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samedi 3 août 2024

Une étude historique - La Catalogne médiévale entre Orient et Occident

Pierre-Vincent Claverie propose dans ce nouvel ouvrage la compilation de plusieurs articles parus ces dernières années. Il se focalise sur cette période du Moyen Age au cours de laquelle la Catalogne joue un rôle essentiel de liaison entre l’Orient et l’Occident.
Des considérations générales mais également des exemples précis comme cette fameuse affaire dite du monastère d’Alexandrie. 

Des Juifs, en Egypte, auraient profané un monastère copte. Trois marchands juifs, à leur arrivée en Catalogne, furent dénoncés, emprisonnés et torturés. Sans la moindre preuve. Finalement, justice leur fut rendue grâce à une contre-enquête initiée par la municipalité de Barcelone.

« La Catalogne médiévale entre Orient et Occident », Trabucaire, 276 pages, 22 €

mercredi 13 mars 2024

Des poèmes : Il·lusió Col·lisió


Alain Pottier, dit Alpott, aime taquiner les mots. Ce vigneron mais aussi poète propose ses recherches et découvertes dans la collection « Be Fort ». Il·lusió Col·lisió, paru en décembre dernier, est un joli ouvrage reprenant plusieurs dizaines de courts poèmes de cet artiste qui a le Pays catalan chevillé au corps.

Découvrez d’abord 37 nouvelles poétiques richement illustrées de photos artistiques en noir et blanc. Puis explorez un long texte sur la Sicile africaine. Alain Pottier se dévoile un peu plus ensuite dans une autobiographie géographique qui passe par Toulouse, la Guyane ou Paris. Pour clore le tout, un texte sur la tauromachie.

« Il·lusió Col·lisió », Trabucaire, 112 pages, 20 €

dimanche 2 juillet 2023

Patrimoine - Sentinelles catalanes

 

Excellent connaisseur de la région et surtout de son histoire, Bernard Rieu vient de signer un petit livre didactique sur les tours à signaux des Pyrénées-Orientales aux éditions Trabucaire (150 pages, Editions Trabucaire, 15 €). Dans la collection « Découverte guidée du Pays Catalan », une première partie raconte pourquoi on a construit sur des pics et collines ces tours. Leur utilité au temps des invasions et attaques des pirates mais aussi leur abandon quand la technologie les a rendues obsolètes.

Sentinelles de la région, elles ont souvent subi les outrages du temps. Certaines ont carrément disparu, d’autres ne sont que ruines. Bernard Rieu raconte aussi la passion de ces amoureux du patrimoine qui ont tout fait pour reconstruire certaines tours emblématiques comme celle de la Massane. La seconde partie du livre, richement illustrée de photographies de Michel Castillo, fait l’inventaire exhaustif des tours par secteur géographique.

Particulièrement nombreuses dans les Albères, elles sont plus isolées et difficiles d’accès dans la vallée du Tech et de l’Aspre. Le meilleur exemple étant celle de Batère, isolée mais essentielle dans le maillage permettant de communiquer d’une vallée à l’autre.

Un livre érudit qui donne envie de faire un bout de chemin au grand air et de s’imaginer vivre en ces temps où les téléphones portables n’existaient pas.

mercredi 23 novembre 2022

Art - Le liège, matière noble du Pays catalan

Très présent en Vallespir et dans les Albères, le chêne-liège a longtemps été une des richesses de l’agriculture catalane. De ce liège, on faisait des bouchons célèbres dans le monde entier. Une matière noble, vivante, qui en plus de protéger les meilleurs vins, offrait une plasticité, une finesse, parfaite pour permettre à des artistes de s’exprimer. Une tradition picturale qui fait l’objet d’un beau livre édité aux éditions Trabucaire. Sculptures en liège en Pays Catalan est coordonné par Alain Pottier qui se définit comme un vigneron poète. Un ouvrage de 160 pages illustré de dizaines de photographies signées Michel Castillo. Un cadeau parfait pour découvrir le petit monde des patots, kanyataps et autres ninots des sculpteurs Claude Massé, Pere Figueres ou Bibi. 

Le précurseur dans cet art si particulier de la sculpture sur liège a pour nom Joaquim Vicens Gironella. Ce Catalan, arrivé en France en 1939, a voulu en travaillant cette matière, retrouver un peu de son pays d’origine. Il venait de l’Emporda et avait travaillé dans le secteur du liège dans sa jeunesse. Un artiste emblématique de l’art brut, le plus représentatif de Catalogne. Pour parler du travail de Claude Massé, Alain Pottier a demandé à Serge Bonnery, le plus grand spécialiste de cet artiste disparu en 2017. On y apprend d’où viennent ses patots, petits personnages tout en hauteur. Claude Massé qui a inspiré Pascal Comelade ainsi que Pere Figueres. Ce dernier a inventé les kanyataps fabriqués à partir de bouchons. Ce n’est pas le liège brut que ce chanteur et poète catalan subjugue, mais ces cylindres qu’il sculpte et assemble pour en faire de véritables petites œuvres vivantes. Enfin une grande partie du livre est consacrée aux créations de Bibi dit Ferguson. Un univers un peu plus fantastique et loufoque, plus contemporain. Il s’agit cette fois de ninots. Un ouvrage artistique mais aussi instructif avec des chapitres sur la culture du liège et sa transformation en bouchon.

