dimanche 29 janvier 2012

La tragédie Milady racontée par Agnès Maupré chez Ankama

Agnès Maupré, Milady, Dumas, les trois mousquetaires, d'Artagnan, Ankama
Directement inspiré du roman d'Alexandre Dumas, Milady de Winter d'Agnès Maupré met en lumière ce personnage de méchante, indissociable de celui de D'Artagnan. Dans la seconde partie, on retrouve la blonde héroïne prête à tout pour se venger du mousquetaire. Lui fait le siège de La Rochelle, elle est envoyée en Angleterre par Richelieu pour assassiner le duc de Buckingham. Faite prisonnière, elle devra déployer des trésors d'ingéniosité pour accomplir sa mission. Cette BD en noir et blanc, sans totalement excuser Milady, lui donne un côté humain indéniable. Ce n'est pas par hasard qu'elle a barricadé ses sentiments derrière une carapace. Femme et liberté ne faisaient pas bon ménage à l'époque.

« Milady » (tome 2), Ankama, 14,90 €


samedi 28 janvier 2012

Le sommet de l'auto dérision selon Marc Villard et Jean-Philippe Peyraud

Marc Villard, Jean-Philippe Peyraud, écrivain, hypocondriaque, Treize étrange, Glénat
Il y a deux types d'humoristes : ceux qui se moquent des autres et ceux, plus rares, qui savent se moquer d'eux mêmes. Dans cette dernière catégorie, Marc Villard remporte la palme. Romancier reconnu, il utilise à merveille tous ses défauts pour nous faire rire à gorge déployée. Le héros, écrivain de 60 ans sur le déclin, a un très gros problème d'égo. Bedonnant, hypocondriaque, un peu dépressif, il vit avec une jeune femme un peu blasée, son fils ado ayant déjà tout compris de la personnalité de son père et un chat, peut-être l'être le plus normal du foyer.
Marc Villard, Jean-Philippe Peyraud, écrivain, hypocondriaque, Treize étrange, GlénatDifférents thèmes sont exploités dans ce recueil de gags en quatre cases maximum (dessins de Jean-Philippe Peyraud). Celui de l'écrivain incompris marche à tous les coups et permet une féroce critique du milieu de l'édition. Les histoires de maladie imaginaire sont souvent efficaces, mais pas toujours nouvelles. Plus étonnantes les confidences sur la vie sexuelle de ce couple peu banal. Madame aime acheter des gadgets sur le site « missdominia.com », monsieur, souvent, le regrette dans le feu de l'action. « J'aimerais être un saint, mais bronzé » ce sont 100 pages et autant d'éclats de rire. C'est cool de savoir rire de soi, surtout si cela permet d'ajouter une brique à son œuvre...

« J'aimerais être un saint, mais bronzé » de Marc Villard et Jean-Philippe Peyraud aux éditions Treize Étrange, 15,50 €

vendredi 27 janvier 2012

Raid des Anomymous sur divers sites : héros ou pirates ?

little Brother, anonymous, coru doctorow, pocket jeunesse
Cory Doctorow, l'auteur de "Little Brother", roman d'anticipation sur les dérives de l'internet sécuritaire. Le roman est paru le 5 janvier dernier chez Pocket Jeunesse.


On ne parle que d'eux depuis quelques jours. Eux, ce sont les Anonymous, ces activistes insaisissables, mystérieux, aux visées souvent obscures, voire inquiétantes.
Site de Vivendi, gouvernement brésilien, l'Express... loin d'être coordonnés, leurs raids tapent tous azimut. Certainement car le mouvement est tout sauf structuré. Anonymous est apparu en 2006 selon Wikipédia et s'est popularisé en 2008. « Ils se présentent comme des défenseurs du droit à la liberté d'expression » explique l'encyclopédie en ligne. Cette fameuse liberté d'expression qui ne s'use que si l'on ne s'en sert pas. Les hackers sont des héros dans les dictatures, des pirates dans les démocraties. Mais selon eux, le terme de démocratie est souvent dévoyé. Les projets de loi SOPA et PIPA aux USA sont les exemples mêmes de cette volonté de régenter la toile.
little Brother, anonymous, cory doctorow, pocket jeunessePour mieux comprendre la mentalité des Anonymous, je vous conseille de lire « Little Brother » de Cory Doctorow récemment paru chez Pocket Jeunesse. Cet auteur de SF canadien y décrit une Amérique de plus en plus paranoïaque. Un attentat terroriste est l'alibi que cherchaient les autorités pour mettre tout le monde sous surveillance. Quelques jeunes vont se rebeller et démontrer au public que cet espionnage constant est pire que le terrorisme. Directement inspiré de « Big Brother » de George Orwell, ce roman n'est plus une anticipation. On est en plein dedans. Marcus, le héros, est un Anonymous. Héros et anonyme. Voilà tout le dilemme de ce mouvement.

