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dimanche 1 septembre 2024

BD - Le camion fantôme des "Ames noires"


La Chine reste le premier pays pollueur au monde. Essentiellement en raison de son usage intensif du charbon. Mais comment faire autrement pour des millions de gens qui sans le précieux minerai mourrait de froid en hiver ? Le charbon qui est au centre du roman graphique Les âmes noires. Yuan fait partie des presque privilégiés. Il possède un camion. De quoi permettre à sa famille (une femme et une petite fille) de vivre dignement.

Chaque jour, il se rend dans une mine (légale ou illégale, il n'est pas regardant), charge du charbon et l'amène à quelques kilomètres où il est déchargé et racheté par des commerçants. Toute une économie, où chacun prélève un salaire.


La vie de Yuan bascule quand son intermédiaire habituel lui propose un nouvel acheteur. Qui n'existe pas. C'est un guet-apens. Le camion est volé, Yuan laissé pour mort. Ce polar dans une Chine sombre, minéral, sans la moindre verdure ni espoir, est signé Ducoudray, scénariste amateur des mondes sombres où la misère tue autant que les maladies ou le capitalisme.

Si Yuan veut tant retrouver son camion, c'est avant tout pour pouvoir revenir chez lui et continuer d'assurer un semblant d'avenir à sa petite fille.

Fred Druart, au dessin, signe des planches d'une réelle beauté malgré les paysages lunaires et désertiques, la noirceur de l'ensemble et le pessimisme, seul sentiment qui réussit à émerger de sous la couche noire et charbonneuse qui recouvre ces vies tristes et fatalistes.
« Les âmes noires », Dupuis, 128 pages, 21,95 €
 

lundi 4 mars 2024

Un livre jeunesse : Le prince tigre

Chen Jiang Hong est un illustrateur d’origine chinoise installé depuis des années en France. Il est à la tête d’une importante œuvre où il raconte les légendes de son pays mais en imagine aussi de nouvelles.

C’est le cas de l’album Le prince tigre, récemment réédité. Les hommes ont tué les petits d’une tigresse. Désespérée, elle se venge tous les soirs en attaquant des villages. Pour arrêter le carnage, le roi doit lui donner son seul enfant, un fils, le prince.

Le petit homme va prendre la place des petits animaux, calmer la mère en souffrance et apprendre les secrets de la forêt. Un conte humaniste à lire aux enfants dès 6 ans.

« Le prince tigre », L’École des loisirs, 44 pages, 7 €

mercredi 28 février 2024

Cinéma - “Black tea”, histoires de mélanges et de saveurs

Dans un quartier de Canton, Chinois et Africains cohabitent tout en découvrant les traditions des deux communautés. 


Aussi subtil qu’un thé chinois savamment infusé, Black Tea d’Abderrahmane Sissako est le film dépaysant par excellence. On y découvre les vies et traditions de deux communautés très éloignées de nos habitudes occidentales. D’un côté la vie des Chinois à Canton, de l’autre des immigrés africains dans cet environnement asiatique où le racisme est parfois omniprésent. 

Un film puzzle, où les pièces, souvent très dissemblables, s’emboîtent malgré tout dans un grand ensemble qui forme l’Humanité. Il y est question d’amour, de famille, de tolérance et aussi de condition féminine. Le film commence d’ailleurs par un coup d’éclat. En Côte d’Ivoire, Aya (Nina Melo) est prête pour le grand jour. Revêtue d’une superbe robe blanche, elle va se marier avec Toussaint. Sauf qu’au dernier moment elle quitte la cérémonie, fuit. On la retrouve à Canton. Célibataire, parlant le chinois, employée dans un petit magasin de thé dans le quartier dit de Chocolate City, mélange gai et vibrionnant de Chinois et d’Africains. 

Le thé, trésor culturel

Son patron, Cai (Han Chang), lui enseigne toutes les finesses de la dégustation du thé. Un véritable art, avec rituel et tradition à respecter. Aya est sous le charme. Mais on ne sait pas si c’est des richesses de ces feuilles séchées aux goûts si nuancés en fonction des saisons ou des conditionnements ou de Cai, pédagogue idéal. 

