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mardi 21 mars 2023

Roman - Les drôles de gens imaginés par J.M. Erre


J.M. Erre, né à Perpignan mais vivant à Montpellier (personne n’est parfait), a publié dans les pages de Fluide Glacial, le magazine d’Umour et Bandessinées, plusieurs nouvelles. Il les a étoffées, mis entre des textes de liaison et recyclé le tout dans un livre au titre énigmatique : Les autres ne sont pas des gens comme nous.

Ces nouvelles seraient écrites par Julie, l’héroïne handicapée d’un précédent roman de J.M. Erre se déroulant en Lozère, Qui a tué l’homme-homard ? Des portraits et tranches de vies d’hommes et de femmes qui, c’est le moins que l’on puisse dire, ne sont vraiment pas comme nous. De Ousmane, obsédé par le « c’était mieux avant », à Félix, persuadé qu’il a un talent d’humoriste en passant par Valère, fils d’un artiste qui a transformé le meurtre en happening, ces récits, en plus de faire rire, nous éclairent sur quelques travers de l’âme humaine.

De tous ces textes, le plus étonnant reste la belle histoire d’amour entre Pétronille et Barnabé qui vivent quasiment à la même adresse, le 4 et le 8 avenue Bernard-Patafiole.

Et souhaitons que J.M. Erre, dans un prochain ouvrage, décrive dans le détail l’émission de téléréalité : Les Aveyronnais en Andorre.

«  Les autres ne sont pas des gens comme nous » de J.M. Erre, Buchet-Chastel, 19 €
 

mercredi 11 mai 2022

BD - Les petit bobos des réseaux sociaux moqués par Fabrice Erre

On passe trop de temps sur les réseaux sociaux. Du temps perdu. Sauf pour Fabrice Erre qui en tire d’excellents gags compilés dans cet album intitulé Réseau-boulot-dodo.

L’enseignant montpelliérain, né à Perpignan, distille ces gags depuis quelques mois dans le mensuel Fluide Glacial. Sur plus de 50 pages il va vous faire rire de vos addictions à tout ce qui passe par votre smartphone. Il imagine par exemple comment un troll s’invite à la table de deux grands bourgeois incapables de terminer leur menu dégustation gastronomique à cause des sentences définitives rendues par le malotru.

Ce même troll qui, dans un musée, hurle au fake en découvrant des tableaux d’époque, très certainement des mises en scène dignes de la pire propagande selon lui. On rit aussi de notre dépendance aux applications.

Comme cet homme, perdu depuis des années dans cette ville depuis que son GPS s’est déréglé.

C’est fin, marrant et souvent plus profond qu’il n’y paraît dans la dénonciation des dérives de notre société. A faire découvrir d’urgence (sur du vrai papier), à tous les millénials de notre entourage.

« Réseau-Boulot-Dodo » de Fabrice Erre est publié par Fluide Glacial et coûte 12,90 € 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 14 mai 2022

jeudi 4 juin 2020

BD - Une uchronie coluchienne



Nés à Perpignan dans les années 70, les frères Erre occupent depuis une décennie une place importante dans le monde de l’humour et de la dérision. Le plus âgé, Jean-Marcel, a débuté comme romancier. Son cadet de deux ans, Fabrice, tout en enseignant dans divers établissements de la région, a profité de son bon coup de crayon pour multiplier les créations graphiques. Deux Erre (un prof de math tenterait certainement la mauvaise blague de l’Erre au carré), mais un seul album de BD Coluche président (paru hier) pour une première collaboration familiale. Car chacun avait mené son chemin créatif de son côté. 

La véritable élection

Il faut donc cette année 2020 pour qu’ils unissent leurs talents et nous fassent bien rire. Ils ont mis le temps car chacun a débuté en 2006, Démonax, première BD de Fabrice et Prenez soin du chien, premier roman de Jean-Marcel. Cette convergence humoristique est mise au service d’un rigolo de première : Coluche. Jean-Marcel a écrit le scénario et Fabrice dessiné ces histoires complètes autour de la présidence de Coluche. Pas la candidature, la présidence. 



Les deux frères, amateurs de science-fiction et plus particulièrement d’uchronie, affirment dans cet album que Coluche a été candidat jusqu’au bout et l’a emporté haut la main. Personne ne s’en souvient car le Service 444, branche des services secrets chargés de la « réécriture du réel » a mis au point un système « d’hypnose de masse par la télévision ». Alors en historiens de la vérité, ils racontent ce qu’il s’est véritablement passé entre le 10 mai 1981 et le 10 mai 1982. Le dimanche soir à la télévision, sous les yeux ébahis des commentateurs politiques, la photo du vainqueur se dévoile petit à petit. Surprise, il a une plume dans le cul ! Coluche a donc balayé Giscard et prend possession de l’Élysée. Bien décidé à s’attaquer aux problèmes de fond, il décrète en priorité l’instauration d’un « apéro général ».  Première décision et première difficulté car cette décision unilatérale ne plaît pas aux terroristes de l’extrême-centre n’hésitant pas à perturber la tournée générale en scandant ces slogans radicaux : « L’apéro, c’est vulgoss » ou « Tu t’es vu quand t’as bu ! ».