jeudi 26 janvier 2012

Pour ou contre ? Les sites de débats ont le vent en poupe

débat, Talkéo, Newsring, présidentielle 2012
Est-ce la période électorale qui veut ça ? La dernière mode sur internet est le site de débat. Vous avez un avis ? Partagez-le ! C'est en résumé le concept de ces sites s'adressant au plus grand nombre.
Newsring, Talkeo, Netoo-débats, ils sont de plus en plus nombreux et demandent votre participation à deux niveaux : donner votre opinion, mais également lancer de nouvelles controverses.
Le plus sérieux est sans conteste Newsring. Parrainé par Frédéric Taddéi, il a une rédaction attitrée. Chaque journaliste arbitre le débat et le replace dans son contexte. C'est donc un véritable site d'information, même si au premier abord, on a l'impression d'une simple machine à pondre des OUI (en bleu) et des NON (en rouge) omniprésents sous chaque question. Les rubriques permettent de mieux s'y retrouver, avec beaucoup de politique et d'économie. Mais aussi quelques questions philosophiques comme « Peut-on revendiquer le droit à la paresse ? » (oui à 83 %) ou « La richesse est-elle immorale ? » (non à 64 %). Newsring a su, dès le début, attirer parmi ses contributeurs quelques pointures d'internet. C'est du reste la principale critique : trop d'influenceurs, pas assez de M. Toutlemonde.
Talkeo et et Netoo-débats semblent beaucoup plus simples. Des sujets très futiles sont abordés comme cet improbable «Chimène Badi : aimez-vous son nouveau style ? » et ce commentaire très limite « 30 kilos de moins c'est très bien. Par contre sa coiffure ne lui va pas du tout. » Rappel : Chimène Badi est une chanteuse...

mercredi 25 janvier 2012

Maki, le lémurien de Fabrice Tarrin, se dévergonde chez Vents d'Ouest

Fabrice Tarrin, Maki, Lémurien, Vents d'Ouest
Maki, le lémurien imaginé par Fabrice Tarrin, se démultiplie. Cet avatar servant à représenter l'auteur sur son blog (le Tarrin Blog) a débuté dans la collection Shampoing de chez Delcourt. C'était essentiellement les notes du blog reprises sur papier. Ensuite Maki, plus jeune, a partagé son enfance dans les pages de Spirou et chez Dupuis dans deux albums. Voici aujourd'hui une troisième version du personnage (constituée à 80 % d'inédits) racontant « Le parcours d'un puceau » chez Vents d'Ouest. Dans son style très dépouillé et si caractéristique, Fabrice Tarrin explique comment cet adolescent de 14 ans, par un incroyable concours de circonstance, va se retrouver ami avec la star Vanessa Colibri. Une actrice femme-enfant, aimant se moquer de ses fans. Maki, souvent plus victime passive qu'acteur des événements, est entraîné dans un tourbillon de coups de théâtre. Pour séduire une camarade de classe, il va l'inviter à une soirée organisée par Vanessa. Mais cela se passera très mal. De plus son meilleur ami disparaît après avoir fait des ménages, nu, chez une ancienne actrice suspectée d'avoir assassiné son enfant trisomique. Aidé d'un opportuniste ressemblant à Fred Neidhardt (l'âme damnée de Fabrice Tarrin), il va se lancer à sa recherche. Parfois émouvante, souvent loufoque, toujours juste, cette BD va asseoir encore plus la réputation de Fabrice Tarrin, star de la blogosphère adorant se mettre en scène, même dans les pires situations.

« Le parcours d'un puceau », Vents d'Ouest,13,90 €


mardi 24 janvier 2012

"La Rafale" sur les rails rouges de l'Indochine (Bamboo)

La Rafale, Cothias, Ordas, Winoc, Bamboo, Grand Angle, Indochine
« La Rafale », qui donne son nom à cette nouvelle série dessinée par Winoc et écrite par Cothias et Ordas, est un train blindé de l'armée française. C'est lui qui va ravitailler les différents postes avancés au Vietnam. On est en 1948 et la France a les pires difficultés pour maintenir la paix dans cette vaste et riche Indochine. Si les troupes d'élite de la Légion étrangère assurent la sécurité de la Rafale, pour ce qui est de son fonctionnement, c'est un jeune ingénieur qui est réquisitionné. Frédéric Daguet fait partie de ces idéalistes trop souvent déçus par la vie. Résistant de la première heure, il a combattu l'envahisseur mais a abandonné les armes quand l'épuration a multiplié les procès et exécutions arbitraires. Échoué au Vietnam, il tente d'oublier les vicissitudes de la vie dans les nuages d'opium. Sa réquisition par l'armée va le remettre dans l'action, même s'il n'apprécie pas ses compagnons d'armes (ce sont souvent ses anciens ennemis, SS ou miliciens) et la cause qu'ils servent. L'autre personnage principal de la série est une adolescente vietminh, My Linh. Endoctrinée par les communistes, elle infiltre les forces françaises et se prépare à frapper au cœur des troupes.
Une vision forte de cette période un peu oubliée de l'Histoire coloniale française. Au début on craint que le train soit omniprésent, mais la pâte de Cothias fait que les hommes et femmes prennent le dessus.

