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vendredi 23 juin 2017

De choses et d'autres : Paris à l'espagnole


Je viens de passer trois jours à Paris. Bien choisi ma période moi... Trois jours totalement caniculaires, étouffants, avec alerte pollution à la clé. A la descente du TGV, mardi, j’ai eu des relents d’arrivées sous les tropiques, quand on ouvrait la porte de l’appareil et qu’une bouffée de chaleur enveloppait les pauvres touristes occidentaux peu habitués à de telles différences de températures. Un Paris presque équatorial. Et pas un brin de vent, ni tramontane, ni marinade qui rafraîchissent un peu en cas de fortes chaleurs. En surface le goudron fond. Mais le pire est au sous-sol, dans le métro qui prend des airs d’enfer. Dans les couloirs, ça va à peu près, mais dans les rames, notamment les plus anciennes totalement dépourvues de climatisation, c’est intenable. Et l’accessoire à la mode est l’éventail. La ligne 6 a des airs andalous. D’autant qu’un des buts de ma visite est de voir en avant-première « Que dios nos perdone », film de Rodrigo Sorogoyen (sortie en France le 9 août). Un thriller implacable sur le Madrid de 2011, entre viol de femmes âgées, visite du pape pour les JMJ et début de l’insurrection des Indignés. « Petit problème technique, prévient l’organisateur, il n’y a pas de climatisation dans la salle...» Normal, ce vieux cinéma de quartier, spacieux et au cachet certain, n’a pas anticipé le réchauffement climatique. Cela tombe bien finalement car le film se déroule l’été, en pleine canicule. On est plongé dans l’ambiance quand un des héros constate que « les gens sentent plus » (je confirme dans le métro). Et comme de nombreuses Espagnoles sont dans la salle, les éventails sont authentiques et maniés avec une grâce indéniable.
(Chronique parue le 23 juin 2017 en dernière page de l'Indépendant)

dimanche 27 avril 2014

Roman - Le voleur de la canicule

En pleine canicule de 2003, un jeune garçon découvre les pratiques d'un audacieux voleur malvoyant. Un conte moderne signé Jean-Pierre Milovanoff.


L'été 2003 restera pour toujours dans les mémoires comme celui de la canicule du siècle. Dans les grandes villes, Paris surtout, des centaines de personnes âgées sont mortes chez elles, dans une indifférence généralisée. Les morgues débordaient, pour parer au plus pressé, certains entrepôts frigorifiques de Rungis ont servi de chambre froide pour ces cadavres abandonnés de tous. 
Ce dramatique fait divers sert de toile de fond du roman de Jean-Pierre Milovanoff. Le héros et narrateur, Théo, un jeune garçon, n'a pas conscience du drame qui se joue derrière les murs des rues parisiennes qu'il arpente quotidiennement pour passer le temps. Il va à la piscine, achète une glace, boit une limonade dans un café. Il remarque le ballet incessant des ambulances du samu et des corbillards des pompes funèbres, mais sans en mesurer véritablement les conséquences. Il profite de cet été quasi solitaire car sa mère, d'origine africaine, est infirmière à l'hôpital. Son service, déjà en effectif réduit pour cause de vacances, se retrouve débordé par cet afflux de malades, puis de morts. Elle multiplie les remplacements, double ses services, s'épuise silencieusement à la tâche.

Détrousseur de logements vides
Mais l'été 2003, pour Théo, restera celui de sa rencontre avec Rico, « Le visiteur aveugle » qui donne son titre au roman. Il le croise une première fois dans le hall de son immeuble en train de déchiffrer un nom sur les boîtes aux lettres. « Costume clair, feutre d'un jaune proche du marron, sandales de cuir. Il tenait un stylo à bille dans la main droite. J'eus le temps de voir qu'il était en train de noter l'étage et le numéro d'un appartement sur la paume de son autre main. Il était grand, mince, d'allure sportive, avec des joues creuses et un nez de boxeur. Son visage aux pommette dures souriait dans le vide. » Le fameux Rico cherche le petit appartement d'une certaine Madame Roseland. Une de ses vieilles amies qui vient de mourir. Seule, dans sa bonbonnière entourée de ses souvenirs d'ancienne reine de l'Alcazar. Théo le conduit au 6e étage et l'aide à entrer dans ces pièces sentant le renfermé. Comme fasciné par cet homme étrange, le gamin l'écoute raconter la vie de cette femme, adulée puis oubliée de tous. Comme une métaphore de toute vie humaine faite de hauts et de bas.
Cela n'empêche pas Théo de comprendre que Rico ne connaissait pas véritablement Mme Roseland. Et que son pèlerinage est très intéressé. Rico est un simple voleur, un aigrefin : « Il tira de la poche intérieure de son veston une lame dentelée, à peine plus grande qu'une lime à ongles. Il la porta devant ses yeux, souffla dessus puis la glissa dans le premier tiroir du secrétaire qui s'ouvrit aussi bien que s'il avait tourné la clé. » Et l'enfant de se retrouver complice d'un cambrioleur...
Le roman de Jean-Pierre Milovanoff va cependant beaucoup plus loin que cette simple relation coupable. Il revient sur ce drame sanitaire décrivant Paris sous un jour nouveau. « On respirait difficilement dans les appartements étroits et mal aérés. A midi, les avenues et les boulevards désertés diffusaient une chaleur de four le long des façades. Les trottoirs étaient brûlants. Les rideaux de fer des petits commerces fermés faisaient mal aux yeux. La circulation était fluide. Peu de taxis. Rares autobus. Seules les ambulances circulaient normalement, c'est à dire vite, dans des directions différentes. » Enfin le texte apporte un éclairage plus universel sur l'enfance, la difficulté d'exprimer l'amour que l'on porte à ses parents, du complexe détachement de sa famille. Une écriture lumineuse, comme un beau jour d'été, chaud mais pas caniculaire.

« Le visiteur aveugle », Jean-Pierre Milovanoff, Grasset, 14 €




vendredi 3 mai 2013

BD - La Beauce brûlante du "Canicule" de Vautrin et Baru


Classique du roman noir, « Canicule » de Jean Vautrin est un texte lumineux sur le côté sombre de l'âme humaine. Rendu célèbre grâce à son adaptation au cinéma, le polar va gagner de nouveaux fans avec cette transcription ne BD par Baru

Dessinateur de la banlieue et des milieux ouvriers, Baru quitte son monde de prédilection pour la blondeur d'un été sur la Beauce. Au milieu des blés, dans un corps de ferme, l'arrivée d'un malfrat et de son butin va révolutionner la petite communauté. Le père sadique et autoritaire, l'oncle débile, la fille nymphomane, la mère aigrie : personne n'est normal. Chim, le gamin, battu, voit lui aussi l'arrivée du gangster américain comme une chance à ne pas rater. 
C'est noir, sans concession, vrai. Baru est fidèle à l'œuvre, éclaircissant ses couleurs directes pour mieux éblouir le lecteur.
« Canicule », Casterman, 18 €