le premier pas. Mais elle aussi mettra du temps avant de laisser libre cours à ses sentiments. Témoignage sur la jeunesse des années 90, ce roman graphique nous permet de découvrir une dessinatrice talentueuse maîtrisant parfaitement la narration de cette histoire d'amour qui finit mal.
« Le bleu est une couleur chaude », Glénat, 14,99 €



mercredi 22 mai 2013

Chronique : achats compulsifs, du plus petit au plus gros

C’est plus fort qu’elles : les femmes ne peuvent pas résister quand elles sont sous l’emprise du démon de l’achat compulsif. Et sur internet rien ne les arrête. Produits de beauté, biens culturels... elles craquent dès que le compte en banque affiche un montant confortable.
Vous êtes sceptique? Prenez Yahoo! Ce géant de l’internet américain a mis à sa tête Marissa Mayer. Intelligente, compétente, mais femme avant tout. Quand elle apprend qu’elle dispose de quelques milliards de dollars sur lecompte de la société, elle craque. Et cherche à acheter coûte que coûte une grosse babiole inutile et surestimée. Elle jette son dévolu sur Dailymotion. Mais Arnaud Montebourg, juste pour la contrarier (il sort d’une rupture sentimentale douloureuse), fait capoter l’affaire.
Déprimée, Marissa retrouve le sourire en surfant sur les Tumblr, tous plus hilarants les uns que les autres. Elle dépose un peu plus d’un milliard de dollars sur la table et rachète cette plateforme de blogs. Sa pulsion assouvie, elle ose même l’annoncer en publiant un Gif!
P. S.: Cette chronique, écrite au second degré, ne pourra en aucun cas être utilisée par une avocate sans scrupule engagée par mon épouse dans le cadre d’une procédure de divorce pour cause de misogynie avérée. Le budget du foyer est parfaitement géré par ma tendre moitié. Les seuls achats compulsifs existants sont à mettre à mon crédit (découvert plus exactement...) comme l’achat de l’intégrale de San Antonio chez Bouquins (11 tomes) alors que j’ai déjà la collection complète en poche...

Chronique : Mauvais points sur Twitter pour Hollande, créateur de bashing



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Tout le monde pratique le Hollande bashing. Une invention de l'ère numérique. Ce terme désigne le fait que l'action du président de la République soit dénigrée en permanence sur les réseaux sociaux. Tant par la presse que les anonymes. Difficile de savoir s'il s'agit d'une impression ou de la réalité. Evident par contre, la cote du « président normal » a sérieusement chuté chez les twittos depuis sa conférence de presse. Paul Larrouturou, journaliste au site internet d'Europe1, ose cette question : « Pourquoi avez-vous choisi de ne pas vous exprimer personnellement sur Twitter ? » François Hollande, sourire en coin, retrouve sa répartie d'antan pour moquer cette interrogation et fait pouffer le gouvernement et les confrères journalistes : « Serait-ce là la preuve de mes mauvais sondages ? Je n'aurais pas twitté comme il convenait ? » Bon, d'accord, il faut savoir détendre l'atmosphère dans ce genre de rendez-vous. Et Twitter est souvent drôle. Mais là on a senti comme un mépris, un profond dédain pour les habitués des réseaux sociaux. Pourtant, Twitter est un outil très utilisé par les services de communication du président. La preuve ? Sur le pupitre de François Hollande figure d'un côté l'adresse Twitter de la présidence (@elysee) et de l'autre le hashtag-référence à l'événement (#ConfPR). Donc si sa sortie contre Twitter amplifie le Hollande bashing, qu'il ne s'en prenne qu'à lui-même. Et s'il n'a pas saisi le principe de Twitter, il peut toujours mettre @valtrier à contribution. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD : les clandestins n'ont rien à perdre


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Gabriel et Maria n'ont plus rien à perdre. L'adolescent originaire du Vénézuela, avec sa petite sœur, a fait le grand saut. Il a quitté la misère et les bidonvilles pour le rêve américain. Entassés dans un container, ils ne verront pas la statue de la Liberté. Une opération de la police des frontières met fin aux rêves de renouveau. Gabriel est capturé, Maria blessée. Pourtant l'intervention d'un flic ripou va changer la donne. Il a remarqué la détermination de Gabriel. Il lui propose un marché : la sécurité et la nationalité américaine pour la fillette en échange de sa collaboration. Gabriel n'hésite pas une seconde. Maria devient la fille adoptive d'une riche « gringo ». Lui se transforme en garde du corps de ce Ricain magouilleur, bien décidé à s'enrichir en vendant des armes aux cartels sud-américains. Le scénario de Marazano est dur, réel, crédible... Gabriel irradie l'album de sa présence, de son nihilisme. Ennio Bufi, dessinateur italien de Geronimo Stilton, s'aventure avec énormément d'efficacité dans le réalisme.
« Clandestino » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €


mardi 21 mai 2013

BD : Wendy ou les tribulations d'une espionne en Afrique

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Le personnage de l'espionne fatale a encore de beaux jours devant lui. Pour preuve les aventures de Wendy écrites par Duval et dessinées par Quet. La jeune Anglaise vit en Normandie. On est en 1915 et pendant que les soldats s'étripent dans les tranchées, d'autres combats plus feutrés se déroulent dans les rares pays épargnés par la Grande guerre. Première scène très mouvementée au Portugal. Wendy parvient à récupérer des documents secrets sur la trahison d'un officier anglais en Afrique. Après un passage en France - histoire pour nous d'admirer la belle en robe de soirée - elle s'embarque pour l'Afrique. La région du Nyassaland exactement, entre Kenya et Mozambique. C'est là, dans cette savane encore peuplée de gibier recherché par les riches gâchettes occidentales, qu'elle va être confrontée à ce qui se fait de mieux en matière d'espionnage et de trahison. Une ambiance très coloniale et mystérieuse pour une série qui fait la part belle aux paysages vierges et scènes animalières. Une chasse au léopard inoubliable clôture ce premier tome très prometteur.
« Wendy » (tome 1), Delcourt, 13,95 €

lundi 20 mai 2013

Chronique : La question façon UMP

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L'interactivité est une des forces d'internet. L'internaute, pour tout et n'importe quoi, est mis à contribution. Les sondages se multiplient comme des petits pains. Des pains au chocolat dans le cas de l'UMP. Sur son site, le parti de droite a ouvert une rubrique « Question de la semaine ». Il s'agit d'interroger les Français sur l'action du gouvernement de François Hollande. Une leçon pour tous les apprentis sondeurs qui cherchent à savoir comment orienter des réponses. Cette semaine, l'UMP demande on ne peut plus sérieusement : « En augmentant massivement les impôts, dépenses publiques et cotisations, en étranglant les entreprises, en supprimant la défiscalisation des heures supplémentaires, François Hollande est-il responsable de l'aggravation de la crise ? » Et en remontant le temps, on découvre que toutes les questions sont de cet acabit.
Résultat, ils sont nombreux à se moquer du parti de Jean-François Copé sur Twitter sous le hashtag #FabriqueUnSondageUMP. Le genre de question qui contient déjà la réponse. « Hollande étant le pire président de l'histoire du monde entier, Sarkozy vous manque-t-il rien qu'un tout petit peu ? » est le faux sondage le plus partagé.
Variation saisonnière avec « Hollande ne prend aucune mesure contre la pluie. Peut-il sérieusement rester en poste ? ».
Mais le plus comique dans l'affaire, c'est le résultat du  véritable sondage sur la responsabilité du président dans l'aggravation de la crise. Hier, ils étaient 91 % à répondre... non. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : la jeunesse perdue de Dent d'ours

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Avoir 10 ans en 1930 en Silésie. Max, Werner et Hannah sont des camarades inséparables. Malgré les vociférations des nazis, ils profitent de leur jeunesse et de leur passion commune pour l'aviation. Gamin, ils fabriquent des maquettes de planeurs en rêvant un jour de monter dans un modèle plus grand. Adolescents, ils ont enfin la possibilité de concrétiser leur rêve. Mais l'école de pilotage est aux mains des caciques du parti d'Hitler. Si Werner et Hannah sont acceptés, Max est refoulé. Max est Juif. La belle amitié sera brisée par le fanatisme de quelques adultes. Les parents de Max, persécutés, se réfugient aux USA. Quelques années plus tard, Max est enfin devenu pilote. Sur un porte-avions US, il chasse les kamikazes japonais au-dessus du Pacifique. Mais il devra renouer avec son passé européen et se lancer dans une mission périlleuse où ses serments d'amitié seront mis à rude épreuve. Un récit de Yann, parfaitement ciselé pour Henriet, dessinateur d'exception. Il dessine les enfants comme seul MiTacq et sa patrouille des Castors a su le faire. Les avions et combats aériens donnent un côté très Buck Danny à un triptyque promis à un beau succès.
« Dent d'ours » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

