mercredi 29 juillet 2020

Roman - Soyez humains, aidez les animaux


Si Séverine de la Croix est surtout connue dans le milieu littéraire pour ses contributions jeunesse et ses scénarios de BD, son nouveau roman adulte devrait changer la donne. L’histoire chorale de Mado, Lazslo, Issa ou Agnesse est belle, passionnante, on ose même le terme d’apprenante devenu à la mode cet été. Mado, aide-soignante à Uzès dans le Gard, a un don. 

Quand elle touche les mains d’une personne, elle découvre son avenir, ses qualités ou ses pires défauts. Voilà comment elle décide avec son colocataire Lazslo d’aller sauver un chien martyrisé par un homme qu’elle a soigné peu de temps auparavant. Une expédition mouvementée, où elle ne doit son salut qu’à l’intervention d’un mystérieux policier, Issa, si beau et gentil qu’elle en tombe raide amoureuse sur-le-champ. 

Si les histoires de cœur font un peu cliché, le reste du récit, sur la résilience et l’action directe contre la maltraitance des animaux, compense le tout. 

« Au milieu de la foule », Séverine de la Croix, Éditions du Rocher, 17,90 €

mardi 28 juillet 2020

BD - Souvenirs d’un été dramatique


Cela fait des années que Lisa et Aless sont amis. Ils vivent tous les deux au bord du lac, rêvent de construire un radeau, pratiquent le karaté. Et puis du jour au lendemain, Aless disparaît. Sa mère s’est noyée dans le lac. 

Quelques années plus tard, alors qu’elle est devenue une jeune fille, Lisa pense encore à son copain quand elle passe à côté de la maison abandonnée. Et 21 jours avant le 15 août, date présumée de la fin du monde selon un illuminé local, on sonne à sa porte. C’est Aless…

 

Ce roman graphique de 200 pages signé  Silviana Vecchini (scénario), Sualzo (dessin) est d’une grande tendresse. Lisa tente de comprendre pourquoi ces années de silence. Elle parviendra à surmonter les doutes de son ami en appliquant simplement les 20 préceptes du karaté, plus philosophie que sport.  

« 21 jours avant la fin du monde », Rue de Sèvres, 16 €

lundi 27 juillet 2020

Thriller - Puzzle inuit


Si le dicton « Qui aime bien châtie bien » est vrai, Mo Malo adore son héros récurrent Qaanaaq Adriensen. Dans sa 3e enquête, Nuuk, récemment parue, l’auteur entraîne le chef de la police du Groenland dans une série d’épreuves risquées. Outre le fait qu’il risque à tout moment la révocation en raison de ses agissements des précédents romans (Qaanaaq et Disko, des villes de cette île glacée, comme Nuuk), il risque de tomber dans un précipice alors qu’il est au sommet d’une montagne sacrée, se crashe en hélicoptère en pleine mer arctique, se fait attaquer par un requin et tombe en motoneige dans une crevasse. 

Mais pour ce colosse qui devient également père entre deux courses-poursuites, le pire est sans doute les séances quotidiennes obligatoires avec la psy de la police, Pia Kilanaq, qui se révèle aussi opiniâtre que lui pour le faire parler quelqu’un en interrogatoire. 

Un polar doublement dépaysant en cette période de canicule.  

« Nuuk » de Mo Malo, La Martinière, 20,90 €

samedi 25 juillet 2020

Biographie - Femme et aventurière



Si de nos jours manifester dans la rue les seins nus est le principal exploit de certaines féministes, dans le temps, d’autres militantes prenaient beaucoup plus de risque. 

Dans la nouvelle biographie de Jane Dieulafoy écrite par Audrey Marty, on redécouvre les nombreux faits d’armes de cette Toulousaine intrépide. Dès la guerre de 1870, elle se déguise en homme pour participer aux combats. À la fin de sa vie, elle sera une de celles qui obtiendra le droit des femmes de participer à l’effort de guerre. 

Entre, avec son mari Marcel, elle parcourt 6 000 km au Proche-Orient découvrant des richesses archéologiques toujours exposées au Louvre, notamment les lions de Suse. Toujours habillée en homme (ce qui lui vaudra d’être moquée dans les journaux satiriques), elle écrira un opéra pour Camille Saint-Saëns donné en 1902 dans les arènes de Béziers. 

Elle meurt en 1916, laissant un mari éploré et une œuvre à redécouvrir.

« Le destin fabuleux de Jane Dieulafoy », Audrey Marty, Le Papillon Rouge Éditeur, 19,90 €

vendredi 24 juillet 2020

BD - Trois sœurs et un secret



Alessandro Barbucci, Italien de Gênes installé à Barcelone, a un style inimitable. On reconnaît au premier coup d’œil les femmes ou filles qu’il dessine.

 Impossible de trouver plus charmant. Après avoir effeuillé son héroïne de Ekho (Arleston au scénario), il propose une série plus sage avec trois sœurs et beaucoup d’interrogations. 



Les premières planches laissent penser que c’est encore un univers magique. Mais on est dans le rêve de Sarah, l’aînée des sœurs Grémillet. Elle croise une petite méduse. Quel est le sens de ce rêve ? A-t-il un rapport avec la jeunesse de sa mère ? 

Plus spécialement destiné au public féminin, ce récit doux et fantasque, aborde le thème des secrets de famille et surtout la meilleure façon de s’en défaire. 

« Les sœurs Grémillet » (tome 1), Dupuis, 13,95 €

jeudi 23 juillet 2020

Polar - Déguste, c’est du Manchette !



Paru en 1971 dans la Série Noire, L’affaire N’Gustro de Jean-Patrick Manchette est la première pierre à son édifice le plaçant au sommet du roman noir français. Après avoir beaucoup écrit (pour la télévision, le cinéma et des romans de commande sous pseudonyme), il décide de se lancer dans le grand bain. Dans cette réédition, on découvre qu’il délaisse les intrigues entre flics et gangsters pour un roman social s’inspirant de l’enlèvement de Ben Barka. Là où il fait sensation c’est qu’il se place du côté du fasciste. 

Le narrateur, Henri Butron, fils de médecin, a mal tourné. Étudiant il était du côté de l’extrême droite dans les rangs de ceux que Manchette affrontait au quotidien, lui qui était situationniste. 

La modernité de l’écriture de Manchette s’impose immédiatement. Et nous voilà complètement fascinés par Butron mais aussi par les deux militaires africains qui viennent de l’abattre. Car tout cela finit mal, très mal. 

