dimanche 31 mai 2020

BD - Plongez dans la justice des affaires familiales



Adapté d’un essai du Collectif Onze paru en 2013 chez Odile Jacob, Au tribunal des couples raconte le quotidien d’une greffière assistante d’une juge aux affaires familiales. Malika, mariée à un gendarme mobile, mère d’une petite fille, voit défiler dans son bureau des couples qui se déchirent. 

Elle prépare les dossiers en prévision des audiences qui s’enchaînent dans le bureau de la juge. Montant de la pension alimentaire, décision sur la garde des enfants : derrière ces considérations bassement matérielles il y a des vies que Baptiste Virot, le dessinateur, raconte avec son trait simple et expressif. 


Un long récit sur 160 pages, au cours duquel Malika change de juge (un homme, jeune, moins impliqué à son grand désespoir) et voit sa propre vie de couple mise en péril par l’éloignement du père de sa fille (d’abord à Perpignan puis pour une mission longue durée en Guyane). Une justice humaine, qui n’a pas pu fonctionner durant le confinement. On préfère ne pas imaginer l’état d’engorgement actuel de ces services pourtant essentiels à l’équilibre des enfants pris dans ces divorces compliqués.

« Au tribunal des couples », collection Sociorama, Casterman, 12 €


BD - Savourez le chocolat made in Belgium



La gastronomie, les arts de la table et d’une façon générale tout ce qui met en jeu le goût inspire de nombreux scénaristes de bande dessinée. Mais le spécialiste de ce secteur, le plus prolifique et expert, reste Corbeyran. 

Après les vins, il s’attaque au chocolat dans cette série sur les grands chocolatiers belges. Alexis Carret, jeune et talentueux maître chocolatier vient d’ouvrir sa boutique. Il sublime les papilles de ses clients avec ses créations originales. 


Il semble filer le parait amour avec son apprentie Manon et prépare les premières fêtes de fin d’année, le moment où il réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires. Mais un fournisseur fait défaut (il est en fait corrompu par des concurrents d’Alexis), le jeune artisan est obligé de tout arrêter. Dessinée par Chetville (qui signait dans les années 80 Mézerette), cette série entre saga industrielle, romance et apprentissage de la gastronomie, permet au lecteur d’apprendre une foule de secrets sur la fabrication des chocolats ou tout simplement l’origine du mot ganache. 

« Le maître chocolatier » (tome 2), Le Lombard, 14,99 €

BD - Dégustez Barcelone avec Pepe Carvalho



Les grands personnages de fiction ne meurent jamais. Pepe Carvalho (comme Maigret ou San Antonio en France), survit à son créateur Manuel Vazquez Montalban. 

On peut toujours se plonger dans les romans (réédités en poche chez Points) ou redécouvrir cette série policière atypique grâce à une adaptation en bande dessinée fidèle et de qualité. 


Hernan Migoya et Bartolome Segui ont osé s’attaquer à ce monument de Catalogne pour en livrer des albums qui se savourent comme les multiples plats qui rythment les enquêtes de ce fin gourmet. Pour rappel, Pepe Carvalho est un privé barcelonais dans l’Espagne qui vient juste de sortir du franquisme. Dans « La solitude du manager » (3e roman de la série, seconde adaptation en BD), il est chargé par une veuve d’enquêter sur le meurtre d’un haut responsable d’une multinationale espagnole. L’occasion pour Pepe de remuer le passé de quelques gauchistes reconvertis dans le grand capital. 

Une enquête sombre et désespérante. Heureusement il reste quelques encas savoureux (une butifarra en pleine nuit) ou repas succulents à base de filet de cabillaud à la plancha, confit d’oie, pieds d’agneau aux artichauts et petits pois et le meilleur pour la fin : « se mijoter un salmis de canard à une heure du matin fait partie des plus belles folies capables de saisir un être humain qui ne serait pas fou. »

« Pepe Carvalho » (tome 2), Dargaud, 15 €

Thriller - La peur règne en maître au fond de « La vallée » de Bernard Minier


Bernard Minier s’est imposé comme le romancier de cette sortie du confinement. La vallée, son nouveau thriller paru quelques jours après l’ouverture des librairies a immédiatement été en tête des ventes. Pourtant il y est aussi un peu question d’enfermement puisque toute la population d’une vallée des Pyrénées se retrouve coincée à la merci d’un tueur fou. Mais ce n’est pas n’importe qui se charge de l’enquête puisque Bernard Minier remet en selle son héros fétiche, Martin Servaz. 

Servaz a des soucis avec l’institution. Il est suspendu depuis quelques mois, conséquences de ses actes racontés dans le dernier roman de ses aventures, Sœurs. Pas fameux côté boulot, mais parfait au niveau vie privée. Il a du temps à consacrer à son fils Gustav et vit le grand amour avec Léa. Mais on se doute que c’est le calme avant la tempête. 



Et Bernard Minier, pour relancer l’intérêt du lecteur, n’hésite pas à remettre dans le jeu des personnages emblématiques des précédentes histoires. En pleine nuit, Servaz reçoit un appel affolé de Marianne. Son amour de jeunesse, mère de Gustav, a disparu depuis 8 ans. Elle lui explique qu’elle a réussi s’échapper, qu’il doit venir l’aider. Elle explique être « à flanc de montagne, dans la forêt sur un sentier au-dessus d’une vallée, près d’une église avec un cloître ». Martin reconnaît Aiguevives, village des Pyrénées. Il quitte Toulouse et se retrouve plongé dans une enquête qui va tenir en haleine le lecteur durant 500 pages trépidantes. 

Sur place, il ne trouve pas Marianne, mais décide de rester un jour de plus. Un jour de trop. Un cadavre est découvert dans le secteur. Servaz, à l’instinct, se persuade que c’est lié à l’appel de Marianne. Il va s’immiscer dans l’enquête de la gendarmerie malgré sa suspension. Mais quand un éboulement bloque la seule route permettant l’accès à la vallée, il se retrouve pris au piège, à la merci d’un tueur machiavélique, comme toute la population où les cadavres commencent à se ramasser à la pelle. 

L’intrigue fonctionne à merveille, l’isolement faisant augmenter l’angoisse. Servaz, entre vieux cauchemars et rêve d’une vie plus posée, va devoir batailler pour comprendre la mentalité de ces villageois qui ont beaucoup à cacher. 


samedi 30 mai 2020

Série télé - Les Belges n’aiment pas le soleil


Première série belge produite par Netflix, Into the night joue d’emblée dans la cour des grands malgré des moyens bien moindres face aux grosses productions anglaises ou américaines. Cette série d’anticipation, tendance fin du monde, débute à 100 à l’heure. Un militaire italien de l’Otan détourne un vol en partance pour Moscou. Il ordonne d’aller vers l’ouest. Une fuite éperdue car une modification dans la polarité du soleil le transforme en tueur implacable. 

Si vous êtes effleuré par un de ses rayons, vous mourrez sur-le-champ, comme grillé de l’intérieur par un micro-ondes. Un avion volant vers l’ouest parvient à échapper au jour. Une fois l’évidence admise, l’équipage et les passagers, pour survivre, doivent rester dans la nuit, à l’opposé du soleil. 

Le huis clos dans l’appareil est effrayant, les escales mouvementées et les acteurs, européens, prennent petit à petit la mesure de leurs personnages. Certains se bonifient, d’autres virent super méchants. Dans la distribution, saluons Pauline Etienne, elle interprète une pilote d’hélicoptère de l’armée suicidaire après la mort de son grand amour. Une dépressive suicidaire qui finalement va tout faire pour sauver sa peau et ses compagnons de galère. 

