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lundi 1 septembre 2025

BD - Emilie Schindler, une épouse parmi les Justes


Les épouses sont souvent les grandes oubliées de certains destins exceptionnels. Le cas d’Emilie Schindler est exemplaire. La femme d’Oskar, rendu célèbre après la publication d’un roman et la sortie du film sur son activisme pour sauver des centaines de Juifs en pleine seconde guerre mondiale, a toujours été près de son mari quand il jonglait avec les nazis pour permettre à ses ouvriers d’échapper à la solution finale. Ce n’est pas “La liste de Schindler” dont il faudrait parler mais de “La liste des Schindler”. Cet album écrit par Jean-Yves le Naour et dessiné par Christelle Galland replace Emilie Schindler dans ce récit ayant permis à Oskar de devenir Juste en 1963 alors qu’elle a dû attendre 1994. Emilie une femme doublement aigrie. En raison de l’oubli historique mais aussi des tromperies nombreuses du mari volage. 

C’est en 1999 que la trace d’Emilie Schindler est retrouvée par des journalistes allemands. La vieille dame vit seule dans une petite maison dans la banlieue de Buenos Aires en Argentine. Elle accepte de raconter son histoire, dévoilant au passage quelques vérités sur Oskar Schindler. Ce dernier n’a jamais été un mari parfait. Rapidement Emilie, pourtant follement amoureuse du début à la fin, comprend que cet homme, toujours en avance, bouillonnant de projets, aime les femmes, la fête et sait dépenser en une nuit tout l’argent gagné en un mois. Pour satisfaire ses besoins financiers, il accepte toutes les compromissions. Membre du parti nazi, espion pour les SS, il va reprendre une usine de fabrication d’ustensiles de vaisselle à des Juifs dépossédés de leurs biens. Et pour augmenter les bénéfices, vendra ses casseroles à l’armée du Reich et surtout n'emploie que des Juifs payés deux fois moins que le reste des travailleurs. Oskar, raciste, exploiteur, infidèle… Loin du héros. Pourtant Emilie expliquera qu’il a changé quand il apprend l’existence des camps de concentration et surtout de l’extermination de masse des prisonniers. Il fera alors tout pour sauver ses employés. Aidé par son épouse, il trompe les nazis, se rachète d’un passé peu glorieux. Mais une fois la guerre terminée et le couple installé en Argentine, Oskar retombe dans ses travers. Fêtes, maîtresses et finalement abandon d’Emilie pour refaire sa vie en Allemagne. 

Cette BD, en plus de raconter un pan de l’Histoire du XXe siècle, montre l’abnégation de cette femme, son courage, sa fidélité et son engagement malgré les dangers. Elle aussi méritait d’être parmi ces Justes qui ont désormais leur propre collection de BD. L'autre titre paru en cette rentrée 2025 concerne Carl Lutz et est dessiné par Brice Goepfert.  

“Les Justes - Emilie et Oskar Schindler”, Bamboo - Grand Angle, 64 pages, 15,90 €


mercredi 27 août 2025

BD - "Le jour où...", une série pour s'accepter et se bonifier


Pas de grande aventure ni de rebondissements spectaculaires dans les albums de la série "Le jour où...". Béka et Marko (scénario et dessin), tentent plus simplement de nous faire comprendre la vie. Celle de tous les jours, le quotidien qui parfois nous étouffe. Une BD feel good, sans prétention mais qui fait du bien à ceux qui savent s'ouvrir au monde. 

Déjà le 9e tome pour un concept qui semblait assez étrange lors de son apparition (en septembre 2016) dans les bacs des libraires entre les gags pour gamin attardé, l'héroïc fantasy pulpeuse et les polars, noirs, forcément noirs. Au centre de ce nouveau titre, Chantal, déjà vue dans de précédents épisodes. Une romancière. Elle aligne les succès. Sa série cartonne. A chaque rentrée littéraire, son éditeur et ses lecteurs sont impatients. Or, depuis quelques mois, Chantal a perdu le goût d'écrire. Elle est sèche. La page reste blanche. Pire, l'envie de rien. Et rapidement la dévalorisation, l'auto dénigrement. Elle a la nouvelle intrigue en tête, mais n'arrive pas à se lancer dans l'écriture. Elle n'ose pas le dire à son éditeur. 


