vendredi 31 octobre 2014

BD : amour impossible avec la belle "Héléna" de Jim et Chabane

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Simon a tout du jeune homme normal. A l'aube de la trentaine, employé dans une entreprise pour un travail peu valorisant, il traine encore avec ses amis d'enfance à la recherche du grand amour. Il rencontre Estelle, tombe amoureux. C'est réciproque. Rapidement elle est enceinte et ils décident de se marier. Un destin tout tracé raconté par Jim et dessiné par Chabane. Mais le matin du mariage, sur le parvis de la mairie, Simon aperçoit Héléna. La superbe blonde promène sa fille dans une poussette. Héléna, son amour d'enfance. Il croyait l'avoir oubliée, il n'en est rien. Quand elle lui explique en deux mots qu'elle vient de se séparer du père, Simon a une révélation. C'est elle la femme de sa vie. Alors, sur un coup de tête, quelques minutes plus tard, au lieu de dire oui à une vie de couple sans heurts, il répond « non » au maire. Mariage foutu... Quelques mois plus tard, sans nouvelles d'Héléna, Simon hérite de son père. Une grosse somme et un appartement de rêve. C'est le moment que choisit Héléna pour réapparaître. Le petit garçon timide qu'est toujours un peu Simon se fait violence et l'aborde. Ils passent un étrange contrat qui va bouleverser leurs vies. Très jolie histoire entre deux écorchés des sentiments. Vont-ils enfin se trouver ? Le lecteur croit à la romance mais les auteurs, entraînent leurs personnages dans une tout autre direction, inattendue et qui fait toute l'originalité de cette BD.

« Héléna » (tome 1), Bamboo, 16,90 €

jeudi 30 octobre 2014

DVD : "13 sins", un jeu maléfique

Pour de l'argent, le héros de “13 sins” se transforme de gentil en salaud absolu.
Il est sans doute normal qu’un film qui dénonce la perversion de l’argent soit tourné avec un budget réduit. Daniel Stamm, réalisateur allemand qui s’est spécialisé dans les films d’horreur de série B aux USA, manque cruellement de moyens pour donner une dimension supplémentaire à « 13 Sins », remake d’un film thaïlandais. Décors minimalistes, acteurs de seconde zone et trucages grossiers gâchent un peu le plaisir du spectateur.
13 sins, jeu, stamm, webber, wild sideHeureusement, le scénario ne manque pas d’invention et offre de surcroît son lot de surprises dans les scènes finales. La meilleure façon d’apprécier « 13 Sins » qui sort directement en DVD, c’est encore de se mettre dans la peau d’Elliot (Mark Webber) et de se demander ce que l’on ferait à sa place. Ce futur jeune papa, criblé de dettes, prépare son mariage avec sa dulcinée. Mais alors qu’il croit être convoqué par sa direction pour une promotion, il est viré. Vendeur, on lui reproche sa prudence, sa gentillesse dans un monde capitaliste où pour gagner il faut être sans pitié. Au fond du trou, il reçoit un coup de téléphone sur son portable d’une mystérieuse voix qui lui demande, en échange de quelques milliers de dollars, de tuer une mouche dans sa voiture. Il le fait, presque par automatisme, et se retrouve entraîné dans un engrenage machiavélique. Pour des sommes toujours plus élevées, les challenges deviennent de plus en plus malsains, contraires aux principes de vie d’Elliott. Plus la somme est importante, plus Elliott bascule du côté sombre.
S’il y a quelques bonnes trouvailles comme le bus conduit par un mystérieux clown blanc (totalement adapté à l’actualité du moment...) ou le côté vengeance des années d’humiliation au collège, le tout manque un peu de rythme. Cela reste un bon divertissement pour les amateurs de gore soft.


« 13 Sins », Wild Side Video, 15,99 euros

mercredi 29 octobre 2014

BD : Aller-retour temporel dans "Paradoxes" de Convard et Bidot


paradoxes, convard, Bidot, Glénat
Il est des BD plus exigeantes que d'autres. Si vous avez l'image de « petits Mickeys » pour gamins idiots ou asociaux bas du plafond, n'ouvrez pas le second tome de « Paradoxes », série écrite par Convard et dessinée par Bidot. Il y est essentiellement question de voyage dans le temps, avec anomalies liées à l'interférence du futur sur le passé. Le récit se déroule en fait sur plusieurs niveaux de réalité. Un présent de base montre le professeur Edwel Conrad, éminent chercheur en supra-physique, en train de découvrir le principe qui va révolutionner le monde. Mais en même temps, des hommes venus du futur tuent sa femme. Et un autre Conrad, plus âgé, vient le prévenir. Conrad en fait est omniprésent. Dans le présent pour faire sa découverte, dans le futur pour la développer et dans le passé du futur pour la glisser à l'oreille de son ancien double. Dire que c'est à la portée de tout le monde serait mentir. Il ne faut pas hésiter à faire plusieurs allers-retours pour saisir toutes les nuances de cette histoire en forme de spirale temporelle. Une fois cet écueil passé, c'est passionnant !

« Paradoxes » (tome 2), Glénat, 13,90 €

mardi 28 octobre 2014

BD : Survie dans le temps


betelgeuse, aldebaran, léo, survivants, dargaud
Au fil des ans, avec une régularité exemplaire, Léo continue de bâtir ses mondes imaginaires. Après Aldebaran, Bételgeuse et Antarès (15 albums au total), il a lancé un groupe de survivants dans l'exploration d'une planète sans nom mais tout aussi surprenante que les précédentes. L'originalité de cette nouvelle saison des Mondes d'Aldebaran réside dans les anomalies quantiques frappant régulièrement certains secteurs de la planète. Le petit groupe de réfugiés, 12 jeunes gens présentés dans les pages de garde, en a fait les frais. Quatre d'entre eux ont mystérieusement disparu à la fin du second tome. Cet épisode trois débute par leur réapparition, totalement inchangés, mais cinq années plus tard. Toute la trame de l'album réside dans la difficile cohabitation entre ces deux couples qui ont fait un saut dans le temps en une journée et le reste du groupe qui survit sur la planète depuis de longues années. Le côté SF est renforcé avec la participation à l'exploration de la planète des holorans, des félins à l'aspect humanoïde. Comme toujours avec les BD de Léo, on se retrouve à la fin avec plus d'interrogations qu'au début. Mais c'est bien le signe qu'il maîtrise parfaitement ces univers et la forme du feuilleton.

« Survivants, anomalies quantiques » (tome 3), Dargaud, 11,99 €

lundi 27 octobre 2014

BD : Loisirs révoltants


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Rien ne va plus dans le beau pays de Monplaisir. Cet immense parc d'attraction pour des vacances de rêves vient de subir une violente attaque terroriste. Plus d'électricité pour alimenter les casinos et autres attractions. Des milliers de touristes sont laissés à l'abandon. Heureusement, il existe une police à Monplaisir. Mais ses membres ne sont pas formés pour maintenir l'ordre. Leur mission est de participer à des chasses à l'homme télévisées, des distractions comprises dans le prix d'entrée. Zacchary, jeune policier, se pose beaucoup de questions. Ce fils de paysan a préféré fuir la misère de l'extérieur pour participer au rêve de cette société futuriste imaginée par Runberg et dessinée par Ricci. Mais il vient de voir un enfant se faire tuer par son « concurrent » et ce dernier, une fois la partie terminée, redevient un citoyen inattaquable. De plus, le chef de la police vient de lui donner l'ordre de patrouiller et de tirer sur tout ce qui peut ressembler, de près ou de loin à un terroriste. Le troisième tome de cette série de SF fait monter la pression. A l'intérieur de Monplaisir, royaume des manipulations, mais aussi à l'extérieur où les robots sont en pleine révolte.

« Urban » (tome 3), Futuropolis, 13,50 €

dimanche 26 octobre 2014

BD : Fins de sagas pour Cyann et Alter Ego

Si Bourgeon et Lacroix ont mis 21 ans pour boucler « Le cycle de Cyann », les auteurs de la saison deux d'Alter Ego n'ont pas attendu une année entre le premier et quatrième tome. Deux approches différentes mais un point commun : l'excellence.

