dimanche 31 mars 2013

BD : Entraide fasciste

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La seconde guerre mondiale, en Europe, a coupé la France en deux. On oublie trop souvent que durant les années d'occupation, une importante partie de la population française, au lieu de choisir la Résistance, a été fidèle au gouvernement officiel, celui de Pétain. Un choix parfois motivé par la politique. Ainsi à l'époque, la peur du communisme a poussé de nombreux citoyens dans les bras de partis nationalistes. Et beaucoup ont même fait le forcing pour s'engager dans le combat pour prêter main forte aux nazis dans leur conquête de Moscou. Michel Dufranne ouvre ce dossier noir dans « Odessa », série complète en deux volumes.
Un résistant part à la recherche de son frère, supposé disparu sur le front de l'Est alors qu'il portait l'uniforme vert de gris. Il va plonger dans ces milieux fascistes, très efficaces quand il a fallu « exfiltrer » certaines têtes pensantes vers l'Amérique latine.
De Bruxelles aux plaines russes en passant par la pampa argentine, un périple peu glorieux illustré par Peka, dessinateur au trait très comparable à celui de Kas.
« Odessa » (tomes 1 et 2), Casterman, 12,95 € chaque volume


samedi 30 mars 2013

Chronique : De l'âge des SMS

sms,smartphone,fossé des générations,parents,enfants,j'ai lu,hattabFin 2012, 72 millions de téléphones portables étaient actifs en France. Soit un taux de pénétration supérieur à 110 %. En clair, tout le monde   aujourd'hui a la possibilité d'envoyer des SMS. Mais pas évident de tout comprendre dans ce langage mis au point par des jeunes, pour des jeunes. Les contenus parfois abscons donnent l'idée à Alexandre Hattab de collecter les échanges les plus surréalistes quand « Mes parents font des SMS » (J'ai Lu, 5 euros). Si le premier chapitre reste relativement indulgent pour les aînés, les choses se gâtent par la suite. Notamment dans le chapitre « La technologie les dépasse » où se trouvent les pires situations, que tout découvreur des smileys ou des abréviations a connu au moins une fois. « Paçe me cherch& hallah Bouh-tik, Pas-pas » écrit un père à sa fille qui lui répond, désespérée : « Ok mais c'est pas ça le principe du langage SMS ! MDR » Tout le monde sait que MDR est la version condensée de « Mort de rire » sauf cette mère un peu parano : « MDR ça veut dire Maison de retraite ? » Dans les galères techniques, il faut aussi compter avec les touches introuvables. Les messages s'en voient parfois rallongés : « ça va point d'interrogation » ou transformés en galimatias, « Ouestlafoutuebarreespace ». Et puis il y a les situations mignonnes comme cette mère demandant à sa fille si elle s'y connaît en iPhone, précisant que c'est un « Apple iPhone »... On peut en rire, mais si vous débutez en SMS, ce petit livre peut se révéler très utile...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : L'abbé Shelton en mission en Argentine

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Wayne Shelton, héros aventurier imaginé par Jean Van Hamme, a le profil rêvé pour être au centre d'histoires mouvementées et dépaysantes. Millionnaire, prêt à tout pour augmenter sa fortune, Wayne, malgré ses tempes blanches est encore très vert. Et cela ne date pas d'hier. Dans sa jeunesse, il a traversé l'Amérique latine en moto. Heureusement pour le lecteur il n'a pas finit comme le Che. Mais ce passé de liberté et d'insouciance lui revient en pleine figure quand il il est accusé par la police argentine d'avoir violé une jeune héritière. C'était il y a 30 ans, mais ce pays très catholique sait se souvenir quand il y a l'honneur d'une famille en jeu. Wayne est victime d'un complot. La belle qui a succombé à ses charmes a aujourd'hui besoin de notre héros pour récupérer le ticket gagnant à la loterie nationale. Pour assurer sa liberté, Wayne endosse l'habit de prêtre et va au fin fond des montagnes retrouver un curé peu scrupuleux. Dessinée par Denayer, toujours aussi efficace, cette aventure est légère, pleine d'humour et de bons sentiments. Rien de bien transcendant pour certains. En fait de la belle ouvrage, ce qui fait le succès de la BD depuis des décennies, devenu malheureusement trop rare de nos jours.
« Wayne Shelton » (tome 11), Dargaud, 11,99 €

vendredi 29 mars 2013

Chronique : Dans le bunker

cyberbunker,spamhaus,piratage,spamConnexion à internet lente, vidéos hachées, boîte mail déboussolée... Depuis une semaine le réseau bafouille. N'accusez pas immédiatement votre fournisseur d'accès (services devenus en quelques années responsables de tous les maux numériques, parfois à juste titre) car les perturbations sont  mondiales et directement liées à l'une des plus importantes attaques de cybercriminalité. Une véritable guerre entre deux entités quasi invisibles pour le public, mais aux antagonismes absolus. D'un côté Spamhaus, société suisse chargée de détecter les sites envoyant ces millions de spams. S'ils tombent directement dans votre corbeille, c'est grâce à Spamhaus et ses programmes espions. De l'autre Cyberbunker, un site néerlandais chantre de la liberté totale et très peu regardant sur le pedigree des organismes hébergés. Spamhaus a placé Cyberbunker sur sa liste noire. Les Hollandais, dont les serveurs sont localisés dans un ancien bunker de l'OTAN, n'apprécient pas. Ils auraient donc lancé cette cyberattaque en bombardant Spamhaus de millions de demandes de connexions simultanées grâce à toute une batterie de robots implantés dans les pays de l'Est. Résultat, tout le réseau est ralenti par cette augmentation brutale du trafic.
Et voilà comment cette guerre invisible impacte le quidam, pestant sans son coin sans savoir qu'il n'est qu'un grain de sable dans une tempête planétaire. Ainsi va Internet, entre individualisme et gigantisme.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.  

Livre : Mémé Cornemuse sur les traces de Béru

Mémé Cornemuse aurait tout à fait pu être un personnage de San-Antonio. Nadine Monfils, sa créatrice, lui donne l'occasion de s'émanciper.

nadine monfils, mémé cornemuse, san antonio, béru, dard, belfond, fayardAdeptes du bon goût s'abstenir. Mémé Cornemuse, l'héroïne totalement déjantée imaginée par Nadine Monfils est de retour. Cette grand-mère indigne, fan de Jean-Claude Van Damme et d'Annie Cordy, imagine le casse du siècle. Une bijouterie regorgeant de breloques. Première opération, s'installer près de la place. Mémé endosse les habits de concierge. L'immeuble est stratégiquement collé aux coffres. Puis embaucher un arpette qui fera le sale boulot. Un ancien taulard va prendre ses quartiers dans la cave et creuser un tunnel.
Problème, Mémé doit répondre aux sollicitations incessantes des locataires. L'occasion pour Nadine Monfils de décrire quelques cas sociaux d'exception. Ginette Plouf par exemple, une trentenaire avachie, cocue depuis des lustres. Elle est au centre de l'intrigue principale. En rentrant du boulot, elle craque pour des chaussures jaunes. « Elles ont appartenu à Lady Di ! » lui affirme plein d'assurance le commerçant escroc. Ginette, sur ses escarpins, voit la vie différemment. Elle reprend confiance en elle.

