Découvrez dans le nouveau roman d'Hélène Legrais le destin et la chute d'une journaliste pionnière de l'entre deux guerres, Elisabeth Sauvy de Villeneuve-de-la-Raho en Pays Catalan, alias Titaÿna de son nom de plume.
Sujet brûlant d'actualité au centre du nouveau roman d'Hélène Legrais, écrivaine qui a toujours profité de l'histoire de son cher Pays Catalan pour signer des récits finalement universels. En décidant de remettre sur le devant de la scène la figure oubliée de Titaÿna, c'est tout un pan un peu honteux de l'histoire contemporaine française que l'ancienne journaliste de France Inter et Europe 1 sort des limbes de l'oubli. Mais ce n'est pas un hasard si elle raconte l'existence de cette femme indépendante, totalement effacée des radars après sa période, courte mais intense, de collaboration avec les journaux à la botte de l'occupant nazi. En fin d'ouvrage, elle s'en explique : « 85 ans après, crise économique, crispation sociale et montée des extrêmes semblent à nouveau se conjuguer pour nous mener dans la même funeste direction. L'Histoire bégaie et redonner vie à cette période ainsi qu'à la façon dont nos aïeux l'ont traversée, c'est un peu nous présenter un miroir pour nous regarder au fond de l'âme. Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas... »
Pour raconter Titaÿna et cette France déjà en plein recul dans le concert des Nations, Hélène Legrais utilise avec intelligence le contre-point. D'abord un ancrage local (collection Territoires oblige), la montée à Paris, en 1928, de Baptiste, le fils de l'épicier de Villeneuve-de-la-Raho, village près de Perpignan. Il veut voler de ses propres ailes, conquérir la capitale. Il va aller sonner chez une vague connaissance, Elisabeth Sauvy, de Villeneuve elle aussi, devenue une célèbre journaliste sous le nom énigmatique de Titaÿna. « Regard de braise, teint mat et menton pointu, volontaire. » « Une femme de trente ans sûre d'elle, enroulée dans une sorte de peignoir de soie brodé d'oiseaux exotiques qui ondulait autour de son corps mince et nerveux. » Baptiste aurait pu tomber amoureux. Mais c'est une autre femme, de son âge, qui va lui faire encore plus d'effet, Nicolette. Elle aussi est fascinée par Titaÿna, son métier, son indépendance. Nicolette veut devenir une grande et célèbre journaliste, comme son modèle. Le roman raconte cette double fascination pour Titaÿna la rebelle, du petit Catalan et de l'intellectuelle parisienne en mal d'émancipation.
Titaÿna, au début de sa carrière, a beaucoup fait pour la cause des femmes et des peuples dits « primitifs » dans ses reportages autour du monde. Mais avec la célébrité, elle a oublié ses idéaux et quand les nazis déferlent sur la France et occupent Paris, elle accepte de signer dans des journaux collaborationnistes des articles violemment antisémites. Au grand dégoût de Nicolette qui elle préfère ne plus écrire une ligne et résister secrètement. Deux femmes, deux journalistes, une inventée, une très réelle pour permettre aux lectrices et lecteurs du roman de se demander quelle aurait été leur attitude. Un conditionnel qui n'est presque plus de mise tant les événements nous rattrapent à la vitesse d'un cheval au galop.
Dans « Chœur de Rockers », comédie d’Ida Techer et Luc Bricault, Mathilde Seigner interprète une chanteuse chargée de coacher une chorale du 3e âge. Mais ces derniers veulent interpréter du rock ! Un film qui va donner la pêche au public. Rencontre.
Vous ne tournez plus depuis un an volontairement. Reposée pour entamer la promo ?
Mathilde Seigner : Dans nos métiers on n’est jamais vraiment en pause. Là je fais la promo d’un film que j’ai tourné il y a plus de deux ans. Mais cela fait un an pile que je n’ai pas tourné. C’est bien, c’est les vacances !
De vraies vacances où il y a quand même a un vide ?
