mercredi 31 décembre 2014

BD : Aujourd'hui l'apocalypse dans "Le grand Mort" de Loisel, Djian et Mallié


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Nette montée en puissance de la série fantastique « Le grand mort ». Remarquée dès le premier épisode, elle ne cesse de conquérir de nouveaux adeptes. Un succès qui semble offrir l'opportunité aux auteurs de se donner du temps et de l'espace pour mieux charpenter leur univers. Il y a d'un côté notre monde réel et de l'autre celui du Grand Mort. Le seul passage entre ces deux dimensions est très fréquenté. Et pas sans conséquence. Blanche, la petite fille venue de l'autre côté de la porte, vit désormais avec Erwan, au prénom breton mais à la peau noire comme ses lointains ancêtres africains. Ils vivent retirés dans une masure aux cœur des bois. Quand ils décident d'aller au village se ravitailler (Blanche, tout en ayant des pouvoirs surnaturels, n'en demeure pas moins une fillette qui a faim et aime beaucoup les petits pains aux chocolats), ils découvrent une région dévastée. Un tremblement de terre à causé des milliers de morts. Un phénomène planétaire. Dans ce décor d'apocalypse, le duo tente d'aider les blessés alors que sur les routes, Pauline (la mère de Blanche) et Gaëlle, tentent de rejoindre la Bretagne en scooter dans un monde en pleine déliquescence. On retrouve au scénario de ce best-seller un vieux routier de la BD, Loisel, aidé par un jeune plein de promesses, Jean-Baptiste Djian. Un succès dû également au trait élégant et très expressif de Vincent Mallié qui a par ailleurs repris le dessin de la Quête de l'oiseau du temps d'un certain... Loisel.

« Le grand mort » (tome 5), Vents d'Ouest, 14,95 euros

mardi 30 décembre 2014

Cinéma : Grandiose Égypte dans "Exodus" de Ridley Scott

La superproduction de Ridley Scott utilise toutes les techniques modernes pour rendre palpitante et spectaculaire la fuite du peuple juif d'Égypte
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Sacré défi que celui relevé par Ridley Scott : adapter la vie de Moïse dans un film grand spectacle en 3D. « Exodus, gods and kings » est la grosse production de ces fêtes de fin d'année. Un mélange de péplum, de réflexion religieuse et d'histoire. Plus de deux heures d'un spectacle total et absolu, entre batailles, scènes épiques et scènes plus intimistes. Cela manque parfois un peu d'humanité, mais c'est le destin d'un peuple qui se joue dans cette fresque monumentale. Ramsès règne sur l'Égypte. Il a deux fils. Son descendant direct, Ramsès II (Joel Edgerton), futur pharaon, et Moïse (Christian Bale), son frère de lait. Si le premier est impétueux et parfois arrogant, l'autre, grand stratège et courageux général, semble plus posé et a une vision à plus long terme du devenir de l'empire. En ces temps fastueux, les pyramides sortent à peine de terre. Pour les bâtir, les Égyptiens ont une main-d'œuvre gratuite et corvéable à merci : les Juifs. Ce peuple esclave meurt sous les coups de fouet de contremaîtres sans pitié.



Le début du film montre deux jeunes hommes, amis mais aussi rivaux. Ils vont mener une grande bataille contre les Hittites, premier tour de force cinématographique de Ridley Scott. On découvre un Moïse peu habituel. Avant d'être le prophète, confident de Dieu, il manie l'épée avec force et rage. Il sauve même Ramsès d'une mort certaine, comme annoncé par une devineresse. Quand Ramsès II accède au pouvoir, Moïse apprend qu'il est un Juif sauvé du massacre perpétré par les Égyptiens. Répudié, banni, il va quitter les ors du palais et devenir un simple berger, fondant une famille dans un havre de paix.

Plaies en relief
Ensuite, on retrouve l'histoire archiconnue : l'apparition de Dieu, la décision d'aller sauver son peuple. Durant une période, Moïse se comporte comme un vulgaire terroriste, persuadé que Ramsès pliera si son peuple l'y oblige. Mais la réponse du Pharaon est implacable et les exécutions publiques se succèdent. Comme une parabole sur des faits d'actualité encore présents dans la région.

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Finalement Dieu décidera de prendre les choses en main. Ce sont les dix plaies qui s'abattent sur l'Égypte. Sans doute le moment où la 3D est utilisée à son maximum. Quand des nuées de sauterelles déferlent sur les cultures, on a véritablement l'impression que les bestioles nous tournent autour de la tête. Le final (traversée de la Mer rouge), grandiose, met définitivement au rencart le chef-d'œuvre de Cecil B. DeMille, « Les dix commandements ». Du très grand spectacle, comme seul Hollywood peut en produire, mais qui ne rencontrera pas le même succès qu'aux USA où la religion est beaucoup moins polémique qu'en France.

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Christian Bale habité par son rôle

Pour interpréter Moïse, Ridley Scott a fait confiance à Christian Bale. Cet acteur britannique qui a débuté très jeune (il interprétait l'enfant de L'Empire du Soleil de Spielberg en 1987) est capable de passer de Batman au rôle d'un ouvrier dépressif en un clin d'œil. Souvent méconnaissable, il façonne ses personnages avec sa tête et son corps qu'il malmène régulièrement. Dans « Exodus, gods and kings », il a deux périodes. La première, jeune et brave, il combat au côté de Ramsès II. Une performance physique essentiellement au cours de laquelle il chevauche, manie l'épée et massacre allègrement les soldats ennemis. Ensuite il devient ce père de famille paisible, visité par Dieu (qui prend l'apparence dans le film de Ridley Scott d'un enfant de 10 ans, énigmatique et parfois cruel), habité par la foi. Il va s'épaissir, porter une tunique neutre en remplacement des armures clinquantes, arborer une barbe de plus en plus fournie. Et on constate, interloqué, que plus le film avance, plus Christian Bale a des airs surprenants de Charlton Heston, interprète emblématique de Moïse dans les Dix Commandements. Un tour de force pour un comédien qui ne cesse de séduire par ses choix osés, toujours relevés avec brio.


lundi 29 décembre 2014

DVD : Coffrets et intégrales, cadeaux idéaux

Au moment de choisir des cadeaux pour vos proches, ne négligez pas la case vidéo : cela fait toujours plaisir et le choix est énorme.

Pour les enfants

Planes 2. Suite du film Disney sur les avions de course. Avec cette fois une forte tonalité écologique. Dusty, le plus intrépide des petits avions de course, apprend que son moteur est endommagé et qu’il ne pourra peut-être plus jamais participer à une compétition aérienne. Il rejoint alors l’équipe d’audacieux pompiers du ciel chargés de surveiller le parc national de Piston Peak. (Disney, 17,99 euros)
opéraztioncasse.jpgOpération Casse noisettes. Surly est un écureuil malin et ingénieux. A peine débarqué en ville, il repère un magasin de noix avec un stock suffisant pour nourrir tous les animaux de la forêt pendant l’hiver. Mais pour pénétrer cette forteresse, il va avoir besoin d’aide. Assisté de ses amis, il va mettre au point un plan rocambolesque pour organiser le vol du siècle. Evidemment, rien ne va se passer comme prévu… Vous pouvez vous contenter du DVD, mais il serait bête de rater le blu-ray et encore plus le blu-ray 3D si vous avez le téléviseur adéquat. (M6 Vidéo, à partir de 15 euros)

Pour les cinéphiles
Sautet.pngClaude Sautet. Cinéaste francais d'exception, Claude Sautet a signé nombre de chef d'oeuvres. Vous pouvez en retyrouver cinq dans ce coffret de blu-ray édité par Studiocanal. « De Vincent, François Paul et les autres » à « César et Rosalie » en passant par « Les choses de la vie », on a également le bonheur de retrouver la plus grande actrice française de tous les temps : Romy Schneider. (Studiocanal, 59,99 euros)
Cédric Klapish. Soit vous vous contentez de la trilogie débutée par « L'auberge espagnole », soit vous craquez pour l'intégrale des oeuvres de Cédric Klapish. Cela représente quand même 12 DVD, mais ce n'est pas si cher au final. (Studiocanal, 59,99 euros)