Garniture de camembert
A l'arrêt de bus, elle croit découvrir le prince charmant. Simplement un dragueur compulsif qui, une fois sa petite affaire conclue sur le capot d'une voiture dans un parking souterrain, prend ses jambes à son cou. De retour au domicile conjugal, l'infidèle est tentée d'avouer sa faute à Marcel, son mari. Mais ce dernier est mort. Assassiné exactement. Mains coupées et sexe planté dans un camembert au frigo...
Ginette paniquée, prévient la concierge. Et comme Mémé ne veut pas que la flicaille investisse son immeuble, elle se charge de faire disparaître le corps. Une mise en bouche totalement foutraque, et ce n'est que le début. En cherchant à découvrir qui a tué Marcel, Ginette et Mémé vont croiser nombre d'hurluberlus. Genre cette locataire « qui avait un gros grain de beauté sur la joue gauche, garni d'un poil noir. Avec le double menton, on aurait dit une sorte de bonobo en jupe plissée. »

Sexe à tous les étages
Autre rebondissement improbable, l'héroïne apprend qu'elle a un fils. Elle n'a aucun souvenir des 9 mois de grossesse, si ce n'est avoir laissé, dans sa jeunesse, un paquet sanguinolent devant un couvent. Elle se met à rêver à ce gamin maintenant adulte. Un regain d'amour maternel ? Pas vraiment : « Cornemuse aurait bien aimé avoir un fils pédé. Un qui lui aurait ramené des jeunes éphèbes bien membrés et musclés, histoire de passer ses soirées à s'envoyer en l'air. »
nadine monfils, mémé cornemuse, san antonio, béru, dard, belfond, fayardLe sexe, en long en large et en travers, c'est un des points communs des romans de Nadine Monfils avec l'univers de San-Antonio. Le commissaire imaginé par Frédéric Dard poursuit ses aventures, sous la plume de Patrice, le fils. Les éditions Fayard viennent de publier le nouvel opus (toujours deux nouveautés par an...) intitulé « San Antonio contre X ». Une reine du cinéma X vient d’être assassinée. Puis une autre hardeuse subit le même sort, en plus sauvage encore. San-Antonio se charge de l'enquête, flanqué du phénoménal Béru, devenu pornstar pour la circonstance. Selon l'auteur, jamais en mal de superlatifs, « c'est le plus mystérieux, le plus cocasse et le plus torride de tous les San-Antonio. »
Michel Litout
« La vieille qui voulait tuer le bon dieu », Nadine Monfils, Belfond, 19 €
« San Antonio contre X », Patrice Dard, Fayard, 6,90 €


jeudi 28 mars 2013

Chronique : Summly the best


Summly Launch from Summly on Vimeo.

A 17 ans, Nick D'Aloisio a toutes les chances de devenir le plus jeune e-millionnaire de la planète. Il vient de revendre sa micro société et son application vedette Summly la bagatelle de 30 millions de dollars au géant « Yahoo! ».
Petit génie de l'informatique, ce lycéen anglais aime bidouiller. A 12 ans, dans sa chambre, au lieu de se pâmer devant les posters de Justin Timberlake ou des Pussycat Dolls, il se lance en solo dans l'invention d'applications pour smartphones. Un programme pour partager ses goûts musicaux au début, un autre, « totalement inutile et affreux » selon ses propres dires, est un tapis roulant pour doigts... Il découvre les algorithmes à 14 ans et met au point une application chargée de définir l'humeur de quelqu'un en fonction de ses statuts Facebook. Algorithmes qui constituent la clé de voute de Summly. L'application fait un tabac sur l'AppleStore. Noyé par le trop-plein d'informations sur le net ? Summly se charge de sélectionner les faits les plus importants et les résume en 400 signes. En condensé (façon Summly) cette chronique donne approximativement : « Un lycéen devient millionnaire en créant un robot numérique capable d'écrire ses résumés de texte »... 
Cette belle histoire en fera rêver plus d'un. Notamment les geeks dénués du moindre talent artistique, sportif ou... relationnel. Car en réalité, la façon la plus simple de devenir millionnaire est et restera l'héritage.  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Mauvais contact dans "Prométhée" de Bec et Bocci

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Christophe Bec ne manque pas d'imagination. Ni d'ambition. « Prométhée », série vedette des éditions Soleil, traite ni plus ni moins que de la fin de l'Humanité dans l'hypothèse d'un contact avec une intelligence extraterrestre. Assurant seul le dessin et le scénario, il s'est résolu à déléguer la partie graphique à Alessandro Bocci à partir du 3e épisode. On en est déjà au 7e, il y en aura 13 (comme le chiffre qui marque le début des ennuis de la Terre) d'ici 2019. Les anomalies se multiplient partout sur le globe. D'immenses trous apparaissent, engloutissant bâtiments et hommes. Au même moment, la présidence US a la certitude que le contact avec les extraterrestres, prévu le 13e jour, tuera 99% de la population. Pour survivre, il faut opérer d'urgence une élite soigneusement choisie. C'est dense, complètement crédible, palpitant. Du Bec, tout simplement. Une véritable marque de fabrique dans le monde de la BD française.
« Prométhée » (tome 7), Soleil, 13,95 €

mercredi 27 mars 2013

Chronique : avec Christine Boutin c'est cinéma pour tous


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Marion Cotillard a du mouron à se faire. Moquée pour sa scène d'agonie dans le dernier Batman, elle a trouvé encore plus mauvaise actrice qu'elle. C'est du moins l'avis d'internautes particulièrement méchants avec... Christine Boutin.
L'opposante au mariage pour tous manifeste dimanche à Paris. Au mauvais endroit au mauvais moment, elle est visée par des tirs de CRS. Plus habituée à se faire asperger d'eau bénite que de gaz lacrymogène, elle s'évanouit. Allongée sur la chaussée, la main sur le haut de la tête, elle est secourue par d'autres manifestants. Une scène photographiée par l'AFP. Le cliché se propage, comme le symbole des violences policières gratuites. Et est immédiatement parodié sous le mot-clé #JoueLaCommeBoutin. Car pour les internautes, ce n'est que comédie. Les copieurs restent parfois sobres, reproduisant la scène à l'identique, avec simplement quelques éléments rajoutés (un exemplaire de Têtu, une boîte d'Alka Seltzer). D'autres reconstituent la scène en Lego ou la comparent à des œuvres d'art, notamment une peinture de Jésus Christ, après sa crucifixion, allongé contre la Vierge Marie.
Pourtant, selon la principale intéressée, ce n'était pas du chiqué du tout. Dans un twitt, Christine Boutin revient sur le buzz : « Je vous remercie tous pour vos mises en scène qui sont souvent très drôles. Mais pour moi c'était du vrai ! »
Mauvaise actrice peut-être, mais pas dénuée d'humour !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : les couleurs vives de l'amour sans frontières

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En Russie, en pleine révolution bolchévique, un homme et une femme se croisent dans les ruines d'un palais. Il est Américain, fils de diplomate. Elle est Russe, révolutionnaire et artiste. Walter et Natalia sont faits pour s'entendre et s'aimer. Mais ce ne sera pas ce jour-là. Trois ans plus tard, ils sont tous les deux élèves dans une école d'art. L'abstrait et les couleurs vives sont les nouvelles règles de l'URSS naissante. Walter et Natalia sont choisis pour porter la bonne parole artistique dans le vaste pays en proie à la guerre civile et surtout à la famine. Un décalage complet et absolu entre ces jeunes idéalistes pour qui la modernité est l'avenir de la planète et les paysans à peine sortis du Moyen âge.
Une histoire d'amour intense et compliquée, racontée par Jack Manini et dessinée par Olivier Mangin. La suite de l'aventure se déroulera à Berlin, toujours durant ces temps troubles, avec d'autres couleurs dominantes après le rouge révolutionnaire.
« La guerre des amants » (tome 1), Glénat, 13,90 €

mardi 26 mars 2013

Chronique : Cyborgs à lunettes persona non grata

cyborg,google glass,vie privéeVie privée contre réalité augmentée. Les gadgets concoctés par certaines entreprises se montrent ludiques. Mais aussi très intrusifs.
En Angleterre, trois Londoniens attachés à la protection de la vie privée lancent une campagne intitulée « Stop the cyborgs ». Il ne s'agit pas de barrer le passage à d'hypothétiques Terminators en provenance du futur mais bien de s'opposer aux « Google Glass » que le moteur de recherche projette de commercialiser l'année prochaine. Ces lunettes connectées permettent de vivre une réalité augmentée. Non seulement vous aurez des indications en surimpression (heure, température, trajet...) mais aussi la possibilité de photographier ou filmer ce que vous voyez. Les lunettes réagissent aux commandes vocales et les images peuvent être diffusées en direct. D'accord, elles permettent de partager. D'espionner aussi.
Pour « Stop the cyborg », le but consiste à éviter « un futur dans lequel la vie privée est impossible et le contrôle des entreprises total ». Et avant même que les lunettes ne soient mises sur le marché, un logo existe, à apposer à l'entrée de lieux où elles seront interdites. Un bar à Seattle, le 5 Point Café, est le premier à relayer l'initiative.
Excessives ces craintes ? Pas sûr. Il suffit de voir comment les smartphones sont devenus indispensables. Or, ils permettent aux opérateurs (et donc aux autorités) de vous « tracer » au mètre près. Si en plus ils détiennent l'image et le son, la vie privée deviendrait effectivement un concept du passé.   
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

