dimanche 30 septembre 2012

BD : Zizi a une chauve-souris et deux papas, Trondheim et Bianco

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Un jour de tempête, Zizi, petite fille à la tignasse rousse en bataille, se retrouve avec une chauve-souris accrochée aux cheveux. Loin d'avoir peur, elle va cohabiter avec cette bestiole bavarde durant 48 pages soit un peu plus de 130 strips. Écrites par Lewis Trondheim, dessinées par Guillaume Bianco, ces histoires oscillent entre magie de l'enfance, fantastique merveilleux et critique de la société contemporaine. Vous passez allègrement de la chasse au Gobeur d'yeux d'enfants (monstre redoutable) à celle du prétendant de la maman de Zizi, mère célibataire en mal d'amour en passant par des cours de Yan Chi, art martial suprême enseigné par une mamie de 75 ans. Zizi pose beaucoup de questions, mais il ne faut pas compter pour la chauve-souris pour les réponses. Cette BD allie délire et poésie.
« Zizi chauve-souris » (tome 1), Dupuis, 14,50 €

Chronique : succès confirmé pour le Festiblog

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La BD bouge encore. Pour preuve le succès du Festiblog dont c'est la 8e édition ce week-end à Paris (cour de la mairie du 3e arrondissement). L'idée de ce festival est à mettre à l'actif de Yannick Lejeune. Il constate l'incroyable vitalité des blogs BD, propose aux plus célèbres de participer à une séance de dédicace en pleine rue. Quelques tentes, des auteurs en devenir n'ayant pour la plupart encore rien publié : le pari était risqué. Mais les milliers de visites virtuelles se transforment en milliers de visiteurs, en chair et en os.
Depuis, les pionniers sont devenus des valeurs sûres de la BD. Boulet explose les ventes avec ses « Notes », Laurel enchaîne les projets, Pénélope Bagieu vend des milliers de « Joséphine », Margaux Motin est incontournable dans les magazines féminins. Ces stars ne dédicacent pas au Festiblog de ce week-end. Place aux jeunes : dans le numérique, une génération ne dépasse pas 5 ans... Le festival s'est étoffé. Les partenaires se bousculent car le public est au rendez-vous.
Mais comme partout, les réussites font office d'arbre qui cache la forêt. La simplicité de mise en œuvre d'un blog BD ne garantit pas la qualité. Et Bastien Vivès, le premier, a osé une BD critique sur le phénomène. « La Blogosphère » chez Delcourt se moque de ces gribouilleurs tentés de reproduire les recettes des plus originaux. Une sorte de consécration pour un phénomène de mode de plus en plus concurrencé par les réseaux sociaux.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

samedi 29 septembre 2012

Les AFOL, adultes fans de Lego®, ont leur bible


AFOL comme « Adult fan of Lego® ». Ils sont de plus en nombreux dans le monde ces hommes et ces femmes incapables de délaisser les petites briques colorées de leur enfance. Totalement accros à ces jouets, ils bâtissent de véritables chefs-d’œuvre avec les milliers de pièces accumulées dans leur jeunesse. Et se retrouvent sur le net ou dans des clubs.
Ces passionnés disposent désormais d'une « bible », un superbe ouvrage sorti en librairie ce jeudi. «Culture Lego® », aux éditions Muttpop (29,90 €) propose sur 300 pages l'analyse de ce phénomène. De la création de l'entreprise au Danemark aux usages robotiques, le tour d'horizon est large et exhaustif. Vous aurez même droit aux premiers plans de la brique, ses dimensions et son secret pour permettre de s'emboîter aisément. Le chapitre des records est impressionnant. La tour la plus haute culmine à 31 mètres et la statue de Sitting Bull est la plus grande : 7,6 mètres de haut et 1,5 million de briques. Le succès de Lego® est dû aussi à son côté indémodable et évolutif. Et le jeu est passé dans la culture populaire. Il est la vedette de bandes dessinées, de films d'animation, permet de recréer des tableaux de maîtres ou des scènes de films cultes.
Sur Internet, les groupes de discussion se multiplient, des logiciels facilitent la construction. Des robots en Lego® fonctionnent, il existe même une imprimante 3D (voir vidéo ci-dessous). Ce beau livre, richement illustré, vous donnera l'envie de replonger dans votre caisse de briques ou sera le cadeau parfait pour l'AFOL qui s'ignore.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi.

vendredi 28 septembre 2012

Roman : l'amour vagabond par Robert Goolrick

Formidable roman d'amour et tragédie tout à la fois, « Arrive un vagabond » de Robert Goolrick confirme le génie d'un auteur essentiel.

arrive un vagabond, Robert Goolrick, Virginie, anne carrièreBrownsburg, Virginie. Une petite ville américaine tranquille. Charlie Beale débarque en plein été 1948 au volant de son pick-up. Il bivouaque durant près d'une semaine sur un terrain ombragé au bord d'une rivière. C'est un vagabond. Il erre de ville en ville depuis son retour de la guerre. A la recherche de l'endroit où il pourrait enfin se sentir chez lui. Ces quelques jours passés à la belle étoile sont comme un déclic. Charlie a deux valises avec lui. Une pour ses habits, l'autre remplie de billets. Vagabond mais pas pauvre. Il achète le terrain et décide de rester.
Reste maintenant à se faire accepter par les habitants de la ville. Première étape trouver du boulot. Charlie est boucher, un bon boucher même. Il se rend donc à la seule enseigne de la ville et demande du travail. Il propose de faire un essai gratuitement pour être jugé sur ses compétences. Essai concluant. Charlie, en quelques semaines, passe de vagabond à ouvrier émérite, agréable avec la clientèle.

L'ami de Sam
Sa bonne humeur, sa gentillesse lui permettent de s'intégrer. D'autant que son plus grand fan est Sam, un garçonnet de 5 ans, le fils du boucher. Sam passe quasiment tout son temps libre avec lui.
La vie semble simple, heureuse, à Brownsburg. Mais Robert Goolrick est un écrivain virtuose pour décrire, petit à petit, par minuscules touches, le côté sombre des choses. Tout en présentant Charlie, il dresse le portrait de la ville, de ses habitants. En façade cela semble être l'harmonie. En réalité le poids de la religion, de la ségrégation raciale et des différences entre riches et pauvres provoquent des tensions. Charlie s'en accommode, achète une petite maison. Mais il reste célibataire malgré les efforts d'entremetteuse de la femme du boucher et les œillades de quelques clientes.
La vie de Charlie prend un tout autre tour quand il croise Sylvan Glass. Dans une ville très conventionnelle, cette blonde semble sortie d'un film hollywoodien. Belle, presque surnaturelle, perdue dans ses pensées, Sylvan est la femme du plus gros propriétaire terrien de la région.

