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jeudi 19 décembre 2024

Roman - Petites contrariétés fatales dans "Fort Alamo", roman de Fabrice Caro

On est souvent confronté à des situations du quotidien énervantes. Problème, le personnage imaginé par Fabrice Caro dans « Fort Alamo » tue les malotrus qui l’insupportent. 


Les histoires sorties de l’imagination de Fabrice Caro, auteur de Montpellier connu également pour ses BD signées Fabcaro, semblent au début des anecdotes d’un quotidien tout ce qu’il y a de plus banal. Dans Fort Alamo, on suit les déambulations et réflexions de Cyril, simple professeur, marié, deux enfants. Un Français moyen dans toute sa splendeur. Aimant les habitudes, un peu râleur. De ces hommes ou femmes trop bien élevés pour les nouveaux codes de notre société.

Dans les premières pages, il fait ses courses dans un supermarché. Une fois son chariot rempli, il fait la queue. Et sans coup férir, se fait doubler par un inconnu faisant mine de ne pas l’avoir vu. Un peu contrarié le Cyril. Énervé même. S’il osait, il lui dirait ses quatre vérités. Voire un peu plus. De vilaines pensées qui semblent s’exaucer quand le malotru s’écroule en sortant du magasin. Un malaise qui provoque panique chez les employés et fuite de Cyril, mal à l’aise, comme s’il était indirectement le responsable.

Le lendemain, il découvre que l’homme qui l’a doublé à la caisse est mort, foudroyé par un AVC. Le doute commence à le submerger. D’autant que quelques jours plus tard, après une prise de bec avec la proviseur adjointe, cette dernière tombe raide morte dans la salle des profs. Et le soir, en regagnant son petit pavillon, Cyril, excédé par les aboiements du chien des voisins, lui lance un caillou. Il le touche à la cuisse et l’animal s’écroule, muet pour l’éternité.

En quelques pages, Fabrice Caro transforme ce quotidien morne et aseptisé en terreau fertile d’une intrigue presque fantastique. Cyril a-t-il des superpouvoirs ? Pourra-t-il bientôt se fabriquer un costume de « Super-AVC-man » ? Encore faudrait-il qu’il maîtrise son don. Car trop souvent il se retrouve dans des situations où son exaspération atteint des sommets.

Comme cette rencontre dans un grand magasin, quelques jours avant Noël, alors qu’il tente de trouver une idée originale de cadeau pour sa belle-sœur qu’il exècre (il craint d’ailleurs qu’elle ne termine pas le repas de fêtes vivante). Un autre client, smartphone à l’oreille, parle fort avec son interlocuteur. Sans gène. Et Cyril de regretter ces mauvaises manières : « Les boutiques s’ajoutaient à tous ces lieux publics que l’être humain avait fini par rendre infréquentables par sa seule présence, les trains, les salles de cinéma, les rues. Les gens se croyaient dans leur salon partout où ils allaient. Le portable avait abattu les cloisons de l’intime, qui s’était vulgairement déversé dans l’espace public, de sorte que tout lieu était devenu invivable. » Invivable pour Cyril, mortel pour les importuns qui se trouvaient à proximité…

Sous couvert de raconter les affres du quotidien, Fabrice Caro dresse le portrait d’un homme qui, comme l’auteur certainement, se pose trop de questions. Il est dans une mauvaise passe. Persuadé d’être dangereux, il se recroqueville. Encore plus quand sa femme pense qu’il débloque et qu’on apprend qu’il a récemment perdu sa mère. Ce Fort Alamo de Fabrice Caro semble en réalité la description d’une certaine folie ordinaire qui nous menace insidieusement.