Livre : Dans la glace des souvenirs

Erlendur revient. Le héros policier d'Arnaldur Indridason est de retour. Une double enquête dans les fjords glacés de l'est de l'Islande.

erlendur, arnaldur Indridason, métailié, islandeUne petite voiture rouge, une nécrologie dans le journal barrée du mot « ordure », une ferme en ruine. Ce sont quelques-uns des morceaux du puzzle de ce roman policier signé Arnaldur Indridason. L'écrivain islandais renoue avec son héros du début, le policier Erlendur. Il ne va pas fort. Carrément dépressif. Il a pris des vacances et quitté la moderne Reykjavic pour les villages isolés de l'est du pays. Des hameaux blottis au fond de fjords majestueux. Au-dessus, la montagne et le froid intense.
Erlendur cherche à exorciser son passé. Enfant, ses parents ont possédé une ferme dans cette région sauvage. Une vie simple, proche de la nature. Jusqu'à cette nuit d'hiver. Une sortie dans la montagne, l'arrivée soudaine d'une tempête de neige. Le père laisse ses deux enfants pour chercher du secours. Erlendur tient fermement la main de son petit frère Beggi. Et puis le froid intense lui fait lâcher prise. Les secours retrouvent Erlendur, pas Beggi. Des décennies plus tard, le flic borné et têtu, torturé par la culpabilité, cherche encore la cadavre de son cadet.
Et pour ne pas devenir complètement fou, il se renseigne aussi sur les autres disparitions mystérieuses de la région. C'est comme ça qu'il fait connaissance de Matthildur. Cette jeune femme, en pleine tempête de neige dans les années 40, s'est évanouie dans la nature. Les secours, alertés par son mari Jakob, n'ont jamais retrouvé le corps. Erlendur va mener de front les deux recherches, arpentant la lande mais aussi les archives et les maisons de retraite de la région. Il va interroger les rares survivants, parents et amis de Matthildur. Et son instinct de limier va le persuader qu'il y a bien un mystère derrière cette disparition.

Espace infini
D'un côté une enquête classique, si ce n'est qu'elle est décalée d'un demi-siècle, de l'autre une quête personnelle qu'Erlendur ne peut partager avec personne. Le tout mené dans cette région d'Islande, sauvage et préservée. Erlendur a installé son camp de base dans l'ancienne ferme de ses parents. Ce n'est plus qu'une ruine aujourd'hui. Ouverte à tous les vents, froide, glaciale. Il dort sur une paillasse, dans un sac de couchage. Une lampe tempête pour s'éclairer.
Des conditions extrêmes qu'il s'impose, comme une pénitence pour avoir abandonné son petit frère. Et régulièrement, il va dans la montagne et dort à la belle étoile sur un tapis de mousse. « Il aimait s'allonger sur le dos, la tête posée sur son sac, les yeux levés vers les étoiles en méditant sur toutes ces théories qui affirmaient que le monde et l'univers étaient encore en expansion. Il appréciait de regarder le ciel nocturne et son océan d'étoiles en pensant à ces échelles de grandeur qui dépassaient l'entendement. Cela reposait l'esprit et lui procurait un apaisement passager de pouvoir réfléchir à l'infiniment grand, au grand dessein. » C'est cela Erlendur : un flic pragmatique, torturé de culpabilité, incapable d'être heureux, de vivre simplement en oubliant les fantômes du passé. Dans ces terres de l'est il va déterrer quelques cadavres, imagés ou bien réels...
Michel LITOUT
« Etranges rivages », Arnaldur Indridason, Métailié Noir, 19,50 €

lundi 25 mars 2013

Chronique : Super sponsor

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Envahissante la publicité. Notamment sur internet où il devient impossible de voir une vidéo sans subir un spot. Si les marques ne ratent aucune occasion de s'incruster sur les écrans, le pire est encore à venir selon un artiste italien. Roberto Vergati Santos a diffusé sur internet un diaporama dans lequel il imagine des super héros sponsorisés comme de vulgaires sportifs. Si Batman reste classe avec la virgule de Nike, Wolverine fait un peu plouc avec le logo d'Adidas sur le torse. Iron Man a l'air idiot  avec le M de MacDo tatoué sur son armure. Quant à Superman, son justaucorps griffé Giorgio Armani casse le mythe. Ce n'est que pure spéculation, mais ne doutons pas que quelques publicitaires vont tenter de récupérer l'idée. 
Pour une fois, la France devrait montrer l'exemple. Nous aussi avons quelques héros ou personnalités au fort potentiel. Reste à y associer le bon produit. Avec Astérix, le Viagra® s'impose tant la petite pilule bleue s'apparente à une potion magique pour certains messieurs vieillissants. Depardieu c'est la vodka. Le vin aussi. Et tout alcool dépassant les 10°... Navarro pourrait décrocher le jackpot en signant pour les couches Confiance. Mais il devra batailler avec Derrick... Quant à Véronique Genest alias Julie Lescault, elle a une nouvelle fois tout compris avant tout le monde. Cela fait des années que son image est associée à une marque de jambon. Les fabricants de quiche parviendront-ils à se relever de cette erreur stratégique ?

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.  

BD : Les cases déstructurées de Fred et Marc-Antoine Mathieu

La bande dessinée souffre d'une image trop formatée. Cases, planches, pagination : longtemps les auteurs devaient se fondre dans un moule, brider leur créativité pour des raisons pratiques, matérielles. Mais certains ont littéralement explosé ces contraintes, dynamitant un principe de narration trop linéaire. Fred, au milieu des années 60, a été un pionnier avec Philémon. Marc-Antoine Mathieu un digne héritier en lançant Julius Corentin Acquefacques dans le monde des rêves.

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« Le train où vont les choses » est le 16e et dernier tome des pérégrinations de Philémon dans le monde des îles-lettres de l'Océan Atlantique. Débuté à la fin des années 80, cette histoire de Lokoapattes embourbées par manque d'imagination était un peu symbolique de l'état d'esprit du créateur. 20 pages et puis plus rien... Des idées noires, un manque d'envie. Fred a changé d'univers pour mieux se retrouver. Mais il avait quand même le désir de boucler la boucle. C'est chose faite, au minimum. Un épilogue sous forme de bande de Moëbius puisqu'on retrouve en scène finale les premières pages du premier album. Un monde meurt, un univers magique se referme. Mais il sera toujours là, grâce aux albums, pour ouvrir celui des générations futures.