Pour les nostalgiques

Don camillo.pngDon Camillo. Fernandel a tourné dans des dizaines et des dizeaines de films. Mais au final le sympathique acteur provençal reste essentiellement connu pour son personnage de curé Don Camillo. Des comédies sans prétention, un peu datées (la guerre froide est loin) mais qui conbservent un charme indéniable. Des oeuvres à redécouvrir dans ce coffret présentant les cinq titres de la série, remastérisés pour leur transfert sur blu-ray. (Studiocanal, 49,99 euros)
Angélique. Synonyme de premier émoi sexuel pour plusieurs générations de petits français (rediffusions à la télévision oblige), la série des Angélique est aujourd'hui étonnamment moderne. Pour retrouver les sensations d'antan, rien ne vaut ce coffret des cinq titres sur blu-ray. (Studiocanal, 49,99 euros)

Pour les sérivores

labyrinthe.jpgLabyrinthe. Tournée en parie derrière et devant les murtailles de la Cité de Carcassonne, « Labyrinthe » est inspiré du roman de Kate Mosse. Cette fresque historico-fantastique se déroule dans la région, au cœur des croisades et des combats entre cathares et catholiques. Le casting prestigieux. (John Hurt, Sebastian Stan, Tony Curran et Tom Felton) redonne vie au best-seller pour vous plonger dans un conte épique et captivant autour de la légende du Graal. Avec dans les bonus, un long making-of dont une grande place est consacrée à Carcassonne. (Universal, 19,99 euros)
twin.jpgTwin Peaks. La série de David Lynch a révolutionné le genre. Il est prévu une suite en 2016. Alors pour vous replonger dans l'ambiance de la ville de Laura Palmer, craquez pour cette intégrale en blu-ray. Dix disques dans lesquels vous trouverez le film, tous les épisodes de la série et 90 minutes de bonus inédits. (Paramount, 69,99 euros)


Cinéma : L’exigence du bon rythme dans "Whiplash" de Damien Chazelle


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Film sur la musique, “Whiplash” de Damien Chazelle montre l’affrontement entre un professeur exigeant et son élève.


Pas facile d’être un bon musicien. Encore plus compliqué d’être un excellent. Andrew (Miles Teller) rêve de devenir batteur de jazz professionnel. Il n’en est qu’aux balbutiements de sa carrière. Inscrit au conservatoire de New York, il répète inlassablement, s’écorchant les mains à force de frapper. Il ne vit que pour et par la musique, incapable d’avoir une relation amoureuse normale.
A force de patience, il est repéré par un professeur renommé, Terence Fletcher (J. K. Simmons). Andrew va alors découvrir une nouvelle facette de la musique, celle de l’exigence absolue.
Fletcher se révèle être un véritable tyran pour ses élèves. Il veut le meilleur. Donc, à la moindre baisse de régime, au plus petit signe de désintérêt, il les humilie avec un plaisir sadique.
Cela va jouer en faveur d’Andrew au début. Le batteur officiel de la classe mis sur la touche, le jeune nouveau va pouvoir prendre sa place. Encore faut-il qu’il puisse acquérir le rythme exact désiré par Fletcher. Le professeur le fera reprendre des dizaines et des dizaines de fois. Tant et si bien qu’Andrew, de rêve éveillé, se retrouve dans un véritable cauchemar.
Le film, écrit et réalisé par Damien Chazelle qui lui aussi a tenté de percer dans la musique, est d’une limpidité implacable. L’affrontement entre le dominé et le dominant semble venu que plus profond des âges.

Détestable professeur
Sadisme et méchanceté côtoient musique et grâce. Jusqu’à ce final, époustouflant, long solo de batterie au cours duquel l’élève se rebelle enfin. Cette séquence, exercice de style de montage et de mise en scène, est la preuve éclatante de l’immense talent de ce jeune réalisateur qui a remporté en août dernier le grand prix au festival de Deauville.
Les amateurs de jazz seront aux anges. Ceux des grandes prestations d’acteurs aussi. Miles Teller, dans une composition réservée, est très bon. Mais le duo ne fonctionnerait pas si bien si le personnage du “méchant”, le professeur, n’était pas criant de vérité. J. K. Simmons, habitué des séries télé (Oz et New York District) et des films de Jason Reitman, marque de sa personnalité de psychopathe mélomane ce film étonnant. On adore le détester, et comme Andrew, on en redemande...
En bonus, un extrait du film : 

samedi 27 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Trop rares Gérards

gérard, télévision, hanouna, énora, morandiniHeureux d'achever 2014. Il est des années tristes et insipides que personne ne regrette. 2014 remporte le pompon. Le mondial de foot ? M'en foot complètement (en plus ce sont les Allemands qui ont gagné en finale...) Les élections municipales ? Les trois-quarts des Français ne se souviennent plus pour qui ils ont voté... Le retour de Sarkozy ? Même lui, j'en ai peur, tente déjà de l'oublier.
De 2015, dans moins d'une semaine, sortira un autre millésime. Enfin, c'est ce dont on essaie invariablement de se persuader fin décembre. Pour ma part, j'ai au moins une bonne raison de me réjouir (en dehors du fait que je pars une semaine en vacances) : le 19 janvier seront décernés les Gérard de la TV. Sorte de mise en abîme de la désespérante nullité de la majorité des émissions proposées sur l'essentiel des chaînes, il s'agit de récompenser d'un parpaing recouvert de peinture dorée "les pires programmes et animateurs". Vous pouvez déjà voter pour le pire animateur et la pire animatrice sur le site de Télé Loisirs.
gérard, télévision, hanouna, énora, morandiniJe sens que D8 va faire carton plein cette année. On trouve en effet dans les nominés Cyril Hanouna et Enora Malagré. Ils méritent largement de l'emporter face aux pâles Antoine de Caunes ou Karine Ferri. Et ils ont suffisamment d'humour pour se rendre à la cérémonie et recevoir leur trophée.
Mon seul regret : la disparition de Morandini. Mais je suggère aux organisateurs de lui décerner un Gérard d'honneur pour "l'animateur qui n'a plus d'émission, mais franchement tout le monde l'a oublié et notre santé mentale ne s'en porte que mieux".

BD : Spirou passe entre les balles


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Dans le milieu des fans de la bande dessinée franco-belge, la sortie d'un nouvel album de Spirou et Fantasio est autant commentée que la première bande annonce de Star Wars 7 chez les admirateurs de la « Force ». Après des aventures lunaires, Vehlmann et Yoann signent une histoire plus terrienne et au cœur de l'actualité. Les deux héros vont devoir se rendre en Aswana, pays imaginaire avec de gros morceaux de Libye, d'Irak et de Syrie. L'opposition est parvenue, avec l'aide des occidentaux de la force « gros-nez », à destituer le dictateur local. Le pays est sur la voie de la démocratie. Du moins c'est la version officielle. En réalité une dizaine de factions armées se disputent le pouvoir, le pays est toujours à feu et à sang, seule la petite zone sous contrôle « gros-nez » est sécurisée. Spirou et Fantasio vont faire la délicate expérience de traverser Sniper Alley, une artère incontournable où nombre de mercenaires sont en poste et tirent sur tout ce qui passe. Il va falloir beaucoup d'agilité à Spirou pour éviter les balles. Vehlmann, pour cette 54e aventure du groom a ressorti plusieurs personnages secondaires. Le mercenaire sans pitié Poppy Bronco croisé sur la lune, Vito la déveine, le mafioso américain de la période Tome et Janry ou Martin, le geek intello. Mais il y également un bout de Gaston et surtout, à la dernière case, le retour du personnage le plus emblématique de la série qui semble annoncer un tome 55 véritablement exceptionnel.

« Spirou et Fantasio » (tome 54), Dupuis, 10,60 euros

vendredi 26 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le repas des relous

Noël, en plus des cadeaux, est l'occasion de réunir toute la famille autour d'un excellent repas. Pour beaucoup, le sentiment est mitigé. La statistique implacable : chaque famille comprend au moins un le cas désespéré, celui qui parvient toujours à casser l'ambiance et transformer la fête en règlement de comptes sanglant. De la vieille tante acariâtre au cousin un peu simplet en passant par le beau-père graveleux ou au nouveau petit ami de la nièce (le cinquième en deux ans) qui veut devenir footballeur professionnel (non pour la beauté du sport mais pour se payer une Ferrari) le choix est large. Parfois ces grandes tablées rappellent furieusement les travées de l'Assemblée nationale, pour le côté invectives et impossibilité de débattre. Saluons au passage l'idée du gouvernement : il vient de publier une sorte de bingo « spécial repas de famille ». Si vous soutenez l'action de Manuel Valls, vous saurez désormais quoi répondre quand la tata regrette que « le gouvernement n'aime pas les familles » ou que Norbert, autoentrepreneur en cours d'installation depuis deux ans, se lamente : « l'État ne fait rien pour les patrons ». Des réponses circonstanciées vous permettront de clouer le bec à ces malotrus. Et vous vous prendrez pour un ministre en pleine campagne média chargé de relayer les « éléments de paroles » dispatchés par des conseillers grassement payés. Je ne suis pour autant pas convaincu que l'initiative soit très suivie. Vu la conjoncture (chômage, impôts, affaires...), les derniers socialistes préféreront sans doute laisser passer l'orage et la jouer profil bas. 

jeudi 25 décembre 2014

DVD : Des “Catacombes” sans dessus dessous

Plongée dans les bas-fonds parisiens avec ce film d’horreur malin et angoissant.
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John Erick Dowdle est devenu un spécialiste du “found footage”, cette technique popularisée avec le “Projet Blair Witch”. En présentant le film comme un reportage, il plonge les spectateurs au cœur de l’intrigue. Mais avec toujours l’impression de ne voir qu’une partie de l’action, angoissé à l’idée de découvrir ce qui peut se passer derrière le caméraman. Si Blair Witch se déroule au grand air dans une forêt déserte, “Catacombes “au contraire se déroule en permanence sous terre, loin de la lumière. Les claustrophobes ne seront pas à la fête, sauf s’ils aiment se faire peur.