Étincelle du coup de foudre
A la seconde rencontre, ils se serrent la main. « Sylvan se tourna vers Charlie, retira ses lunettes de soleil de sorte que ses yeux verts étincelèrent au soleil, puis elle lui prit la main, sans un mot. Mais à la manière qu'il eut de laisser les doigts suspendus dans l'air un instant, là où ils avaient rencontré ceux de Sylvan, il était évident que quelque chose s'était passé entre eux, une reconnaissance puissante et immédiate. Si l'on avait été en hiver, il y aurait sans doute eu une étincelle d'électricité statique, un signe visible, mais c'était l'été. Il s'était dit quelque chose, et elle était la seule à savoir quoi. » Un coup de foudre. Réciproque. Mais un amour impossible.
Sylvan, encore mineure, a été littéralement achetée par son mari. Fille de fermiers très pauvres, elle s'est engagée à ne jamais fuir le domicile conjugal au moment de la vente. Alors Charlie et Sylvan vont s'éviter. Puis l'attirance trop forte les poussera dans les bras l'un de l'autre. Des rendez-vous secrets, avec cependant un témoin, le petit Sam. L'enfant devient la pierre angulaire de l'histoire, l'élément déclencheur de la tragédie.
Toute la force de ce roman réside dans cette vision de l'histoire par les yeux d'un enfant de 5 ans. Peut-il comprendre l'interdit ? Que ce que fait son meilleur ami est un péché ? Richard Goolrick reprend un de ses thèmes de « Féroces », son premier roman : la parole d'un enfant face aux secrets des adultes. Ce roman est moins dur que le précédent, à l'écriture plus fluide, parfois poétique. Mais au final on ne ressort pas indemne d'un roman de Robert Goolrick, sa plume a le tranchant et la précision d'un scalpel.
Michel LITOUT
« Arrive un vagabond » de Richard Goolrick, Anne Carrière, 21,50 €

jeudi 27 septembre 2012

BD : cow-boys de pacotille, second « Jeu de gamins » de Mickaël Roux

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Trois gamins entre huit et dix ans, de l'imagination à revendre et vous voilà avec la série jeunesse la plus fraîche du moment entre vos mains. « Jeu de gamins » ce sont les aventures, pour de rire, de Max, Théo et Léon. Ils ont comme tous leurs amis des consoles de jeu et une télévision, mais ont aussi le chic pour revivre les aventures de leurs héros favoris. Après les Pirates, Mickaël Roux leur propose de s'amuser comme des cow-boys. Avec pistolets à flèches et chapeaux trop grands, ils vont affronter les Indiens, traverser la plaine sur des chevaux en balais, regrouper leur troupeau de bétail (des escargots) et rechercher la trace d'un grizzli dans ses crottes... C'est plein de poésie, très bien vu et senti. On se retrouve dans ces gamins à l'imagination fertile et sans limite. Et si vous êtes allergique aux BD, sachez qu'une version livre pour enfant vient de sortir. 90 pages richement illustrées par Mickaël et écrites par Alain Roux... son papa.
« Jeu de gamins » (tome 2), Bamboo, 10,60 €

mercredi 26 septembre 2012

Chronique : Facebook, présumé coupable, explication d'un faux-bug

 Ça chauffe pour Facebook. Le méchant mastodonte numérique, victime d'un « énorme bug », publie les messages et discussions privés des années 2007 à 2009 de ses abonnés sur leur mur. L'information a affolé la toile toute la journée de lundi. Du moins ceux qui ont des choses à cacher à leurs « amis ». En clair, maris infidèles, épouses volages et employés critiques envers leurs collègues ou hiérarchie...
Facebook a souvent été cloué au piloris de la confidentialité. Lundi, comme pris d'une frénésie sécuritaire, ils sont nombreux à recommander d'effacer en urgence les historiques. Mais hier, après 24 heures d'un buzz négatif, Facebook dément l'information. Et d'expliquer que ce que l'on croit être des messages privés ne sont que des notifications publiques, de mur à mur. Du temps où les inscrits n'avaient pas compris que ces statuts, adressés à une seule personne, étaient visibles par tous. L'arrivée l'an dernier de la nouvelle version de la timeline a exhumé ces messages oubliés.
Le site du journal Metro, le premier à avoir levé le lièvre, a fait son mea culpa. Mais l'incident risque de laisser des traces. Pour preuve cette discussion (publique) entre deux amis : « Tous nos messages privés, même les plus privés des plus privés, sont stockés en Irlande. Ils pourront toujours resurgir un jour » et l'autre de surenchérir : « C'est aussi pour ça que je détruis mon compte tous les 6 mois, et change de nom à chaque fois. » Paranoïa et réseaux sociaux feront toujours bon ménage.
Chronique "ça bruisse sur le net" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : huis-clos mortel au large de Marseille pour Léo Loden

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Qui a prétendu que la Méditerranée n'était pas une mer mais une simple flaque à côté des océans ? Il ne s'est jamais retrouvé dans une de ces tempêtes d'autant plus redoutables qu'elles sont rares.
Léo Loden, le détective marseillais, en compagnie de son Tonton Loco, est victime de ce coup de mer. Ils s'échouent, en pleine nuit, sur le château d'If planté depuis des siècles sur l'une des trois îles du Frioul. Ils sont secourus par les cadres d'une société pharmaceutique en plein séminaire de remotivation. Eux aussi sont bloqués dans le château et bientôt dans le noir en raison d'une coupure d'électricité. C'est dans ce lieu clos et inhospitalier que Léo et sa perspicacité vont être mis à rude épreuve. Le nouveau repreneur de la société meurt empoisonné. Tous les autres membres du groupe sont suspects. La panique commence à gagner certains, d'autant qu'un deuxième cadavre vient compliquer les choses.
Scénario à la Agatha Christie pour Arleston et Nicoloff. Une excellente intrigue, illustrée par Serge Carrère. Pour les 20 ans de la série, plusieurs expositions sont organisées à Marseille, jusqu'au 6 novembre.
« Léo Loden » (tome 21), Soleil, 10,50 €

mardi 25 septembre 2012

Chronique : réseaux (trop) sociaux

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Une nouvelle fois, le monde du travail pointe les réseaux sociaux dans sa ligne de mire. Une récente étude américaine chiffre la perte pour l'économie, en raison du temps passé sur internet au travail, à la somme astronomique de 650 milliards de dollars. Une infographie synthétise les données et certains chiffres ont de quoi faire bondir les patrons à la recherche d'une meilleure productivité. En moyenne, un employé américain est interrompu dans sa tâche toutes les dix minutes par du courrier électronique ou un réseau social. Encore plus dramatique : une fois le travail arrêté, l'employé met 23 minutes pour le reprendre... Aux USA, on consacre en moyenne 28 % de son activité professionnelle à la lecture d'emails. Facebook aussi est un dévoreur de temps : 405 minutes par mois environ.
Mais pour être honnête, il faut noter que les Français n'ont pas attendu les statistiques américaines pour plomber leur productivité. Pause cigarette, déjeuner qui s'éternise, coups de fil aux amis, papotage à la machine à café : certains sont les rois de la débrouille quand il s'agit de faire semblant de travailler.
Et personne n'est parfait : durant l'écriture de cette chronique (interrompue à trois reprises durant plus de 20 minutes), j'ai reçu 12 emails (dont 11 spams), été une fois sur Facebook, fumé trois cigarettes, répondu 14 fois à mon épouse (oui, elle est très bavarde...), envoyé balader un démarcheur téléphonique et totalement ignoré Twitter sans quoi je n'aurais pas dépassé la seconde phrase.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce mardi.

BD : la Balance à la barre pour la série Zodiaque de Corbeyran

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La série Zodiaque, scénarisée par Corbeyran, arrive à la moitié de l'aventure. Le septième signe, la Balance, se déroule en partie dans le milieu de la justice. Logique, ce signe est par excellence celui de l'équilibre, de la diplomatie. L'histoire de Benjamin Brass, procureur à New York, est dessiné par Ullcer. Un trait réaliste, renforçant le côté implacable de cette BD. Brass obtient de très bons résultats contre le crime organisé. Sa spécialité : convaincre des seconds couteaux de témoigner contre les parrains. Il n'a pas de mal à obtenir leur collaboration. Grâce à son talisman zodiacal et ses talents de sorcier, il les persuade que c'est ce qu'ils doivent faire. Des résultats qui font jaser. Suspecté de collusion avec la dernière famille, il est enlevé et conduit, inconscient, dans une petite ferme en Sicile. C'est là, au cœur de la région d'origine de la mafia qu'il va devoir faire un choix. Un choix d'autant plus difficile pour lui qu'il est de ce satané signe toujours oscillant entre le bien et le mal. Toujours aussi brillant, de plus en plus fantastique, « Zodiaque » par son rythme effréné de parution est une des séries phares de cette année 2012.
« Zodiaque, le jugement de la Balance » (tome 7), Delcourt, 13,95 €

lundi 24 septembre 2012

Chronique : de YOLO à YODO... Petit cours de rap par l'exemple

Sans frontière, le net permet à des expressions de passer d'un continent à l'autre. Connaissez-vous le sens de l'expression YOLO popularisée par les rappeurs américains ? YOLO est l'acronyme de « You Only Live Once » traduisible par « Tu ne vis qu'une fois » .
Hermétique au rap, tant en anglais qu'en français (les supporters de Toulon ne constituent pas une exception...), j'ai découvert YOLO en lisant un article sur « la mort la plus idiote du mois ». Erwin McKinney, rappeur de 21 ans, a tweeté dans la nuit du 3 septembre un message prémonitoire : « Drunk af going 120 drifting corners #FuckIt YOLO ».


