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lundi 19 août 2024

BD - Effets et conséquences de la Retirada dans « Le convoi »


En vacances dans la région, vous avez peut-être passé quelques heures à bronzer et vous baigner sur la plage d’Argelès. Pourtant, il y a quelques décennies, sur ce même sable, des milliers de réfugiés espagnols ont tenté de survivre après leur exode forcé face à l’avancée des troupes fascistes de Franco.

Si vous ne voulez pas bronzer idiot, profitez de votre séjour dans le département des Pyrénées-Orientales pour découvrir l’histoire de la Retirada en lisant Le convoi, gros roman graphique de Lapière et Torrents.


Une intégrale republiée aux éditions Dupuis et complétée par un excellent dossier pédagogique. Le récit débute en 1975. Angelita, fille de réfugiés, a presque toujours vécu en France, à Montpellier. Son père est mort dans le camp de Mauthausen, sa mère a refait sa vie avec un Français. En se promettant qu’elle ne retournerait en Espagne, en Catalogne exactement, qu’une fois Franco mort.

Or, un hôpital catalan contacte Angelita : sa mère est hospitalisée, sur le point de mourir. Que fait-elle là ? Pourquoi a-t-elle tenu ce voyage secret ?

Bien des interrogations qui trouveront des réponses dans le récit de cette terrible Retirada. Une touchante histoire de famille couplée à la grande Histoire, celle qui a façonné l’Europe actuelle.

« Le convoi » (intégrale), Dupuis, 136 pages, 27,95 €

vendredi 5 juin 2020

Cinéma - Le film d’animation d’Aurel sur Josep Bartoli sélectionné au Festival de Cannes 2020



Présenté en avant-première au Mémorial du camp de Rivesaltes en janvier dernier, le film d’animation Josep d’Aurel fait partie de la cinquantaine d’œuvres retenues dans la sélection officielle de Cannes 2020 dévoilée mercredi soir par Thierry Frémaux, délégué généra du Festival. Josep, financé en partie par la Région et distribué par Sophie Dulac (aucune date de sortie n’est encore arrêtée) revient sur le passage dans les camps des Pyrénées-Orientales du dessinateur Josep Bartoli. 

Un projet imaginé il y a 10 ans par le montpelliérain Aurel après avoir « reçu une claque » à la lecture du livre de Georges Bartoli sur la destinée incroyable de Josep. Sans le Coronavirus et l’annulation du Festival, l’équipe du film aurait certainement gravi les marches du Palais, offrant ainsi un superbe éclairage sur le travail de dessinateur d’un artiste témoin de son temps.

dimanche 6 avril 2014

Roman - "Fenicia" ou la folie post-Retirada

Pierre Brunet, près d'un demi-siècle après la mort de sa mère, revient sur son existence, des camps d'Argelès à la folie parisienne dans un roman bouleversant paru chez Calmann-Lévy.

Certaines plaies de l'enfance ne se referment jamais. Elles peuvent même entraîner une mort lente et douloureuse, la douleur physique se transformant en délire psychique. La mère de Pierre Brunet, Ana, a fait partie de milliers d'Espagnols fuyant l'avancé des troupes franquistes en janvier 1939. Avec ses parents adoptifs, elle traverse la frontière et se retrouve enfermées dans le camp d'Argelès, derrière des barbelés, obligée de dormir dans des trous creusé dans les sable. Une période noire qui a laissé des traces dans la mémoire de la petite fille une fois devenue femme. L'auteur, dans ce roman de retrouvailles, tente de comprendre pourquoi sa mère est morte si jeune, si dépressive. Ana, quand elle arrive en France, est rebaptisée Fenicia par ses parents Conchita et Mateo. Un prénom plein d'espoir mais qu'elle ne portera jamais. Sur l'état-civil elle reste Ana, voire Anna quand un fonctionnaire français son prénom. Pierre Brunet, né en 1961, n'a quasiment pas de souvenirs de sa mère, morte en 1964. Il lui faudra des années pour oser retrouver son demi-frère et réveiller cette morte pour en tirer un roman sensible et dur sur l'exil, la passion et la folie. Avant de devenir une brillante professeur, Ana-Felicia a beaucoup subi la folie des hommes.

Geôle à ciel ouvert
Le premier quart du roman se déroule durant la Retirada et détaille la vie de misère dans le camp d'Argelès, à même le sable de la plage. De la traversée, Pierre Brunet raconte l'épuisement, « Poupée de chiffon gelée enveloppée d'une couverture, inconsciente, posée sur les épaules de Mateo, la tête ballotant contre le crâne de celui-ci dans la nuit, poursuivie jusque dans son exténuation par les aboiements des chiens et des gendarmes. Ana traversa sans s'en rendre compte Cerbère, Banyuls, avant d'arriver à Port-Vendres» Ensuite les Républicains sont parqués à Argelès et Saint-Cyprien, sans aucune protection, « le bagne sur la plage. Quelques milliers de réfugiés y survivaient dans des conditions épouvantables. Hommes, femmes et enfants s'enterraient à plusieurs dans des trous, avec des branchages par-dessus les couvertures, pour endurer le froid des nuits. » C'est là que la fillette a rencontré pour la première fois la folie. « Comment accepter de mourir dans une geôle à ciel ouvert, à six ans, quand on n'a connu de la vie qu'un sinistre enfermement , puis une fuite dans la peur, le sang le froid et la faim ? » La petite fille survivra. Ses parents feront partie des chanceux qui trouveront du travail à Paris. Ils s'y installeront, deviendront français.
Ana, devenue femme, passionaria anarchiste, collectionne les amants. Perdra une petite fille (nouveau traumatisme), aura un garçon puis se mariera avec un fonctionnaire des impôts, à l'opposé de sa vie tumultueuse. Pierre naitra de cette union, mais ne connaîtra quasiment pas sa mère, déjà abonnée aux séjours en hôpital psychiatrique. Elle sera finalement internée, devenue folle et suicidaire. En écrivant ce roman, Pierre Brunet entend rendre hommage à cette femme, victime avant tout. Il raconte aussi avec tout son talent (il est l'auteur de deux autres romans parus chez Calmann-Lévy) cette Retirada, immense exil de tout un peuple, si mal accueilli dans un premier temps mais qui a tant amené au pays depuis.
Michel Litout
« Fenicia » de Pierre Brunet chez Calmann-Lévy. 430 pages. 19,50 euros.

mercredi 3 avril 2013

BD - La Retirada en images


La Retirada a souvent été au centre de romans. Pour la première fois, l'exil des Républicains espagnols est le thème central d'une bande dessinée. Denis Lapière en signe le scénario. Un gage de qualité et de sérieux. Ayant une centaine d'albums à son actif (dont la série Charly), il n'a pas son pareil pour mélanger harmonieusement sentiments et intrigue. Pour faire revivre la Retirada, il situe son histoire dans le milieu des années 70, à Montpellier. Angelita, mère de famille parfaitement intégrée, est arrivée en France en 1939. Petite fille naïve, elle suit sa mère et son père. Elle passera près d'une année dans le camp d'Argelès. Cette histoire, Angelita la raconte dans le train à son beau-père. Elle se rend à Barcelone au chevet de sa mère, malade. Mais que faisait elle en Catalogne, elle qui avait juré de ne jamais remettre les pieds en Espagne tant que Franco était au pouvoir. Un récit intimiste pour expliquer la grande histoire, dessiné par le Catalan Torrents, dont l'histoire familiale a en partie inspiré l'histoire de ce « Convoi ».
« Le convoi » (tome 1), Dupuis, 15,50 € (le tome 2 parait ce vendredi 5 avril)