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Après Isa dans les Passagers du vent puis Mariotte des Sortilèges du bois des brumes, François Bourgeon imaginait en 1994 une troisième héroïne qui allait marquer les bédéphiles : Cyann. Un univers radicalement différent. Exit la BD historique pour le maître du genre et place à la science-fiction. Il s'est associé pour l'occasion avec Claude Lacroix qui a créé de toute pièce un monde-empire foisonnant. Après quelques aléas d'éditeurs, l'ensemble de la saga a rejoint les éditions Delcourt. Et enfin, le sixième et dernier tome vient de paraître en même temps que la réédition des cinq précédents. « Les aubes douces d'Aldalarann » montre une Cyann assagie. La jeune fille de riche, odieuse et futile, a pris de la bouteille au gré de ses mésaventures et saut dans le temps d'une planète à l'autre. La mort de sa sœur a considérablement modifié sa philosophie de vie. Sur une planète hostile, elle devra beaucoup faire d'effort simplement pour survivre. Un ton moins aventureux, plus écologique voire philosophique pour un dernier opus longtemps attendu. Cyann est toujours aussi belle sous le pinceau de Bourgeon et la dernière image pleine d'espoir, comme une promesse de renaissance.

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Pour la saison 2 d'Alter Ego c'est aussi le dénouement. Mais cette fois, le lecteur n'aura pas patienter des années pour connaître le « Verdict ». Moins d'une année pour boucler ces quatre albums soit 240 pages. Il est vrai qu'il y a deux scénaristes, Lapière et Renders, et plusieurs dessinateurs (Béneteau, Reynès, Erbetta) pour épauler Efa chargé des personnages. Le principe de la série n'a pas changé depuis la saison une Chaque album peut être lu indépendamment les uns des autres. Depuis la révélation de l'existence d'Alter Ego, les débat fait rage dans la communauté scientifique. En résumé, il existe un lien entre chaque homme et femme né au même moment sur terre. La bonne santé de l'un permet à l'autre de vivre en toute quiétude. Affabulation ou découverte scientifique majeure ? Rien n'est encore figé. D'autant que le phénomène des Alter Ego donne des idées à des organisations sectaires ou des entreprises sans scrupules. Après trois épisodes aux fins très palpitantes, la conclusion est tout aussi innovante et laisse possible une troisième saison de ce qui est la grande réussite éditoriale de ces dernières années.
« Le cycle de Cyann » (tome 6), Delcourt, 15,95 euros

« Alter Ego, saison 2 » (tome 4), Dupuis, 12 euros.

samedi 25 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Fin du monde : le retour !

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Deux ans après le fameux 21 décembre 2012 et la supposée fin du monde (excepté à Bugarach dans l'Aude...), une nouvelle rumeur d'apocalypse circule sur internet. Mais attention, cette fois elle n'est pas tirée d'une interprétation controversée d'un calendrier maya mais de déclarations on ne peut plus sérieuses de pontes de la NASA.
Il n'est pas question à proprement parler de fin du monde, néanmoins le phénomène planétaire annoncé pour les 21, 22 et 23 décembre prochains pourrait certainement précipiter la mort de la planète. Durant ces trois jours, le soleil disparaîtra. La nuit complète, le froid, l'obscurité... Selon de savants calculs, à ces dates, une violente tempête solaire affaiblira la luminosité du Soleil. De plus, l'alignement de certaines planètes le masqueront en grande partie de la vue des Terriens. Black-out.
Je vous rassure tout de suite, il s'agit de bobards. Aucune planète ne peut masquer notre étoile. Et cette boule de feu n'est pas prête de cesser de briller et de faire tourner les multiples astres autour de son orbite. Sa fin est certes programmée, mais pas dans deux mois, plutôt dans un milliard d'années. Une marge confortable.
Une nouvelle fois les hommes aiment à se faire peur. Alors que tous les scientifiques s'inquiètent du réchauffement climatique, ces petits plaisantins imaginent notre fin dans le froid glacial de la nuit éternelle. Je ne sais pas à quoi ressemblera le 21 décembre, mais ce week-end la météo annonce du soleil et des températures largement supérieures à 20°. Alors profitez-en. Et pour la suite, il sera toujours temps d'aviser.

BD : Le début de l'épidémie de zombies

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La déferlante de zombies de ces dernières années n'aurait jamais eu lieu si un certain George A. Romero n'avait tourné, en 1969, un petit film d'horreur en noir et blanc et pour à peine 100 000 dollars, dans lequel les morts attaquaient les vivants. Si chaque série télé, film, livre ou BD utilisant des Zombies devaient lui verser un pourcentage, il serait assurément l'homme le plus riche du monde... Jean-Luc Istin, scénariste prolifique des éditions Soleil (notamment l'essentiel de la collection Celtic), avoue une véritable fascination pour ce film. Il s'est donc replongé lui aussi dans la « bible » du zombie et proposé sa vision de l'univers de Romero. Il a confié le dessin à Bonetti, un Italien habitué aux cadences infernales des comics américains. Une partie est fidèle : un frère et sa sœur vont fleurir la tombe de leurs parents et sont attaqués dans le cimetière. L'autre est plus imagée et spectaculaire : le mari et les enfants de la femme sont restés dans la grande ville et tentent de survivre dans une panique générale. Une BD terrifiante d'efficacité.

« La nuit des morts vivants » (tome 1), Vents d'Ouest, 14,50 €

vendredi 24 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Pas touche au zizi !

Ceux qui prétendent que notre société ne régresse pas au niveau de l'évolution des mœurs et de la tolérance, devraient changer d'avis devant l'exemple de l'exposition "Zizi sexuel" à la Cité des Sciences.
Sur des illustrations de Zep, le créateur de la bande dessinée Titeuf, l'exposition vise à expliquer la sexualité et l'amour aux 9-14 ans. Ludique et rigolote, elle remporte un beau succès. Sauf auprès de l'association "SOS éducation" qui a lancé une pétition pour dénoncer la façon dont les choses du sexe sont montrées aux enfants. Une pétition qui aurait déjà récolté plus de 37 000 signatures.
Question : où étaient ces 37 000 personnes en 2007, l'année de l'inauguration de l'expo. Car il n'y a rien de nouveau à la Cité des Sciences.Tous les secrets du "zizi sexuel" étaient déjà exposés à l'époque. Et personne pour s'insurger. Au contraire, les commentaires étaient élogieux pour saluer le tact et l'intelligence des panneaux, animations et autres décors.
Ce qui était "intelligent" il y a 7 ans serait devenu "grossier et vulgaire" aujourd'hui ? Mais selon quels critères ? Sommes-nous en 2014 ou en 1014 ?
En fait il semble que ces réactions de pudibonderie excessive soient en lien direct avec l'émergence de tous ceux qui ont manifesté contre le mariage pour tous et dénoncé la soi-disant théorie du genre enseignée au primaire. La différence avec 2007 ? Les "réacs", les tenants de l'immobilisme et de la vénération du passé, sans être plus nombreux, deviennent surtout plus bruyants.
Danger ! Leur liberté de parole est inversement proportionnelle à notre liberté, tout court.

DVD : Engrenage fatal en Méditerranée


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Adapté d'un roman de Patricia Highsmith, « The Two Face of January » est un film noir comme on en voyait régulièrement dans les années 60. Hossein Amini, le réalisateur, avoue une grande admiration pour ce genre cinématographique et a particulièrement soigné sa mise en scène et sa lumière pour être fidèle à cette époque.


