mercredi 26 janvier 2022

De choses et d’autres - C’est quand le jour J ?

 

Les bruits de couloir se multiplient depuis une semaine : « Le jour J est imminent. » « Il va y aller. » Car cette campagne électorale de la présidentielle 2022 a beau être lancée depuis plusieurs mois, reste la principale inconnue du problème : Emmanuel Macron va-t-il se représenter ? Enfin la question exacte c’est : quand va-t-il annoncer sa candidature ?

 

Car il ne fait de doute pour personne que le président sortant va se lancer dans la conquête d’un second mandat. Alors en attendant, les « petits » candidats tentent d’occuper l’espace. Et force est de constater que plus le temps passe et plus ils sont petits. Notamment à gauche. Si dans les premiers sondages, quand on additionnait tous les scores des prétendants se réclamant du camp progressiste, on arrivait à un total qui laissait espérer la qualification au second tour d’une candidature unitaire, aujourd’hui même cet espoir s’est envolé.

Le problème de la gauche résolu (encore plus si François Hollande décide lui aussi d’y aller comme certains commentateurs bien informés le laissent entendre), le président Macron semble attendre que la droite se déchire un peu plus pour avancer ses pions. Reste à savoir quand et surtout comment il va se déclarer.

S’il continue sur sa lancée, il va passer par la très officielle allocution à 20 heures sur toutes les chaînes de télévision, pratique qu’il a multiplié durant la crise sanitaire. Un peu risqué dans le symbole. Mais ce qui est certain c’est que ce ne sera pas en direct et ni en face de journalistes. Ce sont des pratiques d’un autre âge. Du monde d’avant…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 25 janvier 2022

mardi 25 janvier 2022

BD – Lucile, l'info rigolote à la mode Bamboo



Se moquer des chaînes d’info en continu, il fallait oser. Erroc, scénariste de la série vedette Les Profs, a passé pas mal de temps devant les canaux français pour imaginer KFMtv, caricature finale des déjà peu reluisantes CNews ou BFM. 

Pour adoucir son propos, il fait vire ces expériences ultimes à une jeune journaliste, Lucile, récemment embauchée. 



Elle va devoir aller faire des directs dans des conditions compliquées, notamment face à de nombreux manifestants protestants contre le manque de rigueur de KFMtv, mais si contents de passer à la télé… Lucile qui devra oublier sa déontologie et résister aux assauts de présentateurs vedettes qui se croient tout permis. Finalement, en comparaison à la réalité, la série est presque bienveillante.  

« Lucile & l’info » (tome 1), Bamboo, 10,50 €

lundi 24 janvier 2022

BD - Trésor liquide avec le premier tome de "Talion" de Sylvain Ferret chez Glénat


Très ambitieuse fresque futuro-écologique, Talion de Sylvain Ferret devrait donner matière à réflexion en ces temps de réchauffement climatique. Dans le futur décrit par l’auteur complet, dessinateur réaliste minutieux et virtuose, c’est la pollution qui réduit considérablement les ressources en eau. 

Les villes sont coupées en deux : les Racines, les pauvres, qui boivent une eau noirâtre qui les rend malades et les hautes sphères, bénéficiant de l’eau claire. 


Une jeune fille, Billie, va détourner des litres de ce nouvel or pour aider les enfants malades des Racines. Prévue en trois volets, Talion raconte aussi comment une famille, arrivée il y a longtemps au sommet de la société, voit les intrigues et complots devenir la seule préoccupation de ces obsédés du pouvoir. 

« Talion » (tome 1), Glénat, 15,50 €

De choses et d’autres - De l’avantage de devenir une femme en Suisse

 


Les questions de genre n’ont pas terminé de faire débat. Pour de bonnes et mauvaises raisons. En Suisse, le législateur a décidé de simplifier au maximum le changement de sexe au niveau de l’administration.

 

Depuis le 1er janvier dernier, il n’en coûte plus que 75 francs pour modifier sexe et prénom sur ses papiers d’identité helvètes. En plus d’un bref entretien pour s’assurer que vous êtes bien sûr de votre décision. Voilà comment un habitant de Lucerne, âgé d’un peu plus de 60 ans, a décidé de devenir une femme. Après avoir réglé ses 75 francs et répondu à quelques questions d’un employé communal, il est ressorti en tant que femme.

Mais ce revirement n’avait rien à voir avec un quelconque mal-être dans son statut d’homme. En réalité, le petit filou (ou la petite…) a fait cette démarche à quelques années de sa retraite. Visiblement bavard, il a expliqué à ses proches que ce changement de sexe n’est justifié que par l’appât du gain.

Car en Suisse, les femmes peuvent profiter d’une retraite complète à 63 ans, soit une année avant les hommes. Il gagne ainsi 12 mois de farniente pour la modique somme de 75 francs, soit un peu moins de 73 euros.

Espérons que cette entourloupe ne donne pas des idées à d’autres vieux messieurs proches de la fin de leurs activités professionnelles. La Suisse se retrouverait d’un coup d’un seul avec beaucoup plus de femmes que d’hommes.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 24 janvier 2022

dimanche 23 janvier 2022

BD - Dérive violente dans Mezkal chez Soleil



Bourré de références aux films de gangsters américains, Mezkal de Kevan Stevens et Jef est pourtant une production 100 % française. 188 pages de violence pure à ne pas mettre entre toutes les mains. Vananka, jeune Américain, se retrouve à la rue. 

Le père s’est barré il y a des années, son patron vient de la virer et sa mère, alcoolique, vient de mourir dans une flaque de whisky. Il ne lui reste que sa guitare et son costume. Il prend un bus et file au Mexique. Il croise la route d’une famille d’Indiens dont la belle Leila. 


Durant quelques pages c’est une belle histoire d’amour. Mais ça ne dure pas. Entre gangs de Chicanos et Hells Angels racistes, les armes sont de sortie et Vananka va se retrouver au milieu de cette guerre sanglante arbitrée par des policiers menés par un nain encore plus hargneux que les méchants.  

« Mezkal », Soleil, 26,50 €

Série télé - Les vidéos stressantes d’Archive 81 sur Netflix

Dan (Mamadou Athie) découvre les reportages de Melody (Dina Shihabi). Quantrell D. Colbert/Netflix


Pour faire peur, de nos jours, une série prétendument horrifique ne doit pas accumuler les scènes gores et les effets spéciaux mais au contraire tout miser sur l’ambiance, le détail qui intrigue et l’inattendu. Il faut, pour que l’ensemble fonctionne, particulièrement soigner l’écriture et la réalisation. Souvent c’est un peu raté car l’équilibre et compliqué à trouver. Et puis il y a les petits bijoux qui vous scotchent dans le canapé. 

Archive 81 de Rebecca Sonnenshine, en ligne depuis une semaine sur Netflix, fait clairement partie de la seconde catégorie. Ne vous laissez pas avoir part la supposée lenteur des premiers épisodes. En réalité c’est une façon habile de poser l’intrigue, d’expliquer le principe de vase communiquant entre le présent et le passé. Le présent c’est Dan (Mamadou Athie), un jeune technicien spécialisé dans la restauration des bandes magnétiques. Il est embauché par une mystérieuse multinationale pour remettre en état et numériser des cassettes vidéo sauvées de l’incendie d’un immeuble à New York en 1994. 

