vendredi 22 février 2013

Chronique : Boire la tasse sur TF1 avec Splash


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Ce soir, sur TF1, finale de Splash. Le prototype d'émission se prêtant au buzz sur internet grâce aux réseaux sociaux ou à un extrait vidéo détourné.
Le principe : demander à des célébrités (enfin, des people de seconde zone, les habitués de la Ferme et autre téléréalité un peu dégradante) de sauter dans une piscine depuis un plongeoir. Cela commence à 3 mètres pour aller jusqu'à 10. Un jury note et (surtout) le public vote à coup de SMS surtaxés.
Dans le genre « mieux disant culturel » TF1 n'est jamais allé aussi bas. Quelques professionnels s'offusquent, Mireille Dumas trouve l'émission « monstrueuse ».
Sur Twitter aussi les commentaires fusent. Très méchant pour Dédo : « Splash sur TF1 aurait vraiment pu être une excellente émission. Mais ils ont laissé l'eau dans la piscine. » Les tenues des plongeurs aussi sont source de tweets. Clément Lefert, médaillé olympique, fait sensation dans un « mini short moulant taille 12 ans ».
L'émission permet également de se rincer l'œil, même si l'on se serait passé d'entrevoir un quart du téton droit d'Eve Angeli...


Pour se montrer dans ce genre de show, il faut avoir les nerfs solides. Le danger est réel et les retombées imprévisibles. Sheryfa Luna, en hésitant de très longues minutes est devenue la risée de Twitter. Mais finalement, refuser le grand saut serait peut-être le moins bête des choix. Peut-être que TF1 cherche tout simplement sa première « mort en direct », titre d'un film prémonitoire de Bertrand Tavernier ?    
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Chanteur harcelé ou la fausse vraie vie de Dominique A

Dominique A, Le gouefflec, balez, glénat
Dominique A a des problèmes. Le chanteur français se retrouve héros d'une bande dessinée dans laquelle un tueur tente de lui faire la peau. Pourquoi ? C'est la question qu'il se pose, le lecteur aussi, et dont on n'a la réponse que dans les toutes dernières pages. Dominique A, son crâne rasé, ses tenues sobres, ses chansons à texte... Il est à l'opposé de la star qui, comme Lennon, rend fous des fans dérangés. Au début, il reçoit une lettre anonyme de menace. Son manager, indécrottable optimiste, y voit un signe positif. Le début de la gloire. Dominique a une autre théorie. Le fou existe. Il veut vraiment lui faire la peau. Ecrit par Arnaud Le Gouëfflec et dessiné par Olivier Balez, cet album a tout l'air d'un thriller. C'est en fait la biographie déguisée d'un artiste français, discret mais essentiel. Dominique A qui, dans la vraie vie, n'a peur de rien, a accepté d'écrire la préface, avant même que la BD soit achevée. Au final, on découvre enfin un album qui nous surprend, hors des sentiers battus.
« J'aurai ta peau Dominique A », Glénat, 16 €

jeudi 21 février 2013

Livre : Loulou, mieux que Grey

Grey, le personnage principal de « 50 nuances » est parfait. Dans la vraie vie, les hommes ressemblent plus au Loulou de Rossella Calabrio

loulou, rossella calabrio, albin michel, greyLa littérature contemporaine pille sans vergogne le net. Exactement, les comités de lectures ne se privent plus de feuilleter des romans qui n'existent que sous forme d'e-book en autoédition. En 2012, le phénomène éditorial mondial a pour titre « Cinquante nuances de Grey » de E. L. James aux éditions Lattès. Des millions d'exemplaires vendus en 12 mois. Mais ce texte sulfureux date en fait de 2011. Il a été mis en vente directement par l'auteur et uniquement en version numérique, sur le site des fans de la trilogie Twilight. Repéré par un éditeur curieux, acheté, c'est le roman-jackpot. Aussi un peu l'arbre qui cache la forêt. Pour un succès, combien de déceptions ?
L'édition traditionnelle gagne également en réactivité à l'image du net. Le best-seller de James à peine imprimé, de multiples parodies font leur apparition sur la toile. Rossella Calabrio, une blogueuse italienne, sent le filon. Les Grey, bêtes de sexe, beaux, attentionnés et romantiques, ne courent pas les rues en Italie. Les hommes normaux sont plutôt tendance Loulou : vantards, sales et très égoïstes (surtout quand ils entendent le mot préliminaires). Elle a donc décliné dans un pastiche hilarant les « 49 nuances de Loulou », publiées en France chez Albin Michel. Moins érotiques que les exploits de Grey, les travers du Loulou font beaucoup rire (surtout vous mesdames).