L'intrigue débute en Grèce. Rydal (Oscar Isaac), jeune Américain, vivote en servant de guide touristique à de riches compatriotes. Au cours d'une balade, il remarque un couple lumineux formé par Chester (Vigo Mortensen) et Colette (Kirsten Dunst). Chester, sous ses airs de millionnaires en villégiature est sur ses gardes. Tout de suite il se sent espionné par Rydal. Colette va se renseigner sur lui et leur destin va alors se retrouver lié. Rydal, petit escroc, tombe amoureux de Colette. Mais cette dernière est liée à Chester, un autre escroc, d'une tout autre envergure. Il a délesté quelques spéculateurs de leurs économies et profite grassement de ce pactole, caché dans une simple valise. Quand un détective privé, mandaté par des clients mécontents, retrouve l'Américain en fuite, la belle vie insouciante prend fin immédiatement.
Le film joue surtout sur les attitudes ambiguës des personnages. Que veulent-ils exactement ? Amour ou profit ? La fuite passe par les magnifiques paysages de la Crète puis les rues grouillantes et inquiétantes d'Istanbul. Les décors naturels somptueux rattrapent un peu l'intrigue par trop simpliste et prévisible.

« The Two Faces of January », Studiocanal, 17,99 euros.

Cinéma : "Chante ton bac d'abord", un documentaire qui parle aux jeunes

Dans « Chante ton bac d'abord », David André a filmé l'année scolaire de cinq élèves d'un lycée à Boulogne-sur-Mer. Ils préparent leur bac et nous le racontent... en chansons.


Il y a Nicolas, le poète, Rachel, la grosse tête un peu timide, Gaëlle qui se rêve en marionnettiste, Caroline l'indécise partagée entre le désir de devenir archéologue.. ou tatoueuse et Alex, le fils de rocker totalement « je-m’en-foutiste » et on le serait à moins quand, comme lui, on réchappé à un cancer à l'âge de trois ans. Cinq jeunes de 17 ans, pas encore adultes mais plus vraiment adolescents. Cinq amis conscients que l'obtention du bac est la porte ouverte pour tous leurs rêves, le ticket d'entrée dans un autre monde où ils auront enfin les coudées franches. Cinq « belles âmes » vedettes d'un documentaire de David André au ton unique.

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Le réalisateur a eu l'idée de génie de faire chanter ses témoins. Le film est ainsi entrecoupé de 11 plages musicales courtes. Gaëlle est la première à pousser la chansonnette. On la voit dans son quotidien, avec ses amis, en cours, affrontant ses parents sur sa future orientation professionnelle, puis dans une grande fluidité de narration, elle chante sa vie, ses envies, ses désespoirs et ses doutes. Alors, une grosse boule d'émotion étreint l'estomac du spectateur qui n'a pas totalement oublié sa jeunesse. On constate que la musique reste un des meilleurs vecteurs de sentiments. Alex, avec sa bouille ronde, sa crête rouge et ses piercings dans les lèvres, s'est façonné un personnage. Il se dévoile complètement quand il entre dans une église et chante sa philosophie de vie. Caroline, quasiment mutique face à ses parents, paumée dans ses paradis artificiels, prend une tout autre dimension quand elle chante son désir d'évasion, sa volonté de « partir loin d'ici ». Le documentaire, loin de se contenter de la vision des jeunes, donne également la parole aux parents. Le « panel » est très représentatif, de la maman au chômage totalement démissionnaire au papa angoissé par les débouchés professionnels à la maman excessivement fière des bons résultats de son « poussin ». L'ensemble est d'une cohérence, d'une force et d'une vérité que n'atteindra jamais aucune fiction. Jusqu'à la chanson finale, où les jeunes, ensemble, chantent leur tristesse de se séparer à la fin de ces belles années lycée.
A l'heure des télé-réalités idiotes, déformant l'image de la jeunesse actuelle, ce film donne une vision beaucoup plus positive, plus optimiste et pleine d'espoir. Car oui, les rêveurs ont encore une place dans notre société.

jeudi 23 octobre 2014

DVD : Jeunes à la dérive dans « Palo Alto »



Dans la catégorie « Je suis fils de... et je fais ce que je veux » Palo Alto remporte tous les oscars possibles et imaginables. La réalisatrice, Gia Coppola est la petite fille de Francis et la nièce de Sofia, Jack Kilmer, l'interprète principal, le fils de Val et Emma Roberts, la vedette féminine, la nièce de Julia. Du très lourd au niveau patronyme. Et de quoi parle la jeunesse dorée d'Hollywood quand elle décide de passer derrière et devant la caméra ? De leur vie de pauvre petits adolescents riches et cyniques. « Palo Alto » est un film désenchanté sans la moindre lueur d'espoir. Teddy (Jack Kilmer), un peu poète, subit la mauvaise influence de Fred, aux idées bêtes et destructrices. Il est amoureux d'April (Emma Roberts), gentille fille effacée, joueuse de foot amoureuse de son entraîneur (James Franco) qui n'hésite pas à en profiter. Et puis il y a Emily (Zoe Levin). Elle a le beguin pour Fred. Mais ce dernier, odieux, n'y voit qu'une poupée gonflable idéale pour assouvir ses envies de sexe. La caméra, aussi déshumanisée que leurs existences, suit ces jeunes entre parties alcoolisées, réunions familiales et délires solitaires dans leurs chambres rose bonbon. On ne sait que penser en regardant ces jeunes à la dérive. La réalisatrice a-t-elle voulu dénoncer cette non-vie ou au contraire la présenter au public, comme une sorte d'autobiographie avant l'heure ? Difficile de rentrer dans ce monde tant il semble à des lieues de la vraie vie. Pourtant il existe et tend à devenir la norme dans tous les pays industrialisés et développés. Mais cela n'empêche pas d'avoir le regard d'un voyeur involontaire, témoins d'un univers qui nous est totalement étranger et que pour rien au monde on voudrait laisser à nos enfants.
« Palo » Alto », Pathé, 19,99 euros


DE CHOSES ET D'AUTRES : Cloisonnons les open space

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De l'intimité ! L'employé français et plus généralement européen n'en peut plus de travailler dans un open space. Il veut un bureau pour pouvoir s'isoler, travailler au calme, dans le silence. Ce constat n'a rien d'une révolte personnelle contre le vaste plateau qui accueille la rédaction de l'Indépendant (même si parfois...), mais simplement les résultats d'une étude sur les conditions de travail.
L'open space remporte une nouvelle fois l'unanimité contre lui. Ce modèle, défendu par certains communicants comme la meilleure façon de faire travailler ensemble toute une équipe n'est en fait que la solution économique pour caser plus de monde sur une même surface de bureau. Un peu comme si certains hôtels, pour avoir plus de clients, abattaient les murs des chambres et les transformaient en un seul et unique dortoir.
Obligés de cohabiter, certains employés développent des trésors de ruse pour se recréer une bulle. La meilleure solution reste les écouteurs. Autant écouter de la bonne musique au lieu des derniers développements de la crise d'adolescence du fils de Régis de la compta. D'autres réquisitionnent toutes les plantes en pot et se confectionnent un havre vert, à l'abri des regards.
Moi, j'ai tendance à tout garder, vieux dossiers, journaux, livres... Les piles augmentent, tels des remparts de pacotille.
Alors, halte à ce nouveau genre de "souffrance" au travail ! Même si cette revendication semble bien futile pour les chômeurs et autres ouvriers, à la chaîne, ou obligés de subir les aléas de la météo...
En bonus internet, cette compilation vidéo de quelques "pétages de plomb" dans des open space...

mercredi 22 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Disparitions prévisibles

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Elle était la dernière à ajuster chaque jour sa coiffe bretonne traditionnelle. Maria Lambour, 103 ans, s'est éteinte dans le Finistère. Elle était devenue une vedette de la télévision en apparaissant dans la publicité Tipiak. Son décès marque donc la fin d'une Bretagne vivante et authentique. Il y a peu, le dernier Poilu disparaissait et projetait du même coup la guerre 14/18 dans l'Histoire tout court. Inéluctablement, tout s'efface, tout disparaît. Sans vouloir me poser en concurrent des prophètes et autre voyants, je peux imaginer quelques étapes incontournables de notre société.
2040 : fermeture de la dernière boucherie chevaline dans la Creuse. Manger du cheval est impossible, en 41 ce sera illégal.
2060 : dernière transplantation cardiaque. Les cœurs artificiels, parfaitement au point, remplacent avantageusement la loterie du don d'organe.
2070 : fermeture de la dernière pompe à essence. En dix ans les véhicules électriques ont accaparé 99 % de la production automobile. De toute manière, il ne reste plus une goutte de pétrole...
2100 : démantèlement de la centrale de Fessenheim, dernière à produire de l'électricité grâce à la technologie nucléaire sur le sol français.
2120 : arrêt de la production de l'iPhone 22, ultime version des smartphones, détrônés par les implants psychiques neuronaux aptes à la communication par télépathie.
2180 : Kevin, dernier Français à porter la frange disparaît dans l'anonymat. Il entretenait sa fantaisie capillaire depuis son adolescence, malgré les moqueries de six générations successives.

