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mercredi 20 novembre 2024

Thriller - « L’ours qui dort » réveille la guerre froide

 Alaska, terre sauvage. Les risques sont multiples pour les aventuriers. Des ours affamés aux savants fous en mal de cobayes.


La fascination des Américains pour leur armée est une réalité indéniable. Toute une littérature sur les exploits des GI’s et autres SEALS alimente la fierté de cette frange nationaliste du pays pour des héros ayant l’amour de la patrie chevillée au corps. Dans le genre, L’ours qui dort, premier roman de Connor Sullivan, en est un exemple parfait. L’auteur raconte les aventures de la famille Gale.

Le père, Jim, vit dans un ranch dans le Montana avec ses deux grandes filles, Cassie et Emily. Le moral de la première est au plus bas. Elle vient de perdre son mari. Cette ancienne ranger part se ressourcer en Alaska. En compagnie de son chien, elle va camper au bord d’une rivière, loin de toute civilisation. C’est là qu’elle est enlevée par des inconnus. Jim se rend immédiatement sur place à sa recherche. Mais comment retrouver une femme dans cette nature immense et sauvage ?

D’autant que les dangers sont multiples, comme cette rencontre périlleuse : « L’ours chargea. Une masse de six cents kilos de sauvagerie se précipitait sur lui avec la puissance d’une locomotive lancée à pleine vitesse. Le vieux cowboy abandonna la recherche de son revolver et se roula en position fœtale, les mains autour de son cou. »

Débutant comme un roman de survie en milieu hostile, le roman prend ensuite la trajectoire d’une histoire de vengeance sur fond d’espionnage du temps de la guerre froide et d’expériences scientifiques pratiquées par de véritables savants fous sur des prisonniers politiques. Un suspense haletant, des forêts du grand Nord au goulag russe en passant par la salle de crise de la Maison Blanche et le palais secret de Poutine.

Écrit avant l’invasion russe de l’Ukraine, ce texte alerte aussi sur les vues impérialistes d’un pouvoir de plus en plus totalitaire. Cela manque parfois de nuances, mais c’est malheureusement criant de vérité.

« L’ours qui dort », Connor Sullivan, H & O Thriller, 480 pages, 22,90 €

samedi 10 juin 2023

BD - Un témoignage dans le "Journal d’une invasion"


Igort, dessinateur italien, a déjà signé deux ouvrages sur la Russie et l’Ukraine. Quand il apprend l’attaque russe contre Kiev, il décide de raconter cette invasion sous forme de BD.

Marié à une Ukrainienne, il connaît parfaitement les lieux. Il ne peut pas s’y rendre mais recueille de nombreux témoignages au téléphone.


Dans ces 168 pages, on découvre le quotidien de simples civils, de militaires ukrainiens mais aussi de jeunes Russes, embarqués avec leur unité dans une guerre qui semble partie pour durer encore de trop longues années. Des témoignages essentiels alors que cela fait plus d’un an que le pays est pris en tenaille par les forces russes, qu’il résiste et envisage même de lancer une contre-offensive.

« Journal d’une invasion », Futuropolis, 24 €

dimanche 20 mars 2022

De choses et d’autres - Dommages collatéraux russes

La guerre lancée par la Russie contre l’Ukraine semble à certains très lointaine. Pourtant elle a de plus en plus des conséquences directes pour notre vie quotidienne. Voici trois exemples, heureusement assez futiles.

Depuis le début du conflit, le satellite chargé de fournir internet aux abonnés de Nordnet est en panne. Il serait victime d’une cyberattaque commanditée par Moscou. Car l’Ukraine utilise le système… Certains n’ont donc plus Facebook en Haute Vallée de l’Aude et dans le Capcir, à cause de Poutine. Qui l’eut cru ?

Asphalt 8 Airborne est un jeu de courses de voitures pour téléphone portable, très utilisé partout dans le monde et produit par la société française Gameloft. Un moyen de se distraire, même dans les pires conditions. Mais depuis quelques jours, un message à l’ouverture du programme explique que les mises à jour seront compliquées à réaliser, car l’équipe chargée de maintenir le jeu à niveau est basée à Kharkiv, au cœur des combats. Il est donc quasi impossible pour les employés d’avoir accès à leurs ordinateurs et même leurs logements. Si le jeu plante, ce sera la faute de Poutine. Qui l’eut cru ?