La seule avec qui elle accepte de se confier c'est Clémentine, la libraire, jeune femme à l'originaire de la série BD depuis qu'elle a "laissé partir le bus sans elle". Clémentine toujours à l'écoute et de bon conseil, suggère à Chantal de faire un break. L'autrice va donc squatter la belle demeure d'amis vivant à la campagne. Et tout en acceptant enfin de laisser tomber la pression, elle va participer à des stages d'éveil à la création et se balader en forêt. C'est entre deux chênes centenaires qu'elle rencontre une femme mystérieuse. Inconnue dont les conseils donnent tout le sel à cet album, un peu théorique par moment. Marko, le dessinateur, a dû développer des trésors d'ingéniosité pour transformer ce discours très intellectuel en scénettes faciles à comprendre, belles et épanouissantes. 

Une BD forcément réservée à un certain public, celui qui croit aux forces de l'esprit. Les matérialistes et autres ambitieux risquent carrément l'apoplexie en découvrant la leçon de l'inconnue des bois.   

"Le jour où elle s'est laissé le temps", Bamboo, 60 pages, 16,90 € 

vendredi 28 mars 2025

BD - Humour paillard autour de Henri IV

Les petits tracas de la santé des grands de ce monde : tel est le thème de prédilection de Philippe Charlot, scénariste béarnais. Un Béarnais qui a décidé d'écrire une histoire grivoise et comique autour du plus célèbre d'entre eux. Ceux qui répondent François Bayrou devront passer le reste de la chronique au coin après avoir reçu une bonne torgnole ! Non, bien évidemment, le seul Béarnais qui a marqué l'Histoire de France reste Henri IV, le roi qui a beaucoup fait pour les Françis, un peu moins pour les poules. Même si certaines "poules" ont beaucoup bénéficié de ses faveurs quand il était en forme. Surnommé le "vert galant", il a bien une épouse mais préfère de loin les multiples conquêtes, jeunes, accortes et peu farouches. 

La chandelle du bon roy Henri se déroule en 1594 à Paris. Henri, converti au catholicisme, est devenu roi de France et a quitté Pau, son château et son gave pour Paris, son palais et la Seine. Il a quelques difficultés à imposer difficultés à imposer son autorité. Paris est rebelle. Les Parisiennes belles, mais farouches. De plus un problème urinaire lui complique la vie quotidienne. Son "porte-pot" (valet qui fait office d'urinoir ambulant) doit constamment être à ses côtés. Il a souvent envie mais ne peut que faire quelques gouttes. Il demande à son médecin de trouver un remède plus efficace, et rapidement. La solution viendra d'une voyante, un peu guérisseuse, un peu charlatane, mais experte en écoulement des fluides et en chandelles miraculeuses. 

Dessinée par Eric Hübsch, cette gaudriole est l'occasion pour les auteurs de brocarder la rigueur catholique face à la légèreté protestante. Il y est aussi question d'hypnotisme, de grand amour et de jeu de paume. On rit beaucoup à ces péripéties médicales d'un autre temps.

"La chandelle du bon roy Henri", Bamboo Grand Angle, 64 pages, 16,90 €

mardi 18 mars 2025

BD - Quand Brigitte Bardot faisait fantasmer la province


Qui ne rêve pas de rencontrer Brigitte Bardot ? Pas aujourd'hui, la star de cinéma préfère ne plus sortir de chez elle (et de parfois avoir des positions politiques assez limites), mais dans les années 50 et 60. Conrad Knapp, jeune Parisien travaillant dans le milieu du cinéma, est en quête d'un lieu de tournage authentique. Il rencontre les habitants de Trougnac, village typique de l'époque, l'action se déroule en 1960. La tornade BB comme Brigitte Bardot fait des ravages chez les hommes. Un peu moins chez les femmes. Tous rêvent de la rencontrer. 

