mercredi 31 août 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Montrez ce sein

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 "Marianne a le sein nu, Marianne n'est pas voilée, elle est libre !" déclarait Manuel Valls lundi soir à Colomiers. Décidément les politiques français sont obsédés par les vêtements féminins. Toute cette fin d'été ils se sont écharpés au sujet du burkini. Le Premier ministre, hostile à cette tenue préconisée par l'islam, franchit donc un pas en préconisant indirectement le port du monokini. Juste pour prouver sa liberté. Alors tous à poil ? Car nous les hommes, quels vêtements devrons-nous adopter ? Le bermuda, long et ample, est-il liberticide ? Faut-il, comme Franck Dubosc dans Camping, porter ces slips de bains si moulants qu'ils ne dissimulent rien de notre anatomie ?
burkini,valls,sein nu,marianne,polémiqueEt si plus simplement on regardait la réalité en face. Marianne sur ses nombreuses représentations a effectivement un ou deux seins à l'air, ce n'est cependant pas pour représenter l'allégorie de la mère nourricière, ni parce qu'elle est libre. Peut-être, tout simplement, car c'est beau. Oui, depuis la nuit des temps, le galbe d'un sein fait partie des choses si agréables à dessiner et admirer. Manuel Valls, tout Premier ministre qu'il soit, est un homme avant tout. Donc sensible à la beauté d'une poitrine féminine.
Mais parfois, montrer est moins explicite que les subterfuges pour cacher. Le burkini en soi couvre le corps de la femme, mais en sortant de la mer, elle se transforme sans le vouloir en candidate à un concours de tee-shirt mouillé. Et ceux qui pensent que j'ai l'esprit mal tourné n'ont qu'à objectivement se souvenir de leur premier émoi sexuel. Dans une grande majorité des cas, l'apparition subreptice d'un téton a suffi à changer leur vision de la vie.

BD : les bons et mauvais robots de "Rock Stone"


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Les intelligences artificielles, pour quelques visionnaires, sont les ennemis de demain. Créées par les humains, elles risquent de rapidement les dépasser. Malgré quelques règles simples de robotique (merci Asimov), il y a toujours une possibilité qu'elles se retournent contre leur créateur. C'est ce qui s'est passé sur la planète Caldoria, vaste champ minier exploité intensivement par des milliers de machines. Une entité nommée IAVHÉ contrôle tous les robots. Seul son inventeur, réfugié dans une station orbitale, peut contrecarrer ses projets hégémoniques. Sur place, il a le renfort de son fils adolescent, Stan, protégé par un robot de combat non relié au réseau. Imaginée par Nicolas Jean et dessinée par Yann Valeani, cette série de science-fiction parfois un peu trop classique permet de découvrir un dessinateur réaliste au trait précis et expressif. Une belle surprise.
« Rock & Stone » (tome 2), Delcourt, 14,50€

mardi 30 août 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Pokémon (livres) Go

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Il ne faut jamais désespérer des modes. Cet été le jeu Pokémon Go a déferlé sur la France. L'engouement pour cette chasse aux bestioles virtuelles finira bien par retomber. Plus intéressant, certains y ont trouvé des idées pour ajouter un zeste de culture. Une directrice d'école belge a décidé d'utiliser les "Pokéstops" (lieux où les Pokémon sont nombreux) pour y déposer les livres en fin de vie de la bibliothèque scolaire. Le principe du bookcrossing combiné à la géolocalisation. Des dizaines de livres aban'donnés' ont leur page sur un groupe Facebook dédié avec la possibilité de savoir où ils ont été déposés et de les suivre à la trace. Car le principe, une fois l'ouvrage lu, est de lui permettre de prolonger son voyage. Une initiative belge concentrée sur la partie francophone du pays.
L'idée a fait des émules en France, notamment en Gironde. Mais le succès est moindre. Plus de 52 000 membres pour le groupe belge contre seulement 83 près de Bordeaux. Mais en une seule journée !
En ces temps de rentrée littéraire, il est toujours bon de saluer les initiatives favorables à la lecture. Plus de 600 romans vont tenter de trouver leur public sur deux petits mois. Il y aura forcément beaucoup de déçus. Alors messieurs les éditeurs, au lieu de confier tous vos invendus au pilon, chargez des brigades de "chasseurs de livres" d'en dispatcher une partie un peu partout en France. Une seconde chance pour certains auteurs et la certitude de donner envie de lire à des hommes et femmes qui n'en ont pas les moyens financiers.

BD : mythologie indienne

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Comment puiser dans la mythologie pour renouveler le western ? Xavier Dorison, scénariste d'Ulysse 1781 a trouvé la solution. Le héros, un mercenaire téméraire, est chargé de convoyer à travers les montagnes de cette Amérique du Nord encore sous la coupe des Anglais un bateau sur roues. Mais son équipage s'aventure dans une vallée maudite et il doit affronter un Wendigo, esprit sacré indien incarné dans un géant. Dessiné par Hérenguel, le second tome de cette série prometteuse est presque entièrement consacré au combat entre Ulysse et le monstre. Beaucoup d'action et des décors gigantesques dans ces 50 pages se terminant par un double rebondissement, pour Ulysse mais également pour sa femme, restée en ville et convoitée par d'infâmes soldats britanniques.
« Ulysse 1781 » (tome 2), Delcourt, 15,50€


lundi 29 août 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Bouchon dur

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470 kilomètres de bouchons sur les routes de France samedi pour le dernier chassé-croisé des vacances. Un chiffre abstrait sauf quand on se retrouve au cœur de ce grand embouteillage. Prudents, pour revenir dans le sud après une semaine de vacances, nous avons, mon épouse et moi, préféré anticiper et avaler vendredi les 1 195 kilomètres entre Oisquercq (Belgique) et Pollestres (Occi... pardon, Pays catalan). Bonne pioche à part un petit ralentissement à Montpellier. Radio bloquée sur le 107,7 Mhz, celle de l'autoroute, les incidents signalés ne nous concernent heureusement pas : beaucoup de morceaux de pneus sur la chaussée, un piéton sur le terre-plein central, un semi-remorque immobilisé suite à la rupture de son arbre de transmission et même un sanglier écrasé.
Passé Lyon, cela se complique. Mais uniquement pour les malheureux obligés de quitter le soleil du Midi pour les froidures du Nord (même si ce week-end, on y constatait des températures bien plus élevées). Sur trois voies et une cinquantaine de kilomètres, voitures et camions se retrouvent à l'arrêt. Un carambolage ? Non, selon les journalistes, de simples "ralentissements" dus à des "coups de frein". Même pas un embouteillage, encore moins un bouchon.
Il semble que dans ce milieu, un bouchon corresponde minimum à une heure d'immobilisation. Quand ce temps est dépassé (comme ce fut le cas samedi), la radio de l'autoroute parle de "bouchon dur". J'ai appris quelque chose. Par chance, je ne l'ai pas vécu.
Et maintenant, en route pour les nouvelles aventures de la rentrée.

BD : les petits riens du délire quotidien


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Geoffroy Monde, auteur de « De rien », recueil d'histoire courtes, avoue être influencé par Goossens. En réalité, ses nouvelles graphiques ressemblent à du Goossens tout craché. Totalement absurdes, ces sortes de sketches auraient tout à fait leur place dans Fluide Glacial. Parmi les quelques perles de ces 160 pages, ne manquez pas « L'interrogatoire ». Dans une cave, deux policiers tentent de faire parler un suspect. A grand renfort de gifles? ils veulent des réponses « Donne le C horizontal, ordure. Allez, crache. 7 lettres, putain. » Ou comment faire ses mots croisés sans se fatiguer... Beaucoup plus mouvementée la scène avec Jackie Chan en vedette. Dessin numérique en couleur, décor au trait : Geoffroy Monde est de plus un excellent illustrateur au style très personnel.
« De rien », Delcourt, 17,95€


dimanche 28 août 2016

DVD : Vacances tragiques autour d'une piscine

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Remake très modifié de "La piscine" de Jacques Deray, "A Bigger Splash" de Luca Guadagnino avec Tilda Swinton, Ralph Fiennes et Dakota Johnson est le film parfait pour rester dans l'ambiance caniculaire de cet été 2016. Sur une petite île italienne au large de la Sardaigne, avec la Tunisie en ligne d'horizon, une rock star cherche calme et tranquillité. Opérée des cordes vocales, elle doit rester muette encore de longues semaines. Installée dans une villa luxueuse avec son boyfriend du moment, elle se partage entre balade dans la garrigue, séances de bronzette et plouf dans la piscine. Un séjour paisible qui vole en éclat quand son ancien amant et mentor dans la musique, débarque à l'improviste avec sa très jeune fille. Ce ménage à quatre provoque de fortes tensions, jusqu'au point de rupture. Ce huis clos au grand air offre un formidable rôle à Ralph Tiennes, exubérant au possible, passionné, manipulateur et sorte de démon de la star. Dakota Johnson, dans la fille lascive et provocante est parfaite et Tilda Swinton, partagée entre son passé tumultueux et son présent sage, ne sait plus quoi faire. Le film vaut essentiellement pour les performances d'acteurs au summum de leur art.
"A bigger splash", Studiocanal, 19,99 euros

samedi 27 août 2016

Cinéma : L'inexorable envie de fuite en avant de "Rester vertical"

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Face à l'adversité il faut "Rester vertical", titre du film d'Alain Guiraudie au cours duquel ses personnages semblent en permanence chercher un ailleurs inaccessible.