C’était une volonté, vraiment. En plus je faisais une pause après un succès pour Les enfants des Justes pour France Télévisions avec Gérard Lanvin qui avait cartonné, ce n’était pas du tout une pause négative. Au contraire je partais sur un succès et c’était une volonté de réfléchir, de pas trop envahir les écrans. Je savais que j’avais Chœur de rocker en décembre, donc ça ne faisait pas une absence visuelle énorme et moi ça me permettait de réfléchir et de me poser un peu.
La promo du film va durer deux mois. Vous avez plaisir à rencontrer le public ?
J’ai hâte et puis Perpignan c’est un peu ma ville puisque j’ai acheté une maison et j’ai beaucoup d’amis ici. J’aime énormément cette région, elle m’a plu, c’est pour ça que j’ai acheté ici en bord de mer. Mais j’aime aussi l’arrière-pays, les gens, la gastronomie, on y mange très bien. J’aime l’idée que c’est une région qui n’est absolument pas industrialisée et assez rurale étonnamment. Il y a des coins magnifiques. Et puis il y a une autre chose d’extraordinaire : l’Espagne est très près. Comme disait Nougaro, « L’Espagne pousse un peu sa corne » et je trouve que les Catalans sont très Espagnols et vice versa. C’est une France un peu espagnole. Je reste discrète car c’est pour me ressourcer que je suis venue ici, pas pour faire du bruit. Après, je me suis fait plein d’amis.
Comment avez-vous découvert le Pays Catalan ?
Ma sœur Emmanuelle s’est achetée une petite maison à Canet. Et bizarrement je regardais le journal de notre regretté Jean-Pierre Pernaut et il mettait tout le temps en avant votre région. Collioure, Torreilles… Je me disais que c’était curieux car il n’était pas originaire d’ici. Alors ma sœur achète là, je me suis dit que je devais aller y faire un tour. J’ai eu un coup de cœur. Pour les gens et pour l’ambiance. Je me suis tout de suite sentie bien. J’aime la Méditerranée mais je n’avais pas envie d’acheter dans le Var ou la Côte d’Azur et j’ai atterri ici et je ne regrette pas.
Des projets ?
J’ai un projet de série sur l’agriculture qui me tiens à cœur, mais pas dans la région. Peut-être ? De toute manière j’ai dit à mon agent que je ne reprenais le travail que courant février. Mais pendant un an je n’ai rien fait, j’ai vécu, j’étais en vacances, je n’ai pas lu de scénario. J’ai enfin fait ce que je voulais, ce que je ne pouvais jamais faire, j’ai vu les gens que je voulais rencontrer. C’est un bonheur. Au point que je ne sais pas si je vais arriver à faire la promo du film car on s’y habitue. Bien sûr je vais y retourner, mais il faut que j’ai une grosse envie, que vraiment ça me plaise. Je n’avais plus le plaisir de tourner. Il y a une lassitude qui s’installe. C’est bien de se reposer, de revenir neuve et de recréer le désir auprès du public. Mais surtout de réfléchir, savoir ce que l’on ne veut plus faire. Faire une pause c’est le seul moyen de vraiment réfléchir. Quand on est dans un engrenage de tourner, tourner, on accepte on est dans un tourbillon, on n’a plus de recul. Alors on fait des choses plus ou moins bien, comme une routine. La seule solution que j’ai trouvée c’est de ne plus tourner. Là on est dans le vide, ça cogite et c’est vachement intéressant.
Dans le film, vous incarnez une chanteuse qui ne rencontre pas le succès. Avez-vous vécu une situation similaire dans votre carrière ?
Pour moi, franchement ça a très vite marché. Dès mon premier film j’ai enchaîné. J’ai toujours travaillé. Donc non je n’ai pas du tout vécu ce que vit le personnage d’Alex.
Jamais de doutes ?
Ah si, mais sur des films, sur des choses que j’aurais pu faire et que je n’ai pas faites, des choses que j’ai refusé et que j’ai regretté. Les doutes d’une artiste comme toutes les artistes qui ont des fragilités. Mais pas des doutes sur le travail, parce que j’en avais.