Les amateurs de thé découvriront quelques pratiques qui leur donneront envie d’aller encore plus loin dans leurs dégustations. Les autres se laisseront tenter par des goûts et des techniques plus authentiques que le sachet à infuser. Le thé et ses multiples variations, comme une métaphore sur les vies des habitants du quartier. Chacun à un parcours singulier. Cai a longtemps travaillé au Cap Vert. Il y a laissé des traces qu’il va tenter de retrouver. Aya, épouse récalcitrante, a découvert sa véritable voie en Chine. 

Mais cette chronique, douce et tolérante, n’est pas hors sol. Quand arrivent dans l’équation les ex-beaux-parents de Cai, on prend conscience qu’en Chine, le racisme envers les Africains est encore plus odieux qu’en France. Black Tea est dans ce sens un témoignage précieux, réalisé par un Mauritanien qui ne se contente plus de dénoncer le colonialisme ou l’islamisme. Un film très humain aux saveurs douces-amères, comme ces thés chinois.

Film de Abderrahmane Sissako avec Nina Melo, Han Chang, Wu Ke-Xi

dimanche 26 février 2023

BD - Georges & Tchang, idylle sur fond de Lotus Bleu


Cette année 2023 marque les 40 ans de la disparition d’Hergé. Le créateur de Tintin, en plus d’une œuvre immortelle qui a conquis des millions de lecteurs partout dans le monde, a eu une existence exceptionnelle. Du petit dessinateur scout au maître incontesté de la Ligne claire et de l’édition illustrée en Europe, il y a un parcours atypique où vie privée, imagination et création de personnages emblématiques se mêlent dans une légende décortiquée par nombre d’exégètes. Ces 40 ans sont l’occasion parfaite pour rééditer le roman graphique de Laurent Colonnier paru en 2012, Georges & Tchang, une histoire d’amour au Vingtième siècle.

En 1934, après des aventures très caricaturales de Tintin en URSS, aux USA ou au Congo, Hergé décide de mettre plus de réalisme dans les histoires du jeune reporter publiées chaque semaine dans le supplément jeunesse du quotidien catholique (et très à droite), Le Vingtième siècle. Il met le cap vers la Chine, vaste contrée aux prises avec l’envahisseur japonais.

Pour raconter cette guerre lointaine, il va recevoir l’aide d’un étudiant chinois : Tchang.

Cet artiste, expert en calligraphie, au pinceau léger et inspiré, va devenir l’ami d’Hergé, l’aidant sur le Lotus bleu, permettant aux aventures de Tintin de franchir un cap essentiel. Laurent Colonnier relate cette collaboration, cette rencontre d’artistes, mais laisse aussi entendre que le Georges Rémi belge de 27 ans, marié mais malheureux avec son épouse, n’est pas insensible à la beauté exotique du jeune Chinois.

Si à l’époque cette supposée relation homosexuelle semblait peu probable, quelques années plus tard, elle est remise sur le devant de la scène et finalement pas si incongrue. Un superbe album, en noir et blanc, hommage à la Ligne claire mais avec beaucoup de gris au crayon de papier. Un album ressorti avec une préface de Bruno Podalydès et une postface de Numa Sadoul.

« Georges & Tchang, une histoire d’amour au Vingtième siècle », Glénat, 17 €

lundi 13 février 2023

De choses et d’autres - Ronds et intrigants

Alors que Poutine menace d’utiliser des missiles hypersoniques de croisière Zircon, tellement rapides qu’aucune défense aérienne n’aurait le temps de réagir, les Chinois semblent avoir un temps de retard puisque leurs « attaques » se font par ballon. À la différence que les missiles russes, on attend toujours de les voir à l’œuvre (personne ne s’en plaint, il faut le reconnaître) alors que les ballons chinois ont bel et bien été repérés au-dessus des USA et abattus après quelques jours d’hésitation.