« Fort Alamo » de Fabrice Caro, Gallimard, 180 pages, 19,50 € (« Journal d’un scénario » vient de sortir en poche chez Folio)

mercredi 8 novembre 2023

BD - Astérix et l’iris blanc


Selon Vicévertus, intellectuel au service de César et personnage principal du 40e Astérix signé Fabcaro et Conrad, « un légionnaire heureux est un légionnaire combatif. Pour cela, rien de tel que la pensée positive et une alimentation saine ». Une entrée en matière claire : le scénariste de Montpellier va se payer les gourous qui inondent de nos jours les télés et réseaux sociaux de maximes qui, sous couvert de développement personnel, passent pour de grandes réflexions philosophiques auprès des humbles.

Vicévertus veut remobiliser les soldats romains et surtout rendre moins agressifs les Gaulois qui résistent toujours à l’envahisseur. « Il parle beaucoup pour ne rien dire », relativise Astérix. Mais force est de constater que le philosophe à la petite semaine a de l’effet sur le village gaulois qui se met au sport, à la gentillesse et à la bouffe de qualité. Au grand désespoir d’Obélix qui regrette de ne plus pouvoir boulotter ses trois sangliers quotidiens. Les gags sont nombreux, les reparties souvent drôles, les personnages pas trop caricaturaux.

Pour une première incursion dans l’univers créé par Goscinny et Uderzo, Fabcaro s’en tire avec les honneurs. Quant à Conrad, au dessin, il est toujours irréprochable.

« Astérix - L’Iris blanc » (tome 40), Editions Albert-René, 48 pages, 10,50 € 

dimanche 17 mai 2020

BD - Le pire cow-boy d’un bon western


Connaissez-vous Billy, le pire cow-boy de toute l’histoire de la BD ? Si vous n’avez pas encore croisé ce drôle d’énergumène dans les pages du journal Spirou ou dans le premier tome des aventures de Walter Appleduck, vous avez encore la possibilité de rires de ses gaffes dans le second album qui vient de sortir cette semaine dans toutes les librairies. 
Billy, bien qu’il ait un QI encore mois élevé que celui d’une moule, a hérité du poste d’adjoint au shérif de la petite ville de Dirty Old Town. 

Dans le premier volume de ces histoires courtes écrites par Fabcaro et dessinées par Fabrice Erre, Walter, jeune Américain cultivé, décrochait un stage de cow-boy dans cette bourgade où le colt a toujours le dernier mot. Pour le tome 2, totale inversion des rôles. 
Walter revient dans la grande ville accompagné de Billy qui n’a jamais quitté l’Ouest sauvage. La confrontation entre un cow-boy bête comme ses pieds, raciste, macho et prétentieux et l’élite de la jeune nation américaine est source d’un nombre incalculable de gags. 
Chaque case est à se tordre, la moindre répartie de Billy hilarante. Un condensé de bonne humeur, parfait pour égayer la période.

« Walter Appleduck » (tome 2), Dupuis, 12,50 €


mercredi 18 mars 2020

BD - Une journée presque enfermée avec June



Petit format, sous forme de strips de trois cases carrées (idéal pour lire sur smartphone), la série « Hey June » de Fabcaro et Evemarie apporte décontraction et humour dans le quotidien de cette jeune femme déjà pas très réjouissant alors qu’elle n’est pas en confinement, elle.  June a 30 ans, est indépendante, un peu fainéante, irrévérencieuse et caustique.


Son prénom elle le doit peut-être de la chanson des Beatles. Alors chaque gag porte le titre d’un titre des quatre de Liverpool. Reste que si on n’est pas un spécialiste du groupe anglais, on peut aussi savourer l’humour de June.
Que cela soit dans sa cuisine, en terrasse, dans un vernissage ou avec des potes en soirée, elle toujours la réflexion qui tue, le bon mot qui met mal à l’aise et la repartie qui tue. En confinement, elle doit sévèrement déprimer.