Ce film, tout en étant une comédie, a un petit côté film social anglais.
Déjà le décor de Dunkerque apporte quelque chose d’assez anglo-saxon. Pour le ton, moi qui ait fait des comédie comme Camping ou des drames, là il a les deux avec de l’émotion et des choses inattendues. Le film porte aussi sur les solitudes et notamment des seniors car toutes ces femmes sont assez seules et cette chorale les réunies, les porte.
Les membres de la chorale sont interprétés par des comédiens reconnus. Comment vous êtes-vous adapté pour tourner avec des seniors ?
Mais moi aussi je suis une senior ! Ça commence à plus de 50 ans et j’ai plus de 50 ans. Moi j’avais une équipe de folles. Quand je dis ça c’est tendre car elles ont toutes beaucoup de personnalités, Andréa Ferréol, Anne Benoit, Brigitte Roüan, Myriam Boyer. Patrick Rocca aussi à une grosse personnalité, Bernard Le Coq étant très facile. Le film, c’était le plateau, mais c’était aussi l’hôtel et comme on était en plein confinement à Dunkerque on vivait tous dans le même hôtel.
En réalité, le film était presque plus fort à l’hôtel que sur le plateau : elles s’engueulaient, se disputaient car il y avait un peu d’égo chez les actrices, c’était un peu comme des gamines. D’ailleurs elles ont la patate. A leur âge, elles sont péchues toutes. Ce que vous voyez à l’écran, on le vivait dans la vie. C’était rock n roll mais aussi à l’hôtel. On s’est beaucoup amusé, je les ai beaucoup aimées, je les engueulaient un peu comme dans le film « oh, mais arrêtez de vous chamailler ! ». C’était rigolo car le film continuait à l’hôtel. Les deux comédiens eux étaient cools. Bernard Le Coq il est adorable et n’a aucun égo, mais les filles ça se chamaille.
Dans votre métier, on a l’impression qu’il n’y a pas de retraite.
Non car si on sait bien vieillir et si on accepte de vieillir, on peut travailler jusqu’à 90 ans comme Edwige Feuillère, Daniele Darrieux ou Madeleine Robinson. Mais en fin de compte c’est aussi ça qui est beau dans ce métier. On joue la jeunesse, puis on joue les mamans puis on joue les grands-mères. On tourne car il y a toujours plein de personnages dans un film avec des âges très différents.
En 200 pages et autant de photos, Christophe Levillain propose un superbe voyage iconographique dans les paysages les plus spectaculaires du département des Pyrénées-Orientales. Un beau livre et cadeau idéal pour faire découvrir Le Pays Catalan à ses proches.
Difficile de mettre en valeur une photo parmi les plus de 200 qui composent le nouveau livre de Christophe Levillain. Toutes sont plus belles les unes que les autres, offrant à chaque fois une facette à découvrir d'un lieu ou d'une ambiance. Le photographe, par ailleurs grand randonneur devant l'éternel (il nous balade chaque dimanche dans l'Indépendant sur les plus beaux sentiers des Pyrénées-Orientales et de l'Aude), a largement puisé dans son immense photothèque pour proposer cet ouvrage retraçant l'histoire et le présent du Pays Catalan.
À travers ces photos et les textes qui les renseignent, vous pourrez remonter les siècles de cette région à travers ses vestiges ou monuments culturels ou industriels, explorer les villages atypiques et les grandes villes touristiques. Pour Christophe Levillain, ce "territoire généreux, sublimé et dense, qu'est le Pays Catalan, hypnotise. Territoire le plus méridional de la France continentale, terroir de soleil et de lumière balayée par la Tramontane et le Marin, ce bout de terre pyrénéenne regorge de pépites patrimoniales, de trésors naturels et de décors cinématographiques." Feuilleter ce livre, plonger dans ces photos, apprendre à travers les textes, vous donnera une furieuse envie de mieux en profiter et d'enfiler vos chaussures de randonnée pour en profiter en réalité après la version papier.