Enfin, sachez que le chanteur de rap français Booba vient de rompre son contrat avec l’équipementier sportif Puma. La marque allemande a fermé provisoirement ses magasins en Russie. Grosse colère de Booba qui décide, en rétorsion, de ne plus travailler avec ceux qui, selon ses accusations, « font de la politique ». Et de continuer selon une rhétorique guerrière très inappropriée à destination de la marque : « Sachez qu’en cas d’agression, la riposte sera là. » Booba va devoir refaire sa garde-robe à cause de Poutine. Qui l’eut cru ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 8 mars 2022

samedi 5 mars 2022

De choses et d’autres - Renard en liberté

Pour ceux qui doutent que 2022 est en bonne voie pour devenir la pire année du XXIe siècle (surtout la dernière pour les plus pessimistes…), voilà une information passée inaperçue la semaine dernière, mais qui semble confirmer la tendance générale.

Sur l’île de Honshu au Japon, dans une zone volcanique, une grosse roche s’est fendue en deux. Rien de bien exceptionnel pour les scientifiques qui se demandent, simplement, si c’est l’érosion naturelle qui a causé la fracture ou une intervention humaine.

Mais pour les habitants du secteur, la cassure de la pierre est un très mauvais signe. Selon la légende, depuis douze siècles, la roche serait l’abri ou plus exactement la prison de l’esprit d’un renard à neuf queues, nommé Tamamo-no-mae. Ce démon, après avoir pris forme humaine (une belle femme, comme par hasard), aurait fomenté un complot pour, finalement, destituer l’empereur Toba qui régna sur le Japon de 1107 à 1123. Depuis, prisonnier, il n’était plus en mesure de nuire.

Son évasion serait donc un signe supplémentaire confirmant que ce monde ne tourne décidément plus rond. Les superstitieux se demandent, dès lors, ce que va faire ce renard maléfique ? Les plus optimistes le voient en route vers le Kremlin pour mettre au point un autre complot pour destituer Poutine.

D’autres s’interrogent sur son influence auprès du gouvernement japonais. Car, pile au moment de la cassure de la pierre magique, le Premier ministre a de nouveau évoqué le sort des îles Kouriles, différend territorial, vieux de plus d’un siècle, entre l’empire du soleil levant et la Russie.

Mais si le renard à neuf queues permet l’ouverture d’un second front à l’Est pour affaiblir Poutine, on lui pardonnera la chute de Toba, en 1123.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 mars 2022

jeudi 3 mars 2022

DVD - Project Gemini, SF russe à l'accent anglais

En pleine guerre entre l’Ukraine et la Russie, ce film de science-fiction prouve que le cinéma russe lorgne de plus en plus vers l’ouest. Du moins un certain cinéma commercial qui va jusqu’à tourner en anglais pour mieux s’exporter. 

« Project Gemini », qui sort directement de DVD chez Condor Vidéo, rassemble dans un même scénario des bribes de fin du monde et d’Alien avec un soupçon de paradoxe temporel. Alors que la Terre se meurt, des scientifiques découvrent une machinerie extraterrestre dans une caverne permettant de voyager instantanément vers une planète qui peut être transformée. Mais arrivés sur place, un invité surprise va méthodiquement supprimer l’équipage. 

Si les décors et effets spéciaux sont assez réussis, le jeu des acteurs n’est pas à la hauteur. Dommage. 


lundi 17 janvier 2022

Roman - Mémoire russe


Drôle d’endroit pour une rencontre. A Perpignan, sur le quai Rive Gauche, le narrateur imaginé par Jacques Issorel croise la route d’une mendiante. Une Russe, à la vie exceptionnelle. Elle se raconte dans la première partie de ce roman qui fera voyager le lecteur de la Russie soviétique aux USA en passant par l’Italie. Helena était une danseuse prometteuse.

 A 15 ans elle découvre l’amour. Mais à l’époque de Kroutchev, il y avait toujours le risque de déplaire à l’intelligentsia et de se retrouver au goulag. Héléna, fauchée en pleine gloire doit en plus faire le deuil de son grand amour le danseur italien Alessandro Giovanetti. 

Le narrateur, comme pour donner un dernier plaisir à cette pauvre femme perdue, se lance à sa recherche. Un roman passionnant, palpitant comme un thriller, traversant l’Europe et le siècle pour raconter une histoire d’amour à la russe.  

« Une lettre pour Alessandro Giovannetti » de Jacques Issorel, Trabucaire, 15 €

mercredi 16 août 2017

Cinéma : « Une femme douce » et tenace

UNE FEMME DOUCE. La société russe passée au révélateur du cinéaste Sergei Loznitsa.


