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dimanche 27 octobre 2024

BD - Oradour, village martyr


Sorti en mai dernier mais toujours d'actualité, cet album raconte le martyr du village français d'Oradour-sur-Glane. Dessinée par Bruno Marivain, au trait réaliste digne d'un William Vance ou de Philippe Jarbinet, cette histoire a été voulue par Robert Hébras, rescapé d'Oradour. Mort le 11 février 2023, il n'a pas pu voir l'histoire achevée mais n'avait pas caché sa satisfaction en découvrant le scénario de Jean-François Miniac et les premières pages dessinées.

L'histoire d'Oradour-sur-Glane, village martyr, est connue de tous. Notamment grâce au travail de mémoire effectué par Robert Hébras et l'Association nationale des familles des martyrs d'Oradour-sur-Glane qui a soutenu ce projet édité par la jeune maison d'édition belge Anspach.

Le 10 juin 1944, la division Das Reich arrive dans ce gros bourg du sud-ouest, rassemble les hommes dans des grandes et les fusille froidement. Femmes et enfants sont enfermés dans l'église et brûlés vifs. 643 victimes, le plus important crime de guerre commis sur le territoire national. Heure par heure le drame est retracé.

Montrant comment quelques villageois sont parvenus à s'échapper en faisant croire qu'ils étaient morts. Un témoignage essentiel alliant la force de la narration au choc des dessins.
« Oradour, l'innocence assassinée », Anspach, 88 pages, 20 €

samedi 26 octobre 2024

BD - Résistants en culottes courtes


L'occupation de la France par l'envahisseur allemand durant le seconde guerre mondiale a durablement marqué toute une génération. Les plus jeunes aussi ont voulu participer à la Résistance. Le Réseau Papillon s'inspire de cette bravoure à toute épreuve pour raconter le destin de quelques gamins, fiers d'être Français, déterminés à récupérer leur liberté.

Une série écrite par Franck Dumanche et dessinée par Nicolas Otéro. Feuilleton historique, plus le temps passe, plus la fin de la guerre approche et plus les enfants deviennent de grands adolescents. Presque des adultes. Ainsi Edmond, Doc de son nom de code, a rejoint l'Angleterre et participe à l'effort de guerre dans la cellule communication des forces françaises libres.

Si François et Elise sont toujours chez leur parents, le reste de la bande (le réseau papillon), a rejoint le maquis. Arnaud et Gaston vivent cachés et montent des opérations de sabotage contre l'occupant. Dans le 9e titre de la série, « A l'aube du débarquement », tout s'accélère en ce printemps 1944. Les maquisards intensifient leurs actions pour empêcher l'arrivée des troupes allemandes en Normandie.

Parmi les soldats de la division Das Reich, Karl décide de déserter. C'est un Alsacien, enrôlé de force pour aller combattre sur le front de l'Est et rapatrié après la déroute dans le sud-ouest de la France. Il fait partie des « Malgré-nous », ces Alsaciens obligés de rejoindre l'armée d'Hitler. En cas de refus ou de désertion, les nazis exécutaient le reste de la famille. Blessé, il est soigné par Elise, devenue une belle jeune femme, intrépide et déterminée.

Il sera caché par le réseau, en même temps que trois aviateurs anglais dont l'appareil a été abattu lors du parachutage d'armes aux Résistants.

Beaucoup d'action dans cet album, qui annonce une suite encore plus mouvementée : l'opération Overlord et le débarquement de 195 000 soldats alliés en Normandie.

« Le Réseau Papillon » (tome 9), Jungle, 56 pages, 12,95 €
 

vendredi 25 octobre 2024

BD - Quand Paris se soulève


« Paris outragé, Paris brisé, Paris martyrisé ! Mais Paris libéré
! » Cette célèbre tirade du Général de Gaulle le 25 août marque la fin d'une des grandes batailles de l'Histoire de France (nom de la collection), la libération de Paris. Jean-François Vivier et Denoël ont retracé ces quelques jours avec la méticulosité des historiens. Dans un prologue, ils présentent les forces en présence.

Car les libérateurs n'arrivent pas forcément unis. D'un côté les communistes, de l'autre les Gaullistes. La libération de Paris est avant tout une affaire politique franco-française.


L'album raconte comment les Gaullistes tentent de temporiser pour permettre à la 2e DB de Leclerc de rejoindre la capitale et d'arriver en triomphateur avec De Gaulle. Les communistes sont au contraire déterminés à en finir le plus vite possible. Ils sont persuadés que les forces intérieures seront assez fortes pour repousser l'envahisseur. Alors qu'une trêve est négociée, les barricades communistes dans divers quartiers parisiens viennent provoquer l'armée allemande.