Bien connu des lecteurs de l’Indépendant depuis des années, Christophe Levillain, en plus d’être un expert en randonnée dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales (une excursion chaque semaine dans ces pages magazines), est un remarquable photographe. Après l’édition de plusieurs livres ces dernières années, il récidive avec ce « Llums, lumières du Pays Catalan ». Ce livre est le fruit d’un travail photographique mené au gré des saisons, des terroirs et du patrimoine de ce territoire d’Orient des Pyrénées, terre de soleil et de lumière balayée par la Tramontane. “Llums”, qui signifie lumières en catalan, célèbre la terre, l’air, la mer et le feu du Roussillon, au fil des quatre saisons. Ces pages sont le résultat de 30 ans de prospections, de découvertes et de rencontres sur les sentiers maritimes et montagnards.
« Llums, lumières du pays catalan », Christophe Levillain, 49 €
Donc, nous habitons en Occitanie. Le Journal Officiel a publié le décrethier. Exit le Languedoc ou le Roussillon. Recalé le Pays Catalan. Ce sera Occitanie tout court. Car dans le décret, la mention « Pyrénées Méditerranée » ne figure nulle part alors qu'elle est rajoutée dans tous les documents publiés par l'institution régionale depuis cet été. Preuve qu'il y a une marge dans cette officialisation. Car ce que réclament les Catalans n'est pas l'abandon d'Occitanie mais le rajout de Pays Catalan. Pourquoi ne pas imaginer alors une région à géographie variable ? A nom variable plus exactement. Avec la possibilité de le décliner en fonction de la localisation. Ainsi, à Perpignan, la région signerait « Occitanie Pays Catalan ». Cette solution permettrait également aux autres entités géographiques de continuer d'exister. Car le Pays Catalan n'est pas le seul à vouloir préserver son histoire à préserver. D'« Occitanie Rouergue » à « Occitanie Bigorre » en passant par « Occitanie Camargue » la démultiplication des points d'intérêts donnerait plus de sens à cette immense entité géographique, un peu abstraite et sans grande notoriété, avouons-le. Mais il faut le faire rapidement. Avez-vous remarqué comme à la météo les présentateurs ne disent plus « Nord » mais « Hauts de France » ? D'ici trois ans, plus personne ne saura situer la Picardie sur une carte de France. Alors si le Pays Catalan veut exister, en plus de panneaux à l'entrée des villages, je lancerais une action de lobbying auprès d'Evelyne Dhéliat, Louis Bodin (venu récemment au Soler) ou Nathalie Rihouet.
470 kilomètres de bouchons sur les routes de France samedi pour le dernier chassé-croisé des vacances. Un chiffre abstrait sauf quand on se retrouve au cœur de ce grand embouteillage. Prudents, pour revenir dans le sud après une semaine de vacances, nous avons, mon épouse et moi, préféré anticiper et avaler vendredi les 1 195 kilomètres entre Oisquercq (Belgique) et Pollestres (Occi... pardon, Pays catalan). Bonne pioche à part un petit ralentissement à Montpellier. Radio bloquée sur le 107,7 Mhz, celle de l'autoroute, les incidents signalés ne nous concernent heureusement pas : beaucoup de morceaux de pneus sur la chaussée, un piéton sur le terre-plein central, un semi-remorque immobilisé suite à la rupture de son arbre de transmission et même un sanglier écrasé. Passé Lyon, cela se complique. Mais uniquement pour les malheureux obligés de quitter le soleil du Midi pour les froidures du Nord (même si ce week-end, on y constatait des températures bien plus élevées). Sur trois voies et une cinquantaine de kilomètres, voitures et camions se retrouvent à l'arrêt. Un carambolage ? Non, selon les journalistes, de simples "ralentissements" dus à des "coups de frein". Même pas un embouteillage, encore moins un bouchon. Il semble que dans ce milieu, un bouchon corresponde minimum à une heure d'immobilisation. Quand ce temps est dépassé (comme ce fut le cas samedi), la radio de l'autoroute parle de "bouchon dur". J'ai appris quelque chose. Par chance, je ne l'ai pas vécu. Et maintenant, en route pour les nouvelles aventures de la rentrée.