Pas un sourire. Quasiment pas de paroles : la femme douce personnage principal du film de Sergei Loznitsa reste une énigme pour le spectateur. Avec une lenteur que peu de créateurs peuvent se permettre (et surtout rendre intéressante, intrigante), il plante le décor et l’obsession de cette femme de prisonnier. Son mari est enfermé. Pour une histoire de droit commun. Mais dans ce pays, la justice a parfois d’étranges conceptions des crimes.
Elle lui a envoyé un colis avec des aliments en conserve, des habits, des produits de toilette. Le colis revient à destination. Sans la moindre explication. Elle tente de demander des précisions à la poste de la ville où elle réside, mais l’administration russe, si elle n’est plus soviétique, a encore conservé toutes ses incohérences. Alors, elle choisit sa plus belle robe et part en train pour la grande ville. Avec le paquet qu’elle veut donner directement à son mari.

■ Violence
On s’attend à un plaidoyer pour les droits de l’Homme, mais rapidement on constate que la Russie actuelle n’a rien à voir avec un état de droit. A la prison, dans la cohue, après des heures d’attente et le remplissage de multiples formulaires, la fonctionnaire lit le nom du prisonnier, se retourne pour vérifier dans un registre, rend le papier à la femme en lui disant simplement que cette demande n’est pas réglementaire. Point final. Pas de discussion. Guichet fermé. Perdue dans la ville, elle est « secourue » par l’épouse d’un autre prisonnier. Elle offre de l’héberger pour la nuit. Mais cela ressemble plus à un guet-apens. Dans le salon, une dizaine de personnes se saoulent à la vodka. Les femmes se dénudent. Les hommes en profitent. La femme douce observe. De loin. Mais elle est repérée par un proxénète qui lui promet de l’aider à avoir des nouvelles de son mari contre une rétribution en nature…

Le film est lent et violent à la fois. Une violence sourde, oppressante, omniprésente. Longtemps elle parvient à l’éviter, à fuir au bon moment. Mais on se doute qu’au final, il n’existe pas d’échappatoire. Même si le réalisateur, grâce à une fin entre Fellini et «Brazil » de Terry Gilliam, parvient à laisser croire que c’est possible.

➤ "Une femme douce" drame de Sergei Loznitsa (Russie, 2 h 23) avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva.
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De la violence dans le cinéma russe
Rôle d’une rare complexité pour Vasilina Makovtseva (photo), actrice russe de théâtre venue de l’Oural, elle interprète avec brio, cette femme, douce et obstinée, perdue dans une Russie devenue incontrôlable où la violence est présente à chaque coin de rue. Du moins dans les grandes villes. Quand elle est chez elle, dans cette maison perdue dans la prairie, loin de toute route, c’est la tranquillité et le calme qui règnent. Mais jusqu’à quand. On sent que le monde russe bascule. La libéralisation du marché a littéralement désagrégé le pays. S’il a conservé sa bureaucratie pointilleuse, inflexible et incompréhensible, l’argent a transformé les hommes. Les policiers ou gardiens de prison ne sont que des corrompus en puissance. Les ambitieux deviennent les nouveaux corrupteurs, à qui rien ne peut résister. Surtout pas les femmes.
Cette thématique de la violence omniprésente dans la nouvelle société russe inspire les réalisateurs. Comme dans « Faute d’amour », nouveau film d’Andrey Zvyagintsev, en salles le 20 septembre prochain mais qui sera en avant-première au Castillet à Perpignan ce mardi 22 août à 19 h 15. Un couple se déchire, veut divorcer. Leur enfant trinque. Un film dur, bouleversant selon la critique et qui a remporté le prix du jury au dernier festival de Cannes.
Le précédent film de Zvyagintsev, « Leviathan », lui aussi primé à Cannes en 2014, explorait déjà les relations compliquées au sein de la famille d’un garagiste dans une petite ville isolée au nord du pays. 