Notons aussi l’excellente partition de Jan Bijvoet qui prête ses traits à Rik, petit homme lâche et insignifiant qui voit dans cette presque fin du monde l’occasion de briller. Jan Bijvoet vu il y a quelques années dans le rôle d’un des musiciens d’Alabama Monroe, le film de Felix Van Groeningen permettant aux distributeurs catalans Jacques Font et Jean-Philippe Julia de remporter un césar. 

Après le premier confinement, les cinémas cherchent à se réinventer

 


Imaginez la scène. Vous êtes confortablement installé dans votre voiture, si possible décapotable par une belle nuit d’été. Vous avez une constellation d’étoiles dans le ciel. Et d’autres stars, d’un autre genre, sur l’écran géant de plus de 15 mètres de long vous font rêver en vivant de palpitantes aventures dans un film sorti le jour même. Après de trop longs mois de confinement, ce serait le summum d’une vie libre et en plein air, sans contrainte, immense…

Ce rêve éveillé, vous pourrez le réaliser cet été sur quatre sites du littoral catalan. Des cinémas drive vont être installés et proposeront chaque soir un film à déguster dans sa voiture. Clap Ciné ouvre dès le vendredi 3 juillet deux drive-in, un premier derrière le parking du cinéma de Leucate-Barcarès, l’autre sur le parking du cinéma de Canet. Le réseau Cinémaginaire, habitué à proposer des séances en plein air chaque été dans le département, va s’installer à Argelès-sur-Mer dans le secteur nord au niveau du parking de la Marenda ainsi que sur les installations sportives des Capellans à Saint-Cyprien. Voilà donc comment un simple virus d’origine asiatique permet, entre autres effets secondaires inattendus et surprenants, la résurrection des cinémas drive-in un peu partout dans le monde.

Jérôme Quaretti et Frédéric Perrot, les deux gérants de Clap Ciné, ont présenté en détail ce projet innovant directement lié à la crise sanitaire. Un immense terrain plat et inoccupé se trouve à l’arrière du parking du Clap-Ciné de Leucate-Barcarès. Sur ces 13 000 m2 seront parquées les 150 voitures au maximum qui pourront assister au film projeté sur un écran géant gonflable de 15 mètres de large et haut de 10. Le projecteur, un Nec 4K à laser, sera installé en hauteur à 75 mètres de l’écran. Le son des films sera diffusé à 200 mètres à la ronde sur une fréquence FM attribuée par le CSA. En pratique, un « placeur » guidera les voitures à leur emplacement, en faisant attention de mettre les plus petits modèles devant et les plus grands à l’arrière. À l’arrivée, De quoi en mettre plein la vue.

Soirées culte ou vintage

Au programme, à partir de début juillet et jusqu’au samedi 5 septembre des nouveautés, les plus gros succès des derniers mois et des soirées thématiques. Car le drive, qui a connu un beau succès dans les années 60 dans le département, est souvent associé à la société américaine. Des soirées « culte » sont déjà programmées avec des films comme Shining ou Blade Runner. Le drive c’est aussi très vintage et les nostalgiques pourront revoir, dans ces conditions si particulières, des œuvres comme The Blues Brothers ou American Graffiti.

L’idée du drive-in, c’était pour trouver une parade au confinement. Car plus de deux mois sans le moindre film ont considérablement fragilisé les petites structures du département. C’est aussi pour cela que Clap Ciné et Cinémaginaire ont décidé de s’associer pour « développer un partenariat de programmation, d’animations, de communication mais aussi une politique réciproque de tarif réduit pour leurs abonnés respectifs dès la réouverture des cinémas ». Une union sacrée des « petits » pour peser au niveau national et proposer « des films en commun et la venue de réalisateurs et d’acteurs qui seront en ‘mini-tournée’ durant 48 h dans les salles du littoral. »

Quels films pour la reprise ?

Drive en juillet donc, avec l’espoir que les touristes seront au rendez-vous, mais aussi réouverture des salles autorisée dès le 22 juin. Pour l’instant, rien n’est encore décidé pour la date de reprise. Tout dépend des films proposés et de l’appétence du public de s’enfermer dans des salles. Même si au nouveau sanitaire, le Clap Ciné a décidé de jouer la prudence extrême. Entre chaque spectateur ou groupe de spectateur, il y aura deux sièges de libres. Et les horaires seront programmés pour que les salles soient désinfectées et nettoyées entre chaque séance.

Pour l’instant un seul film est annoncé pour le 22 juin : Filles de joie avec Sara Forestier et Noémie Lvovsky. Noémie Lvovsky qui est également au générique de La bonne épouse, comédie de Martin Provost qui n’a été programmée que trois jours avant le confinement et qui devrait reprendre sa carrière, tout comme le De Gaulle. Un film que Jérôme Quaretti verrait bien au drive-in. Il est vrai qu’un écran géant pour le grand homme, cela va de soi. 

De choses et d’autres - Petit rêve martien


L’espace revient en force. La conquête spatiale plus exactement. Il nous faut bien ça pour tourner notre regard vers autre chose que la pandémie, la crainte de la contagion et surtout la crise économique sans précédent qui se profile. 

Ce samedi soir, si la météo le permet, les USA vont se relancer dans ce secteur coûteux, pas forcément bénéfique mais si important pour la réputation d’un pays qui entend imposer sa loi sur la planète. Deux astronautes vont décoller de Miami, à bord de la capsule de la société privée SpaceX (je me suis toujours demandé si ce nom était un hommage indirect à l’émission des frères Bogdanov, TempsX). Juste pour rejoindre la station spatiale internationale, mais avec l’objectif, à moyen terme, de s’envoler vers Mars. Mars qui semble occuper les rêves de Thomas Pesquet. En voilà un qui fait l’unanimité en ces temps où la polémique semble obligatoire. Le spationaute français repartira dans l’espace l’année prochaine. L’Agence spatiale européenne avait lancé, en plein confinement, un concours pour trouver le nom de la mission du Français volant. 

Quelques propositions ont fuité sur internet comme « Thovid-19 » ou « Roupette » comme l’a suggéré une dessinatrice de BD en hommage à son… cochon de compagnie. On connaîtra le résultat dans quelques mois, mais en attendant Thomas Pesquet avoue qu’il en veut plus. Alors pourquoi pas Mars ? Il est déjà candidat pour la Lune (voyage de la Nasa en 2024) et rêve désormais de la planète rouge. Il le dit clairement dans une interview au Parisien, un peu comme un enfant espérant que son souhait se réalisera s’il le formule à haute voix… 

Chronique parue le 30 mai en dernière page de l'Indépendant

vendredi 29 mai 2020

De choses et d’autres - Café introuvable

Alors qu’Édouard Philippe confirmait hier soir la réouverture dès le début juin des cafés, bars et restaurants situés en zone verte, une nouvelle anodine pourrait avoir de graves conséquences sur cette annonce espérée par une grande majorité de Français. Car si les bars vont pouvoir de nouveau accueillir les clients, ils risquent de se trouver rapidement en rupture de stock du produit le plus consommé : le café. Cette plante n’est pas directement victime du virus, mais indirectement en raison du confinement toujours en vigueur dans le principal pays exportateur : la Colombie. 