« Hey June » de Fabcaro et Evemarie, Delcourt, 9,95 € (version numérique disponible sur Izneo, 6,99 €)

dimanche 16 avril 2017

BD : Héritage et famille compliqués



 Le soap opéra, vu au second degré, est désopilant. Les psychologies des personnages sont tellement caricaturales qu’ils ne peuvent que faire rire les téléspectateurs un peu censés. Fabcaro l’a bien compris en écrivant cette série de gags sur une histoire d’héritage dans une famille de branquignols pas piquée des hannetons (selon une expression très datée mais adéquate dans le cas présent). Le patriarche est malade. Il va bientôt mourir. Au lieu de pleurer sur sa disparition prochaine, fils, filles, gendres et belles-filles s’écharpent sur un seul et unique point : qui va hériter de la CX diesel ? Parue dans Fluide Glacial, la série a fait l’objet de trois « saisons » entre 2011 et 2014. Retrouvez les 260 demi-planches dans cette intégrale à l’italienne complétée par le making of expliqué par James, le dessinateur, et les recherches graphiques sur les personnages et les couvertures.
➤ « Amour, passion et CX diesel » (intégrale), Fluide Glacial, 25 € 

samedi 11 octobre 2014

BD : Achille Talon online


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Véritable monument de la bande dessinée, Achille Talon n'en finit plus de renaître de ses cendres. Imaginé par Greg pour animer les pages de Pilote (la version hebdomadaire), son embonpoint et son verbe prolixe a rapidement séduit les lecteurs. Une des rares séries dont Greg a conservé la maîtrise de bout en bout. Archétype du personnage à gros nez, Talon tente régulièrement de faire des come-back sous diverses plumes. Cette fois cela semble la bonne. Si le dessin est confié à Serge Carrère, Toulousain talentueux et efficace, les textes incombent à un « jeune » scénariste, surtout connu pour ses histoires caustiques dans Fluide Glacial. Fabcaro, de Montpellier, a simplement décidé de prendre ce personnage, déjà démodé à son époque, et de le plonger dans notre XXIe siècle gangréné par les nouvelles technologies. Notre Chichille national, encore réticent au minitel, va dont se décider à acquérir un smartphone et un ordinateur. L'album débute sur les chapeaux de roues avec ce dialogue surréaliste. Le vendeur d'ordinateur : « Mac ou PC ? » Achille : « Makoupessé... Puisons dans nos souvenirs de voyages pour identifier ce dialecte... Bonjour en aborigène oriental ? » La suite est l'avenant : hilarante.

« Les impétueuses tribulations d'Achille Talon » (tome1), Dargaud, 10,60 €

mercredi 17 septembre 2014

BD : Mars en chambre

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La France, 5e puissance économique mondiale comme l'a récemment rappelé le président de la République, veut frapper un grand coup dans le concert des nations. Pour relever le pays (et les courbes des sondages), l'état se lance dans l'exploration spatiale. Attention Mars, nous voilà ! Sous formes de strips, Fabcaro et Fabrice Erre racontent cette épopée vertigineuse. Mais quand on rogne sur tous les budgets, il ne faut pas s'étonner après que cela ne marche pas comme désiré. D'abord l'équipe d'astronautes. André, José et Jean-Michel sont loin du trio glamour qui pourrait faire rêver les foules. Complètement ignares, ils savent à peine répondre au téléphone et basculer un interrupteur de On à Off leur demande dix minutes de réflexion. De toute manière, la fusée ne décolle pas... Mais face à l'attente du public, le président décide de lancer la plus grande escroquerie scientifique de l'histoire de l'humanité. Les Américains ont fait pareil pour leur voyage sur la Lune. Et en plus Armstrong était dopé, dixit un général français bien informé. Irrévérencieux et hilarant, cette conquête spatiale en chambre est le grand éclat de rire BD de la rentrée.

« Mars », Fluide Glacial, 15 €

samedi 24 mai 2014

BD - Mais qui va hériter de la CX diesel ?