mardi 21 octobre 2014

BD : Aberration urbaine dans "Memphis" de Rodolphe et Marchal


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En cage ! Plus les personnages principaux de cette série fantastique de Rodolphe et Marchal progressent dans leurs recherches, plus l'évidence s'impose à eux : ils sont prisonniers d'une ville qui a cessé d'évoluer depuis des décennies. L'action se déroule à Memphis et donne son nom à la série. Cette ville moyenne américaine, célèbre pour avoir hébergé Elvis Presley, a le look des années 60. Pourtant l'action se déroule de nos jours. Louis et Roosevelt, journalistes au quotidien local, ont découvert dans le premier album que toutes les routes sortant de Memphis sont coupées. Et parfois, des aberrations apparaissent. Comme ce livre trouvé sur un vide-greniers. Il est consacré à Elvis. Et le dernier chapitre présente sa maison. Or, quand Louis cherche cette fameuse bâtisse, soit-disant très prisée des fans et des touristes, il ne la trouve pas. Comme si le Memphis dans lequel il vivait était une version différente de celui présenté dans ce livre. Par petites touches Rodolphe fait progresser l'intrigue jusqu'au dernier coup de théâtre qui permettra certainement de relancer l'attente du lecteur...

« Memphis » (tome 2), Glénat, 13,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Voir Mars et mourir

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68 jours. Pas un de plus. Des scientifiques ont sérieusement étudié l'idée de Mars One, une société néerlandaise, d'envoyer des hommes et des femmes sur Mars pour un aller simple. Résultat, ils meurent par asphyxie au bout de 68 jours… Ce sont les plantes amenées avec les colons qui produiront trop d'oxygène. Et la technologie pour rééquilibrer l'atmosphère des habitats de vie n'est pas encore au point.
Voilà qui devrait refroidir les ardeurs des 200 000 personnes postulantes au départ. Contrairement aux prévisions des concepteurs du projet, la mission n'est pas du tout autosuffisante.
mars one, seul sur mars, survie, oxygène, andy weir, bragelonnePourtant, il existe toujours des moyens pour faire mentir les scientifiques. La preuve avec la récente parution d'un roman aux éditions Bragelonne. Certes, c'est un récit de science-fiction, mais Andy Weir, l'auteur, a multiplié les explications scientifiques pour justifier le titre de son livre "Seul sur Mars". Dans un futur proche, la Nasa envoie des missions habitées sur Mars. La troisième subit un peu le même sort qu'Appollo 13. Une énorme tempête, au bout de deux jours, oblige l'équipage à rejoindre en urgence le vaisseau resté en orbite. Seul Mark Whatney, le "mécanicien et homme à tout faire" rate l'embarquement. Il se retrouve donc seul sur Mars avec une durée de vie très limitée. Comme la prochaine mission n'arrive que dans trois ans, il va devoir trouver des solutions pour assurer sa survie : fabriquer de l'eau, faire pousser des légumes.
Alors 68 jours ? J'ai la solution : Mars One emporte ce livre dans ses soutes et ce cap fatidique sera facilement dépassé.

lundi 20 octobre 2014

BD : Le débarquement d'Alix


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Alix, Gaulois passé au service de Rome, a survécu à son créateur Jacques Martin. Comme pour Blake et Mortimer, plusieurs équipes se succèdent pour prolonger cette série historico-réaliste. Le 33e titre de la collection conduit le héros sur Britannia, île sauvage et réfractaire aux bienfaits de l'empire romain. César, la Gaule quasi pacifiée, décide d'envahir l'île si proche et si lointaine à la fois. Il embarque dans son armada Alix, Enak et un chef celte chassé du pouvoir par le « méchant » de l'album, Cassinos. Intrigue complexe avec traitrise, double jeu et guet-apens dans un album tout à fait dans la lignée des premiers titres de la saga. Mathieu Bréda au scénario mélange avec bonheur véritable histoire et faits romancés. L'Angleterre est déjà présentée comme une entité à part dans cette Europe romaine sans frontières. Résister aux envahisseurs de toutes sortes semble déjà ancré dans les gènes de ces tribus celtes désunies, sauf quand l'invasion menace. Pour le dessin, on retrouve Marc Jailloux qui avait placé la barre très haut avec sa première incursion dans l'univers d'Alix. La réussite est évidente, « Britannia » semblant véritablement avoir été dessiné par Martin il y a 30 ans...

« Alix » (tome 33), Casterman, 10,95 €

dimanche 19 octobre 2014

BD : Fatale et Perico, histoires de femmes en cavale

L'une veut échapper à une vie de prostitution à Cuba, l'autre à un passé de femme battue. Leur point commun : elles sont trop belles pour des hommes sans cœur.
fatale, perico, berthet, hautière, dupuis, dargaud, manchette, cabanes, headline« Fatale », polar de Jean-Patrick Manchette paru en 1977 est peut-être le plus sombre et nihiliste des romans de l'écrivain trop tôt disparu. Doug Headline en signe l'adaptation et Cabanes les dessins. Un récit au long cours de 130 pages avec des airs de Simenon pour la description des notables de banlieue et de roman noir américain pour le personnage d'Aimée. La jeune femme aux cheveux noirs apparaît dès les premières pages. Une partie de chasse entre amis. L'un d'entre eux s'isole. Aimée arrive, lui sourit, le tue. Dans le train de nuit qu'elle prend dans la foulée, elle change de tête. Blonde et bouclée, elle débarque à Bléville. Son bord de mer, ses industries agroalimentaires. Sous une couverture de riche veuve qui cherche une propriété tranquille, elle s'intègre à la bonne société de la cité. Industriels, médecin, notaire : elle les intrigue et devient l'amie de leurs femmes. Patiemment Aimée va tisser sa toile d'araignée pour tout connaître de leurs travers, grands et petits secrets. Alors elle pourra faire ce pour quoi elle est venue. La BD, fidèle au roman, est le portrait d'une femme dangereusement désespérée. Son passage à Bléville laissera des traces. Rouges et sanglantes...
fatale, perico, berthet, hautière, dupuis, dargaud, manchette, cabanes, headlineLa belle Livia est elle aussi au centre de « Perico », série écrite par Régis Hautière et dessinée par Philippe Berthet. Cette jeune Cubaine, après une enfance malheureuse, est vendue à un parrain de la drogue. Dans la première partie, elle profite de la fuite aux USA du jeune Joaquim, un employé du trafiquant, pour s'évader avec lui. Ils volent au passage une valise pleine de billets. La seconde partie du récit vient de paraître et se déroule entièrement aux USA, à la fin de ces années 50 où la corruption est partout. Le rêve américain aussi. Livia voudrait devenir actrice à Hollywood. Dans une belle décapotable, elle va traverser les States avec Joaquim en chevalier servant. Mais le rêve devient cauchemar... un trio de tueurs cubains, bénéficiant de complicités dans la police et les syndicats de routiers, va traquer les deux jeunes en cavale. Berthet, qui a désormais sa propre collection (Ligne noire), excelle dans ces décors rétros. Il revient un peu à ses premières amours, du temps du « Privé d'Hollywood » avec Bocquet et Rivière.
« Fatale », Dupuis, 22 euros

« Perico » (tome 2), Dargaud, 13,99 euros

samedi 18 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les derrières de l'art