Le prix de cette matière première a progressé sur le marché mondial, mais les producteurs se retrouvent dans l’impossibilité de ramasser le fruit de leurs cultures par manque de main-d’œuvre. Avouez que pouvoir enfin retourner au café après plus de deux mois de disette, mais sans pouvoir en boire un bien serré, serait la pire des aberrations. 

Pourtant, s’il est bien un produit qui nous a permis de tenir durant le confinement, c’était le café. Personnellement, j’en ai fait une consommation certainement excessive durant les deux mois de confinement et de télétravail. 

En plus de la machine à expresso, j’ai ressorti la cafetière à filtre pour alimenter ma perfusion du matin au soir. Reste que je me réveille encore avec l’envie d’un bon « petit noir serré » bu au comptoir en vitesse (ça, a priori, ce ne sera pas possible la semaine prochaine), ou d’un double, siroté en terrasse avec croissants et presse du jour. 

Alors, espérons que l’épidémie se calme aussi en Colombie et que nous ne serons pas contraints de nous réveiller avec une fade chicorée. 

Chronique parue le 29 mai en dernière page de l'Indépendant

Avec Guy Bedos, l’humour vache perd son maître


Il est de plaisanteries dont on se passerait. Ainsi la mort de Guy Bedos hier à 85 ans ne fait pas rire. Pourtant, celui qui a érigé la méchanceté ou l’humour vache au rang d’art absolu aura beaucoup fait rire les Français durant les plus de 50 ans où il se produisait sur scène, seul ou accompagné de Sophie Daumier à ses débuts. Un pur saltimbanque, à la parole libre, se revendiquant de gauche et pas tendre pour les hommes (ou femmes) politiques de droite. Sa mort a été annoncée hier par son fils Nicolas : « Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux. Comme je suis fier de t’avoir eu pour père. Embrasse Desproges et Dabadie vu que vous êtes tous au Paradis. »

Guy Bedos, né le 15 juin 1934 à Alger, était Juif et Pied-Noir. Deux origines qu’il revendiquait ouvertement. Revenu en France avant l’indépendance, il a débuté comme comédien dans divers films, dès les années 50. Le succès et la célébrité, il la rencontre dans les années 60 quand il passe régulièrement dans les music-halls de la capitale. Il forme un duo avec Sophie Daumier et on les voit régulièrement dans les émissions de variétés. Se lançant dans une carrière solo, Guy Bedos fait rire toute la France dans ses caricatures de « beaufs » avant la lettre. Sa plume, acerbe, lui permet d’aborder tous les problèmes de notre société. Des sketches devenus des classiques qu’il présentait sur toutes les scènes du pays. 

Comique subversif

Dans les années 70, en plus du cinéma, il peaufine son image de trublion cathodique. Ses interventions en direct sont attendues par certains, redoutées par d’autres. Sur scène, il commence à commenter l’actualité dans des revues de presse où il donne libre cours à une méchanceté devenue sa marque de fabrique. Il fait sans doute partie de ces artistes qui ont permis à la France d’oser le vote Mitterrand en 1981. Cette vie politique qui lui a donné tant d’occasions de brocarder les pratiques de certains. Il avait ses têtes de Turc. Dernière en date Nadine Morano qu’il avait qualifiée de « conne » et de « salope » dans une de ses improvisations sur scène à Toul en 2013. Un procès très médiatique sur la liberté de parole des artistes s’achevant par une victoire nette et sans bavure de l’humoriste. Comme un dernier pied de nez à tous ceux qui l’ont redouté quand ce « comique subversif » comme aimait le désigner Pierre Desproges, leur dressait des portraits au vitriol. Franck Riester, ministre de la Culture a d’ailleurs mis en avant cette spécificité saluant dans un communiqué « la parole libre » de Guy Bedos. Libre, mordant, mais aussi humain. Bedos était tout cela à la fois, concentré d’intelligence critique qui va nous faire défaut à l’avenir.   

Au cinéma, il était célèbre pour avoir interprété Simon Messina, le médecin harcelé par sa mère, un des membres de la bande de copains d’Un éléphant ça trompe énormément, film d’Yves Robert. Par un étrange concours de circonstances, il est mort la veille des obsèques de son complice de toujours Jean-Loup Dabadie, celui-là même qui a signé le scénario du film d’Yves Robert et sa suite judicieusement intitulée On ira tous au paradis. Tous, pas sûr. Lui, sans doute.

jeudi 28 mai 2020

De choses et d’autres - Le monde d’après ne fait pas envie

Cela fait un peu plus de deux semaines que l’on est sorti du confinement, et donc qu’on se rapproche du fameux « monde d’après », celui qui serait meilleur, empathique et plus solidaire. Mais finalement, le monde d’après ne sera pas du tout comme on l’aura rêvé entre les quatre murs de notre salon, entre la sortie pipi du chien du matin et les courses « vitales » du soir. 

Le bruit médiatique fait de sorties outrageuses ou outrageantes, de petits scandales et de polémiques stériles est de nouveau omniprésent. Alors qu’on ne sait pas de quoi sera fait l’été, que le second tour des municipales n’a pas encore eu lieu (de toute manière il n’y aura pas de campagne…), tous les commentaires des éditorialistes et experts éclairés portent sur la… présidentielle. 

Une seule chose importe : savoir qui sera au sommet de l’État pour qu’on puisse, à la première crise venue, le crucifier au prétexte qu’il prend les mauvaises décisions. Notre système présidentiel a basculé dans une autre dimension. Avant il fallait choisir l’homme providentiel qui représenterait la grandeur du pays, le ferait rayonner par sa stature incontournable. Depuis Sarkozy, on a l’impression que le job a totalement changé. Le président n’est là que pour prendre des coups. 

Et Macron n’échappe pas à la règle. Son côté jeune premier le transforme de facto en tête à claques. Le pire reste encore à venir avec ce fameux monde d’après. Car dans les commentaires politiques, pour bousculer les deux favoris (le vainqueur et la battue de 2017), il ne resterait que, au choix, plusieurs profils de populistes divers et variés allant de Ruffin à Bigard en passant par Onfray et Raoult. Bref, la fonction présidentielle n’est pas près de redorer son blason.

Chronique parue le 28 mai en dernière page de l'Indépendant

mercredi 27 mai 2020

Les adultes aussi ont leur cahier de vacances

Pas sûr qu’on puisse partir en vacances cet été. Entre les incertitudes sanitaires et les restrictions économiques, juillet et août seront peut-être sacrifiés sur l’autel de la rentrée. Mais cela ne nous empêchera pas, comme les enfants, de réviser notre culture générale avec ce traditionnel Cahier de vacances pour adultes en vente dans toutes les maisons de la presse dès aujourd’hui. 

Ces exercices amusants permettent de retomber en enfance en révisant les bases. Le contenu allie humour et pédagogie.  Au sommaire plus de 200 exercices : français, littérature, maths, sciences, histoire, géographie, culture générale qui permettent à chacun de réviser ses classiques. 

Sans oublier 40 pages de jeux et de tests à la fois drôles et sérieux sur des thématiques plus ludiques comme  cinéma ou musique. Et bien évidemment, les solutions sont présentes à la fin de l’ouvrage, à ne consulter qu’après avoir fait les exercices car on ne triche pas !