« L’affaire N’Gustro » Jean-Patrick Manchette, Série Noire, 14 €

mercredi 22 juillet 2020

BD - Guerre civile et magie dans No War


La série No War d’Anthony Pastor se bonifie de tome en tome. Plus d’efficacité dans le dessin, intrigue prenante, personnages attachants : c’est la preuve que le roman graphique BD est capable de se réinventer. Le Vukland, petit archipel imaginaire de l’Atlantique Nord est sur le point d’exploser. 

Alors que des affairistes sont arrivés au pouvoir, les Kiviks, premiers habitants, refusent la construction d’un barrage sur leurs terres sacrées. La police intervient alors que les Chinois manigancent pour mettre la main sur le pétrole local mais aussi, et surtout, les pierres magiques des Kiviks aux pouvoirs fabuleux. 

Dans ce chaos, un groupe de jeunes tente de concilier modernité, tradition et vie libre. 

« No War » (tome 4), Casterman

Série télé - Faut pas énerver les nonnes !


Tirée d’une BD très sexy (sexiste pour certains…), la série télé Warrior Nun diffusée sur Netflix est beaucoup plus sage. Le résultat manque un peu de pimpant, la distribution très européenne desservant un peu cette production du Canadien Simon Barry. 

Dans le rôle principal, Alba Baptista, actrice portugaise qui parle en anglais et parfois en espagnol, l’action se déroulant en Andalousie. Elle interprète une tétraplégique de 16 ans, morte quelques heures plus tôt, est ressuscitée par le halo d’un ange la transformant en nonne guerrière. 

Elle devra, malgré son opposition, combattre les démons et une conspiration à l’intérieur du Vatican. Les combats sont impressionnants, les effets spéciaux acceptables. Le meilleur restant les décors naturels méditerranéens très ensoleillés. Ça donne d’aller y passer ses vacances. Dommage… 

Cinéma - Allemagne, pays meurtrier

Markus Bach (Felix Kramer) et Patrick Stein (Trystan Putter), flics et ennemis. KMBO


Polar allemand se déroulant dans les années 90 peu de temps après la réunification allemande, Lands of murders est en réalité le scénario de La isla minima, long-métrage espagnol de Alberto Rodriguez. Le policier, ancien franquiste est remplacé par un colosse passé par la Stasi. Dans cette ancienne Allemagne communiste, livrée aux capitalistes, deux policiers sont chargés d’enquêter sur la disparition de deux jeunes filles.

 Markus Bach (Felix Kramer) de la police locale doit faire équipe avec Patrick Stein (Trystan Putter), un pur et dur de la police de l’Ouest. Tout le début du film est construit sur l’opposition entre ces deux hommes. Le premier, adepte de la méthode forte, quand la police avait tous les droits dans la RDA, voudrait mener l’enquête à sa façon. On rentre dedans, on secoue les suspects et on attend qu’ils craquent. Le second, flic moderne, qui respecte les procédures, pose des questions, tente de découvrir la vérité en observant. 

L’enfer de la réunification

Quand les corps des deux femmes sont retrouvés, atrocement torturés en mutilés, la hiérarchie exige des résultats rapides. Paradoxalement, aucune des deux méthodes ne fonctionne. Bach et Stein sont en territoire ennemi, la gendarmerie est corrompue, les locaux soudés pour ne rien dire. Une chape de plomb pèse encore sur la région en pleine déshérence industrielle. 

Usines sur le point d’être rachetées et démantelées, fermes abandonnées, rivières polluées : tout dans l’ex-RDA a un goût d’apocalypse. Un véritable enfer où un diable s’amuse à tuer d’innocentes jeunes filles qui elles ne désirent qu’une chose : rejoindre Berlin pour un nouveau départ. 

Alors face à l’adversité, les deux policiers vont s’apprivoiser, s’épauler, collaborer et finalement comprendre le nœud du problème. Film sombre sur une période de l’histoire allemande rarement abordée, Lands of murders séduira tous les amateurs d’ambiances troubles et délétères.

Film allemand de Christian Alvart avec Trystan Pütter, Felix Kramer, Nora von Waldstätten

 


Cinéma - « Madre » ou l’histoire d’un deuil impossible

Le virtuose madrilène Sorogoyen revient avec un portrait surpuissant.


Maria Neto campe une mère à la dimension mythologique face à Jules Porier, angélique.  Le Pacte

La réalisation de ce film a débuté en 2016. Avant de se lancer dans le tournage du remarquable long-métrage Que Dios nos perdone, Rodrigo Sorogoyen nouveau prodige du cinéma espagnol, signe Madre, un court-métrage en un seul plan séquence. Elena (Maria Neto), en compagnie de sa mère, rentre dans son appartement madrilène. Elles discutent de tout et de rien quand le portable sonne. C’est Ivan, le fils d’Elena, qui appelle. La mère est contente car il est parti pour une semaine en camping avec son père sur les plages françaises. Mais si Ivan téléphone, c’est parce qu’il est inquiet, seul sur la plage déserte, son papa ne revenant pas après de longues minutes d’absence. 

Les batteries du téléphone sont presque vides. Il voit un homme qui l’observe. Il le raconte avec ses mots d’enfants et Elena commence à paniquer. La tension monte, la caméra virevolte autour d’Elena, Ivan a de plus en plus peur. Il tente de se cacher, mais l’homme le retrouve. La communication coupe quand on entend une voix adulte parlant français à Ivan. Fin du court-métrage et de l’ouverture angoissante à l’extrême de Madre, le film de 2020. 

La folle de la plage

Une prouesse saluée partout dans le monde, remportant  nombre de prix jusqu’à l’apothéose et sa nomination aux Oscars. Rapidement, Rodrigo Sorogoyen a eu l’idée de prolonger l’histoire d’Elena, de donner une suite à Madre. C’est chose faite avec ce film qui sort en plein été, après la période de confinement, loin de la zone de confort qu’il mériterait. 

Car Madre, en conservant le court en préambule, se détourne du thriller, genre dans lequel le réalisateur excelle, pour se concentrer sur le portrait de cette femme incapable de faire son deuil. La communication coupe et on retrouve Elena dix ans plus tard. Elle vit dans les Landes, là où son enfant a disparu. Il devrait avoir 16 ans aujourd’hui. Elle arpente le sable à la recherche de son fils. Les locaux la surnomment la folle de la plage... 