Conrad Knapp explique alors que des producteurs l'ont chargé de trouver un village pour accueillir ce nouveau film réunissant une seconde fois Jean Gabin et Brigitte Bardot après l'immense succès (et scandale) d'En cas de malheur de Claude Autant-Lara. Pour vendre son projet aux autorités, il fait miroiter notoriété et affaires florissantes. Pour les simples quidams, il a un atout dans la manche : il a une photo tirée d'une scène censurée du film. Quand la jeune femme remonte sa jupe pour séduire le vieil avocat, elle va jusque au dessus de la taille. On voit donc très nettement les fesses de Brigitte Bardot. Cela semble peu aujourd'hui, mais pour la fin des années 50, c'est une image sulfureuse. D'ailleurs c'est le curé du village qui sera le plus ferme opposant à la venue de BB à Trougnac. 

Cette gentille histoire s'inspirant un peu de Don Camillo dans l'opposition entre religieux conservateurs et progressistes ouverts, est signée Philippe Pelaez. Ce scénariste BD très prolifique est un grand spécialiste du cinéma. Américain mais aussi classique français. Chaque chapitre s'ouvre par une citation extraite de ces dialogues que l'on ne retrouve plus nulle part. Conrad Knapp, avec un scénario, une photo et quelques belles paroles va convaincre tout le monde de l'importance de son rôle dans le choix des décors. Et se laisser acheter sans trop de scrupules. 

Un roman graphique savoureux, dessiné par Gaël Séjourné, à la fin étonnante, dernier clin d'oeil à ces villages de France aux noms si étranges.   

"Les fesses à Bardot", Bamboo Grand Angle, 160 pages, 22,90 €

dimanche 2 mars 2025

BD - Arsène Lupin, de voleur à détective

Reconversion en vue pour le célèbre Arsène Lupin. Le cambrioleur imaginé par Maurice Leblanc vit de nouvelles aventures en BD sous la plume de Jérôme Félix et le pinceau d'Alain Janolle. 
Notre voleur, après trois aventures (sa jeunesse et un diptyque au cours duquyel il affronte Sherlock Holmes), se retrouve de nouveau sur le marché de la cambriole. mais pas pour longtemps. A la demande du gouvernement britannique, il va se grimer en Sherlock Holmes et prendre la place du célèbre détective privé récemment mort. Lupin ou Holmes ? Les auteurs, après quelques planches d'hésitation, vont finalement revenir au schéma classique, notre hértos prenant plusieurs identités, incapable de se contenter d'une seule vie. Même celle de Holmes...

Dans cet album, il va s'associer à une autre voleuse, la belle et redoutable Irène Adler, ayant croisé Lupin dans sa jeunesse et surtout ancienne dame de coeur de Holmes. Un duo d'une rare efficacité sur les traces de la dernière prophétie de Nostradamus. Tout simplement la date de la fin du monde. 
Un scénario à énigmes qui permet au scénariste de faire visiter la France de l'époque. Janolle, au dessin, assure une partition solide et efficace, entièrement au service de l'intrigue. Cela n'a pas la truculence des romans originaux, mais les amateurs d'énigmes tordues et de fausses pistes en ont pour leur argent. 
"Arsène Lupin et le dernier secret de Nostradamus", Bamboo Grand Angle, 2 pages, 16,90 €

jeudi 23 janvier 2025

BD - Jack Gilet, bourreau itinérant américain

Très beau et passionnant roman graphique signé par David Ratte, auteur prolixe installé depuis de nombreuses années dans les Pyrénées-Orientales. Jack Gilet, le héros, a hérité de la charge de son père : bourreau. Dans l’Amérique du début du XXe siècle, le travail ne manque pas. Mais Jack est un sensible. Tuer des hommes ou des femmes, il ne peut pas. Il s’est reconverti en bourreau d’animaux.