Scarlett (Perdita Weeks), jeune historienne passionnée d’ésotérisme, est à la recherche de la fameuse pierre de rosette, le graal de tout alchimiste. Elle suit les traces de son père, et pense avoir trouvé son trésor en déchiffrant un message codé sur la tombe de Nicolas Flamel, le plus célèbre alchimiste parisien. Elle embarque dans son expédition souterraine son ancien petit ami (Ben Feldman) et le caméraman Benji (Edwin Hodge). Pour ne pas se perdre dans les dédales, elle embauche un marginal, Papillon (François Civil) habitué de ces endroits peu accueillants.
Ce petit film d’horreur a l’avantage de ne pas trop tourner autour du pot. Il faut moins de 20 minutes avant de plonger dans les entrailles parisiennes. Ensuite les ennuis arrivent très vite, la peur aussi. Mieux vaut s’accrocher tant les rencontres dans ces sinistres catacombes rappellent nombre de très mauvais souvenirs aux participants de l’expédition.
Le DVD offre en bonus un petit making of pour expliquer toute la difficulté de tourner dans ces lieux clos et oppressants. Certaines scènes de panique ne sont peut-être pas jouées...


“Catacombes”, Universal, DVD et blu-ray, 16,99 euros.

mercredi 24 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le cri de l'huître

huitre, reveillon, cruauté
Parmi les vedettes incontestées des tables de Noël, les huîtres trônent en bonne place. Paradoxalement, les défenseurs des animaux s'offusquent du gavage des oies et des canards, mais n'ont jamais la moindre pensée pour les souffrances qu'endurent ces coquillages avant de finir au fond de notre estomac. Pourtant leur parcours est d'une rare cruauté.
Après une existence paisible, accrochées à un grillage, bercées par les vagues de la Méditerranée ou le rythme des marées en Atlantique, elles sont arrachées d'un coup à leur milieu naturel. Sorties de l'eau, elles se retrouvent en état de suffocation pour une longue agonie. Entassées dans des bourriches, elles partent pour un long voyage. Une fois achetées, elles sont souvent enfermées dans des sacs opaques et placées dans ces espèces de machines (appelées frigo) où le froid est intense.
Le jour de l'exécution, tout se passe très vite. Du moins si celui qui officie sait manier un couteau. Une entaille sur le côté, l'écartèlement des coquilles puis la décapitation. L'huître se retrouve nue face à un monde inconnu. Avant le coup de grâce, certains trouvent utile de la faire souffrir une dernière fois en l'aspergeant de jus de citron (ma femme pousse le sadisme plus loin, elle la poivre). Sa chair se rétracte, le mangeur est rassuré : l'huître est fraîche. Vivante en fait. Ensuite elle se fait gober, mastiquer et digérer.
C'est quasiment le seul animal que l'homme mange vivant. Certes, on n'entend pas le cri de l'huître sous la dent, mais à bien y réfléchir, c'est comme si, quand on entame son steak bleu, on entendait un "Meuh" de désespoir...

DE CHOSES ET D'AUTRES : Karine Ferri fait rêver

karine ferri, infidèle, coucher, rencontreReçu dans ma boitamel récemment un de ces messages dont on ne sait jamais s'il s'agit d'une véritable information, d'une publicité ou d'un canular. « Les hommes français veulent avoir une aventure avec Karine Ferri », est-il titré fièrement.
Je poursuis la lecture et découvre interloqué que « plus de 3 000 hommes infidèles ont choisi la présentatrice télé avec laquelle ils aimeraient avoir une aventure extra-conjugale ». En clair, Karine Ferri fait fantasmer des milliers d'hommes mariés. Elle arrive largement en tête (39 % contre 23 % à la seconde, Karine Le Marchand) d'un sondage réalisé sur un site de rencontres réservé aux hommes et femmes déjà en couple.
J'imagine la scène. Monsieur et madame un samedi soir devant « The Voice » sur TF1. « Elle chante vraiment bien la petite Manon, dommage qu'elle soit éliminée », s'extasie madame. « Oh oui, elle est bonne », réplique machinalement monsieur qui n'a d'yeux que pour Karine Ferri en train d'interroger la fameuse Manon dont il se moque éperdument. « Enfin.. elle... Narbonne... Manon, elle est de... Narbonne », tente-t-il laborieusement de se rattraper après avoir remarqué le regard qui tue de son épouse.
Cela expliquerait peut-être les audiences astronomiques de ce télé crochet guère plus convaincant que les précédents, de la Star-ac' à Nouvelle Star. Le concept ou la qualité des participants comptent peu. Tout est dans le « potentiel fantasmagorique » des présentateurs. En débauchant Karine Ferri de D8, TF1 a tiré le gros lot.

mardi 23 décembre 2014

Cadeaux : les intégrales BD au pied du sapin

Les Bleus de Salvérius

tuniques bleues, salvérius, cauvin, lambil, dupuis, coyote, litteul kevin, fluide glacial, D, vampire, maiorana, ayroles, delcourtSérie vedette des éditons Dupuis, « Les Tuniques Bleues » ont pourtant débuté petitement. La publication de l'intégrale des aventures de Blutch et Chesterfield permet de mieux comprendre commet ce western, résolument antimilitariste, est devenu un champion des ventes. Tout a débuté par un coup dur. Morris et son cowboy solitaire décident de quitter les pages de Spirou pour rejoindre celles, mieux payées, de Pilote. Pour remplacer Lucky Luke, un concours est lancé au sein du journal. Cauvin, encore peu connu, signe le scénario et le dessin revient à Salvérius, vieux routier de l'illustration mais encore novice dans la BD. La sauce est testée dans quelques récits complets et rapidement la première cavalcade de 44 pages est lancée. Ce sont ces premiers pas qui sont repris dans cette belle intégrale enrichie d'un long dossier signé Patrick Gaumer. En plus des longs récits « Un charriot dans l'Ouest » et « Du Nord au Sud », les premiers mini-récits de Salvérius sont publiés. Pas de soldats bleus dans ces pages mais des Indiens déjà très comiques.
« Les Tuniques Bleues » (intégrale 1), Dupuis, 24 €

Un gros Litteul Kévin

tuniques bleues, salvérius, cauvin, lambil, dupuis, coyote, litteul kevin, fluide glacial, D, vampire, maiorana, ayroles, delcourtNé en 1962 en Aveyron, Coyote a vite découvert l'avantage des deux-roues pour se lancer dans de grands périples et fuir un quotidien morne. Ce biker tatoué à la barbe fournie et aux longs cheveux frisés aime les belles femmes (il y en a plein dans ses BD), les motos rutilantes (elle sont légion elles aussi) et les enfants espiègles. Il rencontre le succès en dessinant les aventures de Litteul Kévin, petit blondinet roulant en Harley-Davidson. Une série familiale, mais au ton résolument moderne et sans complexe. La famille modèle façon Coyote est composée de Chacal, motard barbu et tatoué et de Sylvie, au physique ravageur. Durant 20 ans, les histoires se sont succédées dans les pages du magasine d'humour puis en albums. Pour les fans, ou ceux qui voudraient découvrir cet univers particulier, plongez dans l'intégrale en couleurs sous couverture souple : 344 pages et encore plus de motos et de gags... Sans oublier six planches souvenirs inédites en bonus pour présenter cet univers aux nouveaux lecteurs.
« Litteul Kévin » (intégrale couleur), Fluide Glacial, 30 €