Si "L'inconnu du lac" a fait scandale lors de sa sortie, "Rester vertical", dernier film d'Alain Guiraudie ne devrait pas lui non plus passer inaperçu. Le réalisateur filme des scènes d'amour sans détour, avec un réalisme qui se moque des apparences et des codes du genre. Côté politique, il aborde également des sujets très clivants comme l'euthanasie assistée ou, de façon indirecte, la GPA, gestion pour autrui réclamée par la communauté homosexuelle. Reste que ce n'est pas l'essentiel du film, ancré dans le réel, mais avec surtout des personnages déboussolés, perdus dans leur propre vie qu'ils n'assument plus.
La fermière et le scénariste
Le héros, Léo (Damien Bonnard) est un scénariste en perdition. Son producteur lui réclame un début d'histoire, quelques scènes, juste de quoi justifier les nombreuses avances déjà consenties. Mais Léo est sec. Il erre sur le Causse Méjean, homoncule dans une nature grandiose. Il croise le chemin de Marie (India Hair), jeune bergère. Elle surveille son troupeau de brebis, un fusil à l'épaule. Les attaques de loups se multiplient. Léo et Marie, presque comme dans un film romantique à la "Farrebique", se plaisent, s'aiment. Le scénariste abandonne ses tracas d'écriture pour vivre le parfait amour dans cette ferme appartenant au père de Marie, Jean-Louis (Raphael Thiéry). Un an plus tard, Léo cache pourtant bien des choses à Marie, la mère de son enfant. Il va régulièrement dans une petite bourgade pour tenter de rencontrer Yoann, jeune éphèbe qu'il rêve de faire apparaître dans son prochain film. Léo a la sexualité aussi sinueuse que les routes de Lozère où est tourné le film, comme toujours dans les créations d'Alain Guiraudie, parfait exemple de récits politiquement non corrects. Quand Marie quitte la ferme, abandonnant le bébé à un Léo désemparé, le film bascule dans la fable sociale grinçante. Un homme seul, avec un bébé, sans domicile fixe ni revenus ? Difficile de s'intégrer dans le paysage français policé. La suite du film consiste à plusieurs allers-retours entre la ferme sous la menace des loups, le marais poitevin et une druidesse très nature, et Brest, sa grisaille et ses clochards. En passant par Séverac-le-Château, village d'Aveyron où Léo fausse compagnie à des gendarmes, personnages récurrents de tous les films de Guiraudie. Pour boucler cette histoire, il fallait l'intervention d'un élément extérieur fort. Le loup, dont la menace a plané tout le long du film peut entrer en scène.
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Partir, toujours partir
rester vertical,gay,guiraudie,berger,loupMoins extravagant que ses précédents longs-métrages, "Rester vertical" d'Alain Guiraudie charme par ces magnifiques paysages d'une nature dure et généreuse. Les scènes sur Causse donnent une furieuse envie d'aller s'y balader, seul, comme Léo, avec un simple petit sac à dos. À moins que les plus bucoliques ne préfèrent les promenades en barque dans le marais poitevin noyé de soleil. Images et décors d'une rare beauté, contrepoints d'une histoire âpre. Cinquième film d'Alain Guiraudie, "Rester vertical" a parfois des ressemblances avec "Le roi de l'évasion", son troisième long-métrage. Léo, recherché par son producteur puis par les gendarmes, au lieu de faire face à l'adversité, choisit la fuite. Dans "Le roi de l'évasion" aussi le personnage principal prenait ses jambes à son cou quand la situation devenait trop compliquée. Autre ressemblance entre les deux films, le milieu social. Il y est beaucoup question de paysans et de personnes isolées. Et d'envie de tout plaquer pour aller vivre ailleurs, mieux, forcément mieux. Quand Léo se retrouve bloqué dans des buissons, c'est comme quand Armand et Curly fonçaient dans les bois. Ils parvenaient à semer les chiens de la gendarmerie en marchant dans une rivière. Léo, de la même façon, disparaît aux yeux de son producteur en se plongeant dans le marais poitevin. Et puis il y a la question de l'homosexualité. Chez Alain Guiraudie, elle semble généralisée. Quasiment tous les personnages du "Roi de l'évasion" étaient homosexuels, du commissaire aux agriculteurs en passant par Armand, représentant de commerce. Même constat dans "Rester vertical où, étrangement, le père de Marie, ogre terrifiant, devient tout doux quand il avoue à Léo qu'il a envie de lui...

vendredi 26 août 2016

Rentrée littéraire : les platanes de Christian Laborde


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Écrivain du Sud-Ouest, Occitan oserait-on dire au risque d'irriter quelques Catalans, Christian Laborde a beaucoup écrit sur le sport. Dans ce, roman lancé dans la cohue de la rentrée littéraire, il préfère jouer sur la corde nostalgique. A deux niveaux. Rock pour le narrateur, France profonde pour le portrait des grands-parents disparus.
L'occasion aussi de pousser quelques gueulantes : contre les multinationales du net qui tuent les libraires et les élus qui coupent des platanes sous couvert de sécurité routière.
D'une écriture alternant uppercut rageurs et tirades lyriques. Tom, le narrateur, quitte la région parisienne pour rejoindre ce Sud tant aimé. Sa grand-mère vient de mourir. Un voyage triste ? Non car il part avec la belle Joy, pétillante copine qui n'a pas sa langue dans la poche.
Presque un road movie, avec de gros morceaux d'amour dedans, le tout saupoudré de souvenirs joyeux. A déguster frais, à l'ombre de ces platanes devenus trop rares le long des routes de la région.
« Le sérieux bienveillant des platanes » de Christian Laborde, éditions du Rocher, 14 €.

jeudi 25 août 2016

Rentrée littéraire : Le vilain canard et la belle endormie d'Amélie Nothomb

Amélie Nothomb s'aventure sur les terres du conte pour une nouvelle fable sur la différence.
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Rendez-vous incontournable de la rentrée littéraire, le nouveau roman d'Amélie Nothomb s'aventure sur les terres du conte. En intitulant son roman « Riquet à la houppe », elle plante clairement le décor. Deux héros aux prénoms bizarres, comme toujours avec la romancière belge. Déodat, laid et savant. Trémière, belle et mutique.
Le livre se déroule de leur naissance à leur rencontre. Bébés, puis obligés d'aller à l'école, source de toutes les brimades. Premier sujet de plaisanterie : leur prénoms. Déodat devient dans la bouche des caïds vulgaires de la cour de récré « Déodorant ». Trémière, pour les petites pestes, futures lectrices de magazines spécialisés dans les ragots, se transforme en « la crémière ». Mais il en faut plus à ces deux introvertis pour être déstabilisés. Leur force intérieure est bien supérieure aux mesquineries du quotidien.
Surdoué, Déodat s'intéresse à tout, jusqu'au jour où un événement cocasse lui fait lever les yeux aux ciel et qu'il découvre l'existence des oiseaux. Il se passionne, ne vit plus que par eux, devient de fait un ornithologue renommé.
La trop belle Trémière
Malgré sa laideur, comme dans le conte de Perrault, il plait beaucoup aux femmes. Femmes dont il ne comprend pas toujours les demandes d'attention quand elle sont amoureuses. « A la réflexion, l'insatisfaction et la vulgarité pouvaient s'interpréter comme les versions féminines et masculine d'une force identique : le désir. Celui-ci constituait le socle, la définition, le magma originel. » Visage ingrat et de plus quasi bossu. Heureusement la médecine moderne le redresse, au prix de quelques années coincé dans un corset métallique et de deux années de massages par une charmante kinésithérapeute qui malheureusement n'est pas sensible aux charmes de celui qui est surnommé « Riquet à la huppe » par ses facétieux collègues.
A l'opposé du jeune homme, Trémière paraît idiote. Sa mère la confie à la grand-mère, cartomancienne fascinée par les bijoux et les pierres précieuses. Trémière, belle mais bête ? Non, simplement contemplative, passive. C'est comme ça qu'elle supporte les moqueries de ses méchantes camarades, par l'indifférence. Car souvent, la trop grande beauté est tout aussi moquée que la laideur.
Le roman d'Amélie Nothomb est construit comme un double miroir inversé. Les itinéraires parallèles de Déodat et Trémière finissent par se rejoindre et la fin de l'histoire, si elle avait fait partie de la Comédie humaine de Balzac, serait dans la petite minorité (6 % des cent quarante sept ouvrages) mise en lumière par Amélie Nothomb qui parvient une nouvelle fois à nous distraire tout en nous apprenant quantité de choses sur l'art, la vie et l'amour.
« Riquet à la houppe » par Amélie Nothomb, Albin Michel, 16,90 €.