Le passé c’est cette année 1994 et l’arrivée de Melody (Dina Shihabi), étudiante en sociologie qui loue un appartement pour être au plus près des locataires. Une légende urbaine circule sur cet immeuble, le Visser. Les habitants, une fois acceptés, ne sortiraient quasiment plus. Melody va rapidement comprendre qu’il se passe des choses étranges au Visser. 

Une étrange et obsédante mélopée sort des bouches du chauffage central, un étage est interdit au public, le sous-sol cadenassé. Et surtout la plupart des habitants refusent de lui répondre. Toute cette enquête, le téléspectateur la vit à travers les yeux de Dan qui méthodiquement restaure et visionne les bandes tournées par Melody. 

On le voit passionné par la quête de l’étudiante qui se filme souvent en train de parler face à un miroir. Car en plus de son travail universitaire, la jeune femme recherche sa mère biologique qui aurait résidé au Visser. Quand Melody commence à s’immiscer dans les rêves de Dan, puis sa réalité, on se doute que le cauchemar est multiple.

Archive 81 fait mouche dans le mélange des univers. Melody a besoin de Dan, même si à son époque ce n’est qu’un gamin de 8 ans. Et Dan, adulte, est attiré par cette femme qui pourtant aurait 25 ans de plus que lui. Romance impossible à cheval sur les époques. À moins qu’il existe des portes entre différents mondes.


samedi 22 janvier 2022

De choses et d’autres - Le désamour vache


Il y a les divorces à l’amiable et puis les séparations un peu plus compliquées avec pertes et fracas. L’histoire d’amour entre un couple de Landais est l’exemple parfait des ravages de la jalousie. Monsieur en a assez de madame. Il demande le divorce et entend désormais vivre avec une autre compagne, plus conciliante. Mais c’est sans compter avec la rancune tenace de la première épouse.

Elle ne cède sur rien. Mène la vie dure à son presque ancien mari et profite de toutes les failles du système judiciaire pour faire durer le plaisir. Finalement, après des années de batailles par avocats interposés, le divorce est prononcé. C’était il y a quatre ans. Comme aucun accord n’est trouvé sur la maison, elle est donc séparée en deux parties distinctes et les anciens époux restent de très proches voisins.

Et c’est là que l’épouse pousse son pion le plus sournois. Depuis sa partie de l’habitation, elle passe à longueur de journée des disques de Michel Sardou le plus fort possible. La maladie d’amour en continu, bonjour le cauchemar !

Résultat son ancien mari n’en peut plus et décide de porter plainte pour harcèlement. Les juges ont donc eu à se prononcer pour déterminer si diffuser des chansons de Michel Sardou s’apparente à du harcèlement ou simplement à du bon goût français en matière de variétés. Verdict : trois mois de prison avec sursis pour la malade d’amour.

Personnellement, si ma femme avait la mauvaise idée de m’imposer du Sardou, c’est un peu plus qu’une plainte que je déposerai auprès des policiers. En réalité, malgré toute ma douceur légendaire, je serais à deux doigts de basculer dans la catégorie féminicide.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 22 janvier 2022

Document. A la découverte d’un petit pays qui a failli exister


Chaque pays a sa devise. Face à « Liberté, égalité fraternité » si chère aux Français, les habitants du Liberland ont préféré « Vivre et laissez vivre ». Devise toute théorique comme le pays, utopie libertarienne qui n’a jamais réussi à passer l’épreuve de la reconnaissance par une autre nation. La brève histoire du Liberland est racontée par Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, deux auteurs qui ont rencontré le président de ce micro-état situé sur la Danube, sur une bande de terre non revendiquée entre Croatie et Serbie. 

Ce document, raconté comme un roman politico-diplomatique, est par moment incroyable. Comment un Tchèque, homme politique qui a tenté en vain d’importer le parti libertarien des USA dans son pays, a cru possible de créer un état indépendant sur cette bande de terre coincée dans les méandres du Danube entre deux pays qui il y 20 ans à peine étaient en pleine guerre ? 

Pourtant Vit Jedlicka y a cru jusqu’au bout. Tout a débuté en 2015. Vit, sa compagne et un ami, posent le pied sur ces terres, les revendiquent et hissent les couleurs du Liberland. Ils sont vite chassés par les gardes-frontières croates. Ce qui était considéré comme une plaisanterie devient plus compliqué quand des milliers de personnes veulent devenir citoyens du Liberland. L’argent afflue, Vit entreprend de longues tournées pour recevoir le soutien de pays. Il croit arriver à son but quand il est officiellement invité comme chef d’État à l’investiture de Trump. 

Mais malgré se solides appuis chez les Républicains américains, les USA ne bougent pas. Et sur place, les centaines de colons sont obligés de rester loin des terres revendiquées. 

Ces péripéties sont racontées avec gravité, parfois humour, par les deux auteurs qui loin de banaliser cet état où tout serait permis, soulignent aussi que c’est essentiellement l’extrême-droite, les racistes et les complotistes qui apprécieraient qu’un tel état voit le jour. Pour l’instant ce n’est pas le cas. Mais d’autres tentatives pourraient voir le jour, sur d’autres terres reculées et vierges. 

« Voyage au Liberland » de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, Marchialy, 20 €

vendredi 21 janvier 2022

Streaming - Drôle de changement pour Hôtel Transylvanie sur Prime Vidéo


100 millions de dollars. C’est le prix que Amazon Prime a déboursé pour avoir en exclusivité les droits de diffusion du quatrième opus de la saga Hôtel Transylvanie. Ce film d’animation produit par Sony devait sortir en salles au mois d’octobre dernier. 

Il a été reporté à plusieurs reprises en raison de la crise sanitaire et finalement le long-métrage débarque directement en streaming sur la plateforme du géant de la vente en ligne. 100 millions c’est une belle somme même si le 3e volet avait rapporté 527. Mais c’était en 2018…

Dans cet Hôtel tenu par Dracula, les monstres sont choyés. Mais le patron est sur le point de prendre sa retraite. 

Il envisage de céder son commerce à sa fille Mavis (une vampire) et son gendre Johnny (un banal humain, complètement crétin en plus). Au dernier moment il abandonne son projet. Justifiant sa décision par le fait que Johnny n’est pas un monstre. Problème, à cause d’une invention de Van Helsing, Johnny se transforme en monstre. Et Dracula en humain. Ils vont devoir se lancer dans une quête dangereuse en Amazonie pour tenter de remettre les choses dans l’ordre.


Le film ne fait pas dans la dentelle parfois. Notamment quand Johnny se met à chanter. Mais cette idée d’inverser les rôles est parfaitement maîtrisée et une source inépuisable de gags. On rit beaucoup, avec les enfants mais aussi seul car les allusions et clins d’œil adultes pimentent parfois le scénario.

