mardi 30 avril 2013

Chronique : Quand Twitter renforce l'amitié franco allemande, ou pas...

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Quand le PS dérape sur les relations franco-allemandes, tout le monde appelle Twitter à la rescousse pour calmer la crise diplomatique larvée. D'abord Jean-Marc Ayrault twitte, en allemand, l'importance du « dialogue intense et sincère entre la France et l'Allemagne. »



Et puis apparaît ce week-end le mouvement « Sauvons l'amitié franco-allemande ». Là, force est de constater que le travail est d'envergure. Pour quelques Européens convaincus, on a affaire à une cohorte de moqueurs, de rancuniers voire de « jemenfoutistes ». Dans le premier camp, nombreux sont les nostalgiques de Mitterrand et Kohl, main dans la main. La photo reste le symbole parfait de la réconciliation.
Mais depuis, Angela Merkel est arrivée au pouvoir. Fustigée par la gauche du PS, elle s'attire les foudres sur Twitter. Rarement avec élégance. Est-ce vraiment de l'humour que d'écrire « Avouons qu'Angela Merkel n'est pas si moche comme mec ? »



On n'évite pas les gros clichés comme « Relançons la mode des sandales School avec des chaussettes » ou « Mangeons des bretzels » suivi de « offrons-leur Mireille Mathieu ». Plus subtile cette proposition de linguiste : « Tous les verbes à la fin des phrases mettons ».
Mais l'Allemagne, heureusement, fait encore rêver. Ses mannequins, bien sûr, ses footballeurs aussi. Prenez Mario Gotze : depuis la diffusion de sa photo en maillot de bain, il a beaucoup d'admiratrices. Et peut faire son entrée dans les cours de géométrie (droites perpendiculaires) ou d'anatomie (gonflement temporaire de corps caverneux par afflux de sang)...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Les filles intrépides de "Danger Girl Revolver"

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Elles sont belles, sportives et intrépides. Abbey, Sydney et Valerie sont les filles de Danger Girl, une officine spécialisée dans les missions secrètes de confiance. Elles ont déjà vécu de nombreuses aventures sous les plumes de Campbell et Hartnell. Le premier, dessinateur d'exception, se contente désormais des couvertures et bosse sur une aventure de... Spider-Man. Il a confié l'animation graphique de la série à Madden, un virtuose très inspiré par le dessin animé... et les pin-up. Dans cet album d'une centaine de pages (dont les sublimes couvertures des revues parues aux USA), le trio est sur les talons de trafiquants d'œuvres d'art, notamment un disque d'or lié à une momie péruvienne. Un peu comme « Le temple du soleil », avec humour et glamour en prime. Et comme il faut toujours étonner le lecteur, une quatrième Danger Girl est engagée, Sonya, experte en maniement d'un arc. Cela promet encore plus d'action débridée.
« Danger Girl », Glénat, 14,95 €

lundi 29 avril 2013

Chronique : Radio filmée, l'exemple de RTL

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Dès ce matin, l'intégralité de la matinale de RTL sera diffusée en direct vidéo sur internet. La radio, média puissant le matin, ne se cache plus. Le phénomène n'est pas nouveau. Europe 1 et RMC sont depuis des années très présents sur ce créneau. Cependant la radio filmée s'avère surtout intéressante dans son côté « je montre les coulisses ». Sur RTL justement, l'émission « Laissez-vous tenter », panorama culturel diffusé chaque matin entre 9 heures et 9 h 30 est exemplaire. Vendredi dernier, autour de Laurent Bazin, une petite bande de journalistes partage ses coups de cœur du moment. Filmée en plan large, la session permet de mettre des visages sur des voix. Et de constater que certains sont dissipés durant les interventions de leurs camarades. Monique Younes, calme et très sage en début d'émission, se métamorphose quand vient son tour de s'exprimer. Elle décrit deux tableaux (du Titien et de Manet) avec emphase, les effets de voix renforcés par de grands moulinets des bras. On sent que ce n'est pas pour la galerie, qu'elle a besoin, pour trouver le ton juste, de s'exprimer aussi en gestes. Un peu plus tard, on assiste à ce que la télévision ne montre jamais. Il fait chaud et Monique Younes... enlève son pull. Durant la diffusion d'un extrait d'opéra, Laurent Bazin reprend à tue-tête les paroles. Pour faire une bonne radio, il faut être naturel. L'arrivée de la vidéo sur internet ne doit rien changer. Au risque de perdre cette spontanéité qui a toujours fait le succès de ce média. 

Laissez-vous tenter du 26 avril 2013 par rtl-fr

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Le "Cercle" des pouvoirs psy

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Si vous aviez un pouvoir psy, que feriez-vous ? Entre le révéler au grand public ou continuer votre vie comme si de rien n'était, il y a toute une palette de réactions. Dans « Le Cercle », comics français d'Andoryss et Nesskain, ces hommes et femmes préfèrent se réunir et s'aider mutuellement. Adam est médium. Était exactement. Alertés par les voisins ne supportant plus les miaulements des chats affamées, la police le retrouve mort chez lui. Une balle dans la tête. Tout laisse penser au suicide. Adam n'a pas de famille. Mais quelques amis. Notamment Pia, étudiante. La jolie blonde a le pouvoir de faire des rêves prémonitoires. La nuit de la mort d'Adam, son ami lui est apparu et lui a donné quelques clés pour découvrir qui l'a tué. Car ce n'est pas un suicide, les deux autres membres du Cercle en sont persuadés. Il y a Nicolas et Erik. Le premier peut lire les « couleurs » des gens et des objets, le second est en conversation permanente avec des « voix » au courant de bien de secrets. Ambiance fantastique pour une série en trois volumes. Et les impatients seront comblés, le tome 2 est annoncé en juin et la conclusion en octobre.
« Le Cercle » (tome 1), Delcourt, 14,95 €

dimanche 28 avril 2013

Livres : Arnaque au monstre par Josh Bazell

Ancien tueur à gages devenu médecin, Peter Brown, le héros imaginé par Josh Bazell, se lance sur les traces d'un monstre marin terrorisant une région du Minnesota.

monstre à tuer, josh bazell, lattèsComment concilier la profession de médecin avec celle de tueur à gages pour la mafia ? Normalement, des incompatibilités empêchent de faire les deux en même temps. Pas pour Peter Brown. Il a son diplôme et pour payer ses études, il a « pigé » pour la pègre américaine. La personnalité complexe du héros donne tout son sel à ce roman de Josh Bazell. C'est la seconde apparition de Peter. Dans un premier volume « Docteur à tuer » (Lattès, 2010), on découvrait pourquoi il s'est retrouvé dans cette position schizophrénique au possible. Pourquoi aussi il était devenu un ennemi absolu de la Camorra et que de chasseur il s'était transformé en gibier.
Obligé de se cacher, avec l'aide du service de la protection des témoins, Peter a changé d'identité. Au début de « Monstre à tuer », il est Lionel Azimuth, médecin à bord d'un paquebot de croisière. Pour quelqu'un qui a une phobie complète de l'eau et des requins, il y a mieux.
Heureusement il reçoit une nouvelle proposition d'emploi. Un riche millionnaire a besoin de ses talents particuliers pour protéger une amie. Lionel, pas spécialement emballé, accepte cependant car il ne supporte plus l'ambiance de croisière perpétuelle. Le voilà en route vers Ford, ville paumée du nord du Minnesota. A ses côtés Violet Hurst, paléontologue. Ils sont au service d'un riche excentrique, millionnaire reclus, qui en échange d'un gros paquet de dollars accepte de participer (par procuration) à une chasse au monstre. Un serpent géant, déjà mentionné dans les légendes indiennes. Il y a un an, deux jeunes amoureux, se bécotant au bord du lac White, se sont faits boulottés par le monstre. Bien sûr rien n'est prouvé. L'autopsie officielle affirme qu'ils ont été déchiquetés par l'hélice d'un bateau à moteur. Mais pour Reggie, l'organisateur du safari, pas de doute, c'est « William », le « Nessie » américain qui a fait le coup...