Énorme scandale jeudi après-midi place Vendôme à Paris. Dans le cadre de la Foire internationale d'art contemporain (FIAC), un artiste obtient carte blanche pour présenter l'une de ses œuvres. L'Américain Paul McCarthy y expose "Tree", une énorme structure gonflable toute verte, interprétation personnelle d'un arbre de Noël. Immédiatement, certains piétons sont interloqués et un homme a carrément agressé l'artiste. 
tree, vendome, mccarthy, plug, scandaleMais comment un sapin de Noël peut-il déchaîner une telle violence ? L'explication arrive un peu plus tard avec une campagne virale lancée par le Printemps Français, le mouvement hostile au mariage pour tous. Sous la photo de "Tree", cette légende : "Un plug anal géant de 24 m de haut vient d'être installé place Vendôme ! Place #Vendôme défigurée ! Paris humilié !"
Un "plug anal" ? Qu'es aco ? Je découvre alors qu'il s'agit d'un sextoy destiné à une stimulation locale vaginale ou anale, souvent "conservé pendant que l'utilisateur s'adonne à d'autres activités, voire en présence d'autrui" selon Wikipédia. La ressemblance est flagrante, l'artiste l'admet, mais il n'est pas encore né le géant qui pourra en profiter...
La directrice de la FIAC avance une explication cohérente : "A quoi sert l'art si ce n'est de troubler, de poser des questions, de révéler des failles dans la société ?"
De mon côté, je m'interroge. Mais comment se fait-il que les promoteurs de la famille classique "un papa, une maman" connaissent l'existence de cet ustensile. Pourquoi ne voient-ils dans la sculpture qu'une représentation sexuelle monumentale ? Freud a encore du boulot...

Cinéma : Lou, nouvelle coqueluche des ados

Julien Neel a adapté sa bande dessinée « Lou, journal infime » avec des « vrais personnages en viande ».


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Le premier film de Julien Neel a un petit air de ressemblance avec « Amélie Poulain ». Comme Jeunet, le dessinateur de BD qui passe pour la première fois derrière la caméra a entièrement recrée un quartier, une ville voire tout un univers avec de nombreuses références aux objets obsolètes, vieillots mais plein de charme. La faute à la mère de Lou (Ludivine Sagnier), adulescente assez irresponsable. Derrière sa grande frange et ses grosses lunettes rondes, elle ne sort quasiment plus. Elle passe ses journées vautrée sur un canapé à jouer aux jeux vidéo, ne tenant debout qu'en ingurgitant une quantité phénoménale de café. Lou (Lola Lasseron) elle, est du genre petite fille rêveuse. Très rêveuse. Elle a pris la manie d'observer les gens et de tout noter dans des carnets. Depuis son toit terrasse, avec sa meilleure amie Mina, elles observent la chambre du joli garçon. Un certain Tristan qui fait briller les yeux de Lou. Ce petit monde assez farfelu et très poétique est encore plus chamboulé quand Richard (Kyan Khojandi, le créateur de Bref pour son premier grand rôle au cinéma), baba cool à la peau de mouton, emménage dans l'appartement de l'autre côté du palier. Lou y voit immédiatement un possible petit ami à sa mère trop seule et malheureuse. Son plan se déroule à merveille, jusqu'à cette soirée pendaison de crémaillère. Richard et la maman sont effectivement sur la même longueur d'ondes. Mais il y a surtout le beau Tristan...



Beaucoup plus qu'une simple bluette d'adolescent, ce film a la grâce des albums de BD. Le dessinateur aux couleurs pastels et douces a été très exigeant dans la reconstitution de son univers de papier. Cela donne un ovni visuel où le moindre détail est soigné. Il s'est même payé le luxe d'intégrer des effets numériques dans la grande scène de combat au laser et des séquences en images de synthèse pour présenter l'univers de Sidéra, le personnage principal du roman en construction de la maman. Plein d'espoir, de tendresse et de justesse, ce film s'adresse avant tout aux jeunes filles. Mais les adultes feraient bien aussi d'aller le voir. A l'image de la grand-mère de Lou (Nathalie Baye), vieille casanière revêche, un contact prolongé avec l'univers de Julien Neel peut avoir un effet bénéfique sur vos humeurs.



Sur papier aussi

Lou, julien Neel, Glénat, sagnierA la base, Lou est une série de bande dessinée. Publiée dans le magazine Tcho ! De Titeuf, les gags et histoires courtes ont donné naissance à six albums publiés aux éditions Glénat. A l'occasion de la sortie du film, ces mêmes éditions Glénat proposent deux livres autour du long métrage. En premier lieu l'adaptation du film, avec quelques dessins de Julien Neel mais surtout une farandoles de photos et une mise en page très recherchée. Idéal pour revivre le film après son visionnage. En cadeau, en fin d'album, l'affiche officielle.
Lou, julien Neel, Glénat, sagnierPlus pointu (et cher), « Lou ! Journal d'un film » est un beau livre retraçant toute l'aventure du projet. De la première rencontre avec le producteur aux bruitages en postproduction, Julien Neel livre son processus de création. Une formidable immersion dans un univers fabriqué de toutes pièces, des bijoux de pacotille de Lou au costume de Mister Juice. Sans oublier les séquences en animation de Sidéra, la justicière intergalactique issue de l'imagination de la maman de la jeune héroïne. Un film, six BD et deux livres : l'univers de Lou est de plus en plus riche.
« Lou, journal infime », Glénat, 9,99 euros
« Lou, journal d'un film », Glénat, 30 euros.


vendredi 17 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : La surbouffe

J'espère que vous avez bien terminé vos assiettes hier, pas laissé une miette de pain et saucé le jus. Le contraire eut été dommage alors que le ministère de l'Agriculture célébrait la journée nationale de la lutte contre le gaspillage alimentaire. Paradoxe de notre société dite évoluée, alors que des millions de personnes souffrent de la faim, on ne s'offusque pas de jeter à la poubelle quand on en a trop ou que le plat n'est pas à notre goût. Des goûts de riches...
Personnellement, je me fais un point d'honneur de manger tout ce qui m'est servi. Au grand désespoir de ma surcharge pondérale... et de ma femme. Cette dernière non plus ne quitte jamais un restaurant en laissant quoi que ce soit dans l'assiette. Mais elle, toujours aussi mince qu'à 20 ans, le fait pour nos chiens. Son immense sac regorge de poches en plastique. Elle y glisse gras et restes divers, idéaux pour accommoder savoureusement la gamelle des toutous.
La situation est différente quand nous allons (rarement) dans un "buffet libre". Enfin pour elle. Moi, j'engloutis tout, même ce que j'aurais clairement dû éviter (ce ragoût baignant dans le gras rance ou ces frites mollassonnes). Elle, systématiquement, a les yeux plus grands que le ventre. Et comme elle ne peut pas emporter le surplus (c'est carrément interdit à l'entrée), elle en laisse une bonne partie. Non sans en avoir glissé la moitié dans mon assiette.
Il va sans dire qu'un repas dans un buffet libre équivaut, pour moi, à l'absorption de trois milliards de calories... Mais au moins, je suis fier de ne pas avoir contribué aux 2,3 millions de tonnes de nourriture jetées par an par les restaurants et les commerces.

BD : la nouvelle humanité de Némésis


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Série de science-fiction débutée en 1997 aux défuntes éditions du Téméraire, Némésis a finalement été reprise par les éditions Soleil. Le scénario d'Ange était parfaitement servi par le dessin d'Alain Janolle. Mais arrivé au cinquième tome, le dessinateur cède sa place à Cifuentes pour dessiner le 6e et dernier volume de la série. Près de dix ans plus tard, Janolle reprend le train Nemesis et dessine à son tour la conclusion de cette histoire d'invasion extra-terrestre. La boucle est bouclée, la série plus cohérente. Aux prises avec des entités s'étendant sur les ¾ de la Terre, les derniers humains collaborent avec elles en fournissant des enfants. Le but : créer des hybrides entre la race humaine et ces aliens. Le personnage principal est toujours flic au FBI. Il collabore avec la Résistance mais veut rester au coeur du dispositif pour surveiller son collègue devenu dictateur absolu et surtout son fils, premier hybride réussi. Une histoire sombre qui se termine dans les dédales du temps.