Il sillonne l’Amérique rurale, pour exécuter les sentences parfois étonnantes contre une vache belliqueuse, un chien agressif, voire un cochon affamé (il a mangé un nourrisson…). A Flagstone, petite ville peuplée de « péquenaud », dixit Jack Gilet, en plus d’une truie, il doit pendre une chèvre coupable d’avoir envoyé par-dessus le parapet d’un pont un homme qui s’en prenait à sa propriétaire, Winifred, jeune sauvageonne. Malgré les pleurs de la jeune fille lors du procès, l’animal est condamné. Jack officie et repart vers une nouvelle mission. Winifred, en rage, décide de le suivre et de se venger. Cette longue course-poursuite à travers les superbes paysages des USA encore sauvages, est une plongée dans les consciences de deux personnages.

Si Jack peut tuer des animaux sans s’émouvoir, au contraire, Winifred les trouve plus attachants que les hommes dont on peut se débarrasser sans problème.

Une belle histoire, pleine de rebondissements, portée par des planches d’une exceptionnelle beauté, en couleurs directes à l’aquarelle.
« À la poursuite de Jack Gilet », Bamboo Grand Angle, 128 pages, 19,90 €

vendredi 17 janvier 2025

BD - Mutation liberticide pour "Les Salamandres"

Graham Gomez a une vie quelconque. Dans ce futur proche, il ne lui reste pourtant plus beaucoup d’opportunités pour profiter de l’existence. Ancien journaliste, un peu trop critique de la société, il a dû rendre sa carte de presse. Il s’est reconverti en boucher. Pas longtemps. La viande est devenue interdite.

Il rêve d’avoir en enfant avec son épouse. Encore faut-il qu’il décroche l’agrément nécessaire. Frustré, il ne peut même plus se soûler, l’alcool, comme la viande, étant prohibé de cette société surveillée de partout.

Alors il se déchaîne sur les derniers exclus : les salamandres. Des humains qui ont muté. Graham se moque d’eux en les traitant de crapauds. Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il va lui aussi se transformer. Cette fable futuriste, assez pessimiste, est écrite par Julien Frey. Au dessin, on retrouve Adrian Huelva déjà à la manœuvre sur la série U4. Une nouvelle version de la lutte d’un individu contre le totalitarisme de la société qui nous pend au bout du nez. Ce n’est pas spécialement optimiste, même si un embryon d’espoir subsiste.

De la SF intelligente qui fait fonctionner les méninges du lecteur ouvert et pas trop dupe.
« Les salamandres », Bamboo Drakoo, 120 pages, 19,90 € (parution le 8 janvier)

mercredi 1 janvier 2025

BD - Les Sisters déménagent

Déjà le 19e tome des aventures des Sisters, ces deux nanas inspirées des propres filles du dessinateur, William. Il a sollicité Cazenove pour finaliser ces gags qui ont conquis des millions de lecteurs. Enfin, surtout des lectrices. Wendy (l’aînée) et Marine (la petite peste), vont voir leur quotidien chamboulé : la famille déménage.

Par chance, c’est un simple saut de puce, les parents ayant décidé de faire construire à quelques dizaines de mètres de l’ancienne maison, toujours à proximité un viaduc de Millau. Ce déménagement est une source importante de gags, notamment pour Marine qui ne comprend pas le concept, persuadée qu’elle aurait désormais deux maisons et que sa sœur resterait dans l’ancienne.

On rit beaucoup à ses mots de fillette naïve et inventive.
« Les Sisters » (tome 19), Bamboo, 48 pages, 11,90 €

vendredi 6 décembre 2024

BD - La loi dans l’Ouest


De marshal à shérif en passant par les agents du FBI, les USA ont toujours apprécié les héros chargés du maintien de l’ordre. Notamment quand ce continent, encore vierge, était livré à toutes les violences, tous les excès. Dans l’Ouest, le vrai, les hommes de loi, les lawmen, sont devenus de véritables légendes.