"Cahier de vacances pour adultes", Chifflet et Cie

mardi 26 mai 2020

De choses et d’autres - Réouverture fatale



Si l’on a assisté à la réouverture des plages depuis le déconfinement, par contre les bars et restaurants eux n’ont pas rouvert. Et il n’y a pas que ce type d’établissement qui est dans l’impossibilité de rouvrir. Interdiction aux cinémas de rouvrir, les grands musées ne rouvrent pas non plus. Si vous trouvez que je fais beaucoup de répétitions dans le début de cette chronique c’est pour mieux faire comprendre à tout un chacun qu’il ne faut pas dire ni écrire « réouvrir » mais « rouvrir ». 

Cette faute de français, qui depuis quelques décennies écorche mes oreilles, est encore plus virulente et contagieuse que le covid-19 depuis le déconfinement. Car comme tout était fermé, depuis le 11 mai, tout rouvre. Exactement, si l’on en croit les déclarations d’éminents spécialistes des différents secteurs concernés, « tout réouvre ». 

Vous pensez que je pinaille ? Un peu, j’admets, mais ce « réouvre » ne passe plus depuis que jeune étudiant en journalisme, fier d’avoir décroché un stage d’été dans un grand quotidien régional de la région, j’avais titré un de mes premiers papiers : « Le centre aéré réouvre ses portes ». Fort heureusement, une correctrice a remis le verbe comme il fallait, mais le lendemain, le rédacteur en chef de service qui avait reçu l’original sur son bureau m’a passé un sacré savon, expliquant la différence entre réouverture et rouvrir. 

Donc depuis, à deux ou trois reprises chaque année, je relevais la faute dans la bouche d’un confrère ou d’un interviewé. Jusqu’au 11 mai. À partir de ce moment, j’avoue, la déferlante de « réouvre » a eu tendance à me mettre hors de moi. J’en serais presque à espérer un reconfinement pour bannir définitivement ce verbe de l’actualité. 

Chronique parue le 25 mai en dernière page de l'Indépendant. 

Cinéma - Arte, plateforme de VOD de grande qualité

Pourquoi aller chercher trop loin ce qui est à disposition simplement ? Arte, chaîne culturelle franco-allemande, a dans ses offres une plateforme de vidéo à la demande (Arte VOD) qui propose plus de 5 000 programmes : cinéma, documentaires, séries ou magazines. Viennent d’arriver au catalogue plusieurs films qui avaient dû être retirés des salles pour cause de confinement. 

Parmi ce choix de très grande qualité, ne manquez pas Le lac aux oies sauvages de Diao Yinan. Un chef de gang en quête de rédemption et une prostituée prête à tout pour recouvrer sa liberté se retrouvent au cœur d’une chasse à l’homme. Film roumain étonnant : Les siffleurs. Cristi est un inspecteur de police de Bucarest corrompu. Pour libérer un mafieux de prison, il apprend une langue ancestrale à base de sifflements. 

Donnez enfin une seconde chance à Deux, film de Filippo Meneghetti tourné dans l’Hérault où Nina et Madeleine sont amoureuses l’une de l’autre. Un amour caché…

Tous les films sont disponibles en location à 4,99 € et à partir de 9,99 € à l’achat www.arteboutique.com

lundi 25 mai 2020

Thriller - Sombres secrets d’une star avec « L’affaire Clara Miller »



Olivier Bal doit pouvoir, sans le moindre problème, obtenir la nationalité américaine. Cet auteur, tout ce qu’il y a de plus Français, situe tous ses romans au pays de l’Oncle Sam. Comme s’il était évident pour cet amateur de littérature policière et de séries télé, qu’un bon thriller ne peut que se dérouler dans ce vaste pays propice à toutes les réussites. Aux pires fantasmes et dérives aussi. 

L’affaire Clara Miller a parfois des airs de Twin Peaks. Tout commence par la découverte d’un cadavre au bord d’un lac. La jeune femme, Clara Miller, se serait suicidée. Comme d’autres dans la région les mois et années précédents. Mais un de ses collègues, Paul, par ailleurs amoureux transi de la jolie reporter new-yorkaise, sait qu’elle était sur une affaire qui allait faire beaucoup de bruit car mettant en cause la star planétaire Mike Stilth. 

Triangle mortel

Alors Paul, en dépit de toute logique, va s’obstiner, creuser, recouper et se lancer sur la trace de celui que tout accuse. Chanteur et comédien, star absolue depuis plusieurs décennies, la personnalité de Mike est secrète et fascinante.  Clara, Paul et Mike : un triangle classique dans tout drame digne de ce nom. Mais ce qui aurait pu être une resucée d’une énième enquête sur les dépravations d’un privilégié dénoncé par un héros quelconque, par sa construction sophistiquée, se transforme en un de ces fameux « pageturner » si compliqué à lâcher. Cette histoire est racontée par les différents protagonistes. A la première personne et à trois époques différentes. En 1993, année de la mort de Clara. En 95, quand Paul accule Mike dans ses derniers retranchements et en 2006, par les rares rescapés de cette triste histoire. Ce ping-pong littéraire entre époques et acteurs pourrait décontenancer le lecteur, mais le brio d’Olivier Bal fait que tout coule de source. Alors plongez-vous dans L’affaire Clara Miller, exploration inquiétante des pires secrets d’une star mondiale.

Qui est véritablement Mike Stilth ? Cette interrogation la presse à scandale tente d’y réponde depuis que ce chanteur a acquis une réputation mondiale. Avec les millions de ses tubes, il a acheté un domaine impénétrable, Lost Lakes. Un manoir au cœur de 1 000 hectares de forêt. Là, il se ressource, élève son fils Noah et sa fille Eva qu’ils cachent à la presse, s’amuse avec quelques rares privilégiés sous la protection efficace de sa manager et agent Joan Harlow. Clara Miller était parvenue à s’introduire à Lost Lakes. Elle n’en est jamais ressortie vivante. Voilà pourquoi Paul veut lui aussi franchir la triple clôture et déjouer la surveillance de l’armée de gardes privés pour mettre Mike face à ses dérives. Le roman, sans une once de fantastique (Olivier Bal a débuté dans cette veine avec Les Limbes, Prix Méditerranée Polar du Premier Roman 2018), permet au lecteur de comprendre comment fonctionnent plusieurs mondes antagonistes et complémentaires. D’un côté les stars, adulées, puissantes mais privées de vie privée. De l’autre les journalistes, notamment les spécialistes people, cherchant toujours le croustillant, quitte à provoquer des situations compromettantes pour augmenter le tirage des journaux poubelles pour qui ils pigent. Et puis il y a tous ceux qui gravitent autour de cette perpétuelle guerre. Complices souvent, victimes parfois. Un thriller qui nous raconte l’Amérique dans toutes ses facettes, celles qui font rêver mais aussi celles moins affriolantes qui donnent l’occasion à des détraqués d’assumer leurs pires déviances. 

« L’affaire Clara Miller » d’Olivier Bal, XO Editions, 19,90 €

dimanche 24 mai 2020

Thriller - Un serial killer fidèle au « jamais deux sans trois »

 

Un homme, trois femmes. La distribution du roman policier Une deux trois de Dror Mishani fait dans le minimalisme. Son découpage aussi, trois parties nommées du prénom des trois femmes de la vie de Guil, avocat et quasi seul homme de cette histoire se déroulant de nos jours en Israël. Guil qui a beaucoup à cacher. Guil, serial killer de la pire espèce, de ceux qui agissent avec discrétion, passant toujours sous le radar des forces de l’ordre. 