« D » en noir et blanc

tuniques bleues, salvérius, cauvin, lambil, dupuis, coyote, litteul kevin, fluide glacial, D, vampire, maiorana, ayroles, delcourtConsidérée par nombre de spécialiste comme la meilleure série de vampires de ces dix dernières années, « D » (comme Dracula...) sort dans une superbe intégrale en noir et blanc. L'idéal pour profiter pleinement du dessin élégant et gothique de Maïorana. De retour d'expédition, l'explorateur Richard Drake hante clubs et salles de bals de la haute société victorienne. Il s'éprend de Miss Catherine Lacombe, charmante Lady au caractère bien trempé. Le séduisant Lord Faureston a lui aussi jeté son dévolu sur la jeune femme. Mais une aura de mystère entoure ce ténébreux dandy. La trilogie complète permet de révéler l'origine des vampires et le monstrueux visage du comte D.
Viennent également de sortir chez Delcourt l'intégrale de Vortex (2e époque) de Stan et Vince (29,95 €) et le recueil des tomes 17 à 20 de l'Histoire secrète de Kordey (dessin) et Pécau (scénario). Une série au long cours, le tome 32 vient de sortir... (29,95 €)

« D » (Intégrale noir et blanc), Delcourt, 35 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le fric du net

zoella, livre, blog, beautéLes détracteurs du net se délectent de cette histoire. Depuis quelques années, une certaine célébrité est promise à de jeunes blogueurs inventifs. Parmi cette meute de nouveaux visages, Zoella est une des plus célèbres en Angleterre. Mignonne, superficielle et marrante, elle distille ses conseils beauté à travers des vidéos qui franchissent régulièrement le million de vues. Au début, sa franchise a assuré son succès. Puis ce sont les placements produits qui ont gonflé son compte en banque. De blogueuse vidéo, elle s'est transformée en publicité perpétuelle incontournable. Déjà, à ce stade, la jeune Zoella devient beaucoup moins sympathique pour ceux qui, comme moi, n'aiment pas le mélange des genres. Cela n'a pas empêché une maison d'édition de tenter (et réussir) un gros coup avec la vedette du net. Zoella publie son premier roman « Girl online » et le vend à des centaines de milliers d'exemplaires. La success story reste quand même un peu louche. Faire risette devant une caméra est assez éloigné de la rédaction d'un livre de 80 000 mots. Certains soupçonnent l'intervention d'un « nègre ». Et ils trouvent même son nom, Siobhan Curham, qui s'est déjà illustrée dans ce genre de littérature. Zoella s'indigne. Pas longtemps... elle reconnaît avoir reçu de « l'aide ». En gros, elle a vaguement décrit les personnages, le reste n'est que le travail d'une équipe de « ghostwriters ». A l'arrivée, la littérature ne sort pas gagnante de l'aventure. Un signe supplémentaire pour craindre que le net, par certains de ses excès, se transforme en fossoyeur de l'écrit.     

lundi 22 décembre 2014

Cadeaux de Noël : trois beaux livres marqués BD

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Écrite par Pierre Dubois, émérite elficologue barbu, « L'effroyable encyclopédie des revenants » fait suite à celle présentant les fantômes. La différence est infime, mais essentielle pour ce spécialiste de l'étrange et du surnaturel. Ces 230 pages à la mise en page particulièrement soignée, sont richement illustrées par Carine-M et Elian Black'Mor. Pleines planches en couleurs (essentiellement du rouge et du noir) ou dessins à l'encre de Chine s'intégrant dans les textes, ces « horreurs » sont paradoxalement très belles. Cette encyclopédie peut aussi se picorer par petits bouts. La table des matières donne les thèmes abordés et la liste des contes repris dans ces pages, comme « La chasse maudite », « L'auberge du Larzac » ou « Le revenant de la bouteille », hilarant récit de la mort et des obsèques de Toine, pilier de bar, fainéant et grand amateur de beuverie. Sa mort est consécutive à une bagarre avec une brouette malotrue : il finit noyé dans une fosse à purin... Alors il est revenu hanter ses copains de bistrot car « Ivre, mort et ivre mort, c'est bonnet blanc et blanc bonnet ».
« L'effroyable encyclopédie des revenants », Glénat, 39,50 €
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Gothique et violent, ce conte mélange habilement bande dessinée classique et récit littéraire. Hubert en a écrit le scénario, Gatignol donné vie graphiquement aux personnages. L'action se déroule dans une vallée isolée. Des géants y règnent en maîtres. Le plus grand d'entre eux, le roi, bafre en compagnie du reste de sa famille. Au menu : des humains. Crus ou cuits. De géants, ils sont devenus ogres. La reine, après avoir accouché de triplés dégénérés, est de nouveau enceinte. Mais au lieu de mettre au monde un fort et gros bébé qui lui aurait déchiré les entrailles, elle donne naissance à un petit avorton. Le roi lui ordonne de l'avaler sur le champ. Elle fait semblant et confie Petit à sa tante pour qu'elle l'élève dans le plus grand secret. Qui sont ces ogres ? D'où viennent-ils ? Petit va-t-il détrôner son père ? Toutes ces questions rythment les 150 pages qui peuvent se lire comme une simple BD ou un beau livre richement illustré.
« Petit », Soleil, collection Métamorphoses, 26 €
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Les Bidochon retournent au musée. Le couple des Français très moyens imaginé par Binet semble pourtant totalement imperméable à la beauté. Certes, mais quand il pleut, un musée est bien pratique pour pique-niquer à l'abri. Il suffit de dégotter une toile dans le style du « Déjeuner sur l'herbe » de Manet pour que l'illusion soit parfaite. Le grand écart est absolu mais très amusant. Binet, par ailleurs excellent peintre, a donné l'occasion à ses personnages de commenter vingt toiles exposées à Caen et Lyon. Tous les styles sont représentés, de « Vénus et Adonis » de Cornelis Van Haarlem au « Canapé » d'Antoni Tapies. Les œuvres sont reproduites pleine page, en vis-à-vis du dessin en noir et blanc de Binet. Ensuite, Patrick Ramade et Pierre Lacôte détaillent la vie de l'artiste, explicitent la peinture et la replacent dans son contexte historique. Voilà comment Raymonde et Robert Bidochon vont vous donner envie d'aller faire un tour dans ces deux musées. Non pas pour manger un sandwich au saucisson devant le « Coucher à l'italienne » de Jacob Van Loo, mais admirer ces chefs-d'œuvre de la peinture européenne, toutes époques confondues.
« Un 2e jour au musée avec les Bidochon », Fluide Glacial, 25 €

dimanche 21 décembre 2014

Beau livre : Poire géante et magique


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Plus spécialement pour les plus jeunes, ne manquez pas « La fabuleuse histoire de la poire géante » de Jakob Martin Strid, un auteur danois à l'univers parfois proche de celui de Richard Scarry. Dans la petite ville de Solby, vivent sous un même toit Mitcho le chat et Sebastian l'éléphant. Ils découvrent une bouteille sur la plage qui contient un message de l'ancien maire, JB, leur demandant de le rejoindre sur l'île mystérieuse. Dans la bouteille il y a également une petite graine. Les deux amis la sèment et dans la nuit un poirier pousse à toute vitesse, chargé d'une énorme poire, une poire géante. Voilà le début de cette aventure où on croise un dragon marin mécanique, des pirates amateurs de pastèque et quelques spectres. Les dessins sont d'une étonnante richesse, regorgeant de détails. Un monde enchanté qui fera rêver petits et grands.

« La fabuleuse histoire de la poire géante », PKJ Pocket Jeunesse, 19,90 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mes étoiles à moi



Certains penseront que j'en fais une fixette. Ils n'ont pas tout à fait tort. Depuis que Georges Lucas a revendu sa société à Disney et que le géant de l'animation a révélé que Star Wars aurait une suite, je bous d'impatience comme pas mal de fans. Dans un an pile (sortie mondiale le 18 décembre 2015), je serai en train de me délecter des images du « Réveil de la Force », épisode VII de la saga.
Tout semble réuni pour un moment d'anthologie. D'abord le réalisateur. J.J. Abrams reste pour l'éternité celui qui a révolutionné le domaine de la série télé avec « Lost ».
Les acteurs ensuite. Tout le casting des trois premiers films est de retour. Harrison Ford en tête, même s'il a dû donner de sa personne (jambe fracturée par la chute des portes de son vaisseau spatial Faucon Millénium). Les producteurs maintiennent sur l'histoire le mystère le plus épais, mais ils auront du mal à garder le black-out complet. Plusieurs photos du tournage en Angleterre ont fuité. Ainsi que le reste de la distribution.
Depuis quelques jours, Disney a repris la main en dévoilant une première bande annonce. Juste des flashes de quelques secondes pour présenter les nouveaux personnages : Finn le soldat sans casque, BB-8, le robot rond sans oublier la belle Rey sur son speeder et le ténébreux Kylo Renn au sabre laser en forme de croix.
En attendant, on peut revoir les films de Lucas sur W9 (diffusés chaque mardi, restent les épisodes II et III). Ou rire en regardant l'épisode 22 de la saison 7 de Big Band Theory, « Un Proton peut en cacher un autre »...
Sur ce, « que la force (et la patience) soient avec vous ! »

samedi 20 décembre 2014

Cinéma : Faux rebond sur Terre battue


terre battue, gourmet, tennis

Pour être le meilleur, tous les coups ne sont pas permis...