Tiburce Oger raconte 14 trajectoires de ces rois de la gâchette. Vedettes et autant de dessinateurs réalistes appréciant illustrer ces paysages américains vierges. On va donc croiser des shérifs incorruptibles, d’autres encore plus malhonnêtes que les pires voleurs de bétail, des agents chargés des affaires indiennes et quelques Texas rangers. Sans oublier le juge qui pend, celui qui a finalement le plus de sang sur les mains.


On retrouve quelques habitués (c’est le 4e titre de la série) comme Corentin Rouge, Laurent Hirn, Laurent Astier ou Dominique Bertail et quelques nouveaux dont Richard Guérineau, Xavier Besse ou Alain Mounier.
« Lawmen of the west », Bamboo - Grand Angle, 120 pages, 19,90 €

mardi 22 octobre 2024

BD - Asphyxiés par le manque d'air


Dans la série Air imaginée par Philippe Pelaez et dessinée par Francis Porcel, la presque fin du monde est causée par une pluie de météorites. Cela a modifié l’atmosphère, le permafrost a fondu, libérant des bactéries mortelles qui ont contaminé l’air, bien commun encore plus vital que l’eau.

Sur cette base, on découvre une société où on vit cloîtré, la moindre sortie à l’extérieur devant s’accomplir aidé par des bonbonnes d’air pur et d’un masque adéquat. L’occasion pour les autorités de mettre en place une dictature de plus en plus dure. Une résistance se développe, accusée d’attentats.


C’est pour venger la mort de sa femme et de son fils que Troy Denen se fait passer pour un terroriste et infiltre les combattants. Il va aller de surprise en surprise, découvrant que le pouvoir est encore plus retors qu’il ne le pensait.

Un scénario bien ficelé, avec méchant absolu crédible, le tout dessiné par Francis Porcel, Barcelonais au trait réaliste parfait quand il imagine des vaisseaux (aériens et sous-marins), dignes d’un roman de Jules Verne.
« Air » (tome 2), Bamboo Grand Angle, 64 pages, 16,90 €

mercredi 18 septembre 2024

BD - Vengeance aveugle de la Tigresse Bretonne


Présentée comme étant la « première femme pirate », Jeanne de Belleville a plusieurs surnoms : La Tigresse Bretonne, la Lionne de Bretagne ou la Lionne Sanglante. Une constance dans ces petits noms : la cruauté.

Pourtant rien ne destinait cette femme de chevalier, mère de deux enfants, à devenir célèbre en étripant et décapitant ses ennemis. C’est Roger Seiter qui a retracé le parcours de la Tigresse. Le scénariste raconte comment la Bretonne, trahie par le roi de France qui a fait exécuter son mari, Olivier de Clisson, se lance dans une vengeance aveugle.


Elle fuit Paris, se retranche dans son château de l’île d’Yeu, recrute des mercenaires et affrète plusieurs bateaux, coque peinte en noir, voiles rouge écarlate. Durant neuf mois elle va écumer les côtes françaises, attaquant les navires marchands. Elle va semer la terreur, devenant une véritable légende. Une trajectoire courte car elle va cesser du jour au lendemain ses exactions.

Un album de pirates dessiné par Frédéric Blier, parfait dans les scènes de batailles, tant maritimes que de corps à corps sur les ponts des navires.
« La Tigresse Bretonne », Bamboo Grand Angle, 64 pages, 16,90 €

mercredi 4 septembre 2024

BD - À deux, au fond…


Après un roman graphique historique, Alicia Jaraba, jeune autrice espagnole, va puiser dans ses propres démons pour signer une œuvre singulière, pleine et aboutie. L’histoire d’un couple qui ne sait plus trop où il en est.

