dimanche 31 décembre 2023

Pour les plus jeunes, trois bandes dessinées locales à mettre sans hésitation au pied du sapin



La boîte à musique.
Carbone, pseudonyme de Bénédicte Carboneill, ancienne institutrice en Pays catalan, a lâché l’Éducation nationale pour se consacrer entièrement à l’écriture. Des romans jeunesse et puis une entrée remarquée dans la bande dessinée. 



Dès le premier tome de La boîte à musique, elle a trouvé son public passionné par les aventures de la jeune Nola dans le monde magique de Pandorient, contenu dans une simple boîte à musique que lui avait offert sa maman avant de disparaître. Dessiné par Gijé, le premier cycle de 5 albums vient d’être édité sous forme d’une intégrale, parfaite pour découvrir ou redécouvrir ce monde enchanté qui fera rêver petits et grands. 




Droit au but. Et de 20 ! Pas des buts, mais des albums de la série Droit au but. 20 albums dessinés et en grande partie scénarisés par Jean-Luc Garréra, l’auteur de BD Coursannais. 20 titres en 15 ans et un minot qui est devenu aussi célèbre que les joueurs de la Canebière : Nino. 



Une aventure inédite dans laquelle il affiche son « amour du maillot ». Et des maillots célèbres il y en a eu à l’Olympique de Marseille. Le grand-père de Nino en possède quelques-uns, mais ne retrouve plus celui de Maradona. Une mission exaltante pour Nino. 

Pour cet album anniversaire, une édition collector est proposée avec 16 pages supplémentaires sur les joueurs légendaires de l’OM, de Papin à Boli en passant par Pirès.  



Bonnie & Clo. Les fêtes de fin d’année permettent aux amateurs de fruits de mer de profiter pleinement de leur passion gustative. Notamment s’ils habitent près de la mer. Mais méfiez-vous des « Tentacules de la mer », titre de la troisième (et malheureusement dernière) aventure de Bonnie & Clo. 


Ce duo (un petit garçon et son chien) est sorti de l’imagination de Carbone, Marie Tourat et Pauline Roland, un trio originaire du Pays catalan et de l’Aude.  

On retrouve avec plaisir le dessin tout en caricature cartoonesque, de Pauline Roland. L’autrice de Port-la Nouvelle abandonne Bonnie & Clo pour se lancer dans la réalisation, en solo, d’une BD adulte. 


« La boîte à musique » (intégrale), Dupuis, 288 pages, 40 €

« Droit au but » (tome 20), Hugo BD, 11,95 € (édition collector, 14,95 €)

« Bonnie & Clo » (tome 3), Jungle, 64 pages, 13,50 €

mercredi 15 novembre 2023

Quatre chiens et les rêves australiens

 

Le duo Crisse - Paty se reforme et part explorer d'autres rivages. Après la verte Irlande, ils installent l'action de leur nouvel album, Uluru, dans l'Australie de la fin du XIXe siècle. 

Un grand voilier, en provenance d'Angleterre, est pris dans une tempête au large des côtes australiennes. Le jeune propriétaire de quatre chiens, un couple et leurs deux chiots, préfère les sauver en les mettant dans une barrique qui dérive jusqu'au rivage. Les animaux se retrouvent seul dans ce monde inconnu et vont partir à la recherche de leur petit maître. Une aventure animalière, les canidés croisant des dingos, des kangourous, varans et autres animaux étranges et exotiques. Surtout, ils vont aussi découvrir le monde des rêves, celui qui donne cette spiritualité unique aux Aborigènes. 

Sous couvert de saga, les deux auteurs sensibilisent les lecteurs à l'importance du monde des songes. Les dessins de Paty donnent une clarté et une beauté uniques à cet album très original dans la production habituelle. 

"Uluru", Soleil, 64 pages, 15,95 €

jeudi 19 octobre 2023

Les couleurs de la liberté restent dans la mémoire du Passeur



Plus récent que 1984 mais encore plus effrayant, le roman Le passeur de Lois Lowry est adapté en bande dessinée par P. Craig Russell. Un pavé de 184 pages, très fidèle au texte initial, parfaitement adapté au récit qui passe par la perception, ou pas, des couleurs de la vie. Dans ce futur, la société est totalement aseptisée. Les émotions sont contenues, les existences rectilignes. La famille est identique partout. Un couple, deux enfants, un garçon et une fille. Tout le monde travaille et quand le corps lâche, il est délié. En clair, euthanasié sans la moindre hésitation. 



Pour comprendre l'horreur de ce monde, les auteurs racontent comment Jonas, à ses 12 ans, est désigné comme futur receveur de mémoire. C'est lui, et lui seul, qui connaîtra le passé, saura qu'avant les hommes et femmes avaient des émotions, des sentiments. Que le monde n'était pas gris et terne, mais rempli de couleurs, de senteurs, de musique...  

Il va mettre en péril son existence en tentant de sauver un bébé agité. Ce nourrisson dort mal la nuit. Alors la communauté décide de le délier. Un roman glaçant d'effroi, comme si le totalitarisme froid et macabre des nazis avaient gagné toute la société. 

On referme la BD inquiet. Mais il suffit de regarder une fleur, ou un tableau, voire d'écouter un morceau de musique (n'importe lequel) pour se dire qu'on a encore de la marge. 