Tiré en partie d'une histoire vraie, ce premier film de Stéphane Demoustier se déroule en grande partie dans le milieu très exigeant des jeunes prodiges du tennis. Ugo (Charles Mérienne), gamin de 10 ans, ne vit que pour le tennis. Une passion où il brille. Mais pour aller encore plus loin, envisager la possibilité de devenir professionnel dans le sillage des Gasquet et autres Monfils, il doit devenir champion de sa région afin d'intégrer le centre de formation de Roland-Garros. Son père, Jérôme (Olivier Gourmet) va tout faire pour lui permettre de réaliser son rêve. Loin de se consacrer sur le côté sportif de l'histoire, le réalisateur va d'abord planter le décor familial pour mieux faire comprendre le contexte. Jérôme, directeur d'un grand magasin, se retrouve au chômage. Le chiffre des ventes a baissé, u ne raison suffisante pour e remercier dans cette économie libérale du résultat. Cela tombe bien pour lui. Il a envie de voler de ses propres ailes, monter sa chaîne. Un saut dans l'inconnu qui n'est pas du goût de sa femme (Valéria Bruni Tedeschi) qui le quitte. Dépressif, sans projet, lâché par ses amis, Jérôme va transférer toute sa hargne sur son fils. Il sera un champion. De toutes les manières.



Produit par les frères Dardenne, le film qui se déroule dans le Nord, est sombre. La dramaturgie progresse inexorablement. Le spectateur, s'il n'est pas également passionné de coups droits et de volées liftées s'ennuie un peu par moments. Mais la descente aux enfers du père, parfaitement interprété par un Olivier Gourmet génial dans ces rôles de « M. tout le monde » rend palpitant un long-métrage plus universel qu'il n'y paraît malgré son thème très précis.


DE CHOSES ET D'AUTRES : Pirates sans humour

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L'imagerie populaire a transformé les pirates du net en Robins des Bois des temps modernes. Jusqu'à cette histoire de censure du film comique américain « L'interview qui tue ».

Une production potache qui met en scène la tentative d'assassinat du leader nord-coréen Kim Jong-un par un duo de journalistes déjantés. Face aux menaces des hackers, Sony décide de ne pas sortir le film.
A choisir, j'aurais préféré que les « Gardiens de la paix », ces fameux hackers par ailleurs totalement dépourvus d'humour, choisissent d'autres thèmes beaucoup plus dangereux pour la population mondiale. Côté cinéma, pourquoi n'ont-ils pas attaqué l'archétype du film commercial américain que représente « Expendables » avec Stallone et consorts. L'apologie de quelques vieux bodybuildés surarmés me semble plus néfaste que la prestation de James Franco, acteur toujours excellent, quel que soit le genre dans lequel il officie.
De même en France, pourquoi avoir permis l'adaptation de Benoît Brisefer, le Marsupilami ou l'élève Ducobu sur grand écran ? Ne pourrait-il y avoir un sous-groupe nommé « les Gardiens de la Ligne claire » pour faire pression sur ces producteurs avides de millions d'entrées et hostiles à toute idée originale ?
Et puis pourquoi interdire ce film en particulier et permettre à certaines personnalités de polluer l'esprit des trois-quarts de la planète. Des exemples ? De l'ensemble de la famille Kardashian à Justin Bieber en passant par toutes les stars éphémères de la téléréalité, ils sont légion.
Décidément, ces pirates du net me déçoivent de plus en plus.

vendredi 19 décembre 2014

BD : Le péteur penseur de Tébo


tebo, pète, glénat
Il n'y a pas de connaissance inutile. Dans le vaste champ de l'anatomie humaine, ce petit livre va révolutionner bien des existences. Tebo, dessinateur de BD (Captain Biceps avec Zep) a une nouvelle fois exploré. un monde tabou de notre civilisation très policée. Après « In caca veritas » puis « In pipi veritas », il signe les illustrations de « Je pète donc je suis » sur des textes de Ben Applebaum et Dan Disorbo. Ce petit livre discret de 130 pages fait le tour de la question des flatulences, vesses et autres pets (le fait que notre langue ait plusieurs mots pour définir ces gaz prouve leur importance). S'il y a une partie technique (composition des pets, aliments à éviter pour les limiter...) le bouquin vaut surtout pour les légendes des prouts, leur conséquence dans notre entourage et leur utilisation pour détendre l'atmosphère. George Clooney, le playboy de ces dames n'a-t-il pas affirmé : « Rien que de penser aux pets ça me fait rire. Dire le mot péter me fait rire. Pour moi, il n'y a rien de plus drôle. » Les pages sont ainsi parsemée de « Perle de sagesse ». Comme ce bon mot attribué à Redd Foxx, acteur comique américain, « Dieu a créé le pet. Ensuite, il lui a donné une odeur pour que les sourds puissent en profiter ». Par contre, plus on progresse dans la connaissance des flatulences, plus le livre aborde des sujets un peu plus étonnants. Un chapitre vous permet d'acquérir des « connaissances approfondies pour atteindre des sommets de puanteur ». Le livre se termine par une ode aux pétomanes, ceux qui font de la musique et parfois des effets enflammés du plus bel effet. Attention cependant « cela risque de provoquer un incendie qui pourrait détruire votre maison. La perspective de voir des flammes jaillir de votre postérieur en vaut-elle la peine ? »
« Je pète donc je suis », Glénat, 8 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : Vieillir, la belle affaire !

« J'ai dix ans ! » Le refrain de la chanson d'Alain Souchon me trotte dans la tête depuis plus d'une semaine. La faute à la musique d'un film actuellement à l'affiche, « Terre battue », où un mari cocufié, chante à tue-tête ces quelques mots en allant taguer le beau bâtiment de l'architecte amant de sa femme (pas que je soupçonne ma femme d'en avoir un, voir plus loin). A dix ans on en fait des bêtises. On ne craint rien, surtout pas la mort. Ceci explique certainement les résultats d'une étude médicale américaine. Il est prouvé que les personnes âgées qui sont persuadées que leur âge est inférieur de trois à quatre années à la réalité, meurent beaucoup moins de maladies cardio-vasculaires que celles qui se sentent plus vieilles qu'elle ne sont. L'optimisme est un médicament épatant, un élixir de jeunesse inégalable.
Alors, vous qui êtes aux portes de la retraite, voire en plein dedans, un conseil : n'agissez pas en vieillard cacochyme, de ceux décrits dans une autre chanson célèbre, « Les vieux » de Jacques Brel. Si vous vous résignez à ce que votre heure arrive en écoutant « la pendule d'argent qui ronronne au salon, dit oui, qui dit non, qui dit je vous attends », pas de problème, le temps vous semblera long, mais sera forcément plus court que si vous gardez un esprit jeune, ouvert et volontaire.

Donc, réécoutez Souchon et répétez-vous, tel un mantra, « J'ai dix ans. » Au final, bien évidemment, vous mourrez comme les autres. Mais si l'étude dit vrai, en réalité vous vous éteindrez à 14 ans... 


jeudi 18 décembre 2014

CINEMA : Une "Famille Bélier" qui fait du bien

bélier, louane, lartigau, sourds, sardou, viard, damiens
Ne boudons pas notre plaisir. Le film d’Éric Lartigau est optimiste, réjouissant et émouvant. C’est suffisamment rare par les temps qui courent...