De choses et d’autres - Mal au casque

 

Un éleveur turc, pour diminuer le stress de ses vaches laitières, a tenté une expérience. Il en a équipé certaines de casques de réalité virtuelle. Tout en restant à l’étable, elles avaient l’impression de se balader dans de vertes prairies. Résultat, les deux mammifères équipés ont produit en moyenne 27 litres chaque jour contre seulement 22 pour les ruminants bien conscients de leur enfermement.

 

Je pense qu’il faut absolument étendre cette expérience à bien des secteurs de notre société sclérosée pour gagner en productivité. Chaque enseignant, entre deux cours, en salle des profs où il boit des cafés debout, devra porter un casque VR qui le propulsera au bord de la Méditerranée, transformant le petit noir en mojito, le chauffage d’appoint en soleil brûlant et les revendications des collègues syndiqués en musique techno. Une fois de retour en classe, il sera plus détendu et aussi efficace que son ministre de tutelle.


De même, les livreurs de pizza et autres repas issus des chaînes de restauration rapide, pour bien comprendre qu’ils sont l’avenir économique de notre pays puisqu’ils représentent la moitié du million de créations d’entreprises en 2021, devront, entre deux commandes, s’entraîner grâce à la réalité virtuelle à troquer leur vélo pour une Ferrari et vivre par procuration des conseils d’administration des géants du CAC40.

Et même moi je vais demander à ma direction d’être équipé. Avec un casque VR me plongeant en pleine séance du dictionnaire à l’Académie française, je suis certain de faire moins de fautes. Et de trouver facilement le sommeil.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 21 janvier 2022

jeudi 20 janvier 2022

Absence mortifère au cœur de “Serre moi fort”



Clarisse (Vicky Krieps) quitte le domicile conjugal. Au petit matin, elle part, seule. Un dernier regard vers son mari Marc (Arieh Worthalter) qui dort encore. Elle lui prend juste son briquet. Dans la chambre des enfants, elle remet le garçon dans le bon sens du lit. L’aînée, Lucie, semble la regarder. Clarisse sort par la porte de la cuisine, monte dans une vieille voiture (celle de la jeunesse de Marc) et part vers la mer. Elle a envie de voir la mer…

Les premières minutes de « Serre-moi fort » (Gaumont Vidéo), film signé Mathieu Amalric sont très déstabilisantes. On devine dans l’attitude de la mère une grande tristesse. De la lassitude aussi. Presque du renoncement. Mais pourquoi partir ? Ensuite, c’est un tsunami d’interrogations. Les enfants se lèvent. Constatent l’absence de leur maman. Le père fait comme si de rien n’était. La vie continue. Clarisse est-elle un fantôme comme le suggère Lucie ? À moins que la famille n’existe plus que dans le souvenir de Clarisse ? 

Tiré d’une pièce de théâtre de Claudine Galéa, Serre moi fort, comme les musiques classiques qui rythment le film, va crescendo dans l’émotion. Quand on comprend où se trouve la réalité, on entre en empathie avec cette famille brisée. Et comme Clarisse, on redoute l’arrivée de ce printemps, même s’il conserve son caractère de renaissance. 

 Film de Mathieu Amalric avec Vicky Krieps, Arieh Worthalter 

 


De choses et d’autres - Nourriture automatique

 

Amateurs de bonne bouffe et de gastronomie à la française, passez votre chemin. La modernité aura peut-être raison de ce savoir-faire qui fait des envieux dans bien des pays. Désormais, il existe des restaurants qui ne fonctionnent qu’avec des robots.

 

En Chine il y en a des dizaines qui préparent le wok aussi bien que le cuisinier qui a pourtant un tour de main qui semble inimitable. Les assiettes, chaudes, arrivent par le plafond. Les bras articulés agitent des cocktails à une vitesse qu’un barman ne pourrait pas atteindre, même en phase terminale de Parkinson.

En France aussi les premiers restos automatisés viennent d’ouvrir leurs portes. Une enseigne en région parisienne propose des pizzas à Chatelet et à Val d’Europe. La simplicité aurait été de préparer les pizzas à, l’avance et de simplement les cuire à la demande. Mais ça, n’importe qui peut le faire chez soi.



Dans les restaurants Pazzi, c’est un robot qui confectionne votre pizza. Plusieurs bras articulés officient autour du four selon la démonstration en ligne sur le site de l’enseigne. Le plus impressionnant reste le découpage final. Cela devrait donner des idées à quelques réalisateurs de films d’horreur.

Par contre je suis un peu déçu de ne pas voir les bras robotiques jongler avec la pâte en la faisant tournoyer dans les airs. C’est quand même le plus important dans la fabrication d’une pizza : la frime à l’italienne.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 20 janvier 2022

mercredi 19 janvier 2022

Cinéma - La fausse liseuse veut prendre « La place d’une autre »

 Histoire de femmes écrite, réalisée et interprétée par des femmes, La place d’une autre ressemble par certains aspects au Retour de Martin Guerre. Il y a au centre d’intrigue une usurpation d’identité. Mais assumée et révélée d’entrée. Toute la tension du film réside dans la façon de préserver les positions acquises par la fausse liseuse.


En 1914, la France vient d’entrer en guerre. Les hommes sont au front, les femmes seules dans la misère. Nélie (Lyna Khoudri), jeune orpheline, va de foyer en foyer, se prostituant à l’occasion pour manger à sa faim. Quand la Croix Rouge lui propose de venir aider au front comme brancardière, elle accepte. Dans une maison isolée des Vosges, elle soigne des blessés. Une jeune Suisse s’y réfugie. Rose (Maud Wyler) doit rejoindre comme liseuse la veuve française d’un ami de son père récemment décédé. Lors d’un bombardement Rose est grièvement blessée à la tête. Elle semble condamnée.



Nélie y voit un signe pour enfin quitter cette vie de misère et de privations. Elle va endosser l’identité de Rose et se présenter à Eléonore (Sabine Azéma). Sa simplicité, son dévouement, sa gentillesse, vont lui permettre de changer d’existence. Certes, au prix d’un mensonge, mais que ne ferait-on pas pour s’élever dans cette société encore très corsetée par les origines sociales ?

Trois femmes d’exception

Tout bascule quand la véritable Rose fait irruption dans la maison d’Eléonore accusant la jeune liseuse d’usurpation d’identité.

Ce film d’Amélia Georges est une jolie surprise. La reconstitution historique est juste, les costumes mis en valeur par un éclairage naturel très maîtrisé. Les différents coups de théâtre permettent de maintenir le suspense et de montrer les deux jeunes femmes comme des victimes d’un monde où les hommes ont tous les droits. Lyna Khoudri apporte sa fraîcheur et sa beauté lumineuse à un personnage complexe, Sabine Azéma sa grande expérience cinématographique à une bourgeoise pleine d’empathie et Maud Wyler crève l’écran dans cette folie provoquée par une situation qui lui échappe.


Film français d’Aurélia Georges avec Lyna Khoudri, Sabine Azéma
   

De choses et d’autres - La leçon d’Ibiza

 

Depuis trop longtemps, la médisance populaire fait dire que si des hommes et des femmes choisissent le métier de professeur, c’est avant tout pour les vacances qui vont avec. Une totale contrevérité vite démontrée si l’on a un membre de l’Éducation nationale dans son entourage. Non, ils ont avant tout et la plupart du temps la vocation de faire bénéficier leur savoir aux plus jeunes.