« La Rafale » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €


lundi 23 janvier 2012

Des anomalies parisiennes au centre de "Masqué", nouvelle série de Serge Lehman et Créty

Masqué, Delcourt, Créty, Serge Lehman, Paris
Paris, dans un futur très proche, est en pleine mutation. Le Préfet de police a les pleins pouvoirs et est devenu une vedette. Il a même des fans. Un homme mystérieux qui entend profiter des nombreuses « anomalies » apparues depuis quelques années. Ces anomalies vont de l'hologramme géant d'un homme masqué au-dessus de Montmartre à un glisseur mirage, homme lumière volant sur une planche de surf. Et puis il y a ces machines, venues de nulle part, sans but mais de plus en plus complexes. La dernière est humanoïde et a tenté d'assassiner le préfet de police. Heureusement il a été sauvé par Braffort, un ancien militaire à la dérive après avoir été blessé dans le Caucase. Braffort qui pourrait être une pièce maîtresse dans cette  partie souterraine se jouant sur l'échiquier géant qu'est la capitale.
Le premier tome de cette série écrite par Serge Lehman (un des meilleurs auteurs SF français) est époustouflante. D'inventivité d'abord. Ces anomalies imposent une ambiance entre progrès technologique et revival du passé. De psychologie ensuite. Les différents protagonistes, loin d'être d'un bloc, sont complexes. Créty, au dessin, renforce cette image d'un Paris futuriste où tout est possible. Certaines doubles planches méritent d'être exposées tant elles foisonnent de détails. Une série prévue en quatre tomes à paraître en moins d'une année.
« Masqué » (tome 1), Delcourt, 13,95 €


dimanche 22 janvier 2012

Charlotte Blum : «Un fan de série télé doit être patient»

Les amateurs de séries télé vont adorer ce beau livre de Charlotte Blum. La spécialiste explique le phénomène, en fait l'historique et imagine les tendances des prochaines années.

Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Paru aux éditions de la Martinière en octobre dernier, « Séries, une addiction planétaire » de Charlotte Blum, est un beau livre idéal pour mieux connaître cet univers impitoyable. Cette jeune spécialiste, qui a toujours aimé et baigné dans les séries télé, dresse un rapide historique et tente de dégager des tendances en mettant des focus sur certaines productions sortant des sentiers battus.
Premier virage avec Twin Peaks. « C'est David Lynch qui l'a écrit et du coup une frontière a été brisée entre la télévision et le cinéma, explique Charlotte Blum. C'est devenu l'endroit où les gens du cinéma voulaient travailler. Une des raisons c'est qu'il y a une liberté extraordinaire que l'on n'a pas sur un long métrage. En plus avec la télé on est chez les gens et on des chances beaucoup plus élevées d'être regardé. »
Mais dans le vaste monde des séries télé, toutes ne sont pas sur un même pied d'égalité. Le projet développé pour un grand Network est « fabriqué à la chaîne » alors que les chaînes câblées « prennent des risques et osent des thématiques complètement nouvelles. » C'est toute la différence entre « Mentalist » et « Dexter », pourtant diffusées en France sur la même chaîne, mais pas au même horaire.

Transgénérationnel
Les séries télé, tout en segmentant le public, permettent aussi à  toute la famille de se retrouver autour d'un programme divertissant. « Vampire Diaries », par exemple, tout en surfant sur la mode des vampires chez les adolescents, peut passionner la mère de famille par ses intrigues amoureuses. Et Charlotte Blum de se souvenir de sa découverte d'Urgences avec sa mère qui était accro.
Maintenant, les fans de séries ce sont des « gens qui ont grandi avec et qu'on peut étonner. Ils sont habitués à cette gymnastique d'attendre une semaine, de se concentrer parce-qu'il ne faut pas louper un bout. Un vrai fan de série est avant tout patient », souligne Charlotte Blum.
Aujourd'hui de nouvelles pratiques de consommation apparaissent. Le coffret contenant l'intégrale ou le site internet en streaming permet de tout voir en une journée. Mais cela vient souvent en complément. « Une série comme Lost, peut être vue deux ou trois fois. A chaque visionnage vous découvrirez de nouvelles choses en raison de la richesse de l'intrigue et de l'écriture. » Les séries télé, reines de l'audience, sont une véritable drogue pour certains. Et c'est logique pour Charlotte Blum « dans le sens où on a des doses distribuées à un rythme très réglé. C'est quelques chose qu'on attend, dont a besoin. On ne peut pas commencer et ne pas finir. »
 
« Séries, une addiction planétaire » de Charlotte Blum est paru aux éditions de la Martinière (35 euros)


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 A chaque décennie ses séries

Années 50

Au nom de la loi
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Steeve McQueen interprète Josh Randall, un chasseur de primes. Le western règne encore en maître sur le cinéma hollywoodien et logiquement c'est ce genre qui remporte un immense succès sur les petits écrans. En noir et blanc, la série est encore régulièrement rediffusée en France, sur Arte dernièrement.