"Mes chers parents... » Les trois premiers mots de la chanson finale du film « La famille Bélier » vous restera longtemps en tête tant sa charge émotionnelle est intense. Interprétée par Louane Emera, elle arrachera même quelques larmes aux plus sensibles. Le long-métrage d’Éric Lartigau parvient à jouer sur deux cordes sensibles : la comédie et le drame. Un travail d’équilibriste délicat dans lequel il s’en tire à merveille.
Les Bélier exploitent une ferme familiale. Des vaches, quelques fromages en vente directe. Rien d'exceptionnel si ce n’est qu’ils sont presque tous handicapés. Sourds et muets exactement. Le père Rodolphe (François Damiens), la mère Gigi (Karin Viard) et le fils Quentin (Luca Gelberg).
  • Un film universel
     
Tous handicapés sauf Paula (Louane Emera), qui entend et parle. Elle sert d’interprète perpétuel à sa famille. Conséquence cette jeune fille de 16 ans se retrouve à passer des commandes au téléphone entre deux cours et est réquisitionnée par ses parents pour traduire une consultation chez le médecin. Un gynécologue plus précisément, pour une scène d’anthologie (il y est question de mycose, de crème, de champignons, de vagin en feu et de poêlée, le tout dans la jolie bouche de l’innocente Paula).
Une fois le cadre posé, il ne reste plus qu’à lâcher l’élément perturbateur, en l’occurrence un beau Parisien dans le lycée de Louane. Elle le retrouve au cours de chant du professeur Thomasson, un Éric Elmosnino, archétype du blasé, coincé en province à son grand désespoir, à tenter de donner l’envie de chanter à une « chorale d’escalopes panées ».
Or, Paula a une voix d’exception. Le professeur veut absolument qu’elle progresse pour tenter de rejoindre la Maitrise de Radio France, école d’excellence. Problème : c’est à Paris et cela implique qu’elle abandonne sa famille... si dépendante d’elle.
Par les nombreux thèmes évoqués, le film frôle l’universel. De l’émancipation de la fille à la solitude de la mère, de la réussite à Paris à la vie tranquille en campagne, du don de Paula au handicap du reste de sa famille... Le tout servi par des interprètes excellents.
Louane Emera pour son premier rôle est très convaincante mais elle est à bonne école avec François Damiens et Karin Viard, hilarants malgré leur silence. On aurait pu craindre qu’ils en fassent des tonnes côté gestes et mimiques mais ils ont parfaitement intégré le langage des gestes à leurs tonitruantes, mais silencieuses, sorties.
Le film, en cette période de fêtes familiales, de fin d’année devrait contenter toutes les générations.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le calendrier de la rétro

A chaque fin d'année, les journalistes doivent se creuser la tête pour trouver des idées de reportage susceptibles de remplir les pages. Notamment durant la fameuse "trêve des confiseurs" où l'actualité se met en pause. Par bonheur, un génie a inventé un jour la "rétro". On profite de ce moment pour faire le point sur les 350 jours précédents (invariablement, les 15 derniers passent à l'as). En clair : faire du neuf avec du réchauffé. Simple dans la formulation, mais à dire vrai, l'exercice relève du grand art. Seules les grandes cuisinières savent parfaitement accommoder les restes. 
En presse écrite, le principe est le même. "Pondre" une rétro en deux jours chrono requiert talent, efficacité et un certain feeling. Car il ne suffit pas d'aligner les événements par ordre chronologique pour en extraire l'âme d'une année. Il faut au contraire savoir sélectionner, couper, amalgamer et synthétiser afin d'en retirer la substantifique moelle. Un véritable exercice de style. Cette année, Libération a eu l'idée de coupler sa rétro avec un calendrier de l'Avent, autre tradition incontournable de décembre. Ce mixage donne "31 raisons de sauver l'année 2014" à découvrir au jour le jour, du maintien de l'IVG en Espagne à l'émergence internationale de l'économiste Thomas Piketty.
Pour ma part, je ne retiendrai pas grand-chose de cette année 2014. Je préfère penser à l'avenir et toutes les bonnes choses que me réserve 2015, de la joie d'être pour la première fois grand-père à la sortie d'un nouveau Star Wars, sans oublier les 20 ans de vie commune avec ma chérie.

mercredi 17 décembre 2014

BD : Nostalgie automobile

bazile, dugomier, garage, glénat
Même si certaines voitures contemporaines ont un peu de gueule, rien ne vaudra certains anciens modèles, ancrés dans les mémoires de plusieurs générations de Français. Dugomier (scénario) et Bazile (dessin) font revivre quelques modèles de légende dans ce recueil d'histoires courtes au délicieux parfum de nostalgie. Cap sur les années 50-70 en Aronde, Alpine, Panhard ou Deux-Chevaux. Au total dix voitures hors du commun qui se prêtent aux récits exceptionnels. En plus d'être une délicieuse plongée dans le passé, chaque récit apporte quelques renseignements techniques sur les modèles utilisés. On apprend ainsi que la Panhard a véritablement été la première voiture révolutionnaire, quelques années avant la DS. Quatrième vitesse, phare antibrouillard, tableau de bord rembourré, carrosserie ultra légère en aluminium, optimisation de l'aérodynamisme : tout est nouveau. Sa carrière sera de courte durée mais elle fera bien des petites sœurs. L'Aronde aussi aura une durée de vie assez limitée mais restera très longtemps sur les routes françaises. Son look de fausse américaine en fera une compagne idéale pour les « mas-tu-vu » de l'époque. La BD s'achève avec l'Alpine, la reine des rallyes. Mais pour elle, une seconde jeunesse est à l'étude...

« Garage de Paris », Glénat, 13,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : A chacun son métier

Connaissez-vous le point commun entre un bûcheron, un journaliste de presse écrite et un militaire ? Ces trois professions, sont, dans l'ordre, les trois pires métiers de 2014 d'un classement effectué par un site américain de petites annonces selon trois critères : salaire, stress et perspectives d'embauches.
Le bûcheron a encore une petite possibilité de trouver du boulot. Par contre, au niveau stress c'est la cata. Il travaille dans des zones reculées avec d'énormes et dangereuses machines. Mieux vaut avoir des nerfs d'acier ou se contenter d'une espérance de vie limitée pour se tourner vers un tel job.
Le journaliste de presse écrite est victime de la crise des journaux papier. Avec une baisse conjoncturelle de 13 % du nombre d'emplois, les jeunes n'ont de toute manière aucune chance de se faire embaucher à un poste qui semble, aux USA, réservé à quelques dinosaures en voie d'extinction.
Quant au militaire, il est victime de sa raison d'être : tuer ou être tué... Stress maximum. Pourtant, le métier est loin d'être bouché. Au contraire, il semble avoir le vent en poupe, les guerres se multipliant dangereusement aux quatre coins de la planète.
Alors la pire situation serait un journaliste parti faire un reportage sur des bûcherons isolés en forêt dans une zone de conflit. Il suffit qu'il s'y soit rendu en taxi et les quatre pires professions seraient réunies au pire endroit de la planète.
De quoi faire ricaner mathématiciens, professeurs d'université, statisticiens et autres dentistes, métiers moins fun, certes, mais qui assurent débouchés, tranquillité et richesse....

mardi 16 décembre 2014

BD : Copilote de charme pour Michel Vaillant

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De tous les héros de BD pilotes de course, Michel Vaillant est le maitre-étalon. Après 70 aventures imaginées et dessinées par Jean Graton, il est reparti pour de nouvelles aventures (une nouvelle saison exactement) sous la houlette d'un brillant quatuor. Denis Lapière et Philippe Graton au scénario, Bourgne et Bénetteau au dessin. Dans une facture réaliste irréprochable, tant anatomique que mécanique, ils donnent un second souffle, très moderne et d'actualité, à un personnage qui n'a rien perdu de sa rage de vaincre. Après les déboires du fils, inventeur d'un moteur électrique révolutionnaire, l'action se recentre sur le personnage principal. Pour lancer un nouveau modèle de Vaillante, il s'engage au rallye du Valais. Et pour augmenter le buzz, son frère lui adjoint comme copilote la ravissante journaliste Carole Ouessant. Parfait pour attirer la presse, mais peu au goût de Françoise, l'épouse de Michel. Un peu de romance, beaucoup de lutte sur les routes et quelques péripéties économiques font de cet album le digne successeur de la série originelle.