Aimée et Ulysse. C’est la première qui raconte ce road-trip vers le sud de l’Espagne. Ulysse a une passion : la plongée. Un but ultime : voir un poisson-lune. Il est donc impatient de partir, au volant de son combi aménagé en camping-car, vers Cabo de Gata, station balnéaire aux fonds sous-marins remarquables. Aimée va le suivre. Mais sans enthousiasme.


Elle n’aime pas quitter sa zone de confort. À peur de l’eau. Encore plus de la plongée. Dès les premiers kilomètres la tension est palpable. Une panne va provoquer encore plus de remous entre les deux amants. Il faudra l’intervention d’un drôle de retraité, Paco, pour remettre un peu d’ordre dans le voyage chaotique. On apprécie l’enchaînement des rebondissements, les doutes d’Aimée, les rêves d’Ulysse.

Un roman graphique sur les choix que l’on doit faire dans la vie pour être heureux, sur l’écoute de l’autre, les petits arrangements et concessions pour rendre le tout plus lisse, plus acceptable. Une belle histoire servie par un dessin simple, aussi fluide que l’eau de la mer.
« Loin », Bamboo Grand Angle, 136 pages, 19,90 €

lundi 2 septembre 2024

BD - Lycéens en pleine mutation


Marseille, son port, ses calanques... ses monstres. Série imaginée par Oliver Gay, Métamorphes est un bon mix de fantastique et de quotidien d'adolescents en pleine puberté. Même s'ils sont dans la même classe, Ambre et Lucas ne sont pas amis. Logique tant leurs mondes sont différents.

Ambre, blonde au corps parfait, règne sur une cour de semblables, arrogantes, mauvaises langues et pas très intelligentes.

Lucas, lui, est le geek parfait, guitariste dans un groupe de rock, adepte des jeux de rôles.

Un soir, par le plus grand des hasards, ils vont être contaminés par des produits chimiques expérimentaux. Et, chacun de leur côté, vont développer des mutations. Ambre va se transformer en loup-garou, Lucas en vampire. Forcément, dans l'adversité, ils vont se rapprocher et tenter de comprendre ce qui leur arrive. Un premier épisode rondement mené, parfaitement équilibré entre gags ou situations comiques et montée d'adrénaline quand le monstre qui est désormais en eux prend le pouvoir.

Un monde très prometteur dessiné par Jonathan Aucomte, au trait moderne, classique par certains côtés mais aussi dans le coup et au goût du jour.
« Métamorphes » (tome 1), Bamboo Drakoo, 64 pages, 13,90 €

vendredi 16 août 2024

BD - Mages débutants


Si l’on vous donne du miel et des cailloux, que pourriez-vous en faire ? Rien de bien utile sans doute. Sauf si vous avez la connaissance d’Iris, apprentie magicienne experte en dissimulation et tortures en tous genres. Elle fait partie des quatre qui ont l’insigne honneur de bénéficier du savoir des Preux, quatre magiciens qui ont sauvé le Royaume en leur temps.

Un apprentissage secret, dans un petit village perdu, ce qui a le don de désespérer Tomas (le bagarreur), Lamia (la jeteuse de sorts) et Ephraïm (le guérisseur).


Un quatuor obligé de sauter quelques leçons pour aller secourir les Preux. Cette grosse histoire complète de fantasy est signée Olivier Gay, excellent dès qu’il s’agit de saupoudrer l’action de gags multiples, variés et souvent hilarants. Pour donner vie à ce monde médiéval pas si manichéen qu’il n’y parait, il s’est associé à Olivier Boiscommun. Son dessin oscillant entre caricature gros nez et réalisme dans l’action permet un dosage précis et idéal pour ce type de série.

Et si le succès est au rendez-vous, les apprentis devraient revenir nous faire rire pour une seconde épopée. Quant à connaître l’utilité du miel associé à des cailloux, nous n’en dirons rien dans ces lignes. A vous de le découvrir en lisant la BD !