Ces événements préfigurent-ils de la guerre du futur ? A priori, le psychodrame des ballons suspects a tendance à se dégonfler comme une baudruche. L’engin était énorme, mais pas armé. Juste de grandes oreilles, lancées très haut dans le ciel pour tenter d’écouter les Américains. La guerre du futur a fait « flop » avant même de commencer.

Utiliser des ballons pour tenter de savoir ce que font les ennemis est une technique tout sauf novatrice. Ce sont les Français qui ont inauguré le principe. A la bataille de Fleurus, en 1794, un ballon a survolé le théâtre des opérations, permettant de savoir comment l’ennemi avait placé ses troupes.

Des ballons utilisés régulièrement durant la guerre de Sécession aux USA. Des montgolfières ont également renseigné les artilleurs durant la guerre 14/18 pour ajuster les tirs des canons.

Les ballons chinois actuels sont un peu plus sophistiqués mais finalement peu dangereux.

Enfin, l’autre gros inconvénient des ballons, c’est qu’ils sont facilement repérables. Ronds et intrigants, si ce ne sont pas les radars qui les détectent, les curieux maladifs, la tête en l’air en espérant voir passer un ovni, se chargeront de les dénoncer aux autorités.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 15 février 2023

mardi 7 février 2023

De choses et d’autres - Ingéniosité chinoise

La Chine a longtemps traité la pandémie du Covid 19 d’une manière radicalement différente de la grande majorité des autres pays frappés par le virus. Au moindre signe de contamination, un confinement strict était décidé. Par ville ou quartier. Et les déplacements quasi impossibles.

Mais la grosse force du « zéro covid » était la politique de test intensive. Au point que, depuis une année, des milliers de petits abris de quelques mètres carrés avaient été construits dans toutes les villes de l’immense pays. Cela permettait aux Chinois de se faire tester rapidement et sans devoir aller trop loin. Mais quand le gouvernement a décidé de mettre fin, du jour au lendemain, à cette politique très restrictive, ces centres de tests sont devenus inutiles.

En plus de mettre des milliers de « testeurs » au chômage, les petites cabines sont restées, inoccupées, sur le domaine public. Vides mais pas longtemps. Elles ont rapidement été reconverties en mini-échoppes, petites bibliothèques de quartier ou en comptoirs de streetfood.

Autre problème, des dizaines de constructeurs se sont retrouvés avec un stock de cahutes sur les bras. Ne sachant pas quoi en faire, certains les ont tout simplement mises en vente, sur le net, sur un site qui fonctionne comme LeBonCoin.

On peut donc acquérir, à un prix de départ d’une centaine de yuans (environ 14 euros), ces petites constructions amovibles où l’on ne peut pas tenir à plus de trois, mais qui bénéficient de larges baies vitrées, avec deux trous pour y fixer les gants utilisés par le laborantin lors des tests.

Si le transport ne coûtait pas si cher, j’en achèterais bien une. Elle serait parfaite reconvertie en serre d’appoint dans la cour.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 21 février 2023

mercredi 15 juillet 2020

Polar - Triste jeunesse chinoise

 



La Chine fascine. La Chine fait peur. La Chine, et plus spécialement la jeunesse de Péjkin est au centre de Beijing Blues, roman policier de Charlotte Cahné. Elle a passé deux années là-bas, au contact des hommes et femmes que l’on retrouve dans cette œuvre de fiction, pour mieux raconter le quotidien de son héros, Hadrien.

Lui ne sait rien de cette ville tentaculaire. Junkie, par ailleurs artiste peintre et détective privé à ses heures perdues, il vient passer deux mois dans un atelier pour tenter de se remettre à la peinture. C’est Eva, une ancienne amie qui lui a trouvé ce bon plan. Mais le lendemain de son arrivée, Eva est arrêtée, suspectée de complicité de meurtre. Hadrien, aidé par une journaliste française, va tout faire pour l’innocenter. Au prix d’une descente dans les enfers de la jeunesse pékinoise, là où il est si difficile d’être authentique.

Un polar au héros dérangeant et d’une efficacité redoutable.