« Michel Vaillant » (tome 3), Dupuis – Graton, 15,50 €

De choses et d'autres : Trop près de toi mon Dieu

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Emoi chez les "Carolos". Le clocher d'un village proche de Charleroi en Belgique est trop près du ciel. Non pas de Dieu, mais des avions en phase de décollage.
Conséquence, l'aéroport vient officiellement de demander à l'évêché local de raboter de 18 mètres le clocher de l'église Saint-Sulpice à Jumet sur une hauteur totale de 51.
Etonnante cette société où certains se croient tout permis. Du premier édifice bâti au Xe siècle, à l'actuel, érigé vers 1750 (donc bien antérieur à l'invention de l'aviation), l'église est en outre classée depuis 1949 au patrimoine culturel. A Charleroi, l'arrivée de Ryanair a bouleversé le paysage de ce qui n'était qu'une petite piste provinciale. Multiplication des destinations, extension des infrastructures, augmentation de la capacité des avions. Sauf quand le vent souffle dans un certain sens et que ce satané clocher se trouve juste dans l'axe des décollages. Les avions, pour obtenir l'altitude de sécurité, doivent se délester. De passagers. De rentabilité…
C'est là que des technocrates ont eu l'idée géniale : décapiter le clocher. Ahurissant, choquant, mais quand même proposé à l'évêché. Avec la promesse d'une confortable indemnité. Heureusement l'information a fuité. Le clocher devrait garder son aspect séculaire.
Dans le cas inverse, je crains qu'il ne se soit trouvé des hommes de Dieu prêts à inventer une quelconque malfaçon dans la toiture pour refaire (et raccourcir) en toute impunité l'édifice. Car si les voies de dieu sont impénétrables, les voies du ciel s'achètent facilement, si on y met le prix.

lundi 15 décembre 2014

Cinéma : “Timbuktu”, beauté contre barbarie


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Injustement oublié au palmarès du festival de Cannes, le film d’Abderrahmane Sissako est un témoignage fort contre la barbarie de l’islamisme radical.


Abderrahmane Sissako parle de son film « Timbuktu » tel un sage africain : avec mesure, gravité et poésie. Sa parole porte, comme ses images, belles et horribles à la fois. Belles comme ces paysages du Mali, ces rues gorgées de soleil, ces dunes aux courbes féminines. Horribles comme les hommes en armes qui ont pris la ville, y font régner la terreur de leur religion intransigeante, jugeant et tuant au nom d’un dieu très éloigné de la miséricorde. « On peut emprisonner l’amour et la musique mais on ne peut pas les tuer », explique le réalisateur malien persuadé que « l’amour vaincra le djihadisme ». Sans être à proprement parler un film politique, Timbuktu est avant tout un témoignage, une trace « pour qu’aucun enfant ne puisse apprendre plus tard que leurs parents peuvent mourir parce qu’ils s’aiment ».

Lapidation
« Timbuktu » fait partie de ces films qui ont eu toutes les peines du monde à se monter. À la base, Sissako voulait réaliser un documentaire sur la lapidation d’un couple dans un petit village. En juillet 2012, un homme et une femme ont été tués à coups de pierres car ils n’étaient pas mariés devant Dieu. Ils avaient deux enfants. Le pays était toujours en guerre, il a renoncé et s’est tourné vers la fiction. « Timbuktu » devait à la base ne raconter que le quotidien des habitants de la ville placés, du jour au lendemain, sous le joug de ces hommes venus du Nord. Mais un autre fait divers a de nouveau modifié la trame du film. Kidane (Ibrahim Ahmed, dit Pino) vit paisiblement dans les dunes en compagnie de sa femme Satima (Toulou Kiki) et sa fille Toya (Layla Walet Mohamed). Il possède un petit troupeau de vaches confié à un jeune berger. En les abreuvant, au bord d’un lac, l’une d’entre elles détruit les filets d’un pêcheur. Ce dernier la tue. Kidane réclame une indemnisation, les esprits s’échauffent et le fermier tue accidentellement le pêcheur. Ce sont les djihadistes qui vont juger Kidane. Selon la charia.
Le drame progresse lentement, inexorablement. Dans cette ville où toute tradition ancestrale est devenue interdite. Plus de cigarettes, ni de musique. Les femmes doivent être voilées, porter des chaussettes et des gants, les enfants n’ont plus le droit de jouer au football...
Le film n’est pourtant pas dénué de nuances. « J’ai humanisé les djihadistes », admet Sissako. La nuit, quand ils font la chasse aux musiciens, avant d’intervenir, ils écoutent longuement ces mélodies si belles. Un autre pose ses armes et danse en compagnie de Zabou la folle (Kettly Noël), formidable personnage, bouffée de liberté sous cette chape d’interdits. Le film, en plus de mettre en lumière l’Islam tolérant, réalité de cette Afrique sahélienne, porte également un message d’espoir. La terreur djihadiste est vouée à sa perte. « Mais, prévient Abderrahmane Sissako, la victoire ce n’est pas l’armée. La victoire ce sont ceux qui résistent, ceux qui chantent. »


Un projet en Chine

Grand oublié du Festival de Cannes, Abderrahmane Sissako avoue « cinq minutes de déception » à l’énoncé du palmarès. « Ce qui compte surtout pour moi, c’est l’accueil du public. » Il y a dans le film plusieurs moments de grâce absolue, un côté poétique qui tranche avec la violence d’autres scènes. Un match de foot sans ballon reste dans les mémoires. La nuit, dans la douceur d’une pièce recouverte de tapis et de coussins, deux jeunes couples jouent de la musique. Les femmes chantent. C’est beau, émouvant. Mais interdit.

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Le lendemain, la chanteuse, habillée de noir de la tête aux pieds, est fouettée en public. Du chant mélodieux aux hurlements de douleur...
Encore en projet, Sissako pense à un film sur la Chine. « Je voudrais raconter comment un Chinois revient en Afrique pour y retrouver sa fille illégitime. La Chine est en Afrique comme l’Afrique est en Chine. Des histoires se nouent. Il va falloir faire avec ce nouveau monde » C’est une réalité incontournable pour Sissako. « La Chine construit des ponts et des routes en Afrique. De 1960 à aujourd’hui, la France n’a plus rien fait en Afrique. L’Occident a délibérément choisi d’appauvrir l’Afrique. »

dimanche 14 décembre 2014

BD : Les angoisses de Louis de Funès


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Louis de Funès, dont on célèbre cette année le centenaire de sa naissance, voit une recrudescence de livres sur sa vie et son œuvre. Le roi de l’humour français est au centre de ce biopic dessiné. « Louis de Funès, une vie de folie et de grandeur », sur un scénario de François Dimberton et des dessins d’Alexis Chabert, raconte en 130 pages la vie de cet acteur hors du commun. Un éternel anxieux, jamais satisfait, toujours angoissé.
Il est vrai que son enfance n’a pas été de tout repos avec un père disparu de longues années après avoir fait croire qu’il s’était suicidé. Ce qui le sauve ? L’amour de sa mère et un piano. Il excelle devant le clavier qui lui procure ses premiers cachets dans des bars et autres cabarets parisiens. Durant de longues années, il devra se contenter de vache enragée. Et quand il commence à remporter un peu de succès, loin de se reposer, il cumule les emplois.
La journée il tourne pour le cinéma, le soir il joue au théâtre et dans la foulée retrouve son piano. Cette peur que tout s’arrête le contraint à tout accepter, essentiellement des seconds rôles peu valorisants. Ce n’est que vers 50 ans qu’il accède enfin à la reconnaissance du public.
La BD alterne grands rendez-vous cinématographiques, rencontres importantes et moments intimes dans une famille où tout tournait autour de l’acteur.

« Louis de Funès, une vie de folie et de grandeur », Delcourt, 16,95 euros.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Une vie en chiffres

Les dérives de l'économie numérique ne sont plus à démontrer. Nos vies ne sont plus constituées de chair et d'émotion mais de suites de chiffres. Des zéros et des uns, codage binaire oblige. On en a la preuve chaque jour avec les applications et autres gadgets connectés destinés à "quantifier" notre existence. Un mouvement est en train de naître, dit du "quantified self", le soi quantifié qui revendique "la connaissance de soi à travers les chiffres". Votre smartphone, associé à un bracelet ou une montre, ne cesse de compter. Une journée se résumera par un tableau synthétique bourré de données. Nombre de pas : 7 854 (pas suffisant, il faut dépasser les 10 000), nombre de marches : 152 (vous avez pris trois fois l'ascenseur, pas bien...), rythme cardiaque moyen : 92. Pic à 132 vers 14 h 05 à l'arrivée de la nouvelle secrétaire intérimaire, descente à 62 lors de la mini-sieste impromptue de 15 h 51 au cours de la lecture d'un rapport barbant. Et de retour au domicile, la valse des chiffres reprend : 2 h 22 devant la télévision, dont 41 minutes de publicité, 15 secondes pour se brosser les dents (peut beaucoup mieux faire). Au petit matin cela continue, encore et encore... « J'ai bien dormi," annoncez-vous satisfait à votre compagne en constatant que votre sommeil profond représente 22 % des 7 h 42 passées au lit. "Pourtant tu as ronflé exactement 532 fois cette nuit" vous réplique-t-elle dans les dents. "Tu as une nouvelle appli ?" demandez-vous innocemment. La réponse, loin d'être moderne, est vieille comme Hérode : "Non, je n'ai pas fermé l'œil de la nuit à cause de tes ronflements... »