« Sculptures en liège en pays Catalan », Trabucaire, 20 €

vendredi 26 août 2022

Roman - Histoire andorrane

L’Andorre, principauté si proche et si différente. Pourtant les vallées ont toujours été très liées (voire dépendantes) de la France ou de l’Espagne. Dans Dernier été à Ordino, Joan Peruga retrace une partie de l’histoire de la principauté en racontant la courte vie de Sumpta d’Areny-Plandolit. Cette jeune fille de très bonne famille, née en 1960, morte 32 ans plus tard en 1892, a connu l’Andorre de la tradition mais aussi la principauté qui tente de tirer son épingle du jeu en créant station thermale et hôtels de luxe. Pour Sumpta, l’Andorre c’est avant tout des étés passés dans la grande maison d’Ordino, avec ses frères et sœurs. L’été, toute la famille se réfugiait à Barcelone.

Le roman, paru en 1998, véritable best-seller en Andorre, alterne descriptions d’une campagne sereine, manigances religieuses pour maintenir la région dans la tradition et vie agitée dans la Barcelone de plus en plus capitale européenne moderne.

Reste le portrait de cette femme, marquée par un amour impossible avec un séminariste et qui a vu le pouvoir de sa famille s’effriter au fil des ans. Un texte essentiel pour mieux connaître nos voisins montagnards.

« Dernier été à Ordino » de Joan Peruga, Éditions Trabucaire, 10 €

lundi 17 janvier 2022

Roman - Mémoire russe


Drôle d’endroit pour une rencontre. A Perpignan, sur le quai Rive Gauche, le narrateur imaginé par Jacques Issorel croise la route d’une mendiante. Une Russe, à la vie exceptionnelle. Elle se raconte dans la première partie de ce roman qui fera voyager le lecteur de la Russie soviétique aux USA en passant par l’Italie. Helena était une danseuse prometteuse.

 A 15 ans elle découvre l’amour. Mais à l’époque de Kroutchev, il y avait toujours le risque de déplaire à l’intelligentsia et de se retrouver au goulag. Héléna, fauchée en pleine gloire doit en plus faire le deuil de son grand amour le danseur italien Alessandro Giovanetti. 

Le narrateur, comme pour donner un dernier plaisir à cette pauvre femme perdue, se lance à sa recherche. Un roman passionnant, palpitant comme un thriller, traversant l’Europe et le siècle pour raconter une histoire d’amour à la russe.  

« Une lettre pour Alessandro Giovannetti » de Jacques Issorel, Trabucaire, 15 €

jeudi 16 décembre 2021

Beau livre - Un canal, une œuvre d’art


Paru en 2014 mais toujours disponible dans divers points de vente des Pyrénées-Orientales, le livre « Les Canals », sous la direction de Jean-Pierre Comps, est une étude savante sur le Canal royal de Perpignan et ses mas riverains. A la base, ces passionnés d’histoire locale, ont découvert le grand plan réalisé à l’aquarelle en 1 750. 

Une véritable œuvre d’art de 7 mètres de long. Le plan est reproduit dans son intégralité dans le livre, avec pour chaque mas des explications sur les familles propriétaires. On comprend en parcourant cet ouvrage l’importance de l’eau depuis la nuit des temps. Un canal qui est encore en partie en activité et sert de promenade très apprécié des citadins.

« Les Canals », Trabucaire, 30 €


mercredi 8 juillet 2020

Essai - Découvrir Barcelone dans le texte



Quelle est la meilleure façon de découvrir Barcelone ? Prendre le train et partir à l’aventure ? Planifier son séjour avec étapes incontournables (rambla, Sagrada…). À moins qu’on ne puisse visiter la capitale catalane juste en restant dans son canapé (transat, c’est l’été), le nez plongé dans des bouquins se déroulant dans la ville-monde.  Car Barcelone est « l’héroïne » de quantité de romans. 

C’est cette singularité qui a poussé David Clusellas i Codina, journaliste et écrivain, d’écrire cet essai, « promenade littéraire dans la ville moderne, cosmopolite, tolérante » et par ailleurs « cité chargée d’histoire, au cœur battant de toutes les innovations, artistiques, urbanistiques ou politiques. » 

En se référant à quatre romans il dresse le portrait d’une ville diverse et multiple. Un essai qui donne une furieuse envie de partir passer une semaine au Sud, avec les romans analysés, notamment ceux de Mathias Enard et Grégoire Polet, regard français sur une exception culturelle si loin… si proche.