"Le passeur" adaptation du roman de Lois Lowry par P. Craig Russell, Philéas, 184 pages, 21,90 €

vendredi 13 octobre 2023

Le renard rusé inspire Jean-Claude Servais



Nouvelle série très nature pour Jean-Claude Servais. Le dessinateur ardennais va présenter en plusieurs tomes La faune symbolique. Premier à entrer en scène, le renard. Renard rusé est composé de plusieurs petites histoires courtes, souvent tirées de croyances populaires. 


Le fil rouge est constitué par les réflexions d'une jeune femme qui se demande quel est son animal-totem. Après un exercice de dessin, elle trouve dans ses gribouillis la silhouette du fameux goupil. Goupil, associé parfois aux fées, réputé malin et très intelligent. On découvre avec plaisir la légende des queues des animaux. Sans appendice, tous les animaux en voulaient une jolie. Or la plus belle est revenue au rusé renard. Une distribution très imagée, notamment quand Servais évoque la queue des lapins ou des cochons. 



Un album qui se termine par un texte d'Adrien de Prémorel sur les aventures de Renard, l'ardennais. Texte très poétique illustré de croquis au crayon, en noir et blanc, de Servais, excellent dessinateur animaliste.

"Renard Rusé" de Jean-Claude Servais, éditions Dupuis, collection Aire Libre, 80 pages, 17,95 €

mercredi 30 août 2023

Les débuts de Daniel Clowes dans la revue Eightball



Considéré à juste titre comme l'auteur le plus emblématique de l'underground américain actuel, Daniel Clowes a sa propre collection aux éditions Delcourt. Avec "Twentieth Century Eightball", ce sont ses œuvres de jeunesse que le lecteur français peut redécouvrir. 


Des récits complets parus dans la revue Eightball à partir de 1989. 45 BD de jeunesse où on retrouvait déjà toute l'introspection et critique sociale qui marque l'oeuvre de l'auteur de Chicago. Premiers travaux réalisés alors qu'il était encore étudiant aux Beaux-Arts. Cela donne une vision très cynique d'un petit milieu où le grand n'importe quoi permettait de justifier toutes les expériences. Tel cet étudiant, constatant au petit matin qu'il n'a pas fait son projet, de se dire en se brossant les dents : "Je peux toujours remettre ma brosse à dents comme prise de position conceptuelle sur le consumérisme..." 


Daniel Clowes se met en scène ou endosse les personnalités de losers absolus comme Lloyd Llewllyn, Zubrick  ou Pogeybait. Ce qui est sûr, à chaque fois, c'est qu'il est sans pitié. Pour lui ou ses doubles de papier. Cela lui permet aussi de taper dur sur la société américaine et ses excès. C'est salutaire et des petites notes de la traductrice, Anne Capuron, permettent de mieux comprendre les allusions à des célébrités qui (parfois par chance), n'ont pas franchi l'Atlantique.

"Twentieth Century Eightball" de Daniel Clowes, Editions Delcourt, 104 pages, 19,99 €

mercredi 7 juin 2023

BD - "Supercanon", le rêveur de conquête spatiale devient marchand d'armes



Le jeune Gerry est un surdoué. Maths, physique et chimie n'ont pas de secret pour cet enfant précoce. Un petit garçon vite orphelin. Mais le jeune Canadien est recueilli par sa tante et va pouvoir intégrer de grandes écoles. Un scientifique qui ose rêver, tel est le thème central de Supercanon !, roman graphique signé du Québécois Philippe Girard. 

La lecture des romans de Jules Verne (dans les années 30), lui donne l'envie de conquérir les étoiles. Et il est persuadé que l'utilisation de canon géants, comme imaginé par le romancier français,  est la solution à tous les problèmes. Il va rapidement se lancer dans des recherches pour le gouvernement canadien, sous le regard de plus en plus intéressé des Américains. Il n'arrivera pas à toucher la lune, mais sa connaissance de la balistique le propulse excellent fabricant de canons. 

Et pour atteindre les étoiles, il faut de l'argent, beaucoup d'argent... Gerry va créer une entreprise et fabriquer des canons surpuissants, d'une rare efficacité, engrangeant des millions de bénéfices. Problème, le rêveur est peu regardant sur ses acheteurs. Afrique du Sud, Israël, Irak... il est de tous les conflits locaux. 

La CIA ne va pas apprécier et il sera condamné à quelques mois de prison. Ruiné aussi... Il va tenter de tout recommencer depuis sa filiale belge qui a échappé à la banqueroute. Bruxelles, capitale de l'espionnage et des meurtres politiques.  

"Supercanon !", Casterman, 152 pages, 24 €

mercredi 17 mai 2023

Des lapins au centre de la Terre

Adapter le roman Voyage au centre de la Terre de Jules Verne en bande dessinée est une gageure. Encore plus quand on décide comme Rodolphe et Patrice Le Sourd que les personnages auront l'aspect de lapins. C'est pourtant ce que proposent les auteurs dans le premier tome de cette BD d'aventures. La tramer du roman est conservée. Une expédition, un savant, sa fille déguisée en garçon et une longue descente vers les entrailles de notre planète. Le premier tome semble un peu lent. 



En fait il ne se passe pas grand chose... Mais cela reste passionnant grâce aux dessins de Le Sourd. Il excelle dans ces compositions aux multiples hachures, telles des gravures d'époque. Et ses lapins sont adorables. Vivement la suite. Pour l'action. Les rencontres. 

"Voyage au centre de la Terre" (tome 1/2), Delcourt, 48 pages, 11,50 €