« Les apprentis », Drakoo - Bamboo, 96 pages, 18,90 €

mercredi 14 août 2024

Cinéma - “Belle enfant”, mère toxique, sœurs aimantes


Auteur complet de bande dessinée, Jim a planté sa table à dessin à Montpellier. C’est de cette ville qu’est parti le projet de son premier long-métrage, Belle enfant. En plus des dizaines d’albums publiés en plus de 30 ans de carrière, Jim a signé quelques courts-métrages.

Ce projet de film, cela fait plus de 5 ans qu’il le porte à bout de bras. Un voyage en Italie, dans les eaux troubles d’une famille dysfonctionnelle, désunie et broyée par une mère toxique. Un film porté par la comédienne Marine Bohin, interprète d’Emily, la plus jeune fille de Rosalyne (Marisa Berenson). Cette dernière, mère célibataire essentiellement amoureuse de sa liberté, arrive au bout de sa dépression.

Prétendant être très malade, elle demande à ses trois filles de la rejoindre dans une villa en bord de mer près de Gênes. Une réunion familiale prétexte au cours de laquelle Jim va détailler les personnalités des trois sœurs. L’aînée, mère de remplacement, minée par la culpabilité ; la blonde, qui multiplie les aventures sans lendemain (comme maman) et Emily donc, la petite brune sauvage, rebelle, toujours énervée.

Elle croise en chemin Gabin (Baptiste Lecaplain), défouloir masculin, amoureux désespéré et seul à comprendre cette famille de dingues.

Le début du film apporte un peu plus d’humour que les BD de Jim. La suite est très mélodramatique. Un peu trop larmoyante même, pétrie de bons sentiments, très éloignée des albums qui mettent toujours en scène des femmes indépendantes, fières, à la recherche du grand amour.

Jim, tout en offrant des images lumineuses d’une Italie qu’il magnifie, ne retrouve malheureusement pas au cinéma cette petite folie qui transforme ses BD en bijoux d’intelligence et de beauté.

Film de Jim avec Marine Bohin, Baptiste Lecaplain, Marisa Berenson


mardi 6 août 2024

Un album jeunesse - Hercule, petit héros en devenir

Les demi-dieux aussi ont fréquenté l’école. Mais pas n’importe laquelle : l’école des héros. Fabien Clavel raconte les cours assez originaux de cet établissement imaginaire où Hercule côtoie Médée ou Orphée.



Hercule, le petit héros, casquette vissée sur la tête, va affronter malgré les remontrances de sa maîtresse, Mme Aphrodite, Typhon et ses frères Titans. Illustré par Mathieu Demore, ce petit roman, bourré de références et d’humour, donne un premier aperçu de la mythologie aux plus jeunes.

« L’école des héros » (tome 1), Splash ! Jungle, 48 pages, 8,95 €

vendredi 26 juillet 2024

BD - Animaux courageux dans les Terres de Ruines

Un renard, un cochon, une reinette et un écureuil forment le quatuor intrépide qui va tenter de retrouver le trésor de Rygone le pirate. Un roman graphique du Canadien Derek Laufman au trait proche des dessins animés actuels.

Rex et le chef de la bande. Un petit renard, orphelin, élevé par la maman de Pô son meilleur copain, cochon très rose et très trouillard. Rex rêve de combats, de conquêtes et trésor à découvrir dans de sombres cavernes.

Voilà pourquoi il est très content que Pô découvre la carte du trésor d'un pirate légendaire. Reste à retrouver cette île perdue et affronter les mille dangers sur la route. Pour se donner toutes les chances, Rex et Pô demandent l'aide de Kayle, une écureuil, experte en tir à l'arc. Le trio sera complété par Lilah, princesse rainette lasse de rester au palais et prête à tout pour découvrir le monde.

Une histoire très fluide, avec quantité de péripéties, quelques méchants et batailles mémorables et un final digne des plus grands films de pirates. Une jolie surprise dans la collection « Aventuriers d'ailleurs » intégrée aux éditions Bamboo depuis peu.