En substance, il explique qu'il a bu comme un trou et qu'il roule à 120 miles à l'heure (190 km/h) au volant de sa Nissan Sentra. Pour lui, et les trois amis qui ont pris place dans son bolide, ce doit être le summum du YOLO.
Et ce qui devait arriver arriva : perte de contrôle, crash monumental. RIP Erwin McKinney (et ses trois copains...) Question subsidiaire : l'accident est-il dû à l’alcool, à la vitesse ou à la mauvaise idée de tweeter en conduisant ? Les trois mon colonel, répond le pragmatique.
En fait, Erwin a peut-être simplement fait une faute de frappe. A cause d'une lettre erronée, personne n'a compris que son tweet était l'annonce de son suicide, histoire d'avoir sa minute de gloire à la Andy Warhol. Il a écrit YOLO alors qu'il pensait YODO : « You Only Die Once » soit « on ne meurt qu'une fois »...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

Roman : Jim Harrison lance un flic retraité sur les traces d'un gourou

Un policier à la retraite prolonge sa dernière enquête : mettre hors d'état de nuire le gourou d'une secte. Roman américain typique de Jim Harrison.

grand maître, jim harrison, secte, polar, flammarionUne nouvelle fois, Jim Harrison met la vieillesse au cœur d'un roman. Le personnage principal, l'inspecteur Sunderson, vient de prendre sa retraite. Un flic de 65 ans, tenace et opiniâtre. Pourtant « Grand Maître » n'est pas un polar. Au contraire, Jim Harrison a tenu à préciser que c'était un « faux roman policier ».
Cela commence pourtant un peu comme un de ces textes sur l'Amérique profonde et ses dérives. Un gourou a installé une secte aux abords de Marquette dans le Michigan. Comme c'est le secteur de Sunderson, il prend en grippe ce fameux Grand Maître. Mais au moment de le coffrer pour pédophilie, il parvient à s'enfuir. Sunderson, bien qu'il soit à la retraite depuis quelques jours, décide de le retrouver et de l'arrêter. Il n'est pas complètement dupe et sait parfaitement que cette décision est surtout la conséquence de sa peur de l'inaction.

Mona, le matin
Et avec douceur on entre dans la partie psychologique du roman. C'est du Jim Harrison. C'est donc un peu égrillard. On découvre le petit plaisir de Sunderson du matin. Plaisir et culpabilité. La fenêtre de son salon donne directement sur la chambre de sa jeune voisine, Mona, 16 ans. Le matin, en petite culotte, elle fait ses exercices de yoga. Sunderson n'en perd pas une miette. Et se le reproche, encore et encore. « La sexualité ressemblait parfois à un sac à dos bourré de bouse de vache qu'on devait trimbaler toute la journée, surtout pour un senior qui s'accrochait désespérément à ses pulsions déclinantes. » Mona, parfaitement au courant de son petit manège, ne lui en veut pas. Au contraire, elle prend elle aussi beaucoup de plaisir. Normal, l'adolescente est quasiment seule chez elle (mère représentante de commerce) et Sunderson fait un peu office de père de substitution.
Grâce à Mona et sa science de l'informatique (du piratage informatique exactement...) il retrouve la trace du gourou au Nevada. Il décide sur un coup de tête de plaquer le climat rude du Michigan pour la canicule du désert. Cela tombe bien, sa mère s'y est installée pour passer une retraite au chaud. Il retrouve la nouvelle base de la secte. Mais n'est pas très bien accueilli. Caillassé, laissé pour mort, il est sauvé in extremis. Ce n'est que partie remise. Sunderson est vraiment tenace.

Le chant des oiseaux
Durant sa convalescence, il campe plusieurs fois au cœur du désert. C'est une autre constante des romans de Jim Harrison : un rapport quasi charnel avec les éléments. Ainsi, ce réveil au petit matin : « Une profusion de chants d'oiseaux faisait vibrer l'air liquide de l'aube et il eut l'illusion de pouvoir comprendre ce dont ces oiseaux parlaient à travers leurs chants. Les paroles, d'une grande banalité, évoquaient la nourriture, le foyer, les arbres, l'eau, le guet des corbeaux ou des faucons. Il n'y avait là rien d'extraordinaire, et il continua de comprendre les oiseaux jusqu'à ce qu'il tisonne les braises et prépare son café. » D'autres descriptions, tout aussi poétiques, racontent la neige et le blizzard sur les rives du Lac Supérieur.
Alors c'est vrai qu'on est loin du roman policier pur et dur. Certes l'enquête reste en fil rouge mais, à choisir, les rapports compliqués entre Sunderson, son ex-femme et Mona sont beaucoup plus passionnants que cette chasse au gourou.
Michel LITOUT
« Grand Maître » de Jim Harrison, Flammarion, 21 € (vient de paraître également un recueil de poèmes inédits, « Une heure de jour en moins », Flammarion, 19 €)



dimanche 23 septembre 2012

Chronique : Sexe et droit du travail envahissent internet

Le droit du travail fait une percée remarquée sur internet. Plusieurs avocats spécialisés ont ouvert des blogs pour donner des conseils et étudier des cas précis. Initiatives louables, mais en parcourant les différents sites on est interpellé par le nombre important d'affaires liées au sexe. Une façon comme une autre d'augmenter son audience via les moteurs de recherche. Sur le blog de Me Eric Rocheblave, ne manquez pas cette histoire incroyable. Un salarié est licencié pour faute grave au retour d'une mission en Thaïlande. Sur ses notes de frais, il a tenté de se faire rembourser ses achats de préservatifs, vaseline et même le prix des prostituées.
Autre blog, celui de Me Yves Nicol, mais même tonalité. Une note explique que « Exhiber son sexe est une faute grave ». Un salarié, pressé d'aller au petit coin, a sorti son sexe quelques mètres avant l'urinoir. Problème, une femme de ménage était dans les toilettes pour le nettoyage... Au Brésil, cette fois, c'est l'employé qui a fait condamner son patron. Au cours d'un séminaire de remotivation, il a dû regarder des films pornographiques et passer une soirée avec des prostituées. Harcèlement moral ont conclu les juges.
Ne soyons pas trop critiques, sur ces blogs il y a nombre d'informations sérieuses et utiles. Ces cas atypiques (licenciements pour avoir bouché les toilettes, émettre des éructations et des flatulences au travail, tenter d'étrangler un collègue) sont les preuves que, finalement, il y a toujours pire ailleurs... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce samedi.