Trop belle Violet
Scientifique et donc sceptique par nature, Lionel a bien des difficultés pour se concentrer sur sa mission. Il ne doit pas véritablement démontrer la supercherie, il est essentiellement chargé de protéger Violet. La belle paléontologue, supposée petite amie du millionnaire, est exactement le type de femme de Lionel. Il ne peut s'empêcher de la dévorer des yeux. Et comme elle a du répondant, c'est sportif. « Elle se fige brusquement. Les femmes ont un sixième sens pour savoir quand on regarde leurs seins. Le jour où on aura trouvé le moyen de tromper leur radar, ce sera le bonheur. » Avec Violet, Peter va longtemps hésiter. Son patron millionnaire lui a demandé de la protéger, pas de la séduire. Le problème c'est que l'expédition dans les forêts et les lacs perdus vire au camping sauvage, avec une seule tente, petite de surcroit, pour les deux. Comment garder la tête froide quand on est allongé si près d'un corps parfait... et nu.
Par chance Peter devra retrouver ses réflexes de tueur quand l'aventure va se compliquer. Gang de dealers locaux, personnalité politique de premier plan, star du cinéma, médecin véreux et mère éplorée (ivre de vengeance) vont entrer en scène, transformant le périple dans la nature sauvage en épopée « ramboesque ». Sans oublier la réapparition de la mafia, toujours à la recherche de Griffe d'Ours, ancien nom de Peter, avant qu'il ne passe à l'ennemi.
Ce polar de Josh Bazell, parfaitement documenté (on en apprend beaucoup sur le réchauffement climatique, les légendes indiennes, la théorie de l'évolution et les effets du LSD), ne se prend jamais au sérieux. Même si parfois la situation est dramatique, voire désespérée, Lionel ne panique quasiment pas. Sauf quand Violet est en danger. Là, mieux vaut ne pas trop le chercher...
Michel LITOUT
« Monstre à tuer », Josh Bazell, Lattès, 20,50 €

samedi 27 avril 2013

Chronique : Clichés modernes

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Je dis ça, je dis rien, mais écrire cette chronique au quotidien, c'est que du bonheur.
- "Et la marmotte elle met le chocolat dans le papier d'alu" me réplique ma femme, sceptique, comme une fosse. Ton problème, c'est de trouver une idée. 
Certes, mais une de perdue, dix de retrouvées et puis même si j'ai du retard à l'allumage, quand c'est parti, c'est parti et jamais deux sans trois.  
Allô ! Non mais allô quoi, quelle mouche te pique ? 
C'est simple, je viens de découvrir le mot-dièse #expressionsinsupportables sur Twitter. Et le début de ce texte est composé à 80 % de quelques-uns de ces tics de langages qui ont le don de m'énerver (à part la marmotte de ma chérie...)
Les internautes se sont défoulés, offrant à l'observateur des us et coutumes des titilleurs de mulot un superbe best-of des formules toutes faites, passe-partout, énervantes ou désuettes. En fonction de l'âge du contributeur, les variations sont nettes. « Moi à ton âge, j'avais pas tout ça » ou « Et le repas, il va se cuisiner tout seul ? » sont réservés aux plus de 40 ans. Chez les jeunes le « T'es où ? » l'emporte d'une courte tête devant le « Tu fais quoi ? ».
Et puis on retrouve inévitablement ceux qui tentent de récupérer politiquement le jeu le plus populaire du moment sur Twitter. « Moi, président, j'inverserai la courbe du chômage » est ex-aequo avec « Travailler plus pour gagner plus ».
PS : Si vous voulez faire le plein  d'expressions insupportables ruez vous sur le livre hilarant "Je dis ça, je dis rien" d'Adèle Bréau aux éditions Tut-Tut. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant  

vendredi 26 avril 2013

BD : Final explosif pour "Blue Estate" de Kalvachev

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Speed et délirant, la quatrième et dernière partie de « Blue Estate », comics dirigé par Victor Kalvachev, ne décevra pas les fans de la série. Comme dans tout bon film au gros budget, le final doit être spectaculaire, détonnant et étonnant. Pas de tromperie sur la marchandise dans ces 80 pages qui claquent comme les coups de feu des différents gangs. Dans cette sombre histoire de cheval de course, de pari truqué, d'argent sale de la mafia, de sexe, d'héritage et de rivalité entre Italiens et Russes, c'est la police qui finalement tirera les marrons du feu. Il y aura également quelques rescapés parmi les différents protagonistes. Notamment les deux qui se dorent la pilule sur une plage des Caraïbes en couverture...
L'histoire est toujours l'œuvre de Victor Kalvachev avec la complicité d'Andrew Osborne au scénario. Par contre au dessin, c'est toute une équipe d'illustrateurs qui officie de concert. Des Américains (Johnson, Fox ou Valley) mais également deux petits français Aleksi Briclot et Kieran, déjà entraperçus dans « Spawn » et « We are the night ».
« Blue Estate » (tome 4), Ankama, 13,90 €

Chronique : La manif partout et nulle part...

manif partout,mariage pour tous,facebook,smsFrançois Hollande a beau affirmer que la loi est passée, les opposants au mariage pour tous ne lâchent rien. Un regain de mobilisation particulièrement visible sur les réseaux sociaux. C'est sur le net que le mouvement « Un papa + une maman : on ne ment pas aux enfants » a quasiment fait son apparition. Il se poursuit sur Facebook et Twitter ainsi que via les SMS et les emails envoyés quotidiennement aux militants.
Le mariage pour tous s'est transformé en Manif partout, déclinée en page Facebook et compte Twitter. Le principe est simple et rappelle un peu les actions de la Résistance ou des manifestants de Mai 68. « Chaque jour, une action à faire. Nous sommes des milliers à faire cette action au même moment. Donc on en parle partout. »
En théorie seulement. Malgré plus de 10 000 inscrits, les  coups d'éclat de la Manif partout brillent surtout par leur incognito. Il est vrai que ce n'est pas à coup de dessins d'enfants envoyés à l'Elysée, d'appels téléphoniques au rectorat ou de coups de klaxon à midi pile sur l'air de « Taubira, ta loi on n'en veut pas » que les lignes vont bouger. Le mouvement, conservateur par nature, manque cruellement d'imagination. En fait, il manque la folie douce et l'inventivité que l'on retrouve... dans les milieux homosexuels.
Et qui sait, dans quelques années, rongés par le conformisme de l'institution du mariage, les gays et lesbiennes seront eux aussi devenus des couples plan-plan. 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 25 avril 2013

Chronique : Twitter, nouvel outil de la spéculation ?