dimanche 19 mai 2013

Chronique : iTunes fait péter les ventes


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Les 45 tours ont vécu. Exit la musique physique, place à la musique dématérialisée. Le Top 50 d'aujourd'hui est tout simplement représenté par les ventes sur iTunes, la plateforme d'Apple. On peut voir quasiment en direct l'évolution des goûts de la planète entière. Car les classements des ventes de singles sont proposés par pays. Depuis la semaine dernière, le duo (mystérieux et français) Daft Punk caracole en tête. Une remarquable neuvième place aux USA, la première en Angleterre, Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, Norvège... Mais en France alors ? Daft Punk, dès la sortie de Get Lucky, se place en tête des ventes. Mais depuis trois jours, les rois de la musique électronique se contentent de la seconde position. Un autre phénomène, typique d'une certaine « exception française », fait des ravages dans les oreilles. Numéro 1 des ventes, devant Daft Punk, Pink et toutes les stars américaines : « Et quand il pète il troue son slip » ! Une parodie interprétée par l'humoriste Cartman, entendue sur D8 en mars. Grimé en blond peroxydé, il devient Sébastien Patrick, caricature de l'ancien rugbyman du Sud-Ouest, devenu imitateur et animateur télé. La chanson, aux paroles aussi explicites que le titre, est bien partie pour devenir le tube de l'été, un futur classique des banquets bien arrosés. Et le plus dramatique, c'est que pour écrire cette chronique, j'ai dû l'écouter plusieurs fois. Total, j'ai l'air et la phrase en tête. Impossible de m'en défaire. Et quand il....

Et quand il pête il troue son slip - Sébastien... par entrevue

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

Livres : Entre les lignes avec Caryl Férey et René Frégni


Comment devenir écrivain ? Deux réponses, une romancée, l'autre tout à fait réelle avec ces livres de René Frégni et Caryl Férey.

Caryl Férey a mis des années avant de connaître la consécration littéraire. Son histoire est un vrai roman. René Frégni a lui aussi transformé la vie d'un écrivain en roman. Mais tout est inventé. Deux trajectoires où réel et imaginaire s'entrecroisent pour au final donner ce que le lecteur attend de tout créateur : du vrai avec du faux, du faux à base de vrai.

caryl férey, rené frégni, sous la ville rouge, écrivain, points, gallimard« Zulu », le film tiré du livre, sera projeté en clôture du festival de Cannes. Caryl Férey, l'écrivain, se verra certainement convié à monter les marches avec Forest Whitaker et Orlando Bloom, les acteurs principaux de cette coproduction franco-américaine. Une sacrée revanche pour le romancier longtemps abonné au RSA. Cela fera sans doute un chapitre supplémentaire à son récit malicieusement intitulé « Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale ». Une première partie où il raconte ses souvenirs d'enfance, dans cette province glauque, forcément glauque. Une seconde où il détaille, sans complaisance, son parcours du combattant pour devenir un auteur. Les débuts dans la structure créée avec un pote. Petit tirage, première notoriété.

Haka mort-né
Et l'envie d'aller plus loin. Il écrit « Haka », un polar sombre tiré de ses mois d'errance en Nouvelle-Zélande. Le manuscrit est remarqué par un directeur de collection au Seuil. Il passe toutes les barrières jusqu'au comité de lecture. Là, quelqu'un met son veto. Dure loi de la littérature française. Il faut l'unanimité pour passer sur les rotatives. Un seul « non » suffit pour tuer l'espoir. « Ma bombe avait fait long feu. Trois ans de tripaille jetée sur la table et d'espoirs les plus fous pour accoucher d'un pétard mouillé. La nouvelle était cruelle, inattendue. » Énervé, Caryl Férey relance d'autres maisons d'édition. « Haka » trouve une seconde chance chez Baleine. Mais la structure, malgré les milliers de « Poulpe » vendus partout, bat de l'aile. Définitivement maudit, ce polar sera finalement édité mais passera inaperçu.
Finalement les rêves les plus fous de Caryl Férey se sont réalisés. Il est édité chez Gallimard. Dans la prestigieuse Série Noire. Et « Zulu » lui permettra de vendre des milliers de livres. Depuis il est sur un petit nuage, mais ce récit, entre tendresse et amertume, replace ce parcours dans la seule perspective qui compte pour tout apprenti écrivain : la persévérance et le travail.

caryl férey, rené frégni, sous la ville rouge, écrivain, points, gallimardLa somme des refus
Charlie Hasard, le personnage principal de « Sous la ville rouge » de René Frégni rêve lui aussi de devenir écrivain. Passionné de boxe, vivant reclus dans son petit appartement marseillais, il espère le coup de fil de la maison d'édition parisienne. Mais il ne reçoit que des lettres types de refus... Charlie s'obstine, relance, réécrit. Il est au bord du suicide quand enfin il reçoit le coup de fil salvateur. Mais comme pour le « Haka », il faut passer le filtre du comité de lecture. Dans ce roman aussi un veto annihile tous les espoirs de Charlie. Mais contrairement à Caryl Férey, le personnage imaginaire n'a pas de seconde chance. Et il décide de dire sa façon de penser à ce tueur de talents. A sa façon, avec ses poings de boxeur. L'écriture de René Frégni, tranchante, aiguisée, dissèque les illusions de son héros. Jusqu'à la folie.
Michel LITOUT
« Comment devenir écrivain quand on vient de la grande plouquerie internationale », Caryl Férey, Points inédit, 10 €
« Sous la ville rouge », René Frégni, Gallimard, 11,90 €