La première femme, Orna, ancienne hôtesse de l’air, actuellement prof et récemment divorcée, est la maman d’un petit garçon. La seconde, Emilia, originaire de Lettonie, travaille comme aide familiale, pauvre, seule et un peu perdue. La troisième Ella, est beaucoup plus mystérieuse. Cette mère de trois filles a repris ses études et passe ses matinées à réviser dans un café. Elles ont en commun d’avoir croisé la route de Guil. 

La moitié du roman raconte comment s’est tissée la relation entre Orna et Guil. Lassée de passer ses soirées seules, elle décide de s’inscrire sur un site réservé aux divorcés, contacte Guil qui rapidement lui répond. Discussion virtuelle puis premières rencontres dans un bar. Il raconte être séparé de son épouse, a deux grandes filles, travaille beaucoup, va fréquemment à l’étranger et traîne sur ce site internet depuis deux ans sans trouver l’âme sœur. 

Trop de mensonges

Orna est attirée par cet homme si prévenant. Mais elle ne veut pas brusquer les choses. L’auteur, Dror Mishani, dans cette partie de son roman, s’écarte du roman policier. C’est à une description méthodique et circonstanciée des rencontres entre adultes trop seuls qu’il entreprend. Orna gagne en confiance. Accepte même de coucher avec Guil au bout d’un moment. Mais quand elle le surprend en plein shopping avec sa femme, dont il n’est pas finalement pas séparé, elle se sent trahie. Elle va alors le manipuler : « Il n’osait pas rompre de peur qu’elle ne révèle leur liaison à sa femme et à ses filles. À présent elle se servait de lui exactement comme il s’était servi d’elle, et pourtant elle ne s’aimait pas dans ce rôle. » On retrouve ensuite Guil dans l’histoire d’Emilia. La jeune femme originaire de l’Est s’occupe du père de l’avocat. Là, c’est une certaine misère de ces travailleurs expatriés qui est décrite avec minutie par l’auteur. Et puis arrive Ella. Guil l’aborde dans un café. Le lecteur tremble pour elle car il sait désormais que cet homme à l’aspect anodin est un serial killer méticuleux, qui prend du temps à chasser ses proies et ne fait pas d’erreur. On entre de plain-pied dans le polar, le final est époustouflant, une construction savante digne des meilleurs textes publiés dans la célèbre collection.

« Une deux trois » de Dror Mishani, Série Noire, 19 €

BD - L’autre affaire Dreyfus, aux USA



En 1915, aux USA, ce ne sont pas les combats en Europe qui faisaient réagir le peuple mais le procès Léo Frank. Cet industriel d’Atlanta était accusé d’avoir violé et tué une de ses jeunes employées, Mary Phagan. Il crie son innocence comme quelques années plus tôt le capitaine Dreyfus en France. Mais ses origines juives vont le desservir. 

Dans ce sud pas encore remis de la guerre de Sécession, les investisseurs du Nord, souvent juifs, sont considérés comme les profiteurs de la défaite. L’autre suspect du meurtre de Mary, 14 ans, est un balayeur noir, alcoolique et bagarreur. 



Mais il a compris que sa chance pour s’en sortir est de charger le patron. Juges, procureur et membres du jury populaire après un procès de plusieurs semaines condamnent Léo Frank à la peine de mort. Mais après de nombreux recours, la peine est commuée en réclusion criminelle à perpétuité. L’album de BD signé Xavier Bétaucourt (scénario) et Olivier Perret (dessin) débute dans la nuit du 17 août 1915. Un groupe de notables prend d’assaut la prison et emmènent Léo Frank. 

Au petit matin, après un second procès sommaire, il est pendu à un arbre dans une clairière. Léo Frank, certainement innocent après de nouvelles enquêtes dans les années 80, a d’abord été condamné à mort, puis gracié et finalement assassiné en toute impunité. 

Ce faits divers, qui a à peine un siècle, montre combien les USA sont parfois un pays où la violence, l’invective et le racisme ont encore de beaux jours devant eux. Redécouvrir l’histoire de Léo Frank c’est aussi comprendre comment aujourd’hui encore, certains jouent de ces antagonismes pour asseoir leur pouvoir.

« Ils ont tué Léo Frank », Steinkis, 18 € 

BD - Ce si difficile retour au bercail

 

Matteo, jeune Italien, revient dans la bourgade de son enfance après trois années passées à Milan, la grande ville. Au cœur de la Toscane, il retrouve sa grand-mère et ses tantes qui vient toutes dans la maison de son enfance. Brouillé avec son père, il refuse de le prévenir qu’il est de retour. Se posant beaucoup de questions sur son avenir, il se laisse aller, au point de ne plus sortir de la maison. 

Trois semaines de confinement choisi dans cette région d’Italie durement frappée par le Covid-19, « Les Générations », roman graphique en noir et blanc de Flavia Biondi aurait presque des airs d’actualité. Mais ce récit ne date pas de ce printemps. Il a été publié en Italie en 2015 et a remporté un important succès. Traduit en français, il permet de découvrir une autrice sensible, qui met la problématique des différences au cœur de ses histoires. Car Matteo ne parle plus à son père après qu’il lui ait annoncé » qu’il était gay.


A Milan il a vécu une belle histoire d’amour. Le cœur brisé, il revient dans sa famille, affronter des tantes qui ne lui passent rien. Mais comme pour payer sa dette, il accepte de s’occuper de sa grand-mère, grabataire et diabétique. 

Une vision très réaliste de l’Italie actuelle, écartelée entre la modernité de la jeune génération et les traditions très rétrogrades des plus vieux. Avec au final une jolie expérience de vie qui peut aider tout un chacun en cas de doute existentiel.

« Les générations », Glénat, 17,50 €


samedi 23 mai 2020

Série Télé - Paris gagnants dans l’Angleterre du début du XXe siècle



Les séries de gangsters ont toutes pris un méchant coup de vieux quand Peaky Blinders a débarqué en 2013 sur les écrans de la BBC puis sur Arte en France en 2015. Les Américains et les Italiens pouvaient aller se rhabiller face aux méthodes impitoyables de la famille Shelby à Birmingham dans les années 20 du XXe siècle. Surnommés les Peaky Blinders en raison de la lame de rasoir cachée dans la visière de leurs casquesttes, ils ambitionnent de régner sur le monde des paris, clandestins puis légaux de cette ville industrielles de Grande-Bretagne. 

L’entreprise Shelby va prendre de l’envergure avec l’arrivée à sa tête de Tommy (Cillian Murphy). Il a vécu l’enfer dans les tranchées françaises. Désormais il n’a plus peur de rien et on expérience d’artificier va faire des merveilles pour imposer sa loi. La série, qui en est à sa cinquième saison, diffusée en priorité sur Arte puis quelques mois plus tard sur Netflix, a soigné scénario, interprétation, réalisation et musique. Les personnages récurrents sont fouillés, très torturés, notamment le frère de Tommy, 

Arthur (Paul Anderson). Les décors, criants de vérité, permettent de longs plans séquence que peu de cinéastes confirmés oseraient entreprendre. Mais ce qui a fait aussi le succès immédiat de Peaky Blinders c’est la musque. Du rock très actuel, en décallage avec l’époque, mais qui colle parfaitement avec la violence des personnages. Nick Cave signe le générique et plusieurs de ses compositions rythment les moments forts.  