« Nemesis » (tome 6), Soleil, 13,95 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Annabelle, la poupée de sang

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Annabelle. Retenez ce prénom. Dans quelques dizaines d'années, il fera frissonner juste à son évocation comme ses prédécesseurs Freddy ou Chucky. Le film d'horreur de John R. Leonetti n'a rien d'exceptionnel. Juste un parfait savoir-faire dans les moments de tension et un double personnage réellement effrayant : la poupée et la jeune fille à la tête penchée, visage masqué par ses longs cheveux.
Le film, à quelques jours d'Halloween, semble bien parti pour devenir l'un des gros succès de la fin d'année. Du moins, s'il survit au phénomène qui transforme chaque projection en chahut incontrôlable. Précédée d'une campagne virale très réussie sur les réseaux sociaux, Annabelle est devenue le rendez-vous incontournable pour se faire peur en groupe. Interdit aux moins de 12 ans, ce sont les adolescents qui font le succès du long-métrage. Plusieurs cinémas (Marseille, Strasbourg, Montpellier) ont préféré le déprogrammer face aux débordements. Durant la projection, une surenchère de cris, hurlements, gesticulations et jets de projectiles agite la salle. Comme si la poupée maléfique avait pris possession de l'esprit des spectateurs. Envoûtement prolongé parfois en dehors de la salle.
Face à ce déferlement de jeunes surexcités, les services de sécurité ont vite baissé les bras. Donc, pour la tranquillité des autres spectateurs, ceux qui préfèrent la poésie de Lou ou le mystère de Gone Girl, les exploitants ont préféré faire l'impasse sur le film. A grand regret : en cinq jours, Annabelle frôle déjà les 500 000 entrées...
En bonus internet, la bande annonce du film :

jeudi 16 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Jardins d'intérieur

jardin, balcon, terrasse,
Cultiver n'est plus une question d'espace. Pas la peine d'avoir un jardin immense pour profiter de légumes maison. Un balcon, voire un garage, suffit.
La société "Terrasses & balcons" commercialise des packs prêt à pousser. Des briquettes de terreau, des sacs de plantation quelques graines et le tour est joué. Selon les dépliants, vous arrosez et "il ne reste plus qu'à regarder pousser les semences". Vous aurez le choix entre des herbes de Provence pour barbecue, des plantes du potager pour tables d'été (radis, tomates cerise, cèleri et fraises) ou encore de bonnes herbes pour tisane (Mélisse, camomille, menthe et mauve). Il faut au minimum un balcon ou un appui de fenêtre.
Mais si vous vivez en appartement, pourquoi ne pas passer au jardin intérieur hydroponique. Une chaîne de magasins propose toute une gamme de produits. Un point de vente vient d'ouvrir à Perpignan.
C'est tout de suite beaucoup plus technique. Le "semez, arrosez, récoltez" est remplacé par le "aménagez, éclairez, chauffez, arrosez, rempotez, cueillez…". Sans compter l'apport d'engrais spécifiques dont la liste est incroyablement longue en fonction de la taille et de l'espèce. Quelle sorte de plante ? Contrairement à "Terrasses & balcons", vous ne trouverez pas de graines en vente dans ces magasins. Pas une seule…
Mais que peuvent bien faire pousser ces jardiniers d'intérieur adeptes de la discrétion ? Non, vous ne me ferez pas dire ce que vous pensez si fort. En réalité, notre société de consommation étant ce qu'elle est, quand un marché existe, quel qu'il soit, il y a des commerçants pour le faire vivre.

DVD : Horrible cuisine familiale

Découvrez en DVD ou blu-ray ce film d'horreur américain de Jim Mickle, remake d'une réalisation mexicaine.

mickel, cannibalisme, horreur, goreMieux vaut avoir l'estomac bien accroché pour visionner « We are what we are », film d'horreur gastronomique de Jim Mickle avec Bill Sage, Ambyr Childers Julia Garner en vedette. Alors qu'une tempête menace la région, Emma Parker va à l'épicerie du village de cette petite ville américaine pour faire trois courses. Prise de malaise dans la rue, elle chute, se cogne la tête et meurt noyée dans un fossé rempli d'eau. Les ennuis débutent pour le reste de la famille Parker, Frank le père et Iris et Rose, les deux filles, adolescentes discrètes et timorées. Cette mort brutale intervient au pire moment de l'année : à trois jours de la « célébration des agneaux », vieille tradition familiale où la mère joue un rôle essentiel. Autoritaire et intransigeant, Frank désigne Iris, l'aînée, pour la succession. Le cauchemar débute...


La sortie vidéo du film américain est simultanée avec le film mexicain d'origine, « Ne nous jugez pas ». Le spectateur peut donc juger sur pièce les différences entre l'original et le remake. Si la trame du scénario est identique, Jim Mickle a voulu trouver de bonnes raisons aux protagonistes pour expliquer leurs dérives culinaires. Il a puisé dans l'histoire de son pays, au temps des pionniers, pour justifier la « célébration des agneaux ». Si par moment le film a des airs de « True Detective » avec ambiance trouble et angoissante créée par l'éclairage et les décors, la fin est carrément gore, comme pour remettre un peu de sens à un film de genre mitigé.
En bonus avec le DVD un long documentaire sur le tournage dans la région de New York. Exemplaire pour les passionnés de cinéma, version processus de fabrication. Fabrication de pluie diluvienne, cascade à travers de fausses vitres, cadavres en décomposition, crânes en plastiques... L'occasion aussi de revoir Kelly McGillis, excellente professionnelle, qui a beaucoup moins bien vieillie que son partenaire Tom Cruise dans le mythique « Top Gun ».

We are what we are », Wild Side Vidéo, 15,99 euros.

mercredi 15 octobre 2014

BD : Le dernier cri

deveney, jouvray, glénat, tarzan
Inspiré en partie de la véritable vie de Johnny Weismuller, « Johnny Jungle » est un roman graphique signé Deveney et Jouvray. Le premier maitrise à la perfection ce mélange d'anecdotes véridiques et de délires junglesques. Le second dessine ce bestiaire avec une précision et une finesse du plus bel effet. Dans la seconde partie de ce biopic imaginaire, Johnny Jungle raconte la suite de sa carrière. Pas forcément la plus glorieuse. L'effet de surprise retombe (les aventures exotiques d'un homme singe ne passionnent plus les foules), les scénarios tournent en rond, les moyens diminuent et le grand amour avec Jane s'étiole. Un enfant, trouvé dans la jungle, relance leur amour. Mais la mauvaise habitude de Johnny d'épouiller ses partenaires met à mal le couple. Ensuite c'est la dégringolade, les apparitions comme portier à Las Vegas et la ruine définitive par les actions en justice de ses nombreux enfants illégitimes. Jusqu'à l'enfermement dans un hôpital psychiatrique. Une histoire qui vous fera souvent rire et finalement pleurer dans les dernières planches au son du dernier cri de Johnny Jungle.