mercredi 24 août 2016

BD : Renoir et ses deux muses


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La collection « Les grands peintres » loin d'être une simple encyclopédie, permet à des auteurs de BD de proposer des regards originaux sur ces maîtres du passé. Dodo et Ben Radis se penchent sur Renoir. Mais au lieu de raconter linéairement la vie d'un des précurseurs de l'impressionnisme, le couple parle des modèles. Pour peindre, un artiste a besoin d'une muse, d'un modèle qui l'inspire. Renoir en a eu deux qui ont beaucoup compté. En 1893, en pleine remise en question de son style, il reçoit la commande de deux toiles. Suzanne Valandon posera pour « Danse à la ville », Aline Charigot pour « Danse à la campagne ». L'histoire de ces deux toiles, les rivalités des deux femmes et l'amour très partagé de l'artiste est au centre de cet album d'une grande érudition. On croise également dans ces pages Satie, Cézanne et Monet en plein déménagement vers Giverny.
« Renoir », Glénat, 14,50 €

mardi 23 août 2016

BD : "Red Skin", une héroïne en rouge vif


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Capitalistes numérotez vos acabits, « Red Skin », la justicière communiste débarque aux USA. Écrite par Xavier Dorison et dessinée par Terry Dodson, cette série entre humour et glamour, brocarde les histoires de superhéros et les bondieuseries américaines. Red Skin c'est Véra Yienikof, espionne au service de l'URSS à la fin des années 70. Envoyée en mission en Californie, elle doit favoriser la signature du traité de désarment Salt. Sa couverture ? Assistante d'un réalisateur de films pornographiques. Un rôle loin de déranger la belle soviétique qui, en dehors de siroter de la vodka, aime particulièrement faire l'amour où et quand et avec qui elle veut. Sur son chemin se dresse Le Charpentier, catholique intégriste. Un combat homérique l'oppose donc à la justicière communiste armée d'un marteau et d'une faucille. Ce récit plus savant qu'on ne le croit, bénéficie des dessins de Dodson, expert en jeunes femmes dénudées pour le plaisir des yeux de ses nombreux lecteurs esthètes (et un peu salaces...).
« Red Skin » (tome 2), Glénat, 14,50€

lundi 22 août 2016

BD : LE VIEUX TUEUR RÉCALCITRANT de "Polar venu du froid"

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Virtuose, Victor Santos l'est, sans conteste. Ce dessinateur espagnol, renommé aux USA pour ses nombreux comics, se lance en solo dans un projet plus personnel. Si le scénario est basique (un ancien agent tueur est traqué par son employeur), le résultat graphique est époustouflant. Sur un format à l'italienne, les 176 pages sont une accumulation de bagarres, combats et duels au découpage très cinématographique. Et pour renforcer le tout, Santos rajoute de grosses zones rouges sur ses images tout en ombres. La violence n'en est que plus prégnante, l'action plus mouvementée, l'angoisse au maximum. Le héros, Black Kaiser, est à la limite de la caricature. Mais qui n'a jamais émis des doutes sur les capacités d'un James Bond, Jason Bourne et autre Ethan Hunt ? En fait, pour que cela marche, il faut forcer le trait. Santos est un véritable cador dans cette pratique.
« Polar, venu du froid » (tome 1), Glénat, 15,95 €

dimanche 21 août 2016

DVD et blu-ray : Colocation en folie dans "Five" avec Pierre Niney

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Avant de réaliser son premier film, Igor Gotesman a roulé sa bosse dans des formats courts à la télévision. Mais quand il décide de se lancer dans le grand bain, une évidence s'impose : il doit gonfler son court-métrage « Five ». Une belle histoire de colocation entre potes amis depuis l'école primaire. Le projet bénéficiera de l'apport du nom de Pierre Niney, jeune acteur français tout terrain mais au fort potentiel comique. Avec plus de 500 000 entrée en salles, « Five » a connu un beau succès mais pourrait devenir culte dans les prochaines années en raison de scènes particulièrement déjantées.

Sam (Pierre Niney), profite de la fortune de son père pour assurer la belle vie à ses quatre amis, trois gars et une fille. Mais quand le paternel coupe les vivres, il doit trouver une solution pour assurer le loyer d'un immense appartement dans Paris. Ce n'est pas avec ses pourboires de voiturier qu'il pourra honorer sa signature. Alors, sans rien dire à ses copains, il se lance dans le commerce d'herbe, à petite échelle puis à un niveau plus important. La belle vie jusqu'à un problème avec son fournisseur.
C'est alors la fuite en avant avec de gros risques dont celui de voir ses potes eux aussi victimes de la vindicte du trafiquant. On peut laisser de côté le volet intrigue assez basique pour pleinement profiter de ces scènes hors normes, inhabituelles dans le cinéma français souvent trop sage. La scène du paillasson, l'entrevue avec le dealer, le 'pignolage' ou les hallucinations sous ecstasy sont autant d'incongruités trop rares.
Le meilleur reste la négociation de la soirée avec Barnabé (Pascal Demolon), milliardaire excentrique en présence d'une Fanny Ardant (dans son propre rôle) totalement hilare. On peut d'ailleurs constater dans le bêtisier offert à la fin du DVD toute la difficulté de garder son sérieux dans un tel contexte. Fous rires assurés.
« Five », Studiocanal, 14,99 € le DVD ou le blu-ray

samedi 20 août 2016

Cinéma : Le voyage sans limites de l'équipage de Star Trek

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Star Trek est entre de bonnes mains. La reprise de la franchise par J. J. Abrams était réussie. La suite est au niveau. Normal, le producteur de «Lost» et réalisateur du dernier «Star Wars» est resté à la production exécutive confiant la mise en scène à Justin Lin.

Ce volet permet de mieux comprendre la mentalité des différents membres d'équipage. Mais ce n'est quand même pas un film psychologique... Action et batailles spatiales composent la majorité du film. Avec pour une fois une utilisation très bonne de la 3D, largement au niveau du "Réveil de la Force". On retrouve l'Enterprise aux limites du monde connu. Le capitaine James T. Kirk (Chris Pine), le fils donc, offre à un peuple alien un vieil artefact de leur civilisation. Refus violent de leur part. Kirk échappe à leur furie et se pose de plus en plus de questions sur son utilité. A quoi bon sillonner la galaxie pour consolider la paix ? Un gros cafard pour le commandant du fameux vaisseau spatial. Au point qu'il envisage de démissionner pour occuper un poste à terre, ou du moins sur une station spatiale gigantesque.
Spock (Zachary Quinto) aussi gamberge. Son mentor vient de mourir n excellente façon pour les scénaristes de rendre hommage au regretté Leonard Nimoy n et il pourrait se consacrer au projet de nouveau Vulcain. Mais la routine ne dure jamais bien longtemps dans ce milieu. Un navire en détresse demande de l'aide à la Fédération. Après un atterrissage en catastrophe sur une planète inconnue, une seule survivante a pu prendre la fuite. Une mission parfaite pour les homes de l'Enterprise, enchantés de rompre avec la monotonie du quotidien.
Une nouvelle E.T.
Après le passage d'une nébuleuse, l'attaque est brutale et sans pitié. Des milliers de petits missiles, comme autant de guêpes, transpercent la coque. Ils sont pilotés par des klingons avides de revanche. On voit alors l'incroyable : la destruction du vaisseau. Une longue séquence de près d'une demi-heure jusqu'au crash de la soucoupe sur la planète Altamid. Perdu aux confins de l'univers, sur une planète hostile, pourchassé par des méchants menés par Krall (Idris Elba), le capitaine se retrouve seul avec Checkov. Spock, blessé, est heureusement en compagnie de McCoy, médecin tout terrain. Quand à Scotty, il est sauvé par une ravissante extraterrestre qui devrait revenir dans le 4e volet de la série.
"Star Trek - Sans limites" est le film le plus proche d'un épisode de la série d'origine. On retrouve tous les ressorts des épisodes qui ont fait la légende de ce feuilleton de science-fiction. Équipage prisonnier, chef seul face à l'adversité, menace de destruction du monde libre... A la différence que cela dure 2 heures et que l'on ne s'ennuie pas une minute. Regrettons simplement l'ajout d'une moto, totalement incongrue mais qui semble être à la base des cascades les plus en vogue ces dernières années.
Enfin saluons l'esprit de camaraderie de J. J. Abrams qui a toujours un petit rôle pour son pote Greg Grunberg. Vu dans «Alias», «Lost» ou «Heroes», il a l'incroyable chance de jouer dans les deux "Star" du moment... Trek et Wars.

vendredi 19 août 2016

Cinéma : Père et fille, triangle compliqué de "Toni Erdmann"

Wilfried semble ne plus comprendre sa fille Ines, femme d'affaires allemande ambitieuse vivant en Roumanie. Il s'immisce dans sa vie en se grimant en "Toni Erdmann", coach gaffeur.
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Présenté en compétition officielle en mai dernier à Cannes, "Toni Erdmann" de Maren Ade a longtemps fait la course en tête. Les critiques présents aux projections plébiscitaient le film de la jeune Allemande tant pour son histoire, sa réalisation que le brio des deux comédiens principaux. Mais les critiques ne font pas le palmarès de Cannes et Maren Ade est revenue bredouille de la Croisette devant simplement se contenter du prix de la critique internationale.