De choses et d’autres - Et Charlotte se transforma en Charles…



Encore une histoire belge pour alimenter cette chronique des choses étranges et des autres, encore plus bizarres. Comme en France (et dans les pays anglo-saxons), la Belgique a son radio-crochet The Voice. L’an dernier, une certaine Charlotte Foret l’a emporté. Je le sais car Charlotte est la fille d’un des cousins de mon épouse. Ne me demandez pas ce qu’elle chante, son style musical et si c’est mérité, ma curiosité s’est arrêtée à cette affirmation  que j’espérais, en vain, placer dans une conversation mondaine : « J’aime la musique, quelqu’un de ma famille a même remporté The Voice ! » Il est bien connu que si l’on veut se faire remarquer dans certaines réunions huppées, mieux vaut enjoliver la vérité. 

Dans ce cas je l’aurais carrément travestie. Travesti est le bon mot puisque la jeune chanteuse a annoncé au sortir du confinement que désormais il ne faut plus l’appeler Charlotte, mais Charles. Un nom de scène qui ne préjuge en rien de son genre. En fait, Charlotte, de brune piquante, est devenue blonde platine, sorte de copie en chair et en os de Barbie. Mais une Barbie qui aurait Charles pour nom. Soi-disant en hommage à son grand-père maternel. 

En réalité, je me demande si ses producteurs n’ont pas craint tout simplement que le prénom de Charlotte, dans la musique actuelle, ne soit un peu réducteur. Dans le monde francophone, à part Charlotte Julian, bien connue dans la région puisque pure Perpignanaise, personne n’a fait carrière avec un tel prénom. Mais vous me rétorquerez que Charles est encore moins à la mode. Certes mais moi, dans une soirée branchée, je pourrais désormais placer « Quelqu’un dans ma famille, née Charlotte, se fait désormais appeler Charles ! »

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 23 mai

vendredi 22 mai 2020

De choses et d’autres - L’Académie française s’en mêle



Stupeur en plein confinement. La publication d’un communiqué tout ce qu’il y a de plus officiel de l’Académie française a littéralement changé le visage de la crise sanitaire dans laquelle était plongée la France depuis plusieurs semaines. 

Le coronavirus en cause, nommé par l’OMS (Organisation mondiale de la Santé) Covid-19 change de sexe du jour au lendemain. Les commentateurs, experts, reporters et même l’homme de la rue n’ont cessé de dire « le Covid-19 ». Or, selon les petits hommes verts, il faut dire « la Covid-19 ». 

Je vous épargne les explications savantes pour argumenter ce revirement complet, mais, n’en déplaise aux nanas de l’Indep’ (à retrouver en page culture), cette pandémie qui a mis l’économie mondiale à genoux est bien du genre féminin. Désolé mesdames, ce n’est pas moi qui le fais remarquer, mais ce qu’il y a de plus représentatif en matière de langue française (mais pas de la parité). Car ces sommités des Lettres décident de la définition des mots, mais aussi du genre et de savoir comment on l’accorde au pluriel. Par exemple, dans l’expression « main aux fesses », main, nom féminin, est au singulier alors que fesse, féminin, doit obligatoirement être mis au pluriel. 

La raison est très simple : un des membres de l’Académie française (pas le plus talentueux, mais sans doute le plus connu…) a beaucoup bossé sur le sujet. Et a donné de sa personne, testant dès qu’il avait l’occasion l’expression, ses conséquences et réactions. Mais ça lui a passé. Désormais l’académicien, toujours vert malgré son grand âge, travaille d’arrache-pied sur une blague qui fait partie du patrimoine de la France et qui commence par « Dis camion… »

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 22 mai

jeudi 21 mai 2020

De choses et d’autres - Souvenez-vous des Tristus et les Rigolus



Depuis le 11 mai, la France est coupée en deux. D’un côté les déconfinés cools qui vivent dans la partie ouest du pays, celle qui est en vert sur la carte présentée par le ministère de la Santé. Et de l’autre les déconfinés stricts, vivant à l’Est, où le rouge domine. Deux couleurs, le vert et le rouge, une frontière nette mais fluctuante : il n’en fallait pas plus pour que me reviennent en mémoire les Tristus et les Rigolus, une bande dessinée qui m’a bien fait rire dans mon enfance. Signée Jean Cézard, publiée dans Pif Gadget, la BD mettait aux prises deux peuples que tout opposait. D’un côté les Tristus, « verts, bêtes et tristes » et de l’autre les Rigolus « rouges, malins et rigolos ». On retrouve un peu la configuration de notre pays d’après-confinement, à une différence près : l’inversion des couleurs. Aujourd’hui c’est en zone verte que l’on rigole le plus. Chez les rouges, c’est un peu la soupe à la grimace. Même si les différences ne sont pas criantes, il y a quand même plus d’avantages à vivre chez les Verts que chez les Rouges. L’autre analogie entre notre situation et la BD, consiste à la possibilité de devenir Tristus quand on est Rigolus ou l’inverse. Dès que le Tristus est sensible à un jeu de mots idiot, ses vêtements deviennent rouges et il se met à rigoler frénétiquement. 

À l’inverse, un Rigolus malheureux vire au vert et tire la tronche. Plutôt que des tests, les chercheurs devraient mettre au point un produit pour montrer si l’on est infecté ou pas. Dès qu’on a le virus, on passe au rouge (autant rester dans le code couleur du début) et on ne redevient normal qu’une fois guéri. Dans ce cas, vous verrez, la distanciation sociale sera beaucoup plus facile à faire respecter. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 21 mai.

 

mercredi 20 mai 2020

DVD - Dans les eaux troubles des affaires des « Gentlemen »



Cela faisait plus de dix ans que Guy Ritchie avait le scénario de « The Gentlemen » dans un coin de sa tête. Une histoire tellement complexe et étoffée qu’il envisageait dans un premier temps d’en faire une série télé. Finalement il a condensé l’action, conservé les moments forts et les rebondissements pour en faire un film de deux heures qui se déguste comme un bon whisky irlandais, à petite gorgée et minuscule lampée.

Casting de rêve

Après quelques échecs commerciaux en France, Guy Ritchie casse la baraque avec Sherlock Holmes et surtout Aladdin. Résultat il peut enfin se consacrer à ce projet personnel qui lui tient à cœur et surtout réunir un casting d’exception. Dans le rôle du héros, ou du moins du personnage principal Michael Pearson, Matthew McConaughey. Charlie Hunnam sera Ray son bras droit et Hugh Grant Fletcher, journaliste et narrateur officiel. 

Rajoutez Michelle Dockery dans le rôle de l’épouse de Pearson et Colin Farrell en coach hilarant de boxe et vous avez de la dynamite pour un film d’action très cérébral. Car si ça bouge beaucoup chez ces « Gentlemen », ça réfléchit aussi en permanence. Histoire d’avoir un coup d’avance face à des concurrents peu scrupuleux. 

Michael Pearson est le roi du cannabis en Angleterre. Il a plusieurs « fermes » dissimulées en Angleterre dans des lieux totalement insoupçonnables. Une véritable industrie qu’il décide de revendre. Deux acheteurs sont intéressés. Un financier américain et un jeune ambitieux de la mafia chinoise. 

Mais le véritable danger vient de Fletcher. Ce journaliste freelance bosse pour les pires tabloïds britanniques. Il a reçu carte blanche d’un rédacteur en chef rancunier pour faire tomber Pearson.   Il a un dossier complet, mais avant de le publier, il le propose à Ray, le bras droit de Pearson, pour quelques millions de livres, soit 50 fois plus que le prix de sa pige. 