« Johnny Jungle » (tome 2), Glénat, 17,25 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Huîtres au courrier

huitres, courrier, thau, poste
Tout se vend sur internet. Le moindre commerce de proximité se doit de proposer ses produits en ligne. Plus un seul secteur n'est épargné. Pour preuve, je reçois cet email publicitaire, il me prévient : le site meshuitres.com s'étend à l'ensemble de l'Europe.
Pardon ? Des huîtres ? Par internet ? J'ouvre sur le champ le message, non dans l'idée de déguster mais bien de comprendre par quel miracle on peut commercialiser ce produit hautement fragile et périssable par correspondance…
Meshuitres.com existe depuis trois ans déjà et "se positionne comme le leader de la vente d'huîtres en ligne". Vous me direz, ils ne sont certainement pas très nombreux à avoir eu cette idée… Une fois la commande passée, l'ostréiculteur va cueillir les mollusques directement dans l'étang de Thau (ils ne vendent que des Bouzigues), puis les conditionne dans "un éco-emballage hermétique, avec un bloc réfrigérant". Livraison garantie en 24 heures. Le package revient horriblement cher, mais, à bien y réfléchir, est certainement plus rapide que le circuit habituel en grande surface.
Par contre, mieux vaut éviter que le colis ne suive le même trajet que cette enveloppe, postée le 24 juillet à Villalier dans l'Aude. Elle a mis 76 jours pour arriver à Rustiques, village distant de 9 kilomètres. Le pli, avant de reprendre son chemin normal, a effectué un petit détour par Djakarta en Indonésie. Une simple lettre, passe encore. Pas vraiment denrée périssable. Par contre deux douzaines d'huîtres, je ne vous raconte pas l'odeur deux mois après le départ et un séjour sous les tropiques… Malgré le "bloc réfrigérant" !

mardi 14 octobre 2014

Livres : Étonnants premiers romans

Toute rentrée littéraire offre son lot de premiers romans. Des voix originales se font entendre au milieu des ténors des lettres françaises.

demarty, en face, delrue, flammarion, seuilAmateurs de vocabulaire rare et précieux, « En face » de Pierre Demarty va vous ravir. Soit vous êtes très fort et la lecture du roman se déroule sans encombre, soit vous avez quelques lacunes et le renfort d'un dictionnaire se révèle rapidement indispensable pour saisir toutes les nuances de l'histoire de cet homme qui quitte son appartement du jour au lendemain. De « l'éblouissement des splendeurs vernales » à la « maïeutique par l'humiliation et la fermentation » en passant par « le totem pulsatile » le verbe de Pierre Demarty est riche. Un peu trop parfois, cela frôle l'overdose. Comme une démonstration de virtuose qui parvient à jouer une partition compliquée mais peu harmonieuse au final.
Il y a également quelques listes pour donner encore plus de foisonnement à ce roman. Des animaux exterminés (dodo, patomachère ou rythine) ou des villes improbables, jamais visitées par le héros mais qui ornent les timbres qu'il collectionne (Keszthely, Oranjestad, Udaipur...). Pourtant l'idée du roman est excellente. Un homme, normal à en être indécent, lassé de sa vie, décide de louer l'appartement situé juste en face du quatre pièces qu'il occupe depuis des décennies avec femme et enfant. Il disparaît tout en observant sa famille...
Le problème, c'est qu'il ne se passe pas grand chose. Et quand cela devient un peu animé, l'auteur choisit une voie qui étonnera (voire chagrinera) le lecteur qui est allé jusque là...

Fuite vers le Sud
demarty, en face, delrue, flammarion, seuilLa famille aussi est au centre du roman d'Arnaud Delrue. Les secrets de famille plus exactement. Philippe, le narrateur, est aux obsèques de sa sœur. Il y a également la mère et la petite dernière Marie. Particulièrement touché par la mort de sa sœur, Philippe tente de reprendre une vie normale. Employé dans une compagnie d'assurance, il séduit la stagiaire qui espère un CDI, s'amuse avec ses collègues, passe des journées à la campagne au bord d'un lac dans une propriété prêtée par le médecin de famille.
Mais au fil des pages, ce joli paysage se craquelle. Quelles étaient exactement les relations de de Philipe et de sa sœur. Et quel rôle a exactement la petite Marie.
La tension va aller crescendo, pour atteindre son summum après une fuite désespérée vers le Sud. Sans jamais trop en dire, ce premier roman aborde un problème épineux et tabou. L'auteur en parle avec détachement, sans jamais juger ses personnages.

« En face », Pierre Demarty, Flammarion, 17 €
« Un été en famille », Arnaud Delrue, Seuil, 16 €


DE CHOSES ET D'AUTRES : Les deux Valérie

 Les journaux people sont sans pitié. Dernier exemple en date avec Valérie Trierweiler. L'ancienne première dame de France, abandonnée par un François Hollande charmé par une jeune actrice, incarnait l'archétype d'une victime de la goujaterie.
Mais il faut se méfier de ces apitoiements de circonstance, ils ne durent jamais longtemps. D'autant que Valérie Trierweiler a eu la mauvaise idée de gagner beaucoup d'argent avec son livre-brûlot. Ce qui en France équivaut à une marque d'infamie. Vous êtes riche ? On vous déteste. La preuve avec cette histoire qui fait jaser dans toutes les chaumières de France et de Navarre. La semaine dernière, Jean-Luc Roméro, élu de Paris, célèbre son premier anniversaire de mariage dans un bar branché. La fête bat son plein, l'alcool coule à flot. Valérie Trierweiller, amie de longue date (ne pas oublier qu'elle est journaliste politique) fait partie des invités.
La suite alimente les gros titres de France-Dimanche : "et soudain, la soirée bascule dans l'impensable... » Valérie T. reconnaît Valérie S., son ancienne meilleure amie. L'autre Valérie, journaliste elle aussi, vient de se séparer d'un ministre de la République. Brouillées depuis la sortie du livre, elles ne se parlent plus. Selon France Dimanche, Valérie Trierweiler, très remontée et totalement "désinhibée", se serait jettée sur elle et l'aurait giflée tout en l'insultant. L'intervention de plusieurs personnes aurait été nécessaire pour les séparer.
Voilà comment, un simple éclat de voix rapporté par des témoins peu dignes de confiance transforme la pauvre femme victime en riche harpie vindicative...

lundi 13 octobre 2014

« Trafik » de BD chez Fluide Glacial

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Fluide Glacial, après avoir tenté de s'imposer sur le marche de la BD glamour pour fille délurée (le défunt label Fluide G), change radicalement de cible et tente une percée sur le segment de « la brute épaisse qui rêve de poser avec une kalach en fronçant les sourcils ». La collection Trafik est lancée avec trois albums où toutes les limites sont explosées par des auteurs qui n'ont peur de rien. Même pas de poser en fronçant les sourcils pour faire la promotion des albums... Trois titres assez inégaux. « Les caniveaux de la gloire » de Pixel Vengeur et Monsieur le Chien est de loin le plus original. Les histoires courtes abordent quantité de sujets (de l'invasion extraterrestre aux pratiques SM en passant par les difficultés sociales des artistes de cirque sur le retour) avec une constante : l'exagération. Le « FIST » (Fonds interministériel pour la sauvegarde des traditions) ne fait pas dans la dentelle. Ce service, issu de la IVe République, brocarde toute la ringardise de l'administration française toujours en fonction au XXIe siècle. Bernstein (scénario) et Terreur Graphique (dessin) ont trouvé le ton juste entre ironie et désespérance.

« Les caniveaux de la gloire », « Le FIST » et « Vaudevilles », Fluide Glacial, 8 €

dimanche 12 octobre 2014

BD : La folie du front


14/18, tardi, supiot, glénat
Centenaire oblige, quantité de publications portent sur la première guerre mondiale. La BD n'est pas en reste. Même si il est difficile de faire mieux que Tardi dans le genre, plusieurs auteurs ont plongé dans l'enfer des tranchées pour raconter des pans de cette incroyable boucherie. « La patrouille des invisibles » d'Olivier Supiot est un roman graphique sombre malgré des couleurs éclatantes. Un aviateur français abattu au dessus du front, est récupéré, blessé, par une patrouille. Il va falloir le ramener à l'arrière pour le soigner. Mais ces quelques kilomètres sont très risqués. Les francs-tireurs allemands sont partout. Un obus ou une balle peut vous exploser la tête à tout moment. Heureusement la petite troupe compte dans ses rangs Titouan Kerzadec une montagne de muscles surnommée Titan. Il se fond dans la boue et le sang pour surprendre les ennemis. Un tueur né qui s'accommode de cet enfer. Avant, sa vie était pire. Il était à Cayenne au bagne. S'engager c'est l'assurance de retrouver la liberté à la fin de la guerre. A condition de survivre et ne pas devenir complètement fou.