samedi 22 septembre 2012

BD : Séduisantes voleuses dans la "Grande odalisque" de Vivès, Ruppert et Mulot

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Trois auteurs, trois héroïnes. « La grande odalisque », grand récit d'aventure paru dans la prestigieuse collection Aire Libre de chez Dupuis marque la première collaboration de trois jeunes pousses de la BD indépendante. Ruppert et Mulot sont des piliers de l'Association, Bastien Vivès a percé avec des récits intimistes. Ensemble, ils racontent les aventures de Carole et Alex, deux voleuses, renforcée par Sam, une motarde virtuose. Elles sont spécialisées dans le vol des œuvres d'art. Première opération au musée d'Orsay, seconde, plus problématique, au Louvre. Elles sont jeunes, sexy, libérées et téméraires. Le dessin est juste ce qu'il faut de réaliste, laissant quand même une large place à l'imaginaire du lecteur. Totalement décalée, c'est la BD la plus étonnante de la rentrée.
« La grande odalisque », Dupuis, 20,50 €

vendredi 21 septembre 2012

Chronique : Les optimistes associés débarquent le 12 octobre

« Le 12-10-2012, ce n’est pas la fin du monde, c’est le début de l’optimisme ! » Cette révélation fracassante est de Ludovic Beuzeron, fondateur de Génération Optimiste, « le réseau francophone des gens positifs ». En voilà une belle profession de foi. Dans 100 ans, la méthode Beuzeron aura peut-être détrôné la méthode Coué. Car dans le fond, il n'y a pas grande différence. Éviter toute pensée négative, voir la vie du bon côté, ne retenir que les bonnes choses et votre enfer terrestre se transforme en félicité infinie. J'ai essayé. Ça marche pas... La fluoxétine par contre...
Sans vouloir porter la poisse à Ludovic Beuzeron, je crains que ses bonnes intentions ne se heurtent à une situation générale peu propice à l'optimisme. Partout les signaux sont rouges.
Quant au réseau social du bonheur, il s'appuiera sur « l’apprentissage du savoir sur internet ». Et d'expliquer dans une sorte de profession de foi : « Chacun pourra librement partager, échanger, découvrir ou acquérir du savoir dans des domaines aussi variés que le bien-être, la santé, la finance, les sciences humaines etc… » Le tout, gratuitement, comme de bien entendu.
Je dois admettre que Ludovic Beuzeron est parvenu à me faire sourire quelques minutes. Pour mettre en place son projet, il a fait appel à « Michel Poulaert, auteur, conférencier international et expert en optimisme ». Avec « 158 000 fans sur sa page Facebook », il est le sosie officiel de... François Hollande ! 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Mauvaises ondes pour Jean-Claude Denis

Zone blanche, Jean-Claude Denis, Futuropolis
Serge Guérin vit un enfer. Serge Guérin est électro-sensible. Téléphones portables, télévision, lignes à haute tension... les sources de son mal sont multiples et de plus en plus nombreuses. Un soir, il est enfin libéré. Une immense panne de courant plonge le quartier dans un black out total. C'est au cours de cette nuit particulière qu'il va rencontrer une jeune femme. Ils vont sympathiser, se comprendre et se trouver des points communs. Dans une chambre d'hôtel, à la lumière d'une bougie, ils signent un pacte, la trame complexe de cet album de Jean-Claude Denis. Entre polar noir, étude psychologique et portrait de la détresse humaine, l'histoire entraîne le lecteur vers une fin étonnante, au cœur de cette zone blanche qui donne son nom à ce roman graphique très réussi.
« Zone blanche », Futuropolis, 16 €

jeudi 20 septembre 2012

Humour britannique et tétons solidaires

Kate, William, Harry, seins nus, closer, humour, anglais
On peut trouver tous les défauts possibles et imaginables aux Anglais (cuisine, climat, goût vestimentaire...) ils ont une qualité inaliénable et salvatrice : leur humour. Quand la presse people étrangère montre les rejetons royaux dans des postures équivoques (Harry fesses à l'air, Kate seins nus), plutôt que de brûler les kiosques à journaux ou profaner les tombes de Niepce (inventeur de la photographie) et Porro (téléobjectif), ils en rient.
Le prince Harry, après son stripbillard perdant, a reçu l'appui de centaines de militaires anglais. Sur un compte Facebook spécialement dédié, ils saluent fièrement le prince, nus, un accessoire militaire cachant leur entrejambe, du fusil d'assaut au képi réglementaire.
Bis repetita avec l'affaire Kate. En soutien, des Anglais (exclusivement mâles) montrent leurs tétons, souvent dans des poses lascives, un masque fait avec la photo du visage souriant et grandeur nature de la princesse garantit leur anonymat. L'illusion d'optique est parfaite, si l'on oublie la grosseur des seins et la pilosité du poitrail...
Extraordinaire humour anglais. On en redemande. Et on en est presque à espérer un nouveau scandale royal pour prolonger les éclats de rire. Un peu comme cette télévision taïwanaise qui a reconstitué la scène des photos volées en images de synthèse. Et extrapolé avec une Diana en zombie et la reine mère photographiée dans son bain. Quant aux vilains journalistes français ils n'ont que ce qu'ils méritent : la guillotine.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 19 septembre 2012

BD : le petit commerce mortel de Jean Teulé, Olivier Ka et Domitille Collardey

magasin des suicides, Jean Teulé, Olivier Ka, Collardey, Delcourt
La maison Tuvache est un commerce sérieux. Ses propriétaires assurent un service de qualité. Le couple accueille les désespérés et leur vend cordes, poisons, armes et autres ustensiles très efficaces pour se suicider. Tout irait pour le mieux si le dernier rejeton, Alan, n'avait pas une joie de vivre communicative. « Le magasin des suicides » est à la base un roman de Jean Teulé. Ce succès de librairie est adapté par Olivier Ka (scénario) et Domitille Collardey (dessin). On retrouve toute la poésie de l'histoire originale dans cet album aux dessins simples, parfois enfantins. Les auteurs ont alterné séquences classiques et dessins pleines pages comme pour mieux donner une vue d'ensemble de cette boutique hors du commun.
« Le magasin des suicides », Delcourt, 14,95 €

mardi 18 septembre 2012

Une paire de seins qui n'a pas fini de faire parler

THE scandale ! Une paire de seins à la une de Closer, le magazine people, et c'en est fini de l'Entente cordiale. Jolis seins au demeurant. Certes ils manquent un peu de relief, mais ils sont charmants. Princiers aussi. Là est le problème.
Kate et William, héritiers de la couronne britannique, en vacances en Provence, ont profité du soleil sur leur terrasse. « Nus, au soleil » comme le chante leur voisine, Brigitte Bardot. Un paparazzi a immortalisé ces jeunes corps en vacances. Shocking ! Les ventes explosent, les visites sur le site internet de Closer aussi.
Et les commentaires vont bon train sur les blogs et réseaux sociaux. « Peut être faut-il s'attendre après ce nouveau blasphème à ce que les Britanniques assiègent les ambassades françaises a travers le monde » fait remarquer avec malice un lecteur sur le site TF1News. Un autre site people, certainement jaloux, fait de la surenchère : « Kate et William : leur drôle de façon de s'envoyer en l'air ». On imagine tomber sur une sextape sulfureuse, de quoi faire mourir d'infarctus la reine mère. Mais il s'agit d'un titre racoleur... sur leur escalade d'un arbre de 42 mètres en Indonésie.
Un scandale pour deux seins anglais. Pourtant, tout touriste en vacances une semaine sur les plages audoises ou catalanes a statistiquement eu la possibilité de voir 389 paires de seins britanniques. Personne n'en a fait tout un plat.
Et ceux qui parlent « d’œufs sur le plat » seront écartelés pour crime de lèse-majesté !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi.

lundi 17 septembre 2012

Roman : le mystère du père dans "Les Patriarches" d'Anne Berest

Denise, 22 ans, cherche à mieux connaître son père. Un acteur, mort à 40 ans après avoir brûlé sa vie et oublié de s'intéresser à sa petite fille.