La perfection contre l'invention
En petit chapitres courts et percutants, cette excellente connaisseuse des choses du sexe décrit minutieusement les travers de l'homo erectus de base. Par exemple, Grey a des paroles qui enchantent les sens de Julie (l'héroïne, la partenaire) « Oh oui, laisse-toi aller... » susurre Grey. Avec Loulou, le laisser aller est d'un tout autre genre : « Dis donc, tu crois pas que tu te laisses aller ? » interroge-t-il en fixant « la petite banane de graisse qui surmonte le pubis de sa Julie ». Le best-seller de James a une réputation sulfureuse. Il est vrai que certains passages sont dignes des textes ayant fait la réputation du « bondage », technique de sado-masochisme très en vogue le siècle dernier. La comparaison de Rossella Calabrio touche juste : « Monsieur Grey aime attacher sa belle aux montants du lit pour être aux commandes. Le Loulou aime s'attacher au canapé pour être à la télécommande. »
On pourrait croire que la critique est virulente, définitive. Qu'il n'y a pas photo. Pourtant on devine au fil des pages une véritable tendresse pour le Loulou. La maladresse congénitale pendant l'acte du Loulou casse un peu le charme et la plénitude de la chose quand elle est parfaitement maîtrisé par un expert en galipettes, mais « avec Monsieur Grey, la Julie n'aurait pas ri aux larmes comme elle l'a fait avec son Loulou. » Finalement, l'auteur fait comprendre aux femmes que Grey c'est bien, mais cela manque quand même de surprise. La perfection lasse. Avec Loulou, vous serez toujours étonné.
Et voilà comment les deux plus gros succès éditoriaux de ces derniers mois viennent d'un e-book et d'un recueil de notes de blog.
Michel Litout
« Quarante-neuf nuances de Loulou », Rossella Calabro, Albin Michel, 12 €

mercredi 20 février 2013

Roman : L'amour, la mer, la mort

Le métier de pêcheur est rude, mais ils n'en changeraient pour rien au monde, ces « Moissonneurs de l'Opale » dont Daniel Cario dépeint si bien toutes les facettes.

cario, cote d'opale, presses de la cité, terroirSur la côte d'Opale, en 1900, pas question de mélanger les torchons et les serviettes. Dans le village d'Etaples, le quartier de la Marine abrite les familles de pêcheurs. Les hommes partent en mer toute la semaine, les femmes sont sautrières (elles ramassent les crevettes) ou autres petits métiers d'appoint, toujours en rapport avec leur mer nourricière. Ces margats (marins) éprouvent un profond mépris pour les quénias – fermiers et autres travailleurs de la terre, lesquels le leur rendent bien.
Rivalité ancestrale qui n'est pas pour arranger les affaires de Cathy et Gabin. La première, fille de Guillaume Dormont, l'un des patrons-pêcheurs les plus respectés, devient sautrière dès ses 14 ans. Le second, même âge, fraîchement débarqué dans le pays, est aussi blond que les blés que cultivent ses grands-parents. Mais, c'est bien connu, l'amour n'a que faire de ce genre d'antagonisme.
Non, à vrai dire, Cathy a bien d'autres sujets de préoccupations. Elle découvre que Gabin connaît « d'avant » Angèle, surnommée la « Crabesse », femme étrange et solitaire qui se prend d'affection pour la jeune fille. Mais flotte entre ces trois-là le fantôme d'une certaine Sophie, la fille aujourd'hui disparue d'Angèle et amour d'enfance de Gabin. Le sosie de Cathy. Silences, mystères, malaise. La jeune sautrière finit par se demander si c'est elle qu'on aime, ou son image.