Surtout, les résistants du colonel Rol-Tanguy harcèlent les SS, mènent des raids contre les colonnes de l'armée d'occupation, n'ont qu'un seul mot d'ordre « A chacun son boche ». Par chance, dans les derniers jours, tous se retrouvent et participent, unis à la libération de la ville.

Mais au final c'est de Gaulle qu'un million de Parisiens acclament le 26 aout 1944 sur les Champs-Elysées. L'histoire alterne tractations politiques et coup de force armée avec aisance. Le dessin de Denoël, réaliste et fidèle, permet au lecteur de plonger au cœur de l'action, de l'Histoire.

« La libération de Paris », Plein Vent, 48 pages, 15,90 €
 

jeudi 20 avril 2017

BD : Femmes en quête de liberté au Maroc



Roman graphique tout en couleurs directes (style aquarelles lumineuses), « Morocco Jazz » est la première BD en solo de Julie Ricossé. Elle signe textes et dessins de cette histoire de jeunes femmes prises dans la tourmente de l’indépendance du Maroc en 1954. Louise, jeune Française vivant seule avec sa mère malade, est amoureuse d’un gendarme. Elle s’imagine mariée, des enfants, dans ce pays ensoleillé et joyeux. Mais c’est sans compter sur les velléités d’indépendance du peuple marocain. Avec deux de ses meilleures amies, une apprentie cambrioleuse et la femme d’un avocat autochtone, elle est au centre d’événements violents et dramatiques. Cette histoire est racontée avec un point de vue actuel, car Louise, de nos jours, se retrouve involontairement plongée dans ce passé qu’elle désire oublier et qui a radicalement changé son avenir. Finement dessiné, le récit vaut aussi par la vision très négative de l’action de certains militaires français, colons avides de pouvoir et déterminés à écraser cette indépendance naissante. Mais à quel prix ?
➤ « Morocco Jazz », Vents d’Ouest, 19,50 €

lundi 9 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Titres pas tristes

Samedi, ceux qui n'ont pas mis le nez dehors ont raté chez les marchands de journaux le meilleur titre de la presse de ces dernières années. Pour décortiquer la conférence rémunérée de Nicolas Sarkozy à Abou Dhabi, le lendemain de la législative partielle dans le Doubs, où l'UMP ne s'est pas qualifiée pour le second tour, Libération a titré « Sarkozy : l'errance d'Arabie ». 
La presse écrite peut en présenter de deux types : les informatifs et les incitatifs. Les premiers sont simples à trouver, les seconds plus vicieux car souvent à double tranchant et pas forcément compréhensibles par la majorité. 
Libé reste le champion du titre tordu. Souvent imité, jamais égalé. Ainsi le 18 janvier 2008, la manchette du quotidien annonce la « Mort du chanteur d'Oasis ». Comment, un des frères Gallagher est décédé et vous l'aviez manqué ? Non, le chanteur d'Oasis, pour Libé, c'est Carlos, le barde jovial tendance Obélix de la chanson française, interprète de cette publicité chantée pour une boisson fruitée... Quand Manuel Valls remplace Jean-Marc Ayrault à Matignon, le remaniement se résume en un « Ayrault valse » court et percutant. Et puis il y a les unes nécrologiques. 
La rédaction y a trouvé un filon. Coup de maître à la mort de Hergé, tous les articles d'actualité du numéro sont illustrés de vignettes extraires des albums des aventures de Tintin. Un collector régulièrement réédité. Avant, les lecteurs avaient appris que « Brassens a cassé sa pipe » ou que « Tout fou Lacan ». Trenet, le fou chantant a droit à un bien triste « Y'a eu d'la joie ». Libé va mal. Dommage, ses titres nous manqueront s'il cesse de paraître. 

Chronique parue lundi 9 février en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 18 décembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le calendrier de la rétro

A chaque fin d'année, les journalistes doivent se creuser la tête pour trouver des idées de reportage susceptibles de remplir les pages. Notamment durant la fameuse "trêve des confiseurs" où l'actualité se met en pause. Par bonheur, un génie a inventé un jour la "rétro". On profite de ce moment pour faire le point sur les 350 jours précédents (invariablement, les 15 derniers passent à l'as). En clair : faire du neuf avec du réchauffé. Simple dans la formulation, mais à dire vrai, l'exercice relève du grand art. Seules les grandes cuisinières savent parfaitement accommoder les restes. 
En presse écrite, le principe est le même. "Pondre" une rétro en deux jours chrono requiert talent, efficacité et un certain feeling. Car il ne suffit pas d'aligner les événements par ordre chronologique pour en extraire l'âme d'une année. Il faut au contraire savoir sélectionner, couper, amalgamer et synthétiser afin d'en retirer la substantifique moelle. Un véritable exercice de style. Cette année, Libération a eu l'idée de coupler sa rétro avec un calendrier de l'Avent, autre tradition incontournable de décembre. Ce mixage donne "31 raisons de sauver l'année 2014" à découvrir au jour le jour, du maintien de l'IVG en Espagne à l'émergence internationale de l'économiste Thomas Piketty.
Pour ma part, je ne retiendrai pas grand-chose de cette année 2014. Je préfère penser à l'avenir et toutes les bonnes choses que me réserve 2015, de la joie d'être pour la première fois grand-père à la sortie d'un nouveau Star Wars, sans oublier les 20 ans de vie commune avec ma chérie.