lundi 13 mars 2017

De choses et d'autres : La baleine morbide



Le jeu viendrait de Russie. Imaginé par un psychopathe. Et quand vous jouez sur le net ce n’est pas une personne que vous pouvez manipuler mais des dizaines, des centaines. Sous prétexte de relever des défis, de ceux qui vous donnent le frisson dans une vie quotidienne morne, le concepteur de Blue Whale (en français la baleine bleue) manipule des ados au point de les pousser au suicide.
Tout commence par des échanges sur les réseaux sociaux. Envie de participer à un nouveau challenge excitant ? Accepte de relever 50 défis, un par jour. Au début c’est simple et presque fun comme écrire sur son mur Facebook « je suis une baleine », regarder des films d’horreur durant 24 heures ou se lever en pleine nuit et écouter une chanson spécifique. Petit à petit les épreuves se compliquent. Se durcissent surtout. Scarifications, coupures aux lèvres ou prises de risques inconsidérés comme se tenir assis sur le rebord d’un pont, escalader une grue ou monter sur le toit d’un immeuble. Le cinquantième défi, aussi délirant qu’il puisse paraître consiste tout simplement à se suicider, par pendaison ou en se jetant dans le vide.
Délirant car certains jeunes, pris dans la tourmente, s’exécutent. Les autorités russes estiment à plus de cent en une année les victimes de ce « jeu » morbide. En Angleterre les premiers cas sont signalés. Alors si dans votre entourage, surtout chez les jeunes, vous entendez parler de Blue Whale ou de Baleine bleue, soyez vigilants. 

mercredi 8 mars 2017

Livres de poche : ouvrons-nous à d’autres horizons


Japon. Dans ce roman d’Edogawa Ranpo, Minoura tombe éperdument amoureux d’une jeune collègue de bureau au passé mystérieux, Hatsuyo, avec qui il se fiance… Peu après, Hatsuyo est brutalement assassinée, dans sa chambre apparemment close. Michio Moroto, ancien colocataire et rival, a ses propres raisons de s’intéresser à cette affaire. Leur enquête mènera le duo jusqu’à une île mystérieuse où se déroulent des expériences abominables visant à transformer l’humanité.
➤ « Le démon de l’île solitaire », 10/18, 8,10 €

Russie. 2033. Une guerre a décimé la planète. La surface, inhabitable, est désormais livrée à des monstruosités mutantes. Moscou est une ville abandonnée. Les survivants se sont réfugiés dans les profondeurs du métropolitain où le jeune Artyom entreprend une mission qui pourrait le conduire à sauver les derniers hommes d’une menace obscure… mais aussi à se découvrir luimême à travers des rencontres inattendues. Terreur et science-fiction sous la plume de Dmitry Glukhovsky.
➤ « Metro 2033 », Le Livre de Poche, 9,90 €

Belgique. Jean Villemont, brillant avocat pé- naliste bruxellois, accepte par principe de défendre le jeune auteur d’un braquage foireux dans un bureau de poste. Cette affaire, à l’origine sans envergure, va pourtant les mener à Franck Jammet, braqueur et pianiste virtuose, auteur pré- sumé du légendaire casse de l’aéroport de Zaventem dont la bande est menée par la discrète Julie Narmon. Un polar mené à la baguette par Paul Colize
➤ « Concerto pour quatre mains », Pocket, 7,80 €

mercredi 7 décembre 2016

De choses et d'autres : célébrité, précarité

Difficile de rester en haut de l’affiche après des années de célébrité. Les exemples sont nombreux, de personnalités qui tentent en vain un comeback. La « valeur commerciale » - en particulier celle des chanteurs - se délite souvent et se transforme en succès éphémère. Les cimetières virtuels regorgent de vedettes pas encore mortes mais que les magazines dédaignent royalement. Même pas l’aumône d’une brève ne leur est accordée. Tant et si bien qu’on en oublie presque leur existence.
Avec stupeur, j’ai à nouveau entendu parler de Mireille Mathieu ce week-end. Pas à l’occasion de la sortie de son nouvel album ou de sa tournée d’adieu. Simplement, elle faisait partie de l’assistance de fidèles présents pour la consécration de la cathédrale orthodoxe russe. De fait, sa présence constituait l’élément phare de la cérémonie religieuse, Poutine se sent en effet quelque peu indésirable en France. La carrière internationale de la chanteuse d’Avignon se limite en gros à la Russie, il est donc logique qu’elle renvoie l’ascenseur à ses plus fidèles admirateurs.
Par contre, pas trace de Gérard Depardieu dans les travées. Ni de François Fillon, pourtant très porté sur les rendez-vous dominicaux religieux. Mais rassurez-vous, leur tour viendra, au moment où il ne leur restera que ce genre d’événement pour exister. La vie est ainsi faite : les stars d’aujourd’hui deviendront les oubliés de demain. 

