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dimanche 15 décembre 2024

Cinéma - "Leurs enfants après eux", l’histoire ordinaire d’un amour impossible

“Leurs enfants après eux”, film des frères Boukherma, raconte l’amour destructeur de deux adolescents dans la France des années 90.

Tiré du roman de Nicolas Mathieu, prix Goncourt en 2018, ce film, sans doute un poil trop long, restera dans les mémoires pour quelques scènes d’une formidable virtuosité. Celle de la piscine, de la moto en feu ou du slow durant le bal du 14 juillet 1998 sur la chanson iconique de Francis Cabrel, Un samedi soir sur terre où il parle d’une « histoire d’enfant, une histoire ordinaire ». C’est le résumé très succinct de Leurs enfants après eux, nouveau film des toujours inattendus frères Boukherma.

Après avoir tâté de l’horreur pure avec Teddy (entièrement tourné en Vallespir dans les Pyrénées-Orientales et sorti en 2020), puis de la comédie sanguinolente avec L’année du requin, ils osent la grande saga familiale romantique et sociale.

Est de la France, dans ce bassin sidérurgique sinistré après la fermeture de toutes les aciéries, Anthony (Paul Kircher), 14 ans au début des années 90, s’ennuie comme un rat mort. Le grand ado, aux cheveux longs et rebelles, un peu lunaire et rêveur, sous un blouson de cuir, cache un romantique à la recherche du premier amour. Il est persuadé de le croiser au bord d’un lac.

Steph (Angelina Woreth) bronze avec une amie. Elles invitent Anthony et son cousin à une soirée. Pour s’y rendre, ils empruntent la moto du père, Patrick (Gilles Lellouche). Au petit matin, en plus d’avoir été repoussé par la jeune fille, Anthony découvre que la moto a été volée. Sa vie va alors basculer vers la violence et la vengeance.

Radiographie rigoureuse d’un milieu social gangrené par la crise, le film conserve une grâce innée en suivant la relation, compliquée mais si belle, entre Anthony et Steph. En contrepoint, on retrouve la montée du racisme, la délinquance (Raphaël Quenard au top dans un petit rôle de fou furieux cultissime) et la parenthèse enchantée de 1998 et de l’épopée de l’équipe de France Black blanc beur.

Côté distribution, les jeunes comédiens sont touchants de sincérité, alors que Ludivine Sagnier et Gilles Lellouche apportent plus de complexité en interprétant ces parents dépassés par les événements mais prêts à toutes les compromissions pour aider leur fils unique. Notamment le père, alcoolique, violent, colérique, incapable de trouver les bons mots pour expliquer combien il aime sa famille. Gilles Lellouche propose une prestation haut de gamme qui ne peut laisser personne de marbre.

Film de Ludovic et Zoran Boukherma avec Paul Kircher, Angelina Woreth, Sayyid El Alami, Gilles Lellouche, Ludivine Sagnier

 

mercredi 8 mars 2023

Cinéma - "Je verrai toujours vos visages" ou quand la justice aide à réparer les âmes


Extraordinaire film témoignage sur la justice restaurative. Un casting prestigieux au service d’une démarche qui redonne foi en l’Humanité.

Film choral maîtrisé de bout en bout, Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry fait partie de ces œuvres qui, en plus de bouleverser le spectateur sur le moment, va longtemps rester présent dans sa mémoire, comme une étincelle de vie et d’espoir indestructible qui redonne foi en l’avenir face aux errements de notre époque.

Pourtant le sujet n’est pas des plus folichon. La justice restaurative propose à des victimes de dialoguer dans des conditions sécurisées avec des auteurs d’infraction en train de purger leur peine de prison. Des rencontres au long cours, préparées en amont par des encadrants, souvent des bénévoles.

Le film de Jeanne Herry suit deux dossiers. Le premier, classique, permet à trois victimes (Miou-Miou, Gilles Lellouche et Leïla Bekhti) de demander des explications à trois agresseurs (Birane Ba, Fred Testot et Dali Benssalah) qui eux tentent de prendre conscience des dégâts causés par leur violence. Des face-à-face longuement préparés et encadrés par Fanny et Michel (Suliane Brahim et Jean-Pierre Darroussin).

Du chef d’entreprise cambriolé et saucissonné chez lui à la caissière de supermarché menacée durant un braquage ou du toxico prêt à tout pour se payer sa dose au jeune de banlieue persuadé que la manière forte permet d’avoir réponse à tout, l’incompréhension, au début, est totale. On subit d’ailleurs des silences pesants ou des colères homériques. Avec cependant toujours présente cette volonté d’écouter l’autre.

Ces scènes, de témoignages puis de confrontations, sont d’une incroyable force. On se croirait dans un documentaire. Les comédiens gomment complètement leurs tics ou artifices du métier pour jouer une partition d’une exceptionnelle justesse et vérité. Avec au final une ultime rencontre qui explique toute la finalité et surtout l’utilité de ces démarches.

L’autre dossier du film concerne Chloé (Adèle Exarchopoulos). Elle veut mettre les choses au point quand elle apprend que son demi-frère, qui l’a agressée sexuellement quand elle était enfant, est sorti de prison et vit de nouveau dans la même ville qu’elle. Judith (Élodie Bouchez), de la justice restaurative, va jouer les intermédiaires pour leur permettre de trouver un terrain d’entente.

Là aussi, la scène finale, la rencontre entre la victime et son bourreau, ne peut laisser personne indifférent. Un très grand film qui devrait faire date dans le cinéma français de qualité.