« Beijing Blues », Le Masque, 9,10 € 

dimanche 23 septembre 2018

Thriller - Fantastiques meurtres chinois dans "La rivière de l'oubli" de Cai Jun


Enquête policière, photographie de la Chine contemporaine mais aussi et surtout histoire fantastique à la Stephen King, « La rivière de l’oubli » de Cai Jun a tout pour passionner les lecteurs du monde entier. Une fois passée la barrière des noms chinois, le lecteur plonge dans cette histoire de réincarnation et de vengeance.

En 1995, une étudiante est dé- couverte morte sur le toit d’une école. Son professeur, Shen Ming, avec qui la rumeur lui prête une amourette, est le principal suspect. Shen Ming, placé en garde à vue, est finalement relâché. A sa sortie, il découvre qu’il est l’objet d’un complot et décide d’en tuer l’instigateur. Un premier meurtre suivi d’un autre. Celui de Shen Ming. Mais par qui ? Mystère.

Le début de l’histoire, qui se lit presque comme une grosse nouvelle, n’est que la partie immergée de l’iceberg, le roman faisant près de 500 pages. La suite se déroule 10 ans plus tard. L’ancienne fiancée de Shen Ming, devenues une riche entrepreneuse croise le chemin de Si Wang, un gamin surdoué. Elle entreprend de l’adopter sans savoir qu’il a des pouvoirs surnaturels. Et s’il était la réincarnation de Shen Ming revenu d’entre les morts pour se venger ?

L’intrigue imaginée par Cai Jun, alterne considérations bassement matérielles et réflexions métaphysiques. La culture chinoise n’a pas les mêmes frontières entre la vie et la mort. Cela donne une étonnante gravité à ce qui reste un thriller magistral.

➤ « La rivière de l’oubli », Cai Jun, XO Éditions, 21,90 €

dimanche 12 février 2017

BD : Drogue et colonisation

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La grandeur de la France, c’est du passé. Mais il y a encore moins de deux siècles, notre pays était gouverné par un empereur qui n’hésitait pas à s’allier avec le royaume d’Angleterre pour se partager les restes du monde. 1859. Napoléon III lance une expédition militaire vers la Chine. L’envie d’en découdre est forte. Les Chinois, malgré un traité, tuent les missionnaires européens. Une bonne occasion pour lancer l’offensive. François Montagne, jeune soldat français un peu trop idéaliste, se retrouve au cœur de cette guerre qui a l’opium comme véritable moteur. De la grande aventure écrite par Alcante et Bollée, dessinée par Xavier Besse à la technique encore perfectible mais excellent dans les grandes mises en scène spectaculaires.
➤ « Lao Wai », Glénat, 13,90 € 

mercredi 2 mars 2016

DVD : 'Dragon Blade', entre empires Chinois et Romains

dragon blade, brody, chan, chine, studiocanal Super production américano-chinoise, "Dragon Blade" ne lésine pas sur les moyens pour en mettre plein la vue aux spectateurs. Des milliers de figurants, des décors gigantesques, une distribution avec des têtes d'affiche internationales : ce film historique prouve une nouvelle fois que la Chine a définitivement abandonné son repli sur soi et que le pays est prêt à conquérir le monde. Avec un bémol, les scènes de combats dont les locaux sont si friands, sont un peu longuettes pour le public occidental. De même, les raccourcis scénaristiques et le jeu appuyé des acteurs donnent une impression étrange.
John Cusack, en général romain est assez crédible. Adrien Brody, méchant de service, en fait des tonnes. Il parvient à allier regard qui tue et bouclettes au vent. Il est toujours parfait même quand s'agit de surjouer : n'oublions pas qu'il a remporté un Oscar. Et bien avant Leonardo DiCaprio...