mardi 8 novembre 2016

De choses et d'autres : Les nouveaux Russes


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Si dans un jeu télévisé l’animateur demande « Citez-moi deux acteurs russes », le candidat peut répondre avec la certitude d’empocher la cagnotte « Gérard Depardieu et Steven Seagal ! » Notre Gégé national (qui l’est donc de moins en moins) vient d’être rejoint dans le grand mercato des comédiens sur le retour par l’inénarrable Steven Seagal. Dans le cinéma d’action, tendance castagne et karaté, il y a un maître, Bruce Lee, un sous-fifre, Chuck Norris, et le pathétique Steven Seagal.
A 64 ans, il continue à tourner dans des films d’action comme s’il en avait 30. Son jeu est aussi expressif que celui de son totem en aïkido : la tortue. Comme Depardieu, ses multiples casquettes d’acteur, scénariste, producteur et réalisateur le poussent à chercher des cieux fiscaux plus cléments. Au début de l’année il est devenu citoyen serbe et la semaine dernière c’est Poutine en personne qui a signé un décret lui accordant la nationalité russe.
J’attends avec impatience le prochain film, russe cela va de soi, mettant en vedette ces deux stars mondiales. Depardieu, mangeant, buvant et gueulant en insultant la planète entière face à Steven Seagal, force de la nature, ascète, bouddhiste et si calme juste avant de démonter les 15 adversaires qui osent s’attaquer à lui. Je sens le concept à creuser, le duo d’anthologie et une idée à proposer à des réalisateurs ou producteurs en mal de ristourne sur leur feuille d’impôts. 

jeudi 27 octobre 2016

DVD et blu-ray : Magouilles d'est en ouest

Référence absolue en matière de roman d’espionnage tendance « guerre froide », John Le Carré, à 80 ans passés, n’a pas déposé les armes. Il signe toujours des romans ancrés dans leur époque et n’hésite pas à en superviser leur adaptation sur grand écran. «Un traitre à son goût» paru en 2011, devient «Un traitre idéal» en 2016 au cinéma dans une réalisation de Susanna White.

Sa sortie en DVD permet de retrouver toute la force des intrigues imaginées par John Le Carré. Il n’est plus question cette fois d’espionnage entre états mais de magouilles financières entre les garants de la démocratie anglaise et les nouveaux maîtres du Kremlin entièrement dévoués à la mafia russe. Tout débute par des vacances au Maroc. Un couple d’Anglais Perry et Gail (Ewan McGrégor et Naomie Harris) croisent la route de Dima (Stellan Skarsgård), riche Russe exubérant. Dima se confie à Perry. Il cherche à sauver sa famille des griffes de la mafia. Il détient des documents qui pourraient compromettre certains haut responsables anglais. Il veut les vendre au contre-espionnage britannique contre l’immunité des siens. Gail va servir de messager. Un rôle difficile à tenir pour cet universitaire, plus habitué à l’analyse des textes de Shakespeare qu’aux blanchiment de l’argent sale. Sa femme, avocate, va entrer dans la danse et l’aider. Une opération internationale sous la houlette d’un agent aux méthodes peu orthodoxes : Hector interprété par Damian Lewis.
Parfois un peu lent et compliqué, ce film vaut surtout pour les numéros d’acteurs particulièrement convaincants. On placera en tête la performance de Stellan Skarsgård, acteur suédois fidèle de Lars Von Trier, apportant folie et humanisme à un Russe lassé d’une vie trop violente et en quête d’un peu de tranquillité. 
➤ « Un traitre idéal », Studiocanal, 19,99 €

dimanche 9 octobre 2016

BD : Vie et mort d'Anna Politkovskaïa


Le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa, journaliste dissidente russe, est abattue devant chez elle. Le jour même de l'anniversaire de Vladimir Poutine, son pire ennemi. La biographie dessinée de cette infatigable protectrice des Droits de l'Homme sort en France pour les dix ans de cette sinistre date. Écrit par Francesco Matteuzzi et dessiné par Elisabetta Benfatto, cet album en noir et blanc raconte les dernières années de la reporter, rendue célèbre après ses articles pour dénoncer les exactions de l'armée russe lors de la première guerre de Tchétchénie. Une femme pleine de doute, qui semblait savoir qu'un jour, elle rejoindrait ces témoins qui ont accepté de lui confier des informations. La BD est complétée par des témoignages et un entretien avec des journalistes italiens ayant connu personnellement Ana Politkovskaïa.
« Anna Politkovskaïa, journaliste dissidente », Steinkis, 16 €


mardi 20 septembre 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Vote à la russe

