dimanche 24 novembre 2019

BD - Mattéo et Jean-Pierre Gibrat sont de retour à Collioure




Entre la Catalogne et Jean-Pierre Gibrat, la belle histoire se prolonge. Dans sa série historique Mattéo, il a propulsé son héros en pleine guerre civile. Le cinquième tome vient de paraître, couvrant la période entre septembre 1936 et janvier 1939.
Dans la région, tout le monde sait ce qui s’est passé début 39. La Retirada a jeté sur les routes de l’exil des milliers de Républicains. Mattéo, à la fin de l’album, lui aussi devra fuir vers la France pour éviter le peloton d’exécution. Il arrivera à Collioure et découvrira « le fort, mais de l’intérieur. Pauvres perdants que nous étions ». 
Avant cet épilogue qui marque en fait le début d’un nouveau cycle pour une 6e époque, Mattéo va vivre la guerre de l’intérieur. Avec ses camarades anarchistes il occupe un village de Catalogne sud.



Les phalangistes sont à quelques kilomètres. Une sorte de guerre de position marquée par des escarmouches et des nouvelles, bonnes ou mauvaises en provenance du véritable front. Mattéo qui habite dans la grande maison du curé, vieil homme impotent qui n’aime pas les révolutionnaires, sans pour autant approuver les Franquistes. Avec Mattéo ils vont longuement discuter, donnant à l’album un ton plus philosophique. 

Amélie change

Reste que les fusils parlent souvent. Notamment lors de l’échange d’un jeune moine fasciste avec la belle Amélie. Amélie qui est en couverture de l’album, infirmière révolutionnaire qui décide d’apprendre à se servir d’un fusil. 


Longtemps captive, elle ne dira jamais rien sur son séjour en prison. Mais elle a changé, décidée de rendre coup pour coup. Avec Mattéo la relation est toujours aussi compliquée. Ils s’apprécient, mais sans aller plus loin.
Mattéo préfère passer ses nuits dans les bras de la blonde et fougueuse Aneshka. Même si Amélie reste pour notre héros « la femme d’à côté de ma vie ».
Ce nouvel album de Gibrat était très attendu. Il clôt le cycle espagnol de son personnage écorché vif et donne l’occasion au dessinateur de croquer en couleurs directes cette montagne catalane, ensoleillée en été, froide et recouverte de neige en hiver. Autant d’ambiances pour un album qui confirme l’extraordinaire talent de ce dessinateur, amoureux de Collioure et de la région. 



« Mattéo » (tome 5) Futuropolis, 17 €. Un tirage de tête grand format, numéroté et signé par l’auteur, sera mis en vente 160 € le 27 novembre.

vendredi 22 novembre 2019

DVD et Bluray - John Turturo dans les habits du Nom de la Rose 




Livre essentiel d’Umberto Ecco, film multiprimé de Jean-Jacques Annaud, Le nom de la Rose (Wild Side Vidéo) revient sur les écrans dans un format plus long. En 8 épisodes de 56 minutes, les spectateurs vont découvrir de nouvelles intrigues dans cette histoire palpitante. Et pour porter cette série internationale, c’est John Turturro, fidèle des frères Coen, qui endosse les habits de Guillaume de Baskerville.
Il entraîne dans son sillage le disciple Adso de Melk (Damian Hardung) et doit déjouer les complots et coups bas de Bernard Gui, interprété par Rupert Everett. 




Le coffret de quatre DVD est complété par un long documentaire de plus de 90 minutes pour tout savoir sur cette histoire devenue culte partout dans le monde.

jeudi 21 novembre 2019

DVD et Bluray - Hierro, poussière espagnole au large de l’Afrique 




Bienvenue à El Hierro, petite île des Canaries. Ce brin de terre volcanique, aux paysages à couper le souffle, est le théâtre d’une de ces séries qui allient intrigue policière et découverte d’une région. Hierro (Arte Vidéo), débute par la découverte d’un cadavre dans la mer. 

Fran, tout le monde le cherchait. Il devait se marier avec la fille de Diaz (Dario Grandinetti), un riche agriculteur de l’île, spécialiste de la banane. La toute nouvelle juge (Candela Pena) se charge de l’enquête. Ils vont jouer au chat et à la souris, la seconde suspectant le premier d’être le tueur. Il est vrai que Diaz, lui aussi un « étranger » comme la juge dans cette île très repliée sur elle-même, n’est pas exemplaire. Il a déjà fait de la prison et ne voyait pas d’un bon œil l’union de sa fille avec Fran.


*Personnages entiers, secrets bien cachés, tromperies et trafics en tout genre : Hierro des frères Coira se termine en apothéose avec la procession de la Bajada, spectaculaire fête religieuse qui n’a lieu que tous les 4 ans.

mercredi 20 novembre 2019

Cinéma - “Les éblouis”, la foi jusqu’à la folie


Premier film de Sarah Suco, actrice née à Montpellier et déjà vue dans Discount ou Place Publique, Les éblouis se base sur son expérience d’adolescente dans une communauté religieuse chrétienne. Endoctrinée par le Berger (Jean-Pierre Darroussin) de cette communauté, toute la famille de Camille (Céleste Brunnquell) va se couper du monde pour tout donner au Saint-Esprit.
Mais comment en est-elle arrivée là ? 




C’est toute la première partie du film. Les parents de Camille (Camille Cottin et Eric Caravaca) ont tout du couple éduqué et progressiste. Une famille aux origines chrétiennes oubliées. La mère, dépressive, comptable sans emploi, se sentant inutile en dehors de son rôle de mère de quatre enfants, va être la première à chercher du réconfort auprès de cette congrégation, mélange de prêtres, de sœurs et de familles. Le Berger l’accueille avec bienveillance.

Révélations

Dans son sillage, le père aussi se met à prier quotidiennement. Ils croient se trouver une seconde famille. À condition de faire quelques concessions. Ainsi plus question de voir les grands-parents, suspicieux et craignant une dérive sectaire de ces religieux pourtant tolérés et aidés par le Vatican. De même Camille doit abandonner son école de crique, avilissant pour le corps humain.
En quelques mois, résumés dans la première heure du film, toute la famille se plie aux injonctions du Berger qui a pris l’habitude d’entrer dans le réfectoire commun sous les bêlements de ses disciples. Des moutons, dénués de tout jugement personnel, corvéables à merci.  Seule Camille, adolescente en pleine découverte de son corps, de ses envies, va ruer dans les brancards. Notamment quand elle voit sa mère en transe en plein exorcisme du Berger.

Le film est plus qu’une charge contre ces sectes agissant presque à visage découvert. Il nous permet de comprendre comment ces experts en manipulation parviennent non seulement à s’approprier l’âme de ces hommes et femmes, mais aussi de tous leurs biens matériels. Car à la base, ce ne sont que des escrocs pour qui le bien de leurs disciples compte peu face à leur désir de domination et d’appropriation.
Une réalisation parfaite, avec deux révélations côté distribution. Tout d’abord la jeune Céleste Brunnquell, écorchée vive dans le rôle de Camille, justement sélectionnée dans la liste des révélations aux Césars 2020. Puis Camille Cottin, formidable comédienne prouvant film après film que son personnage de Connasse, s’il l’a fait connaître du grand public, n’était qu’une infime partie de son immense talent.
 


Film français de Sarah Suco avec Camille Cottin, Jean-Pierre Darroussin, Eric Caravaca et Céleste Brunnquell