patriarche, anne berest, grasset, rentrée littéraire, romanDécoupé en trois parties égales, le roman « Les Patriarches » d'Anne Berest, est une étude clinique sur la quête d'une jeune fille mal dans sa peau, taraudée par des souvenirs enfuis. Obstinément, elle cherche à savoir où son père a passé l'année 1985. Et pourquoi personne ne veut lui parler de ce qui s'est passé après son retour. Roman sur les secrets, les non-dits et l'oubli, on ne sort pas indemne de ce texte parfois très dur.
Denise, le personnage pivot de ce roman, est dans un premier temps très attendrissante. Âgée de 22 ans, elle va devenir, durant un mois, l'assistante d'un photographe huppé. Il a pour projet de faire un tour de France des ronds-points. Denise est chargée de conduire la voiture, assurer l'intendance, enregistrer les considérations du maître et transmettre, au quotidien, la bonne parole à la maison d'édition qui mettra le tout au propre pour en faire un de ces beaux livres si plaisants à offrir aux fêtes de fin d'années.
Touchante, Denise tente tant bien que mal de satisfaire les caprices de la star. Durant cinquante pages, ce duo sur les routes ferait presque rire le lecteur. Mais Anne Berest, dans son roman, n'accorde que peu de respiration à Denise. La jeune fille, provinciale, profite de sa présence à Paris pour rencontrer Gérard Rambert. Ce dandy, un peu galeriste et marchand d'art, serait le seul à avoir croisé le chemin de Patrice Maisse en 1985, le père de Denise. Elle l'interroge, enregistre la conversation et par erreur envoie la bande à la maison d'édition. Virée avec pertes et fracas, Denise décide de profiter de son temps libre forcé pour relancer Rambert. Un autre face-à-face se met en place, beaucoup plus tendu et lourd de secrets.

Icône transgenre
Tout en dévoilant quelques pans de la vie de Denise, en conflit avec sa mère, dominée par son frère, Anne Berest raconte la vie de bohème de Patrice Maisse, acteur génial à la carrière aussi courte que foudroyante. Pour son premier film, en 1979, il a fait la une des Cahiers du cinéma  : « on peut y admirer le torse nu d'un jeune homme à qui l'on donnerait treize comme vingt ans. Beau, mais d'une lumière froide et silencieuse, il surgit d'un buisson, dans sa main droite levée on distingue un animal mort. » A l'intérieur, les critiques lui tressent des louanges : « Patrice Maisse, érigé au rang d’icône transgenre, était déclaré capable de balayer par sa mutique fantaisie, toutes les idoles caricaturales d'une jeunesse lénifiée par le changement de décennie. » En réalité, Patrice est rapidement tombé dans la drogue. Carrière interrompue, il délaisse sa famille et survit en devenant l'amant de riches excentriques.
Reste l'énigme de l'année 1985. Elle est racontée dans la troisième partie. C'est dans un centre de désintoxication du Patriarche qu'il a rencontré Gérard Rambert. Le roman prend alors un air de documentaire, décrivant sans concession le dur sevrage, l'endoctrinement et les dérives de l'association créée par Lucien Engelmajer. Les dernières pages donnent les clés du roman. Pourquoi tout le monde cachait à Denise cette période de la vie de son père. De la sienne aussi. Elle avait 6 ans.
Michel LITOUT
« Les Patriarches », Anne Berest, Grasset, 18,50 € (Photo Jérôme Bonnet)

dimanche 16 septembre 2012

BD : "La sueur du soleil" ou la malédiction de l'or

Sueur du soleil, harriet, mata, glénat, vécu, intégrale
A la fin des années 80, la BD historique avait le vent en poupe. La collection Vécu, appuyée sur la revue du même nom, permettait au lecteur de visiter toutes les époques de notre bonne vieille terre. « La sueur du soleil » de Harriet (scénario) et Mata (dessin) retraçait le destin de conquistadors en plein conflit avec les Indiens d'Amazonie. Cinq albums repris dans une intégrale petit format à petit prix. Quitos, un soldat espagnol, chargé de communiquer avec les Indiens, tombe éperdument amoureux d'une belle indigène, Orocomay. Il devra choisir entre son camp et l'amour. Prenant fait et cause pour les locaux, il devra déjouer les plans de l'armée espagnole en vue de voler l'or d'une cité légendaire et retirée. Sorte de « Temple du soleil » moderne, cette saga est bourrée de rebondissements. Les décors sont somptueux et les différents protagonistes ont des psychologies très élaborées et complexes. Regrettons que de telles BD deviennent de plus en plus rares.
« La sueur du soleil » (intégrale), Glénat, 20 €

samedi 15 septembre 2012

Roupie de sansonnet et monnaie électronique

Jeux en ligne et réseaux sociaux ont inventé leurs propres monnaies. De l'argent totalement virtuel que l'on peut qualifier de roupie de sansonnet. Pourtant l'e-monnaie pourrait être une des solutions pour sauver l'économie mondiale. A l'heure où la valeur de l'argent a de moins en moins de réalité à cause des spéculateurs, basculer au tout virtuel pourrait assainir une partie du marché.
Facebook, comme souvent, est à la pointe dans ce domaine. Les Facebook Credits datent de 2009. On peut les acheter via sa carte bancaire mais aussi en gagner grâce à des opérations de partage publicitaire. Avec votre pécule vous pouvez vous offrir quantité de marchandises dématérialisées : livres numériques, location de films en ligne, logiciels... Et l'ambition de la société de Mark Zuckerberg est de généraliser cette nouvelle monnaie dans toutes les transactions en ligne, de l'achat de places de concert au billet d'avion. Problème, Facebook prélève au passage 30 % sur la transaction. Un peu chérot le mégabit...
Alors, pourquoi ne pas généraliser une version électronique de chaque monnaie ? Le e-€ ou e-$ auraient une cotation propre et seraient réservés aux biens immatériels, de votre abonnement internet à la facture d'électricité en passant par la place de cinéma. Certains économistes travaillent déjà sur ce schéma. Reste à convaincre la majorité des consommateurs que les billets et les pièces ont fait leur temps. Un combat autrement plus compliqué que le passage à l'euro...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce samedi.

vendredi 14 septembre 2012

Cercles de mystère et symboles cachés

Makyo, Laval, Cercles de mystères, Delcourt
Scénariste prolixe, Makyo explore sans fin les effets du fantastique dans notre quotidien. Après son coup de maître, « Balade au bout du monde », il a multiplié les variations sur ce thème. Pour « Les cercles de mystères » il retrouve un des dessinateurs de la Balade, Laval. L'illustrateur mauricien allège son trait, se rapprochant plus de Rossi que de Vicomte. Gabrielle Flye, le personnage central de l'histoire, fait partie d'un groupe d'études des crop circles. Ces dessins apparaissent dans des champs de céréales et sont de plus en plus nombreux en France. Elle est persuadée qu'ils ont une signification bien précise. Elle partage sa passion avec sa sœur qui va avoir un bébé. Deux sœurs très inquiètes pour la santé de leur père. Un peintre victime d'une attaque. Durant de longues minutes tout le monde l'a cru mort. Il est revenu à la vie, mais depuis est mystérieux. Est-il devenu fou où a-t-il véritablement vu l'avenir durant son malaise ? En 56 pages les auteurs présentent les personnages, la thématique et surtout plantent une ambiance mystérieuse et fantastique. Une mise en bouche très prometteuse.
« Cercles de mystère » (tome 1), Delcourt, 14,30 €