Années 60

Les mystères de l'Ouest
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Dans les années 60, le duo de héros fait son apparition dans les séries américaines. Les Mystères de l'Ouest amènent un peu d'humour et de fantastique dans un décor de western d'opérette. Robert Conrad, acteur typique de série, rencontre son premier grand succès populaire. Toujours à l'affiche sur Paris Première.
Mission impossible
En pleine guerre froide, les séries américaines mettent en scène des espions d'un nouveau genre. Déguisements, gadgets, machination : l'équipe de Jim Phelps agit sans filet. Récemment rediffusé sur Direct 8

Années 70

Drôles de dames
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Place au glamour avec cette série où trois jolies femmes issues de l'école de police enquêtent pour Charlie, un mystérieux patron. Succès planétaire pour Farrah Fawcett qui a longtemps représenté l'idéal féminin.  
MASH
Dérivée du film de Robert Altman, cette série explore deux mondes très prisés par les scénaristes : l'armée et le milieu médical. Avec 250 épisodes, elle fait partie des plus longues.

Années 80

Dynastie
Après le phénomène Dallas, Dynastie s'impose comme l'exemple type de ces séries centrées sur le pouvoir et la richesse. Les personnages sont souvent cupides et prétentieux. Pourtant ils sont des millions sur terre à suivre les aventures de la famille Carrington.  
Seinfeld
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Les sitcoms comiques, souvent bon enfant, deviennent plus mordantes avec l'arrivée de Seinfeld. Le comique new-yorkais réécrit sa vie et permet l'éclosion de personnages atypiques. C'est parfois sans limite, toujours hilarant.

Années 90

X-Files
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, La théorie du complot vient peut-être de Chris Carter, le créateur de X-Files. Deux agents du FBI sont confrontés à des phénomènes étranges et découvrent que « nous ne sommes pas seuls ». Une série qui a beaucoup fait pour le démarrage de M6 en France.
Twin Peaks
Quand David Lynch, cinéaste reconnu, accepte de faire une série, cela donne Twin Peaks, souvent considéré comme la meilleure de tous les temps. Sur un grand network (ABC), les Américains de base découvraient leurs propres névroses à travers cette histoire de meurtre mystérieux dans une petite ville paumée.   

Années 2000

Lost
Séries télé, Charlotte Blum, La Martinière, Série au budget considérable, Lost s'est un peu perdue dans les dédales du temps au fil des saisons. Mais la série reste un must dans le genre des histoires à tiroir et à personnages multiples. C'est aussi la série qui a rendue célèbre outre-atlantique « La mer » de Charles Trénet...
Dr House
Les héros antipathiques sont de nouveau à la mode. Si Dexter est un serial Killer, le Dr House règne en tyran sur son service. Le toubib à la canne fait partie de ces séries s'appuyant sur un seul personnage, idéalement campé par l'acteur ad-hoc.

samedi 21 janvier 2012

Des travaux d'avenir grâce à l'inventivité d'internet

Internet, loin de tuer le marché du travail, semble être un formidable outil pour la croissance. Ce nouveau modèle économique invente chaque jour. Des contenus, des habitudes et également des emplois. Ce n'est pas une simple vue de l'esprit car récemment, aux USA, le président de la Commission fédérale des communications, Julius Genachowski, a affirmé que « Internet crée actuellement 2,6 emplois pour chacun de ceux qu’il détruit. » Ce qui semblait abstrait, voire inexistant, il y a une dizaine d'années, est devenu un secteur industriel florissant.
Plus le temps passe, plus le réseau prend de l'importance dans notre vie de tous les jours. La semaine dernière se tenait à Las Vegas le CES (Consumer Electronic Show) 2012, véritable  vitrine des innovations dans ce domaine. Et la tendance cette année est l'arrivée d'appareils de plus en plus « connectés », du frigo à la voiture. Les tablettes ont fait des petits, se scotchant un peu partout dans la maison. Sur votre frigo, un écran vous indiquera ce qu'il y a dedans, la date de péremption de certains produits frais, voire proposera des recettes en fonction des restes. La voiture, connectée à Facebook, offrira la possibilité, entre autres,  de savoir où se trouvent ses amis. Samsung a fait sensation en exposant un écran-fenêtre. Ce grand écran donne l'impression d'être une fenêtre ouverte sur le paysage que l'on veut. Les informations s'affichent en surimpression. Et on peut même fermer des stores virtuels. Dernier avantage : on n'a qu'un côté à laver....

vendredi 20 janvier 2012

Bézian dessine ses souvenirs de Bram, de l'Aude et du Canal du Midi dans "Aller-retour"