Serveuse dans un restaurant en bord de mer, elle observe les adolescents. Comme si son fils allait réapparaître à tout moment. Et quand elle croise le chemin de Jean (Jules Porier), elle a un doute. Elle le suit et découvre qu’en fait il vient de Paris, a deux frères et passe ses vacances avec ses parents. 

Elena retourne à sa nostalgie, sa non vie. Mais Jean a remarqué le manège de la serveuse et avec l’aplomb de sa jeunesse, il drague ouvertement la belle Elena. Incrédule, sans doute flattée, elle ne résistera que mollement à Jean. Et volera ainsi quelques moments de complicité avec ce presque jeune homme, comme si cette tête bouclée et ce visage d’ange étaient réellement son fils. En évitant tous les écueils propres à ce genre d’histoires (Jean est mineur), Rodrigo Sorogoyen parvient à émouvoir. 

A double titre. Par le bonheur fugace d’Elena, profitant enfin durant quelques heures de la vie mais aussi dans les yeux de Jean, découvrant les jeux de l’amour et s’opposant à ses parents trop bourgeois à son goût. Cette fausse romance aurait pu être un simple amour d’été, c’est finalement le double portrait d’une femme et d’un homme passant à l’âge adulte. 

Film espagnol de Rodrigo Sorogoyen avec Marta Nieto, Jules Porier, Anne Consigny

 


mardi 21 juillet 2020

Roman - Trois sœurs et un mystère



Tikka, la narratrice, se souvient de cet été 1992. En Australie, à la limite du bush, elle côtoyait souvent les sœurs Van Apfel. Hannah, l’aînée, Cordelia, la fantasque surnommée Cordie et la petite Ruth. Un été devenu dramatique quand elles ont disparu toutes les trois. 

Seul le corps de la plus jeune a été retrouvé coincé entre deux rochers dans la rivière. Vingt ans plus tard, Tikka, devenue trentenaire, doit revenir sur les lieux du drame. Mais jamais elle n’a oublié les sœurs. « Au fil des années, j’avais vu tellement de Cordie que c’était devenu un tic. D’apercevoir sa nuque. De la repérer dans une foule. Dans la queue à la caisse d’un supermarché. » 

Ce roman de Felicity McLean, en plus de raconter l’Australie, permet au lecteur de comprendre les mystères de l’adolescence, son enthousiasme, ses aberrations. 

« Les sœurs Van Apfel ont disparu », Felicity McLean, Presses de la Cité

lundi 20 juillet 2020

BD - Le guide des vacances ratées

Si vous êtes en vacances dans la région avec des amis et que le séjour ne se déroule pas exactement comme vous l’aviez rêvé, précipitez-vous sur ce petit livre de dessins humoristiques signé Astrid Cornet. Non seulement vous allez rire, mais en plus cela vous permettra de relativiser car les situations décrites par la dessinatrice sont certainement plus gratinées que les quelques petites contrariétés de votre quotidien. 

On apprend ainsi que dans une bande, il y a toujours un ami radin qui pinaille sur le moindre centime, une instagrammeuse qui passe son temps à faire des grimaces sur les selfies qu’elle poste au rythme d’un toutes les heures ou, la pire, la « fouteuse de merde », toujours à l’affût pour faire exploser le couples, culpabiliser les introvertis et enfoncer les dépressifs. 

Avec elles, les vacances sont obligatoirement ratées. Astrid Cornet vous aura prévenu.


« Vacances entre amis », Marabulles, 10 €

dimanche 19 juillet 2020

Cinéma en plein air dans le Conflent : la nuit, les écrans s’illuminent

Quand le confinement généralisé de la France est décidé en mars, les membres du conseil d’administration des Ciné-Rencontres de Prades sont à mille lieues d’imaginer que le 61e festival va passer à la trappe. « Une fois la sidération passée, se souvient Alain Apvrille, coordinateur de la manifestation, nous avons organisé des téléconférences tous les jeudis soir. Nous n’avons jamais envisagé l’annulation pure et simple du rendez-vous du cinéma en Conflent. » D’autant que le programme du Festival est déjà bien avancé. 

Faya Braz, champion du monde de beatbox par équipes.


Les invités vedette de 2020 ont confirmé dès octobre dernier leur présence. Les frères Dardenne, Jean-Pierre et Luc, feraient le déplacement de la Belgique vers les montagnes catalanes pour parler de leur cinéma si caractéristique. Et puis les dates retenues semblent très éloignées en cette fin mars. Le 17 juillet, date théorique de l’ouverture du festival, les optimistes sont persuadés que tout sera oublié. Mais au fil des semaines, le confinement dure, le virus résiste et le déconfinement ne permettra pas de retrouver une vie normale. « Très vite, des membres du conseil ont émis l’envie de transformer le festival en plusieurs séances en plein air dans tout le Conflent. Nous voulions que l’offre cinéma continue cet été dans la région » argumente Alain Apvrille. Fin mai, l’idée de présenter des dizaines de films au Lido est abandonnée. À la place toute l’équipe se met à travailler sur Toiles aux étoiles. Il faut trouver les lieux, les films, les structures et aussi apporter un petit plus pour certaines projections. 

Sept dates sont arrêtées avec une plus importante, le vendredi 24 juillet, consacrée à la musique hip-hop. Au Stade Padrixe, avant la projection sur l’écran géant d’un documentaire sur le Beatbox, deux intervenants animeront une scène ouverte. 


Quid de 2021… 

Grâce aux connaissances dans le milieu de la musique de Laurent Lafran, vice-président de l’association, Imhotep, architecte musical du groupe marseillais IAM sera présent pour donner des conseils aux jeunes et mixer quelques morceaux. Il sera accompagné de Faya Braz, phénomène dans le milieu du beatbox (déclinaison du hip-hop où l’interprète fait musique et rythme uniquement avec sa bouche). 

D’autres soirées, plus classiques sont organisées à Villefranche-de-Conflent ou Vinça, au prieuré de Marcevol le film Microcosmos sera l’occasion de redécouvrir les insectes du Conflent et

seuls les cinéphiles les plus sportifs pourront voir le documentaire Everest Green en plein air au refuge des Cortalets. 

En quelques mois, l’équipe de Ciné-Rencontres a effacé tout le travail effectué précédemment pour réinventer une offre cinéma totalement nouvelle. Un sacré pari en passe d’être gagné. Et à la rentrée, il sera temps de penser au prochain festival. Normal celui-là, en espérant que 2021 soit moins catastrophique que 2020, annus horribilis de triste mémoire. 