 

Mais cette histoire de profs qui sont toujours en vacances va de nouveau être accommodée à toutes les sauces à cause du premier d’entre eux : le ministre Blanquer.


Encore en train de profiter de la Méditerranée la veille de la rentrée de janvier, Jean-Michel Blanquer s’est attiré les foudres des syndicats, de l’opposition et de 90 % des Français qui n’ont pas les moyens de se payer quelques jours de farniente à Ibiza en plein hiver.

Pourtant, lors de son arrivée au gouvernement, Jean Castex avait demandé à ses ministres de rester en France pour les vacances de l’été 2020. Jean-Michel Blanquer avait officiellement passé son congé en Bretagne. Rebelote en 2021, mais il avait cependant prévenu qu’il passerait quelques jours « dans un pays limitrophe de la France ». Déjà l’Espagne…

Cet hiver, malgré la 5e vague de Covid, il n’a rien dit et s’est discrètement éclipsé en direction de la capitale européenne des jetclubbers. Le plus incroyable c’est que les autres ministres ont défendu ce droit au congé et au télétravail.

Car la France n’est pas la Suède. Là-bas, une ministre qui avait acheté deux barres chocolatées avec une carte professionnelle a dû démissionner dès son forfait révélé dans la presse.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 19 janvier 2022

mardi 18 janvier 2022

Cinéma - “Nightmare Alley”, le film noir du XXIe siècle

Écrit et filmé comme un classique du XXe siècle, le nouveau Guillermo del Toro mélange hommage et inventivité.

 

La trop gentille Molly (Rooney Mara), complice du rusé Stan (Bradley Cooper). Kerry Hayes/2021 20th Century Studios


Misère, gloire et déchéance d’un arnaqueur, tel aurait pu être le sous-titre de ce Nightmare Alley, film de Guillermo del Toro avec une pléiade de vedettes à l’affiche. Adapté d’un roman des années 40, ce drame, très sombre, suit le parcours de Stan (Bradley Cooper), Américain d’extraction populaire bien décidé lui aussi à mordre à pleine dent dans le rêve américain. Alors qu’en Europe Hitler commence à faire des siennes, de l’autre côté de l’Atlantique, Stan, après un long voyage en bus, débarque sur la côte Est et parvient à se faire embaucher comme homme à tout faire dans une fête foraine. Sous la responsabilité de Clem (Willem Dafoe), le très autoritaire patron de cette bande d’illusionnistes et de simili monstres, il observe et charme Zeena (Toni Colette), une diseuse de bonne aventure. Mais c’est la belle Molly (Rooney Mara) qui fait battre son cœur. Pour elle il fera tout pour quitter le cirque misérable et devenir célèbre. 

Chute inéluctable

La première partie du film, dans des décors entre cauchemar et bidonville, est la plus ressemblante à un film de del Toro. On y retrouve d’ailleurs Ron Perlman, un de ses comédiens fétiche. 

Mais une fois Stan installé à New York, on entre dans une autre histoire. Devenu distingué, respectable, quasi un sosie de Clark Gable, il n’est pourtant qu’un petit escroc qui profite de la crédulité des clients des grands hôtels. Avec sa complice, il met au point un numéro de pseudo-télépathie. L’occasion de profiter de quelques gogos faciles à plumer. Cela ne plaît pas à Molly, mais l’amour la rend aveugle. Aussi quand Stan rencontre une psychanalyste qui lui propose d’arnaquer un gros bonnet, ce dernier plonge immédiatement sans la moindre hésitation. Interprétée par Cate Blanchett, cette blonde fatale semble tirée elle aussi d’un de ces films noirs des années 40 et 50 qui ont fait la légende d’Hollywood. Le rêve américain de Stan va se transformer en cauchemar, avec apparition de spectre et réveil d’une ancienne plaie qui précipitera sa chute. 

Une intrigue machiavélique, à la fin évidente, interprétée par un long gros plan sur Bradley Cooper qui semble totalement habité par son personnage. On retrouve dans ce final toute la noirceur de l’univers du réalisateur d’origine mexicaine. 

Film de Guillermo del Toro avec Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Rooney Mara

De choses et d’autres - Pour quelques milliards de plus

 

Il est parfois des promesses électorales qui nous passent très largement au-dessus de la tête. Quand le candidat Macron a annoncé que la France compterait 25 licornes avant 2025, comme la majorité des Français de ma génération, je n’y ai accordé que peu d’attention.

 

Hier, le président Macron s’est fendu d’un message vidéo pour se féliciter du fait que sa promesse s’est réalisée avec trois ans d’avance. Fier de ses licornes le président.

Une licorne, c’est une société non cotée en bourse qui est valorisée à plus d’un milliard de dollars. Quatre nouvelles sociétés ont atteint ce palier début 2022. Essentiellement dans la finance. Un milliard de dollars ! Forcément, cela semble totalement abstrait pour le commun des mortels qui se demande encore comment il va payer sa note d’électricité à la fin du mois.

En fait cette 25e licorne vient confirmer que malgré la crise sanitaire et sociale, il y a un pognon de dingue qui circule. Mais pas pour tout le monde. Un rapport d’Oxfam dévoile que la fortune des milliardaires a plus augmenté durant les 18 derniers mois (le temps de la pandémie) qu’en dix ans auparavant. On trouve sans doute dans le lot les patrons des licornes si chères au président. Mais attention, pas question de dire du mal de ces hommes et femmes entreprenants.

Les licornes ce sont 200 000 emplois supplémentaires en France. 200 000 boulots dont presque personne ne comprend l’intitulé pas plus que l’utilité. Vous savez, ces titres ronflants avec du « manager » et des anglicismes à gogo. Alors si vous êtes attiré par les licornes, tentez votre chance sur ces emplois d’Head of Growth BtoB ou de Lead Front-End Developer. Et quand vous serez millionnaire, vous pourrez venir me dire merci.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 18 janvier 2022

lundi 17 janvier 2022

Roman - Mémoire russe


Drôle d’endroit pour une rencontre. A Perpignan, sur le quai Rive Gauche, le narrateur imaginé par Jacques Issorel croise la route d’une mendiante. Une Russe, à la vie exceptionnelle. Elle se raconte dans la première partie de ce roman qui fera voyager le lecteur de la Russie soviétique aux USA en passant par l’Italie. Helena était une danseuse prometteuse.

 A 15 ans elle découvre l’amour. Mais à l’époque de Kroutchev, il y avait toujours le risque de déplaire à l’intelligentsia et de se retrouver au goulag. Héléna, fauchée en pleine gloire doit en plus faire le deuil de son grand amour le danseur italien Alessandro Giovanetti. 

Le narrateur, comme pour donner un dernier plaisir à cette pauvre femme perdue, se lance à sa recherche. Un roman passionnant, palpitant comme un thriller, traversant l’Europe et le siècle pour raconter une histoire d’amour à la russe.  