samedi 18 mai 2013

BD : Dragons chinois par Taduc et Le Tendre

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Taduc fait partie de ces dessinateurs si doués qu'on ne peut qu'être séduit par ses nombreuses séries. Il a déjà fait ses preuves dans le western avec Chinaman, a étonné en troquant son trait académique pour du « gros nez » dans « Mon pépé est un fantôme » : il va devenir une référence de l'héroic-fantasy avec les aventures de « Griffe blanche ». Cette guerrière chinoise aux cheveux blancs va devoir protéger sa maîtresse des agissements d'envahisseurs. Au passage, elle sauvera Taho-le-Vif, jeune braconnier protecteur de l'œuf d'un dragon royal. Des dragons omniprésents dans cette première partie scénarisée par Serge Le Tendre.
« Griffe Blanche » (tome 1), Dargaud, 13,99 euros

vendredi 17 mai 2013

Chronique : Poker et mat


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Le groupe Partouche ferme son site de poker en ligne. Plus de doute, la crise économique est grave, la récession partout. Pourtant, il y a quatre ans, quand Nicolas Sarkozy légalise le marché des paris et jeux d'argent en ligne, tout le monde prédit des fortunes aux opérateurs retenus. L'engouement pour le poker bat son plein. Et puis patatras, les gains ne sont pas au rendez-vous. Pire, selon un communiqué repris dans un article du monde.fr, le groupe Partouche fait « le constat que l'activité n'a aucune pérennité à court et même à moyen terme. » Un discours radicalement opposé aux espoirs de 2010 : « Le groupe Partouche mise sur l'essor du poker en ligne pour poursuivre son redressement. »  A la télévision aussi les émissions de poker voient leur audience décliner à vue d'œil. Une mode, une simple mode. La poule aux œufs d'or est devenue stérile. Maintenant il va falloir trouver autre chose pour exciter les joueurs. Soit de moins compliqué. Genre la bataille, qui vient d'être autorisée dans les casinos. Pas la peine de se creuser la tête. Même un gamin de 5 ans peut y jouer et gagner. Soit de plus compliqué. Pourquoi pas des sites d'échecs ? Pour une fois, les plus intelligents auraient enfin une chance de briller. Mais ne rêvons pas. Les échecs ne sont pas un jeu de hasard. Et surtout, les joueurs d'échecs ont suffisamment de jugeote pour savoir que les jeux en ligne rapportent essentiellement aux sites, même après le forfait de Partouche.  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.     

BD : Président, enfin...

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Si Sarkozy était un excellent communicant, source inépuisable d'inspiration pour les humoriste, François Hollande est aussi très bon en la matière. Cette BD de Faro (dessin) sur un scénario de la journaliste Marie-Ève Malouines raconte les petits secrets de sa première année à l'Élysée. Un président Hollande qui se souvient des grands esprits du PS. Il est en permanence en train de dialoguer avec les fantômes de Mitterrand, peu aimable pour ce « mou », et Pierre Bérégovoy qui se reconnaît plus dans ce « modeste ». Entre extrapolation et vérité vraie, ces 56 pages se terminent par une galerie de portraits des hommes et femmes qui comptent dans l'entourage du président, d'Aquilino Morelle,sa plume, à l'inévitable Valérie Trierweiler...
« Moi, président », Jungle, 11,95 euros, sortie le 15 mai

jeudi 16 mai 2013

Chronique : Spoiler or not spoiler...


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L'invention par Jennie Lamere d'un programme sur Twitter a révélé au grand public l'existence du mot « spoiler ». Soit révéler la fin d'un film ou d'une série et annihiler de ce fait tout effet de surprise. Exemple le plus couramment utilisé, dire d'entrée que dans « Sixième Sens », c'est Bruce Willis qui est mort. Spoiler une série télé est devenu un jeu très prisé sur internet. Certains fans ont la délicatesse de prévenir d'un « Attention spoiler ! ».
D'autres prennent un malin plaisir à gâcher votre joie. Jennie Lamere, la jeune américaine qui a remporté un prix prestigieux grâce à ce programme, a déjà été victime de mauvais plaisantins. D'où son idée : un logiciel masque les messages porteurs d'un certain nombre de mots clés. Je n'ai toujours pas vu les deux dernières saisons de Lost, j'évite donc soigneusement tout article sur la série tant que je ne les aurai pas visionnées. Même si le principal spoiler de Lost est déjà connu de tous : il n'y a pas de fin ! 
Cette semaine, les fans de « How I Met Your Mother », notamment ceux qui regardent en replay, ont hurlé contre les producteurs de cette sitcom diffusée en France sur NT1. Sur la page Facebook officielle, le jour même de la diffusion, ils ont révélé qui est la mère des enfants de Ted, le narrateur de la série. Cela fait quand même 8 saisons et 184 épisodes que le mystère est soigneusement préservé. Et comme l'épisode ne sera diffusé en France que dans quatre ou cinq ans, ne comptez pas sur moi pour vendre la mèche. Quoi que... (si vous cliquez sur ce dernier lien, ça spoile à mort !)
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Expérience interdite dans "Phoenix" de Gaudin et Peynet