Souvenirs : 60 ans de films passionnants et d’invités de prestige

 

Si le Coronavirus n’avait pas bousculé toutes les manifestations culturelles de la planète, le 61e festival de Prades aurait dû recevoir en juillet les frères Dardenne. Pour la première fois depuis la création de la manifestation, l’année sera blanche. L’occasion de se retourner sur ces 60 ans, résumé parfait de ce qui se fait en cinéma de qualité. 

Dès la première année, en 1959, Prades accueille un jeune cinéaste qui présente son premier long-métrage. Les 400 coups triomphent. François Truffaut se souviendra longtemps de cet accueil enthousiaste du public conflentois. 25 ans plus tard il sera au centre d’une rétrospective de son œuvre. Il avait donné son accord pour être présent, demandant à être logé à Molitg-les-Bains. Mais quelques jours avant le début du festival, il débute un nouveau traitement l’obligeant à un repos complet. En octobre, la maladie l’emporte. 

Le réalisateur le plus assidu est certainement Robert Guédiguian. Le réalisateur marseillais a d’ailleurs intégré l comité de pilotage du festival, tout comme sa compagne Ariane Ascaride. Dans les années 60, quelques vedettes ont fait le voyage jusqu’à Prades. Mais le festival se concentre essentiellement sur les films. Des rétrospectives savantes (Sacha Guitry en 1965, Orson Welles en 1966, Murnau en 1972) ou des nouveautés très attendues. 

La mode des invités célèbres, avec rencontres conviviales dans la salle ou dans les jardins de l’Hostalrich reprend  de plus belle en 1979 avec la venue de Roman Polanski. Cette année-là, les festivaliers croisent également  Bernadette Laffont, André Dussolier et un Fabrice Lucchini méconnaissable dans Perceval le Gallois d’Eric Rohmer. Mais contrairement à Cannes ou d’autres festivals moins anciens, Prades veut encore et toujours donner la priorité aux réalisateurs invités. 

Ce sera Jean-Pierre Mocky en 2004, Bernardo Bertolucci en 1981, Werner Herzog en 2013 ou Cédric Kahn l’an dernier. Sans oublier des rétrospectives toujours aussi complètes de Andrzej Wajda en 1983, Woody Allen en 1985, Stanley Kubrick en 1986 ou Wim Wenders en 1988.

 Des histoires, des rencontres et des anecdotes que l’on peut retrouver dans le beau livre édité pour les 50 ans du festival qui a bénéficié l’an dernier d’un suppément sur la décennie suivante. 

samedi 18 juillet 2020

« Hit the road », une BD qui fleure bon les USA




Dobbs, le scénariste de cet album de BD intitulé Hit the road ne cache pas son admiration pour une certaine mythologie des USA. Il avoue que cette histoire « est un hommage aux grands réalisateurs » comme Samuel Fuller ou les frères Coen. 

Pour retrouver cette Amérique du Nevada, il a confié le dessin à Kahled. Né au Maroc, vivant à Angoulême, il a pourtant Reno, les bagnoles, le désert et les malfrats dans son pinceau comme s’il les avait dessinés toute sa vie.


 Comme une série B bien violente, on suit un ex taulard désirant de se venger d’un gang dirigé par une vielle femme. Il trouvera au passage de l’aide auprès de la petite-fille de cette dernière, décidée elle aussi de solder un passé qui lui pèse. 

Du pur divertissement.


« Hit the road », Glénat Comix Buro, 14,95 €

vendredi 17 juillet 2020

Thriller - De terribles aveux après « Sept mensonges »

 


Premier roman d’Elizabeth Kay, Sept mensonges est une redoutable machine littéraire. Éditrice à Londres, la romancière transforme cette histoire d’amitiés morbide en véritable descente aux enfers. Progressive, avec sept stations, sept mensonges qui transforment une femme normale en monstre absolu d’égoïsme. Sept parties qui sont représentées matériellement par des onglets comme sur un écran d’ordinateur, rendant la progression du lecteur de plus en plus angoissante. 

Le début du roman se présente comme une longue confession. Jane, jeune Londonienne moderne, s’adresse à quelqu’un et lui avoue ses fautes, ses errances, ses mensonges. Jane amie depuis 20 ans de Marnie. Un duo qui va exploser à l’âge adulte. Jane se mariera, Marnie aura un enfant. Les colocataires vont se séparer mais rien ne sera comme avant. 

Un thriller bouleversant en raison de l’angoisse crescendo jusqu’au retournement de situation de la dernière partie.

« Sept mensonges », Elizabeth Kay, Robert Laffont, 21 €

jeudi 16 juillet 2020

BD - Mars, planète des Dieux


À force de maltraiter la Terre, cela va mal finir. Dans un futur proche, face à l’épuisement de la planète bleue, une élite a rejoint Mars pour un nouveau départ. 

C’était il y a très longtemps. Plusieurs générations après, il ne reste de ce grand départ qu’un culte chez les survivants. Car sur Terre, la vie a repris ses droits. Décors postapocalyptiques, secte sanguinaire et au milieu un homme qui tente de retrouver le savoir des anciens. 

Ce roman graphique de Mobidic pose un regard inquiet sur l’avenir de l’Humanité. Même sans technologie, les hommes cherchent encore à s’entre-tuer. Souvent au nom de Dieux imaginaires. Une BD qui ne donne pas envie d’allumer son smartphone.

 Au contraire, après sa lecture, on a tendance à se renseigner sur le survivalisme. Car cette fiction nous pend au bout du nez…

« Le culte de Mars », Delcourt, 18,95 €

mercredi 15 juillet 2020

Cinéma - La danse macabre d’Été 85

 Alex (Félix Lefebvre) et David (Benjamin Voisin), un amour évident dès la première rencontre.  Photo Jean-Claude Moireau

Qui aurait cru que François Ozon réalise un film d’amour de vacances ? Le réalisateur de drames psychologiques souvent torturés (Une nouvelle amie, L’amant double) précise dans le dossier de presse du film Été 85 qu’il a assumé « les codes d’un teen movie. J’ai filmé une romance entre garçons de façon très classique et sans ironie, pour rendre cette histoire d’amour universelle. » Mais cela reste du Ozon malgré tout. Et d’entrée, le narrateur parle de cadavre et de la mort d’une façon plus générale. Amour et mort, la vie quoi… 

Au Tréport, station balnéaire populaire de Normandie, en ce début d’été 85, les jeunes hommes et filles veulent oublier l’année scolaire. Même s’ils sont encore en pleine orientation. Alex (Félix Lefebvre), fils de docker, a des talents littéraires. Son professeur de français (Romain Duris) va tout faire pour qu’il continue afin de décrocher ce Bac A qui lui tend les bras.  Ses parents, préféreraient qu’il trouve un travail. Nous sommes au début des années 80, le chômage de masse pointe son nez, l’inquiétude des «pauvres» est palpable. 