samedi 13 décembre 2014

BD : Vitesse en Australie

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Laurent-Frédéric Bollée a plusieurs passions. La BD d'abord, puis la course automobile et enfin l'Australie. Il parvient à toutes les réunir dans cette nouvelle série dont il a écrit le scénario. Sinclair, le héros qu'il imagine et qui est dessiné par l'Italien Carloni, est un jeune pilote français prometteur. Il compte faire ses débuts en Formule 3 mais les événements mai 68 contrecarrent ses projets. Le pays à l'arrêt, il accepte une proposition venue d'Australie. Sa mère, une modeste infirmière, a toujours prétendu que son père était mort durant sa grossesse. En réalité c'est un pilote de course australien très célèbre chez lui. Il a notamment été le premier vainqueur de la mythique course de Bathurst. 30 ans plus tard les organisateurs veulent que son fils participent à l'édition anniversaire. Le jeune homme va devoir découvrir un pays-continent, les secrets enfouis de son père et la conduite à gauche. L'intrigue historico-familiale permet de lier les scènes de course pure, dans des décors merveilleux et une voiture de légende : la R8 Gordini.
« Sinclair » (tome 1), Paquet, 13,50 €



DE CHOSES ET D'AUTRES : Régime corn-flakes

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Frosties ou Chocapic ? Au chocolat ou multicolores ? Riz soufflé ou müesli ? Il existe des centaines de céréales pour agrémenter le petit déjeuner des enfants. On a tous des souvenirs de ces légers craquements sous l'action du lait, prémices d'une bonne journée, rassasié et plein d'entrain.
Vous regrettez ce temps béni ? Filez immédiatement à Londres, 139 Brick Lane et poussez la porte du « Cereal Killer Cafe ». Deux frères ont ouvert, le 10 décembre, ce lieu unique qui remporte déjà un réel succès... sur les réseaux sociaux du moins. Ouvert de 7 heures à 22 heures, ce café joue à fond la carte de la nostalgie. Vous avez le choix entre 120 marques de céréales et 30 de lait venus du monde entier. Et même du passé. Certains paquets arrivent directement des années 80 ou 90.
Une idée géniale de ces jumeaux barbus et tatoués. Les adultes d'aujourd'hui étaient les enfants d'hier. Ils sont nombreux à éprouver l'envie, le temps d'une matinée et même d'une soirée, entre potes, de retrouver cette ambiance.
Pour être sûr que chacun puisse trouver sa « madeleine » personnelle, le « CKC » propose un large choix et une déco au petit poil. Tout semble d'époque, du mobilier aux posters ou aux télévisions diffusant de vieilles émissions. Bien sûr, ce n'est pas donné. Il vous faudra quand même débourser 3,5 livres (environ 4,40 euros) pour un gros bol de 50 grammes.
Mais que ne ferait-on pas pour des Crunch Jurassic Park, des perles roses Barbie ou du riz soufflé goût banane et fraise ? Encore plus savoureux parce que conseillé par Steve Urkel de la série télé « La vie de famille ».

vendredi 12 décembre 2014

BD : Se souvenir de Coluche

coluche, dimberton, torregrossa, jungle
Les Restos du cœur viennent de lancer leur saison. Cet hiver encore des milliers de repas vont être distribués aux plus démunis. Une formidable idée que l'on doit à Coluche. Le comique aurait eu 70 ans en 2014. Mais un « putain de camion » comme l'a chanté Renaud l'en a empêché. Le clown triste est encore dans la mémoire des Français, mais pour les plus jeunes ou ceux qui ont oublié son parcours, cette biographie en BD tombe à pic. Dimberton assure le scénario alors que Torregrossa se charge du dessin dans un style entre réalisme et bonhomie. De sa naissance au drame du 19 juin 1986, ce sont 88 pages denses et très renseignées qui ne font l'impasse sur rien. Coluche avait un cœur immense, beaucoup de talent mais aussi un caractère parfois colérique. Rarement satisfait, il avait tendance à se brouiller facilement avec ses meilleurs amis. Souvent pour mieux les retrouver quelques années plus tard comme avec Romain Bouteille, celui qui lui a permis de faire de la scène. Le gamin insolent, passionné de moto, aura même l'occasion de battre un record du monde. La moto, une constance dans son existence, des ses premiers petits boulots à sa fin tragique.

« Coluche », Jungle, 14,95 €

jeudi 11 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : UMPitreries

François Hollande doit jubiler. Le retour de Nicolas Sarkozy sur le devant de la scène politique lui donnera autant d'occasions de se faire oublier. La machine médiatique est ainsi faite. Le "bashing" (mot phare de l'année 2014) oscille comme la mode : en perpétuel renouvellement.
Exit les critiques sur la présidence molle, le problème des frondeurs ou les coups bas de Valérie Trierweiler. Deux ans après sa défaite, Sarkozy revient au centre de toutes les attentions. Il s'attendait (trop) visiblement à être accueilli en sauveur d'une France en pleine déliquescence, il apparaît comme le nouvel homme à abattre, tout juste bon à remettre un peu d'ordre à l'UMP. Et encore...
Après avoir fait les yeux doux à la droite dure, hostile au mariage pour tous, il nomme au poste de numéro 2 NKM, la plus bobo des élues de droite. Laurent Wauquiez, autre jeune loup de l'UMP, est numéro 3 sur le papier. Dans les faits, comme l'a raconté Libération, le député de Haute-Loire s'installe dans le bureau du numéro 2. Premier arrivé, premier servi... Quelques heures plus tard (elle a certainement pris du retard au brunch), NKM découvre l'imposture, fulmine et finalement récupère son bien après force éclats de voix.
Voilà comment, une semaine après le vote pour désigner le nouveau patron du parti, Sarkozy le rassembleur se retrouve déjà à tenter de gérer une guerre ouverte qui s'annonce sans pitié entre ses deux principaux lieutenants...
Pourtant, la solution est simple comme bonjour : tout le monde dans un open space et plus de jaloux.

DVD : Pluie de squales tueurs

Des milliers de requins attaquent New York dans la suite de “Sharknado”.

Le succès d’une réalisation tient à peu de chose. Parfois, l’improbable se transforme en idée de génie. Exemple avec « Sharknado », téléfilm à petit budget produit par la chaîne du câble Syfy. Le requin est limité dans son pouvoir de nuisance. Il ne fait peur que dans l’eau. Pour lui donner une dimension supplémentaire, il se met à voler grâce à des tornades et à attaquer en pleine rue dans ce mélange des « Dents de la mer » et de « Twister ». Un premier opus explose l’audience. Immédiatement la suite est mise en branle et vient de sortir en DVD et blu-ray.
sharknado, nanar, requins, new york, zylo« Sharknado 2 » se déroule à New York. Après Los Angeles, c’est la Grosse Pomme qui va souffrir de ce déluge de requins tueurs. Dans le rôle du héros on retrouve Fin Shepard (Ian Ziering), jamais en mal d’imagination lorsqu’il s’agit de trouver des armes pour décaniller du squale (épée de chevalier, fronde, tronçonneuse, fusée de détresse et même batte de baseball). Après une scène d’ouverture en avion entre l’hommage à la « Quatrième dimension » et « Y a-t-il un pilote dans l’avion », la suite de l’histoire se déroule dans des lieux mythiques de New York, de la Statue de la Liberté au stade City Field des Mets en passant par l’Empire State Building. Si le scénario n’est pas des plus élaboré et des acteurs parfois aussi expressifs que le vide sidéral (même dans « Amour gloire et beauté », ils semblent plus humains...), l’enchaînement des scènes d’actions à grand renfort d’effets spéciaux transforme le téléfilm en expérience psychédélique à partager entre amis décidés à rigoler des outrances de ce cinéma de genre. Et puis quelques seconds rôles se révèlent savoureux, notamment Kelly Osbourne en hôtesse de l’air, dont on se demande comment elle fait pour passer dans le couloir avec son impressionnant popotin ou Biz Markie, rappeur devenu pizzaïolo pour les besoins du film.
Il n’est pas question de grand cinéma (même pas de bonne télévision) mais en ces temps austères et moroses, ce serait de la folie de se priver de cette tranche de rire au second degré.

« Sharknado 2 », Zylo, 14,99 euros le DVD, 16,99 euros le blu-ray.