Sous une couverture « boule à facettes » manquant de lisibilité (ne vous laissez pas arrêter par ce détail), Fabcaro (textes), James (dessin) et BenGrrr (couleurs) poursuivent la saga de la famille totalement déjantée de « Amour, passion et CX diesel ». Un troisième recueil de gags dans la veine des deux précédents : hilarant ! Quatre frères et sœurs, dans la force de l'âge, se disputent l'héritage à venir de parents de plus en plus séniles. Notamment la CX diesel du patriarche qui fait fantasmer tout le monde. Cette voiture semble personnaliser le pouvoir absolu dans une famille où les ratés sont légion. 
On rit donc aux tentatives de drague pathétiques du directeur de discothèque auprès de l'étudiante en philosophe, babysitter pour financer ses études. Le fils homo se désespère comme une midinette quand il se fait larguer par son mec en cuir. Heureusement il retrouve le bonheur auprès d'Abdelatif. Cela donne aux auteurs une source inépuisable de gags autour des clichés racistes de la famille française de base. Mordante et sans pitié, cette série est une des meilleures d'un nouveau Fluide Glacial en mal « d'Umour et Bandessinées ».

« Amour, passion et CX diesel » (tome 3), Fluide Glacial, 12 €

mardi 26 avril 2011

BD - Une CX, des héritiers


Vu de loin cela ressemble à un très mauvais soap opéra (pléonasme ?). Quand on regarde de plus près les producteurs (Fabcaro, James et BenGrrr), on se doute que c'est de la parodie dure et sans concession. Et très rapidement on se laisse envahir par cette famille déchirée dans une succession qui tarde. A la base, il y a Harold et Cynthia, les parents. Harold est un peu gâteux et semble près de la sortie. Ses enfants, tous adultes, se déchirent ce futur héritage. Et notamment le joyau, la CX diesel...

Trois frères et une sœur, tous plus différents les uns que les autres. Avec cependant un point commun (en dehors de leur mère, pour le père c'est moins sûr), une bêtise crasse. Brandon, gérant d'une boite de nuit, semble détenir le pompon. Adepte des lettres anonymes (rédigées sur le papier à en-tête du Chunga Night), il a un mauvais goût qui force le respect. Bill, son frère, célibataire, est l'amant de Jessifer, femme de Brandon, qui a également couché avec l'autre frère, Jean-Mortens, le facteur et peut-être Harold.

Plus qu'une famille, c'est une ménagerie hilarante dont l'histoire est découpée en gags d'une demi-planche.

« Amour, passion & CX diesel », Fluide Glacial, 10,40 € 

mardi 24 novembre 2009

BD - Jean-Louis et son encyclopédie

Personne ne vous souhaite d'avoir un Jean-Louis dans votre entourage. Jean-Louis, le héros calamiteux imaginé par Fabcaro, est professeur. De ces remplaçants arrivés on ne sait d'où et qui se révèlent rapidement une plaie dans une équipe soudée et motivée. 

Jean-Louis est un savant mélange de gaffeur, d'égoïste et de prétentieux. Gaffeur quand il demande si le mari d'une de ses collègues n'est pas du signe du cancer. Perdu, il vient de mourir, la semaine dernière, d'un cancer justement... Son égoïsme est doublé d'une radinerie affligeante et la prétention est évidente quand il fait lire quelques chapitres de son « Encyclopédie ». Ce tissu d'ineptie répond à des questions essentielles comme « Où se situe l'Australie environ ? » ou « Pourquoi est-il préférable de ne pas être aveugle ? » 

Les déboires de Jean-Louis (de ses collègues plus exactement) sont présentées sous forme de strips d'une efficacité redoutable. La partie encyclopédie, plus dense, se présente sous forme de demi-planche pour chaque question.

 Ce premier album d'un héros qu'on espère récurrent couvre presque toute une année scolaire. Un humour noir et vache qui manque parfois dans la production comique trop lisse et politiquement correcte de ces dernières années.

« Jean-Louis », Drugstore, 10 €