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« Le décalage », 6e titre des aventures (même si c'est un bien grand mot) de Julius Corentin Acquefacques, débute... à la page 7. La couverture est en fin de volume et les personnages, pour accélérer leur errance dans le grand rien, ont même arraché des pages au cœur du récit. Julius, en ratant le début de l'aventure, se retrouve dans le rôle du témoin impuissant. Un album de Marc-Antoine Mathieu c'est avant tout des trouvailles techniques. Scénographe réputé, il n'a pas son pareil pour jouer avec les codes de la narration. Un peu comme Fred, mais à la puissance 1000. Fred que l'on retrouve d'ailleurs dans les remerciements, placés au cœur de la BD, décalage oblige.
« Le train où vont les choses », Fred, Dargaud, 13,99 euros
« Le décalage », Marc-Antoine Mathieu, Delcourt, 14,30 euros


dimanche 24 mars 2013

Chronique : Twitter a 7 ans, l'âge de réseau

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« Twitter fête ses 7 ans... l'âge de réseau. » cette jolie formule est de Diane Saint-Réquier, Mme @lactualaloupe, une « veilleuse » parmi les plus rapides et originales du micro réseau social. Imaginé en 2000, Twitter n'a démarré que le 21 mars 2006 après des années passées dans les cartons de son concepteur Jack Dorsey. Un paradoxe quand on sait que la force de ce concept tient dans sa rapidité. Dans le cas de Twitter, son expansion est directement liée à l'avènement des smartphones. Et la limite de 140 signes n'est pas une invention théorique mais la norme déjà imposée aux SMS. Twitter, à la base, n'est que la simple possibilité de faire un envoi massif (et gratuit) d'un SMS à tous ses contacts. Twitter est l'accélérateur de croissance de l'internet mobile. Facebook tente de se raccrocher aux branches, mais aura toujours un wagon de retard. 
Aujourd'hui, Twitter compte 500 millions d'utilisateurs enregistrés dans le monde. Un quart est véritablement actif. Mais le succès de ce réseau social est flagrant dès qu'il est question d'actualité. Formidable agence de presse planétaire, son instantanéité est redoutablement efficace. Seul bémol, il reste à trouver un pare-feu contre les dérives. Une liberté totale autorise tous les excès, notamment en matière de racisme. Espérons que la plainte au pénal de l'Union des étudiants juifs de France contre l'entreprise américaine fasse un peu bouger les lignes. Même si réclamer 38,5 millions d'euros semble un peu excessif. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue jeudi en dernière page de l'Indépendant

BD : Après les barreaux dans "Au vent mauvais" de Rascal et Murat

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Sept ans derrière les barreaux. Sept ans de foutus. Abel Mérian a rongé son frein. Condamné pour un hold-up, il a trouvé la patience dans la certitude de retrouver son magot à sa sortie. Sept ans à oublier en se payant une nouvelle vie, ailleurs.
Rascal, le scénariste, est avant tout un romancier. Thierry Murat a adapté ce texte, avec un dessin minimaliste. Grandes cases, couleurs délavées, longs textes narratifs : la forme est plus proche d'un album de Loustal que d'une BD classique. Le lecteur lui est rapidement emporté par ce road movie défaitiste. Rien ne se passe comme prévu et Abel devra trouver une autre chimère pour continuer à croire à cette foutue vie. La déception finale n'en sera que plus douloureuse.
« Au vent mauvais », Futuropolis, 18 €

samedi 23 mars 2013

Chronique : Caramba ! Carambar arrête les blagues !

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Caramba !  Carambar n'aura jamais plus le même goût. La recette ne change pas mais le fabricant a décidé de supprimer les blagues à l'intérieur du papier d'emballage. Parler d'une « blague Carambar » est pourtant passé dans le langage populaire pour décrire une mauvaise plaisanterie. Exemple : « Quelle est la blague à deux balles ? Pan Pan ! » Les galéjades seront remplacées par des jeux « ludo-éducatifs », bonjour la prise de tête ! Sur le site internet de la friandise sucrée, un compte à rebours s'égraine inexorablement. Il prendra fin lundi.
Sur Twitter, les réactions des internautes se révèlent très partagées. Un gros contingent affiche sa nostalgie, « l'humour de notre enfance disparaît ». D'autres en profitent pour se moquer de certains comiques : « Les dégâts collatéraux de l'affaire Carambar. Le prochain spectacle de l'humoriste Arthur est annulé » twitte Didier Porte, toujours aussi vachard avec son « collègue ». 
Cette décision marketing possède au moins le mérite de remettre le produit à la pointe de l'actualité. Les nostalgiques ne représentent certainement pas les consommateurs d'aujourd'hui. Les enfants ont beaucoup changé. Si les blagues disparaissent, c'est non seulement parce qu'elles ne font plus rire, mais qu'en plus elles paraissent complètement ringardes à une clientèle incapable de comprendre le second degré.
Enfin, les indécrottables grands enfants pourront se rattraper avec les décalcomanies de Malabar. Même si aujourd'hui on dit « tatoo »...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Nomade en approche

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Retour aux sources pour Jean-David Morvan. Le scénariste de Sillage avait fait le pari, à ses débuts, de lancer une série inspirée du rythme des mangas. Nomad, feuilleton de science-fiction, était dessiné par Buchet et Savoia qui eux aussi ont fait une belle carrière par la suite. Avec cette fois Carette au dessin, Morvan relance son héros sur les routes de ce futur technologique et totalitaire.
Retiré dans le désert du Sahel avec sa femme et son enfant, Nomad voulait oublier les péripéties liées à son pouvoir de contrôler les technologies. Mais sa famille est enlevée par un commando nord coréen. Il va devoir rejoindre l'Asie pour les libérer. Première difficulté, quitter cette Afrique violente et repliée sur elle-même.
Un premier épisode sans temps mort, avec en guest-star une dizaine de planches signées Savoia, toujours impliqué dans le projet.
« Nomad 2.0 » (tome 1), Glénat, 13,50 €

vendredi 22 mars 2013

Chronique : les corrections à la chaîne de Petit Prof

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Si l'enseignement de l'écriture cursive va se raréfier (voir précédemment), il reste encore du travail côté grammaire et orthographe. Pour s'en persuader il suffit de faire un tour sur le compte Twitter de @Petit_Prof. Sobrement présenté par le laconique « Un prof, des élèves. No routine », on y trouve des perles de collégiens à mourir de rire. Et surtout récentes, quasiment d'actualité. Du genre, quand le prof demande de raconter la journée d'un chevalier, à la pause déjeuner, il « mange des kebbabs »... Autre devoir, sur l'analyse d'un roman de Jean Giono cette fois. Un cancre, plus intéressé par le cinéma américain que par la littérature française, considère que « l'auteur puise son imagination dans l'univers de Pirates des Caraïbes. » 
Petit Prof assure que tout est vrai. Souvent elle photographie des portions de copie. C'est tout bonnement hallucinant. Feuilles raturées, mots inventés, dessins dans les marges... les ados d'aujourd'hui ne manquent pas d'imagination. Certains ont même un réel avenir dans l'humour. « Avec le verbe "onduler", on voit que l'eau devient molle » explique cet observateur. Pour un poète, tendance slam religieux, « Une strophe de trois vers s'appelle une diocèse ». Ce dernier qui ne se foule vraiment pas : « Copier-coller tout un article Wikipédia dans un devoir en laissant les liens hypertexte. ».
Et pourtant Petit Prof aime son métier. Pourquoi , Réponse dans ce tweet : « Vu ancien élève. À l'époque, renfermé et transparent. Maintenant, épanoui. "Vous m'avez fait aimer les livres." »
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

Livres : Règlements de contes dans "La petite fêlée aux allumettes" de Nadine Monfils

Tous plus dingues les uns que les autres, les personnages du roman de Nadine Monfils séduisent malgré leur monstruosité.
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Entre polar, thriller sanglant et délire surréaliste, ce nouveau roman de Nadine Monfils confirme l'incroyable talent de cet auteur belge vivant à Montmartre. La littérature francophone privilégie en général les gens « normaux » aux cas sociaux. Chez elle, on retrouve dans ses personnages une outrance rare. Son style a des airs de San-Antonio ou des dialogues d'Audiard. Mais c'est avant tout du Nadine Monfils, totalement barré, un peu poétique et franchement abracadabrantesque.
Les premières pages du roman, d'une façon tout à fait classique, nous permet de faire connaissance avec les différents protagonistes. Nake en premier lieu. Une jeune femme, droguée, capable de se prostituer pour se payer ses doses. Justement elle est en pleine transaction avec un client. Louche le client. Nake lui plante un couteau dans le ventre et déguerpit. Place ensuite à Mémé Cornemuse. Elle décroche haut la main le pompon dans la catégorie iconoclaste. Cette presque centenaire, « espèce de vieille guenon à casquette armée d'un flingue », surprend un couple en pleins ébats dans les dunes. Elle veut participer. Refus de la dame. Pan ! Une balle dans la tête pour la mégère pas partageuse. Mémé Cornemuse revient régulièrement dans le récit, toujours avec des réactions extrêmes et des attitudes libidineuses.