Bézian, Aller-retour, Delcourt, Aude, Bram, Canal du Midi
Bézian, sous couvert d'une enquête se son héros, détective, se souvient de son enfance. Le périple débute dans un TER et se poursuit dans les petites rues d'une bourgade de l'Aude. Il ne la nomme pas, mais grâce à quelques indices (Canal du Midi, gare SNCF, panneaux indicateurs...) on reconnaît la ville de Bram, entre Castelnaudary et Carcassonne. L'histoire débute de nos jours, en couleur, mais dès que le personnage principal met les pieds sur le quai, il bascule dans le passé en noir et blanc, quand il n'était qu'un enfant s'amusant dans les rues de cette circulade typique du Languedoc. Et Bézian d'expliquer l'importance du décor : « Été comme hiver, tous les villages de cette région paraissent gris. Il y a une qualité de mélancolie qui me touche particulièrement ». On retrouve cette mélancolie dans un album atypique, brillant par son côté graphique et novateur.

« Aller-retour », Delcourt, 16,95 €


jeudi 19 janvier 2012

Comment décrocher des drogues dures ? Passez par "Le château des Ruisseaux"

Chateau des ruisseaux, Poincelet, Bernière, Aire Libre, Dupuis
La bande dessinée, par son fort pouvoir d'évocation, permet au lecteur à l'esprit ouvert de s'immerger dans des mondes différents. Imaginaires parfois. Très réalistes dans le cas du « château des ruisseaux ». Ce centre accueille des toxicomanes désirant décrocher. La BD de Poincelet et Bernière suit le parcours de deux d'entre eux, arrivant le même jour. Jean et Marie ont une réelle volonté de s'en sortir. Pourtant ils sont très critiques face aux méthodes proposées. D'abord, pas de phase dégressive. « Personne ne meurt d'une crise de manque » affirme un psy à Jean. Certes, mais c'est très dur pour lui. Au bout d'une semaine, il commence à y voir plus clair.
Plongée dans le monde des drogués, cette BD est inspirée de récits véritables. Presque un reportage même si les auteurs ont « mélangé » les expériences, cela reste très fort et dérangeant.

« Le Château des ruisseaux », Dupuis, 14,95 €


mercredi 18 janvier 2012

"Les petits Mythos" des Dieux en devenir par Cazenove et Larbier

Petits mythos, Cazenove, Larbier, Claude Marin, Bamboo
La mythologie grecque est décidément une source inépuisable pour les scénaristes de BD. La richesse des personnages, les péripéties des uns et des autres, la petite histoire dans la grande : c'est une mine inépuisable. Nouvelle preuve avec « Les Petits Mythos », une série humoristique écrite par Cazenove (gagman redoutable de l'écurie Bamboo) et Larbier, dessinateur au trait dynamique faisant parfois penser à celui du regretté Claude Marin (Les bébés Disney). En Grèce, quelques enfants espèrent devenir des dieux. Si pour certains, un talent exceptionnel leur permet de rêver (Aphrodite, Midas, Hercule...), pour d'autres ce sera plus compliqué. Notamment pour Totor le Minotaure, personnage le plus utilisé dans ce premier recueil. Le plus comique aussi. Il pourrait vite devenir le dieu de l'humour. Mais pas des gaffes, Gaston occupe déjà le poste depuis des décennies...

« Les Petits Mythos », Bamboo, 10,40 €


mardi 17 janvier 2012

"Les faux visages" ou quand les Postiches passaient à l'attaque, BD de David B et Tanquerelle

gang des postiches, faux visages, David B, Tanquerelle, Futuropolis
Le gang des Postiches, en signant des dizaines de hold-up dans les années 80, s'était taillé une belle réputation dans le milieu du grand banditisme. Les aventures de ces amis ont particulièrement intéressé David B. qui en a tiré un scénario mêlant faits avérés et situations fictives. Hervé Tanquerelle a illustré ces 150 pages entre braquages, préparations des coups et magouilles des policiers pour tenter de coffrer ces bandits d'exception. Mais l'essentiel de ce roman graphique porte sur la description des personnalités des protagonistes. Loin de les idéaliser, les auteurs les présentent comme des hommes aimant souvent la violence (et les armes à feu), faisant des braquages pour s'enrichir, mais aussi pour le plaisir de l'action. Ils ont longtemps été introuvables car totalement coupés du milieu traditionnel, loin des indics de la brigade de répression du banditisme. Pourtant un jour tout s'est terminé. Une partie de la bande est tombé sous les balles, une autre a fini en prison, les rescapés sombrant dans la folie.
C'est aussi passionnant qu'un polar tant les « tronches » de ces postiches sont fortes et originales.