russie, élections, fraude, poutine
Élections législatives en Russie ce week-end. Les premiers sondages donnaient seulement 44 % au parti de Vladimir Poutine. Mais une fois le dépouillement terminé, Russie unie explose tous les pronostics avec plus de 54 % des votes et une majorité écrasante à la Douma.
Pour une fois, les instituts de sondage n'ont pas tout faux. Le score du parti au pouvoir est très certainement faussé par quelques petites fraudes de-ci de-là. Enfin, le qualificatif de "petites" pour désigner ces exactions paraît faible. Des activistes russes ont judicieusement placé des webcams dans certains bureaux de vote. Les vidéos diffusées depuis s'avèrent édifiantes. La fraude est massive et jamais l'expression "bourrage d'urnes" n'aura été autant justifiée. À côté, les chaussettes de Perpignan restent pets de lapins.
Plus étonnante, l'identité des fraudeurs. Des dames tout ce qu'il y a de plus sérieuses et propres sur elles, chargées de superviser le scrutin. Sur l'une des vidéos, on aperçoit la fraudeuse enfourner des dizaines de bulletins de vote, cachée des regards par trois autres employés. Sur une autre, la fraudeuse saisit une liasse de bulletins, puis la cache quand un électeur arrive. Dès qu'il a tourné le dos, elle reprend les bulletins et les glisse dans l'urne en quelques secondes, toujours à l'abri des regards grâce un complice interposé. Malgré ce déluge de preuves le résultat des élections a peu de chance d'être remis en cause. Simplement, le pouvoir russe aura intérêt à mieux "protéger" les bureaux de vote en 2018 pour la présidentielle et la réélection inéluctable de Poutine à son 4e mandat.

samedi 18 juin 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les immondes du foot

Je n'ai rien contre le football en soi. Mais plus le temps passe, plus je constate que seul le ballon est exempt de reproches. Chaque jour de l'Euro apporte son lot de déconvenues. Bagarres entre supporters, gestes équivoques de joueurs : les scandales s'accumulent au contraire des beaux gestes. Ne revenons pas sur le supposé bras d'honneur de Pogba, accordons lui le bénéfice du doute même si les images exhumées par la télé belge ne laissent que peu d'équivoque sur l'intention première.
Non, la plaie du football, ce sont les supporters. Ces hordes ne respectent plus aucune limite dès lors qu'elles se rassemblent en bande. Dernier exemple en début de semaine à Lille. Des dizaines de fans de l'équipe anglaise, attablés aux terrasses des cafés, ingurgitent des bières en quantité astronomique. Arrivent trois enfants roms mendiant quelques sous. La scène, filmée par des touristes, est édifiante. Immonde aussi. Les supporters jettent des piécettes dans la rue et rient en encourageant les enfants à se battre pour les ramasser. D'autres poussent un petit Rom de 7 ans à boire une bière contre quelques euros.
Mais qui sont ces monstres qui s'amusent à humilier des gamins ? On en espérerait presque que des hooligans russes débarquent par surprise et leur inculquent un peu de gentillesse à grands coups de pied dans le fondement. Bien que ces mêmes Russes, une fois torse nu, dévoilent leur vrai visage en arborant des tatouages de croix gammées.
Non, décidément, pour l'instant, il y a quelque chose de pourri dans le royaume de l'Euro.

samedi 14 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'Eurovision des bizarreries

amir, eurovision, australie, russie, suède
Ce soir, c'est Eurovision (que j'adore, comme vous le savez). Chaque année, des millions de personnes regardent le concours et en France on croira à la victoire tout au long de la soirée, jusqu'au moment fatidique des votes. Selon les spécialistes (oui il existe des spécialistes de ce genre de compétition), Amir, le représentant français, a de fortes chances de l'emporter. Ou du moins de monter sur le podium. Enfin il ne pointera pas dernier... si l'on en croit les bookmakers anglais.
Histoire de ne pas terminer dans les abysses du classement, les sélectionneurs nationaux ont même accepté l'inacceptable : le refrain de la chanson est en anglais.