jeudi 13 septembre 2012

Ivre-virgule.com

ivre, vircule, ivresse, alcool, vidéo, faits divers, chronique
A consommer avec modération. Cet avertissement sur les publicités des boissons alcoolisées n'est pas à prendre à la légère. On le constate tous les jours dans les rubriques faits divers des journaux en ligne.
Dernier exemple en date, cet entrefilet paru en Belgique. Un couple boit plus que de raison dans un café. Ils font du scandale, cassent les toilettes. La police intervient et met l'homme en cellule de dégrisement. Et là, c'est le drame ! « Ivre, il tente de se suicider... avec son dentier ». Il utilise son appareil dentaire pour se taillader les veines. Le titre a rapidement fait le tour de la toile. Encore mieux, un site reprend toutes ces mésaventures débutant par « Ivre, ». On y trouve des perles que même les écrivains les plus imaginatifs n'auraient pu inventer. A Lambé, en Bretagne (région très prolifique dans le genre), « Ivre, il s'endort au rayon alcools ». Il a quand même eu le temps de charger trois cabas de whisky, rhum et apéritif anisé.... En Nouvelle-Zélande, en cherchant un slip : « Ivre, il se coince dans son sèche-linge ». Les pompiers l'ont découvert entièrement nu. En Allemagne, « Ivre, il échappe de peu à la  mort dans un camion poubelle ». Sévèrement imbibé, ce jeune de 22 ans dormait dans une poubelle. Il s'est réveillé dans la benne... 
Bénédiction des « fait-diversiers », ces petites histoires se terminent souvent bien. Et se retrouver acteur d'un « ivre-virgule » doit quand même avoir un effet bénéfique. Le ridicule ne tue pas, mais il fait réfléchir. 
En bonus, cette vidéo de deux cyclistes, d'une souche et de quelques bouteilles (que l'on ne voit pas mais dont on devine l'effet)...


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

Tessa en festival

Tessa, Louis, Mitric, soleil
Épisode entièrement terrien pour Tessa, la jeune agent intergalactique. De retour dans sa famille canadienne, elle reprend sa vie d'adolescente lambda. Collège, sortie avec les copines... Elle accepte d'aller à Montréal assister à une convention de bande dessinée.
En réalité elle a appris aux informations qu'un crop circle est apparu dans cette ville. Le symbole est celui des agents intergalactiques. Avec ses deux meilleurs amis, elle va risquer de dévoiler son identité secrète. Mitric, le scénariste, offre une histoire sur mesure pour Louis qui trouve l'occasion de mettre en scène quelques uns de ses amis dessinateurs. Une grande partie de l'album se déroule dans le festival, notamment durant un concours de cosplay (déguisement de fans dans les costumes de leurs héros préférés). Cela explique l'apparition d'Atalante, l'héroïne de Crisse) en couverture de ce tome 6.
Beaucoup d'humour, des combats pour rire : c'est un album de transition. Que les fans de cette série se rassurent, la suite sera plus dramatique et se déroulera dans l'espace infini.
« Tessa, agent intergalactique » (tome 6), Soleil, 13,95 €



mercredi 12 septembre 2012

Quand trop d'informations font que tout se brouille dans un cerveau mal réveillé...

Des  milliers de Bernard Arnault, amateurs de bière, demandent l'asile politique à la Belgique. Voilà en résumé ce que je crois avoir compris en surfant lundi matin sur internet. Je ne suis pas bien réveillé et tout s'est un peu mélangé dans mon cerveau.
Tout le monde parle de ce grand patron français sur le point de demander la nationalité belge. Je cherche Bernard et tombe sur une histoire de migration. Il n'est pas seul, mais accompagné de milliers de ses congénères. Et ce n'est pas vers la Belgique mais les îles Vierges, beaucoup plus paradisiaques que le Plat Pays. Il y a même une vidéo. Là je comprend mon erreur car il s'agit d'une « migration de bernard-l’hermite sur une plage ».



Rien à voir avec mon affaire. J'affine ma recherche. « Asile Belgique » me conduit sur une autre voie. Ce sont les membres du site satirique Brave Patrie qui annoncent leur intention de rejoindre la Belgique après l'annonce de la hausse des taxes sur la bière. « On touche là à un breuvage universel, qui assure par ailleurs un rôle sanitaire important dans les régions où l’eau est impropre à la consommation, comme la Bretagne, » explique le président de ce groupe d'iconoclastes. Bernard Arnault est-il un amateur de bière ? Son exil ne serait pas fiscal mais liquide ? Pourtant la bière n'est pas dans le rayon d'action de LVMH. Sa branche spiritueux n'affiche qu'une marque : Moët et Chandon, le champagne qui fait autant de mousse qu'une Kro' bien fraîche, mais pas au même prix.
Bernard, bière, Belgique : tout se brouille.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mardi en dernière page de l'Indépendant.

Douloureuse séparation dans le roman de Marianne Rubinstein

Marianne Rubinstein, Yaël Koppman, Albin Michel, roman, rentrée littéraireSeule. La narratrice, Yaël Koppman, double fictionnel de Marianne Rubinstein, l'auteur, se retrouve seule dans son appartement parisien. Son mari la quitte. Il obtient la garde alternée de leur petit garçon, Simon. Une semaine sur deux et certaines vacances, une morbide solitude envahit le foyer habituellement si joyeux.
Dans un journal aux entrées souvent très courtes, Yaël raconte ce bouleversement dans sa vie. Au début, elle cherche à nier cet échec. Et puis elle fait une croix sur ces années de bonheur, accepte que le père de Simon ait refait sa vie avec une femme plus jeune. Elle se raccroche à son travail, professeur et chercheuse à l'université. Surtout elle choisit de se consacrer à fond à son fils.
Le 1er janvier, dans son journal, elle liste ses résolutions : « Du bonheur pour Simon. Plutôt rire que pleurer. Ecrire, oui mais quoi ? Ma peine ? D'abord la décoller de mon corps pour l'observer. En trouver le contrepoint aussi, déplier d'autres lignes méthodiques qui donneront ampleur et rythme au récit. » Le roman s'élabore sous nos yeux. Le lecteur est le témoin privilégié des interrogations et remises en cause de Yaël. Ses tentatives de retrouver une vie sociale. Ne plus être la femme délaissée. Supporter toutes les tentatives d'entremetteuses de ses amies ou simples connaissances.
Un roman vérité, où l'auteur se met à nue. Beaucoup plus fort qu'une simple autofiction d'écrivain nombriliste car les sujets abordés, loin d'être futiles, font tout le sel de la vie d'une femme, d'une mère...
« Les arbres ne montent pas jusqu'au ciel » de Marianne Rubinstein, Albin Michel, 17 €

mardi 11 septembre 2012

La cavale de Jennie

Tragique histoire de famille sous la plume de Gérard Mordillat. Jennie, séparée de ses frères et sœurs, va tout faire pour les retrouver.

Ce que savait Jennie, Gérard Mordillat, Calmann-Lévy, rentrée littéraireScène de vie quotidienne en banlieue. Des amis, collègues ouvriers du bâtiment, passent un dimanche dans le jardin du petit pavillon toujours en construction. Ils fêtent l'anniversaire de Mike. Un seul sujet de conversation : l'an 2000. On est à quelques mois de cette date qui, à l'époque, a provoqué une peur bleue à un maximum de crédules. Jennie, adolescente, sorte de petite maman chargée de ses autres demi frères et sœurs, se moque de l'an 2000. Ce qui l'intéresse avant tout, c'est de connaître l'identité de son père. « Jennie ne comprenait pas pourquoi Olga (sa mère) refusait de lui dire qui était son père. Elle devinait que c'était un type comme les autres, sans doute ni mieux ni pire que Mike (son beau-père). Juste un type qui avait couché avec une femme et lui avait fait un gosse et avait foutu le camp comme n'importe quel salaud. » Le repas s'éternise, l'alcool coule à flot. Mike reçoit enfin son cadeau. Une moto.