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En s'informatisant, les marchés financiers mondiaux ont pris le risque d'ouvrir leurs arcanes secrètes aux hackers. Les tentatives de piratages sont légion, mais rarement efficaces. Les spéculateurs ont peut-être découvert lundi une autre façon de se faire beaucoup d'argent en un minimum de temps. A l'origine, l'intrusion par une mystérieuse « Armée syrienne électronique » dans le compte twitter de l'agence de presse américaine AP. Un mini message annonce à 13 h 07 des explosions à la Maison Blanche, « Barack Obama est blessé ». Les 2 millions d'abonnés répercutent immédiatement l'information. 13 h 08, le Down Jones plonge. Toutes les valeurs américaines, de Microsoft à Mobil, perdent instantanément plusieurs points. 13 h 10, AP dément d'information. Tout rentre dans l'ordre et l'indice termine même la journée en hausse. Mais les spéculateurs capables d'acheter des actions à moindre coût ont disposés d'opportunités énormes durant ces 180 secondes cruciales. Uniquement grâce au faux tweet...
Cette première va certainement donner des idées. Il suffit de diffuser un tweet bidon sur un compte réputé sérieux et d'en tirer immédiatement les bénéfices. La signature d'un gros contrat (fictif) permet de revendre ses actions au plus haut. A l'inverse, une catastrophe donne la possibilité de lancer un raid boursier au rabais. Qui a prétendu que Twitter n'a pas de modèle économique viable ? 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

Chronique : la danse urbaine hypnotique de la dame à l'arrêt de bus


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Loin de tout buzz fabriqué (genre Harlem Shake), la Dancing Queen de l'arrêt de bus anglais prouve que sur internet, le vrai, le non trafiqué, aura toujours plus de force que tous les plans com' du monde.
Tout commence par un de ces matins gris dans une banlieue anglaise. Un internaute remarque une dame en train de se dandiner à l'arrêt de bus. Il filme la scène avec son smartphone. En net sur-poids, mal fagotée -pantalon large noir, veste polaire bleu ciel, baskets usées), le cheveu filasse : elle incarne l'exact opposé d'une danseuse étoile ou d'une Fauve, la féline vedette de « Danse avec les stars ». Pourtant ces deux minutes de chorégraphie discrète deviennent quasi hypnotiques dès lors qu'on les visionne avec le tube d'Abba, « Dancing Queen » en fond sonore. La danseuse urbaine croit être seule, à l'abri des regards. Pieds joints, elle marque le rythme de la musique avec la tête, bouge un peu les bras, prolonge le mouvement du bout des doigts. Et elle sourit. Souvent. Une danse minimaliste, celle des gens qui n'osent pas bouger, prisonniers de leur corps, enveloppe extérieure disgracieuse, mais si libres à l'intérieur. Elle est d'une grâce étonnante avec une économie de moyens, de gestes. Elle ne danse pas pour être vue. Elle danse pour elle, par pur hédonisme. D'ailleurs elle redevient statue dès que quelqu'un approche. On devine une parenthèse dans sa vie que l'on imagine assez terne. De ces moments dont il ne tient qu'à nous de profiter. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Robots de l'apocalypse

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Elles ne sont pas nombreuses les séries des éditions Soleil à franchir le cap du tome 10. « Les Arcanes du Midi-Minuit » scénarisée par Gaudin et dessinée par Trichet en font désormais partie avec cette « Affaire Marnie ». Marnie c'est le nom de la jeune femme dont Beltran, le chaperon des deux héros Jim et Jenna, est amoureux fou. Elle vient de mettre fin à plusieurs années de relation en annonçant son prochain mariage avec un riche dignitaire. Le jour des noces, Beltran abat Marnie d'une ball dans la tête. Est-il devenu fou de jalousie ou a-t-il découvert un nouveau complot d'un des méchants de la série, le professeur Dwain, constructeur de robots avec lesquels il entend devenir maître du monde. Percutante et intense, une excellente série pour tout public.
« Les Arcanes du Midi-Minuit » (tome 10), Soleil, 14,30 euros

BD : Faux héros dans "Impostures" de Dutreix

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Les amateurs de BD vont adorer cet album. Romain Dutreix s'est amusé à détourner des personnages très connus. Comme il travaille pour Fluide Glacial, cela donne des récits courts grinçants et sarcastiques. Spirou et Fantasio sont en pleine déprime. A force de changer de dessinateurs, il sont en train de perdre la boule. Mais qu'est devenu Boule, le petit garçon imaginé par Roba. Jeune adulte boutonneux, il surfe sur internet, est au chômage et renâcle à sortir le cocker Bill, c'est « trop la tehon, tout le monde me traite de dnbou ! ». Lucky Luke est carrément interné et Titeuf, avec un seul et même gag, fait le tour de la planète. Parfaitement maîtrisé au niveau graphique, ces histoires s'attaquent même au grand Joann Sfar avec d'improbables aventures du « Petit chat du rabbin vampire »...
« Impostures », Fluide Glacial, 14 euros

Chronique : Adopte un thon.com se moque des sites de rencontres

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Les sites de rencontres n'ont pas fini de nous faire rire. Entre ce qu'il s'y passe véritablement et ce que les adhérents fantasment, les possibilités sont sans limites. Lynda Corazza, dessinatrice de BD plus glandouille que glamour, a testé la drague par internet. Elle ne nous épargne rien dans sa quête du « bogosse » dans son album intitulé « Adopte un thon.com » (Le Lombard, 12 euros). Chaque gag s'insère dans la chronologie d'une inscription normale. Et à chaque fois l'auteur se moque de son double de papier, une certaine Lola, brune, pas très grande et loin d'être remise de sa dernière rupture sentimentale. On se dit que c'est du déjà vu, mais rapidement la barre est placée très haut. Quand elle doit choisir un pseudonyme sur le site, Lola teste différentes possibilités. Girly est déjà pris (854 fois...), bellebrunepulpeuse est trop long, Zézette est un mot « interdit ». Comme elle fait ça avec ses amis, cela dérape. « Grosthon », tapé pour plaisanter après « Boudin » est libre : Lola a trouvé son pseudo. Reste à savoir si « Grosthon » pourra « pécho » sur le net. On rit, dans le désordre, des obsédés, des incultes, des prétentieux et des coincés. Finalement Lola trouvera un homme pour converser avec elle : il se présente comme « ex-détenu et homosexuel »... Mais si sa description est aussi fausse que celle du « Grosthon », tous les espoirs sont permis.  
Chronique "ça bruisse sur le net" parue mardi en dernière page de l'Indépendant. 

samedi 20 avril 2013

BD - Dossier Spirou 75 ans : les autres personnages

Fantasio
spirou, dupuis, 75ans, fantasio, champignac, zorglub, spip, seccotinePlus qu'un faire-valoir, Fantasio partage de plus en plus la vedette avec le groom rouge. Journaliste, parfois prétentieux, souvent fanfaron, il est la caution comique de la série. Spirou, bien que plus jeune, est régulièrement sollicité pour remettre Fantasio sur le droit chemin. Gaffeur avant l'heure, Fantasio est souvent le dindon de la farce.



Le comte de Champignac
spirou, dupuis, 75ans, fantasio, champignac, zorglub, spip, seccotineLe savant par excellence. Comme Tournesol dans Tintin, il aime inventer. Son domaine de prédilection reste les champignons. Le comte joue également office de tuteur et de père de substitution aux deux grands enfants que sont Spirou et Fantasio. Même si souvent ce sont ces derniers qui viennent lui porter secours après s'être mis dans des situations inextricables






Zorglub
spirou, dupuis, 75ans, fantasio, champignac, zorglub, spip, seccotineC'est « LE » méchant de la série (avec Zantafio). Savant, ami d'enfance de Champignac, il utilise son savoir pour tenter de devenir le maître du monde. Il transforme les hommes en robots décervelés et donne l'occasion à Franquin d'imaginer des engins futuristes au look très classe comme le zorgléoptère.