« Une lettre pour Alessandro Giovannetti » de Jacques Issorel, Trabucaire, 15 €

De choses et d’autres - 20 ans et des poussières

 

On n’apprend pas toujours de nos erreurs. La preuve avec cette candidature de Christiane Taubira annoncée samedi. L’élue guyanaise, en 2002, était déjà sur la ligne de départ. Elle a récolté un peu plus de 2 % des voix.
Des poussières me direz-vous. Certes, mais ces 2 % auraient largement suffi à Lionel Jospin pour passer devant Jean-Marie Le Pen et se retrouver au second tour face à Jacques Chirac.
Une division fatale à la gauche plurielle qui avait pourtant toutes les chances de l’emporter tant le bilan du Premier ministre socialiste de cohabitation était bon. 20 ans après, la multiplication des candidatures à gauche va donc précipiter une nouvelle fois le camp progressiste dans une déprime carabinée.



Tout le monde le dit, mais les candidats continuent à se multiplier. Pas comme des petits pains, plutôt comme de la mauvaise herbe qui envahit tout le champ empêchant la récolte. Ce ne sont plus des territoires en jachère mais des champs de mine condamnés pour des décennies.
Il y a cependant une grosse différence avec 2002, la gauche n’a plus aucune chance de l’emporter en 2022. La candidature de Christiane Taubira n’aura aucune influence sur le scrutin. Juste des poussières, comme en 2002, mais qui ne manqueront à personne de son camp cette fois.
Alors au point où en est la gauche, je ne vois plus qu’une solution, qui est d’ailleurs revendiquée par quelques purs et durs : Lionel Jospin doit lui aussi se déclarer candidat : quitte à rejouer 2002, autant conserver le même casting.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 17 janvier 2022

 

dimanche 16 janvier 2022

Roman - Des générations de malédiction


Les conséquences d’un crime peuvent-elles se propager au-delà des générations ? Cette question est le fil rouge du premier roman de Séverine Vidal. Dans Le goût du temps dans la bouche, tout débute véritablement en 1913. Un jeune homme disparaît. Jamais il ne sera retrouvé. Des décennies plus tard, au cœur des années 50, quand ce fait divers est raconté à la radio, Prudence, mère de famille est comme tétanisée. Elle gardera la chambre une semaine, muette. 

Ses trois enfants, André, l’aîné, Suzanne et Simone ne comprennent pas mais se doutent que cela a un rapport avec la mort récente du père. Une tension familiale qui passe au-dessus de Luc, le fils d’André. Lui aime ces vacances en Charente-Maritime dans cette grande maison en bord de mer où son père s’amuse avec lui, où sa tante Suzanne le pourrit de câlins. 

Le roman de Séverine Vidal saute allègrement d’une époque à l’autre. On retrouve Suzanne et Luc dans les années 2000. Luc qui à son tour a fondé une famille. Son fils, Nico, est le pivot de ce roman. Le dernier d’une lignée qui semble marquée par une malédiction inexplicable. Ce Français a tout quitté pour se perdre à Brunnby en Suède. Il vit presque seul dans une vieille bicoque, donnant des cours de français et jouant épisodiquement dans un groupe rock. 

Les amours de Nico

Il aime le climat froid et hostile de ce pays nordique : « Il se remet à neiger. Nico lève la tête pour sentir les flocons frôler ses joues. La douceur, cette nuit, c’est le vent et rien d’autre. »  Le portrait de Nico apporte tout son sel à ce roman. On devine qu’il a subi un violent traumatisme le poussant à fuir sa famille. Il redoute l’arrivée de Noël tout en découvrant les lettres envoyées régulièrement par Suzanne, sa grand-tante, presque centenaire, cherchant la solution de l’énigme. Car en racontant les errances de Nico, les amours de Suzanne et les remords de Prudence, Séverine Vidal tisse en réalité la toile d’araignée dans laquelle s’est prise cette famille. 

Un texte parfois lyrique, très touchant, qui raconte parfaitement comment les secrets de famille peuvent bouffer des vies. Prudence meurt aigrie, incapable de raconter à Luc, son petit-fils, cet événement qu’elle traîne comme un boulet depuis sa jeunesse. Suzanne aussi cultive le secret. Contrainte par l’époque. Elle vivra plus de 60 ans en « colocation » avec une autre femme. Une simple colocation pour cacher un amour fou qui a traversé le siècle. 

Nico est moins heureux que Suzanne en amour. Il vient de quitter Vilma, une Suédoise impulsive. Et rencontre une autre fille nordique au tempérament de feu mais au prénom français, Maud, comme un signe. Quand arrive le dénouement de l’enquête, la révélation finale, difficile de ne pas être touché au cœur. Car dans toutes les familles, il existe des histoires semblables, occultées, pernicieuses et rarement sans conséquence sur les générations suivantes.    

« Le goût du temps dans la bouche » de Séverine Vidal, Robert Laffont, 19 €


BD - Monstre d’acier


Les amateurs de technologie et d’histoire militaire adorent cette série imaginée par Pécau. Dans Machines de guerre, il raconte comment des ingénieurs mettent au point des chars de légende. Nouvelle livraison (dessinée par Mavric), avec l’histoire courte mais très meurtrière du Loup Gris, le plus gros tank jamais construit. 


Il existait deux prototypes mis au point pas les Nazis. 188 tonnes de fer et d’acier et une puissance d feu redoutable. Il faudra le courage d’une combattante soviétique (d’après la BD), pour arrêter ce monstre de métal. 

« Machines de guerre : le Loup gris », Delcourt, 15,50 €

BD - Chercheur d’anomalies


Creusant le monde de l’insolite, Richard D. Nolane convoque un expert dans sa nouvelle série intitulée Arkham Mysteries. 

Un chercheur en religion à l’université d’Arkham va croiser à la rédaction du journal local un certain H. P. Lovecraft, grand connaisseur des mondes monstrueux et très utile dans cette enquête qui débute en Mongolie et se poursuit aux USA, en pleine prohibition.

 A noter le dessin de Manuel Garcia, parfaitement adapté à l’ambiance de ce cauchemar de 56 pages.   

« Arkham Mysteries » (tome 1), Soleil, 14,95 €

samedi 15 janvier 2022

BD - Le réveil du dragon



Elina est la sentinelle du Petit peuple. Cette petite fille a le pouvoir de voir les fées et autres lutins et de les protéger. Mais pour cela il lui faut une pommade magique. Elle décide d’en fabriquer un peu plus quand elle constate qu’elle n’a plus de larme de dragon. 


Va-t-elle perdre son pouvoir ? 

Ce second album d’une série écrite par Carbone et Véronique Barrau conduit la jeune héroïne dans la forêt de Brocéliande. Elle va devoir réveiller un dragon endormi et pétrifié et affronter un redoutable mage. Une BD pour les plus jeunes avec de superbes dessins très colorés de Charline Forns. 

« La sentinelle du petit peuple » (tome 2), Dupuis, 12,50 €

Roman - Pêche aux souvenirs dans « Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada


L’Argentine regorge de talents littéraires et de paysages uniques. Dans « Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada, l’action se déroule en grande partie sur une île posée au milieu de ce fleuve qui passe près de Santa Fe. Trois amis y campent pour le week-end. La journée ils pêchent la raie. Le soir ils grillent des saucisses et vont au bal. Une vie simple, routinière, mais qui va apporter son lot de surprise. 