Reste la vedette ultime, celle qui fait le lien entre les deux mondes. Jackie Chan multiplie les tournages. A Hollywood et en Chine. Cette histoire est taillée pour lui. Il interprète un général chinois qui n'a qu'un mot à la boucher : paix. Avec ses hommes, il fait la police le long de la route de la soie. Il sépare tribus nomades, troupes chinoises et hordes Huns, dénouant les tensions grâce à son sabre, son bouclier et surtout son éloquence. Tombé dans un piège (sa philosophie pacifique ne lui occasionne pas que des amis), il est condamné aux travaux forcés. Il doit reconstruire une cité fortifiée. Cité attaquée par les légionnaires romains de Lucius (John Cusack). Cela donnera un premier combat sans effusion de sang. Les deux soldats vont se mesurer, se comprendre, s'apprécier, s'entraider.
Le discours sous-jacent est expliqué à plusieurs reprises : "transforme tes ennemis en amis". Généralement cela marche, sauf quand on, tombe sur un super-méchant comme Tiberius (Adrien Brody). Cette fois, le combat sera sans issue.
Dans le DVD comme le blu-ray, un making-of de 20 minutes raconte les conditions dantesques du tournage (plus de 120 jours dans le désert), les longues préparations pour fabriquer armures et accessoires et comment est venue l'idée à Daniel Lee de raconter cette histoire de la rencontre entre l'aigle romain et le dragon chinois, en 45 avant Jésus-Christ.
"Dragon Blade", Studiocanal, 14,99 euros.


mercredi 10 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Singeries


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Le singe est une créature rusée et insaisissable. Pas de chance pour les humains, l'année 2016 selon le calendrier chinois est placée sous les auspices de cet animal pour le moins imprévisible. Pourtant c'est mignon un singe. Certains sont même certainement plus intelligents que les représentants humanoïdes de certains groupes comme les supporters de foot ou les fans de téléréalité tendance "Anges".
Le singe chinois de 2016, parmi les nombreuses joyeusetés dont il pourrait être responsable, va faire monter d'un cran la tension internationale et la crise économique. La faute au feu, élément associé à cette année. Or, selon les maîtres du feng shui, cette conjonction, heureusement très rare, provoque disputes et maladies. Par extrapolation, cela nous mène aux armes et aux missiles. Justement, la Corée du Nord a tiré une fusée le week-end dernier. Fusée qui ressemble plus à un missile balistique qu'à un vaisseau spatial.
Mais comme toujours dans l'art de la divination et des prévisions astrologiques, on y trouve un volet positif. Le singe favorise aussi les technologies. Conclusion : des découvertes et innovations majeures sont au programme des 12 prochains mois.
Surtout, le singe est bienveillant avec les femmes. 2016 sera une année exceptionnelle pour elles. Tout leur réussira et elles prendront systématiquement le dessus face aux hommes. Hillary Clinton y croit. À moins que Donald Trump, prêt à tout pour accéder au Graal suprême, se fasse opérer pour changer de sexe. Il a déjà la coiffure qui va avec.

mercredi 28 octobre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Étonnants Chinois

 Les plus anciens se souviennent certainement du livre événement 'Quand la Chine s'éveillera' d'Alain Peyrefitte. On était prévenus, mais on n'a rien vu venir. Non seulement la Chine s'est éveillée, mais nous nous sommes endormis sur nos lauriers. Fanés, les lauriers. Aux sceptiques, la preuve avec deux exemples pourtant diamétralement opposés. Selon le dernier classement Forbes, le Chinois le plus riche du pays a vu sa fortune plus que doubler en un an. Wang Jianlin, spécialisé dans l'immobilier et le divertissement, est passé de 13,2 à 30 milliards de dollars. Le capitalisme semble avoir trouvé son eldorado. Ses meilleurs publicitaires aussi, Jianlin se contentant de ce commentaire très sobre pour saluer sa première place : "C'est bon d'avoir de l'argent". Qui en doute encore ? Autre Chinois mondialement connu : Ai Weiwei. L'artiste plasticien le plus novateur de ces dernières années rencontre de nouveaux problèmes. Pas avec la censure, mais avec un géant de l'industrie du... jouet. En prévision d'une nouvelle œuvre géante, Weiwei commande de nombreux Lego directement à la maison mère. Refus de cette dernière au motif que Lego "ne peut approuver l'utilisation de ses briques pour des œuvres politiques". Loin d'abandonner, Weiwei vient de lancer un appel sur les réseaux sociaux pour organiser des collectes dans différentes villes afin d'avoir suffisamment de 'matière'. Entre ses capitalistes triomphants et la création bouillonnante de ses artistes, Peyrefitte avait raison : la Chine s'est éveillée.