Spip
spirou, dupuis, 75ans, fantasio, champignac, zorglub, spip, seccotineTout héros de BD franco-belge a un petit animal de compagnie. Milou pour Tintin, Idéfix pour Astérix. Ce rôle est dévolu à un écureuil malin et fidèle dans Spirou. Il ne parle pas mais souvent les auteurs lui permettent de s'exprimer par des pensées. Spip joue alors le rôle de l'intervenant extérieur, ne se privant pas de critiquer avec humour les situations trop étranges ou irréalistes...


Seccotine
spirou, dupuis, 75ans, fantasio, champignac, zorglub, spip, seccotineL'atout charme de la série. Cette journaliste, toujours en concurrence avec Fantasio, n'intervient pas systématiquement. Sa touche féminine et indépendante permet de donner une meilleure image de la femme dans la BD franco-belge souvent peu flatteuse comme la Castafiore dans Tintin.

BD : Le Marsupilami retrouve son nid

marsupilami,marsu,franquin,yann,batem,conrad,dupuis,frankSpirou a pris une nouvelle dimension quand Franquin lui a fait croiser le chemin du Marsupilami. Cette créature à la longue queue aux mille utilisations possibles apporte poésie et originalité à la série. Mais quand Franquin abandonne Spirou, il refuse de céder son animal fétiche. Le Spirou de Fournier et des successeurs devra se passer de la petite bête tachetée.
Le Marsupilami vit ses propres aventures dans sa nouvelle maison d'édition. Marsu Productions est basée à Monaco. Sur les premiers albums, Franquin ne dessine que sa créature, Batem tout le reste. Finalement le jeune apprenti reprend seul la série avec divers scénaristes. Marsu production engage également une réédition de l'ensemble des œuvres de Franquin dans des albums luxueux.
Fin mars, les éditions Dupuis ont officiellement annoncé le rachat de Marsu Productions. « Le Marsupilami retrouve son nid » soulignent les spécialistes. Et par la même occasion la possibilité de rejoindre Spirou. Peut-être pas pour la série principale, mais probablement pour un des titres de la série « Spirou par... » Frank, excellent dessinateur animalier, travaille justement dessus...

BD - "La véritable histoire de Spirou" : Un pan de l'histoire européenne

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Si Spirou a plusieurs papas, il n'a qu'un seul et unique propriétaire : Dupuis. Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernaut, historiens reconnus de la BD franco-belge, ont lancé le chantier de « La véritable histoire de Spirou » il y a quelques années. Un travail colossal dont la première partie, portant sur les années 1937 à 1941, dresse autant le portrait du groom rouge que la famille Dupuis. L'imprimeur belge de Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi, pour faire fonctionner ses presses dans les années 30, multiplie les journaux. Moustique (humour) et Bonnes Soirées (famille) remportent un succès croissant. Mais Dupuis est absent du marché de la jeunesse très prometteur. Il décide d'éditer un hebdomadaire. En plus de quelques bandes dessinées américaines, il veut que le personnage principal soit une création propre. Il embauche, Rob-Vel, un dessinateur français, pour animer Spirou. Un groom rouge, espiègle et intrépide chargé de propager le bonne parole catholique.
Ce beau livre, richement illustré de fac similés de l'époque, dresse plus le portrait de cette famille d'entrepreneurs belges que du personnage vedette. Il est vrai que les histoires de Spirou, les premières années, sont peu consistantes. Par contre la vie du journal, animé par Jean Doisy, résistant très actif dans un pays où le rexisme, forme belge du fascisme, avait pris le pouvoir, est exemplaire des difficultés traversées par l'Europe.
Après une période d'interdiction, Spirou revient sous forme d'almanach avec un nouveau papa : Jijé. Et dans son sillage ce qui deviendra au fil des ans la fine fleur de la BD de l'école dite de Charleroi : Morris, Will et Franquin. A la libération Rob-Vel est oublié, Spirou est de retour avec un nouveau compagnon, Fantasio. Les bases sont placées par Jijé, la route est toute tracée par Franquin. Mais ce sera pour le prochain volume de cette « Véritable histoire de Spirou ».
« La véritable histoire de Spirou », Dupuis, 55 € 

lundi 15 avril 2013

BD : Tous les visages de Spirou

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Rob-Vel est le créateur de Spirou. Dessinateur français, embauché par Dupuis pour animer le journal qu'il venait de créer, Spirou devait incarner cette jeunesse espiègle et débrouillarde. Son métier lui permet de croiser quantité de personnes. Problème, le décor, le Moustic Hôtel, est trop réducteur.




Jijé, touche-à-tout et stakhanoviste de la planche à dessin reprend les destinées du personnage vedette de la revue à la faveur de la guerre. Premier ajout d'importance le personnage de Fantasio. Spirou, trop sérieux, se retrouve en duo avec un farfelu permettant de multiplier les situations cocasses. Les histoires sont courtes et résolument comiques.

spirou, 75 ans, dupuis, rob-vel, jujé, franquin, fournier, nic, cauvin, tome, janry, morvan, munuera, yoann, vehlmannFranquin hérite de Spirou par défaut. Jijé, part aux USA avec l'espoir d'être embauché dans les studios Disney. Le jeune apprenti prend le relais en pleine histoire. Il lui faudra quelques années pour s'accaparer cet univers. Rapidement il lancera son héros dans des histoires plus longues, avec plus d'aventure, des intrigues complexes et des voyages. C'est l'âge d'or du personnage, avec l'arrivée du comte de Champignac, du Marsupilami de Zorglub ou de Zantafio.


Fournier est « désigné » pour succéder à Franquin, dépressif et accaparé par Gaston. Le jeune dessinateur breton imagine un Spirou plus impliqué dans le monde actuel. Son trait se bonifie rapidement. Problème : Franquin a refusé de céder le Marsupilami. Fournier est écarté après des albums jugés trop « politiques ». Trop à gauche et tiers-mondistes pour les héritiers Dupuis...

Nic, avec Cauvin au scénario, assure un court intérim. Dessin sommaire, histoires creuses, c'est une période (seulement trois albums) que les fans préfèrent oublier.

spirou, 75 ans, dupuis, rob-vel, jujé, franquin, fournier, nic, cauvin, tome, janry, morvan, munuera, yoann, vehlmannTome et Janry, reviennent aux sources. Ils admirent Franquin, son dessin, ses ambiances. Spirou repart sur de bonnes bases. La meilleure reprise pour beaucoup, la plus longue aussi. Mais comme Franquin, le duo va se désintéresser du héros principal pour les gags du Petit Spirou. Tout le monde croit à la fin de l'aventure après « Machine qui rêve », histoire où Spirou, devenu adulte, est dessiné de façon réaliste.



Morvan et Munuera vont relever le défi. Remettre Spirou au goût du jour. Le changement est radical. Un peu trop. En lorgnant vers la science-fiction la série perd des fans et n'en gagne pas assez...

spirou, 75 ans, dupuis, rob-vel, jujé, franquin, fournier, nic, cauvin, tome, janry, morvan, munuera, yoann, vehlmannYoann et Vehlmann ont hérité depuis 2010 des destinées du groom le plus célèbre du monde de la bande dessinée. Ils ont trois albums à leur actif dont un, très sombre, se déroulant sur la Lune.   

dimanche 14 avril 2013

Spirou : septante-cinq ans de groomeries

Spirou, personnage de bande dessinée et journal pour la jeunesse, fête en ce mois d'avril ses 75 ans. Gros plan sur le groom rouge.