Michou ou Betty ?
Le côté policier du récit est fourni par l'inspecteur Cooper et son coéquipier Jean-Michel. Un vieux flic bourru et un jeune diplômé. Le premier est de la vieille école, le second plus en adéquation avec l'univers de Nadine Monfils. Jean-Michel préfère qu'on l'appelle Michou, a les airs efféminés de l'homosexuel qui s'assume et devient carrément Betty en dehors de ses heures de service. Betty, danseuse dans une boîte de strip tease, qui elle aussi vend son corps pour arrondir les fins de mois. Elle joue aussi à dealer un peu. Notamment à Nake. La boucle est bouclée, les nez bien remplis.
Tous ces fous en liberté évoluent dans la ville imaginaire de Pandore, cité inspirée d'un tableau de Magritte. Pandore a peur. Un tueur en série sévit depuis quelques jours. Il assassine des fillettes ou des jeunes femmes, transforme les scènes de meurtres en reconstitution de contes de Perrault. Après le petit chaperon rouge les fesses à l'air et une patte de chat dans la bouche, c'est le Petit Poucet qui est retrouvé égorgé puis Blanche Neige pas en meilleur état...
Ces crimes mystérieux donnent du fil à retordre à Cooper. Heureusement il reçoit l'aide de Mémé Cornemuse venue renforcer son équipe. Car cette fan d'Annie Cordy – son truc c'est de tchatcher avec un Jean-Claude Van Damme imaginaire - s'impose de force au commissariat et se fait plein d'amis dans la fonction publique en échange de quelques gâteries savamment distillées...
Alors qui est le tueur ? Pourquoi Perrault ? Quel rapport avec Nake qui n'a jamais connu son père ? Mémé Cornemuse parviendra-t-elle à faire changer les orientations sexuelles de Jean-Michel ? Cooper peut-il tomber dans les bras de Betty ? Et qui sont ces hommes à chapeau melon ne sortant que la nuit ? Ce n'est qu'un petit échantillon des nombreuses questions rythmant ce roman gigogne, sans morale mais bardé d'humour. Ubuesque. 
"La petite fêlée aux allumettes", Pocket, 6,10 euros (vient de paraître chez Belfond la suite des aventures de Mémé Cornemuse "La vieille qui voulait tuer le bon dieu"



jeudi 21 mars 2013

BD : Oreilles pointues chez les Elfes de Soleil

Elfes, istin, Duarte, soleil
Popularisées par Glénat et Delcourt, c'est au tour de Soleil de se lancer dans la série-concept. Logiquement c'est dans l'héroïc fantasy que l'éditeur toulonnais puise son inspiration. « Elfes » sera composé de cinq titres publiés sur une année. Chaque titre sera l'œuvre d'un duo différent. En commun, le monde des Elfes et leurs différentes races. Les Elfes bleus, écrit par Istin (coordinateur de la série) et dessiné par Duarte, se penche sur ces créatures, mal vues des humains, mais souvent sollicitées par les humains car excellents guerriers-mercenaires. Il y est raconté comment la conquête du Crystal permet aux elfes bleus de commander à la mer.
Le titre suivant, en mai, se penche sur la vie des elfes sylvains, réfugiés dans les forêts de ce monde imaginaire. En août, ce sont les elfes blancs, les plus puissants de l'espèce qui seront dans les bacs des libraires. Attention, vous risquez vite de devenir accros...
« Elfes » (tome 1), Soleil, 14,30 €

mercredi 20 mars 2013

Chronique : L'écriture en option

Plusieurs états américains viennent de décider que l'enseignement de l'écriture cursive deviendra une option dans les prochaines années. Oui vous avez bien lu (vous savez, la lecture, ce truc ringard appris dans votre enfance), l'apprentissage de l'écriture  ne sera plus obligatoire partout aux USA dès la rentrée 2014 ! A la place, les élèves bénéficient de cours sur des logiciels de traitement de texte. Le clavier va définitivement enterrer le porte-plume.
Je ne vous ferai pas l'affront de jouer le rôle de l'ancien combattant, regretter avec des trémolos dans la voix (ou plutôt des tremblements dans les doigts qui frappent les touches) quelque chose qui a quasiment disparu de mon quotidien. Car je l'avoue, je n'écris presque plus à la main. Excepté pour prendre des notes, mes stylos sèchent désespérément sur mon bureau, abandonnés, délaissés. Toutes ces chroniques sont directement tapées au clavier, archivées sur le disque dur, dématérialisées. Les jeunes d'aujourd'hui ne tiennent plus de journal intime. Tout au plus postent-ils leurs états d'âme sur leur page Facebook. Certaines tablettes proposent l'option écriture. Avec un stylet, vous écrivez, le logiciel tape le texte à votre place. Mais je sens que cet argument ne se montrera pas déterminant. 
Le problème se posera cruellement dans quelques années, quand les décideurs exigeront, en vain, des lettres de motivation manuscrites. Et les graphologues iront tous pointer au chômage...  
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mardi en dernière page de l'Indépendant.   

BD : Le retour des Tigres volants

buck danny, hubinon, charlier, tigres volants, dupuis
Plus d'un demi-siècle après leurs parutions, ces aventures de Buck Danny reprisent dans le 8e volume de l'intégrale, sont toujours incroyablement modernes. Certes Hubinon reste dans une mise en page classique, mais ses dessins sont d'une force étonnante. Chaque scène est idéalement amenée, autant quand il s'agit de comédie que d'action. Le militaire américain quitte durant trois albums le cadre strict de l'armée pour la compagnie privée des Tigres volants. Dans un pays imaginaire de l'Asie du Sud-est, il va de nouveau croiser la route de la séduisante mais très dangereuse Lady X. En plus des 200 pages de BD, l'intégrale s'ouvre sur une copieuse rétrospective de l'activité des deux auteurs entre 60 et 62. En plus d'animer les pages de Spirou, Charlier et Hubinon se lançaient dans l'aventure de Pilote avec Barbe Rouge. Sans oublier des collaborations avec Record. A l'époque, travailler plus n'était pas un vain mot...
« Buck Danny, l'intégrale » (tome 8), Dupuis, 24 €

mardi 19 mars 2013

Chronique : Habemus Tweetam


pape, pontifex, twitter, françois
« Chers amis, je vous remercie de grand cœur et je vous demande de continuer à prier pour moi. » Habemus Tweetam ! Le pape François a enfin tweeté. Son compte officiel en anglais, fort de près de 2 millions d'abonnés, s'est réveillé ce dimanche sur le coup de midi. Un tweet traduit et diffusé simultanément sur ses nombreux comptes, du français au latin en passant par l'espagnol et l'arabe. Un premier message repris des milliers de fois, comme quand le Vatican a annoncé l'élection de François. Mais il n'atteint pas les records de mercredi soir : le compteur était monté jusqu'à 130 000 tweets à la minute. Benoît XVI avait lancé le mouvement. Une trentaine de tweets seulement. Certaines mauvaises langues prétendent que c'est en découvrant la rapidité du réseau que Joseph Ratzinger a pris conscience qu'il était temps pour lui d'abandonner sa charge.
François ne semble pas être à la pointe de la modernité. Mais il ne manque pas d'esprit. Lors de ses rares prises de paroles post-élection, il a souvent eu un petit mot pour plaisanter. Revenant sur le déroulement du Conclave, il a eu une expression très imagée pour définir le moment où il a compris qu'il risquait d'être élu : « Quand les choses sont devenues dangereuses... » Il a le sens de la formule. Idéal pour Twitter. Malheureusement, il y a peu de chance que le compte @pontifex concurrence les « stars de la déconne en 140 signes ». 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : L'image du faune dans Vito de Stalner