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Phœnix, série écrite par Gaudin et dessinée par Peynet a des airs de « Lost », la série télé. Dans ce troisième et dernier tome de 60 pages denses, ont en sait enfin plus sur cette expérience réalisée sur une île japonaise dans les années 80, base de l'armée américaine. Un groupe d'enfants a été touché par cette manipulation de l'espace et du temps. Ils ont tout oublié jusqu'à ces derniers jours où ils sont sujets à d'horribles hallucinations. Qui sont ces morts d'une autre dimension, comment se déplacent-ils dans l'espace, que leur veut le gouvernement américain ? Suspense et fantastique pour une série qui pourrait fort bien se prolonger dans un nouveau cycle.
« Phœnix » (tome 3), Soleil, 14,95 euros

mercredi 15 mai 2013

Chronique : Paris glissant...


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Dérapage à tous les étages. Lundi, la tour Eiffel devait servir de décor à une belle photo de remise de titre au PSG. Le Trocadéro s'est transformé en scène de guérilla urbaine. Un premier dérapage vite dépassé par la récupération politique des heurts entre supporters incontrôlables et policiers submergés. Comme si la bêtise était communicative, certains députés UMP twittent un peu trop vite. Jean-Sébastien Vialatte, député du Var, se distingue en publiant un message ouvertement raciste. « Les casseurs sont sûrement des descendants d’esclaves ils ont des excuses #Taubira va leur donner une compensation ! ». Repris par certains, dénoncé par beaucoup, ce tweet est effacé. Mais il permet de saisir le fond de la pensée d'un élu de la République. Beaucoup d'autres rebondissent avec un « Valls démission » plus classique et basique.
On retrouve aussi tout un lot de militants contre le Mariage pour tous faisant le parallèle entre la dure répression de la manifestation du 24 mars (souvenez-vous, Boutin gazée, Boutin outragée...) et la mansuétude des forces de l'ordre face aux casseurs. Ceux-là n'ont pas vu la vidéo de plusieurs interpellations dans un magasin de scooter, vitrine défoncée, partagée des centaines de fois sur Facebook et YouTube. Des policiers en civils y font une superbe démonstration de l'efficacité du tonfa. Dans les dents, les tibias ou les côtes, cela dissuade tout fuyard.

De toute cette affaire que retenir ? Qu'à mon avis, Pierre Desproges avait déjà tout compris en 1986 en disant : « A mort le foot ». 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Pizza aux pruneaux dans le second tome de "Mafia Tuno"

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Si par malheur vous avez une petite faim, évitez la pizzéria « Chez Luigi » sortie de l'imagination de Richez, le scénariste et Stédo, le dessinateur. Ce restaurant n'est qu'une couverture à la famille Tuno pour ses activités criminelles. Les deux frères sont beaucoup plus souvent en train de faire du ciment pour couler des cadavres que de la pâte pour ce succulent plat typique de l'Italie. Et si par inadvertance il vous arrive de devoir avaler un bout de pizza « made in Luigi », prévoyez l'antidote qui va avec. Quand elles ne sont pas garnies de pruneaux, elles débordent de cyanure...
Cette série de gags permet à Stédo de mieux faire apprécier son trait, un peu bridé dans son autre série, « Les Pompiers ». Il signe notamment quelques caricatures très réussies. Un pur produit de l'école belge. On le verrait bien reprendre Spirou juste le temps d'une histoire...
« Mafia Tuno » (tome 2), Bamboo, 10,60 €

mardi 14 mai 2013

Chronique : les mégabites sont de sortie au printemps

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Le printemps a-t-il des effets incontrôlables sur la libido ? Depuis quelques jours un nombre incroyable de phallus fleurit sur mon écran. Une amie m'envoie par mail la photo de sa pelouse. Son fils (20 ans quand même), avait pour mission de la tondre. Elle rentre du travail, elle constate qu'il n'est pas passé partout. Et tombe des nues, une fois sur son balcon, en constatant que les parties non tondues ont la forme stylisée mais très reconnaissable d'un phallus et de ses attributs. Effet garanti auprès des voisins...
Autre mail d'un collègue. Il sait que j'aime la BD. Il a découvert cette pépite : « Tintin (à poil) au Congo ». Les planches sont identiques à l'original, si ce n'est que le héros est nu en permanence. 62 pages de zizi à Tintin. Un peu indigeste. Mais on doit sans doute considérer cela comme de l'art.
De même ce happening d'artistes russes. La vidéo a fait le tour du net ces dernières années. Ils se filment en train de bloquer une route. La circulation stoppée, ils répandent sur la chaussée des bidons de peinture blanche. La police arrive, mais c'est trop tard. Il s'agit du pont levant de Saint-Pétersbourg et le dessin s'élève majestueux, face au siège de l'ancien KGB : une « méga bite » de 15 mètres, montant vers les cieux  dans une érection phénoménale. De sexe masculin enfin il en a beaucoup été question ce week-end sur Twitter. Il s'agissait d'associer le sien au titre d'un film. Les vantards ont répondu « Big » ou « Anaconda », les modestes « Microcosmos », les pudiques « Intouchables » alors que les solitaires se sont contenté des « Petits mouchoirs »...
PS : En bonus, la vidéo des exploits des artistes russe de Voina