« Les faux visages », Futuropolis, 21 €


lundi 16 janvier 2012

"Sept naufragés" : enfants perdus sur une île onirique

sept, sept naufragés, andoryss, Tony Semedon Delcourt
Sur une île, ressemblant un peu trop à un paradis, des enfants apparaissent régulièrement, comme s'ils étaient des naufragés. Ils étaient six et ce matin-là, un septième vient d'arriver. Aran sera confié à Maria, une des adultes de ce petit village vivant en autarcie. Aran, mystérieux, veut, dès le premier matin, un cahier. Il explique aux six autres enfants de l'île, tous naufragés comme lui, qu'il veut y noter ses faits et gestes. Une habitude qui lui permettra d'entretenir sa mémoire. Une mémoire qui semble se volatiliser du jour au lendemain chez les six autres enfants. Chez les villageois, c'est l'inquiétude. La démarche d'Aran les inquiète. D'autant que le jeune naufragé désire aller au phare, persuadé que c'est ce dernier qui l'empêche d'avoir des souvenirs.
Ecrite par Andoryss (une jeune auteur de 30 ans), cette histoire intègre la collection « Sept » de chez Delcourt. Dessinée par Tony Semedo, elle est plus onirique que fantastique. Ces enfants perdus, dans tous les sens du terme, sont parfois attendrissants mais aussi un peu inquiétants.
« Sept naufragés », Delcourt, 14,95 €

dimanche 15 janvier 2012

"L'ombre de l'aigle" 2e partie de Kraa de Sokal chez Casterman

Kraa, Sokal, Casterman, aigle
Benoît Sokal, tout en continuant à animer les enquêtes de Canardo, s'est lancé dans une grande saga nature. Kraa est un aigle, gardien d'une vallée isolée. Il règne en maître sur une nature qui le craint. Seuls les hommes pourraient se mettre en travers de son chemin. Pas les Indiens qui le respectent, mais les Blancs porteurs de la modernité. Car cette région regorge de richesses minières. Pour les exploiter, une ville est rapidement bâtie et un barrage est en construction pour réguler le fleuve passant à proximité. La vallée sera alors inondée. Les Indiens n'auront pas la possibilité de protester, ils sont tous massacrés. Tous sauf Yuma, un adolescent. Yuma qui développe un lien chamanique avec Kraa. Ensemble ils vont se venger. Après une première partie très sauvage, le second tome donne une orientation différente à la série. Kraa s'efface un peu au profit de Yuma. Il retrouve  un semblant d'humanité en tombant amoureux de la belle Emily.
Une histoire poignante et des couleurs lumineuses font de cet album une des BD incontournables de la rentrée de janvier.
« Kraa » (tome 2), Casterman, 16 €

samedi 14 janvier 2012

Virus en mutation dans "Rifteurs" de Peter Watts

Une explosion atomique dans les profondeurs de l'Océan Pacifique a ravagé la côte Ouest des USA. Dans ce chaos, l'Humanité tente de survivre.

Peter Watts, Rifteurs, Starfish, Science-fiction, Fleuve NoirAprès le huis-clos au plus profond des abysses (« Starfish » paru en 2010 au Fleuve Noir), Peter Watts prolonge sa saga de science-fiction au grand air. Son héroïne, Lenie Clarke a survécu. Après l'explosion et le tsunami qui en a résulté, elle s'est tapi au fond de l'océan. Technicienne chargée d'entretenir ces nouvelles centrales électriques utilisant l'énergie géothermique, elle a a été « améliorée » pour résister aux grandes pressions et respirer sous l'eau. C'est à pied qu'elle rejoint la cote américaine. Et ce qu'elle découvre ne ressemble plus au monde qu'elle a connu avant. « Le fond était entièrement recouvert de cadavres. Qui semblaient eux aussi couvrir plusieurs générations. Certains se réduisaient à  des agglomérats symétriques d'algues. » Des millions de morts, des pans entiers du pays disparu : l'Amérique peine à se redresser.

Camps de réfugiés
Mais dans ce futur proche, des repères restent. Les rares parties côtières épargnées sont toujours longées par un mur infranchissable. Un mur édifié pour empêcher aux réfugiés venus de toutes parts de pénétrer dans cet Eldorado rêvé. Lenie Clarke, en sortant de l'eau, telle une divinité antique, devient un sujet de conversation, puis d'admiration pour les milliers de réfugiés survivant au bord de l'eau. Parqués, mais pas abandonnés. Des machines les nourrissent au quotidien. Un magma de protéines, coupé avec de puissants médicaments pour abolir toute velléité de rébellion. Un homme, tout en se méfiant de Clarke, va lancer un vaste mouvement de grève de la faim. Cela permet aux réfugiés de libérer leur conscience, de retrouver cette volonté d'avancer, de conquérir le pays.