Un peu long (2 h 40), ce chassé-croisé entre un père et sa fille, sans cesse entre la comédie et le drame, ne méritait peut-être pas la palme, mais c'est fort regrettable pour les deux acteurs, excellents dans des rôles particulièrement compliqués à interpréter. Ils resteront cependant longtemps dans les mémoires des spectateurs. Peut-être la plus belle récompense pour un comédien.
Un nouveau père
La scène d'ouverture plante le décor. Un livreur de colis est accueilli par Wilfried (Peter Simonischek). Mais il prétend que le courrier est pour son frère, Toni, qui vient de sortir de prison. Il revient une minute plus tard grimé en Toni avec perruque, lunettes et fausses dents. Wilfried, malgré son âge avancé (il est professeur de musique en fin de carrière) est un peu gamin sur les bords. Et très mythomane. Un peu malheureux aussi. Divorcé, vivant seul avec son très vieux chien, il n'a plus beaucoup de nouvelles de sa fille, Ines (Sandra Hüller), responsable du bureau roumain d'une société de conseil en entreprise. Son boulot consiste à réduire les coûts, voire délocaliser. Une tueuse dans un monde de plus en plus capitaliste. Pas souvent présente, au point que Wilfried va jusqu'à louer les services d'une fausse fille, pour quelques dîners en tête à tête et lui couper les ongles des pieds. À moins que ce ne soit une de ses nombreuses inventions.
A la mort du chien, Wilfried quitte l'Allemagne et débarque à l'improviste chez sa fille. C'est peu de dire que cela se passe mal. Alors pour tenter de renouer les liens avec cette belle jeune femme qui lui semble totalement inconnue, il ressort sa perruque et ses fausses dents et se déguise en Toni Erdmann, coach. Tout l'attrait du film réside en cette incommunicabilité viscérale entre père et fille. Avec l'arrivée d'une tierce personne, un nouveau départ semble possible. Faut-il encore qu'Ines accepte de jouer le jeu, ce qu'elle n'ose pas au début. Sérieuse, trop sérieuse, elle ne peut pas prendre les choses à la légère.
Jusqu'au jour de son anniversaire. Une contrariété va la faire basculer du côté paternel, dans la zone trouble de l'extravagance et de l'humour. Une renaissance et des retrouvailles, tout le sel de cet excellent film intelligent et bourré de scènes hilarantes.
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Une robe serrée et toute une vie change
toni erdmann, maren ade, sandra hullerInes, tout en se débattant dans son travail où une femme est forcément sans cesse sur la sellette, doit subir les excentricités de son père, devenu Toni Erdmann sous sa perruque, ses fausses dents et parfois ses lunettes. Il invente sans cesse de nouvelles histoires, devenant coach de Ion Tiriac (célèbre joueur de tennis roumain devenu homme d'affaires milliardaire) puis conseiller pour les multinationales et même ambassadeur d'Allemagne spécialiste de la peinture sur œuf. Ines, froide et rationnelle, prend beaucoup sur elle pour ne pas craquer. Mais inconsciemment le travail de sape de son père fait effet.
Le jour de son anniversaire, elle organise une soirée chez elle. Elle a acheté une nouvelle robe. Un peu étroite. Elle se débat avec la fermeture éclair quand un premier invité sonne. Sur un "coup de tête", expression favorite de son père, elle va faire quelque chose qui marque la bascule de sa vie trop sérieuse et guindée. Elle risque d'exploser en vol, mais qu'importe si la conséquence est de se sentir mieux dans sa peau et son corps.
Une belle apologie du "lâcher prise", même si la réalisatrice préfère parler de situation permettant de "s'assumer pleinement".

jeudi 18 août 2016

Thriller : "Rêver" de Franck Thilliez, un pavé pour la plage

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Franck Thilliez, en faisant cauchemarder son héroïne, risque de sérieusement perturber vos propres nuits. Abigaël est psychologue pour la police française. Une experte dont les avis sont essentiels pour résoudre les affaires criminelles. Mais elle souffre d'une forme aiguë de narcolepsie qui fait qu'elle peut s'endormir à tout moment. Même en pleine réunion avec l'état-major. Et dès quelle rêve, ses songes empiètent sur sa réalité. Incapable de savoir si elle est dans un cauchemar ou un véritable guet-apens.
Elle va trouver une parade, simple et efficace : la douleur. Mais pour s'empêcher de sombrer dans le sommeil (ou la folie dans son cas particulier), elle doit se faire de plus en plus mal. Thriller écrit par Franck Thilliez, ce roman déconcerte un peu au début par sa construction désordonnée dans le temps. Mais c'est essentiel pour que le lecteur partage les angoisses d'Abigaël. Au point qu'un chapitre est même manquant (mais lisible sur un site dédié). Le tout est véritablement passionnant et novateur si l'on accepte de se projeter dans la peau (et les rêves) de l'héroïne.
« Rêver » de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 21,90€.

mercredi 17 août 2016

BD : DES NAZIS POUR RASER NEW YORK

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A la croisée de l'uchronie et du récit historique, le quatrième tome de la série « Dent d'ours » fait de nouveau planer la menace nucléaire sur New York. Hitler vient de se suicider, Russes et Américains s'enfoncent dans l'Allemagne, mais des fanatiques veulent continuer le combat. Pour l'honneur. Ils veulent lancer un engin de mort sur la principale ville des USA et il leur faut une pilote d'exception.
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Ce sera Hanna, la jeune héroïne de l'histoire écrite par Yann et dessinée par Henriet. Elle a perdu son ami Max, et Werner, le troisième larron de la bande, passé du côté des alliés, a pour mission de l'abattre. Mais l'amour... Une superbe série entre romantisme gothique et invention aéronautique. Un feuilleton palpitant plein de rebondissements. Vivement la suite.
« Dent d'ours » (tome 4), Dupuis, 14,50 €.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Tintin, héros éternel (3/3)


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 Si Tintin est parvenu à conquérir la planète, donnant ainsi l'occasion au général de Gaulle de prononcer cette sentence savoureuse "Mon seul rival international, c'est Tintin", le succès des albums n'explique pas tout. Hergé, à l'image d'un Walt Disney, comprend rapidement que cette notoriété représente une seconde mine d'or. Il verrouille l'image du jeune reporter et embauche d'excellents dessinateurs pour réaliser publicités et autres produits dérivés.
Une exclusivité prolongée par la société Moulinsart, toujours vigilante (et parfois très procédurière selon ses nombreux détracteurs) quant à l'utilisation de la fameuse ligne claire popularisée par le dessinateur belge. Ensuite, partout où la BD n'est pas élevée au rang d'art populaire, on trouve des adaptations : dessins animés originaux comme "Le lac aux requins" ou films plus ou moins réussis (Les oranges bleues et la Toison d'or dans les années 60). Le succès vient surtout de l'adaptation fidèle des albums en dessins animés pour la télévision. Une série toujours au programme cet été chaque vendredi soir sur 6ter, chaîne de la TNT.
Enfin arrive Steven Spielberg en 2011. Il met des années à réaliser "Le secret de la Licorne". Succès public mais critiques négatives. Depuis, calme plat. Peter Jackson, producteur du premier film, pourrait réaliser le second qui serait tiré de "L'affaire Tournesol"... ou du "Temple du Soleil". Mais, délais de fabrication obligent, la sortie en salles n'aura pas lieu avant 2020. Quatre ans, dérisoire pour une saga lancée en 1929 ! 

mardi 16 août 2016

BD : UN CANCRE PLEIN DE RESSOURCES


Petit rappel pour les adultes qui ont oublié ce temps béni des dieux : depuis début juillet ce sont les vacances scolaires ! De loin la période préférée de l'élève Ducobu. Il peut officiellement faire ce qu'il aime le plus : dormir ou lire des BD toute la journée. Mélangeant gags d'une planche et histoires plus longues de quelques pages, ce recueil titré « Système D » permet à Zidrou de revenir sur quelques unes de ses marottes comme la dictée savante, les clichés sur le métier d'enseignant ou la hantise des cahiers de vacances. On apprécie particulièrement les trouvailles sur les piscines. Par contre Léonie Gratin, vit très mal ces deux mois qui lui offrent moins d'occasions de martyriser son cancre préféré dessiné par Godi.
« L'élève Ducobu » (tome 22), Le Lombard, 10,60€