dimanche 3 mai 2015

BD - Une rônin en Chine


Les rapports entre Japon de Chine ont toujours été conflictuels. « Senseï », nouvelle série historique de Jean-François Di Giorgio (scénario) et dessinée par Vax, écrit une nouvelle page de cette longue et interminable guerre froide. Alors que la vaste Chine est composée d'une multitude de provinces plus ou moins indépendantes, une rônin se trouve mêlée à une histoire d'amour impossible. Kang Jie, jeune noble obligé de quitter son palais, file la parfaite romance avec la belle Nuo. Mais il n'ose pas demander sa main au père très exigeant. 
Une nuit, alors qu'ils batifolent dans la campagne, ils sont témoins de l'assassinat d'un enquêteur chargé d'élucider une série de meurtres de jeunes femmes. Pourchassés par les tueurs, ils sont sauvés par l'intervention de Yukio, une rônin japonaise en terre chinoise. Dès lors, leurs trois destins sont liés. Une BD dépaysante, avec une intrigue assez classique mais des personnages forts. Notamment l'énigmatique et invincible Yukio au charme fou quoique très dangereux...

« Senseï » (tome 1), Soleil, 14,50 €

jeudi 26 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - La chèvre chinoise

Si les agapes de fin d'année sont totalement oubliées en Occident, en Chine elles n'en sont qu'à leur début. Le calendrier chinois est entré dans une nouvelle année la semaine dernière. Après rat, singe et autre buffle, c'est au tour de la chèvre d'être à l'honneur en 2015. Les Chinois accordent une grande importance à l'horoscope. La chèvre, de façon très générale, possède un tempérament d'artiste, est douée en création et aime vivre entourée des siens, dans le calme.

Des points certes positifs mais si l'on creuse un peu, le reste du profil est peu glorieux, du moins selon le descriptif trouvé sur un site internet : « La chèvre est d'une mauvaise foi déconcertante. Elle n'a aucun sens des responsabilités, aucune initiative et aucune volonté. La chèvre n'est jamais contente de son sort. Elle exaspère son entourage par ses caprices. » Il est précisé un peu plus loin : « Si vous avez une maison de campagne confortable et fréquentée par des artistes, évitez de laisser une chèvre s'y installer. Vous risqueriez de ne pouvoir l'en déloger ». Fariboles ? Pourtant, le cas François-Marie Banier chez Liliane Bettencourt semble très ressemblant. Problème : le photographe et écrivain est né en 1947, sous le signe du... cochon.

Reste une solution pour rattraper cette sauce un peu aigre. Dans la langue chinoise, le mot "Yang" représente à la fois la chèvre et le mouton. Un subtil mélange du caractère doux et obéissant du mouton, et de la fougue d'une chèvre capricieuse, devrait aboutir à un compromis acceptable.


jeudi 11 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : le nouveau numéro 1