Film français de Jeanne Herry avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti, Jean-Pierre Darroussin, Suliane Brahim, Miou-Miou, Gilles Lellouche, Élodie Bouchez, Fred Testot, Birane Ba
 

mercredi 27 février 2019

Cinéma - La banlieue de "Jusqu'ici tout va bien, une mine de talents


Peut-on rire de la fraude fiscale ? Et du chômage en banlieue ? A priori, ces deux sujets ne sont pas les plus porteurs pour engendrer détente et amusement. Sauf s’ils sont passés à la moulinette de Mohamed Hamidi, cinéaste du 93, passé par le Bondy Blog et nourri à l’humour de Jamel Debbouze.

Celui qui a ému la France entière avec le propriétaire d’une vache, traversant la France pour aller concourir au salon de l’Agriculture, parvient cette fois à donner une autre image de la banlieue mais également des petits patrons. Dans cette dernière catégorie on trouve Fred (Gilles Lellouche). Il est à la tête d’une société de communication. Son équipe, une dizaine de personnes, se croit à l’abri dans les beaux locaux d’Happy Few au cœur de Paris. 

Mais quand les contrôleurs du fisc débarquent et épluchent les comptes, ils découvrent la petite arnaque de Fred. Une partie de sa société est domiciliée dans une zone franche du 93. L’amende sera salée. À moins que la boîte de Fred déménage véritablement à La Courneuve. Et emploie, comme stipulé dans les textes permettant une exonération d’impôts, 20 % de locaux. 

Dès que le film passe le périphérique, la comédie explose. Fred, pour tenter de se mettre en règle, va demander des conseils à Samy (Malik Bentalha). Problème, ce dernier est un sacré bras cassé. 

Hilarant Mohamed Benthala 

Un rôle écrit sur mesure par Mohamed Hamidi qui voit dans le jeune humoriste originaire de Bagnols-sur-Cèze dans le Gard, « un Pierre Richard de la banlieue ».  Face au bulldozer Fred, Samy est prudent. Il sait que rien n’est facile dans le coin. Il participera pourtant aux recrutements des cinq nouveaux employés de Happy Few. Il y aura son meilleur ami (toujours prêt à se battre), mais aussi Mariana, bac + 5, pour l’instant à mi-temps chez MacDo.

C’est la grande leçon du film. La banlieue regorge de talents. Il faut simplement leur faire confiance, accepter de leur donner une première chance. Fred, un peu sclérosé par sa routine de petit patron, va y trouver un regain d’énergie et d’ambition. Il signe un gros contrat. Reste maintenant à tenir les engagements, ce qui le conduit à organiser la grande trouvaille de Jusqu’ici tout va bien : un casse à l’envers dans les grands magasins parisiens. 

Ingénieux,  joyeux et résolument positif, le film de Mohamed Hamidi s’impose par son optimisme servi par des acteurs au diapason dont un Gilles Lellouche à qui tout réussi.

Film français de Mohamed Hamidi avec Gilles Lellouche, Malik Bentalha, Sabrina Ouazani 

lundi 2 juin 2014

DVD - Le difficile métier de mère passé à la moulinette par Valérie Lemercier

Valérie Lemercier en mère incompétente dans « 100% cachemire ».

Executive woman habituée à donner des ordres, Aleksandra (Valérie Lemercier) a tout pour être heureuse. Cette Parisienne, directrice d'un grand magazine féminin, en plus d'un bel appartement dans le 7e arrondissement a un mari directeur de galerie (Gilles Lellouche) et un amant romancier à succès (Bruno Podalydès). Seul problème : elle n'a pas d'enfant. Ce n'est pas un choix. Bien au contraire. Mais après trois fausses couches et un traitement éprouvant, elle n'en peut plus et décide d'adopter. Habituée à la rapidité de décision dans le cadre de son boulot, elle brûle les étapes et en échange d'une grosse enveloppe, se voit confier après quelques semaines d'attente un gamin russe de 7 ans (Samatin Pendev).

La comédie de Valérie Lemercier n'en est pas véritablement une. Ce qui explique en partie le sentiment étrange du spectateur en visionnant ce film. A côté de très bonnes trouvailles et scènes jubilatoires (l'arrivée des enfants à l'aéroport, les réunions de famille chez le mari, les disputes avec le co-propriétaire réactionnaire) on n'arrive pas à savoir exactement si cette « mère » est une femme à fleur de peau ou une ordure sans cœur. La fin donne la réponse, mais cela semble un peu contre-nature, trop mis en évidence au surligneur fluorescent.
Si l'on met de côté cet aspect indécis de « 100 % cachemire », on passe un bon moment, avec des personnages marquants comme ce gamin, petit dur au regard de tueur mais qui ne se nourrit qu'avec du lait ou la belle-mère (Nanou Garcia) maman possessive et tyrannique,exceptionnelle dans l'outrance. Gilles Lellouche a encore le meilleur rôle. Le plus crédible dans le costume de l'homme pressé qui se découvre un instinct paternel. Même si lui aussi n'est pas épargné par un scénario trop dense par moment.
Cette édition en DVD et Blu-ray bénéficie d'une version inédite du film. Valérie Lemercier, après la sortie en salles qui n'a convaincu que peu de spectateurs, a passé quelques nuits pour retrouver l'esprit original du scénario. Elle trouve son film plus équilibré et s'en explique dans les bonus qui comptent également trois scènes coupées et un bêtisier d'anthologie avec une succession de fous rires perturbant la scène du surimi.

Wild Side, 19,99 €