« La patrouille des invisibles », Glénat, 12,90 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mères envahissantes

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Les réseaux sociaux permettent de partager nos petits bonheurs avec le maximum d'amis. Une aubaine pour les mamans. Avant l'avènement de Facebook, quand bébé devenait propre, marchait pour la première fois ou prononçait ses premiers mots, seuls les proches étaient au courant. Aujourd'hui, nombre de mamans s'empressent de publier un statut circonstancié accompagné de photos voire de vidéos. Emportées par leur enthousiasme, elles livrent certains détails dont on se serait passé. 
Un blog répertorie ces moments étonnants et souvent gênants typiques des "Milk" soit "Mother I'd Like to Kill" ou "ces mamans qu'on aimerait tuer"... Attention, âmes sensibles s'abstenir. La Milk aime particulièrement raconter en large et en travers son accouchement, du nombre de fois qu'elle a dû pousser jusqu'à l'ouverture précise du col avant de "démouler le petit père". Trop pressées d'annoncer la bonne nouvelle à leurs amies, certaines Milks publient même la photo du test de grossesse.
Après, c'est bébé la vedette. Du moins le contenu de ses entrailles. Une Milk aime partager ces moments si agréables : première diarrhée, premier caca au pot, vomi, pets, glaires... rien ne nous est épargné.
Enfin la Milk s'adresse souvent à son enfant dans ses textes. Morceaux choisis : "Il y a 7 mois je venais d'inonder notre lit... Aujourd'hui tu adores manger à la cuillère. Le temps passe trop vite ma fille chérie." "Le 15 décembre la date de ta conception. Le 17 décembre la date où ton papa est parti. Tu est née le 10 septembre à 6 h 16".

samedi 11 octobre 2014

BD : Achille Talon online


Achille Talon, greg, carrère, fabcaro, dargaud
Véritable monument de la bande dessinée, Achille Talon n'en finit plus de renaître de ses cendres. Imaginé par Greg pour animer les pages de Pilote (la version hebdomadaire), son embonpoint et son verbe prolixe a rapidement séduit les lecteurs. Une des rares séries dont Greg a conservé la maîtrise de bout en bout. Archétype du personnage à gros nez, Talon tente régulièrement de faire des come-back sous diverses plumes. Cette fois cela semble la bonne. Si le dessin est confié à Serge Carrère, Toulousain talentueux et efficace, les textes incombent à un « jeune » scénariste, surtout connu pour ses histoires caustiques dans Fluide Glacial. Fabcaro, de Montpellier, a simplement décidé de prendre ce personnage, déjà démodé à son époque, et de le plonger dans notre XXIe siècle gangréné par les nouvelles technologies. Notre Chichille national, encore réticent au minitel, va dont se décider à acquérir un smartphone et un ordinateur. L'album débute sur les chapeaux de roues avec ce dialogue surréaliste. Le vendeur d'ordinateur : « Mac ou PC ? » Achille : « Makoupessé... Puisons dans nos souvenirs de voyages pour identifier ce dialecte... Bonjour en aborigène oriental ? » La suite est l'avenant : hilarante.

« Les impétueuses tribulations d'Achille Talon » (tome1), Dargaud, 10,60 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Fleurs fanées

hollande, sarkozy, chirac, dosière, élysée, budget
 René Dosière, député de gauche spécialisé dans la chasse au gaspi s'agissant des budgets de l'État, affirme à l'issue de savants calculs qu'un déplacement de François Hollande coûte trois fois moins cher que ceux effectués par Nicolas Sarkozy. Dans cette étude exhaustive, tous les postes de dépenses sont passés au crible. Même ceux qui paraissent anodins.
On apprend ainsi que le budget "fleurs" de l'Élysée atteint 100 000 euros. Une sacrée montagne de bouquets. Pourtant, là aussi le président socialiste réalise de sérieuses économies. Du temps de Sarkozy, l'addition était double. Mais ces sommes, déjà conséquentes, paraissent ridicules en comparaison des années Chirac. René Dosière estime qu'à cette époque, les fleurs coûtaient entre 400 000 et 500 000 euros par an. Quel galant homme ce Jacques. Mais il est vrai que l'homme, même si l'affaire est restée longtemps secrète, avait une réputation de grand séducteur. Le montant astronomique s'explique peut-être par le fait qu'à chaque conquête, en plus de la couvrir de fleurs, il ne pouvait s'empêcher d'en offrir autant à Bernadette.
Pure spéculation de ma part. En réalité, les bouquets sont essentiellement destinés aux épouses des hôtes du président, ainsi qu'à la décoration de l'Élysée lors des réceptions. Et Bernadette adorait recevoir.
Quant à François Hollande, il se peut aussi que les économies résultent de son moyen de locomotion de prédilection. Circulant moi-même en scooter, je n'ai ramené qu'une seule fois des fleurs à ma femme et j'ai failli tomber à trois reprises. Selon elle, mon argument ne tient pas la route...

vendredi 10 octobre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Scène de ménage posthume

gironde, divorce, caveau, cimetière
L'amour, comme le vin, peut parfois tourner à l'aigre. Dans le petit village de Camblanes-et-Meynac au cœur de l'Entre-deux-Mers, région viticole de Gironde, une brouille entre mari et femme s'est prolongée au-delà de leur mort.
En 1977, le couple achète une concession dans le cimetière du village et y fait construire un caveau. Le temps passe, ils se lassent. Une fois divorcés, monsieur précise dans plusieurs lettres adressées au maire qu'il est hors de question que sa femme soit inhumée dans ledit caveau.
Au décès de madame, en 2008, le fils organise les obsèques et demande aux pompes funèbres d'amener le cercueil dans le caveau familial. Le maire de la commune, chargé de la "police des cimetières" s'y oppose. La dépouille de l'épouse rejoint donc le dépositoire commun. Elle y restera jusqu'en 2010. Entre-temps, monsieur passe l'arme à gauche. Il est enterré dans le caveau, facilement reconnaissable à la plaque de marbre orné de sa photo et de cette phrase qui en dit long sur sa détermination : "Pour moi seul".
Les deux époux décédés, le maire prend la décision de les réunir dans leur dernière demeure. Même si le mari lui avait écrit dans une autre lettre : "Je serai à l'intérieur de mon caveau et je repousserai mon ex-femme avec les pieds s'il le faut."
Décidément cette brouille familiale semble durer, même après la mort des belligérants. Mais si ça se trouve, parfois, la nuit, dans le cimetière de Camblanes-et-Meynac, des cris d'outre-tombe sortent de terre. Et les voisins, en mal de repos éternel, de pester, "qu'ils nous fichent la paix avec leurs scènes de ménage, ces deux-là... »

BD : Infirmière familiale


duvivier, giroud, lapière, secrets, dupuis
L'album débute par une randonnée dans les Pyrénées espagnoles. La femme est prise de violents maux de tête. Elle explique à son compagnon qu'elle fait une rupture d'anévrisme. Les secours interviennent elle est évacuée vers l'hôpital de Perpignan puis héliportée à Montpellier pour une longue opération de huit heures. Au réveil, elle se souvient de ses frères et sœurs, de ses parents et de cette vie si dense mais aussi si compliquée. La femme, c'est Marianne Duvivier, la dessinatrice de cet album de la série « Secrets ». L'idée de cette autobiographie dessinée, scénarisée par Denis Lapière, est venue d'une discussion avec le scénariste Frank Giroud. Giroud et Duvivier ont raconté en plusieurs albums des secrets de familles imaginaires. Cet album, qui clôt la collection (une vingtaine d'albums au total), s'articule aussi autour d'un secret. Comme si la réalité rejoignait la fiction. Marianne Duvivier se remémore sa jeunesse, son père absent accaparé par ses activités de militant politique de gauche impliqué dans l'indépendance du Congo, ses sœurs, malades la transformant en infirmière familiale, et mortes tragiquement, sa mère si malheureuse, victime consentante. Et puis aussi sa découverte de la bande dessinée, l'opportunité d'en faire un métier épanouissant. Jusqu'à ce gros pépin de santé et la réalisation de ce roman graphique de 100 pages, noir sur le fond, lumineux par ses couleurs et le message final d'une famille réunie et apaisée.
« Secrets, heureuse vie, heureux combats », Dupuis, 19 €