Nous entrons véritablement dans le XXIe siècle. Du moins il prend nouvelle tournure après la publication des chiffres du Fonds monétaire international en octobre. Pour la première fois, la Chine arrive en tête de classement des puissances économiques et détrône ainsi les USA. L'empire du Milieu représente 16,5 % de l'économie mondiale en terme de pouvoir d'achat réel, devant les 16,3 % des Etats-Unis. Depuis près de 150 ans, l'Amérique régnait en maître après avoir ravi le leadership à la Grande-Bretagne. Un mouvement inéluctable et qui n'est pas prêt de s'inverser. La Chine investit tous azimuts. En Afrique, délaissée par les anciennes puissances coloniales, mais aussi dans cette Europe encore riche. Le cas de l'aéroport de Toulouse Blagnac en incarne l'exemple parfait. Surtout, la Chine assume sans faux-semblant sa place de leader mondial. Lorsque, dans les années 60, URSS et USA se menaient sur terre une guerre (froide) sans merci, ils rivalisaient de même dans l'espace. Aujourd'hui, le seul "grand" ambitieux dans ce domaine est bien la Chine. Dont le gouvernement annonce le lancement de recherches destinées à mettre au point (dans quelques décennies) un lanceur lourd capable d'emmener 150 tonnes hors de l'atmosphère. A comparer avec les 10 tonnes de la future Ariane 6... Les Américains ne restent pas encore sur la touche. Ils espèrent tester d'ici 2018 un lanceur capable d'emmener 130 tonnes dans l'hypothèse d'un voyage vers Mars. Mais compte tenu du dynamisme chinois, il se pourrait fort que la planète rouge des petits hommes verts soit conquise en premier par les puissants hommes jaunes.

samedi 13 septembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Pas de pot, plus de pot

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Ce matin, à 10 heures, débute ce qui adviendra très certainement du sport automobile. Dans les rues de Pékin, 20 voitures de course vont s'élancer pour une heure de grand Prix. Leur particularité ? Elles sont électriques. La Formule 1 pétaradante et polluante n'a plus qu'à numéroter ses abattis, la Formule E débarque. Bien sûr, au début, les amateurs de vitesse devront consentir un gros effort. Cette saison ils se plaignent du faible bruit émis par les Formule 1. La Formule E, au maximum de sa vitesse (230 km/h quand même), ne produit que 80 petits décibels. Plus besoin de bouchons d'oreille pour apprécier les bolides. D'ailleurs, ne cherchez pas les pots d'échappements et l'odeur d'essence, il n'y en a plus. Les voitures passeront quand même par les stands durant l'épreuve d'une heure. Pas pour changer de pneus. Ecologie oblige, Michelin, fournisseur exclusif, a mis au point des gommes qui résistent toute une course et adhèrent sur terrain sur tantôt sec tantôt mouillé. L'arrêt au stand servira à changer de véhicule. Il a bien été envisagé de recharger les batteries, mais comme faire le « plein » se révèle plus long que la course elle-même, la solution a été rapidement écartée par les télévisions (Sport + en France). Une autre Formule E, chargée à bloc, permettra de boucler la seconde demi-heure. Les arrêts sont programmés à l'avance : l'autonomie des batteries ne dépasse pas les 30 minutes... Reconnaissons-le, la Formule E en l'état manque d'attrait. Mais son heure viendra forcément quand l'essence coûtera plus cher que la voiture. A moins que la vapeur...

mardi 8 octobre 2013

NET ET SANS BAVURE - Les Chinois et moi

"Sept cent millions de Chinois. Et moi, et moi, et moi" chante Jacques Dutronc. En réalité, sur le net, ils sont deux millions de Chinois exactement.
Deux millions d'employés d'agences gouvernementales chinoises qui chaque jour espionnent les blogs, sites et réseaux sociaux à la recherche des propagateurs de « fausses rumeurs ». Deux millions de censeurs en action. En Chine on ne plaisante pas avec le franc-parler. Au risque de se retrouver rapidement en prison. Il est loin le temps des dazibao, ces journaux-affiches derniers vestiges de la liberté d'expression « made in China ». Désormais, si l'un de ces espions découvre qu'une « fausse rumeur » a été reprise plus de 500 fois, l'instigateur encourt une peine de trois ans d'emprisonnement. Le terme « fausse rumeur » correspond dans les faits à toute information non officielle, vous l'aurez compris.