Ils vont croiser des villageois aigris, des jeunes filles fantomatiques et toute sorte d’animaux : « Les sons changent en intensité à mesure qu’ils s’enfoncent dans la forêt. Des bestioles, des oiseaux peut-être, crient en même temps, à la fois effrayées et menaçantes. Des battements d’ailes, des herbes qui s’ouvrent au passage de quelque chose et se referment sur la créature qui vient de passer. » 

La peur est omniprésente. Peur de l’inconnu et surtout de la mort personnifiée par ce Noyé qui hante les pêcheurs. 

« Ce n’est pas un fleuve » de Selva Almada, Métailié, 16 €

BD - Waldor et les crapauds


Le dessin rond et expressif de David De Thuin est idéal pour faire rêver les plus jeunes. Dans le monde médiéval de Waldor, le petit héros, les personnages sont des animaux. Le héros est un renard, son comparse comique un canard et dans ce second album de la série, ils vont devoir affronter une armée de crapauds. 


Des mercenaires embauchés par le méchant qui désire prendre la place du roi. Waldor, toujours aussi ingénieux, va tout mettre en œuvre pour sauver la tête couronnée. Une série aussi enchanteresse que simple.  

« Waldor » (tome 2), Glénat, 10,95 €

vendredi 14 janvier 2022

Cinéma - “Ouistreham”, le travail des femmes invisibles

Plongée dans le monde des femmes de ménage, des travailleuses invisibles vedettes de ce film bouleversant.

Au gré des courts CDD où elles sont camarades de galère, Christèle (Hélène Lambert), Marilou (Léa Carne) et Marianne (Juliette Binoche) sympathisent puis se retrouvent dans l’enfer du ferry. Christine Tamalet

Mettre sa plume au service des plus démunis, des derniers de cordée, de ces invisibles qui travaillent dans l’ombre et les horaires décalés ? Florence Aubenas, grand reporter, a osé le long récit sous couverture pour leur donner la parole sans filtres. Durant plusieurs mois elle a endossé la blouse de simple femme de ménage en Normandie. Cela a donné un livre très fort (Le quai de Ouistreham chez Points en poche) adapté par Emmanuel Carrère avec Juliette Binoche dans le rôle de la journaliste infiltrée, renommée pour l’occasion Marianne Winckler. 

Le film débute par les doutes de la narratrice. Car elle est bien consciente que pour arriver à ressentir et faire parler les femmes qui subsistent avec quelques heures de ménage glanées difficilement, il va lui falloir mentir en permanence. Cacher sa vie d’avant, son train de vie, ses origines bourgeoises. Alors elle s’invente une vie de femme divorcée et écume les salles d’attente de Pole Emploi et les stages de formation, nécessaires pour conserver ses droits. Elle va croiser des compagnes de galère, se lier avec elles, enfiler les gants en pour nettoyer la merde des sanitaires publics. C’est ce recul compliqué sur une action à la base très fausse qui donne toute sa puissance au film. Car si le public sait que Marianne n’est pas ce qu’elle montre, toutes les autres personnes sont dupes. Et la magie de la vie sociale, cette entraide qui n’existe que chez les plus démunis, se met superbement en place. 

Fausse amitié ?


Avec Christèle (Hélène Lambert), elle va découvrir la dure réalité de ces mères de famille célibataires obligées de se battre pour que les gosses n’aient pas faim. Christèle qui va se livrer à Marianne ; une aubaine pour l’écrivaine qui y trouve le cœur de son livre. Véritable œuvre de cinéma, avec une Juliette Binoche étonnamment fragile dans un rôle pourtant fort, Ouistreham a une sincérité absolue qui doit beaucoup aux autres comédiens. Car Emmanuel Carrère a pris le risque, en dehors du premier rôle, de ne faire appel qu’à des amateurs. On est sidéré par les performances d’Hélène Lambert (sa première scène face à des fonctionnaires déshumanisés est époustouflante) et de Léa Carne, interprète de la jeune Marilou, pleine de rêve, pas encore résignée. Des invisibles pour interpréter d’autres invisibles qui méritent simplement qu’on leur dise bonjour.

Film d’Emmanuel Carrère avec Juliette Binoche, Hélène Lambert, Léa Carne



Cinéma - Le chevalier errant de « The Green Knight » sur Prime Vidéo


Streaming. Les meilleurs réalisateurs indépendants américains sont comme tout le monde : difficile de résister aux ressources financières des plateformes de streaming. David Lowery, réalisateur de l’inoubliable et véritable chef-d’œuvre « A ghost Story », signe un film plus cher sur une histoire dérivée des chevaliers de la Table Ronde. Et malgré la beauté de la réalisation, la profondeur de l’intrigue et la qualité des interprètes, « The Green Knight » sort directement en streaming sur Amazon. 

Dev Patin endosse le rôle de Gauvain, neveu du roi Arthur. Dilettante, fêtard, insouciant : il profite de la vie sans contrainte. Mais quand le chevalier vert, sorte de géant mi guerrier mi arbre vient défier un membre de la cour d’Arthur, Gauvain se porte volontaire. Une décision hâtive qu’il va regretter car au bout, c’est sa mort qui se profile. Un film ambitieux où l’on retrouve la très belle et impeccable Alicia Vikander.

BD - Un géant du rire dessiné

 


S’épanouissant depuis 1986 dans le gag absurde, Etienne Lécroart est un génie méconnu. Présent dans de nombreuses revues comme Spirou, Fluide Glacial ou Ça m’intéresse, il est un des plus illustre membre de l’OuBaPo (Ouvroir de Bande dessinée Potentielle).

 

Tel un Georges Pérec graphique, il aime les défis et la rigolade. Pour partager son grand savoir, il vient de publier chez Fluide Glacial ce Petit manuel d’humour en toute circonstance. Divisé en chapitres qui sont comme autant de contraintes, il aborde avec délicatesse les tabous (des perversions au sexe en passant par la scatologie), le rythme ou l’art du décalage. Ce sont essentiellement des dessins d’humour avec une légende remettant en cause ce que l’on voit. Mais il y a également de véritables BD, avec des phylactères et des décors.

Bref l’amateur d’ambiance désopilante en aura pour son argent.

« Petit manuel d’humour en toute circonstance », Fluide Glacial, 9,90 €

jeudi 13 janvier 2022

Série Télé - Foodie Love sur Netflix passe par Montolieu dans l'Aude


Série télé. Isabelle Coixet fait partie des cinéastes espagnoles les plus brillantes. Elle s’est essayée à la série télé pour HBO. Cela donne Foodie Love, 10 épisodes qui sont disponibles gratuitement sur la plateforme Arte.fr. À Barcelone, deux célibataires cherchent l’âme sœur. 

Ils utilisent un site de rencontre qui joue sur leurs goûts culinaires. Le couple qui se forme partage plaisirs de la chair et bonne chère. 