Voina fucks the KGB with a Giant Cock from ebitessami on Vimeo.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : les chats mégalos sont eux aussi de "Sales bêtes"

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Bestiole, hamster transgénique modifié et passablement raté, tente de survivre dans la famille de dingues qui l'a adopté. Dans le monde décrit par Mazaurette (scénario) et Krassinsky (dessin), on ne recueille plus les animaux à la SPA. On les commande à la Fabrique, une société de vente par correspondance qui élabore l'animal de compagnie parfait. Bestiole est un ratage, mais Clarky, le chat de la famille, semble idéal. Rose, dodu, recouvert de petits cœurs, il est si « kawai »... Pourtant, sous cette apparence si douce et chaleureuse se cache le pire des comploteurs. Les chats, génétiquement modifiés et donc encore plus intelligents, élaborent un vaste complot pour prendre le pouvoir sur terre. Ils veulent lobotiser les humains et transformer la planète en un immense « charadis ». Bestiole va tenter de contrecarrer leurs projets. Pas pour l'amour des Humains (il est aussi teigne que les matous), mais juste pour ennuyer Clarky, le tyran du foyer. Une BD comique mais surtout diablement intelligente.
« Sale bête » (tome 2), Dupuis, 10,60 €

lundi 13 mai 2013

Chronique : Un point, c'est tout !


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Ils ont des chapeaux ronds, les Bretons. Ils ont aussi depuis vendredi un nom de domaine internet propre : « .bzh ». Le dossier déposé par la région Bretagne auprès de l'Icann (Internet Corporation for assigned names and numbers) a été accepté, de même que celui de la ville de Paris. Dans le genre revendication régionaliste, c'est une première en France. On va donc voir éclore d'ici quelques mois des sites fleurant bon la province. Franchement, si vous avez à départager chouchen.fr ou chouchen.bzh pour acheter en ligne la boisson alcoolisée locale, vous choisiriez quel site ? De même, si vous cherchez à rencontrer des Parisiens typiques (chacun ses goûts...), entre le site de rencontres bobo.fr et bobo.paris, il n'y a pas photo. Je prédis un succès planétaire au petit malin qui ouvrira une page alliant Pigalle ou Moulin Rouge à .paris. 
La Bretagne n'est cependant pas la première région française à obtenir son nom de domaine. Les Ultramarins ont pris les devants. La Réunion (.re) ou la Guadeloupe (.gp) sont déjà reconnues sur la toile. Il existe même  un .tf pour les terres australes françaises, particulièrement renommées pour leur activité débordante sur le net... Localement, le .cat est déjà largement utilisé par nos voisins catalans du Sud. Par contre le .oc doit sans aucun doute faire des envieux. Au-delà de la revendication linguistique, des labos pharmaceutiques sont sûrement intéressés, juste pour briguer « www.med.oc » Bon, je vais de ce pas déposer une demande à l'Icann, très pratique pour clore une chronique qui part en quenouille : « .final » !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi matin en dernière page de l'Indépéndant.

Livre : la mémoire imagée de Gilles Jacob

Gilles Jacob, dans cet exercice de style, déroule les grands et petits moments de sa vie peuplées de stars et de chefs-d'œuvre du 7e art.