David le sauveur 

Avant de décider, Alex emprunte un petit bateau à un ami et va en mer. Un orage gronde, la coque de noix chavire. Panique sous les embruns. Heureusement, David (Benjamin Voisin) arrive, fendant les flots à la barre de son voilier baptisé Calypso, et le sauve. La suite, c’est effectivement une belle histoire d’amour que François Ozon raconte dans le détail, mais avec pudeur. David, fils d’une commerçante (Valeria Bruni Tedeschi), a un an de plus qu’Alex. Lui, contre son gré, a arrêté les études pour reprendre la boutique créée par son père décédé brutalement un an plus tôt. Les deux jeunes adultes passent la soirée ensemble. Ciné, virée à moto, boîte de nuit. Tout ce qu’il faut pour faire fonctionner la fabrique aux souvenirs. Le spectateur de plus de 50 ans apprécie. François Ozon, lui, se fait plaisir. Il a reconstitué le décor et l’ambiance de ses 17 ans. 


Pressé de choisir son avenir, Alex coupe la poire en deux. Il continue ses études, mais cet été il va travailler. Chez David. Durant six semaines, c’est le bonheur le plus complet pour ce couple lumineux et rayonnant. Cependant cette bluette entre deux jolis garçons ne suffit pas pour retenir l’attention des spectateurs. Le film de François Ozon a parlé de cadavre. Qui est mort ? Dans quelles circonstances ? Pas Alex en tout cas, puisqu’il est dans peau du narrateur et que le film débute par son procès. 

Loin donc d’être un simple film à l’eau de rose, Été 85 nous parle aussi de promesse, d’engagement et de folie. Pas la folie dévastatrice mais celle consciente, qui nous permet, parfois, de dépasser les limites et de se sentir un peu plus vivant que le reste de nos connaissances. Alex, au cours de cet été 85, avait vraiment besoin de se sentir vivant, quitte à réaliser la pire folie que même ses romanciers préférés n’auraient pas osé imaginer. Un film qui aurait certainement brillé au dernier festival de Cannes si un certain coronavirus n’avait pas confisqué le tapis rouge.

Film français de François Ozon avec Félix Lefebvre, Benjamin Voisin, Philippine Velge


Polar - Triste jeunesse chinoise

 



La Chine fascine. La Chine fait peur. La Chine, et plus spécialement la jeunesse de Péjkin est au centre de Beijing Blues, roman policier de Charlotte Cahné. Elle a passé deux années là-bas, au contact des hommes et femmes que l’on retrouve dans cette œuvre de fiction, pour mieux raconter le quotidien de son héros, Hadrien.

Lui ne sait rien de cette ville tentaculaire. Junkie, par ailleurs artiste peintre et détective privé à ses heures perdues, il vient passer deux mois dans un atelier pour tenter de se remettre à la peinture. C’est Eva, une ancienne amie qui lui a trouvé ce bon plan. Mais le lendemain de son arrivée, Eva est arrêtée, suspectée de complicité de meurtre. Hadrien, aidé par une journaliste française, va tout faire pour l’innocenter. Au prix d’une descente dans les enfers de la jeunesse pékinoise, là où il est si difficile d’être authentique.

Un polar au héros dérangeant et d’une efficacité redoutable.

« Beijing Blues », Le Masque, 9,10 € 

Streaming - Charlize Théron, l’immortelle


Adaptée d’une BD très engagée sur le féminisme, The Old Guard débarque sur Netflix. La critique est féroce, malgré le gros budget et la présence de Charlize Theron. Pourtant, le même long-métrage serait sorti en salles ce 14 juillet et tout le monde l’aurait encensé comme le sauveur d’un été calamiteux d’après-confinement. 

On comprend aussi en creux que le défaut reproché à ce film d’action portant sur des guerriers immortels devenues les proies d’un labo pharmaceutique, est d’être réalisé par une femme. Noire en plus. C’en est un peu trop pour tous les petits-bourgeois blancs et faussement progressistes qui se délectent des blockbusters américains dopés à la testostérone. Si en plus on précise que l’autre héroïne (KiKi Layne) est elle aussi noire et que deux des guerriers sont gays, tout devient clair.

 The Old Guard est tout ce que rejette l’Amérique de Trump et l’intelligentsia française du 7e art. Au final, ça vaut plus qu’un James Bond. Mais Bond est blanc et hétéro... 

mardi 14 juillet 2020

BD - Rafales contre Rafales



14-Juillet oblige, plongez dans les exploits de l’armée française. Avec Centaures, série écrite par Heurzet et dessinée par Loutte, le Charles de Gaulle est envoyé dans l’océan Indien. Il doit aider à l’évacuation des ressortissants français de l’archipel des Amandines, en plein coup d’État. De la politique-fiction très plausible, avec groupe de mercenaires capables de piloter les deux Rafales de l’armée de l’air de cette petite république insulaire.

Cela donne des combats entre Rafale dans le ciel des tropiques. Les amateurs de BD aéronautiques (très nombreux depuis Buck Danny ou les Chevaliers du Ciel) se régaleront. Les autres risquent de ne pas très apprécier le jargon martial et technique.




« Centaures » (tome 2), Le Lombard, 12,45 €

lundi 13 juillet 2020

BD - Frissons garantis

 

 

   

Les auteurs italiens ont depuis toujours excellé dans la terreur. On pense aux films avec les fameux Giallo mais aussi aux BD comme Martin Mystère. Normal donc que Giovanna Furio (scénario) et Gianluca Gugliotta (dessin) proposent cet album intitulé Cœurs gelés dans la collection Flesh & Bones de chez Glénat.

En noir et blanc, sur 140 pages, on découvre le combat d’Adam Bridge, psychiatre londonien, contre une entité asexuée, la Mort blanche, désireuse de se venger du célèbre occultiste Alceister Crowley. Le monstre va littéralement avaler les enfants de la descendance de Crowley. Les amateurs se délecteront de ces scènes gore, de la profondeur du scénario et des passages muets permettant à Gugliotta de magnifier son trait.