Avec une imagination débordante, mais finalement assez fidèle à ce qu’aurait pu faire Coluche s’il était allé au bout de son projet, on assiste à un conseil des ministres orgiaque où le ministre de l’Intérieur prend son titre au pied de la lettre avec la ministre de la Culture (ou de l’Agriculture, elle ne sait pas exactement). On apprécie aussi au passage la référence à l’An 01 de Gébé. Ce concept imaginé en 1968 dans une BD et un film est mis en pratique par un Coluche aux pleins pouvoirs. Donc, durant quelques jours en France, « On arrête tout et on réfléchit ». Si la première partie est facile à réaliser, la seconde cause beaucoup plus de problème pour quelques corps constitués comme l’armée ou les syndicats…

La satire est violente, les religions ne sont pas épargnées. Mais finalement Fabrice et Jean-Marcel Erre ne donnent pas cher de la présidence de Coluche. Un an pile après son accession à la présidence, il démissionne. La France redevient la nation que l’on connaît actuellement, râleuse en surface, soumise en profondeur. La séquence confinement en est la preuve ultime. Coluche, l’homme à la moto, aurait bien été utile pour nous remettre les yeux en face des trous.

« Coluche président », Fluide Glacial, 12,90 €


dimanche 17 mai 2020

BD - Le pire cow-boy d’un bon western


Connaissez-vous Billy, le pire cow-boy de toute l’histoire de la BD ? Si vous n’avez pas encore croisé ce drôle d’énergumène dans les pages du journal Spirou ou dans le premier tome des aventures de Walter Appleduck, vous avez encore la possibilité de rires de ses gaffes dans le second album qui vient de sortir cette semaine dans toutes les librairies. 
Billy, bien qu’il ait un QI encore mois élevé que celui d’une moule, a hérité du poste d’adjoint au shérif de la petite ville de Dirty Old Town. 

Dans le premier volume de ces histoires courtes écrites par Fabcaro et dessinées par Fabrice Erre, Walter, jeune Américain cultivé, décrochait un stage de cow-boy dans cette bourgade où le colt a toujours le dernier mot. Pour le tome 2, totale inversion des rôles. 
Walter revient dans la grande ville accompagné de Billy qui n’a jamais quitté l’Ouest sauvage. La confrontation entre un cow-boy bête comme ses pieds, raciste, macho et prétentieux et l’élite de la jeune nation américaine est source d’un nombre incalculable de gags. 
Chaque case est à se tordre, la moindre répartie de Billy hilarante. Un condensé de bonne humeur, parfait pour égayer la période.

« Walter Appleduck » (tome 2), Dupuis, 12,50 €


mardi 23 février 2016

Roman : Du grand n'importe quoi à la grande œuvre

 Arthur, un personnage perdu dans les méandres de la création, est le « héros » de ce roman gigogne signé JM Erre.

erre, buchet-chastelAvez-vous parfois eu cette impression bizarre d'avoir déjà vécu un moment de votre vie ? Comme si le temps faisait des siennes, que vous vous retrouviez dans un paradoxe complet, à vous souvenir de quelque chose qui vient d'arriver ? Les cartésiens rient de ces balivernes. Lucas, le personnage principal du roman « Le grand n'importe quoi » de JM Erre est de ce genre. Il ne croit que ce qu'il voit. Et ne vit que dans l'instant présent. Pourtant...
Quand il décide d'aller avec sa fiancée dans un petit village de campagne à une fête organisée par le professeur de culturisme de cette dernière, il ne se doute pas que son existence, de tranquile, va complètement être chamboulée. En moins d'une minute. Exactement en plusieurs fois la même minute. Tout se dérègle ce 7 juin 2042 à 20 h 42. Arthur vient de se faire larguer par sa petite amie. Déguisé en Spiderman (la soirée était à thème), il erre sans voiture dans le rues du village quand il voit une soucoupe volante dans le jardin d'une ferme. La bâtisse appartient à un certain Alain Delon, membre du club de Homonymes anonymes. Alain Delon inconscient, enlevé par des aliens. La soirée avait débuté difficilement, elle continue encore plus bizarrement. Dans son errance, Lucas croise la route d'Arthur, écrivain raté de science-fiction, poursuivi par les culturistes de la fête après avoir tenté de violer (du moins c'est ce qu'ils croient) le sosie de Marilyn Monroe. Le duo va finalement échouer dans le bar joliment nommé « Le dernier bistrot avant la fin du monde ». Acculés, menacés, il tentent de fuir par derrière. Et alors arrive l'incroyable, Lucas se retrouve de nouveau à 20 h 42. En bond en arrière dans le temps que lui seul semble avoir conscience. Arthur ne le connait plus. Par contre les culturistes sont toujours à ses trousses. Et les aliens sont bien chez Alain Delon.