« Lire Barcelone », Trabucaire, 12 €

lundi 4 décembre 2017

Littérature : Une romancière abreuvée de réalité



Dans quelle mesure est-il possible de parler de la région sans tomber dans la caricature du roman de terroir ? Perpignan ou les Corbières comme décor d’une histoire d’amour brutale et compliquée, crédible ou farfelu ? Les sceptiques doivent d’urgence se plonger dans le second roman de Chelsea Cunningham. « Si Dieu est une femme, elle est romancière », se déroule entièrement à Perpignan avec quelques excusions sur la côte vermeille et à Lagrasse, dans les Corbières audoises. Décor local mais personnages universels. Zoé parle. Adam écoute. Zoé est une jeune femme un peu fantasque, allongée sur le canapé d’Adam, psy. Le classique jeu du chat et de la souris s’installe entre eux. Zoé, en racontant des bribes de sa vie inventée, tente de séduire Adam, incapable de rester dans son rôle neutre de thérapeute.
■ Faire semblant

Zoé invente car elle se persuade d’être une romancière ? Elle va puiser dans la vie d’Adam pour en faire une fiction crédible. Adam, au tournant de sa vie, va sombrer dans le piège. Ainsi, Zoé quitte le cabinet tout sourire «C’était bon, Adam était tout à elle, buvait ses paroles, ne la quittait pas des yeux, attendait ses visites avec impatience, se sentait encore libre mais était, sans nul doute pieds et poings liés. » Mais la romancière (la vraie, pas le personnage), née à Londres mais installée depuis de nombreuses années dans les PyrénéesOrientales qu’elle connaît à merveille, complique le jeu avec l’intervention de Bianca, la femme d’Adam. Paradoxalement c’est elle qui semble la plus « compliquée », la plus en mal d’émancipation. Femme au foyer, grande-bourgeoise, elle fait semblant depuis trop longtemps. Le soir, avec son époux, « elle se contentait de parler pour éviter que le silence ne s’installe pour de bon. » Lucide. Trop parfois. «Elle savait qu’Adam vivait avec elle parce qu’il n’avait pas, pour d’heure, d’autres idées. » « Si nous avons toutes et tous un talent particulier, Bianca avait trouvé le sien » : faire semblant.
Ce roman, ciselé et tranchant comme un bistouri, explore aussi les traumatismes de l’enfance. Adam, en manque d’amour de la part de sa mère, a longtemps vénéré la bonne de la maison. Jusqu’à ses 7 ans et cet événement tragique que, tout en étant psy, il ne parvient toujours pas à exorciser. 
➤ «Si Dieu est une femme, elle est romancière» de Chelsea Cunningham, Trabucaïre, 13 €

samedi 4 octobre 2008

Légende - Aux sources des mystères pyrénéens


Georges Gianadda a beaucoup écrit. Des milliers de reportages pour les pages de l'Indépendant du Midi. Reporter, puis grand reporter, il a laissé traîner son regard curieux sur quantité de gens, d'événements, de lieux. Une emprise sur le réel, le tangible, qui est la bible de tout journaliste un tant soit peu sérieux. Georges, dans sa longue carrière, ne s'est jamais écarté de ce chemin. Mais parfois, visiblement, il aurait préféré interviewer des lutins, une fée voire un Dieu en personne pour donner un peu plus de sens à ses papiers. Ce qu'il n'a pas réussi (ou oser) faire dans les pages de son journal, il le propose dans ce roman, récit fabuleux d'une légende oubliée : « Pyrène la fée des fontaines ».

Tout commence à Lourdes. La cité mariale. Georges, un journaliste justement, observe le ballet des pèlerins. En compagnie de son photographe, il prépare un reportage. Ils croisent un vieil homme et rapidement une conversation s'engage. L'inconnu, savant ayant exploré les particules élémentaires avant de se reconvertir dans la philosophie, prétend au journaliste curieux que cela fait plusieurs siècles que les humains viennent de se recueillir en ce lieu. Car il y a des milliers d'années, Lourdes était un des lieux du « culte de Mari, la déesse-mère ». « Ces cultes païens ont été remplacés par celui de la vierge Marie », explique le vieillard. « Ce qui est troublant c'est l'homophonie entre Mari et Marie. » « Ce qui est moins étonnant, c'est que tous les cultes, y compris celui voué à la vierge Marie, soient liés aux sources et à l'eau. Il s'agit après tout du matériau de base qui a fondé le monde vivant. » Et pour achever sa démonstration, il se propose d'expliquer au journaliste d'où vient le nom de Pyrénées.

L'auteur change alors totalement de monde et de genre. Il entre de plain-pied dans des contrées légendaires peuplées de demi-dieu, de fées et autres monstres mythologiques. Des pages riches en trouvailles, coups de théâtre et dialogues imagés, sur un ton léger et rêveur. Georges Gianadda, le journaliste cartésien, s'efface totalement au profit de son double, beaucoup moins connu, le conteur du merveilleux. Une véritable découverte pour le lecteur, une renaissance (pour ne pas parler de reconversion) pour cet habile manieur de plume.

« Pyrène la fée des fontaines » de Georges Gianadda. Editions Trabucaire. 10 euros.