Vito, faune, sicile, cinéma, stalner, glénat
Vito, nouvelle série fantastique d'Eric Stalner, se déroule entièrement en Italie. Après la seconde guerre, Giuseppe, cinéaste raté, survit en projetant sur les places des villages de Sicile des films américains. Il vit seul dans son camion en compagnie de son chien. Un jour, un mystérieux homme lui remet une bobine de film lui expliquant que ces rushs auraient un grand succès auprès du public. Effectivement, la scène est étonnante de réalisme. Une fillette s'enfuit dans la campagne. Elle est rattrapée par un homme. Un centaure exactement. La fillette le chevauche, rejoint une belle maison et parle à un faune. Giuseppe cherche les trucages. Ne les voit pas. Il comprend que tout est vrai quand Vito trouve refuge dans son camion. Un adolescent sauvage, cachant ses cornes et des oreilles pointues de faune sous une casquette. Un monde merveilleux à découvrir.
« Vito » (tome 1), Glénat, 13,90 €

lundi 18 mars 2013

BD : Salgari, capitaine abandonné

Salgari, Bacilieri, delcourt, sandokan, bouquins
Cloué à sa table de travail, Emilio Salgari a écrit des centaines de romans. Des aventures exotiques essentiellement. Ses récits avaient un immense succès à la fin du 19e et au début du 20e siècle. Voyageur par procuration, il n'a quasiment jamais quitté l'Italie. Paolo Bacilieri raconte son existence immobile et misérable. Car Salgari n'a jamais roulé sur l'or. Exploité par ses éditeurs, il dépensait tout pour faire survivre sa famille. Cette biographie se décompose en deux parties distinctes. Une chronologique où on découvre l'enfance puis la vie d'adulte de Salgari. L'auteur se concentre sur la dernière journée de l'écrivain. En manque d'inspiration, dépassé après l'internement de sa femme pour folie, il écrit quelques lettres d'adieu et cherche un bel endroit dans les bois. Là, il sort son rasoir le mieux affuté et se fait hara-kiri, comme certains de ses héros imaginaires. Une vie triste et édifiante. L'œuvre reste, notamment un volume chez « Bouquins » de Robert Laffont.
« La vie rêvée du capitaine Salgari », Delcourt, 16,95 €

samedi 16 mars 2013

Chronique : Nan mais, allo, allo quoi, Nabilla...

nabilla, anges, téléréalité, nrj12, néant, allo quoi
De plus en plus bas. Le néant absolu. Les théoriciens du buzz sur internet  en mangent leur chapeau. Depuis une semaine le « Allo, quoi... » de Nabilla (obscure participante à une téléréalité sur la téléréalité...) est sur tous les écrans. Toutes les lèvres aussi, comme si imiter la bêtise personnifiée était le summum de la branchitude. 
Tout est parti d'un court extrait des « Anges de la téléréalité », émission de NRJ12. Nabilla s'étonne, en simulant un coup de fil, que deux autres participantes n'aient pas de shampoing. Il suffit désormais de dire « Allo, quoi... » pour déclencher les rires. Les parodies se multiplient. Même Audrey Pulvar a cautionné le phénomène... Les professionnels du porno ont récupéré la séquence, avant de pouvoir faire signer un contrat juteux à la fameuse Nabilla.


Seul effet positif de ce buzz, les blondes ne passeront plus pour les idiotes de service car Nabilla est brune. « A forte poitrine » selon l'expression d'Elie Seimoun, mais brune. Par contre, je plains toutes les femmes prénommées Nabila (notre star du moment a doublé ses L, pour devenir un ange). Un prénom d'origine arabe signifiant « noble »... Jusqu'à la semaine dernière on n'y voyait qu'un brin d'exotisme. Aujourd'hui, c'est la honte suprême. 
Personnellement je me réserve pour le prochain télévendeur de panneaux solaires (deux appels par jour) : « Nan mais allo, allo quoi... Des panneaux solaires alors qu'il pleut... »   
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : Les Experts dans le caca

experts.jpg
La série télé américaine « Les Experts » a popularisé le métier de policier scientifique. Dans leurs labos, armés d'éprouvettes, de loupes et autres produits chimiques, ils traquent les tueurs en utilisant leur moindre erreur. En France aussi ces nouveaux flics font rêver. Mais un récent fait divers, repris sur nombre de sites internet, vient de remettre en perspective leur boulot, pas si glamour que cela...
La semaine dernière, en région parisienne, une adolescente de 13 ans est interpellée, soupçonnée de cambriolage. Elle passe entre les mains des scientifiques pour une analyse ADN. Les fichiers parlent. Son ADN est également découvert sur un autre cambriolage près de Toulouse, un an auparavant. A l'époque, l'imprudente laisse des traces sur les lieux de son forfait. Des cheveux ? Une rognure d'ongle ? De la transpiration sur une poignée de porte ? Non... un morceau de papier hygiénique usagé au fond du jardin... On imagine la scène. Le chef veut bizuter le nouveau : « Kevin, va récupérer les preuves dans le jardin. Tu les manipules avec précaution... et tu les fais parler ! » Kevin, docile, s'exécute. Il ramasse la merde, dans tous les sens du terme. Et en tire une belle empreinte ADN. Car Kevin est consciencieux. Et aujourd'hui, Kevin pavoise. Son épreuve d'entrée dans le service n'aura pas été vaine. En faisant des prélèvements sur de la matière fécale (mot politiquement correct pour désigner le caca), il vient de mettre hors d'état de nuire une redoutable délinquante de 13 ans, qui ne sait même pas utiliser des toilettes. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : l'enfer virtuel de DMC

devil may cry, DMC, virgil, dante, Pion, Recht, Glénat
Jeu vidéo vendu à plus de 12 millions d'exemplaires, Devil May Cry (DMC pour les initiés) débarque en BD. Un univers peuplé de monstres et autres démons sortis des enfers, en lutte contre quelques humains courageux. Passées les planches un peu bavardes pour planter le décor et donner au néophyte quelques notions sur ce monde, ce sont essentiellement des scènes de baston d'anthologie qui sont proposées. Virgil, le frère de Dante, véritable héros du jeu vidéo, doit le retrouver. Il fait appel à un médium, Kat, pour le localiser. Mais avant de pouvoir frapper à sa porte, le couple devra affronter Mundus (le grand méchant), le Phlégéthon, les Onyx et le démon prison Hellfire. Virgil pour s'en tirer sortira ses armes fatales : Rapid Slash et Spiral Swords... Cela semble un peu hermétique, mais il faut surtout profiter des dessins grands formats de Patrick Pion et Robin Recht, experts en abominations.
« Devil May Cry, les chronique de Virgil », Glénat, 13,90 €

jeudi 14 mars 2013

Chronique : Les bonus de Lastman, BD de Vivès, Balak et Sanlaville chez Casterman