On adore cet enchaînement de coups fourrés, de manœuvres vicieuses et de coups de billard à trois, voire quatre bandes. L’histoire est tordue à souhait, avec quelques scènes d’anthologie comme la descente de Ray dans une HLM pour récupérer la fille d’un aristocrate tombée dans la drogue ou le braquage de la femme de Pearson dans son garage.  Sans oublier toutes les apparitions de Colin Farrell, totalement irrésistible dans son interprétation d’un coach de boxe se dévouant pour permettre à quelques petites frappes de banlieue de s’en sortir dans la vie sans trop passer par la case prison. Le film est disponible à l’achat numérique à partir de ce mercredi, puis sur toutes les plateformes de VOD le 28 et enfin en DVD et bluray le 6 juin chez M6 Vidéo. 

mardi 19 mai 2020

De choses et d’autres - Paroles contagieuses


Selon une étude scientifique, le simple fait de parler peut transmettre le coronavirus si l’on est contaminé. Ce ne sont pas que les postillons provoqués par un éternuement qui sont dangereux. En fait, dès qu’on ouvre la bouche et qu’on s’exprime, on projette avec l’air expiré des microgouttelettes, comme de l’aérosol, qui ne demande qu’à aller se déposer chez le voisin distant de deux à trois mètres. 

Si par malheur la tramontane souffle dans le dos du malade qui parle un peu trop, c’est tout le quartier qui devient un cluster sans que personne ne casse la chaîne des gestes barrières. Alors en plus du masque, de la distanciation physique et du confinement, j’aurai envie de demander à tout un chacun de la fermer. Oui, un peu de silence pour le bien de l’Humanité. 

Avouez que vous aussi vous en rêvez de ce silence qui au début du confinement avait saisi tout le monde. Aujourd’hui, comme pour rattraper le retard, tout le monde a quelque chose à dire, à prouver, à expliquer ou tout simplement à raconter son confinement qui ressemble en tout point à celui qu’on a vécu…  Sans compter les experts, analystes et autres pers
onnalités de référence qui écument les plateaux télé. De véritables moulins à parole capables de dire blanc le lundi sur BFM, noir le mardi à FranceInfo et gris le mercredi sur CNews. 

A eux seuls, ils pourraient alimenter en électricité l’Aude et les Pyrénées-Orientales si des investisseurs leur plantaient des éoliennes sous le nez. Par contre j’ai des doutes sur l’étude des paroles contagieuses. Car si c’était vrai les présentateurs qui se trouvent au centre de ce cirque médiatique seraient tous morts et enterrés pour cause de surcharge de virus. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 19 mai

Série Télé - Réalité polonaise avec The Mire


On ne peut pas reprocher à Netflix de ne pas investir partout en Europe. Pour preuve Rojst, mini-série polonaise de cinq épisodes rebaptisée The Mire pour sa sortie mondiale la semaine dernière sur la plateforme de SVOD. L’action se déroule dans les années 80 en Pologne. L’appareil communiste règne toujours en maître sur la pays. Dans cette province reculée, la Vovoïde, un jeune journaliste encore plein d’illusions.

 Confronté à un double crime (une jeune prostituée et son client, un cacique du Parti), retrouvés égorgés dans la forêt), il réfute l’explication officielle de la police et décide d’enquêter. Rapidement il va remuer cette boue qui gangrène la société. Et se retrouver à son tour menacé. 

C’est noir, sombre et pessimisme. La reconstitution de la Pologne d’avant Solidarnosc est bluffante et les comédiens excellents. Une jolie surprise, qui tient en haleine l’abonné du début à la fin. 

lundi 18 mai 2020

Littérature - Deux Musso pour relancer l’édition


En cette période économique compliquée pour le secteur de l’édition, personne ne va rouspéter si un champion des ventes permet au public de revenir dans les magasins. Guillaume Musso devrait donc attirer nombre de lecteurs pour la sortie de son nouveau roman, La Vie est un roman, aux éditions Calmann-Lévy, le 26 mai et dès à présent La vie secrète des écrivains au format poche.  

Dans ce dernier roman, après avoir publié trois livres devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu’il arrête d’écrire et se retire à Beaumont, une île sauvage et sublime au large des côtes de la Méditerranée.
Vingt ans après, alors que ses romans continuent de captiver les lecteurs, Mathilde Monney, une jeune journaliste, débarque sur l’île, bien décidée à percer son secret. Commence entre eux un dangereux face-à-face, où se heurtent vérités et mensonges, où se frôlent l’amour et la peur…

« La vie secrète des écrivains », Le Livre de Poche, 8,40 € (article paru le lundi 18 mai dans l'Indépendant du Midi)


dimanche 17 mai 2020

BD - Une jeune Chinoise dans la tourmente


Maryse et Jean-François Charles après les Indes et l’Afrique, consacrent leur nouvelle saga à la Chine des années 30. Alors que Mao est sur le chemin du pouvoir, la jeune Li quitte Shangai pour Paris. 



Protégée par son père spirituel, le mystérieux et honorable monsieur Zhang, elle découvre les joies de la vie à l’Occidentale. Elle s’amourache d’un peintre vivotant à Montmartre. Une romance qui se termine tragiquement. 
Li va devoir revenir en Chine alors que Zhang, poursuivi par les troupes nationalistes, se cache. C’est toute l’histoire contemporaine chinoise qui est passée au crible dans cette série toujours en couleurs directes, alternant les planches bourrées d’action et les grandes pages-tableaux que tout esthète digne de ce nom rêverait d’accrocher dans son salon.

« China Li » (tome 2), Casterman, 14,50 €


BD - A la recherche des colons perdus


Grande fresque de science-fiction que cette Colonisation signée Filippi et Cucca. Dans un futur très lointain, l’Humanité a lancé de nombreuses nefs pour coloniser des mondes au-delà des galaxies. Certaines n’ont plus donné signe de vie depuis des siècles. Une nouvelle technologie de voyage permet à des équipages d’explorateurs de retrouver ces nefs et les colons installés sur des planètes vivables. 

Milla Aygon et son équipage repèrent des signes de vie sur une planète abordée par une nef. Ils se rendent sur place et rapidement se trouvent aux prises avec deux clans qui se détestent. L’un est resté dans la nef en orbite, l’autre s’est mélangé aux autochtones à la surface. 
Malgré le danger, Milla va devoir rapidement déterminer qui sont les bons et qui jouent les rôles des méchants. Si l’histoire n’a rien d’exceptionnel sur une thématique déjà vue et revue, on est par contre en admiration face aux planches colorées de ce monde imaginaire foisonnant. 

« Colonisation » (tome 4), Glénat, 13,90 €


BD - Le pire cow-boy d’un bon western


Connaissez-vous Billy, le pire cow-boy de toute l’histoire de la BD ? Si vous n’avez pas encore croisé ce drôle d’énergumène dans les pages du journal Spirou ou dans le premier tome des aventures de Walter Appleduck, vous avez encore la possibilité de rires de ses gaffes dans le second album qui vient de sortir cette semaine dans toutes les librairies. 
Billy, bien qu’il ait un QI encore mois élevé que celui d’une moule, a hérité du poste d’adjoint au shérif de la petite ville de Dirty Old Town. 