« Cœurs gelés », Glénat, 9,99 € 

dimanche 12 juillet 2020

Espéraza dans l'Aude : ces gros dinos si fascinants



 Jean Le Loeuf a mis pour la première fois les pieds dans l’Aude en 1989. Jeune étudiant chercheur en paléontologie à Jussieu à Paris, il ne se doutait pas que sa thèse de doctorat portant sur les vertébrés de la fin du crétacé en Europe allait bousculer sa vie, qu’il allait découvrir une nouvelle espèce de dinosaures et créer le musée des dinosaures qui 30 ans plus tard est toujours un des fleurons touristiques de la Haute-Vallée de l’Aude. Un enseignant avait trouvé un os de dinosaure dans une ancienne vigne à Bellevue, situé sur la commune de Campagne dur Aude. « Je suis arrivé pour y faire quelques fouilles. Le premier jour on a utilisé un tractopelle pour atteindre une certaine profondeur. Au bout de deux heures on a renvoyé l’engin à son propriétaire. J’ai trouvé 20 os de dinosaures en une semaine, soit la quantité que j’espérait trouver durant toute ma carrière… »

Jean Le Loeuf repart à Paris lesté de ces vestiges. Mais la place manque à l’université. Ainsi est né l’idée d’un musée des dinosaures couplé à un laboratoire de recherches. Rapidement le projet est lancé et en 1992, Jean Le Loeuf soutient sa thèse et deux mois plus tard devient directeur du tout nouveau musée des dinosaures d’Espéraza. Chance, c’est à cette époque que sort Jurassic Park au cinéma. Les dinos sont à la mode, le musée est rapidement trop petit. Une extension est ouverte en 2006. Jean Le Loeuf n’a pas perdu soin temps sur le terrain. Il a creusé à Bellevue et c’est une véritable mine qui s’offre à ses recherches. Et surtout, il découvre que les os sont « inédits ». Quelques années plus tard il a l’honneur de le baptiser ampelosaurus, le dinosaure des vignes. Une belle bête de 18 mètres de long et de 15 tonnes. 

Depuis 2016, en plus d’un squelette reconstitué et d’une statue criante de vérité réalisée par Claude Moreno, il est la vedette animée de la salle des dinosaures de l’Aude. Mais cet herbivore placide n’a rien à voir avec l’autre star du musée des dinosaures. Car si des os et un long cou c’est sympa, des griffes et des dents acérées dans la gueule du plus grand des dinosaures carnivores, c’est mieux. Une aile entière est dédiée au fameux T-Rex ou tyrannosaure et à son découvreur, Barnum Brown. 

Un effet saisissant

Ouverte en 2011, elle est entièrement réalisée par l’équipe du § M/usée des dinosaures qui a soigné la reconstitution des la vie de Brown, de son radeau qui lui permettait d’aller dans des endroits inaccessibles des rivières canadiennes à son bureau. Mais le clou de la visite reste l’animatronic d’un T-Rex, offerte par de généreux donateurs au musée. L’effet est saisissant car s’il est immobile quand le visiteur arrive près de son enclos, un capteur de mouvement lance le mécanique. La gueules s’ouvre, et un cri redoutable retentit dans tout le musée. Le visiteur, s’il a un peu d’imagination, a véritablement l’impression d’être retourné 66 millions d’années en arrière. Mais attention, comme dans les films de Spielberg, ces animaux éliminés de la surface de la Terre après la chute d’une météorite, ne voit pas dans le visiteur qu’une source de protéines. Ainsi était le quotidien des vertébrés de la fin du crétacé en Europe…

En pratique

Le musée des dinosaures d’Espéraza, Dinosauria, est ouvert tous les jours en été de 10 h à 19 h. Prix : adultes : 9 €, enfants (5-12 ans), étudiants, adultes handicapés : 6,50 €, billet famille : 27 € pour 2 adultes et 2 enfants (gratuit pour les moins de 5 ans). Tel : 04 68 74 26 88

Les dinosaures faisaient-ils des bulles avec leurs oreilles ? 

 Liés dinosaures ont toujours fait rêver les artistes. Romanciers, peintres et bien évidemment bande dessinée. Il est vrai que ces grosses bestioles ont tout pour amener du suspense dans une histoire, de l’action dans un récit tout en donnant l’occasion aux dessinateurs de laisser libre cours à leur imagination. 






Depuis l’an dernier, Dososauria propose en plus des expositions permanentes, une expo temporaire sur les dinosaures dans la bande dessinée. « Bulles de dinos » est un très complet florilège de leur représentation dans le 9e art. Jean Le Loeuf, aidé par quelques passionnés, a cherché dans les archives pour débusquer les premières représentations de dinosaures dans des récits illustrés. La plus ancienne planche est signée Robida et daterait de 1890. Il y décrit par le menu « une partie de chasse à l’époque tertiaire ». 
Les chasseurs, se transforment en gibier quand ils croisent ces monstres aux dents tranchantes. La première partie de l’expo montre les créations jusqu’en 1928. Nombre de dinosaures avaient des oreilles, preuve que la liberté créative peut faire parfois d’incroyables erreurs aux artistes… On peut surtout admirer l’agrandissement d’un dessin de Gus Bofa étonnamment moderne et paru dans le journal de Poilus La Baïonnette en 1918. Après 1928 et jusqu’en 1947, les dinosaures sont prétexte à des aventures très mouvementées. Zig et Puce, d’Alain Saint-Ogan, rencontrent un diplodocus en 1936. Dans les années 40, un artiste russe signant Mengden, multiplie les histoires comme « L’île de l’épouvante ». Mengden qui associe systématiquement gros dinosaures et jeune fille largement dévêtue et en détresse. 
Un thème très courant, au point que Bulles de dinos propose un panneau intitulé « Eros et dinos ».  Après guerre, tout héros de bande dessinée se doit à un moment de sa carrière de croiser la route des dinosaures. Certains régulièrement comme le téméraire Bob Morane dessiné par Vance ou Coria. Ou les héroïnes de Leloup et Walthéry, Yoko Tsuno et Natacha. Cette dernière dans son 18e album va en rencontrer des dizaines. Adèle Blanc-Sec aussi croise des squelettes de dinosaures ainsi que le célèbre ptérodactyle du premier album.