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Face au numérique, l'édition classique n'a pas dit son dernier mot. Il faut innover pour exister. Aujourd'hui les libraires sont inondés d'exemplaires de Lastman, une BD de trois jeunes auteurs, Bastien Vivès, Balak et Mickaël Sanlaville. Ils ont relevé le challenge des mangakas japonais : 20 pages par semaine. Et comme il n'existe pas de revue de prépublication, c'est en ligne, sur le site de Delitoon, que ce combattant taciturne fait ses premiers pas. L'album complet est publié alors que les internautes en attendent encore la fin sur le net. Une prime au papier qui propose également des bonus. Dans une édition collector, sous pochette argentée comme les images Panini, on découvre un sticker original. 
Les éditions Casterman multiplient les appels pour populariser la BD. Des présentoirs personnalisés dans les librairies et même la diffusion sur le net d'un making-of hilarant. Les dessinateurs étant également de très bons acteurs (au moins du niveau des participants aux téléréalités), ils mettent en scène leur collaboration. Enthousiasme, tension, dispute, pression de l'éditeur : on s'y croirait. L'arrivée d'un coach japonais remet un peu d'ordre dans tout cela. Et quel coach ! Hitomi Tanaka, experte en apaisement de relations de travail, crève l'écran. En deux sourires et un décolleté plongeant, la pornstar japonaise renvoie tout ce petit monde au travail. Et sert au passage de modèle pour l'héroïne de Lastman, la pulpeuse Marianne.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Masque de fantôme

masqué, fraffort, créty, lehman, delcourt
Grand admirateur des super héros, Serge Lehman a délaissé le roman pour signer un scénario de BD mêlant uchronie, fantastique et psychologie. « Masqué » est dessiné par Créty, au trait sombre et dynamique. Le troisième tome vient de paraître, le quatrième (et dernier de la série) est annoncé pour avril. Les impatients seront comblés. Frank Braffort, soldat français blessé au cours d'une mission dans le Caucase, est investit par une mystérieuse force. Des pouvoirs sans limite qu'il exploite en devenant un homme masqué. Mais il se trompe de camp. Il se met au service du préfet Beauregard, un homme politique sans scrupules, prêt à tout pour diriger d'une main de fer la ville de Paris, l'autre héroïne de la série. Cet épisode se déroule en partie à Notre Dame. Braffort va affronter une gargouille (ou chimère) qui a tout d'un démon. Beaucoup d'action dans ces 46 pages mais aussi une réflexion profonde sur le pouvoir, l'obéissance et l'endoctrinement des foules, avec de vrais morceaux de Guy Debord au détours de certaines cases...
« Masqué » (tome 3), Delcourt, 13,95 €

mercredi 13 mars 2013

Chronique : Le Code, tu repasseras !

code de la route, test, pièges, amendes
Plusieurs associations proposent aux personnes âgées de vérifier leurs connaissances en matière de code de la route. Mais pourquoi réserver cette possibilité aux plus vieux détenteurs du permis de conduire ? Etes-vous sûr de bien maîtriser toutes les finesses des nouveaux panneaux et autres obligations quand vous prenez le volant ? 
Passer le code c'est répondre à 40 questions sur des situations précises illustrées de diapositives. Un questionnaire à choix multiple. Au-delà de cinq fautes, pas de code. Il est particulièrement facile de trouver des sites « d'entraînement ». Très utiles pour les apprentis conducteurs. Inquiétants pour ceux dont le contenu du fameux code Rousseau n'est plus qu'un lointain souvenir.
Premier test sur www.codeclic.com. On clique sur les réponses, on valide dans la foulée. Le temps de réflexion est limité. Je me souviens des pièges de l'époque. Bien regarder dans le rétroviseur et surveiller le tableau de bord en plus de la route. Deux ou trois questions me déstabilisent. Notamment le nombre de points perdus en fonction des infractions commises. Plein de confiance en moi, je suis sidéré par le résultat. 13 fautes ! Examen raté... Je me console en me disant que j'ai quand même obtenu la moyenne. Second test sur www.passetoncode.fr. Là, c'est la cata. 21 fautes ! Et le site de me demander comme à un vulgaire abruti « Êtes-vous sûr d'avoir bien compris le principe ? » D'accord, je vais réviser...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

Livre : Piégés à La Réunion avec "Ne lâche pas ma main" de Michel Bussi

L'île de l'océan Indien est le cadre spectaculaire du thriller haletant « Ne lâche pas ma main » de Michel Bussi.

La Réunion, Michel Bussi, presses de la cité, créole, océan indien, thrillerDernières miettes de l'empire colonial français, les départements d'Outre-mer ont chacun leur particularité. La Réunion, ancienne île Bourbon, était déserte avant l'arrivée de premiers colons. Sauvage, inhospitalière, elle a été domptée au fil des siècles par une population très métissée. Michel Bussi, en plantant son thriller dans ce décor en cinémascope, décrit la nature mais surtout les hommes et femmes, de toutes races et de toutes religions, s'entassant sur ce bout de terre de plus en plus étroit. Ils sont comme piégés dans une île paradisiaque se transformant inexorablement en purgatoire avant de symboliser l'enfer brûlant, comme la lave bouillonnante de son volcan, le Piton de la Fournaise. On est loin de la carte postale. Pourtant en refermant ce polar, on a envie de découvrir en vrai la plage de Boucan Canot, les champs de cannes ou la fameuse anse des Cascades, théâtre de la scène finale.

L'épouse disparue
Vacances en famille pour les Bellion. Martial, son épouse Liane et la petite Sofa, six ans, profitent de la piscine de l'hôtel Alamanda à Saint-Gilles. En plein après-midi, Liane va faire une sieste dans la chambre climatisée. Une heure plus tard, Martial la rejoint. Il découvre la chambre vide. Les vêtements de Liane ont disparu, du sang souille le lit. Panique du jeune Métropolitain en villégiature. Il demande à la direction de l'hôtel de prévenir la gendarmerie. C'est Aja Purvi, gendarmette ambitieuse qui se déplace. Si ce n'est les traces de sang, elle pencherait pour l'escapade amoureuse de la belle Liane. Martial s'offusque. Pour lui il s'agit d'un enlèvement. Aja lance l'enquête, interroge le personnel de l'hôtel et découvre rapidement que Martial n'a pas tout dit. Une femme de ménage a bien vu Liane rentrer dans sa chambre, mais jamais elle n'en est ressortie. Par contre Martial lui a emprunté son chariot à linge pour charrier des valises. Le mari serait-il le coupable ?

« Une île, un monde »
Michel Bussi, dans les 100 premières pages ne dévoile rien de l'intrigue véritable. Il renseigne le lecteur avec les déductions d'Aja. Et tout se complique quand Martial prend la fuite avec sa fillette. A-t-il quelque chose à se reprocher ? Que s'est-il passé quelques années auparavant, ici à la Réunion, qui terrorise tant ce père protecteur ?
Une course poursuite s'engage entre forces de l'ordre et Martial sur le terrain escarpé et sauvage de l'île. Cela donne l'occasion à l'auteur de décrire ce petit bout de terre :  « Une île, un monde, proclame le slogan touristique de La Réunion. Sur quarante kilomètres carrés est rassemblé un échantillon représentatif des inégalités entre les peuples des cinq continents. Un laboratoire de l'humanité. Cette île est une terrasse posée sur le rebord du monde pour observer l'avenir du genre humain. » « A l'ombre, en tongs, un verre de punch à la main » précise Christos, le second flic de l'enquête, le plus humain du récit.
On ne comprendra le fin mot de la machination que dans les 100 dernières pages, menées tambour battant, notamment à l'anse des Cascades, « une féerie aquatique dans un écrin de palmiers, de badamiers et de vacoas qui semblent avoir été plantés là par un jardinier méticuleux. Le paysage est fermé par des pitons volcaniques d'où coule un rideau continu de cascades. » Bienvenue à La Réunion, île du futur où il est impossible d'oublier le passé.
Michel Litout
« Ne lâche pas ma main », Michel Bussi, Presses de la Cité, 21 €


lundi 11 mars 2013

Chronique : piques épiques ou pathétiques de Véronique


veronique genest, caron, ruquier, ruquier, france2
Les réseaux sociaux ont une nouvelle star. Ou une tête-de-Turc. Cela dépend de son camp. Il y a les « pathétiques » et les « épiques ». Cela rime avec Véronique, Genest de son nom. L'ex-interprète de Julie Lescaut tente un retour en grâce auprès du public en passant par la case politique. Elle se présente, en tant que suppléante de Jonathan Simon Sellem (à droite, toute), sur la 8e circonscription des Français de l'étranger.
Elle commence très fort quand, en direct dans l'émission d'Alexandra Sublet, elle prononce ce lapsus d'anthologie : « Politiquement je ne me situe nulle part, je suis un étron libre. » Relevée dans l'heure sur Twitter, diffusée sur YouTube, la séquence de l'électron tourne en rond et remporte un beau succès.