Le Maelström prend le pouvoir
Ce monde apocalyptique, où le clivage entre nantis et moins-que-rien est de plus en plus grand, est surveillé par des drones-robots pilotés par des techniciens bien au chaud dans leurs maisons high-tech. Le roman nous fait découvrir les interrogations d'une de ces surveillantes toute puissante : Sou-Hon. Elle tente de contacter Lenie Clarke alors qu'au même moment des incendies ravagent des régions entières et que le Maelström, l'immense réseau informatique ayant succédé à internet, voit se développer des intelligences artificielles de plus en plus autonomes.
Peter Watts, écrivain canadien, est biologiste marin de formation. Avec ce roman, il quitte son domaine de prédilection pour la terre ferme. Mais ses spéculations sur des thèmes d'actualité (gestion des réfugiés, maîtrise de l'information, nouveaux dangers bactériologiques) cachent un thème plus universel : l'exploration de la psychologie humaine. Il nous avait épaté dans « Starfish », tous les personnages étant des « déviants » (serial-killers, violeurs...). Cette fois, ils sont plus dans la norme, mais tous potentiellement sujets à de graves psychoses. Le constat n'est pas très optimiste. Mais en prendre conscience permettra peut-être d'éviter quelques catastrophes planétaires.

« Rifteurs », Peter Watts, Fleuve Noir, 24 €

Présidentielle : à la santé des candidats


Le site internet « Le vin des présidents » vient de lancer un sondage original demandant aux amateurs de vin d'associer un cru à chaque candidat à l'élection présidentielle afin de définir leur « oeno-profil ». 11 régions sont proposées aux internautes, dont le cru minervois pour le Languedoc. Hier, plus de 3700 votes étaient enregistrés, donnant une bonne indication sur l'image de chacun.
Nicolas Sarkozy, reste très « bling bling » puisque 50 % des votants lui associent le champagne. Breuvage lié au luxe et à la fête, le champagne est également le vin reflétant le mieux la personnalité de Dominique de Villepin. Ces deux candidats semblent à l'opposé complet du minervois, présenté sur le site comme un vin dont les qualités sont d'être « chaleureux, envoûtant, souple et épicé », puisqu'ils ne sont que 3 % des internautes à leur trouver une ressemblance avec ce vin rouge produit dans l'Aude et l'Hérault.
Le champion du minervois est Nicolas Dupont-Aignan, avec un 26 % à prendre avec prudence car les votes sont peu nombreux sur son nom.
François Hollande (et le parti socialiste en général) a toujours obtenu des scores élevés en Languedoc. Mais son nom n'est associé qu'à 11 % au minervois. Pourtant, si l'on a mauvais esprit, les défauts du minervois collent parfaitement avec la caricature du candidat socialiste aux Guignols : « lourd, mou, simple »...
Enfin, Marine Le Pen n'est minervois qu'à 4 %. Les votants préfèrent l'associer à 25 % à un vin d'Alsace. Un vin très féminin, puisqu'il est également celui qui symbolise le mieux... Eva Joly.

vendredi 13 janvier 2012

De la Free(ture) sur la ligne

Vous vous demandez ce qu'est la pensée unique ? Facile, il suffisait de se balader mardi matin sur internet (sites d'infos, twitter, facebook, forums...). Une seule information dominait tout : le lancement des forfaits Free Mobile par Xavier Niel au cours d'une conférence de presse diffusée en direct sur Dailymotion. Éclipsés les petite phrases de la présidentielle ou Messi et son 3e ballon d'or.
Tout le monde était pris d'une frénésie numérique à l'annonce de la commercialisation de forfaits à 19,99 euros, voire moins si on passe déjà par la FreeBox pour accéder à internet. Comme si c'était le début d'une nouvelle ère, d'une révolution complète et absolue.
En réalité, ce n'est que l'application d'une recette low-cost ayant fait ses preuves dans le secteur très concurrentiel des fournisseurs d'accès à Internet. Arnaud Montebourg a même osé ce tweet : « Xavier Niel vient de faire avec son nouveau forfait illimité plus pour le pouvoir d'achat des Français que Nicolas Sarkozy en 5 ans. » Certes les dépenses des Français pour les nouvelles technologies de l'information ont fortement augmenté ces dernières années, mais pas au point de dépasser le montant de leur loyer.
Reste que cet emballement, s'il est un peu surfait, est malgré tout justifié. Pour preuve, sur lindependant.fr, l'USAP reste le maître étalon des attentes des lecteurs. Or hier, l'annonce de la signature de Marc Delpoux au poste de manager n'a vraiment pas fait le poids face au décollage de la fusée Free Mobile.

Wayne Shelton est un retraité actif, comme ses deux auteurs Van Hamme et Denayer

Wayne Shelton, Jean Van Hamme, Christian Denayer, Dargaud
Plus de 70 ans pour le scénariste, Jean Van Hamme, plus de 65 pour le dessinateur, Christian Denayer : les auteurs de Wayne Shelton, comme le héros, ne sont plus de la première jeunesse. Mais cela ne les empêche pas d'être talentueux et très verts. Wayne, la cinquantaine passée, dans les premières pages de ce 10e album intitulé « La rançon », ne crache pas sur un cadeau d'anniversaire aux courbes parfaites. Mais la bagatelle ne nourrit pas son homme (et n'entretient pas le voilier qu'il vient de s'offrir). Il accepte d'aider un ami milliardaire dans une affaire d'enlèvement. Il va se charger de l'échange d'une jeune femme contre une rançon de 20 millions de dollars en diamants bruts. Problème, la transaction va se dérouler en plein désert irakien.
Jean Van Hamme s'en donne à cœur joie dans cette histoire entre rebondissement convenu et véritable surprise. De la BD d'aventure sans prétention. Ni morale, ce qui est plus rare de nos jours...
« Wayne Shelton » (tome 10), Dargaud, 11,55 €


jeudi 12 janvier 2012

Mufle d'Eric Neuhoff et Le Seigneur de la route de Jean-Pierre Gattégno : des cocus magnifiques

Ils sont cocus, mais pas forcément contents les deux héros de « Mufle » d'Eric Neuhoff et « Le seigneur de la route » de Jean-Pierre Gattégno.