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Qu'est-ce qui est rouge, qui monte et qui descend ? Un groom dans un ascenseur. Quel est le groom rouge le plus célèbre au monde ? Spirou, pour toujours.
Personnage de bande dessinée lancé dans les pages de l'hebdomadaire éponyme en avril 1938, Spirou n'a quasiment pas cessé de vivre des aventures, dans la revue puis en albums. Une longévité due à ses propriétaires. Contrairement à Tintin, création d'Hergé qui ne lui aura pas survécu, Spirou, simple groom au Moustic Hôtel, est attaché aux éditions Dupuis. L'éditeur a toute latitude pour confier les rênes de la série au dessinateur de son choix. Si Spirou doit beaucoup de son succès planétaire au talent de Franquin, il a survécu quand le créateur de Gaston a jeté l'éponge. Un second âge d'or a même vu le jour avec l'arrivée de Tome et Janry aux manettes.
Aujourd'hui, les destinées de Spirou et Fantasio sont confiées à Vehlmann (scénario) et Yoann (dessin). Mais à côté de la série mère, plusieurs déclinaisons amplifient ce phénomène éditorial. D'abord le Petit Spirou, rejeton de Tome et Janry, continue d'amuser des millions de grands enfants dans des gags pleins de sous-entendus scabreux. Mais surtout Spirou, tel un monument national, est désormais revisité par des auteurs confirmés pour qu'ils donnent leur version du célèbre groom. Des albums en dehors du décompte, aux univers très diversifiés. C'est comme ça que Vehlmann a mis le pied à l'étrier. La plus belle réussite dans le genre est à mettre à l'actif d'Emile Bravo avec « Le journal d'un ingénu », sorte de jeunesse de Spirou à la sauce Jijé.

Pour ces 75 ans, les éditions Dupuis ont décidé de voir grand. Nouveauté en janvier : « Dans les griffes de la Vipère », réédition des histoires courtes introuvables de Rob-Vel ou du Spirou d'Yves Chaland, recueil de 200 hommages par les auteurs d'aujourd'hui dans « La galerie des illustres », expositions et tournée en Europe (étape à Montpellier en juillet). Sans oublier la clé de voute à cette incroyable saga éditoriale : Spirou, l'hebdomadaire découvreur de talents depuis quatre générations, encore diffusé à 60 000 exemplaires et dont une version numérique, « Spirou Z » sera lancée ce 23 avril, le jour anniversaire.
A 75 ans, Spirou n'a pas pris une ride. Et il a encore de beaux jours devant lui, l'univers de la série s'enrichissant à chaque reprise. Comme le bon vin, il se bonifie au fil des ans, des arômes nouveaux s'ajoutent aux anciens.
Dossier paru dans l'Indépendant le 6 aril 2013. Michel Litout

Demain : tous les visages de Spirou

samedi 13 avril 2013

Chronique : Plongée dans le passé avec un profil Facebook sur la Grande Guerre


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Les historiens ne vont pas forcément apprécier, mais l'initiative a l'avantage de permettre à un nouveau public de s'intéresser à cette matière. Le Musée de la Grande Guerre, associé à une agence de communication, raconte sur Facebook le quotidien d'un poilu. Léon Vivien, instituteur à Paris, débute son profil en juin 1914 par l'annonce de l'assassinat de François Ferdinand, archiduc d'Autriche. Ensuite son « journal » reprend les informations du quotidien, jusqu'à l'attentat contre Jaurès. On sent une gradation dans les commentaires. La mobilisation, l'attaque des Allemands : au début, il vit la guerre par procuration en recevant des nouvelles d'un ami, Jules. Un jeune médecin rapidement fauché par un éclat d'obus. Le conflit s'avère finalement plus long que prévu. Quelques jours après l'annonce à ses amis de la grossesse de son épouse Madeleine, Léon reçoit son ordre de mobilisation. On s'imprègne alors du quotidien du Poilu en formation, avec la publication de manuels et photos tirées des riches archives du Musée de la Grande Guerre. Et le 10 avril 1915, Léon Vivien annonce son départ pour le front. 
Cette façon de raconter la guerre 14/18 a remporté un immense succès sur le réseau social. En moins d'une semaine, le profil de Léon Vivien a récolté plus de 22 000 « fans ». Même avec 98 ans de décalage, relater la guerre à la première personne et au présent rend toute l'horreur de cette abominable boucherie. L'impact n'en est que plus fort.   
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 12 avril 2013

Chronique : Fortune virtuelle en BD ou bitcoins


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Déclarer son patrimoine ? D'accord, mais il existe des moyens pour dissimuler sa fortune. Entre l'or et les liasses de billets cachées sous le matelas de grand-mère, une bonne partie de notre richesse peut être occultée.
Laurent Wauquiez, par exemple, a trouvé d'autres valeurs refuges. Il déclare être propriétaire d'un appartement à Paris et d'une maison au Puy-en-Velay. Il oublie sa collection de BD. Dans une interview au site ActuaBD.com en 2010, il confie : « Il est rare qu’il se passe une semaine sans que j’aille dans mon magasin de BD acheter dix à vingt albums. ». Sortons la calculette. En moyenne, il achète donc 15 albums par semaine, soit 780 par an. S'il a cette habitude depuis 15 ans (il en a 38),  sa bibliothèque compte 11700 BD. Quand on sait que la valeur moyenne équivaut à 12 euros, sa collection représente un capital de 140 400 euros. Loin d'être négligeable... 
Encore plus juteux, le placement en bitcoins. Cette monnaie virtuelle imaginée par des informaticiens se veut totalement autonome des marchés financiers et des états. En 2010, un programmateur italien achète une pizza pour 10 000 bitcoins. Soit environ 41 dollars. Depuis quelques semaines ce moyen de paiement théorique a vu sa cote exploser. Aujourd'hui, la même pizza, en argent sonnant et trébuchant, dépasse le million d'euros.
Reste à savoir si un seul ministre, assez visionnaire, a investi ses indemnités en bitcoins. S'il existe, qu'on lui donne immédiatement le ministère des Finances ! La dette de la France sera effacée en deux mois.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 11 avril 2013

Chronique : Trois scénarios catastrophes d'une fin du monde exemplaire


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Il y a quelques mois, tout le monde ricanait grassement en glosant sur la fin du monde. Le summum de cette tartufferie avait pour cadre le petit village de Bugarach (photo Th. Meynier). Aujourd'hui, le monde tourne toujours. Mais les risques d'apocalypse demeurent d'actualité. Entre les rodomontades du dictateur nord-coréen et la désagrégation de l'État français après l'affaire Cahuzac, rien ne va plus.
Sur internet les théoriciens du « mondus interrompus » ne manquent pas d'imagination pour nous faire paniquer. Dernier prophète en vogue, Nick Bostrom, philosophe à Oxford. Très sérieusement, il émet les trois hypothèses les plus probables susceptibles de sonner le glas de l'Humanité.
Premier risque : l'hiver nucléaire. L'explosion de plusieurs bombes atomiques entraîne la formation d'un nuage opaque et filtre les rayons du soleil. Les températures chutent, les derniers humains n'y survivent pas. Autre possibilité, la guerre bactériologique. L'épidémie d'un virus élaboré par l'homme se propage à toute vitesse, plus rapide que la mise en place d'un vaccin. Enfin l'humain risque d'être supplanté par une intelligence artificielle devenue autonome. Dans tous les cas, le philosophe fait remarquer que cette apocalypse découle directement du savoir des hommes. En clair, nous sommes toujours des animaux, dépassés par nos inventions.
Une réflexion brillante mais un oubli essentiel : l'invasion des zombies. Si l'on en croit internet, ils restent le danger numéro 1...



Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

mercredi 10 avril 2013

Chronique : Familles hétéroclites


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Le débat sur le mariage pour tous au Sénat donne une nouvelle occasion aux opposants de mettre en avant leur célèbre slogan « un papa, une maman : on ne ment pas aux enfants ». Beaucoup moqué sur Twitter depuis un happening un peu risible (pour ne pas être plus méchant...), cette apologie d'une « famille normale » cache en fait bien des différences. Pour s'en persuader, il suffit de parcourir un site américain et son répertoire de photos de famille excentriques. Franchement, côté traumatisme, des couples hétéros bien sous tous rapports peuvent parfois faire beaucoup de dégâts dans leur entourage.  
Que penser de ce père de famille grassouillet, posant avec son bébé dans les bras, simplement vêtus, chacun, d'une couche culotte. La maman, derrière, arbore une tunique d'ange... Cette fillette est très contente de poser contre son papa... et de sa tronçonneuse brandie telle une arme. Un homme est tellement fier des trois femmes de sa vie qu'il s'est fait tatouer dans le dos les visages de son épouse et de ses deux filles.  La photo la plus inquiétante : le couple pose avec sa fillette et une marionnette de ventriloque comme si l'assemblage de bois et de tissus faisait partie du foyer au même titre qu'une personne de chair et d'os. 
En fait, il n'existe pas de famille normale. On est obligatoirement excentrique dans le regard des « autres ». Leur norme n'est pas la nôtre.  Et inversement.  Mais le remède est tout bête : la tolérance.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

Livres : Souvenirs d'écrivains avec Alain Rémond et Umberto Eco

Alain Rémond et Umberto Eco écrivent sur leur jeunesse. Avant d'être écrivain pour l'un, en le devenant pour l'autre.

Utiliser le « je » pour un romancier peut être une figure de style. Dans ces deux livres, « Tout ce qui reste de nos vies », un récit signé Alain Rémond et « Confessions d'un jeune romancier », des conférences sur la littérature d'Umberto Eco, le « je » est réel, omniprésent. Mais ils sont détournés. Alain Rémond l'utilise pour parler de son père. Umberto Eco à travers sa propre expérience parle des grands écrivains qui l'ont marqué, inspiré et passionné.
alain rémond, umberto eco, seuil, grassetUn jour, au cours d'une promenade en campagne, Alain Rémond pour échapper à l'averse se réfugie sous un hangar en ruine. Il découvre des montagnes de papiers abandonnés aux quatre vents : courriers personnels, factures, bulletins de paye, relevés de compte bancaire. Toutes les traces de plusieurs vies, une histoire familiale vouée à disparaître lentement, inexorablement.
Cette relation avec l'écrit, le papier, les traces, Alain Rémond la raconte avec une grande pudeur dans ce récit. Il explique au lecteur que lui aussi, a quelques papiers précieux au fond de ses tiroirs. Des vestiges. Notamment une lettre de son père. Son père ne lui a jamais écrit. Les quelques lignes étaient destinés une des tantes du journaliste chroniqueur. Il regarde régulièrement les pattes de mouche, ultimes traces du père, mort trop tôt, sans avoir eu le temps de parler à ses enfants.
Comme pour conjurer le sort, Alain Rémond, dans son métier, a une relation quasiment charnelle avec le papier. Il explique comment il est incapable d'écrire directement sur un ordinateur. « Telle est ma vie, ainsi va ma vie, s'écrivant, se déchiffrant sur une feuille de papier. » Et il est envahi. Mais ne sait pas jeter, « faire de la place ». « Tous ces mots écrits à la main, toutes ces feuilles noircies de mon écriture, c'est comme mon propre sang. J'aurais l'impression de me mutiler. J'aurais l'impression de commettre un crime. J'aurais l'impression de commettre un sacrilège. » Alain Rémond est un homme de l'écrit. C'est sa religion. Sa prose, belle et sensible, lui attire nombre de fidèles.

L'alchimie de l'écriture
alain rémond, umberto eco, seuil, grassetPour Umberto Eco, la littérature est une découverte tardive. Dans ces « Confessions d'un jeune romancier », il raconte comment son chef-d'œuvre, « Le nom de la rose », a vu le jour. Simple universitaire à l'époque, un ami lui demande d'écrire une nouvelle policière. Par esprit de contradiction il refuse et fanfaronne : « si je devais écrire une histoire d'enquête criminelle, ce serait un roman d'au moins cinq cents pages qui se passerait dans un monastère médiéval ». Au delà de l'anecdote, le romancier italien dévoile quelques-uns de ses « trucs » pour bâtir une intrigue, imaginer des personnages... écrire, tout simplement. Avec une espièglerie étonnante pour un octogénaire, il se dévoile en expliquant certains de ses « doubles codages », essentiels pour lui, parfois invisibles pour le lecteur. Enfin saluons la dernière partie du livre sur les listes. Une pratique littéraire un peu tombée en désuétude mais d'une force étonnante quand elle est maîtrisée comme dans les œuvres de Rabelais ou Joyce.
Michel Litout
« Tout ce qui reste de nos vies », Alain Rémond, Seuil, 14,50 €
« Confessions d'un jeune romancier », Umberto Eco, Grasset, 17 €


mardi 9 avril 2013

Chronique : MSN, Julie Lescaut, tout a une fin

msn,julie lescaut,tf1,véronique genest,adolescentsAlors que les sénateurs planchent sur un projet de loi pour interdire l'obsolescence programmée, dans le vrai monde même les légendes ont une fin. Hier, MSN a fermé et TF1 a annoncé l'arrêt de la série Julie Lescaut. Lancé en 1999, Windows Live Messenger révolutionne la communication sur internet. Pour la première fois on peut parler simplement à un ami connecté en même temps que vous. Échanges rudimentaires certes, mais instantanés et gratuits. Très vite MSN devient le terrain de jeu de tous les ados. Avoir une adresse MSN est obligatoire si l'on veut exister. D'autres fonctions se rajoutent, comme les émoticones. Et puis apparaît Facebook... Entretemps Windows a racheté Skype. Des deux systèmes de messagerie sur le marché, l'un doit disparaître. MSN incarne pour toute une génération les premiers émois devant un écran, au même titre que ses premiers comédons ou l'apparition de ce fin duvet synonymes de passage à l'âge adulte.
Véronique Genest aussi, en interprétant Julie Lescaut, a beaucoup compté dans l'imaginaire d'une génération de petits Français. Sa chevelure rouge en a fait fantasmer plus d'un. Atteinte par cette satanée « obsolescence programmée » elle s'éclipse après 101 épisodes. Mais rassurez-vous, les chaînes de la TNT vont se précipiter sur ce monument télévisuel qui a lancé, ne l'oublions pas, l'inénarrable Jean-Paul Rouve d'avant Les Robins des Bois... 