Mais cet épisode est loin de déstabiliser Véronique Genest bien décidée à se montrer dans tous les médias. Elle accepte même de passer sous les fourches caudines du redoutable duo Polony-Caron samedi soir chez Ruquier. C'est ce dernier qui se charge de la mise à mort. Un véritable massacre, un « traquenard » dira Véronique Genest à la sortie de l'enregistrement. Comme souvent dans ce genre d'émission, il faut suivre l'interview les yeux rivés sur Twitter. Quelques rires ou plaisanteries adoucissent la violence de l'affrontement. Exemple cette remarque : « Très fort le sketch de Jonathan Lambert déguisé en Véronique Genest. Comment ça c’était la vrai ! »
En fait il ne s'agit que de mauvais théâtre, panem et circenses dans notre société moderne. 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant

BD : Luisa Casati, la muse égoïste

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La marquise Luisa Casati a toujours baigné dans le monde des arts. Cette richissime héritière italienne a dilapidé sa fortune et est morte en étant quasiment à la rue. Mais avant, quelle vie, quel faste, que de jouissances ! La vie de cette extravagante, que certains comparent à Lady Gaga, a toujours été dans l'excès. Mariée très jeune, elle trompe allègrement son triste mari avec un poète. Puis elle rejoint Paris et accumule les conquêtes et les tenues extravagantes. Sans pudeur, elle devient un modèle de choix pour les peintres les plus en vogue. Son corps se retrouve sur les tableaux de Dali, les photos de Man Ray et sert de base pour les créations du styliste Poiret. Ce biopic est l'œuvre de Vanna Vinci, dessinatrice italienne certainement inspirée par cette Casati, muse égoïste à la chevelure flamboyante.
« La Casati », Dargaud, 16,45 euros

Chronique : Feu le Telepod et autre Tripod d'Apple

apple, iphone, ipod, ipad, tripod, googleLes nouvelles technologies sont une mine pour les inventeurs de mots. En l'espace de quelques décennies, des noms, propres ou communs, ont enrichi notre vocabulaire. Mais avant de devenir connu de tous, le nom est le résultat d'une longue réflexion. En amont, elle est souvent cachée. Seul le résultat compte. Sauf dans le cas de l'iPhone d'Apple. Un responsable du service publicité de la société à la pomme a dévoilé récemment les différentes options proposées à Steve Jobs. A l'époque, et après de graves difficultés, l'entreprise retrouvait des couleurs (et de substantiels bénéfices) avec l'iPod. Le téléphone portable Apple devait s'appuyer sur ce succès. Votre iPhone a donc failli s'appeler TelePod ou TriPod. Autre piste, Mobi. Il a même été envisagé iPad. Mais finalement le très simple et efficace iPhone a été retenu. Un risque à l'époque, car il n'y avait dans cette formule ni le Mac ni le Pod très identifiables à Apple. 
De ces nouveaux noms issus des nouvelles technologies, Google est le plus célèbre. Pourtant il n'est apparu qu'en 1997. Les deux créateurs du moteur de recherches se sont inspirés du terme mathématique « googol » utilisé pour désigné un nombre commençant par 1 suivi de cent zéros. Un concept hors de portée de l'esprit humain. Par contre, internet, à priori infini, peut tout à fait supporter cette idée. Mais il y a de la marge. Et franchement, les créateurs de Google se contentent parfaitement des 9 zéros (soit un milliard) inscrits sur leur compte en banque...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Princesse indécise

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Toutes les petites filles rêvent au Prince charmant. Devenues adultes, elles cherchent toujours ce stéréotype de l'amour parfait. Et puis elles tombent sur.... les hommes. Lubriques, sales, égoïstes. Lulu cherche le grand amour. Elle va de décezption en déception. Alors pourquoi ne pas tomber amoureuse d'un crapaud ? Laëtitia Lamblin, alias Lulu Inthesky, fait partie de ces dessinatrices de la veine de Pénélope Bagieu et Margaus Mottin. Excellente en chaussures, en robes à froufrous longues chevelures. En autodérision aussi. Et c'est ce qu'on aime chez ces blogueuses : un humour ravageur.
« Lulu, il était une fois une princesse », Jungle, 12 euros

vendredi 8 mars 2013

Chronique : ces études inutiles, c'est du vent...

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Chercheur est un beau métier. Tous les jours on en a la preuve sur internet avec la publication de résultats d'études pour le moins incongrues. Des gens, payés par l'État, des universités ou des multinationales, passent des mois à faire des tests dont l'utilité ne saute pas immédiatement aux yeux.  Le moindre intérêt tout court non plus... Un site recense « le meilleur du pire des études à la con ». Il résume en une phrase les conclusions de pages et de pages d'enquêtes, questionnaires et autres expériences.
Dernière étude « à la con » recensée, celle affirmant que « Regarder de la télé-réalité liée au culte du corps donne envie de bronzer. » Un constat fait après un sondage mené par l'académie de dermatologie américaine auprès de  576 étudiants. Sachez également que « Les femmes ont l'air plus vieilles le mercredi à 15 h 30. » Commandée par la marque de cosmétique « Saint-Tropez », cette vaste étude met en évidence une « chute des niveaux d'énergie » tous les mercredis après-midi. Milieu de semaine, stress à son comble : résultat les femmes semblent avoir l'âge de leur mère. CQFD !
Enfin, si vous projetez un long trajet en avion, imprégnez-vous de cette très sérieuse recommandation d'un magazine médical néo-zélandais : « Ne retenez pas vos vents dans l'avion, c'est mauvais pour la santé. » Une directive scientifiquement prouvée et qu'ils agrémentent d'une mesure à prendre : « l'utilisation de coussins remplis de charbon absorbant les odeurs. » Merci pour les voisins. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : Par amour des seins


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L'appel aux financement participatif des internautes se diversifie. Limité à la musique dans un premier temps, il permet désormais de monter toutes sortes de projets. Dont certains sortent de l'ordinaire. « For tits sake ! », que l'on peut traduire par « Pour l'amour des seins » si l'on est politiquement correct ou d'un « Nom d'un téton ! » moins chaste, est une performance artistique de Jess Rose Wise. Cette plasticienne américaine veut dénoncer le diktat de la poitrine parfaite. Non, tous les seins ne se ressemblent pas, ils ne sont pas parfaits et brillent au contraire par leur diversité. Elle veut faire une exposition et un livre sur le sujet. Mais elle a besoin d'une mise de départ de 6000 $. Elle a ouvert son projet sur le site KickStarter et en deux jours la somme était réunie. Jess Rose Wise se propose de mouler dans du plâtre toute une série de poitrines pour ensuite les exposer. La démarche est pure, très militante. Mais dès qu'il est question de seins sur internet, on voit se profiler un raz-de-marée de voyeurs. Pas de bol pour eux, la vidéo de démonstration est un modèle du genre. On voit l'artiste, le plâtre, le modèle de dos ou de trois-quart, mais pas l'ombre d'un téton, tout au plus une courbe suggestive.



Plus radical par contre le blog photo rattaché au projet. Là, les seins s'imposent aussi par leur absence. Le cancer fait des ravages et nombre de malades ne doivent leur survie qu'à une ablation complète. Deux mots. Cela ne semble pas traumatisant. Mais une photo en gros plan de la cicatrice a un tout autre effet.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.