Bizarre quand on sait que la représentante autrichienne, Zoë Straub, âgée de 19 ans, interprétera "Loin d'ici", un titre aux accents pop et aux paroles bon enfant entièrement dans la langue de Molière.
Autre étrangeté, la favorite de la compétition, d'origine coréenne, chante pour l'Australie. L'île continent se situe pourtant aux antipodes du Vieux monde. Simplement les organisateurs ont accordé une dérogation à ce pays qui, paraît-il, adore le concours. Encore plus bizarre, le métier du candidat russe : quand il ne vocalise pas, il gère une pâtisserie en ligne pour chiens.
Par contre on n'aura pas droit au chanteur bélarus nu avec des loups. Non seulement on lui a interdit cette chorégraphie, mais en plus il a été éliminé en demi-finale. De même la chanteuse moldave et son accompagnateur robot ne seront pas invités à la finale de ce soir.
Bizarre, mais pas trop.

lundi 18 août 2014

BD - Les amazones de Bassaïev




La Russie, sur le point de s'engager dans un conflit dur avec l'Ukraine, a déjà lourdement payé son tribut aux guerres d'indépendance de l'ancien empire soviétique. Aurélien Ducoudray, le scénariste de cette nouvelle série historique dessinée par Anlor (Les innocents coupables), s'est inspiré d'articles de presse sur les mères courage, parties en Tchétchénie tenter de retrouver leurs fils, soldats russes capturés par les troupes de Bassaïev. C'est donc l'histoire d'une maman, sans nouvelle de se son tendre et cher Volodia. Elle part en bus vers Grozny pour négocier directement avec le chef tchétchène
En chemin, elle se fait dérober toutes ses affaires et rapidement se retrouve plongée dans le conflit, sous les bombes russes. Sauvée par un jeune Tchétchène, elle rencontre une des amazones de Bassaïev, de jeunes femmes, tireurs d'élite, cachées dans les forêts, véritables cauchemar des troupes d'occupation russes. Ce sont des femmes qui mènent ce récit, les hommes étant soit absents (Volodia), soit monstrueux comme le sinistre Bassaïev. Un album d'une grande force, décrivant sans complaisance la guerre et ses horreurs.

« Amère Russie » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

lundi 2 juin 2014

DVD - Le difficile métier de mère passé à la moulinette par Valérie Lemercier

Valérie Lemercier en mère incompétente dans « 100% cachemire ».

Executive woman habituée à donner des ordres, Aleksandra (Valérie Lemercier) a tout pour être heureuse. Cette Parisienne, directrice d'un grand magazine féminin, en plus d'un bel appartement dans le 7e arrondissement a un mari directeur de galerie (Gilles Lellouche) et un amant romancier à succès (Bruno Podalydès). Seul problème : elle n'a pas d'enfant. Ce n'est pas un choix. Bien au contraire. Mais après trois fausses couches et un traitement éprouvant, elle n'en peut plus et décide d'adopter. Habituée à la rapidité de décision dans le cadre de son boulot, elle brûle les étapes et en échange d'une grosse enveloppe, se voit confier après quelques semaines d'attente un gamin russe de 7 ans (Samatin Pendev).

La comédie de Valérie Lemercier n'en est pas véritablement une. Ce qui explique en partie le sentiment étrange du spectateur en visionnant ce film. A côté de très bonnes trouvailles et scènes jubilatoires (l'arrivée des enfants à l'aéroport, les réunions de famille chez le mari, les disputes avec le co-propriétaire réactionnaire) on n'arrive pas à savoir exactement si cette « mère » est une femme à fleur de peau ou une ordure sans cœur. La fin donne la réponse, mais cela semble un peu contre-nature, trop mis en évidence au surligneur fluorescent.
Si l'on met de côté cet aspect indécis de « 100 % cachemire », on passe un bon moment, avec des personnages marquants comme ce gamin, petit dur au regard de tueur mais qui ne se nourrit qu'avec du lait ou la belle-mère (Nanou Garcia) maman possessive et tyrannique,exceptionnelle dans l'outrance. Gilles Lellouche a encore le meilleur rôle. Le plus crédible dans le costume de l'homme pressé qui se découvre un instinct paternel. Même si lui aussi n'est pas épargné par un scénario trop dense par moment.
Cette édition en DVD et Blu-ray bénéficie d'une version inédite du film. Valérie Lemercier, après la sortie en salles qui n'a convaincu que peu de spectateurs, a passé quelques nuits pour retrouver l'esprit original du scénario. Elle trouve son film plus équilibré et s'en explique dans les bonus qui comptent également trois scènes coupées et un bêtisier d'anthologie avec une succession de fous rires perturbant la scène du surimi.

Wild Side, 19,99 €

mercredi 26 février 2014

Cinéma - Au plus près des ours

En réalisant Terres des ours en 3D, Guillaume Vincent permet aux spectateurs de s'immerger dans cette région sauvage du Kamtchatka.