Dans les BD très récentes, Jean Le Loeuf a particulièrement apprécié l’adaptation du Monde Perdu par Christophe Bec, Negalyod de Vincent Perriot et la série humoristique de Bloz et Cazenove sur les dinosaures qui propose même dans un des recueils une planche sur l’ampelosaurus. 

Maurice Raptor, l’ancêtre



A l’entrée du musée, ne manquez pas Maurice Raptor. Installé à une table de café, il croque (sur papier avec un crayon), un autre dinosaure. Maurice est le premier dinosaure sculpté par Claude Roméro. Il était de l’ouverture en 1992, a passé quelques années dans un placard pour finir élégamment habillé dans le hall.

Menton carré ?

Quand Jean Le Loeuf a découvert l’ampelosaurus, il a rapidement été question d’en fabriquer un animatronic. En se basant sur des cousins, il a indiqué à l’artiste que la bête avait un menton carré. Jusqu’à l’an dernier. En réalité son museau est plutôt allongé. Voilà comment l’ampélosaure, après quelques dizaines d’années de célébrité a succombé à la chirurgie esthétique…

Œufs durs ou mollets ? 

Jamais les chercheurs n’ont retrouvé d’œuf de T-Rex. Un mystère qui semble sur le point d’être élucidé. La semaine dernière, des paléontologues ont déterminé avec certitude que certains dinosaures pondaient des œufs sans coquille. Ou exactement qu’elle était molle, comme les lézards. Ce n’est qu’une hypothèse. Mais elle devient de plus en plus plausible. Si le T-Rex devenu adulte semblait invulnérable avec ses dents et sa carapace, il n’en allait pas de même pour les bébés avant leur éclosion. 





samedi 11 juillet 2020

BD - Plus marrante sera la chute

 


Comment faire rire en trois cases ? Trois dessins, quatre dialogues et au final le lecteur sourit, rit, s’esclaffe, s’indigne parfois. Ils sont rares les bons gagmans. L’abbé, nouveau venu dans cette catégorie assez particulière de la bande dessinée place la barre très haut. Son premier recueil de strips parus dans Fluide Glacial est presque un manuel à montrer à tous les apprentis comiques. 

Pas de personnages récurrents, juste des personnages qu’il maltraite. Des anormaux, horribles, parfois dégoûtants. Mais c’est dans cet excès que l’auteur brille le plus. Comme ces trois gamins déguisés pour Halloween reproduits ci-contre. 

Contrairement aux apparences, le premier n’est pas déguisé en fantôme mais en… tampon hygiénique. Chute gore mais excellente.
 

« 3 cases pour 1 chute », Fluide Glacial, 9,90 €

vendredi 10 juillet 2020

Beaux livres - Un « pavé » lumineux



Michel Hérold a coordonné la publication de cette somme sur les vitraux du Midi de la France. Un beau livre entrant de plus dans « la publication exhaustive des vitraux antérieurs à la Révolution encore conservés, ou documentés en France ». 

Un pavé de plusieurs kilos pas forcément réservé aux passionnés. Car localement on découvre les richesses anciennes et récentes de cet art si particulier du vitrail. S’il n’y a que 5 pages sur les Pyrénées-Orientales (essentiellement les vitraux retrouvés du Palais des rois de Majorque), l’Aude est la section la plus copieuse avec pas moins de 40 pages sur les trésors de Carcassonne et Narbonne. 

Un livre qui permet aussi de découvrir des vitraux plus récents, comme la fresque du grand escalier du Palais consulaire de Perpignan ou les vitraux de la maison dite des trois nourrices à Narbonne. 

« Les vitraux du Midi de la France », Presses universitaires de Rennes, 400 pages, 45 € 

jeudi 9 juillet 2020

BD - Anita Conti, pionnière maritime

Anita Conti, considérée comme une sommité de l’océanographie mondiale, inaugure la collection Pionnières. Sa vie mouvementée, passée souvent sur des navires voguant sur toutes les mers du monde, est racontée par Luca Blengino et Nathaniel Legendre au scénario et Katia Ranalli au dessin. 



De son premier contact avec la mer au début du siècle, en vacances en Normandie au perfectionnement de l’aquaculture aux Pays-Bas dans les années 70 on découvre une femme qui a toujours considéré que sa place était sur les bateaux, au milieu des marins, même si des siècles de tradition le lui interdisaient. En ce sens, elle était une véritable pionnière.

« Anita Conti », Soleil, 14,95 €

mercredi 8 juillet 2020

Cinéma - “L’envolée” familiale

Film anglais d’Eva Riley avec Frankie Box, Alfie Deegan, Sharlene Whyte



L’Angleterre de nos jours offre une multitude de scénarios possibles sur une jeunesse en plein désarroi. Eva Riley, dans L’envolée, premier film tout en douceur et nuances, permet au spectateur de s’immerger dans le quotidien de Leigh (Frankie Box). Cette adolescente de 14 ans, vit seule avec son père. Durant les grandes vacances, dans une Angleterre étonnamment ensoleillée et chaude, elle se prépare pour une importante compétition de gymnastique. Leigh a besoin de 50 livres pour l’inscription. Son père ne peut pas lui donner. Le lendemain, elle découvre avec stupeur un jeune garçon à peine plus âgé qu’elle dans l’entrée de la maison familiale. C’est Joe (Alfie Deegan), son demi-frère.

Une fois passée cette révélation, le film suit quelques méandres  laborieux qui alourdissent la critique sociale. Joe, petit voleur de moto, entraîne sa sœur dans ses trafics. La jeune sportive, lassée de se faire moquer par ses collègues de club, plus mûres, plus aguicheuses, découvre un autre milieu. Son courage (ou son inconscience ?) la transforme en parfaite exécutrice des basses œuvres. 

 Ken Loach serait allé vers un quotidien encore plus noir, sans espoir et plein de désillusion. Mais Eva Riley, jeune et sans doute encore pleine d’espoir, a préféré voir dans cette relation entre un frère et une sœur qui ignoraient leur existence il y a encore 5 jours, une façon de glorifier l’esprit de famille. 

Car ces deux, en se découvrant, se persuadent qu’ils sont bien frères et sœurs, prêts à tout pour s’épauler, s’aider. Une superbe complicité, joliment filmée dans la campagne anglaise ou au cours d’un entraînement de Leigh aussi dynamique qu’émouvant. Un film social anglais qui respire l’optimisme, voilà la bonne surprise de cet été 2020.