Moto contre TER
Il prend le pari qu'il peut passer par dessus la voie ferrée qui longe le jardinet. Il prend son élan et un « effroyable bruit de choc » surprend l'assemblée. « un coup de gong géant, un ra de tambour géant voilé, une explosion déchirante de grincement, du feu qui prend, du verre qui explose, le vacarme d'un saccage acclamé d'étincelles. (…) Mike avait percuté l'avant d'un TER lancé à pleine vitesse. Tué sur le coup, décapité. » La famille recomposée de Jennie se retrouve décomposée...
Quelques années plus tard, Olga refait sa vie. Une fois de plus. Elle a un petit garçon. Nouveau bébé pour Jennie qui prend de plus en plus son rôle de petite maman à cœur. Des années de presque bonheur dans la maison inachevée. Mais une nouvelle fois, le destin frappe. Olga et son compagnon meurent dans un accident de la route. Jennie comprend immédiatement que la famille va être séparée, que ses petits vont lui être retirés. Sur un coup de folie elle embarque la marmaille dans la remorque de son vélomoteur et tente de prendre la fuite. Peine perdue. Le pire arrive.

Reformer la tribu
Gérard Mordillat, dans la première partie de son roman dresse le portrait d'une adolescente à fleur de peau trop tôt chargée de famille. Sans père, mère complètement déficiente, elle a pris, par la force des choses, les commande du foyer. Mais pour l'administration, elle n'est rien par rapport à ses demi-frères et sœurs. Après la cavale avortée, elle est placée dans une maison de redressement, les autres, beaucoup plus jeunes, sont adoptés.
A ses 18 ans, Jennie est enfin libre. Elle a joué profil bas pour cacher sa rage. Sans nouvelles de ses « petits », elle entame un tour de France pour tenter de reformer son petit cercle familial. Elle recevra l'aide de Quincy, un jeune acteur encore sous le choc du suicide de sa mère, harcelée à son travail. Deux pestiférés qui vont se comprendre et s'aimer. Mais le carcan de notre société bien pensante risque de les broyer.
L'auteur délaisse, durant 220 pages percutantes, ses longues sagas sociales (« Les vivants et les morts », « Rouge dans la brume »). On retrouve quand même en filigrane toute la thématique de son œuvre : pour certaines classes sociales, le bonheur sera toujours une chimère.
Michel Litout
« Ce que savait Jennie » de Gérard Mordillat, Calmann-Lévy, 17,40 €

lundi 10 septembre 2012

Chapeau vert : l'hommage à Roland C. Wagner

Roland C Wagner, Tem, borsalino vert, réseaux sociaux, psychosphère, SF
Le 5 août dernier, un pilier de la science-fiction française s'est dispersé dans les limbes de la psychosphère (un concept de son invention), au détour d'un virage sur une petite route de Gironde. Roland C Wagner, 51 ans, mettait, bien involontairement, un point final à son œuvre. Une énorme émotion s'emparait du milieu de la SF.
Et comme si son concept prenait forme, nombre d'avatars sur Twitter ou de profils sur Facebook subissaient une mutation. Un chapeau vert faisait son apparition, se multipliait à l'infini. En août, ce borsalino vert fluo était un signe de deuil, de ralliement aussi. Il était la marque de fabrique du plus célèbre héros de Roland C Wagner, le détective privé Temple sacré de l'aube radieuse, Tem pour les intimes. Héros de la série « Les futurs mystères de Paris », il promenait sa dégaine dans un Paris futuriste, avec la même nonchalance et perspicacité que Nestor Burma, le héros de Léo Malet.
Un chapeau vert. Cela semble un peu simple pour rendre hommage à l'un des plus brillants « penseurs » de la SF française. Mais cela avait aussi l'avantage d'être énigmatique. Certains ignorants ont moqué cette fantaisie vestimentaire sans comprendre qu'il s'agissait d'une façon pudique de masquer ses larmes. Ce n'est pas parce que l'on aime les récits d'un futur apocalyptique que l'on n'a pas de cœur. On en a même trois, parfois, comme dans cette BD, déclencheur de la vocation de Roland C. Wagner, anecdote racontée dans l'hommage de Serge Lehman publié dans le Monde.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant

Péripéties nordiques dans le second tome de "Midgard" de Steven Dupré

Midgard, Dupré, casterman, vikings, extra-terrestre
Midgard, dans sa première partie, était déroutant. Un album double, à lire dans les deux sens, racontant la rencontre du peuple viking avec un représentant extraterrestre. Si les Vikings pillent, Oon, jeune extraterrestre délinquant s'enfuit d'un vaisseau prison et est poursuivi par toute la police des environs. Oon se posera (pas sans dommages) près du village irlandais que les Vikings sont en train de piller. Les deux histoires se rencontrent et n'en font plus qu'une. Mais Steven Dupré, dans ce second tome, poursuit sa narration à plusieurs niveaux. Une partie des vikings, après avoir massacré des moines et volé joyaux et nourritures, reprennent la mer. Dans leur butin, avec les moutons, Oon, trop bleu pour être un homme. Un troll peut-être ? L'autre partie du récit s'intéresse au destin de Snorri, un des vikings abandonné sur terre. Il va tenter de retrouver son village, mais à pied, flanqué d'un gamin orphelin, débrouillard mais un peu collant. Un épisode de 80 pages format comics, en noir et blanc, délaissant un peu le côté science-fiction, mais très instructif sur les croyances des peuples nordiques.
« Midgard » (tome 2), Casterman, 13 €

dimanche 9 septembre 2012

Pour ou contre Internet ? Un débat sans fin

Pour ou contre internet ? Fabuleuse innovation pour la liberté d'expression ou machine à calomnie ? Le débat n'est pas récent. Il revient sur le devant de la scène après la publication sur Slate.fr, hier, d'un billet de Titiou Lecoq, journaliste blogueuse. « Ma réponse aux « élites » qui détestent internet » est une charge argumentée contre ces personnalités (politiques, artistiques, intellectuelles) qui comparent le web à de « la littérature de concierge », « une poubelle », « Vichy » ou « un drame de l'humanité ». Elle répond sur plusieurs points précis et notamment les dérives de l'immédiateté. « La course à l’info s’est accélérée avec les chaînes d’infos en continu, écrit-elle. Mais ce n’est pas Internet qui est à l’origine de ce malheur. La seule question qui vaille, c’est celle de l’intégrité du journaliste. Une info, ça se vérifie, peu importe le média. » Et de constater « Dans la presse papier, il existe de mauvais journalistes qui ne vérifient pas leurs infos. Sur Internet, il existe de bons journalistes qui vérifient leurs infos. »
Le rejet du web est pourtant parfois très bien argumenté. Comme dans ce passage de l'excellent roman « Chaos brûlant » de Stéphane Zagdanski (Seuil) sur l'affaire DSK. Un personnage du roman y parle de Twitter : « le triomphe du peu ou prou médisant, le bégaiement délationnel à la portée de tous, l'épieur qui pépie pour ne rien dire, le totalitarisme du cancan fragmentaire, l'hyperbolique redondance du creux. » Fermez le ban !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant de vendredi.