DE CHOSES ET D'AUTRES : Tintin, héros éternel (2/3)

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Tout le monde a déjà lu une fois dans sa vie un album des aventures de Tintin et Milou. Privilège des héros universels, le jeune reporter à la houppette, imaginé par Hergé, est entré dans tous les foyers français. Pourtant il n'a pas vécu tant d'aventures, comparé à d'autres personnages, mais chaque album, en développant des univers spécifiques, est entré dans la légende comme une représentation définitive et parfaite du milieu décrits. J'avoue que personnellement, pendant longtemps, le monde extérieur n'existait que grâce aux dessins d'Hergé. La Chine ? Je ne connaissais rien de Mao ni de la révolution culturelle mais j'étais incollable sur la guerre avec le Japon et le massacre des civils chinois. L'Amazonie ? Raoni n'était pas sorti de sa forêt que j'en connaissais le moindre recoin en m'y baladant avec Tintin dans « L'Oreille cassée », « Le temple du Soleil » ou « Les Picaros ». Et si on me demandait de citer un dictateur sud-américain, le général Alcazar a longtemps été ma seule réponse. Jamais mis les pieds dans une casbah ou un désert au Maghreb, mais je sais exactement à quoi ils ressemblent grâce aux grandes cases du « Crabe aux pinces d'or ». On peut continuer ainsi presque à l'infini, de la Lune aux montagnes de l'Himalaya en passant par les pirates de la Mer Rouge, tant l'univers de Tintin est riche et diversifié.
Un monde, notre monde, imaginaire mais bien réel, présenté avec des pièces exceptionnelles à l'espace Henry-de-Monfreid de Port-Leucate jusqu'au 10 septembre.

lundi 15 août 2016

BD : De l'or chez de drôles de trolls

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Les trolls aiment leur tranquillité. Les héros d'Arleston et Mourier, un peu à l'image des Gaulois d'Astérix, n'apprécient pas que des inconnus s'approchent trop de leurs maisons. Sauf s'ils sont dodus et tendres sous la dent, bien évidemment. Dans ce 21e épisode de leurs aventures, ce sont des chercheurs d'or qui, grâce à un quiproquo, obtiennent le protection des amis de Waha.
trolls, troy, arleston, mourier, soleil
Immédiatement une ruée sur l'or se déclenche dans les environs et une partie des trolls devra trouver refuge au plus profond des marais pour éviter les sorts des sœurs Shanelle et Erwicque. Le salut viendra d'un dragon, transformé en drone lanceur d'engins par Waha, toujours très imaginative. Un album divertissant, avec quelques gags très osés (la maison de Profy) et des dessins un peu plus réalistes de Mourier quand le dragon fait son entrée en scène.
« Trolls de Troy » (tome 21), Soleil, 14,50 €


DE CHOSES ET D'AUTRES : Tintin, héros éternel (1/3)


N'en déplaise aux petits bonshommes bleus qui font la pluie et le beau temps dans le cahier vacances de L'Indépendant, cet été 2016 consacre aussi Tintin. Si les Schtroumpfs ont envahi l'abbaye de Caunes-Minervois dans l'Aude, ils doivent compter avec la concurrence de Tintin et Milou, exposés à l'espace Henry-de-Monfreid de Port-Leucate.
Tintin doublement à l'honneur puisque Paris Match vient de publier un hors-série consacré aux 70 ans du fameux journal destiné "aux jeunes de 7 à 77 ans". A côté des albums publiés chez Casterman, Tintin a longtemps eu son propre hebdomadaire. Fidèle au rendez-vous de 1946 à 1988, il a publié les dernières œuvres de Hergé jusqu'à "Tintin et les Picaros". Mais le journal de Tintin, en concurrence frontale avec Spirou qui, lui, paraît toujours, a également été un vivier formidable pour la bande dessinée franco-belge. Des incontournables comme Alix ou Blake et Mortimer en passant par des héros plus populaires ou récents comme Ric Hochet, Michel Vaillant ou Thorgal.
Ce superbe magazine de 116 pages, richement illustré, est en vente à 6,90 euros chez tous les marchands de journaux jusqu'en septembre. Un complément idéal pour donner l'envie de se replonger dans sa vieille collection ou relire ces albums devenus des classiques.

dimanche 14 août 2016

Livre : Fais-moi danser, beau gosse


beau gosse, danser, gautreaux, seuil
Envie de dépaysement total ? Ouvrez vite « Fais-loi danser, beau gosse » de Tim Gautreaux. En quelques pages vous allez vous retrouver plongé dans la Louisiane, dans ces petites villes proches de bayous où la misère n'existe plus grâce à la musique et à la danse. Paul, mécanicien et beau gosse, a quelques difficultés avec sa jolie femme, Colette. Il a une forte propension à se battre. Colette, elle, ne l'aime que quand il danse avec elle. Mais elles sont nombreuses à vouloir s'abandonner dans les bras de Paul. Sur plus de 400 pages on découvre la vie, pas toujours facile, de ces deux qui s'aiment et se haïssent autant.
« Fais-moi danser, beau gosse » de Tim Gautreaux, Seuil, 22,50 euros


samedi 13 août 2016

Livre : Je suis de celles qui restent

pécassou, flammarion
Sans être à proprement parlé un roman de terroir, le nouveau livre de Bernadette Pécassou est quand même une ode au retour aux racines. L'héroïne commence très mal. Elle vient de perdre son mari; l'homme de sa vie. Il se croyait invincible, son cœur a lâché. Alice tente de surmonter ce deuil. Seule. Son fils travaille aux USA et sa fille est une executive woman qui n'a plus de temps à consacrer à ses proches. C'est un petit détail du quotidien qui va permettre à la veuve de penser à autre chose. Elle reçoit un colis commandé par son mari. Dedans un vieux briquet. Elle se lance sur les traces de cet objet de luxe, de son histoire et des secrets de ce mari qu'elle ne connaissait visiblement pas tant que cela. Le roman dresse le portrait d'une femme totalement dépendante au début, qui peu à peu reprend sa liberté. Pour donner un côté plus actuel à l'ensemble (qui parle beaucoup du passé), la romancière accorde une belle place à la fille d'Alice. Jeune femme à qui tout réussit professionnellement, elle se pose des questions sur son incapacité à aimer. « Juliette n'avait pas eu le temps de connaître le grand amour, celui qui emporte dans un coup de foudre, auquel on ne peut résister. Aujourd'hui, il lui aurait fallu une bonne dose de naïveté pour que cela lui arrive. Et elle était convaincue de ne plus en avoir un gramme à disposition. » Juliette, l'atout cœur du roman, qui finalement parviendra a découvrir la perle rare et permettra à Bernadette Pécassou de terminer son livre sur une note positive.
« Je suis de celles qui restent » de Bernadette Pécassou, Flammarion, 21 euros

DVD et blu-ray : Petit Pelé deviendra grand

pelé, brésil, footabll, suède, ginga, wild side vidéoEn plein jeux olympiques de Rio, pour oublier un peu les déboires tricolores, rien de tel qu'un petit biopic pour se changer les idées. Mais pour rester dans le ton, intéressons-nous à un sportif brésilien. "Pelé, naissance d'une légende" raconte la jeunesse du grand joueur de foot. Gamin, il joue au foot pieds nus dans la rue avec une pelote de tissus. Pauvre, il cire des chaussures pour aider sa famille. Mais il a de l'or dans les pieds et un recruteur le repère. Il ira au club des Santos et intègrera l'équipe nationale pour revenir de la Suède, à 17 ans, champion du monde. Sur près d'un tiers du film, Pelé n'est qu'un enfant, volontaire mais tiraillé entre l'envie de jouer au foot et de faire plaisir à ses parents. Il choisira le foot un peu plus tard, imposant au plus haut niveau ce jeu instinctif et magique que les Brésiliens désignent sous le nom de Ginga. Un peu trop académique parfois, le film devient plus palpitant durant la compétition en Suède. On retrouve avec plaisir dans le rôle de l'entraîneur brésilien Vincent d'Onofrio, acteur américain tout terrain capable de passer des vestiaires de foot à la police criminelle de New York sans oublier ses débuts en soldat névrosé dans "Full Metal Jacket". Un DVD accompagné d'un élégant livret de 48 pages reprenant les grandes unes de la presse sportive française sur la carrière du dieu vivant du football.
"Pelé, naissance d'une légende", Wild Side Vidéo, 19,99 € le DVD, 24,99 € le blu-ray.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sportez-vous mieux (3/3)