Eric Neuhoff, Mufle, Albin Michel, Le seigneur de la route, Jean-Pierre Gattégno, Calmann-LévySont-ils à plaindre ces hommes délaissés ? Doit-on les prendre en pitié ou les ignorer ? Ne l'ont-ils pas cherché ? Ces deux romans très français sont, en plus de leçons de littérature, des histoires banales dans leur origine. Oui, tout passe, tout lasse, même les amours fusionnelles.
Pierre Raustampon, avant de devenir au volant d'une Mercedes « Le seigneur de la route », titre du roman de Jean-Pierre Gattégno, est un petit professeur insipide. Il a séduit la belle Madeleine car il ressemble au personnage principal d'un tableau exposé au musée des Beaux-Arts de Dijon. Mais Madeleine, insatiable, a trouvé d'autres sosies au « Portrait de jeune homme » d'Emile Savitry. Dernier en date, un riche industriel.

La Mercedes de l'amant
Un jour, rentrant plus tôt que prévu, Pierre découvre, dans son salon, les habits de l'amant de sa femme. Ne voulant pas les surprendre dans le lit conjugal, il s'enfuit. Tout en emportant portefeuille, Iphone et clé de voiture du rival. C'est une puissante berline allemande. Comme envouté, Pierre va se glisser derrière le volant et se lancer dans un road-movie très mouvementé.
Découvrant le plaisir de la vitesse, il fonce sur les autoroutes françaises, à plus de 200 km/h, il double en klaxonnant à tue-tête ces tortues se trainant à 130. Il dort sur les aires de service, paie avec les cartes bleues de l'amant et usurpe même son identité lors d'un contrôle de police. Au bout de plusieurs jours de cavale, Pierre s'étonne de la non réaction de l'industriel. Quittant l'autoroute, il reprend pied dans la réalité et frise la panique. Le policier qui l'a contrôlé a été tué d'une balle dans la tête et les corps de sa femme et de l'amant ont été retrouvés dans l'appartement de Pierre.
Recherché, il va se réfugier dans ce monde impersonnel de l'autoroute. « De nouveau un paysage connu et rassurant. L'interminable ruban gris dont les bords se rejoignaient à l'horizon. » Les affaires de Pierre se compliquent quand il est kidnappé par des apprentis braqueurs, qu'il prend conscience qu'il est aussi recherché par des tueurs russes et qu'il tombe amoureux de Muriel, la femme de son malheureux rival.
Jean-Pierre Gattégno laisse alors libre cours à son imagination, ne lésinant pas sur les coups de théâtre ni les incongruités comme cette analyse d'un hold-up, transformé... en plan de dissertation.

Eric Neuhoff, Mufle, Albin Michel, Le seigneur de la route, Jean-Pierre Gattégno, Calmann-LévyLe souvenir de Charlotte
Tout aussi percutant est le « Mufle » d'Eric Neuhoff. Dans ce court roman, le narrateur, la cinquantaine, tombe des nues : Charlotte le trompe. « Un amant. Elle avait un amant. Quel mot étrange. Nous ne sommes même pas mariés. L'amant, c'était moi. De quoi avais-je l'air ? Ma maîtresse a un amant. La phrase sonnait comme du boulevard. » Dans un premier temps, il est totalement anéanti. En perd le sommeil. Ne pense qu'à ça. Il l'aime toujours. Cela donne de superbes pages, d'un lyrisme étonnant sous la plume d'un Eric Neuhoff habituellement plus caustique. « Tu étais noble, farouche, conquérante. Tu semblais voler de victoire en victoire. Tu t'endormais d'un coup et ton visage devenait soudain celui d'une autre. Ton long corps amolli, souple plein. C'était un vrai corps. Je m'y noyais. »
Des mois de souffrance et puis un jour comme les autres, « devant la cage aux orangs-outans, il décida de la quitter. » Une nouvelle vie commence. « Je ne t'oublie pas, Charlotte. Je prends mes distances. Je ne te connais plus. »
« Mufle » est un petit bijou d'écriture, vif, entraînant, si distrayant. Une Charlotte en papier...

« Le seigneur de la route », Jean-Pierre Gattégno, Calmann-Lévy, 17,50 €
« Mufle », Eric Neuhoff, Albin Michel, 11,90 €