Les Robins Des Bois -Radio Bière Foot par MarillioOon

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Béka, deux voyageurs en Chine

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Béka, le scénariste des célèbres Rugbymen, est en fait un couple d'auteurs : Bertrand Escaich et Caroline Roque. Donc, quand Béka raconte sous forme de gags le voyage en Chine d'un couple de Français, il y a de fortes probabilités que Ben et Nina soient très inspirés de leurs propres pérégrination en Asie. Marko, au dessin, simplifie son trait pour donner encore plus de puissance aux dialogues et situations comiques. Et elles ne manquent pas car partir à l'aventure dans un immense pays sans maîtriser la langue est une gageure risquée. Ben est souvent à l'origine des gags. Indécrottable geek, il voit plus la montée du modernisme dans le pays que les traditions séculaires. Nina est plus rêveuse, plus dans l'empathie. Mais cela ne va pas jusqu'à partager certaines spécialités culinaires comme les scorpions ou le serpent... On ne rit pas aux éclats comme avec les sportifs de Paillar, mais ce voyage vaut quand même le détour.
« Voyage en Chine », Bamboo, 10,60 €

lundi 8 avril 2013

Chronique : Sites sensibles et censure d'Etat

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Google et Wikipédia, deux mastodontes du net, ne peuvent pas faire n'importe quoi. Dans certains pays, les administrations se montrent plus que réfractaires au partage des informations. L'Inde voit d'un très mauvais œil Google Maps se lancer dans la cartographie précise du sous-continent alors qu'en France, ce sont les services secrets, la DRCI (Direction centrale du Renseignement intérieur) qui obtiennent l'effacement d'une page de l'encyclopédie participative sur une station hertzienne classée secret défense.
Après avoir interdit aux voitures de Google Street de sillonner les villes indiennes, l'Etat dépose plainte contre le géant américain. Pour étoffer son service Google Maps, la multinationale demande aux internautes de publier des informations sur les restaurants, boutiques ou hôpitaux. Illégal décide le gouvernement indien car susceptible de provoquer un risque pour la sécurité du pays : des terroristes pourraient découvrir des informations sur des sites sensibles... 
Même argument pour la DRCI en France contre Wikipédia. La page sur la station hertzienne militaire de Pierre-sur-Haute située dans le Puy-de-Dôme diffuserait des informations militaires classifiées sans autorisation légale. Wikipédia supprime cette entrée. Mais la censure provoque un tel buzz que la page est recréée, traduite... et vue des milliers de fois. En voulant cacher des informations, la DRCI en a involontairement fait la promotion. L'arroseur arrosé...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Deux détectives

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L'une est maigre et taciturne. L'autre volubile et bien en chair. La première s'appelle Brune. La seconde Platine. Cela donne le duo improbable de Brune Platine, détectives privées et héroïnes de cet album de BD écrit par Lisa Mandel et dessiné par Marion Mouse. Platine ne refuse jamais des affaires. Même quand sa collègue est réticente. C'est le cas dans la demande de cette jeune fille à la recherche de son père. Il y a 15 ans, ce médecin a disparu du jour au lendemain. Envolé, avec toutes les économies de la famille. Aujourd'hui, une vieille plaie s'est rouverte et la jeune femme engage ces détectives d'un genre nouveau pour le retrouver. Si Platine travaille beaucoup en restant derrière son bureau, Brune aime aller sur le terrain. Elle va rencontrer les rares connaissances du disparu, explorer par procuration son passé, ses secrets, et remonter jusqu'à un séjour dans un pays des Balkans, quand il était militaire pour l'ONU. Elle s'y rend en compagnie de la cliente. Pour son plus grand malheur. Une histoire noire, de sang et de mort, au final terrifiant.
« Brune Platine », Casterman, 13,95 €

Livre : les Geeks, bientôt maîtres du monde !

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Mine de rien, les Geeks sont devenus les maîtres du monde en quelques décennies. Du moins ils orientent de plus en plus notre présent après avoir fantasmé leur avenir. Mais comment ces boutonneux à lunettes, à la limite de l'autisme, asociaux et timides, ont-ils pu imposer leur univers à l'ensemble de la civilisation occidentale ? « Geek, la revanche », livre de Nicolas Beaujouan (éditions Robert Laffont, parution le 8 avril, 22 euros) donne quelques clés. Pour commencer, les geeks ont créé les nouvelles mythologies, de Tolkien à Star Wars en passant par Lost ou The Big Bang Theory. Leur imagination (Spielberg, Jackson) et leur inventivité (Jobs, Zuckerberg) les ont propulsés au sommet. Célébrité, richesse, réussite : de vilains petits canards ils sont devenus des exemples à suivre. Dans l'essai de  Nicolas Beaujouan, vous découvrirez toutes les facettes d'un phénomène multiple en pleine expansion et la preuve que ce qui a longtemps été considéré comme une « sous-culture » est devenue dominante.
Superbement illustrées, ces 200 pages passionneront ceux qui baignent dedans et étonneront ceux qui sont toujours passés à côté.
Chronique "ça bruisse sur le net" parue samedi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 6 avril 2013

Chronique : DTC comme data, tableaux, courbes


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Les nouvelles technologies et l'informatique en général changent les pratiques professionnelles. Tout le monde est concerné. Sans exception. La presse n'échappe pas au phénomène. Une frange de la profession tente de démontrer l'utilité de ce que communément on nomme le data journalisme.  Le but est de transformer des données chiffrées et brutes en animation, tableau ou courbe plus digestes. Car des chiffres, des statistiques, il en existe des milliards sur internet. Il suffit de les collecter, de les passer à la moulinette et on peut leur faire dire à peu près tout. Tout et son contraire... Les détracteurs du data journalisme ont tendance à le réduire à un travail amélioré de comptable. Ils préfèrent, de loin, raconter une histoire avec des mots et un peu de style. En data, « Les Misérables » peuvent se résumer dans un tableau Excel posé sur une carte, avec correspondance entre les personnages et les lieux de l'action. Joli, mais moins passionnant que le chef d'œuvre de Victor Hugo. 
Autre exemple, par l'absurde je l'admets, des limites du data journalisme : la correspondance entre l'évolution de la météo et le président de la République au pouvoir. Une démonstration effectuée par Jean Abbiateci sur son blog « Papier Brouillon ». Chiffres à l'appui, il constate que « Hollande fait pleuvoir, Chirac fait monter la température et Sarkozy provoque la canicule ! ». L'analyse politique va s'en trouver révolutionnée !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendreid en dernière page de l'Indépendant. 

vendredi 5 avril 2013

BD : Deux mondes miroir dans Ekho de Barbucci et Arleston

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Drôle de nom pour une héroïne : Fourmille Gratule. Mais on ne s'interroge pas longtemps sur le patronyme de la belle. On se contente d'admirer son jolis minois, sa chevelure ondoyante, ses courbes généreuses... Fourmille est une bombe. 21 ans, étudiante en histoire de l'art, elle prend l'avion pour se rendre à New York voir une exposition du Caravage. Au-dessus de l'Atlantique, Fourmille somnole. Elle est placée à côté de Yuri Podrov, un chercheur en physique. Quand elle voit une sorte d'écureuil dans le couloir central, elle s'interroge. Quand elle l'entend parler, plus de doute, elle est persuadée de rêver. Il a cependant le temps de lui donner un bout de papier avec une adresse à New York. Arrivés à destination, Fourmille et Yuri découvrent que la mégapole américaine a bien changé. En fait ils se sont posé dans le New York d'Ekho, le monde miroir de la terre.
Un univers steampunk imaginé par Arleston et dessiné par Barbucci, le génial créateur de Witch et Monster Allergy. Du charme, de l'humour et de l'action : ça sent le Lanfeust des années 2010 !
« Ekho » (tome 1), Soleil, 13,95 €