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La meilleure solution pour se remettre au sport reste de s'y mettre à deux. Certains l'imposent, comme le tennis ou le squash. Comme nous avons décidé de retrouver la forme ensemble, mon épouse et moi, on évitera le tennis de table. Elle y excelle et aime attaquer fort en coup droit. Moi, je ne joue qu'en amorties ou balles coupées, pratiques qu'elle a en horreur. Trois échanges et on se dispute... Quant au jogging, pas question : trop pénible et ennuyeux.
Elle me propose donc un peu de gym douce dans un premier temps. Je suis moyennement emballé, la souplesse n'est pas mon fort. Obnubilée par le ventre plat comme toute mère de famille (ou qui lit un magazine féminin, à en croire la quantité de « secrets » distillés chaque mois dans ces publications), elle me croque trois petits exercices censés réveiller mes abdos. Sur le papier, les mouvements me semblent déjà compliqués. Sur le sol, impraticables. J'invoque lâchement mon problème de coordination et de dyslexie entre droite et gauche pour déclarer forfait.
En réalité, je suspecte d'être le seul homme sur terre qui vive sans abdos. Ou du moins s'en désintéresse totalement. Les tablettes de chocolat, très peu pour moi. Je préfère le salé.
Finalement, après toutes ces déconvenues, il ne me reste qu'à télécharger LE jeu du moment et me contenter de chasser le Pokémon. Même si pour faire éclore un œuf de Lippoutou il faut parcourir 10 kilomètres à pied. Vous me direz, voilà peut-être la bonne et seule solution pour me bouger un peu ?

vendredi 12 août 2016

Cinéma : Messieurs les fantômes, méfiez-vous de ces quatre filles !

sos fantômes,suite,cinéma

La nouvelle génération d'humoristes américains est féminine.
Les sceptiques (avec un fond de machisme) sont de plus en plus obligés de se rendre à l'évidence, ces femmes-là savent rire. D'elles bien évidemment, des hommes aussi et surtout. Avec talent et sans tabou. Dernier exemple en date avec le remake de "SOS Fantômes". Paul Feig a repris l'univers du classique américain (avec Bill Murray et Dan Ackroyd qui font des apparitions très réussies dans le film qui sort ce mercredi) mais au lieu de confectionner son équipe de chasseurs de fantômes avec les piliers mâles de l'émission "Saturday Night Live" il a recruté quatre actrices et auteurs de ce programme culte aux USA. On retrouve donc par ordre d'apparition Kristen Wiig, Melissa McCarthy, Kate McKinnon et Leslie Jones.


Une charmante quadra, timide et à l'esprit scientifique, une ronde farfelue, une virago blonde très habile de ses mains dès qu'il faut fabriquer une arme et une grande black, experte en histoire de la ville et grande gueule.
Beau... mais idiot !
Un quatuor qui se partage la vedette avec un bel équilibre, se renvoyant la balle dans des dialogues intenses qui parfois lorgnent vers une grosse vulgarité voulue, comme pour prouver au public de base que les pires atrocités peuvent aussi sortir des bouches sensuelles de ces charmantes demoiselles. La première chasse aux fantômes se déroule dans une vieille maison new-yorkaise. L'occasion pour Kristen Wiig de copieusement se faire arroser de liquide ectoplasmique. Ensuite le métro est attaqué mais leur véritable acte de bravoure se déroule dans un concert de hard rock où les métaleux, au début, pensent que l'apparition monstrueuse fait partie du show. Effets spéciaux soignés et grosses explosions apportent un plus technologique par rapport au film d'origine. Mais la véritable trouvaille de cette suite consiste à avoir casté Chris Hemsworth dans le rôle du standardiste de la jeune entreprise. Le beau gosse, remarqué pour ses muscles dans Thor, interprète un abruti de première. Une bimbo... au masculin. Et dans ce registre, les quatre filles (tout en admirant ses attraits physiques indéniables) sont d'une méchanceté crasse. Le tout renforcé par la bêtise abyssale jouée à la perfection par un acteur qui a certainement plus d'humour que ce qu'il laisse entrevoir dans ses autres productions. Rien que pour la dizaine de scènes où il apparaît, il faut aller voir "SOS Fantômes" et rire de bon cœur. Une vengeance délicieuse pour tous les hommes qui en ont assez de ces gravures de mode qui de plus semblent avoir un QI d'universitaire.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sportez-vous mieux (2/3)

sport, vélo d'appartement, caloriesFaire du sport... L'envie démange des milliers de Français. Mais avant de passer à la réalisation de cette excellente résolution, il faut souvent franchir quelques obstacles de taille. Marcher en plein soleil ne peut pas être une solution pour moi. Même avec une casquette. "Et le vélo d'appartement ? Tu te souviens du vélo d'appartement ?", me glisse perfidement mon épouse.
Preuve que cette envie de dépenser des calories n'est pas une lubie récente, j'ai acquis cet engin il y a plus de dix ans. Remisé au fond du garage, derrière quelques caisses de livres, il n'a pas beaucoup servi. Après avoir déplacé 150 kilos de BD et de livres divers et variés, j'exhume l'instrument de torture et l'installe au milieu du garage. Un peu de nettoyage et je me hisse dessus. Le pédalier tourne. Bonne nouvelle. L'écran reste éteint. Est-il cassé ? Non, ce n'est que la pile qui est plate. Et plate de chez plate car elle est d'origine...
Un vélo d'appartement a tout d'une bicyclette, les roues en moins. Gros avantage, on ne risque pas de tomber dans une descente puisque par définition, elles n'existent pas. On peut aussi mettre pied à terre quand on en a assez et ne pas être obligé de se taper la route en sens inverse pour retrouver ses pénates. L'inconvénient, c'est le manque de diversité dans les paysages. La solution c'est regarder la télé ou lire en même temps. Mais faire deux choses à la fois est une spécialité féminine, vraiment pas dans mes gènes. Bref, entre me cultiver et avoir le corps d'un culturiste, mon choix est vite fait.

jeudi 11 août 2016

Cinéma : Quand les enfants prennent leur famille en main

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Et si les enfants étaient parfois plus sérieux et responsables que les parents ? Ce concept est à la base de "C'est quoi cette famille ?" de Gabriel Julien-Laferrière.

Famille recomposée, je vous hais. Du moins les parents qui ont de véritables tableaux de service pour savoir qui garde qui. Les enfants, ballottés d'un père à une belle-mère sans oublier les grands-parents se retrouvent quasiment sans domicile fixe. Cela arrive désormais à plus de la moitié des petits Français tant le divorce et le remariage sont entrés dans les mœurs de ces adultes peu responsables. Bastien, 13 ans, est l'exemple extrême. Il se retrouve au centre d'une immense famille recomposée avec pas moins de six demi-frères et sœurs et huit parents. Une véritable tribu qui se croise, vit quelques soirées ensemble, n'a pas le temps de partager quoi que ce soit avant que la garde change, les habitudes aussi. Il a l'impression d'être une tortue, avec toute sa vie contenue dans son petit sac à dos. Il en a marre. Pour l'instant il vit avec sa mère Sophie (Julie Gayet) et son beau-père actuel Hugo (Lucien Jean-Baptiste). Mais il sent qu'il y a de l'eau dans le gaz entre ces deux-là, malgré la naissance d'un adorable petit garçon cinq ans auparavant.
L'appartement des enfants
Redoutant un nouveau divorce (et donc obligatoirement un nouveau mariage dans peu de temps), il va tout faire pour que les choses changent. Son idée : tous les enfants habiteront dans un immense appartement. En permanence. Ensuite ce sont aux différents parents à assurer un tour de garde pour qu'ils ne vivent pas complètement seuls, même si cette première hypothèse a la préférence des plus âgés de la fratrie. Le spectateur craint que l'idée de base ne s'essouffle rapidement. Mais c'est sans compter avec le talent de Gabriel Julien-Laferrière qui, en plus de parfaitement diriger les enfants, sait faire jouer les ressorts de la comédie chez les adultes. Son casting pour l'occasion est assez malin. Julie Gayet, la plus "normale" du lot, joue les équilibristes entre ses deux ex, Philippe (Thierry Neuvic) et Claude (Philippe Katerine). Sans compter sur la dépression de sa sœur, Agnès (Julie Depardieu) qui se mélange à la tribu par défaut. Rajoutez un papa geek (Arié Elmaleh) et une grand-mère foldingue et légèrement nymphomane (Chantal Ladesou) et vous avez une succession de situations toutes plus hilarantes les unes que les autres. Avec en plus, un final en musique qui n'est pas sans rappeler un peu "La famille Bélier". Une comédie pour toutes les générations, que l'on soit une famille recomposée ou pas.
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Claudia Tagbo, un humour irrésistible

Parmi les six parents de la famille recomposée du film de Gabriel Julien-Laferrière, Claudia Tagbo  endosse le rôle de la mère excessivement possessive.
famille, divorce, tagbo, gayet, neuvic, depardieuAvec Hugo (père du jeune narrateur Bastien), elle a conçu dans sa jeunesse Eliot, devenu grand ado un peu trop sérieux. La faute à sa mère qui le couve comme un poussin à peine éclôt. La comédienne, repérée dans le Jamel Comedy Show, donne de sa personne pour rendre cette caricature de mère totalement irrésistible. Autant elle est sèche et presque méchante avec les autres adultes (et en plus horriblement jalouse des années après sa rupture avec Hugo), autant elle est prête à tous les sacrifices pour son fils qui lui ne demande qu'à s'émanciper.
Son bagout, son accent africain exagéré, ses tenues : tout n'est que caricature et c'est bien la force de cette actrice qui n'en a que faire de son "image". Elle veut avant tout faire rire. Et ça marche à tous les coups. Claudia Tagbo que l'on retrouve d'ailleurs dans une autre sortie de la semaine puisqu'elle prête sa voix à une des chasseuses de fantômes du remake de "SOS fantômes".