L’épisode 8 les conduits à Montolieu dans l’Aude pour un week-end en amoureux qui, pour une fois, ne sera pas très gastronomique.

Série Télé. The Silent Sea, la Lune aquatique à la sauce coréenne


La mode des séries coréennes sur Netflix bat son plein. Mais pour une fois, The Silent Sea de Park Eun-kyo manque cruellement d’originalité. Pourtant le casting avait tout pour hisser la série au firmament : le premier rôle masculin est tenu par Gong Yoo vu dans Le dernier train pour Busan et la vedette féminine n’est autre que Doona Bae vue et grandement appréciée dans Sense 8 ou Stranger. Cette aventure spatiale sur la Lune dans un futur proche joue sur le ressort du réchauffement climatique. Les ressources en eau sont en train de s’épuiser. Le liquide est rationné. Tout le monde a soif. 

C’est dans ce contexte qu’une expédition est lancée pour aller sur une base lunaire coréenne. Fermée depuis la mort de tous ses membres, elle renfermerait des échantillons vitaux pour l’avenir de l’Humanité. Doona Bae interprète une scientifique qui cherche à savoir comment est morte sa sœur, présente sur la Lune lors de la catastrophe. 

Le capitaine de la navette, un militaire miné par la maladie de sa petite fille, fera tout pour mener à bien la mission. La série bascule dans le n’importe quoi quand les acteurs, pour faire croire qu’ils sont sur la Lune, font semblant de marcher au ralenti en décomposant leur mouvement. Effets totalement ratés. 

La suite alterne psychologie familiale primaire et grand guignol. Une grosse déception, c’est rare en provenance de Corée.

De choses et d’autres - Garanti 100 % lieux communs

 


Écrire tous les jours un journal de plus de 30 pages est un exercice compliqué. Difficile d’être original à tous les coups. Les lieux communs parfois compliqués à éviter et à surveiller comme le lait sur le feu. Moi-même dans cette chronique quotidienne qui essaie de jeter un pavé dans la mare, je fais un peu figure d’hôpital que se fout de la charité.

 

Personne pour me faire une haie d’honneur quand mine de rien, j’évite le gouffre sans fond et parvient à remettre l’église au centre du village. Au contraire, j’ai plus droit à un torrent d’injures quand je fustige le fossé des générations provoquant une faille dans le système. Certes quelques noms d’oiseaux ce n’est pas la mer à boire, pas de quoi avoir du vague à l’âme et chercher à se cacher dans un trou perdu. Il faut que je me fasse une raison, je ne serai jamais un phare dans la nuit, mes petites chroniques ne mettent pas le feu au lac, elles sont surtout source d’ennuis.

Mes idées font office de moulin à paroles et sont comme une montagne qui accouche d’une souris. J’ai beau me dire que les petits ruisseaux forment les grandes rivières, à l’arrivée mes écrits ne sont qu’un long fleuve tranquille. Pour terminer, j’avoue que je préfère rester dans ma zone de confort, ne pas quitter mon pré carré : il est si dur d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs.

(Merci à M. la Mine et sa carte des lieux communs).

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 14 janvier 2022

mercredi 12 janvier 2022

Série télé - Suivrez-vous la Corde jusqu’au bout ?


Une corde au milieu de la forêt. Une simple corde, cheminant entre les arbres, à même le sol. Il en faut parfois peu pour insuffler suspense, peur et fantastique dans une série. La corde, œuvre de Dominique Rocher et Éric Forestier en trois épisodes, déjà disponible sur Arte.fr et diffusée le 27 janvier à partir de 20 h 55, raconte cette étrange découverte qui a le don d’intriguer des scientifiques isolés dans une station de télescopes européens basée en Norvège.

C’est le chef de la base qui tombe le premier sur cette corde. Au bord du chemin, loin de tout. Car cette base vit en autarcie. Pour ne pas perturber les signaux reçus par les immenses antennes paraboliques, pas de téléphone portable ni de radio. Juste des bois à des dizaines de kilomètres à la ronde. Ils vivent en vase clos. Alors que vient faire cette corde ? D’autant qu’elle génère une seconde interrogation, encore plus intrigante : jusqu’où va-t-elle ? Serge (Jean-Marc Barr), chargé de la surveillance du domaine, la suit sur plusieurs kilomètres, sans en trouver la fin. Un dimanche, un petit groupe décide de partir en promenade pour savoir ce qu’il y a au bout. C’est le début d’un long calvaire doublé d’un cauchemar. Tel un film d’horreur, les accidents et morts violentes vont d’enchaîner. 

À la base, Agnès (Suzanne Clément) la femme du chef de base, aveugle, reste dans les labos à écouter les étoiles. Mais quand elle constate que ses collègues et son mari ne rentrent pas, elle commence à s’inquiéter. Les trois épisodes racontent en parallèle la quête du petit groupe le long de la corde et l’attente angoissante de ceux qui sont restés à la base. Deux réalités presque parallèles où on a l’impression que le temps n’a plus la même emprise. 

Avec des moyens limités, La corde parvient à passionner le spectateur, notamment sur les réactions de plus en plus irrationnelles des membres du groupe. Et on se surprend à se demander : « Et moi, jusqu’où je serais allé pour savoir ce qu’il y a au bout de cette satanée corde ? »  

De choses et d’autres - Un bus et des cyclistes

 


Les sportifs me feront toujours un peu de la peine. Pas les compétiteurs, les champions qui font ça pour de l’argent, beaucoup d’argent, mais les sportifs d’opérette avec maillots fluorescents, persuadés qu’en marchant 3 minutes sur un tapis roulant ou en ahanant 20 secondes sur un rameur, ils vont se forger un corps de rêve malgré les menus complets du midi, les apéros quotidiens et les chips du soir dans le canapé en regardant la dernière série Netflix.

 

Ils ne perdent pas un gramme de graisse, juste de l’argent car un abonnement à la salle, ce n’est pas donné. Mais il y a pire que ces spécimens. Aux États-Unis, une salle propose des séances en extérieur.

Un concept révolutionnaire.

Au lieu d’installer les vélos d’appartement entre quatre murs face à des miroirs pour s’admirer en plein effort, ils ont placé les engins dans un bus. Ainsi, les sportifs pédalent tout en admirant le paysage car le bus se déplace. Voilà comment un génie du réchauffement climatique est parvenu à rendre le vélo, d’appartement en plus, émetteur de CO2 ! Là-bas, même en pédalant, on pollue. Alors qu’il serait si simple de prendre de véritables vélos et de se balader sur des pistes cyclables.

En réalité cette idée est uniquement destinée aux mous de la pédale. Car quand on est dans la nature, pour rentrer chez soi, il faut des mollets. Dans un bus, on peut arrêter de pédaler, aller au distributeur de friandises, acheter de la nourriture bien grasse et l’ingurgiter en attendant que le chauffeur nous amène à destination. Et ça se dit sportif !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 13 janvier 2022

mardi 11 janvier 2022

Cinéma - “Licorice Pizza” : ils courent après l’amour

Gary (Cooper Hofffman) navigue à vue entre jeux de l’adolescence et découverte de l’amour avec la tornade Alana (Alana Haim).  Metro-Goldwyn-Mayer
  

En 1973, Alana et Gary, adolescents américains, se rencontrent, se découvrent et se trouvent.