« Le trésor des Terres de Ruines », Aventuriers d’Ailleurs - Bamboo, 144 pages, 18,90 €

lundi 10 juin 2024

BD - Le magot de Mémé

 

Le Tarn est un affluent de la Garonne. Un département aussi, décor du roman graphique Le gigot du dimanche écrit par Philippe Pelaez et dessiné par Espé. Une histoire de famille, la famille du scénariste Philippe Pelaez qui joue un rôle essentiel dans le récit en répondant au surnom si mignon de Pilou.

Pilou adore les dimanches où tout le monde mange chez Mémé, un gigot bourré d’ail après des bouchées à la reine à la cervelle. Frères, oncles, cousins, tous se disputent et après ils vont au stade voir l’équipe locale de rugby maltraiter les voisins puis au loto-quine où le gros lot est un cochon. Vivant le cochon.

Pilou à 11 ans, on est en 1981 et sa maman, qui a voté Mitterrand, crie sur son tonton, l’assureur, gaulliste, mauvais perdant, persuadé que les chars russes vont défiler sur le Champs-Élysées le 14-Juillet. Une famille dysfonctionnelle qui retrouve de l’unité dès que Mémé va à la cuisine. Ils tentent tous de savoir où elle a pu planquer son magot, des Louis d’or devenus aussi légendaires qu’invisibles.

Tout semble vrai dans cette histoire. À part le fameux magot. Philippe Pelaez reconnaît qu’il s’est un peu inspiré de sa famille, mais que le seul dont il est certain d’avoir respecté les pensées et agissements, c’est lui-même. On rit beaucoup aux multiples péripéties autour du magot mais aussi de la découverte de la vie par Pilou, un petit gros un peu naïf qui n’a pas son pareil pour mettre les pieds dans le plat… de gigot.

« Le gigot du dimanche », Bamboo Grand Angle, 72 pages, 16,90 €

mercredi 10 avril 2024

BD – Le dernier quai avant la paix et l'oubli



Vive la routine. Émile, majordome dans un hôtel très particulier, aime respecter ses habitudes. Réveil à 5 heurs et préparation du petit déjeuner pour les clients. Mais ces derniers ne sont pas communs. L'hôtel non plus. 

Il s'agit de la dernière étape avant l'éternité de la mort. Émile doit leur permettre de trouver leur voie. Vers le ciel ou l'enfer. Jusqu'au jour où les clients n'ont aucun souvenir. Comment Émile va-t-il les aiguiller verts le bon chemin ? 

Ce roman graphique de Nicolas Delestret interpelle. Une vision nouvelle du purgatoire, avec service en chambre compris. On découvre le fonctionnement de l'hôtel et les doutes d'Émile face à ces clients amnésiques. Et après avoir compris la raison de leur présence, l'album prend une tout autre direction. Une autre ampleur émotionnelle aussi. Dessin parfaits pour une histoire fantastique entre cauchemar et rédemption. 

« Le dernier quai », Nicolas Delestret, Bamboo Grand Angle, 160 pages, 23,90 €

samedi 6 avril 2024

BD - Magie désertique dans le second tome de Nécromants

 


Olivier Gay a commencé sa carrière comme romancier. De polar puis de fantasy, tout en accumulant les travaux de commande. Un formidable créateur d’univers qui frappe une nouvelle fois en lançant la série Nécromants dans la collection Drakoo de chez Bamboo.

Toujours dessinée par Tina Valentino, Italienne surdouée, la série se déroule dans une sorte de pays des mille et une nuits avec un peu plus de magie et de fantastique. Le héros, Acher, est un nécromant. Pas le meilleur du royaume. Mais il reçoit le renfort d’un trio de fantômes puissant. Dans la seconde partie de cette aventure inaugurale, il va affronter un terrible sorcier revenant. C’est superbement dessiné et bourré d’humour. De la fantasy classique mais diablement efficace.t

« Nécromants » (tome 2), Bamboo Drakoo, 48 pages, 14,90 €