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sportez-vous mieux (1/3)

sport,marche,randonnée,calories,charcuterie,#rio2016La vision en quasi continu ces quatre derniers jours de la détermination de dizaines d'athlètes à briller aux J.O. (excepté Benoît Paire plus occupé à faire des yeux doux à sa copine Shy'm qu'à renvoyer la balle) ne peut que donner l'envie de reprendre le sport. Dans mon cas, reprendre semble présomptueux. Mieux vaut préciser "essayer une énième fois" de me bouger un peu. Comme quantité de Français trop confiants en leurs bonnes intentions, ma résolution est faite pour être oubliée le lendemain.
Première mission, retrouver ces chaussures achetées il y a un (ou deux) an (s) dans une grande surface spécialisée. Bingo ! Elles étaient bien cachées au garage, sous une couche de poussière révélatrice de leur totale inutilité. Une fois enfilées, je suis sur le point de me lancer dans une randonnée d'enfer autour du lac de Villeneuve-de-la-Raho (le petit, faut pas exagérer). Mais le soleil tape fort. La casquette s'avère indispensable. J'irai en acheter une demain. Voilà comment on met des chaussures de sport exactement 5 minutes et que le seul effort qui en découle c'est de nouer et dénouer les lacets. Soit trois calories de perdues. Au prix des godasses, je ne suis pas près de les rentabiliser.
Pour trouver une autre idée de sport, je retourne dans le canapé et rallume la télé : les J. O. vont reprendre. Une petite faim me pousse à aller piocher un bout de fuet dans le frigo. Comme l'appareil électroménager est situé à cinq mètres du canapé, il suffit de me lever 100 fois pour faire un kilomètre. Bon plan. Mais va falloir que j'aille racheter de la charcuterie.

mercredi 10 août 2016

Livre : Kaput, tueur du passé



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Comment devient-on un assassin, un tueur ? Le narrateur de ces quatre romans, repris dans une intégrale au Fleuve Noir, raconte en détail sa longue descente aux enfers. Jusqu'à la scène finale (celle d'ouverture en l'occurrence) au cours de laquelle il perd la vie sous le couperet de la guillotine. Cezs romans, parus au début des années 50, étaient signés Kaput. En réalité c'est Frédéric Dard qui se cachait derrière ce pseudonyme. Auteur infatigable, il sortait un roman par mois, devenu un véritable pilier de la collection Spécial Police. Si San-Antonio, son héros de prédilection, était une version optimiste de la justice, autant Kaput est sombre. Des romans noirs qui étaient un peu inspirés de l'univers d'André Héléna. Bourré d'expressions d'argot, le récit de la vie de Kaput est publié dans sa version originale, exactement avec les expressions de l'époque. Un côté vintage qui plaira aux plus âgés.
« Un tueur, Kaput » de Frédéric Dard, Fleuve Noir, 21,90 euros


DANS LA POCHE POUR LA PLAGE : roman "Criminel" de Karin Slaughter

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En France, cela pourrait s'apparenter à du polar régional. Karin Slaughter aime sa ville d'Atlanta et nombre de ses romans se passent dans cette grande cité du Sud des Etats-Unis. "Criminel" se déroule à deux époques distinctes, mais avec parfois les mêmes protagonistes. Au milieu des années 70 et de nos jours. Le lien entre ces deux époques : Amanda Wagner. Au début elle n'est qu'une simple inspectrice de base.
De nos jours, elle est la chef du GBI, l'équivalent du FBI. Quand les chaînes de télévision locales annoncent la disparition d'une jeune femme dans un quartier défavorisé de la ville, Amanda aussi est sur les nerfs. La même angoisse que quand elle avait 25 ans et faisait ses premiers pas dans la police d'Atlanta. C'est cette partie historique du roman le plus dense et passionnant.
Autant roman historique que thriller, "Criminel" de Karin Slaughter se distingue aussi de la production actuelle par son absence de voyeurisme. Si les actes décrits sont horribles, la lecture de ce thriller grâce à ce talent si particulier de Karin Slaughter, reste très plaisante.
"Criminel" de Karin Slaughter, Le Livre de Poche, 8,30 €.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Piques olympiques (3/3)

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Pas folichons ces Jeux olympiques de Rio. Du moins pour les plus cocardiers des supporters tricolores. Après trois jours de compétition, la France plafonne à la 27e place avec seulement une médaille d'argent obtenue par les nageurs. Au même niveau que l'Azerbaïdjan, la Mongolie ou la Corée du Nord. Et loin derrière des nations pourtant beaucoup moins peuplées comme le Kosovo, la Hongrie ou la Belgique qui a déjà deux médailles, dont une en or, à son tableau d'affichage.
Un bilan pas fameux, même s'il va forcément évoluer. Reste que certaines nations sont d'ores et déjà inatteignables. Je ne parle pas de la Chine ou des USA mais des rivaux européens classiques comme l'Italie qui capitalise déjà 9 trophées.
Tout demeure cependant relatif. Le français râleur va s'en donner à cœur joie contre cette délégation qui cherche de fausses excuses pour expliquer ses défaites (mauvais maillots en tennis, concurrents dopés en natation, arbitres partiaux au judo...). Mais alors que doivent penser nos voisins allemands ? La première puissance économique et sportive de l'union européenne, au bout de trois jours de compétition, n'est pas monté une seule fois sur le podium. Il semble loin le temps des deux nations séparées par un mur, remportant titres sur titres.
Car à l'heure où j'écris ces lignes (mardi 14 h), l'Allemagne affiche un zéro pointé qui, s'il avait été d'actualité en France, aurait pour le moins provoqué la démission du gouvernement. Ainsi va la vie. Du pain et des jeux. Mais surtout des victoires pour flatter l'orgueil national.

mardi 9 août 2016

Livre : Les jours areuh

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A plus de 50 ans, François d'Epenoux se retrouve de nouveau papa. Le romancier semble avoir fait de la vie de famille son fond de commerce après le succès des « Papas du dimanche ». Cette fois il parle son bébé, encore larve chaude à peine sortie du ventre de la mère nourricière. Cela se veut poétique, c'est trop souvent « gnan-gnan » pour reprendre une expression enfantine. Est-il bien nécessaire d'écrire des pages et des pages sur la meilleure façon de donner le biberon ? Si l'enfant apprécie le repas, le lecteur se lasse rapidement et aurait tendance à s'endormir sans la moindre berceuse...
« Le jours areuh » de François d'Epenoux, Anne Carrière, 15 euros

BD : épouvantail des ténèbres

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Méfiez vous des apparences. Ce clodo qui baratine ivre au comptoir du bar de Bobby cache des secrets inavouables. Mais l'heure du jugement est venu. Un épouvantail armé d'une immense épée fait irruption dans le magasin et découpe un bras du vieillard. Bobby, d'un coup de batte de base-ball, assomme l'apparition et récupère l'arme. Mal lui en prend. Des monstres vont se lancer à sa poursuite pour la récupérer. Écrite par John Arcudi et dessinée par James Harden, cette série entre fantastique et époque contemporaine, raconte comment Rathraq, l'épouvantail vengeur, va s'allier à Bobby et son pote Del, geek dégénéré, pour terminer sa mission. Un premier tome de 160 pages entre humour et horreur.
« Rumble » (tome 1), Glénat Comics, 15,95 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Piques olympiques (2/3)

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Dans le registre déception, qu'y a-t-il de pire : se blesser une semaine avant le départ vers Rio ou pendant la compétition ? La première mésaventure est arrivée à une pongiste française, qualifiée pour le tournoi féminin mais qui a eu la mauvaise idée de se casser le coude en faisant du VTT.
Les accidents pendant l'épreuve font partie de l'enjeu. Rien à dire après la chute de la cycliste néerlandaise Van Vleuten. En pleine descente finale, elle fonce en tête vers la victoire. Un virage mal négocié et la voilà à terre, assommée net après un soleil. Mais en réalité la pire déception reste de terminer quatrième. La « médaille en chocolat » qui n'existe pas. Julian Alaphilippe, cycliste français, est le premier des tricolores à avoir dû se contenter de cette place invisible. Chez les femmes, après la chute de Van Vleuten, l'Américaine Abbott a cru à la victoire jusqu'à 150 m de l'arrivée. Doublée par trois boulets, elle a tout perdu...
Pas d'honneur ni de médaille sur le moment, mais par le passé certains ont récupéré des breloques de bronze après enquête de la patrouille antidopage. En 2000 à Sydney, Marion Jones remporte trois médailles d'or en sprint. Mais sur les tablettes, après avoir avoué s'être dopée aux stéroïdes, elle a dû rendre ses trophées. Deux Jamaïcaines, classées quatrièmes du 100 et 200 m, ont officiellement remporté, des années plus tard, des médailles de bronze méritées.
Donc si on a raison d'être déçu de terminer quatrième, il subsiste toujours un petit espoir de monter sur le podium. Il suffit d'être patient.