Rayon de soleil dans la grisaille du quotidien de cette triste nouvelle année, Licorice Pizza, de Paul Thomas Anderson, raconte une histoire d’amour aussi simple que belle. Une romance, tout sauf liquoreuse, portée par deux acteurs débutants, d’une fraîcheur et d’un réalisme époustouflants. 

Le jour de la photo de classe, dans ce lycée de Californie, chaque élève attend qu’on l’appelle pour se faire tirer le portrait. Gary (Cooper Hoffman) attend sagement, quand il remarque Alana (Alana Haim). C’est l’assistante du photographe. Elle propose peigne et miroir pour une dernière retouche. Gary l’aborde, et tout en faisant semblant de se regarder dans le miroir, la dévore des yeux et l’invite à dîner le soir même. Cette première scène donne le ton. On découvre un Gary, très sûr de lui malgré ses 15 ans et une Alana, à l’écoute et très rapidement sous le charme du bagou de l’ado, par ailleurs comédien. Gary, qui fait plus que son âge, passe une jolie soirée avec Alana qui, elle, semble plus jeune que ses 25 ans. Un film classique aurait brodé à l’infini sur cet amour naissant, alternant minauderies, tromperies et retrouvailles. 

Dans Licorice Pizza, Gary et Alana vont devenir amis puis associés, ne cherchant jamais à se conquérir, tout en restant très attentifs aux désirs de l’autre. Ils se tournent autour dans cette Amérique à l’arrêt, frappée par le choc pétrolier. Et courent beaucoup. Pour s’échapper après une bêtise, pour fuir la famille ou la réalité, parfois difficile à admettre. Et, finalement, l’un vers l’autre, quand leur situation sentimentale devient intenable. On sort de la projection les yeux humides et un peu groggy. La faute aux deux comédiens, véritables révélations de Licorice Pizza. 

Deux inconnus, mais que Paul Thomas Anderson voulait absolument faire tourner. Il connaissait le potentiel d’Alana Haim pour avoir réalisé plusieurs clips de son groupe rock Haim. Quant à Gary Hoffman, c’est le fils de Philip Seymour Hoffman, comédien disparu en 2014, avec qui le réalisateur avait tourné plusieurs de ses films.

 Licorice Pizza devrait réconcilier les derniers sceptiques avec la puissance du cinéma de qualité. 

Le film collectionne déjà 4 nominations aux Golden Globes, dont celles de meilleure comédie, de meilleur acteur et de meilleure comédienne. 

Film de Paul Thomas Anderson, avec Alana Haim, Cooper Hoffman, Sean Penn, Bradley Cooper


DVD - Attention au départ, sympathique galère ferroviaire

 

Souvenez-vous la joie des départs en vacances en train de nuit. Le film « Attention au départ ! » de Benjamin Euvrard agit un peu comme une madeleine pour ceux qui ont eu la chance de dormir dans une couchette, heureux de se réveiller en vacances loin de chez soi. 

Mais dans cette comédie qui vient de sortir en DVD chez M6 Vidéo, la nuit en question est très agitée. Normal, au moment du départ, les six enfants sont seuls dans le train, les deux adultes chargés de les accompagner restant sur le quai. Ces deux grands idiots sont interprétés par Jérôme Commandeur (père d’un des gamins) et André Dussollier (grand-père de deux autres).

 Pendant que les jeunes font les 400 coups dans le wagon et tournent en bourrique le contrôleur (Jonathan Lambert), les adultes traversent la France en voiture, ambulance et… pédalo. 

Une excellente comédie, rythmée et truffée de gags.

De choses et d’autres - Le fondement de la recherche médicale

 


Après le retard annoncé du vaccin français de Sanofi contre le Covid, c’est une autre société tricolore qui a dû reculer le mois dernier face à la pandémie. L’Institut Pasteur menait un test pour déterminer si le médicament clofoctol avait un pouvoir d’inhibiteur de la réplication du Sars.

 

Un budget avait été voté pour un essai clinique sur la durée. Il fallait trouver entre 350 et 700 patients, âgés de plus de 50 ans, non-vaccinés et présentant au moins un symptôme du Covid-19. Mais après de longues démarches et recherches tous azimuts, l’Institut Pasteur n’avait recruté qu’une douzaine de patients volontaires. Une première raison de ce fiasco s’explique peut-être par la forme du médicament : un suppositoire. Un traitement de deux suppositoires par jour à prendre durant cinq jours. D’accord, ce n’est jamais très agréable le suppositoire, pas au niveau de la piqûre, mais plus que le comprimé à avaler.

Cependant, à bien regarder le profil des cobayes recherchés, on s’aperçoit que des Français de plus de 50 ans non-vaccinés, en décembre dernier, ce ne peut être que des personnes qui ont délibérément fait le choix de sauter la case Pfizer ou Moderna.

Alors vous pensez bien que trouver parmi les antivax des volontaires pour que la science s’immisce en eux par la voie basse, c’était peine perdue.

Persuadés sans doute, comme le prétend une des fake news qui tourne en boucle depuis des mois, que le suppositoire est plus pratique pour enrober et cacher la fameuse puce de géolocalisation que les géants d’Internet cherchent à implanter à l’ensemble de la population mondiale.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 12 janvier 2022

De choses et d’autres - Les deux mondes d‘après

 


Il y a un peu plus d’un an est apparu partout le concept de monde d’après face au monde d’avant. On était persuadé, il y a quelques mois, que l’épreuve de ce premier confinement et de cette pandémie allait nous permettre de resserrer les liens avec nos proches, d’avoir plus d’empathie, de modifier nos modes de vie. Que de ce malheur sortirait un monde d’après forcément meilleur.

 

On est en 2022 et on déchante.

Le monde d’après se limite à constater qu’il y a en fait deux pôles totalement opposés. D’un côté ceux qui font confiance à la science, persuadés que les vaccins contre le Covid nous protège du pire, de l’autre ceux qui refusent ces traitements forcément suspects car trop vite mis au point.

Dans l’absolu, dans le monde d’après des premiers, toute la population étant vaccinée, le Covid serait redevenu ce qu’il était dans l’esprit de certains au tout début : une « grippette ». Plus de classes fermées, plus de services de réanimation débordés, plus de contraintes liées à un passe vaccinal.

À l’opposé, le monde d’après des seconds serait redevenu sûr grâce à l’immunité collective naturelle. Tout le monde aurait déjà attrapé le Covid qui ne serait donc qu’un mauvais souvenir.

Le problème de notre société clivante, c’est que les deux mondes sont obligés de coexister. Conséquence, les avantages des deux possibilités s’annulent. Ne restent que les inconvénients. Dans le premier, malgré la vaccination, le virus circule toujours. Dans le second, seul le virus circule en toute liberté, les non-vaccinés ne pouvant plus voyager ou aller au restaurant.

Deux mondes d’après totalement incompatibles et parfaitement irréconciliables.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 11 janvier 2022