Dans le premier volume de ces histoires courtes écrites par Fabcaro et dessinées par Fabrice Erre, Walter, jeune Américain cultivé, décrochait un stage de cow-boy dans cette bourgade où le colt a toujours le dernier mot. Pour le tome 2, totale inversion des rôles. 
Walter revient dans la grande ville accompagné de Billy qui n’a jamais quitté l’Ouest sauvage. La confrontation entre un cow-boy bête comme ses pieds, raciste, macho et prétentieux et l’élite de la jeune nation américaine est source d’un nombre incalculable de gags. 
Chaque case est à se tordre, la moindre répartie de Billy hilarante. Un condensé de bonne humeur, parfait pour égayer la période.

« Walter Appleduck » (tome 2), Dupuis, 12,50 €


Roman - Quand le vent idiot guide les vagabonds


La littérature américaine doit énormément au récit Sur la route de Jack Kerouac. Cette simple idée de tout plaquer pour partir à l’aventure, l’esprit ouvert, juste pour avancer dans ce grand pays encore un peu sauvage et rencontrer des gens qui comme lui sont à la marge a éveillé bien des consciences, favorisé des carrières d’écrivains ou tout simplement poussé nombre de jeunes à se rebeller. 
Peter Kaldheim est passé par cette case « Sur la route ». Mais ce n’est pas au sortir de l’adolescence qu’il a chaussé ses baskets. A 30 ans passés, c’est contraint et forcé qu’il a déguerpi à la vitesse grand V du New York où il avait passé pourtant toute son enfance et le début de sa vie d’adulte à travailler dans le milieu de l’édition. Et comme Jack Kerouac, cette traversée des USA dans les années 80 est devenue un roman qui se savoure comme un café chaud après une nuit à la belle étoile à grelotter de froid.


Avec un réalisme absolu, sans jamais se prendre en pitié bien au contraire, Peter Kaldheim décrit le sale individu qu’il était devenu. Mauvais mari, alcoolique, drogué : en janvier 1987 il était prêt à tout pour acheter sa dose de cocaïne. Même à escroquer son dealer officiel, pourtant réputé pour ses méthodes violentes en cas de retard de paiement. 
Mais Peter, depuis quelques années, était sous l’influence de ce qu’il appelle le « vent idiot », cet Idiot Vent qui donne son titre au roman. « Je l’avais vu faire s’envoler à peu près tout ce qui aurait dû compter pour moi. Mon mariage. Ma carrière. Le respect de mes parents et amis. Même un endroit où poser la tête la nuit. » En pleine tempête de neige, Peter dépense ses derniers dollars pour un billet de bus. 
Une centaine de kilomètres au chaud puis il entreprend, en stop, de rejoindre la côte ouest. Ce périple, dans l’Amérique des clochards et des vagabonds, il le raconte avec une faconde réjouissante. Malgré le froid, la faim, le manque de drogue, il continue à avancer, rencontrant de belles âmes qui contrairement à lui dans sa première vie, ne cèdent jamais à l’individualisme. Certes, le chemin est parfois semé d’embûches, mais ce nouveau vent le pousse vers une vie libre et sans addictions. Quatre mois plus tard, il pose son baluchon dans le parc de Yellowstone. 20 ans plus tard il reprend sa carrière littéraire pour publier ces mémoires, le « Sur la route » de la fin du XXe siècle. 

"Idiot wind", Peter Kaldheim, Delcourt littérature, 22 €



samedi 16 mai 2020

Série télé - Les étranges pratiques de «Hollywood»


Si Hollywood, le cinéma et les grands studios font un peu moins rêver de nos jours, à la fin de la seconde guerre mondiale, cette ville était le symbole de la réussite, de la gloire et de la reconnaissance. Voilà pourquoi des centaines de jeunes hommes et femmes, une fois leur devoir de citoyen accompli, ont déferlé dans la région pour accéder au Saint-Graal: décrocher un contrat avec un studio. 


Cette mini-série sur Netflix de 7 épisodes signés Ryan Murphy (Glee, The Politician) plonge littéralement le spectateur au cœur de cette marmite en ébullition. On suit le parcours de quelques aspirants à la gloire, un réalisateur, un scénariste, plusieurs acteurs et actrices. Premier à entrer en scène, Jack (David Corenswet), tente vainement de faire de la figuration. Il a une belle gueule mais aucune expérience de comédien. 
Criblé de dettes, il accepte un boulot dans une station-service qui sert de couverture à un proxénète. Jack, bel étalon toujours prêt à rendre service, va gagner beaucoup d’argent et se faire des relations. Il va ainsi rencontrer la femme du propriétaire d’un studio et pouvoir faire ses preuves devant la caméra. Il sera rejoint au fil des épisodes par un scénariste, noir et homosexuel et un réalisateur qui veut permettre aux minorités d’exister à l’écran. Une comédienne, noire, va venir compléter le portrait de cette Amérique des années 50 très raciste et pas du tout tolérante. Pourtant dans la série, comme si tout se passait dans un monde parallèle, tous vont rencontrer le succès.
 Brillamment réalisé, avec des décors dignes des grosses productions de l’époque, «Hollywood» n’est pas le biopic réaliste d’une génération mais sa version rêvée si tolérance et ouverture d’esprit avaient eu droit de cité. 

Cinéma - Vous reprendrez bien une petite tranche de «Bizon»


Présenté au public catalan en 2014, le projet cinématographique Bizon démontrait que le cinéma de genre ne s’était jamais aussi bien porté. Cette succession de cinq courts-métrages formait au final un long-métrage de cinéma des plus réussi. Porté par la société A304PROD, Bizon est réalisé par Cyril Delon, Jean-Luc Moly, Richard Corzo et Ludovic Goujon. Cyril Delon, l’homme à tout faire de Bizon (il réalise une partie, monte le tout et interprète un des personnages principaux) a décidé pour le dernier week-end avant la reprise, de proposer gratuitement sur YouTube cette « série de courts-métrages zombiesques." Et de préciser que, "sorti au cinéma dans plus de 20 villes et salles en France, notre projet BIZON a cumulé plus de 8 000 entrées, et s’est écoulé à quelque 600 DVD en Fnac… »

Le virus H-21 

Le film, plus comédie noire que véritable film d’horreur, fait écho à la pandémie actuelle. «explique le réalisateur. La première partie montre comment les quatre «héros» apprennent et vivent les premières heures de l’épidémie.


On découvre que c’est Michel (Cyril Delon) qui par sa bêtise maximale va contaminer toute la région. Gaëlle, une jeune femme battue par son compagnon va profiter de la crise pour se venger, Julien, banquier affairiste va voir son monde s’écrouler et Kader, petite frappe mythomane, passé la stupeur, va se rêver en roi du monde. La dernière demi-heure voit les quatre se rapprocher et s’unir pour fuir l’armée de zombies affamés. Les amateurs de paysages de la région, apprécieront les décors naturels des Pyrénées-Orientales, de la forêt des Albères à la plage du Racou, ultime étape du seul survivant.
Si les quatre portraits sont relativement inégaux en qualité, le tout est parfaitement cohérent et le final rythmé et angoissant. On saluera au passage la performance de Cyril Delon qui n’a décidément pas froid aux yeux. En plus d’interpréter un parfait abruti, il passe un tiers du film en slip et toutes les scènes de la fuite dans la forêt, il est en petite robe d’été… Une chose est sûre dans son cas: fumer tue.
Ce joli cadeau fait aux internautes par A304PROD pour la fin du confinement prouve que la région regorge de talents qui ne demandent qu’à s’exprimer.