Série télé - Homecoming, manipulations américaines sur Amazon Prime



Mise en ligne en 2018 sur la plateforme de streaming d’Amazon, Homecoming était présenté comme la première série avec Julia Roberts en tête d’affiche. En réalité, c’était surtout la nouvelle création de Sam Esmail, le créateur Mr Robot. 10 épisodes de 30 minutes et une sombre histoire de manipulation mentale de soldats américains, de retour au pays après des périodes où ils ont pété les plombs. Julia Roberts y interprétait une psychologue chargée de les remettre sur le droit chemin. Elle nouait une relation particulière avec Walter Cruz (Stephan James), un des marines convalescent. 

A la fin de la première saison, les créateurs auraient pu en rester là. D’autant que le rôle de Julia Roberts était terminé. Mais une saison 2 a débarqué (7 épisodes de 30 minutes) fin mai et relancé l’intrigue. 

Avec cette fois une jeune femme amnésique, jouée par Janelle Monaé. Recherche d’identité et de la vérité sont au menu de cette seconde saison aussi brillante que la première, avec l’attrait de la nouveauté en moins.

Essai - Découvrir Barcelone dans le texte



Quelle est la meilleure façon de découvrir Barcelone ? Prendre le train et partir à l’aventure ? Planifier son séjour avec étapes incontournables (rambla, Sagrada…). À moins qu’on ne puisse visiter la capitale catalane juste en restant dans son canapé (transat, c’est l’été), le nez plongé dans des bouquins se déroulant dans la ville-monde.  Car Barcelone est « l’héroïne » de quantité de romans. 

C’est cette singularité qui a poussé David Clusellas i Codina, journaliste et écrivain, d’écrire cet essai, « promenade littéraire dans la ville moderne, cosmopolite, tolérante » et par ailleurs « cité chargée d’histoire, au cœur battant de toutes les innovations, artistiques, urbanistiques ou politiques. » 

En se référant à quatre romans il dresse le portrait d’une ville diverse et multiple. Un essai qui donne une furieuse envie de partir passer une semaine au Sud, avec les romans analysés, notamment ceux de Mathias Enard et Grégoire Polet, regard français sur une exception culturelle si loin… si proche.

« Lire Barcelone », Trabucaire, 12 €

mardi 7 juillet 2020

BD - Gags avec des plumes

 


Vivant à Coursan pas très loin des grands étangs du littoral, Jean-Luc Garréra n’a pas à aller très loin pour trouver l’inspiration de sa série humoristique la plus récente  sur les oiseaux. Dessinés par Sirvent, ces gags permettent de sourire mais aussi d’apprendre pas mal de choses sur ces drôles de bestioles à plumes. 

Savez-vous par exemple que l’oiseau considéré le plus dangereux du monde n’est pas un aigle mais casoar à casque. Il a une griffe acérée comme un poignard. 

Et comme il pèse pas loin de 70 kg... Plus proche de nous, Garréra a détourné l’histoire des flamants roses aux pattes prises dans le gel. Un album idéal pour la détente et qui nous permet de rire en s’amusant. 

« Les oiseaux en BD », Bamboo, 10,95 € 

lundi 6 juillet 2020

Roman - 2069, année roborérotique



Si en 1969, Gainsbourg avait fait scandale, le recueil de nouvelles futuristes de Josselin Bordat baptisé « 2069 » passe comme une lettre à la poste. Ou comme papa dans maman pour rester dans le ton des 12 histoires. L’auteur a imaginé les pratiques sexuelles du futur. Il y a beaucoup de virtuel, quelques robots et un peu d’amour. Mais vraiment pas beaucoup. 

Sa vision d’ensemble des relations humaines est un peu pessimiste. La meilleure nouvelle est sans doute la nuit agitée d’un dealer dans une Rome retenant son souffle avant l’annonce du nom du nouveau pape. Jusqu’à l’apparition de la fumée au-dessus du Vatican, rose au final…

 Une autre nouvelle se déroule dans la région. Un journaliste vient en reportage à Béziers, devenu un port après la montée des eaux de la Méditerranée. Il veut partir en expédition dans la Montagne noire, redevenue sauvage, cachette d’une communauté menée d’une main de fer par une certaine G. Effrayant.

« 2069 » de Josselin Bordat, Anne Carrière, 17 €

samedi 4 juillet 2020

Polar - Pouvoir islandais

 Plongée dans les arcanes du pouvoir en Islande. Trahison, nouveau polar de Lilja Sigurdardottir paru chez Métailié raconte les 15 premiers jours d’Ursula au poste de ministre de l’Intérieur en Islande, pays  exemplaire en ce qui concerne la démocratie mais pas exempt de magouilles politiques. Ursula est chargée par le Premier ministre de remplacer durant une année le ministre actuel trop affaibli par la maladie. La politique c’est tout nouveau pour cette quadra dynamique qui a fait sa carrière à l’étranger. Dans des instances internationales, elle a géré des crises majeures comme l’épidémie d’Ebola en Afrique ou les camps de réfugiés pendant la guerre de Syrie. 

De retour au pays, à la demande de son compagnon, Ursula s’attend à un quotidien plus tranquille. Pourtant elle va finalement encore plus risquer de perdre la vie pour une vieille histoire. Le roman est minutieusement construit. Chaque personnage important est au centre des différents chapitres. Ursula bien évidemment, mais aussi Stella, une femme de ménage du ministère, Gunnar, le chauffeur et garde du corps d’Ursula et enfin Pétrur, un clochard qui a reconnu Ursula. Tous les problèmes d’Ursula viendront de cet homme qui n’a plus sa tête. Alcoolique, asocial, il est persuadé qu’Ursula, qu’il a connue enfant, a passé un pacte avec le diable. Un homme de l’entourage de la ministre qui cache son jeu néfaste. 

Si l’intrigue au final n’occupe qu’une petite place dans le roman, c’est surtout pour la description des vies des sans-grade que ce roman vaut le détour. Notamment les galères de Stella, jeune femme perdue, persuadée que la magie peut résoudre ses problèmes. La drogue aussi… Et pour le volet politique, la démonstration de Lilja Sigurdardottir ne laisse que peu de doutes : en Islande comme ailleurs, les hommes politiques sont prêts à tout pour conserver le pouvoir. 

« Trahison » de Lilja Sigurdardottir, Métailié, 22 €