samedi 8 septembre 2012

L'heure moderne passe par les montres connectées

montre connectée, iphone, swatch, casio« Pardon, vous auriez l'heure s'il vous plaît ? » « Un instant, je regarde sur mon téléphone. » Ce dialogue, inimaginable il y a dix ans, est devenu banal. Les montres sont devenues des objets obsolètes. Juste un signe apparent de réussite pour ceux et celles qui vénèrent encore les vieux publicitaires. Mais les fabricants n'ont pas dit leur dernier mot. Les montres connectées seront les vedettes de ces prochains mois. Plusieurs marques ont passé des accords avec les géants de la téléphonie mobile. Le principe est simple. Une liaison Bluetooth  et sur votre cadran, si facile d'accès au poignet, s'inscrit l'heure de votre smartphone visible en un coup d’œil. Et un peu plus même. Les SMS pourront s'afficher instantanément ainsi que les e-mails. Une Swatch est annoncée dans les mois à venir, capable également de se connecter sur les systèmes Androïd. 
Casio, la société japonaise, commercialise déjà plusieurs modèles exclusivement dédiés aux Iphones. L'heure affichée est aussi exacte que celle de votre smartphone. Petit plus, si vous égarez votre téléphone, il suffit d'appuyer sur un bouton de la montre pour le faire sonner et le localiser.  Et qui sait, à l'avenir les montres modernes auront toutes les fonctionnalités du téléphone. On pourra alors, comme les agents secrets dans les années soixante, converser avec quelqu'un en approchant son cadran de la bouche. Un petit côté James Bond plus sympa que publicitaire sur le retour...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

Réunion d'idiots dans "Géographie de la bêtise" de Max Monnehay

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Fable tragique, « Géographie de la bêtise » de Max Monnehay s'interroge sur la place des idiots dans notre société. Ce roman aurait pu être un manifeste de rassemblement de tous les laissés pour compte. Au début, l'utopie est belle. A l'arrivée, la fin est tragique.
Pierrot, idiot mais riche, décide de fonder un village des idiots. Il sillonne la France, tant pour recruter des simples d'esprit que pour trouver un endroit à eux, un refuge d'où les « intelligents » seront bannis. L'idée a fait rire. Dans les faits, elle permet à un village abandonné de revivre et à ces demeurés de donner un nouveau sens à leur non vie.
Une expérience si réussie que beaucoup tentent de rejoindre ce nouvel éden. Pierrot et Bastien, le narrateur, vont mettre en place un questionnaire, sorte de test de QI inversé, pour éloigner les profiteurs. Première question : « Combien font trois fois quatre ? » Bastien est en admiration devant la splendide ruse de Pierrot car « Il est peu d'idiots ignorant la réponse. Mais il est peu de malins sachant que peu d'idiots ignorent la réponse. » Quand Elisa passe le test, Bastien comprend vite qu'elle fait semblant d'être idiote. Pourtant il va faire comme si elle en était véritablement une. Et Bastien, en trafiquant les résultats, comprend que finalement lui aussi n'est pas si idiot que cela. Mais deux intelligents dans un village d'idiots, comment cela ne peut-il pas mal finir ?
Max Monnehay, à l'écriture sèche, incisive et percutante, signe un deuxième roman tout aussi déconcertant que son premier, « Corpus Christine », paru en 2006. S'ils sont sympathiques par certains aspects, ces idiots font aussi peur. La peur de la différence qui entraîne l'incompréhension et le rejet de l'autre.

« Géographie de la bêtise » de Max Monnehay, Seuil, 17 €

vendredi 7 septembre 2012

Mystère en mer dans le 3e tome de l'intégrale des Petits Hommes de Seron

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Pourquoi, au moment de leur publication dans les pages des hebdomadaires pour la jeunesse, certaines séries n'ont pas été reconnues à leur juste titre ? Par chance, des maisons d'édition, pour valoriser leur fond mais aussi satisfaire la nostalgie de lecteurs aujourd'hui dégarnis, reprennent ces BD qui n'ont pas pris une ride. Excellent exemple avec les Petits Hommes de Seron. Lancés au début dans des histoires courtes, ils ont pris une nouvelle dimension avec des aventures de 44 pages. Et Seron, jamais en reste d'imagination, s'est même risqué, dans les années 70, aux histoires en deux cycles. Le quatrième tome de l'intégrale consacrée à ses petits héros contient « Le triangle du diable » et « Le peuple des abysses », 88 planches d'inventions toutes plus modernistes les unes que les autres pour l'époque, se passant sous l'eau, dans une Atlantide placée sous le triangle des Bermudes. Le tout agrémenté d'articles sur les autres séries de Seron et des histoires courtes inédites en album. Un vrai trésor !
« Les Petits Hommes, intégrale » (tome 4), Dupuis, 24 € 

jeudi 6 septembre 2012

Des affiches parodiques sur les pouvoirs secrets des présidents

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Dans sa jeunesse, Abraham Lincoln était chasseur de vampires. Il n'y a que le cinéma hollywoodien pour  monter une super production sur cette simple phrase. Le film est sorti en France et a donné quelques idées à de facétieux internautes. Il suffit de modifier les deux termes forts du titre pour en faire un long-métrage « made in France ». Remplacez Lincoln par De Gaulle, les vampires par des zombies et imaginez à quoi pourrait ressembler le film « Charles de Gaulle, tueur de zombies ». En 1904, à Colombey, adolescent curieux et solitaire, le jeune Charles découvre, entre les deux églises, une crypte remplie de zombies. Il les combat férocement et entre en possession d'une machine à voyager dans le temps. Elle lui permettra d'écrire, dès 1905, un récit dans lequel il libère la France et devient chef de l'Etat. Cette même machine lui sauve la vie en 1962 au Petit-Clamart. Si un producteur est intéressé...
Parmi les autres films improbables aux affiches hilarantes, « Napoléon chasseur de dragons » ou  « Raymond Poincaré chasseur d'araignées ». Elles sont regroupées sur un site lancé par l'agence Roxane. Avec une petite rime, cela sonne mieux. Léon Blum est face à Gollum et Pétain à des lutins. Certains ont du lourd à affronter, Félix Faure face à des raptors, pour d'autres cela ressemble plus à une comédie comme ce « Bill Clinton dresseur de Pokemons ».  
Rien sur le président actuel. Attention, le premier qui propose « François Hollande chasseur de harpies » aura des ennuis, de gros ennuis ! 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant de ce jeudi 6 septembre.

Plus aucun espoir, pub virale pour un jeu vidéo

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« Il n'y a plus d'issue. Il n'y a plus d'espoir. » A quelques minutes de votre mort, quelles seraient vos dernières volontés, votre ultime message aux êtres aimés ? Une plate-forme internet permet de publier son testament virtuel. Mieux, toutes les chimères ou les biens dont vous avez toujours rêvés deviendront peut-être réalité.
Derrière cette idée un peu macabre se cache une campagne publicitaire pour le jeu vidéo Resident Evil 6, No Hope Left, lancé mondialement le 2 octobre. Lorsque le site affirme que l'espoir est vain, comme dans le jeu, vous êtes à coup sûr cernés de zombies affamés en train de baver sur votre chair rose et appétissante. « La mort est un passage obligé mais mourir à 18 ans avec une fringale ne me va pas » écrit Valentin. Plus ironique le dernier message de Jules « AAAAaaaargh! Je meuuuuurs (Mime de la mort à la Marion Cotillard puis dernier soupir.) ». Certains ont tourné de petites vidéos. Elles mettent en valeur (ou pas...) leur jeu d'acteur. 
Dans la catégorie « derniers cadeaux », le site annonce la couleur : « No Hope Left transforme vos rêves en réalité. » Certains ont des envies concrètes : « Une tablette surface Windows 8 (noire) m'arrangerait bien » pour Kévin ou « un T-shirt Resident Evil, taille L » pour Jérémi. Beaucoup plus difficile pour Michel : il désire « nager avec des dauphins en compagnie de Jessica Alba. ». Florence, elle, veut « rencontrer Mylène Farmer ». Avant ou après qu'elle se soit transformée en zombie ? 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 5 septembre.