Bande annonce Ekhö par SoleilProductions

jeudi 4 avril 2013

Chronique : Robot pour être vrai


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Une série télé, avant de se transformer en succès d'audience lors de sa diffusion, doit faire parler d'elle sur internet. Ce soir, sur Arte, les premiers épisodes de « Real Humans » sont l'exemple parfait de ce travail fait en amont. Le buzz fait autour de cette série suédoise en 10 épisodes dure depuis plusieurs mois. Elle s'attaque de front au phénomène des robots. Pas les machines chargées de fabriquer des voitures ou de nettoyer votre maison comme cet aspirateur en forme de tortue. Non, les vrais robots, ceux imaginés par les auteurs de science-fiction. Leur apparence est 100 % humaine. Leurs réactions aussi. Dans cette Suède prospère et apaisée, posséder un robot de compagnie, un « Hubot » est devenu banal. Toujours souriants et d'humeur constante, ils deviennent parfois les chouchous de la famille. Ou les souffre-douleur... 
Le robot, selon la loi d'Asimov, ne peut pas nuire aux humains. Ni mentir. Voilà qui aurait bien arrangé un gouvernement aujourd'hui dans l'embarras. Cependant, certains se sont émancipés et tentent de survivre dans la nature. Comme les esclaves marrons de nos anciennes colonies. Sauf qu'ils sont blonds avec d'immenses yeux bleus. 
Si une partie de la population dénonce  ces « voleurs de travail », d'autres humains sont sous le charme. Dans tous les sens du terme. Ils militent même pour la légalisation du mariage mixte entre humain et hubot. Un combat d'avenir pour la descendance de Frigide Barjot... A voir (et à y réfléchir), ce soir sur Arte à 20 h 50, en replay sur Arte+7. 


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : "Pacifique", tout un océan à lire

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A la fin de la seconde guerre mondiale, nombre de sous-marins allemands, privés de commandement, ont continué un combat inutile. Pacifique de Trystam et Baudy raconte les derniers ronds dans l'eau d'un U-boat nazi. Lassitude de l'équipage, folie du commandant : tout est réuni pour que la crise éclate. C'est l'arrivée d'un nouveau radio, à peine sorti de l'adolescence, qui va tout déclencher. Il a dans son bagage un livre interdit. Un roman qui fait rêver, éveille les consciences. Cette BD, format à l'italienne, flirte avec le fantastique. Un huis clos oppressant, des couleurs angoissantes : tout pour transformer cette dernière plongée en long cauchemar.
« Pacifique », Casterman, 15 €

mercredi 3 avril 2013

BD : La Retirada en images

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La Retirada a souvent été au centre de romans. Pour la première fois, l'exil des Républicains espagnols est le thème central d'une bande dessinée. Denis Lapière en signe le scénario. Un gage de qualité et de sérieux. Ayant une centaine d'albums à son actif (dont la série Charly), il n'a pas son pareil pour mélanger harmonieusement sentiments et intrigue. Pour faire revivre la Retirada, il situe son histoire dans le milieu des années 70, à Montpellier. Angelita, mère de famille parfaitement intégrée, est arrivée en France en 1939. Petite fille naïve, elle suit sa mère et son père. Elle passera près d'une année dans le camp d'Argelès. Cette histoire, Angelita la raconte dans le train à son beau-père. Elle se rend à Barcelone au chevet de sa mère, malade. Mais que faisait elle en Catalogne, elle qui avait juré de ne jamais remettre les pieds en Espagne tant que Franco était au pouvoir. Un récit intimiste pour expliquer la grande histoire, dessiné par le Catalan Torrents, dont l'histoire familiale a en partie inspiré l'histoire de ce « Convoi ».
« Le convoi » (tome 1), Dupuis, 15,50 € (le tome 2 parait ce vendredi 5 avril)



mardi 2 avril 2013

Chronique : Trop de Thrones


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Ils n'arrêtent pas de me casser les oreilles avec ça depuis une semaine : la saison 3 de la série « Game of Thrones » a débuté ce dimanche. « Ils », ce sont toutes mes connaissances âgées de 18 à 30 ans, un peu geeks sur les bords et passionnées de fantastique médiéval. Ils trépignent, impatients  de découvrir ce que sont devenus John Snow, Daenerys ou Tyrion Lannister, le chouchou de beaucoup.
Petit problème, le premier épisode de la nouvelle saison est diffusé... sur HBO, aux USA. Pour le voir en France, il faudra patienter. Et payer. Car c'est Canal + qui en a acquis les droits. Certes le bouquet d'Orange le diffuse le lendemain de sa sortie, mais comme Bein Sport, ces chaînes se révèlent aussi fantômes que leurs abonnés.
Les vrais passionnés de Game of Thrones s'illustrent par un détail capital : ils savent exactement où aller sur internet pour voir des films en streaming. Avec un souci. Le premier épisode sera-t-il disponible dès le lendemain ou devront-ils attendre plus de 48 heures ? En 2012, Game of Thrones a brillamment remporté la première place au palmarès des séries les plus piratées.
En attendant il existe quantité de sites pour se mettre dans le bain. Comme ce quizz, « à quelle maison appartenez-vous ? » ou cette carte d'Europe à la mode Thrones (la France serait le Stormland dominé par la famille Baratheon). Et si vous aimez le personnage du prêtre rouge Thoros de Myr, vous avez raté l'occasion de le rencontrer : il était la semaine dernière en vacances dans l'Aude.


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Tangomango chez Wakfu pirates d'Ankama

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La société Ankama a fait du « transmedia » son ADN. Les créateurs développent des univers pouvant s'adapter aux jeux en ligne comme à l'animation ou la bande dessinée. Dofus puis Wakfu sont les fers de lance de cette démarche médiatique totale. La collection Wakfu Heroes s'enrichit d'un nouveau titre : Tangomango. On découvre comment Elaine, encore fillette, est devenue la plus jeune navigatrice de ce monde imaginaire. Avec son père adoptif, Encre Noire, un poulpe rose, elle bichonne son navire, Le singe hurleur, pour porter haut le pavillon pirate. Ecrit et dessiné par Adrian, un auteur espagnol, cette série entre comique et fantastique, s'éloigne du jeu en ligne pour flirter vers la BD d'aventure classique. Divertissante et franchement rigolote, cet album est une des bonnes surprises de ce début d'année.
« Tangomango » (tome1), Ankama, 12,90 €

lundi 1 avril 2013

Chronique : Les faux poissons d'internet


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La tradition des poissons d'avril dans les journaux a du plomb dans l'aile. Pas par manque d'imagination des journalistes, mais à cause d'internet et de la recrudescence d'informations insolites. Pour preuve, la semaine dernière trois anecdotes auraient aisément pu faire d'acceptables poissons... si elles n'avaient pas été authentiques. 
Un escroc anglais vend de faux détecteurs de drogue à des policiers belges. Le vendeur peu scrupuleux achète des détecteurs de balles de golf (13 euros l'unité) et explique qu'ils peuvent également repérer drogue, explosifs et même cadavres... Il se montre tellement convaincant dans sa démonstration qu'il parvient à les écouler 25000 euros pièce. Tout le monde pourrait croire à un poisson en raison de la nationalité des grugés. Et pourtant...
Un juge canadien condamne une adolescente. La sanction : interdiction d'aller sur Facebook durant une année. A 12 ans, elle a proféré des menaces contre deux de ses camarades sur son mur Facebook. Elle affirmait vouloir les étrangler... Il t a des relents de poisson car interdire à une ado d'aller sur Facebook, durant une année en plus, paraît complètement impossible à moins de l'exiler au pôle Nord...
La sous-préfecture de Draguignan est évacuée après une alerte à la bombe. Dans le colis on ne retrouve que des saucissons. Pas crédible dès qu'on précise que la charcuterie est... corse.
Alors merci le web de nous faire vivre dans l'ambiance du 1er avril 365 jours par an !
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi 1er avril.