On ne se félicite jamais assez de notre chance de vivre en démocratie. Transposé en France, ce système obligerait à construire de nouvelles prisons. Sur Twitter, les 3000 abonnés du compte @flambyland feraient moins les intéressants à se moquer du président. Sur Facebook, les 52 000 adeptes de la page « Peine de mort pour la mère et le beau-père de Fiona » tiendraient compagnie à ces derniers en cellule. Quant aux anti mariage pour tous, depuis le 26 mai et l'adoption de la loi, ils feraient mieux de la mettre en veilleuse. Ou d'émigrer en Russie ou en Chine. Au moins là-bas ils seront dans l'idéologie officielle...
Chronique "Net et sans bavure" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 14 août 2013

BD - A la recherche de "Jade" dans le Tibet libre

Dans les années 50, au Tibet, les Chinois décident d'annexer ce pays montagneux recouvert de neiges éternelles, de forêts profondes et regorgeant de richesses minérales souterraines. Dans ce cadre historique, Ulysse Malassagne, auteur complet né dans le Cantal, plonge son héros, Harry, jeune Anglais fougueux, dans une course-poursuite effrénée. Aidé d'un jeune Tibétain, il est à la recherche de Jade. Cette mystérieuse déesse tibétaine est censée protéger son peuple. Si elle tombe aux mains de Chinois, cela en serait fini de la résistance. Par monts et par vaux, à cheval, en jeep ou à pied, les deux amis vont déjouer les pièges des troupes d'occupation et retrouver la grotte abritant Jade, mystérieuse et étonnante. Un roman graphique de 100 pages, trépidant, avec quelques références philosophiques et beaucoup d'action. En fin de volume, Malassagne, en quelques pages, retrace le passé de ce pays qui a cessé d'être indépendant depuis plus d'un demi-siècle.

« Jade », Glénat, 14,95 €

samedi 18 mai 2013

BD - Dragons chinois par Taduc et Le Tendre

Taduc
fait partie de ces dessinateurs si doués qu'on ne peut qu'être séduit par ses nombreuses séries. Il a déjà fait ses preuves dans le western avec Chinaman, a étonné en troquant son trait académique pour du « gros nez » dans « Mon pépé est un fantôme » : il va devenir une référence de l'héroic-fantasy avec les aventures de « Griffe blanche ». Cette guerrière chinoise aux cheveux blancs va devoir protéger sa maîtresse des agissements d'envahisseurs. Au passage, elle sauvera Taho-le-Vif, jeune braconnier protecteur de l'œuf d'un dragon royal. Des dragons omniprésents dans cette première partie scénarisée par Serge Le Tendre.
« Griffe Blanche » (tome 1), Dargaud, 13,99 euros

vendredi 14 septembre 2012

Billet - Les nouveaux cimetières de l'électronique à Visa pour l'Image de Perpignan


Alors que l'Iphone 5 est attendu avec impatience (voire frénésie) par des milliers de geeks, une exposition de Visa Pour l'Image, à l'église des Dominicains de Perpignan, relativise cet engouement. Stanley Greene a photographié les travailleurs des « Cimetières de l'électronique ». Dans des conditions de pollution maximale, des milliers de personnes décortiquent ordinateurs et téléphones portables pour en extraire cuivre, or ou étain.

Ces déchetteries d'un nouveau genre ont poussé au Nigeria, au Brésil ou en Chine.A Guiyu, un article de Wikipédia nous apprend que 150 000 personnes décortiquent chaque jour « 100 camions qui déchargent des déchets sur 52 km² ». L'eau n'est plus potable, plus rien ne pousse et « 88 % des travailleurs souffrent de problèmes neurologiques, respiratoires, digestifs ou de peau. L'Iphone 5 va accroître ce phénomène. Il rend obsolètes les précédentes versions et pousse des milliers d'utilisateurs à mettre leur ancien smartphone au rebut. Pourtant, souvenez-vous. Il y a deux ou trois ans, votre nouveau « jouet » était le must de la modernité. Vous le couviez comme la prunelle de vos yeux. Sans lui vous étiez comme nu. Et puis cette histoire d'amour s'est étiolée. Un jour il est resté dans un tiroir. Au prochain nettoyage de printemps il partira au recyclage. Et cet objet que vous avez adulé finira dans un de ces nouveaux cimetières. Il ne sera plus que des composants à récupérer, des métaux à fondre, une source de pollution de plus dans un monde qui ne tourne plus rond.


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi.