mercredi 30 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : La nécropole des jeux vidéo

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L'archéologie vient de s'enrichir d'une nouvelle branche. Après l'égyptologie, la castellologie ou l'archéologie urbaine, voici la « game-archéologie ». Une invention de mon cru pour cette histoire de cimetière de jeux vidéo découvert en plein désert du Nouveau-Mexique aux USA.
Au début des années 80, quasi la préhistoire du jeu vidéo, la société Atari règne en maître. Mais déjà les Japonais pointent le bout de leurs consoles. Le mauvais moment pour sortir ce que tout spécialiste considère comme « le pire jeu vidéo de l'histoire ».
Voulant surfer sur le succès de ET, Atari sort une cassette tirée de l'univers du film de Spielberg. Des milliers d'exemplaires sont fabriqués. En pure perte. Pour faire oublier cet échec, la société, en grave difficulté, décide de se débarrasser de la montagne d'invendus. Une légende urbaine insistante raconte que les jeux auraient été enterrés dans un endroit secret, comme pour conjurer le sort, éloigner le mauvais œil.

Des années plus tard, Zak Penn, réalisateur de documentaire, décide d'enquêter. Ses recherches le mènent dans un coin de désert du Nouveau-Mexique. En 1983, une sarabande de camions a déversé dans d'immenses trous de mystérieux déchets. Armé de bulldozers, Zak Penn retourne la zone et découvre la plus grande nécropole de jeux vidéo jamais mise à jour. Des milliers et des milliers de cassettes (ET et Pac-Man) ainsi que des consoles dépassées.
Entretemps, Atari a fait faillite. Aujourd'hui, une partie de la cause de sa perte pourrait être remise sur le marché avec le statut d'antiquités hors de prix...
Chronique "De choses et d'autres" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. 

DVD : Les hauts et les bas d'un couple suédois


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Chef d'œuvre du cinéma des années 70, « Scènes de la vie conjugale » d'Ingmar Bergman avec Liv Ullmann et Erland Josephson ressort en DVD et Blu-ray après un remarquable travail de restauration.
bergman, ullmann, josephson, dvd, studiocanalDans le coffret édité par Studiocanal, vous trouverez le film, mais également les six épisodes de la série TV à l'origine du long métrage. En grande partie autobiographique, cette histoire universelle des hauts et des bas dans un couple traverse les décennies. Mariés depuis dix ans, Marianne et Johann ont tout pour être heureux: deux enfants, d'excellents emplois... Mais quand le mari tombe amoureux de la jeune Paula, tout vole en éclat. Le film raconte vingt années de vie commune. Du bonheur des débuts à la violence de la séparation puis les retrouvailles. Très écrit, comme toujours avec Bergman, ce long-métrage permet à Liv Ullmann d'incarner une femme partagée entre amour fou, humiliation et désir impulsif. A redécouvrir. 

mardi 29 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Gégé tient la forme

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Gérard Depardieu pète la forme. Alors que son film sur l'affaire DSK s'apprête à sortir avec pertes et fracas, il vient de s'offrir un voyage au Caucase sur les traces d'Alexandre Dumas. Et comme l'auteur des « Trois Mousquetaires » qui à l'époque était accompagné d'un peintre, l'interprète d'Obélix embarque dans ses bagages un artiste : Mathieu Sapin, dessinateur de BD. Un couple improbable. Mathieu Sapin, petit, maigrichon, un peu dégarni et peu causant est l'antithèse de Depardieu. Gérard conduit un side-car, Mathieu dessine les paysages. L'ensemble donne un documentaire qui sera diffusé sur Arte le 4 mai à 22 h 25. Et pour tout savoir de l'opinion de Depardieu à propos de Poutine, Castro et Hollande, achetez Casemate, la revue sur la BD qui publie une très bonne interview.

Cependant c'est bel et bien dans le rôle de DSK que l'acteur va crever l'écran ces prochaines semaines. Le film d'Abel Ferrara, après bien des problèmes pour boucler son budget, est enfin finalisé. Personne ne l'a vu. Mais la société de production a expliqué que les scènes les plus torrides ont dû être retirées et raconté la difficulté pour trouver l'actrice principale (Jacqueline Bisset a remplacé au pied levé une Isabelle Adjani effrayée par le scénario sans concession). Mais pour qu'un film existe, il faut qu'il soit diffusé dans les salles. Là aussi la malédiction a frappé. Pas un distributeur n'en veut. Conséquence, faute de sélection au festival de Cannes, « Welcome to New York » sort directement sur les plateformes de vidéo à la demande. Une première pour un film atypique. L'Affaire DSK n'a pas fini de faire parler...

Livre : Quand les firmes privées veulent le pouvoir

L'Union européenne et les USA négocient la mise en place d'un grand marché transatlantique. Raoul Marc Jennar affirme dans un livre de vulgarisation qu'il s'agit d'une « menace sur les peuples d'Europe ».

jennar, cap béar, marché transatlantique, europe« Je suis un lanceur d'alerte. » Raoul Marc Jennar, en publiant ce petit livre sur le grand marché transatlantique aux éditions Cap Béar entend prévenir la population mais également les élus européens de ce qui se joue actuellement des deux côtés de l'océan. Depuis juillet 2013, la Commission européenne négocie avec le secrétaire d'État au commerce US la mise en place, d'ici la mi 2015, d'un grand marché transatlantique. Un des objectifs est de purement et simplement éliminer les droits de douane entre Europe et USA. Pour l'auteur, une telle décision serait la porte ouverte au déclin de l'agriculture européenne, voire la mort de tous les petits producteurs. Cette libéralisation des échanges entre l'ancien et le nouveau monde, est une demande pressente des grandes entreprises. Américaines essentiellement. In fine, « cela équivaut à donner le pouvoir aux firmes privées » s'alarme cet ancien haut fonctionnaire belge particulièrement au fait du fonctionnement de la commission européenne.

Arbitrage controversé
Les négociations sont basées sur une feuille de route adoptée par l'ensemble des états européens. 46 articles écrits dans un anglais très technocratique, traduits et décortiqués par Raoul Marc Jennar. Il en explique toutes les conséquences avec des exemples concrets. L'idée est d'harmoniser toutes les normes. Et de faire miroiter que ce grand marché va créer de l'emploi et de la croissance. La tentation consiste à aller vers les normes les plus basses, donc celles des USA. Cela aurait des répercussions sur de nombreux secteurs de la société, de la santé aux marchés publics. De plus, le texte prévoit qu'en cas de conflit entre un groupe privé et une collectivité locale, le différend ne serait plus jugé par un tribunal mais par l'intermédiaire d'un arbitrage, comme dans l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais. Un tel système existe déjà dans le cadre de l'Alena, qui lie USA, Canada et Mexique depuis 20 ans. « Le Canada a été attaqué 30 fois par des firmes privées américaines. Le Canada a perdu 30 fois. » Quant au Mexique, « cinq plaintes ont été déposées contre lui par des firmes américaines qui, au total, l'ont obligé à payer 204 millions de dollars. Car le Mexique a perdu dans les 5 cas. » Pour Raoul Marc Jennar, si ce traité est signé, il est inéluctable que les grands groupes américains feront de même avec l'Europe. Et à tous les niveaux, des Régions aux Landers en passant par les communes.
Mais tout n'est pas joué. « Je ne crois pas à la fatalité » réplique dans un grand sourire l'auteur qui rencontre régulièrement ses lecteurs lors de séances de dédicaces ou dans des conférences.
Michel LITOUT
« Le grand marché transatlantique » de Raoul Marc Jennar, éditions Cap Béar, 68 pages, 5 euros


lundi 28 avril 2014

Livre : "Destination ténèbres" de Frank M. Robinson en poche



Destination ténèbres, robinson, denoel, lunes d'endre, folio, sfConsidéré comme un des classiques de la science-fiction américaine, « Destination ténèbres » de Frank M. Robinson, paru en 1991, est enfin disponible en France au format poche dans la collection Folio SF. Ce thriller spatial emmène le lecteur aux confins de l'espace, si loin de la terre. Le roman débute par l'exploration de Séthi IV. Sur cette planète hostile, le jeune Moineau dévisse en escaladant une falaise. Sa combinaison fuit. Il se sent mourir. Ecran noir. Il se réveille dans l'infirmerie de l'Astron. Amnésique. Il ne se souvient que de l'accident. Rien sur sa vie d'avant. Avec ses yeux et sa sensibilité, le lecteur va découvrir la vie à bord, les différentes communautés (en fonction des emplois), les travaux obligatoires, la tyrannie du capitaine Fusaka et surtout l'existence d'une mutinerie embryonnaire. Ce huis clos obsédant est mené de main de maître par Frank M. Robinson, scénariste de la tour infernale. (Folio SF, 8,90 €)

dimanche 27 avril 2014

Livre : le voleur de la canicule

En pleine canicule de 2003, un jeune garçon découvre les pratiques d'un audacieux voleur malvoyant. Un conte moderne signé Jean-Pierre Milovanoff.

Milovanoff, canicule, grassetL'été 2003 restera pour toujours dans les mémoires comme celui de la canicule du siècle. Dans les grandes villes, Paris surtout, des centaines de personnes âgées sont mortes chez elles, dans une indifférence généralisée. Les morgues débordaient, pour parer au plus pressé, certains entrepôts frigorifiques de Rungis ont servi de chambre froide pour ces cadavres abandonnés de tous.
Ce dramatique fait divers sert de toile de fond du roman de Jean-Pierre Milovanoff. Le héros et narrateur, Théo, un jeune garçon, n'a pas conscience du drame qui se joue derrière les murs des rues parisiennes qu'il arpente quotidiennement pour passer le temps. Il va à la piscine, achète une glace, boit une limonade dans un café. Il remarque le ballet incessant des ambulances du samu et des corbillards des pompes funèbres, mais sans en mesurer véritablement les conséquences. Il profite de cet été quasi solitaire car sa mère, d'origine africaine, est infirmière à l'hôpital. Son service, déjà en effectif réduit pour cause de vacances, se retrouve débordé par cet afflux de malades, puis de morts. Elle multiplie les remplacements, double ses services, s'épuise silencieusement à la tâche.

Détrousseur de logements vides
Mais l'été 2003, pour Théo, restera celui de sa rencontre avec Rico, « Le visiteur aveugle » qui donne son titre au roman. Il le croise une première fois dans le hall de son immeuble en train de déchiffrer un nom sur les boîtes aux lettres. « Costume clair, feutre d'un jaune proche du marron, sandales de cuir. Il tenait un stylo à bille dans la main droite. J'eus le temps de voir qu'il était en train de noter l'étage et le numéro d'un appartement sur la paume de son autre main. Il était grand, mince, d'allure sportive, avec des joues creuses et un nez de boxeur. Son visage aux pommette dures souriait dans le vide. » Le fameux Rico cherche le petit appartement d'une certaine Madame Roseland. Une de ses vieilles amies qui vient de mourir. Seule, dans sa bonbonnière entourée de ses souvenirs d'ancienne reine de l'Alcazar. Théo le conduit au 6e étage et l'aide à entrer dans ces pièces sentant le renfermé. Comme fasciné par cet homme étrange, le gamin l'écoute raconter la vie de cette femme, adulée puis oubliée de tous. Comme une métaphore de toute vie humaine faite de hauts et de bas.
Cela n'empêche pas Théo de comprendre que Rico ne connaissait pas véritablement Mme Roseland. Et que son pèlerinage est très intéressé. Rico est un simple voleur, un aigrefin : « Il tira de la poche intérieure de son veston une lame dentelée, à peine plus grande qu'une lime à ongles. Il la porta devant ses yeux, souffla dessus puis la glissa dans le premier tiroir du secrétaire qui s'ouvrit aussi bien que s'il avait tourné la clé. » Et l'enfant de se retrouver complice d'un cambrioleur...
Le roman de Jean-Pierre Milovanoff va cependant beaucoup plus loin que cette simple relation coupable. Il revient sur ce drame sanitaire décrivant Paris sous un jour nouveau. « On respirait difficilement dans les appartements étroits et mal aérés. A midi, les avenues et les boulevards désertés diffusaient une chaleur de four le long des façades. Les trottoirs étaient brûlants. Les rideaux de fer des petits commerces fermés faisaient mal aux yeux. La circulation était fluide. Peu de taxis. Rares autobus. Seules les ambulances circulaient normalement, c'est à dire vite, dans des directions différentes. » Enfin le texte apporte un éclairage plus universel sur l'enfance, la difficulté d'exprimer l'amour que l'on porte à ses parents, du complexe détachement de sa famille. Une écriture lumineuse, comme un beau jour d'été, chaud mais pas caniculaire.
Michel LITOUT
« Le visiteur aveugle », Jean-Pierre Milovanoff, Grasset, 14 €



samedi 26 avril 2014

BD : Belle Deuche en folie chez Bamboo


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Qui n'est jamais monté dans une deux-chevaux ne peut pas comprendre cette BD lancée par Achdé en 2000 et reprise par Rudy. La petite voiture de Citroën, est un poème à elle toute seule. Du bruit du moteur aux portières s'ouvrant à l'envers en passant par le levier de vitesse sur le tableau de bord et les amortisseurs d'une souplesse à toute épreuve, la Deuche est devenue un objet de collection très recherché. M. Lerbag fait partie de ces cinglés capables de rêver à leur voiture au lieu de leur femme, même de se relever la nuit pour la recouvrir d'une couverture en cas de gelée nocturne (la voiture, pas la femme...). Sûr que la Deuche n'a rien à voir avec les caisses des pros du tuning. Pas de clinquant dans la carrosserie aussi résistante que du carton, juste du pratique et du léger. Tout terrain avant l'heure, économe comme jamais : la deux-chevaux sur bien des points était révolutionnaire. Aujourd'hui c'est juste une voiture sympathique, source inépuisable de gags pour des auteurs qui connaissent leur Citroën sur le bout des doigts.

« Les damnés de la route » (tome 8), Bamboo, 10,60 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Photos ratées et exercice de style

Je ne vais pas vous mentir, même si je suis persuadé du contraire, je ne suis pas un bon photographe. Déjà du temps de l'argentique, quand j'appuyais sur le déclencheur, j'étais certain que ce qui serait quelques heures plus tard sur papier serait 1 : net, 2 : bien cadré et 3 : joli. Dans la réalité, arriver à avoir bon à un des trois points relevait carrément de l'exploit...
L'arrivée du numérique aurait dû me simplifier la vie. Non, car j'ai un véritable don pour rater mes photos. Et j'ai beau en faire des centaines, jamais au grand jamais ce ne sera ce que j'attendais.
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Pourtant une photo ratée peut rapporter gros. En ce moment, une marque de smartphone, pour lancer la 5e version de son modèle vedette, organise un concours sur Twitter. Publiez une de vos réalisations bien foireuse (bougé, flou, tête coupée, yeux fermés...) accompagné du mot-dièse #FailNoMore et vous pourrez remporter le fameux téléphone. J'ai regardé quelques contributions. Pas une ne m'arrive à la cheville.
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Exceptés peut-être les clichés de Paris au petit matin postés quotidiennement par Pascale Clark. La journaliste de France Inter shoote les rues de la capitale depuis son taxi. Déjà passablement flous, les clichés sont en plus passés dans un filtre Instagram. Il n'en fallait pas plus pour qu'un galeriste parisien s'y intéresse et expose la série. Beaucoup se sont moqués du résultat, summum de la gloriole bobo. Une grande voix ne fait pas de grandes photos. La preuve en images. Toujours ce fossé entre l'intention et la réalisation. A savoir le talent.

vendredi 25 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Les bons mots du CV

La crise sur le marché de l'emploi provoque un afflux de CV chez les directeurs de ressources humaines des entreprises. Voilà un métier bien ingrat. Quand il ne s'agit pas de licencier quelques branches mortes, il faut éliminer 100 candidatures pour n'en retenir qu'une.
Alors pragmatiquement, les recruteurs s'aident de codes pour séparer le bon grain de l'ivraie. Une enquête menée par CareerBuilder, « leader mondial des solutions globales de recrutement » dévoile les meilleurs (et les pires) mots qui figurent dans la prose d'une candidature. Dans la liste des faux amis, l'expression tabou suprême reste « le meilleur » suivi par « un battant ». Même si vous pensez raisonnablement que c'est vrai, il ne faut pas dire que vous êtes supérieur aux autres. Evitez aussi les clichés comme « sortir des sentiers battus », « fin stratège » ou le repoussant « proactif ».
A l'inverse, vous mettez toutes les chances de votre côté en glissant quatre mots magiques dans votre lettre de motivation. Dans l'absurde cela peut donner « J'ai 'obtenu' mon diplôme 'amélioré' d'une option parachutisme après avoir 'formé' mon neveu et 'managé' ma petite sœur. » C'est débile, mais imparable d'après CareerBuilder.
L'enquête est cependant sujette à caution car je n'ai trouvé nulle part la phrase magique qui en France, depuis toujours, assure une embauche quasi immédiate : « Je suis le fils de... » Mais, où ai-je la tête ? Généralement, ce genre de candidat n'a même pas besoin de passer par la case CV pour prendre la place de gens pourtant plus compétents.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Machination infernale dans la suite du "Pouvoir des innocents"

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« Le Pouvoir des innocents » de Brunschwig (scénario) et Hirn (dessin) est un des grands succès de la BD moderne des années 90. Les cinq premiers tomes sont parus chez Delcourt. La suite a migré vers Futuropolis. Hirn a laissé le pinceau à Nouhaud. On retrouve les différents protagonistes de ce complot six mois après l'attentat qui a endeuillé la fin de l'élection municipale de New York. La réformatrice Jessica Ruppert, contre toute attente, a été élue. Le présumé terroriste, Joshua Logan, est toujours en fuite. Il décide de se rendre en clamant son innocence. Selon lui, l'attentat n'est qu'une machination pour permettre l'élection de Jessica. On suit dans le second tome les doutes et découvertes de Cyrus, l'avocat de Logan. Noir et gay, Cyrus doit subir les attaques de sa communauté. Il finit même à l'hôpital après un passage à tabac. C'est de son lit de souffrance qu'il va rechercher la vérité. Passionnante, cette série, après la claque du premier cycle, parvient encore à nous tenir en haleine. Le scénariste est de la race des très grands. Il fait de la BD mais risque, s'il continue à être aussi brillant, être remarqué par le cinéma. Américain, évidemment...

« Le pouvoir des innocents » (cycle 2, tome2), Futuropolis, 13 €

jeudi 24 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : La vérité des visages dans l'affaire DSK

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Mardi soir, sur France 2, pour la première fois Anne Sinclair s'exprimait sur l'affaire DSK. « Non je n'y ai jamais cru, je ne le crois pas et je sais que ce n'est pas le cas », a-t-elle répondu à Laurent Delahousse sur le fait que son mari aurait violé Nafissatou Diallo.
L'émission a obtenu une très bonne audience, plus de 5 millions de téléspectateurs. Face à l'intervieweur, elle est revenue sur l'affaire en toute franchise, sans occulter le moindre fait. Cette confession fait déjà partie des grands moments de télévision, comme l'intervention de DSK au journal de Claire Chazal à son retour en France. Une séquence décortiquée pour le Figaro par Stephen Bunard, célèbre synergologue, discipline qui permet « d'appréhender le fonctionnement de l'esprit humain à partir de la structure de son langage corporel ». Il arrive à la conclusion qu'Anne Sinclair « veut nous convaincre de ce dont elle s'est convaincue. » Il étaye sa démonstration : « Les clignements de paupières sont plus rapides : effet du stress qui tend à remettre en cause le propos tenu ». Quand ses deux yeux s'écarquillent, elle « doute de sa capacité à susciter l'adhésion. Elle force donc l'attention de l'autre. »
La technique de Stephen Bunard fait penser à celle du héros de l'excellente série « Lie to me ». Tim Roth y interprète un médecin capable de détecter un mensonge juste en regardant le visage de son interlocuteur. Ses déductions sont souvent illustrées d'archives (Nixon avant le Watergate par exemple). Les confessions d'Anne Sinclair ou de DSK pourront y être intégrées sans problème.

Générique Lie To Me saison 2 par Mathiinho

Cinéma : 96 heures de garde à vue inversée entre Lanvin et Arestrup

Un flic, Gérard Lanvin, se retrouve en garde à vue durant 96 heures. Pour l’interroger, son pire ennemi, un truand, Niels Arestrup, récemment évadé.
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Dans la catégorie des thrillers ou films policiers il y a les « agités » (course-poursuite, fusillades...) et les « cérébraux » (personnages complexes, intrigue à tiroirs...) « 96 heures » de Frédéric Schoendoerffer joue clairement dans la seconde catégorie. Avec une réussite certaine. Il est vrai que dans le genre “duel de personnalités”, l’affrontement entre Gérard Lanvin, le flic pris au piège, et Niels Arestrup, le truand qui n’a plus rien à perdre, on atteint des sommets de tension. Au final le spectateur passe 96 minutes scotché dans son fauteuil, pris dans ce face-à-face qui fait parfois penser à certaines légendes du cinéma français, de Garde-à-vue (Ventura/Serrault) aux Granges brûlées (Delon/Signoret).

La notion de course contre le temps est omniprésente tout au long de ce film. Avec quelques symboles évidents comme cette montre qui passe de main en main ou la reproduction du tableau de Dali, les montres molles, dans la luxueuse villa utilisée comme décor de l’affrontement en huis clos.
Carré, le patron de la BRB (Brigade de répression du banditisme) tombe dans un guet-apens au petit matin. Deux hommes s’introduisent chez lui et prennent sa femme en otage. Elle aura la vie sauve s’il collabore. Son contrat est simple : il doit faire sortir Kancel de prison à la faveur d’une fausse extraction. Kancel est une vieille connaissance de Carré. Il y a trois ans, c’est lui qui l’a interpellé en plein casse. Une action d’éclat qui a permis à Carré de prendre du galon. Kancel, dans sa cellule, a mis au point cette évasion avec un seul but : savoir qui l’a balancé. Et aussi récupérer les millions qu’il est parvenu à mettre en lieu sûr avant de se faire prendre.
Menotté dans la cave
Une fois libre, le truand, interprété par un Niels Arestrup, abonné aux rôles de dur après son triomphe dans « Un prophète », va se mettre dans la peau du flic pour soutirer le renseignement du suspect. Menotté dans une cave, surveillé en permanence, aveuglé par un spot, Carré va devoir se mettre dans la peau du coupable qui ne peut pas avouer.
Véritable morceau de bravoure, l’opposition entre ces « deux grands acteurs », de l’aveu même du réalisateur, porte ce film de bout en bout. Il y a bien quelques interventions extérieures pour faire avancer l’action (Sylvie Testud en policière tenace qui cherche son patron, Laura Smet la fille de Kancel), mais elles sont juste là pour couper ces longs plans séquences entre un homme piégé et son geôlier implacable.
Quant à savoir qui a donné Kancel et où sont les millions, il faut patienter durant plus de 90 minutes pour avoir les réponses. Ou du moins, croire savoir. C’est aussi le message du film : il faut se méfier des apparences et ne jamais céder aux tentations du manichéisme.
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Gérard Lanvin, l'exigence de l'excellence

96 heures, thriller, lanvin, arestrup, testud, smet, Schoendoerffer Grande gueule assumée, Gérard Lanvin fait plus que se bonifier avec l’âge. Cet ancien du Splendid (il fait encore aujourd’hui souvent référence à Coluche) aime les rôles forts. Encore plus quand il peut y apporter sa touche personnelle. Quand il reçoit le scénario de « 96 heures » il s’imagine immédiatement dans la peau de ce flic à la vie personnelle compliquée et secrète. Le tournage dans la villa isolée en forme de bateau, s’est passé dans une ambiance très studieuse. Gérard Lanvin, lors de la présentation du film aux Rencontres cinématographiques d’Avignon a salué l’attitude de l’équipe technique. « Pour tourner ce film, il fallait que l’ambiance soir lourde, sinon cela ne marchait pas. Les techniciens l’ont parfaitement compris. Il faut que le climat soit pesant dans ce genre de film. »

Pour Niels Arestrup ces scènes d’affrontement purement intellectuel « ont nécessité une sacrée concentration. C’était même un peu oppressant. Gérard et moi ce n’est pas qu’on se parlait mais sans doute qu’on essayait de préserver quelque chose de manière inconsciente, une étrangeté de l’autre. » Le résultat est très probant. Malgré des contraintes énormes, Gérard Lanvin passant près de la moitié du film menotté à un lit métallique au fond d’une cave. Le genre de défi physique qui motive encore plus un acteur toujours aussi méticuleux dans les choix de ses rôles.



DE CHOSES ET D'AUTRES : Numéro à vendre, œuvre d'art en construction

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Pas content Benoist Apparu. Ancien secrétaire d'État au logement, député et maire de la ville de Châlons-en-Champagne, il se retrouve au centre d'une performance d'artistes locaux, à l'insu de son plein gré.
Les trois artistes, Laurent Boijeot, Sébastien Renauld et Nicolas Turon prennent le politique au mot quand il souhaite, durant la campagne des municipales, « remettre un peu de folie en centre-ville ». Ils impriment des dizaines de panneaux indiquant « A vendre » avec le nom de la société Châlons-Immo et un numéro de téléphone à contacter. Ils les accrochent au hasard, sur des balcons, des grilles et des portes un peu partout dans Reims. C'est tellement bien imité que des centaines de personnes téléphonent pour se renseigner.
Problème, le numéro noté est celui du portable du maire de Châlons qui est rapidement submergé d'appels. Le happening est certes original, mais pas sans conséquence. Benoist Apparu a porté plainte pour violation de vie privée (il a dû changer de ligne) et le parquet a ouvert une enquête.
La police n'aura pas trop à chercher puisque les artistes expliquent leur démarche sur leur site, photos d'installation des panneaux à la clé. Ils n'en sont pas à leur premier coup politique. En janvier, ils ont imprimé et distribué 20 000 tracts annonçant la candidature d'André Rossinot et Jean-Marie Raucsh, anciens maires de Nancy et Reims. La justification de cette démarche : « 200 000 spectateurs, 24 heures d'émotions, enfin du spectacle de rue vivant. » Alors, c'est de l'art ou un tour de cochon ?

mercredi 23 avril 2014

Cinéma : L'écologisme version radicale dans "Night Moves" de Kelly Reichardt

Certains écologistes américains se radicalisent. Récit d'une dérive dans Night Moves.
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Dakota Fanning, Jesse Eisenberg et Peter Sarsgaard en plein repérage au bord du lac, lieu de l'attentat.

L'agriculture biologique n'est pas une spécialisation française comme on pourrait parfois le croire. Aux USA aussi il existe des fermes communautaires qui mettent en avant les circuits courts. Josh (Jesse Eisenberg), jeune écologiste, a choisi ce mode de vie. Il travaille dans une exploitation dans l'Oregon, aux nord-ouest du pays. A son petit niveau, il tente de changer les mentalités. Problème, c'est lent, très lent. Et même si une somme de petits projets ont parfois plus d'incidence qu'un gros très médiatique, il cède à la tentation du coup d'éclat. Le film Night Moves de Kelly Reichardt raconte cette prise de conscience, le moment de la décision et l'exécution. Ses dommages collatéraux aussi...


Avec Dena (Dakota Fanning), ils se font passer pour le couple de jeune Américain de base qui veut sa part de rêve. El l'occurrence un hors bord pour faire du ski nautique sur les lacs de la région. Ils achètent le « Night Moves » (Virées nocturnes) en liquide et le rapatrient chez Harmon (Peter Sarsgaard) le troisième larron du petit commando. Il vit dans un mobil-home loin dans la forêt. L'endroit idéal pour préparer le bateau. Le bourrer d'engrais agricole, y glisser trois bâtons de dynamite pour le transformer en bombe flottante. Placé au pied d'un barrage, il détruira cet édifice qui fait des ravages dans la population des saumons.

Action et conséquences
Dans un quasi silence sépulcral, les trois complices travaillent d'arrache-pied pour boucler l'attentat en un week-end. Ainsi le lundi ils retournent tous travailler comme si de rien n'était et s'engagent à ne plus se recontacter. La réalisatrice par de petites touches permet de mieux cerner les trois personnages principaux. Josh, silencieux, torturé, semble le plus déterminé. Le plus insensible aussi, comme si tout était joué d'avance. Dena, le maillon faible, est la bâilleuse de fonds. C'est elle qui achète le bateau et l'engrais. Elle semble résignée. Même avec un barrage en moins elle sait parfaitement que dans 40 ans 90 % des poissons auront disparu par la folie des hommes. Elle sait que l'attentat est inutile, mais elle se sent obligée d'agir. Harmon, ancien marine, est le technicien de l'opération. Dose les explosifs et prépare le détonateur. Son activisme ne l'empêche pas de profiter de la vie. Avec un réel détachement, sans parti pris ni jugement, le film raconte minutieusement avant, pendant et après l'explosion. Un thriller repeint en vert, avec une touche de noir, la mort d'un campeur pris dans les eaux en furie. Une vie humaine, est-ce le minimum du prix à payer ? La belle union des trois va se fissurer avec ce dommage collatéral. La suite du film sera encore plus pessimiste que le début montrant une planète en totale déconfiture.




mardi 22 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mme Irma va twitter

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Encore une étude sur les réseaux sociaux qui fait causer. Après un long travail de recherche et de recoupements, l'université de Virginie aux USA prétend que "l'analyse de tweets géolocalisés permet de prédire 19 à 25 formes de criminalité, en particulier le harcèlement, le vol et certains types d'agressions." Twitter mieux qu'une boule de cristal !
Et les scientifiques de citer cet exemple : si quelqu'un tweete "Je vais me saouler ce soir" et que de nombreuses personnes disent la même chose, il est probable que certaines formes d'infractions associées à l'alcool auront lieu. Terminées les patrouilles de police au hasard dans les rues, il suffit de se connecter sur le réseau social et d'attendre les "signaux" lancés par ces idiots de délinquants.



Une nouvelle catégorie de voyantes ou de marabouts s'engouffreront à coup sûr dans le créneau. Mme Irma 2.0 prédit votre avenir par simple analyse de vos tweets.
Une technique que l'on peut même s'auto-administrer. Le 22 mars 2012, je prenais en photo le compteur de "mon vieux scooter qui aime les comptes ronds" (22 222 km). 22 mois plus tard, je tombe en panne...

Avec un peu de déduction, les messages peuvent se lire à plusieurs niveaux. Quand Nadine Morano poste un selfie pris au Sénégal, je devine le gros coup de soleil à venir. Le tweet de Valérie Trierweiler sur La Rochelle annonçait, deux ans à l'avance, la rupture avec François Hollande et le retour de Ségolène Royal au gouvernement.
Sur ce, je vous laisse. Je vais twitter que j'aimerais gagner au Loto. Ça coûte rien d'y croire...
Chronique "De choses et d'autres" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Apprenti pirate à bord du Bohemian Galion

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Pour devenir pirate, rien ne vaut l'apprentissage sur le tas. Stan, fils de John-Balthazar Black, terreur de toutes les mers, a tout à apprendre. Son père avait l'intention de le prendre en main mais un imprévu l'en empêche. Black meurt prématurément. La veuve, pour que la volonté de son redoutable défunt mari soit exaucée, décide de mettre en jeu son navire, le Bohemian Galion. Beau parleur et grand mythomane, Issak Red remporte le gros lot. Il est donc chargé de former le jeune Stan. Pour le galion, il devra attendre une année que l'ado soit devenu, comme son père, la terreur des mers. Et il y a du boulot car à la moindre contrariété ou forte émotion, Stan a la fâcheuse habitude de tourner de l'œil, voire de vomir tripes et boyaux. Thomas Labourot est au dessin de cette série résolument comique avec cependant un soupçon de fantastique. Principal ressort comique imaginé par le scénariste Maxe L'Hermenier la confrontation entre Stan et la belle et impétueuse Eloïse. Cette BD ne révolutionne pas le genre mais a de sérieux atouts pour plaire à une large majorité d'amateurs de détente sans prise de tête.

« Bohemian Galion » (tome 1), Jungle, 9,95 €

lundi 21 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'illusion Kepler-186f

Kepler-186f, nasa, exoplanète, lamquet
La semaine dernière une information a fait rêver des millions de personnes. La NASA découvre l'existence de Kepler-186f, une exoplanète située à un peu moins de 500 années lumière de la Terre. Elle a de quoi faire fantasmer, même dimension, même température. Quasi une jumelle, gravitant autour d'un petit Soleil. Toutes les conditions sont réunies pour l'éclosion de la vie comme sur notre bon vieux globe terrestre. Les chercheurs tentent de vulgariser leurs méthodes de recherche et la NASA diffuse une superbe représentation de la planète en question. On se croirait presque au début d'Avatar, le film de James Cameron. C'est d'ailleurs peut-être le même artiste qui a "imaginé" Kepler.
Car les scientifiques sont formels, si la taille et l'orbite sont connues, la masse et la composition sont encore du domaine de l'extrapolation. Il n'existe pas d'image de Kepler. Les télescopes ne la voient pas, ils déduisent simplement qu'elle existe en détectant "les effets induits (baisse de la luminosité de l'étoile devant laquelle elle passe, oscillations qu'elle engendre etc..)" Cette petite mise au point, je l'ai découverte sur le profil Facebook de Chris Lamquet. Non, il ne travaille pas pour la NASA ni le CNRS. Mais il sait de quoi il parle : Lamquet est un talentueux auteur de bande dessinée belge spécialisé dans la science-fiction.
Donc la belle l'image de Kepler-186f est un attrape-nigaud. Nécessaire cependant pour imager la découverte tant le concept d'espace infini est inaccessible au commun des mortels.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

BD : Vite, toujours plus vite dans "Paci" de Vincent Perriot


Paci, Merlet, Pierrot, dargaud, pacifique
Vous ne verrez pas Pacifique, dit Paci, en short. Normal, il n'a pas spécialement envie que tout le monde voit le bracelet électronique symbole de sa fragile liberté conditionnelle. En attendant d'en être totalement débarrassé, il est conducteur d'engin sur un chantier. Conduire cela le connaît. Avant de passer quelques années derrière les barreaux, au volant, il était le meilleur dans sa spécialité : le go fast. Aujourd'hui il veut tirer un trait définitif sur cette période de sa vie et comme il le dit froidement au juge d'application des peines, « je veux trouver un travail qui me permettra juste de bien dormir ». Ce n'est pas l'avis de ses associés qui viennent lui proposent un nouveau coup. Pas évident de rester dans le droit chemin... Ce polar nerveux, mené à 100 à l'heure, est écrit et dessiné par Vincent Perriot avec une mise en couleurs d'Isabelle Merlet. Paci, grand Noir au torse recouvert de tatouages tribaux, est en fait un sage dans une jungle urbaine. Placide dans l'adversité, il semble avoir déjà tout vu, tout subi. La série est prévue en trois tomes. Les deux suivants seront publiés avant la fin de l'année. Vite, toujours plus vite...
« Paci » (Tome 1), Dargaud, 16,95 euros

samedi 19 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Âne au volant

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Gros bouchon, hier, sur la RD 673 entre Dampierre et Saint-Vit dans le Jura. La cause ? Une charrette tirée par un âne… Il ne divague pas seul. Son propriétaire l'accompagne. Un artisan, Benjamin Converset de son nom, organise en fait une opération escargot (opération âne aurait été plus juste) contre le problème des retraits de permis. L'artisan vient de perdre ses derniers points. Plus de permis, donc plus de voiture pour se déplacer. Réponse du Jurassien : utiliser une charrette avec un âne. Une grande pancarte explique sa démarche "Je n'ai plus de points, donc plus de permis, mais je dois aller travailler, désolé pour le dérangement". Une telle initiative a bien évidemment remporté un beau succès sur les réseaux sociaux. Tout ce qui touche à la route (et par ricochet aux voitures) interpelle.
ane, auto, voiture, vitesse, points, pierrot, zygo, gendarme pisseurComme le faux radar et le "gendarme pisseur" de Pierrot Le Zygo installé devant chez lui à Lodève dans l'Hérault. Il réclame des ralentisseurs. Sans réponse des autorités, il installe ces figures en carton et immédiatement tout le monde lève le pied… Mais comme il a croqué le gendarme dans ce qu'il considère comme leur sport de prédilection, le "laisser pisser", la maréchaussée déboulonne l'ensemble. Pierrot, qui a de la suite dans les idées, en installe une nouvelle. Un livreur de pizzas cette fois.
Ces initiatives seront peut-être débattues ce soir au cinéma Castillet à Perpignan à la présentation du documentaire "Tout est permis" de Coline Serreau  sur les stages de récupération de points du permis de conduire. Les propriétaires d'ânes sont les bienvenus.

vendredi 18 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Des œufs, une cloche

milo moiré, oeuf, cloche, paques, art, cologne, plopegg
Nous avons tous des souvenirs de chasse à l'œuf les matins de Pâques. Peut-être est-ce la proximité avec le week-end pascal qui a donné l'idée de sa performance à Milo Moiré, une artiste suisse de 31 ans.
Intitulé "PlopEgg#1", son happening s'est déroulé en début de semaine sur le parvis de l'immense bâtiment accueillant la foire d'art contemporain de Cologne en Allemagne. Entièrement nue (c'est sa marque de fabrique, sa signature artistique...) elle peint une toile avec des œufs de couleur. Pour être sûre d'être remarquée (la nudité ne semble plus être un critère suffisant pour attirer les regards), elle utilise une technique très particulière. Et d'expliquer le plus sérieusement du monde que "pour créer, j'utilise la source originale de la féminité : mon vagin." Juchée sur une échelle, dissimulée derrière un drap blanc, elle "prépare" sa couleur. Puis se place, jambes écartées, au-dessus de la toile posée à plat et "pond" un œuf qui, en éclatant, répand ses nuances.
L'opération est répétée une dizaine de fois et produit un galimatias multicolore. Au final, Milo Moiré plie la toile en deux pour obtenir une forme du genre test de Rorschach. Le résultat ressemble étonnamment à la représentation schématique de l'appareil génital féminin.
Milo Moiré a déjà fait parler d'elle quand elle s'est promenée dans le tram entièrement nue. Elle s'est également filmée, toujours nue, marchant de nuit dans une rue déserte recouverte de 40 cm de neige. Est-ce véritablement de l'art ? Je ne sais pas. Seule certitude : si Pâques est le jour des œufs... c'est aussi celui des cloches.
En bonus la vidéo de sa performance :

BD : Contrat rempli pour les "héritiers" de Jessica Blandy

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Gihef au scénario et Renaud au dessin poursuivent l'histoire de Jessica Blandy. La belle romancière imaginée par Dufaux n'intervient pas directement dans cette fausse suite. Le lecteur découvre en fait la cavale meurtrière de deux personnages secondaires de la série mère, le tueur Soldier Sun et sa fille Agripa. Après avoir semé quelques cadavres le long de ces routes américaines si inhumaines, ils se retrouvent dans un petit patelin au milieu du désert. Il y a un shérif ambitieux, quelques ploucs de bases, une riche propriétaire et des dizaines de crotales. Paradoxalement ce ne sont pas ces serpents à sonnettes les plus dangereux de l'histoire, même s'ils sont responsables de quelques morts dans d'atroces souffrances. Soldier Sun n'est pas là par hasard. Il a pour contrat d'éliminer la vieille et riche veuve. Il temporise. Pour se faire oublier. Et aussi car il fait un passage par son lit... Agripa, toujours aussi impulsive, précipite les choses. Cela donne un final dense et surprenant. Le contrat est doublement rempli. Pour les tueurs. Pour les auteurs aussi qui signent un diptyque tout à fait dans l'esprit de la série initiale.

« Crotales » (tome 2), Dupuis, 14,50 €

jeudi 17 avril 2014

Cinéma : La belle et les toiles du film "The Best Offer"

L'art et l'amour s'imbriquent à l'unisson dans The Best Offer, film italien de Giuseppe Tornatore.

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Brillant commissaire-priseur depuis des décennies, Virgil Oldman mène une vie quasi monacale. Seul l’art l’intéresse. Cet expert, capable de déceler d’un simple coup d’œil une imitation d’un original ne supporte plus le contact humain. Dans sa vaste maison, silencieuse et déserte, il a une armoire remplie de gants de toutes sortes. Jamais il n’en sort sans avoir auparavant protégé ses mains.


Les dix premières minutes du film de Giuseppe Tornatore montrent le quotidien de ce sexagénaire interprété par un Geoffrey Rush distingué et distant. À vrai dire, il n’est pas très sympathique. Il donne des ordres tranchants à son personnel, maltraite ses assistants, particulièrement les femmes.
Les femmes, il ne peut les voir qu’en peinture. Au propre. Derrière son armoire à gants, il a dissimulé l’entrée secrète de sa salle coffre-fort dans laquelle il accumule les chefs-d’œuvre. Des dizaines de toiles, exclusivement des portraits féminins d’une valeur inestimable.

Automate et faussaire
Ce n’est qu’une fois ce décor planté qu’intervient la mystérieuse Claire Ibbetson (Sylvia Hoeks) et que le film entraîne le spectateur dans un suspense digne des meilleurs thrillers. Mais tout en parlant d’art. Claire veut une estimation des meubles et œuvres d’art stockés dans sa villa. Cette jeune orpheline refuse de sortir de chez elle. Agoraphobe, elle reste cloîtrée dans sa chambre depuis près de 10 ans.
Virgil, intrigué, accepte de se déplacer. En découvrant un engrenage dans la cave, il flaire la trouvaille d’exception. Malgré les sautes d’humeur de la jeune fille, il insiste, notamment pour récupérer d’autres pièces de ce qui pourrait être les restes d’un automate de Vaucanson. Il confie les rouages à un jeune virtuose de la mécanique, Robert (Jim Sturgess). Virgil, tout en rêvant de l’automate, se passionne surtout pour la jeune propriétaire dont il n’a toujours pas vu le visage. Une obsession qui va tourner à l’amour fou. Il tente de la séduire, mais n’a aucune expérience. Il va demander des conseils à Robert, beau gosse qui collectionne les conquêtes. Un vieil homme sans expérience, une jeune femme timide à l’excès : l’histoire d’amour est improbable. Mais tel un dresseur qui apprivoise une bête sauvage, Virgil va gagner la confiance de Claire et même tenter de la soigner.
Loin de n'être qu'une histoire d’amour compliquée, le film de Giuseppe Tornatore parle aussi de contrefaçon et de l’art des faussaires. Ils sont partout et ont souvent le dernier mot.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Talking Angela, une chatte trop bavarde

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Rumeur un jour, rumeur toujours. Cette maxime est sans cesse vérifiée sur les réseaux sociaux. Il y a un an, Talking Angela, une application pour smartphone, était suspectée de servir de relais d'un dangereux pédophile. Malgré les démentis de la société et même de la police, la rumeur continue à se propager.
Alors qui est cette Angela avec qui des milliers de jeunes discutent tous les jours ? Une chatte blanche aux grands yeux bleus en amande. Quasiment une intelligence artificielle, très au point. Elle comprend ce qu'on lui dit et répond d'une douce voix féminine. Grâce à la caméra du smartphone, elle peut aussi voir vos expressions et réagir si vous riez ou pleurez. La faille viendrait de là. Les images ne resteraient pas dans l'appareil mais alimenteraient une vaste (et fantasmagorique) base de données dans laquelle les pédophiles se servent.
Le délire va encore plus loin. Certains utilisateurs font des captures d'écran d'Angela et croient apercevoir une ombre dans les yeux de la chatte, le visage du pédophile qui vous observe. D'autres prétendent qu'une fois l'appli installée, la caméra s'allume si l'on prononce le mot "Illuminati"... Illuminé toi-même !
Reste que certains blogueurs déconseillent "Angela Talking" mais pour d'autres raisons. C'est un piège à fric, certaines options sont payantes. Et puis comment interpréter cette récente évolution : "Nouvelle potion : Tu veux voir Angela rire et agir bêtement ? Donne-lui la nouvelle potion qui rend heureux." Je suis parano ou cela ressemble furieusement aux "cigarettes qui font rire (et planer)" ?

mercredi 16 avril 2014

Cinéma : Patrice Leconte fait une rechute de romantisme avec "Une promesse"

Si les histoires d'amour finissent toujours mal, encore faut-il qu'elles commencent. Dans Une promesse, film de Patrice Leconte, une femme et un homme n'osent pas se livrer.
Leconte, une promesse, zweig, madden, rebecca hall
« Quand j’ai lu le livre de Stefan Zweig sur les conseils de mon scénariste Jérôme Tonnerre, j’ai eu le sentiment de revenir à la maison, explique Patrice Leconte. J’avais sans doute un peu abandonné ce qui me plaît le plus au cinéma qui est de raconter les émotions, d’être en rythme avec les battements de cœur, de raconter des histoires d’amour. » Réaliser une comédie romantique en costumes, pas toujours très gaie, il faut oser en 2014. Mais pour Patrice Leconte, après s’être « un peu perdu » comme il le reconnaît bien volontiers, monter ce film c’était un peu comme retrouver les frissons de son premier long-métrage et surtout « de redécouvrir ce que j’aimais réellement faire. »


On retrouve donc un Leconte au cadrage soigneux et aux ambiances feutrées, celui de Monsieur Hire ou de la Veuve de Saint-Pierre. Un metteur en scène au plus près de ses acteurs, quasi fusionnel quand il s’agit de filmer les effleurements entre Richard Madden et Rebecca Hall.

Ménage à trois
L’action du film débute en 1912 en Allemagne. Une entreprise de fonderie dirigée par la main de fer de Karl Hoffmeister (Alan Rickman) embauche un jeune et brillant ingénieur, Friederich Zeitz (Richard Madden). Il gravit rapidement tous les échelons jusqu’à se retrouver secrétaire particulier du grand boss. Le patron, malade, ne peut plus venir à l’usine. Il demande donc à Friederich de servir de lien entre lui et l’entreprise. Chaque jour, le jeune homme se rend dans la belle demeure pour faire le point. C’est comme cela qu’il croise la jeune épouse de Karl, Lotte (Rebecca Hall). Tout est en place pour un ballet amoureux dangereux, encore plus risqué quand Friederich s’installe dans la maison pour être au plus près du jeune Otto, fils du couple dont il devient le précepteur.
Patrice Leconte filme avec une grâce et une sensualité l’attirance inexorable entre la mère et le jeune employé. Cela va de l’effleurement des mains sur les rampes d’escalier aux longues séquences sur la nuque de Rebecca Hall, d’une beauté époustouflante. Mais ils ne franchissent pas le pas. Elle veut rester fidèle.
Le mari, de plus en plus malade, n’est pas dupe. Il parvient à éloigner le prétendant en lui confiant une mission au Mexique. Les deux tourtereaux se feront la promesse de se donner l’un à l’autre au retour de cet exil forcé. Ils correspondent fiévreusement jusqu’à l’éclatement de la première guerre mondiale.
D’un romantisme exacerbé, ce film tourné en anglais, d’un grand classicisme, semble un peu décalé pour notre époque. Cet amour courtois datant d’un siècle semble daté. Mais c’est pourtant toute la beauté et le mystère de la naissance d’une relation amoureuse. « Une promesse » a le mérite de nous le rappeler à nous qui vivons en ces temps d’amourettes jetables.
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L'Europe à l'écran

Le film de Patrice Leconte est l'exemple de ce qui peut se faire de mieux en matière de coopération européenne. Le réalisateur français, adapte une nouvelle de l'Allemand Stefan Zweig. Le tournage se déroule en Belgique avec des acteurs anglais. C'est d'ailleurs dans la langue de Shakespeare que le film est diffusé en version originale. La décision de tourner en anglais s'est rapidement imposée à Patrice Leconte.
Leconte, une promesse, zweig, madden, rebecca hallSon casting permet de redécouvrir Rebecca Hall, une actrice anglaise qui a illuminé l'écran de « Vicky Cristina Barcelona » de Woody Allen, en concurrence avec Scarlett Johansson. Patrice Leconte a filmé sa beauté diaphane au plus près. Il excelle pour mettre en valeur les femmes sur la pellicule. C'était déjà le cas avec Anna Galiena dans « Le mari de la coiffeuse ». Rebecca Hall a aussi tourné dans de grosses productions américaines comme « Iron Man 3 » et « Transcendance », film de science-fiction avec Johnny Deep en juin sur les écrans.
Richard Madden, dans le rôle du jeune ingénieur, montre qu'il y a une vie après Game of Thrones. Interprète de Robb Stark, il a coupé barbe et laissé tomber la pelisse pour son premier grand rôle au cinéma. Il a un bel avenir en « beau gosse » puisqu'on le retrouvera en Prince Charmant dans « Cendrillon » de Kenneth Branagh annoncé début 2015.

mardi 15 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Le Big Bang de la Force

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Sheldon contre Dark Vador. Howard mieux que Yoda. Penny en compétition avec la princesse Leia. Les producteurs de la sitcom "The Big Bang Theory" viennent de signer un partenariat avec Georges Lucas. Un épisode de la saison en cours sera un hommage au monde de Star Wars. Diffusion prévue aux USA le 1er mai, soit trois jours avant la "Journée Star Wars" le 4. Le feuilleton de ces geeks hilarants a souvent fait référence aux films de Lucas, même si Sheldon ne jure que par Flash.
Howard est le seul à avoir eu la chance de faire un petit séjour dans l'espace. Il sera certainement le plus à même de manier les sabres lasers prêtés par les techniciens de Lucas Films. Certaines fuites distillées dans la presse spécialisée laissent entendre que Sheldon a des visions de son mentor (le professeur Proton) et se retrouve, tel Luke Skywalker, sur la planète Dagobah, ce monde lointain de marécages et de forêts qui a servi de refuge à Yoda pendant son exil. Une photo circule sur la toile où trois des comparses (Howard, Sheldon et Raj) arborent de magnifiques T-shirts aux couleurs de la saga interstellaire. Après le tournage en studio, les scènes sont retravaillées par l'équipe des effets spéciaux de Georges Lucas.
En mariant l'univers caustique et savant de la série emblématique des années 2000 avec le monde de Star Wars, nouvel évangile des années 80, le résultat risque d'offusquer quelques intégristes de la Force. Mais ne boudons pas notre plaisir, car ce sera épatant, je n'en doute pas une seconde.

BD : Police et magouille aux antipodes

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La Nouvelle-Zélande, ses moutons, ses rugbymen... sa violence. Petit pays aux antipodes de la France, il fascine Caryl Férey. L'écrivain français y a passé quelques années. Suffisamment pour s'imprégner de la culture maori et de la recracher dans un polar sombre et violent dans la Série Noire. Un roman adapté par Férey lui-même et dessiné par Camuncoli, un Italien qui n'a plus rien à prouver après avoir, notamment, signé quelques aventures de Spider-Man. Jack Kenu, flic à la criminelle d'Auckland, est chargé de l'enquête sur le meurtre d'une jeune maorie retrouvée la tête fracassée sur une plage fréquentée par des surfeurs. Il ne croit pas une seconde au crime d'un rôdeur. D'autant que la victime, non identifiée au début, se révèle être la fille du leader de l'opposition au Premier ministre conservateur. Dans le second tome de ce polar très noir, Jack tente de retrouver le dealer qui a vendu la drogue aux agresseurs, car avant d'être tuée, la victime a été violée. Agression filmée et utilisée pour déstabiliser le candidat. Jack sera aidé dans sa tache par Keni, son ancienne compagne et amie de la jeune fille assassinée. Ceux qui pensent que la vie aux antipodes peut être mieux que dans notre hémisphère nord seront dramatiquement déçus.

« Maori » (tome 2), Ankama, 14,90 €

lundi 14 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Wat out

wat, tf1, tuvalu, nom de domaineEn informatique et sur le net en général, il y a panne et panne. D'une utilisation très simple, les ordinateurs et le web sont, en fait, la somme d'une quantité astronomique de codes qui eux sont d'une extrême complexité.
Samedi et une partie d'hier, le site de vidéos en ligne du groupe TF1 tombe en panne. Wat.tv est aux abonnés absents. Exactement, un message indique "This domain name has expired". De nombreux internautes se moquent alors du groupe audiovisuel qui "oublie" de renouveler un contrat. "Petite erreur, grandes conséquences" titre le site spécialisé Numérama.
Samedi est un jour essentiel pour TF1 : le soir de son télé-crochet "The Voice". Outre l'audience générale, l'émission est une source de revenus importante en replay. Chaque morceau ou battle est rediffusé sur le site de TF1 via Wat.tv. Et avant chaque visionnage, l'internaute doit ingurgiter un ou deux spots de pub. Samedi, Wat.tv en berne, impossible de rediffuser des extraits. Des milliers de publicités non plus…
La panne touche également d'autres sites qui préfèrent Wat.tv à Dailymotion ou Youtube. La web série Noob, tournée en partie à Carcassonne, par exemple. Hier dimanche, en cours de matinée, tout revient dans l'ordre. Selon TF1, il ne s'agit pas d'une négligence de leur part. Juste d'une incompréhension avec le gestionnaire des noms de domaines. Il est vrai que le suffixe «.tv", pratique pour identifier un site vidéo, est en réalité réservé aux îles Tuvalu qui ont trouvé un excellent moyen de rentabiliser leur nom…
Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

Livre : Seattle sur crimes dans "13 jours" de Valentina Giambanco

Première enquête de l'inspectrice Alice Madison sous la plume de Valentina Giambanco, « 13 jours » est un thriller à mille lieues du manichéisme.

13 jours, seattle, alice madison, valentina Giambanco, albin michel, thrillerSi Valentina Giambanco, malgré son origine italienne plante le décor de son premier roman à Seattle dans le Nord-Ouest des États-Unis, elle est anglaise depuis près de 30 ans. Après avoir travaillé dans le cinéma, elle se lance dans l'écriture avec « 13 jours », thriller qui rencontre immédiatement, et à juste titre, un grand succès en Grande-Bretagne et dans une dizaine de pays. Tous les ingrédients sont réunis dans ces 500 pages, de l'héroïne au passé complexe aux « méchants » animés par des vengeances sans fin.
Après quelques scènes courtes pour planter le décor et présenter succinctement les différents protagonistes, le lecteur entre dans le cœur du sujet avec la découverte d'une famille assassinée chez elle, les Sinclair. C'est la femme de ménage qui prévient la police. « La chambre des parents, grande ouverte, lui révéla la scène : quatre corps alignés sur le lit -les deux garçons entre les deux adultes- figés dans une immobilité de pierre, les mains liées et les yeux dissimulés par un bandeau, appuyés contre les oreillers luisants de sang. » L'enquête est confiée à Brown, un vieux de la vieille et sa toute nouvelle équipière, Alice Madison qui vient de rejoindre la criminelle.

Deux suspects
Rapidement les analyses des scientifiques déterminent la méthode du tueur : une balle dans la tête pour l'épouse et les deux enfants, une mort plus lente pour le père, étouffé par une surdose de chloroforme. Surtout quelques brins d'ADN sont retrouvés dans les liens et une empreinte sur un verre. Une vieille connaissance de la police de Seattle refait son apparition : Cameron. Insaisissable depuis des années, il est suspecté de plusieurs meurtres. Sinclair est un ami d'enfance de Cameron. Adolescents, ils ont été brièvement kidnappés au bord d'un lac. A l'époque ils étaient trois. Cameron et Sinclair ont pu s'échapper. David, le troisième de la bande, n'a jamais été retrouvé. Les kidnappeurs non plus.
La jeune Alice, pour sa première grosse affaire, est scrutée par son coéquipier. Elle ne le sait pas, mais elle passe un test. Brown a toujours une longueur d'avance sur elle, expérience oblige. Mais à force de travail et de réflexion, elle va rapidement trouver ce qui cloche dans cette scène de crime. La piste Cameron est trop évidente. Et si tout n'était qu'une machination pour faire porter le chapeau à cet homme au passé trouble et aux mains tâchées de sang ? Et que veut dire l'inscription « 13 jours » tracée sur un mur de la chambre ?
Valentina Giambanco joue avec nos nerfs. Un autre suspect fait son apparition, Alice va le traquer. Cameron aussi. Il existe un contentieux entre les deux tueurs. Ils sont animés par un même but : solder les coups reçus dans leur enfance. Ce final à trois s'annonce sanglant. Pour preuve cet extrait, réflexion d'un des protagonistes : « Il finirait par le trouver. Il lui faudrait sans doute un peu de temps, mais quand il l'aurait en face de lui, il exigerait des réponses et lui accorderait en retour une fin rapide. Ce serait le seul geste de compassion qu'il aurait à son égard, et il savait déjà qu'il en tirerait une grande satisfaction. On ne peut pas ressusciter les morts, alors autant s'accorder quelques petits plaisirs. » Toute l'ambiance du roman est dans cette citation...
Michel LITOUT

« 13 jours » de Valentina Giambanco, Albin Michel, 22,50 €

dimanche 13 avril 2014

Cinéma : Les deux sœurs et les crocodiles

Un titre énigmatique, "Les yeux jaunes des crocodiles" pour un film sur la famille avec deux superbes actrices : Julie Depardieu et Emmanuelle Béart. 
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Quelle est la recette parfaite d'une bonne comédie ? Des dizaines de producteurs se sont cassé les dents sur cette énigme. Souvent, ils se rabattent sur des valeurs sûres. Comme les best-sellers. Ainsi, quand le roman de Katherine Pancol « Les yeux jaunes des crocodiles » a dépassé le million de ventes en 2006, quelques-uns se sont dit avec raison qu'il y avait là un filon. Claude Lelouch a été le plus rapide. Il acquiert les droits mais n'arrive pas à mettre le projet en place pour cause de surcharge de travail. Il cède finalement les droits à Manuel Munz qui au passage rafle également les deux suites de cette saga devenue entretemps un succès international.
Un bon bouquin donne-t-il un bon film ? Seconde interrogation pour l'équipe qui s'attelle à un projet délicat tant l'histoire de Jo et Iris, les deux sœurs que tout oppose, est déjà connue par nombre de personnes. Cécile Tellerman, réalisatrice de « Tout pour plaire » et de « J'ai quelques chose à te dire » a particulièrement soigné son casting. C'est d'ailleurs la plus belle réussite de ce long-métrage sans grande surprise (surtout si on a lu le livre avant...) mais au ton toujours très juste.


Le duo en opposition est donc composé de Julie Depardieu (Jo, la moche, la faible, la sans ambition, victime consentante) et Emmanuelle Béart (Iris, la sublime, la volontaire, prête à tout pour arriver à ses fins. Une différence amplifiée par la mère, vénérant Iris et dénigrant Jo. Problème : Jo possède le talent et l'imagination. Alors qu'Iris, après une carrière de cinéaste ratée, se pique d'écrire un roman mais n'arrive pas à en écrire le moindre mot. Jo accepte de servir de nègre à sa soeur en échange de quelques sous - son mari est parti élever des crocodiles avec une manucure en Afrique du Sud – et il faut bien payer les factures.
L'être et le paraître
Emmanuelle Béart en fait des tonnes (mais c'est justifié) dans l'abjection. Elle semble abonnée aux rôles de pestes absolues. Elle s'accapare avec gourmandise ce personnage excessif. Julie Depardieu, dont c'est le retour à la comédie, doit puiser davantage dans son expérience pour endosser la peau de cette paumée, sans confiance, tétanisée par la peur de blesser ses proches. Pour arbitrer le tout, deux rôles secondaires décisifs.
Philippe (Patrick Bruel) le mari d'Iris et Hortense (Alice Isaaz) la fille de Jo. Le premier, tout en retenue et jeu intérieur, apporte une étonnante sérénité au film. On devine qu'il ne laissera pas l'injustice perdurer, au risque de perdre l'amour de sa femme. Hortense, jeune écervelée, fascinée par les pauses et la richesse d'Iris, servira de déclencheur.
Fidèle au roman, le film de Cécile Tellerman, tout en étant ouvertement une comédie, apporte ce qu'il faut de gravité à une histoire éternelle de la lutte entre le vrai et le faux, le beau et le laid, l'être et le paraître.
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 Les mondes de Katherine Pancol

Phénomène d'édition, les romans de Katherine Pancol font partie des plus attendus par des milliers de lectrices. Après avoir raconté les déboires de Jo dans « Les Yeux jaunes des crocodiles », elle a poursuivi la saga avec « La valse lente des tortues » puis clôturé le tout dans « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ».
Dans le second, Hortense prend un peu plus d'importance, le mari de Jo semble revenir et Philippe, de son exil à Londres (grand avocat d'affaires dans un milieu richissime, il plaque tout pour vivre plus simplement qu'à Paris), en pince toujours pour la sœur de son ex-femme. Il est interprété par un Patrick Bruel à mille lieues du chanteur pour midinettes. Posé, réfléchi, à l'écoute : l'opposé complet du pied-noir démonstratif de certains de ses rôles au cinéma.
Lors de la présentation en avant-première des « Yeux jaunes des crocodiles » au Rencontres cinématographiques du Sud à Avignon, Patrick Bruel s'adresse à la salle « J'ai d'abord aimé ce personnage. Et puis pendant que j'ai tourné le film j'ai aimé cette personne. C'est un être très intéressant dans son désarroi. » Et de ne pas cacher son envie de savoir ce qu'il peut devenir dans une hypothétique suite encore tributaire de l'accueil du public.
Quant à Katherine Pancol, elle n'a pas complètement tourné la page. Dans son nouveau roman, « Muchachas » paru en mars chez Albin Michel, on retrouve la belle Hortense, devenue styliste, au bras de Gary, le fils de la meilleure amie de Jo...

BD : les vignes et les livres des Gens Honnêtes de Gibrat et Durieux


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En plein vignoble du Bordelais, une petite librairie vivote. Elle est tenue par Philippe Manche. Ce presque sexagénaire, ancien commercial, passé par la petite entreprise (coiffeur dans les TGV, thème du premier tome de la série), file le parfait amour à distance avec Camille. Mais comme la vie est souvent un gros tas de crottin, la belle le plaque temporairement pour se lancer dans un tour du monde. Seul (si l'on excepte sa mère, veuve qui vient de s'amouracher du maire du village), il déprime sérieux. Heureusement il peut compter sur Isabelle, l'opposante rebelle au notable, pour le distraire de son spleen et à Ducousso, un maçon taciturne qui aime qu'on lui fasse la lecture. Ce troisième tome du feuilleton écrit par Gibrat et dessiné par Durieux est d'une finesse étonnante. Personnages forts et entiers, petits secrets, rebondissements : tout y est pour transformer ces « Gens honnêtes » en vedettes d'une saga attachante.

« Les gens honnêtes » (tome 3), Dupuis, 15,50 €

samedi 12 avril 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Gras ou maigre ? La nouvelle lutte du bien contre le mal

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Le manichéisme passe aussi par votre assiette. La faute à certains nutritionnistes et prescripteurs de régime. Dans la nourriture également on rencontrerait le bien et le mal. Principal accusé en l'occurrence : le gras. Défenseur des causes perdues, j'adhèrerais bien à l'Amicale du gras (voir la rubrique C'est la vie du 10 avril) qui s'insurge contre ce dictat de l'allégé et du dégraissé (jambon, bouillon...).
Oui, « sans gras il n'y a pas de goût ! ». Qu'est-ce qui fait toute la saveur de roustes grillées au barbecue ou de saucisses qui pleurent sur la braise ? Enfant, j'ai longtemps cru qu'une viande persillée était accommodée... de persil. Quand j'ai découvert qu'en fait elle était « parsemée de filaments graisseux », j'en ai salivé pendant des heures. L'exact opposé des sensations gustatives provoquées par un steak haché estampillé « avec seulement 5 % de matières grasses ». Même saignant je lui trouve un goût et une consistance de carton...
Parfois la chasse au gras pousse aux pires extrémités. Sous prétexte qu'il s'y cache à profusion, il faudrait manger le poulet rôti sans sa peau croustillante. Autant le cuire au micro-ondes...
D'accord, comme tous les plaisirs qui s'offrent à nous sur cette terre, il ne faut pas abuser du gras. « A consommer avec modération » comme toute drogue qui se respecte. Mais comment imaginer le bannir complètement ? L'intégrisme culinaire de certains m'inciterait presque à prendre les armes. Un couteau de boucher. Bien pointu et tranchant. Si pratique pour enlever le gras superflu...
Chronique "De choses et d'autres" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant. 

Sortie DVD : Quand les étudiants de Cédric Klapisch vieillissent

"Casse-tête Chinois" est le troisième et ultime volet des aventures des étudiants de l'Auberge espagnole.

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Pour Cédric Klapisch, la boucle est bouclée. Quinze ans après « L'auberge espagnole », il met un point final aux pérégrinations sentimentales de Xavier (Romain Duris). Elles sont loin les années d'insouciance de la communauté Erasmus de Barcelone. Chacun a fait sa vie, avec des hauts et des bas. Xavier, à l'approche de la quarantaine, a la désagréable impression d'avoir tout raté. Pourtant il est devenu un écrivain reconnu et qui compte. Son prochain roman est très attendu. Il vit à Paris avec Wendy l'Anglaise (Kelly Reilly) avec laquelle il a deux beaux enfants.


Tout explose quand il accepte d'aider Isabelle (Cécile de France) à être enceinte. Rien de sexuel, simplement un don de sperme pour qu'elle et sa compagne Ju aient un enfant. Il est d'ailleurs prévu qu'elles partent s'installer à New York avant la naissance. C'est à New York aussi que Wendy rencontre un autre homme et annonce sans ménagement à Xavier qu'elle le quitte. Avec les enfants.
Un peu de drame dans une existence, pimente la vie. Mais là, c'est un peu trop pour Xavier. Alors 40 ans ou pas, il décide, comme dans sa jeunesse, de refaire son sac et s'installer à New York. L'aventure recommence. Certains ont estimé que ce troisième volet en était un de trop. Pas si évident que cela. Cédric Klapisch et ses acteurs fétiches avaient visiblement envie de se retrouver et de faire grandir leurs personnages. Xavier, notamment, a acquis une certaine assurance, bien utile quand il se retrouve face à ce « Casse-tête chinois » qui donne son nom au film.
Vous trouverez en bonus de ce DVD ou blu-ray édité par Studiocanal le making of où le réalisateur explique que « Mes films sont des villes » et un documentaire intitulé « Écrire est un casse-tête chinois ».