lundi 8 août 2016

BD : Un nain en colère

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Dans la vie, il y a les gens normaux (la grande majorité), un petit nombre de chanceux à qui tout réussi et quelques rebuts de la société. Le héros de « Big Man Plans » d'Eric Powell est un nain. Orphelin, abandonné par sa tante, il est tyrannisé dans un dispensaire. A sa majorité, il veut servir son pays, mais l'armée US le rejette. Il est cependant repêché par un service secret. En pleine guerre du Vietnam, il faut des petits gabarits capables d'explorer les tunnels des Viets. Il y apprend à tuer à main nue, sans pitié. De retour à la vie civile, il devient alcoolique. Mais son art de la guerre lui permet de ne plus se faire harceler. Au contraire, c'est lui qui fait peur un marteau à la main. Sombre et pessimiste, ultra violente et sans morale, cette BD de l'auteur du « Goon » est réservée à un public averti.
« Big man plans », Delcourt Comics, 15,50 €


DE CHOSES ET D'AUTRES : Piques olympiques (1/3)

jeux olympiques, rio2016, blessure, maillots, mladenovic, liban, israël, Samir Aït-SaïdDébutés la semaine dernière, les Jeux olympiques devraient être la grande fête du sport et de l'amitié. En réalité, la compétition sportive est aussi l'endroit où il se passe des choses pas très nettes. A chaque jour son lot de piques olympiques.
Les femmes, selon la croyance populaire, seraient particulièrement attentives à leurs tenues vestimentaires. La tenniswoman nordiste Kristina Mladenovic s'est lâchée sur Twitter après sa défaite en double féminin dès le premier tour. La faute à "l'incompétence" de la fédération française de tennis. Une bête histoire de liquette. Les maillots fournis par le staff n'étaient pas de la même couleur. Interdit par le règlement. Mladenovic a puisé dans sa réserve personnelle pour rhabiller sa partenaire. Mais pour cacher les sponsors, elle a dû le porter à l'envers. De quoi déstabiliser les sportives les moins coquettes.
Des petites anecdotes de ce type, il y en aura des dizaines, chaque athlète a son histoire et celle de son pays, difficile à porter parfois. Qui génère par exemple des tensions entre Libanais et Israéliens pour une histoire de bus à prendre ensemble. La paix se rétablit sur les stades, pas encore dans les transports publics.
Mais le pire de ces JO, pour l'instant, ne vient pas des sportifs. Ce sont les sites internet à l'affût de sensationnel qui méritent un carton rouge. A grand renfort d'adjectifs (horrible, terrible, affreuse) pour qualifier la blessure et attirer les clics, ils passent en boucle la double fracture ouverte tibia péroné du gymnaste français Samir Aït-Saïd. Des images choc dont on se serait bien passé.

dimanche 7 août 2016

BD : reprise en abîme du comics "Airboy"



Quand un personnage de légende tombe dans le domaine public, certains éditeurs se précipitent pour lui faire vivre de nouvelles aventures à moindre coût. James Robinson, scénariste renommé aux USA, n'a pas le choix. Il doit trouver des idées pour relancer la carrière d'Airboy, un super héros américain, pilote d'avion combattant les nazis. Peu enthousiaste, Robinson décline puis pose ses conditions : il choisit son dessinateur (Greg Hinkle) et raconte en parallèle leur collaboration. Résultat un comics de 160 pages avec de l'action, du sexe et de la réflexion. Incapables de se concentrer dans un motel, les deux compères vont en virée dans une boîte de nuit. Alcool, drogues, prostituées : il se font la totale et au pire moment sont rejoint par Airboy en personne. Choc des générations et des cultures, interrogations métaphysiques, transfert des auteurs dans le monde du héros : Robinson explore avec une invention de tous les instants tous les possibles de cette reprise loin de ses classiques Batman et autres 4 Fantastiques.
« Airboy », Jungle comics, 17 € 


samedi 6 août 2016

Séries télé : Un Bureau des légendes, des vampires mexicains et le mystère des cinq adolescents

Et si on profitait des vacances pour rattraper son retard en séries ? Les sorties en coffrets sont nombreuses. Petite sélection de tous les horizons, du meilleur de la production française en passant par le suspense anglais et la série B américano-mexicaine.
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Un bureau qui se bonifie

La saison 1 du "Bureau des légendes" a enthousiasmé un important public. La vie de ce service du contre-espionnage français, en plus d'apprendre beaucoup de choses sur le travail de fond mené à l'étranger pour défendre les intérêts du pays, est une galerie de personnages impressionnante. Comment faire mieux avec la suite ? Surtout ne pas essayer de refaire la même chose semble répondre Eric Rochant, le réalisateur et scénariste. Donc il garde les principaux personnages mais complique encore la situation. Malotru (Mathieu Kassovitz) doit désormais jouer l'agent double, donnant toutes ses informations à la CIA pour tenter de faire libérer sa maîtresse, prisonnière des Syriens. Son chef, Duflot (Jean-Pierre Darroussin) a des soupçons et décide de surveiller toute son équipe. Notamment Marie-Jeanne (Florence Loiret-Caille). Il y a deux arcs narratifs principaux dans cette saison deux. Les premiers pas de Marina Loiseau (Sara Giraudeau) en Iran sous sa couverture de jeune sismologue et la traque d'un jeune Français djihadiste, bourreau d'otages occidentaux en Syrie. La série est donc très contemporaine, avec lutte contre l'État islamique et intérêts économiques émergents dans un Iran de nouveau fréquentable. Le timing est magistralement maîtrisé, avec rebondissements et coups de théâtre. Certainement ce qui se fait de mieux en ce moment dans les séries françaises. Et logiquement une troisième saison est en pleine production.
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Vampires à base de serpents

Si Eric Rochant, avant de se lancer dans la production de séries, a beaucoup travaillé dans le cinéma (Un monde sans pitié, Patriotes), Robert Rodriguez a suivi le même cheminement. Il a tout simplement décidé de prolonger en série son film le plus célèbre : "Une nuit en enfer". Impossible de reprendre les mêmes acteurs qu'en 1996 tant la distribution était prestigieuse (George Clooney, Salma Hayek, Harvey Keitel). Il s'appuie donc sur un nouveau casting, plus jeune, avec surtout la possibilité de mieux développer la personnalité des héros. Une saison 1, assez comparable au film, se prolonge avec dix nouveaux épisodes plus centrés sur la légende des Culebras, ces vampires mexicains descendants de serpents. Un peu dans la veine de "True Blood", il y est question de lutte de pouvoir entre "seigneurs" par ailleurs "saigneurs" d'innocents. Deux fils conducteurs relient les épisodes : la réconciliation lente et difficile des frères Gecko (D.J. Cotrona et Zane Holtz) et la soif de vengeance de la belle Satanico Pandemonium (Eiza Gonzalez, l'atout charme indéniable de la série). On a également la joie de revoir Jeff Fahey dans le rôle d'Eddie, l'oncle des frères Gecko. Ce vieux routier de la télévision américaine multiplie les apparitions depuis plus de 40 ans, notamment en tant que pilote d'hélicoptère dans la saison 4 de "Lost". A relever, les très nombreux bonus contenus dans le coffret.
Harlan Coben s'égare

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Romancier aux tirages astronomiques, Harlan Coben a un nouveau cheval de bataille : le scénario de série télé. Il multiplie les expériences, d'après ses thrillers (Une chance de trop pour TF1 avec Alexandra Lamy) ou d'histoires originales. "The Five", écrit pour la télévision anglaise, parle de culpabilité. Quatre jeunes amis, partent jouer dans les bois. Ils ne veulent pas s'encombrer de la présence de Jesse, le jeune frère de l'un d'eux. Ils lui demandent de retourner à maison. Seul dans les bois. On ne le retrouvera jamais. 20 ans plus tard, l'ADN de Jesse est découvert sur une scène de crime. Les quatre amis vont se réunir et tenter de comprendre comment c'est possible. La série est un peu tirée par les cheveux. Le dénouement déçoit et on regrette les trop nombreuses fausses pistes lancées pour égarer les spectateurs. Ou rallonger la sauce... Cela n'a pas découragé Harlan Coben qui s'est lancé dans un nouveau projet intitulé "The Four".
"Le bureau des légendes" (saison 2), Studiocanal, coffret quatre DVD.
"Une nuit en enfer" (saison 2), Wild Side Vidéo, coffret trois DVD
"The Five", Studiocanal, coffret quatre DVD.