dimanche 8 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mandela l'Antillais

Nelson Mandela et sa lutte contre l'apartheid ont pris une autre dimension dans mon imaginaire le 11 février 1990. A l'époque je suis journaliste dans un quotidien à la Martinique. Je travaille dans une équipe composée à 70 % d'Antillais. La problématique de la couleur de peau m'est totalement étrangère.
Ce matin-là, un attroupement se forme devant la petite télévision de la rédaction de Fort-de-France. Mandela va être libéré. Mandela libre... Du simple journaliste au rédacteur en chef en passant par les employés techniques, tous regardent CNN, diffusée depuis l'île voisine de Sainte-Lucie. Exclamations en créole, rires, applaudissements : le direct prend un peu de retard, le grand homme se fait attendre. Et puis enfin il apparaît, il marche devant des voitures, main dans la main avec sa femme Winnie. Dans la rédaction, le silence se fait. Je regarde l'image, mais ne peux m'empêcher de voir aussi mes collègues. Je lis l'émotion dans leurs regards, la gravité du moment.
Je prend conscience que ce matin-là, je suis le seul Blanc de l'équipe. Je perçois alors mes collègues, mes amis, différemment. Ce sont aussi, au plus profond de leur être, des descendants d'esclaves et la marche sans entrave de Mandela après des années d'enfermement représente la fin du dernier vestige de la ségrégation raciale. Je devine des larmes dans les yeux de certains. Je suis au milieu d'eux, avec eux. Je les comprends.
La marche et le poing levé de Mandela ce 11 février 1990 resteront à jamais gravés dans ma mémoire.   

samedi 30 novembre 2013

De choses et d'autres - Impression de déjà-vu

La semaine dernière, quand tous les médias diffusent une photo du tireur de Libération, je suis frappé par ce visage extrait d'une vidéo surveillance. Une impression de déjà-vu. Pire, je suis persuadé le connaître. Sorti du contexte, ce portrait me fait définitivement penser à Jean-Luc Delarue. Problème : je sais parfaitement que l'animateur télé est mort d'un cancer il y a un an. N'ayant pas envie d'être pris pour un fou, je garde mes réflexions pour moi. Indécrottable cartésien, je ne crois pas aux fantômes, d'autant moins que le cliché est diffusé par la Préfecture de police.
Mais plus je regarde ce visage pixélisé, aux mauvaises couleurs, bonnet au ras du front et lunettes rondes, plus je trouve la ressemblance frappante. Je ne suis pas le seul, heureusement. Sur le net, certains adeptes du « complot » prétendent que le richissime producteur télé, après s'être converti à l'islam et fait croire à sa mort, sort de sa retraite pour assassiner les journalistes progressistes de Libération...
Trois jours plus tard le visage a un nom, Jean-Luc Delarue est rentré dans sa tombe et les conspirationnistes se creusent la tête pour trouver une explication encore plus vaseuse. Reste cette impression de déjà-vu. Une photo, un visage, une situation : parfois l'inexplicable erre aux portes de notre esprit.  

dimanche 9 juin 2013

BD - Epuration expéditive dans les mystères de la IVe République


Trois séries distinctes, un seul scénariste et un thème : les mystères de la république. Philippe Richelle (Les coulisses du Pouvoir, Secrets bancaires...) se lance dans ce projet sous-titré « Liberté, impunité, criminalité ». IIIe, IVe et Ve république passent au scanner du scénariste spécialiste en affaires troubles. Des ligues d'extrême-droite aux événements d'Algérie en passant par l'épuration d'après-guerre, il lève le voile sur des pratiques cachées d'un Etat trop souvent au-dessus de ses propres lois. 
Dans « Les résistants de septembre », dessiné par Buscaglia, le commissaire Coste, à Marseille, enquête sur la découverte d'un charnier dans une petite commune rurale du Lubéron. Plusieurs corps, appartenant à des résistants ou des collaborateurs, mélangés dans la mort. Coste, malgré les pressions de ses supérieurs, va tenter de comprendre comment des hommes et des femmes ont pu être massacrés, et par qui. Passionnant, très bien documenté et rapide, les seconds tomes des trois séries paraîtront en septembre.

« Les mystères de la République », Glénat, 13,90 €