La Russie, encore plus que les USA, s'étend sur des milliers de kilomètres. Si on désigne Moscou comme une capitale de l'Est, en fait, la ville est placée à l'Ouest du pays. L'Est, c'est la Sibérie et encore plus au bout du continent, la péninsule du Kamtchatka, la terre des ours. Quasiment aussi grand que la France, ce territoire qui est baigné par les eaux glacées du Pacifique Nord, est une immense réserve naturelle. Faune et flore y sont protégées. C'est donc une chance de pouvoir admirer ces paysages tourmentés sublimés par la caméra en 3D de Guillaume Vincent. Le réalisateur de film animaliers est ses différentes équipes techniques ont passé une année dans des conditions extrêmes pour raconter la vie des seigneurs des lieux : les ours bruns. Ils sont encore plusieurs milliers à vivre dans ces vastes étendues.



Durant huit mois de l'année, ils hibernent dans leur tanière. Ce sont les premières images du film. Dehors la neige et le vent glacé empêche toute vie. Sous terre une mère dort profondément. Seul son petit s'agite, réveillé un peu trop tôt. Il cherche à sortir, ne se doutant pas des dangers qui le guettent. Racontée par Marion Cotillard, voix off de luxe, l'histoire de ces ours est classique. Pas de scénario alambiqué ni de mise en scène. Les ours n'ont pas de nom. Ils sont un parmi d'autres. Sorti un peu tôt, poussé par la faim, un jeune mâle va rejoindre la vallée des geysers, un micro climat où il sait qu'il trouvera à manger même en plein hiver. Il se contentera au début de jeunes pousses d'herbes. Etonnante image de ce monstre de griffes et de muscles, broutant comme une vache.
Quand tous vont sortir avec l'arrivée des beaux jours, ce sera un feu d'artifice d'images marquantes. Un vieux mâle se baigne dans un torrent et frotte sa fourrure à un arbre comme pour mieux profiter de cette nature généreuse. Une mère, tout en surveillant ses deux petits, joueurs et insouciants, va prendre la direction des rivières, là où la nourriture sera abondante. Car les ours n'attendent qu'une chose : l'arrivée des saumons pour le banquet annuel. Le film explique très pédagogiquement cette interdépendance entre les poissons venus du Pacifique et les ours. Des milliers de saumons vont remonter les rivières pour aller frayer là où ils sont né, cinq ans plus tôt. Les ours, au passage, pêchent les poissons et de goinfrent. Il y va de leur survie. Sans cette graisse accumulée en quelques semaines, ils ne pourraient passer les huit mois d'hibernation.
Spectacle grandiose, renforcé par les images en 3D, cette Terre des ours est un sanctuaire à protéger. Mais grâce au film de Guillaume Vincent, il ne sera plus ignoré du plus grand nombre.
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Un livre pour prolonger le voyage

Le film de Guillaume Vincent, fruit d'une année de travail, se décline aussi sous forme d'un beau livre paru chez Arthaud (24,90 €). La première partie, signée Yves Paccalet, le scénariste, est consacrée au Kamtchatka et aux ours bruns. Un texte entre poésie et pédagogie, illustrée de photos tirées du film. La seconde partie est l'œuvre de Guillaume Vincent. Il y raconte le making of du tournage. En montagne sous la neige, sous l'eau pour capter l'arrivée des saumons, au bord du lac Kourile entouré de centaines d'ours nerveux se disputant les saumons : il révèle nombre de secrets, comme pour mieux rendre hommage à son équipe technique mise à rude épreuve. Un dernier chapitre intitulé « La technique au service de la poésie » en est le meilleur exemple.



jeudi 30 janvier 2014

BD - Expérience temporelle dans la Station 16 de Hermann et Yves H.


L'île de Zemble, entre Russie et pôle Nord, est un territoire désert et gelé. Les Soviétiques ont longtemps utilisé ce bout de terre immense comme site pour leurs essais atomiques. C'est là que le 30 octobre 1961 a explosé la Tsar Bomba, la plus puissante jamais conçue, d'une puissance équivalente à 1400 Hiroshima. La BD écrite par Yves H pour son père Hermann débute en 1997. Les sites sont désertés. Il ne reste que quelques soldats pour surveiller les déambulations des ours polaires. Quand ils reçoivent un appel à l'aide d'une station météo désaffectée, ils s'y rendent en hélicoptère. Ils vont alors être pris dans une faille spatio-temporelle causée par les expérimentations nucléaires. 
Il y a un petit air de « Lost » (3e saison) dans cette histoire complète. Hermann y manie les couleurs avec virtuosité, notamment quand il s'agit de peindre toutes les nuances de la neige.

« Station 16 », Le Lombard, 14,45 €