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Le festival de Cannes débute dans deux jours. Les plus grandes stars, les meilleurs réalisateurs se donnent rendez-vous sur la Croisette pour une quinzaine entre émotion, scandale et révélation. Si Cannes a toujours été le mètre étalon dans la production cinématographique mondiale, elle le doit en grande partie à Gilles Jacob, son président. Il a su détecter des talents naissants tout en maintenant un certain classicisme. Ce fou de cinéma, longtemps critique redouté, livre dans « Les Pas perdus », un patchwork de souvenirs, brefs et incisifs.
cinéma, cannes, festival, gilles jacob, je me souviens, flammarionA la manière de Georges Perec, Gilles Jacob a collecté ses bribes de souvenirs en 496 entrées. Mais si l'écrivain s'est contenté de ses réminiscences d'enfance et d'adolescence, le président du festival de Cannes a balayé plus largement la quasi totalité de sa vie, soit 60 années de culture française. Cela permet de faire un pont entre les générations, de Michel Simon à Lars Von Trier en passant par Deneuve ou Belmondo. Il y a une forte coloration cinéma dans ce livre, mais Gilles Jacob y dévoile aussi son enfance et ces petits riens qui ont marqué les décennies. Dans la première catégorie, l'anecdote de la surprise partie où, en compagnie de Claude Chabrol, il a récolté une cicatrice sur le crâne. « Déguisés en cambrioleurs, nous sommes passés par l'escalier de service, la corniche et la fenêtre du salon entrebâillée, le visage dissimulé derrière un loup noir sous une caquette d'Apache. (…) Un énorme gaillard m'abattit une bouteille de bière sur la tête. » Si Perec s'est souvenu de Pipette, le joueur de rugby à XIII, Gilles Jacob lui préfère « Pierre Albaladejo qu'on appelait M. Drop parce qu'il bottait des deux pieds et qu'il marquait. »

Trou de mémoire
Sorte d'exercice pratique contre l'oubli, ce texte se picore avec délice. Parfois cela s'enchaîne selon une logique numéraire, des « trois grand fleuves russes » au « lundi en huit ». Et puis il y a les passage un peu plus longs comme l'histoire « d'un homme qui vers cinquante ans s'est aperçu que l'endroit au monde où il se sentait le mieux était son lit. Couché, le corps bien calé sous ses oreillers, au chaud sous ses couvertures. (…) Il avait fini par ne plus mettre le pied par terre, sauf pour sa toilette. »
L'auteur se permet même des incursions dans le futur, racontant une cérémonie du festival dans quelques dizaines d'années, sur les hauteurs, la Méditerranée ayant englouti le Palais des Festival. Interrogation aussi sur la mémoire, sa mémoire. Il se souvient de cette fin de soirée ou il n'a plus retrouvé sa voiture. Une absence, un trou. Inquiétant ? Non, car le fait même de s'en souvenir est paradoxalement un bon signe.
Et pour terminer sur une note optimiste, à la 176e entrée, Gilles Jacob se souvient « du fin mot de l'histoire. »
Michel Litout
« Les pas perdus » de Gilles Jacob, Flammarion, 15 € (Photo Philippe Matsas, Flammarion) 

dimanche 12 mai 2013

Chronique : Thèse participative


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L'argent coule à flot sur internet. Les porteurs de projet l'ont compris et le crowdfunding, système de financement par dons sur internet, est mis à toutes les sauces. Il permet de lancer des artistes de variété, de publier des livres et même de payer ses études. Il suffit d'être persuasif et convaincant comme l'a été Olga Turcan. Cette Moldave, doctorante à Strasbourg, n'en peut plus de concilier petits boulots et préparation de sa thèse. Elle estime donc à 4 000 euros la somme nécessaire pour les huit mois qui la séparent du point d'orgue de ses études. Un appel aux dons est lancé le 31 mars. Trente jours plus tard, elle se retrouve avec un pactole de 5200 euros pour financer ses recherches sur « le français et la francophonie en Moldavie ».
Cette belle histoire va certainement donner des idées à quelques farfelus ou profiteurs : « Si des anonymes sont prêts à donner entre 5 et 100 euros à une Moldave inconnue, pourquoi pas moi ? » Mais attention, entre le tout et le n'importe quoi il faut frapper très fort. Par exemple, le concept de clown-pin-up pour adulte a déjà récolté 1035 euros net. Quant au bonsaï solaire pour recharger votre iPhone, il est carrément en production.  Côté art contemporain vous pouvez aussi aider au projet carcassonnais du collectif Wouaf-Wouaf. « Pitié pour la Pythie » est un « FD en 5D » (fait divers en cinq dimensions) présenté cet été durant le festival à l'espace Zand'art. Il leur manque un petit millier d'euros. A vot' bon cœur M'sieurs dames !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 11 mai 2013

BD : Libère le tigre qui est en toi avec "Klaw"

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Un gringalet régulièrement tabassé par les fortes têtes de son collège : la vie d'Ange Tomassini n'est pas de tout repos. Dans ce futur proche, les relations entre adolescents n'ont que peu évolué par rapport à nos jours. Mais Ange n'est pas aussi faible qu'il en a l'air. Il se persuade, avant de tomber dans les pommes sous les coups, qu'il se transforme en tigre et fait fuir tous ses adversaires. Et si c'était vrai ? Ozanam signe un scénario intelligent et subtil sur l'adolescence, les rapports avec les adultes, le tout saupoudré d'un peu de fantastique. Moins crédible le fait qu'Ange soit le fils d'un ponte de la mafia. Mais c'est nécessaire pour expliquer la fugue du gamin, en compagnie de son garde du corps. Une série dessinée par Joël Jurion, au trait dynamique, aux influences japonaise et américaines dans le découpage. Cela se lit vite, avec plaisir. Et cerise sur le gâteau, le second tome sort à la fin du mois de mai et l'ultime chapitre de ce triptyque sera en vente en librairie en juin. Vite fait, bien fait !
« Klaw » (tome 1), Le Lombard, 12 €

vendredi 10 mai 2013

Chronique : Ariel Castro à visage découvert, ange ou démon ?