Tout s'explique
Complètement déjanté, ce roman, sorte de pastiche de science-fiction de gare agrémenté de quelques saillies sur la physique quantique et le devenir de la France, devenue à cette époque une colonie malgache, mérite parfaitement son titre. « Le grand n'importe quoi » c'est à chaque page, à chaque phrase. Pourtant il y a quelques onces de vérité et de raison dans ce roman, notamment quand Arthur, après avoir ouvert la porte à Marylin Monroe et qu'il est persuadé qu'elle vient de lui faire des avances clairement sexuelles, constate que « l'esprit humain, parmi tant- d'extraordinaires facultés, en possède deux particulièrement fascinantes : la capacité à gober n'importe quoi et l'autosatisfaction. » On croisera également un paysan à la gâchette facile, un illuminé (mais ne le sont-ils pas tous dans ce texte ?), une romantique et une maire légèrement nymphomane.
Une somme de délires à déguster sans à priori, tout en sachant qu'à la fin, JM Erre retombe sur ses pattes et donne une explication tout à fait crédible à l'ensemble des étrangetés énumérées précédemment. Bref, le grand n'importe quoi se transforme, à la dernière page, en grande œuvre.

« Le grand n'importe quoi » de JM Erre, Buchet Chastel,19 euros


samedi 18 juillet 2015

BD - Dictature à moustache


Bienvenue à Sublimeland, dictature imaginaire issue de l'esprit de Fabrice Erre. A sa tête le Guide sublime, nabot caractériel arborant d'énormes moustaches. Il aime bien les moustaches. Aussi quand il arrive au pouvoir il exige que tout le monde porte la moustache. Question subsidiaire de Plonk, son Premier ministre « Et les femmes ? » Réponse du Guide Sublime : « on va les obliger à porter une frange. Une super longue frange pour leur cacher la tête ! Leur tête de femme !! » Pour dénoncer les dictateurs, on peut être instructif ou corrosif. Fabrice Erre a choisi la seconde voie. 
Pour notre plus grand plaisir tant ses gags en quatre dessins sont irrésistibles en raison de leur extrémisme. Car le Guide Sublime n'y va pas avec le dos de la cuillère pour tyranniser son peuple. Plutôt à la pelle. Car « Moi, du moment que quelqu'un se prend des coups de pelle, je suis content... » Parmi les autres passe-temps du monstre, lancer des vaches depuis un hélicoptère, tirer les tresses des femmes, exterminer des minorités et écrire un livre. Mais ce qui lui tient le plus à cœur reste d'être porté sur la liste de l'axe du mal. Pas gagné car vraiment trop marrant...

« Guide Sublime », Dargaud, 14,99 €

mercredi 17 septembre 2014

BD : Mars en chambre

fabcaro, erre, mars, fluide glacial
La France, 5e puissance économique mondiale comme l'a récemment rappelé le président de la République, veut frapper un grand coup dans le concert des nations. Pour relever le pays (et les courbes des sondages), l'état se lance dans l'exploration spatiale. Attention Mars, nous voilà ! Sous formes de strips, Fabcaro et Fabrice Erre racontent cette épopée vertigineuse. Mais quand on rogne sur tous les budgets, il ne faut pas s'étonner après que cela ne marche pas comme désiré. D'abord l'équipe d'astronautes. André, José et Jean-Michel sont loin du trio glamour qui pourrait faire rêver les foules. Complètement ignares, ils savent à peine répondre au téléphone et basculer un interrupteur de On à Off leur demande dix minutes de réflexion. De toute manière, la fusée ne décolle pas... Mais face à l'attente du public, le président décide de lancer la plus grande escroquerie scientifique de l'histoire de l'humanité. Les Américains ont fait pareil pour leur voyage sur la Lune. Et en plus Armstrong était dopé, dixit un général français bien informé. Irrévérencieux et hilarant, cette conquête spatiale en chambre est le grand éclat de rire BD de la rentrée.

« Mars », Fluide Glacial, 15 €

vendredi 24 janvier 2014

Roman - Série Z de J.-M. Erre, hommage au genre


Amateurs de bon goût à la française, passez votre chemin. « Série Z », roman de J. M. Erre a tendance à dépasser les bornes. Rien ne semble trop osé pour cet auteur à la plume alerte. Il y a du San Antonio dans les situations scabreuses qu'il imagine. Du politiquement incorrect, à la Jean-Pierre Mocky, un cinéaste régulièrement cité dans ce roman hommage aux nanars, de France et d'ailleurs. Totalement déjanté, un peu foutraque mais regorgeant de trouvailles, ce roman, entre la parodie et le polar, est un réel hommage à ce cinéma du pauvre, où souvent le meilleur était dans le titre du film. Des titres repris comme tête de chapitres, de « Y a un os dans la moulinette » (Raoul André, 1974) à « Arrête de ramer, t'attaques la falaise » (Michel Caputo, 1979). 
(Pocket, 6,70 €)