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Comment savoir ? Comment se douter ?
Ariel Castro, principal suspect dans l'affaire des séquestrées de Cleveland, avait une vie en apparence tout à fait normale. Si ses voisins tombent des nues, que dire de ses amis Facebook. Car Ariel Castro s'y est inscrit en février dernier.
Hier sa page était toujours publique. Sa photo est beaucoup moins effrayante que celle diffusée par la police. Petite barbe bien taillée, casquette et sourire, il a 38 amis. Il partage certains statuts comme cette photo, un enfant gratte une immense guitare. Il présente la basse sur laquelle il joue dans des groupes latino-américains. Son dernier message date du 2 mai. « Miracles really do happen, God is good :) » Quatre jours plus tard, le véritable miracle tenait à la libération des trois jeunes femmes captives depuis dix ans dans sa maison.
On ne voit pas l'intérieur de cette maison de l'horreur. Mais il en parle le 1er mai. Il explique avoir entendu un « grondement agréable » dans la rue et être sorti admirer une Harley. Sortir dans la rue, Amanda, Gina et Michelle devaient en rêver nuit et jour durant leur long cauchemar. La trace laissée par Ariel Castro sur Facebook est encore plus troublante quand on découvre qu'il est « ami » avec un musicien portant le même nom qu'une des séquestrées. Sur le mur de celui-ci, des centaines de commentaires. Certains croient qu'il est de la famille de Gina (faux) et d'autres l'interrogent : comment a-t-il pu être ami avec ce « sick freaks », ce monstre malade.
Comment savoir ? Comment se douter ? 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : La belle et le sauvage d'Ignacio Noé

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Ignacio Noé, dessinateur argentin, s'est fait un nom dans la BD en signant des histoires érotiques très remarquées. Il est vrai qu'il dessine le corps des femmes comme personne. Expert en courbes suggestives et petit minois affriolant, il n'abandonne pas complètement la partie dans cette nouvelle série intitulée « Douce, tiède et parfumée ». Ally est cette jeune bourgeoise anglaise du XIXe siècle sur le point d'être mariée à un benêt... mais riche et noble. Quelques jours avant ses noces son père est assassiné. Ally découvre alors qu'elle n'est que le fruit d'une expérience sur l'éducation des jeunes filles. Elle va partir à la recherche de sa jumelle et de sa mère, un médium.
Ses nuits, agitées de cauchemars sanglants peuplés de sauvages, vont la conduire dans les bras de Juan, un métis vivant dans le zoo de Londres. La suite devrait être encore plus exotique et sensuelle, les deux tourtereaux prenant la direction de la Terre de Feu.

« Douce, tiède et parfumée » (tome 1), Glénat, 13,90 €

jeudi 9 mai 2013

Chronique : 1D en 3D le 28/08

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Hier à midi, des milliers d'adolescents souhaitaient être déjà fin août. Non,  le pays ne connaît pas un regain pour l'école. Plus prosaïquement, la date du 28 août, si lointaine et si proche, correspond au jour de sortie en salles du film « This is us, 1D3D movie ». Un documentaire en relief sur la vie en tournée du boys band anglo-irlandais One Direction, 1D pour les initiés. Hier, les dates de sorties partout dans le monde ont été officialisées. Une véritable déferlante sur les réseaux sociaux de l'Hexagone car, on ne sait si c'est par favoritisme ou par représailles, la France (et la Belgique, restons modestes) aura la primeur de ce film. Un jour avant les Anglais et les Américains, cocorico !
Sur Twitter, les fans (ils et elles sont des milliers) ne cachent pas leur enthousiasme. « On est toutes trop fières d'avoir This Is Us avant les Anglaises At américaines » jubile Jade, « On va toutes chialer devant This Is Us ! » redoute Cycie et Lou donne un conseil : « Prendre 458456 paquets de mouchoirs ».
Les « Directioners » (c'est le nom que les fans se donnent entre eux) piaffent d'impatience. Que les autres, imperméables à la musique industrielle et à la plastique juvénile, ne  dédaignent à l'avance le long métrage. Tout simplement car il est réalisé par Morgan Spurlock. Ce documentaliste américain s'est fait connaître avec « Supersize me », le film choc sur MacDo. Ne mangeant plus que dans les fast food, il a filmé sa descente aux enfers. Son regard objectif sur l'engouement pour les 1D, phénomène de société, ne plaira pas forcément aux fans, mais ne manquera pas d'intérêt pour les générations futures.   

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.