La rudesse du métier
Le moins que l'on puisse dire de Daniel Cario, c'est qu'il est bien documenté. Ses descriptions des métiers de la mer en ce début de siècle s'avèrent passionnantes, au point qu'il est difficile de lâcher les « Moissonneurs » en cours de lecture.
On apprend mille et une choses sur le quotidien des hommes en mer mais aussi des femmes, obligées non seulement d'être présentes à l'arrivée du chalutier pour réceptionner le poisson frais pêché et ensuite d'aller le vendre à la criée. Ce n'est que le début de la journée pour les épouses des pêcheurs, dites « matelotes », pour la plupart sautrières aussi.
Elles empoignent leur harnachement et accomplissent, pieds nus, même en plein froid, les cinq kilomètres qui séparent le village de la plage. « Elle (…) déplia son filet et s'aventura dans le flot, après avoir assuré son panier contre sa hanche et son tamis derrière elle. A pousser le haveneau, Cathy avait le temps de réfléchir... ». C'est un euphémisme d'affirmer que la température de l'eau en hiver sur la côte d'Opale est plutôt fraîche. Ces femmes courageuses y entrent cependant jusqu'à la taille, ou pire, perdent pied et boivent carrément la tasse, puis, la pêche terminée, trempées jusqu'aux os, sont obligées de refaire le trajet de retour, toujours à pied, grelottantes.
Bien sûr, l'histoire se passe en 1900, et le progrès a considérablement amélioré les conditions de travail. N'empêche, la vie de ces gens à l'époque donne à réfléchir et permet de relativiser pas mal de nos petites récriminations.
Outre une intrigue savamment ficelée, Daniel Cario nous offre ici un roman bien écrit, chaleureux et riche en découvertes.
Fabienne HUART
« Les Moissonneurs de l'Opale », Daniel Cario, Presses de la Cité (Terres de France), 21 euros.

mardi 19 février 2013

BD : Double cocktail avec "Pink Daïquiri"

Pink Daiquiri, habart, théry, Bax, Grazini, Le Lombard
Clémence la romantique, Alixia la passionnée. Deux jeunes femmes actuelles, en colocation, confidentes et amies. Clémence se remet difficilement d'une énième déception sentimentale. Alixia teste les hommes, cherchant désespérément celui qui enfin saura lui procurer un peu de plaisir. Quand Alixia pense avoir trouvé l'oiseau rare une nuit en discothèque, Clémence est sur le point de craquer pour un riche client de sa boîte de conseil en marketing. Tout semble aller pour le mieux pour les deux copines. Sauf qu'il s'agit d'un seul et unique beau gosse... Cet album est double. Il présente la même histoire mais des deux points de vue. Pile Clémence, face Alixia. Le scénario est de Habart et Théry, les illustrations de deux dessinatrices brésiliennes, Bax et Grazini. C'est un tout petit peu redondant forcément, mais tout à fait dans l'air du temps : girly et expérimental.
« Pink Daïquiri », Le Lombard, 19,99 €

lundi 18 février 2013

BD : Terreur simiesque

Li-an, vents d'ouest, aglaée, flux, singe blanc
Adorable Aglaée. Blonde, intelligente, audacieuse, aventureuse : elle a tout de l'héroïne dont on tombe amoureux. Li-An, son créateur aussi aime beaucoup Aglaée. Dans la première aventure, elle a résolu l'énigme de l'ange tombé du ciel. Dans le second tome, elle se trouve de nouveau face au grand singe blanc du docteur Flux. Ce monstre aux yeux rouges terrorise Paris. Des sorties nocturnes de plus en plus fréquentes et remarquées. Aglaée et ses amis du club des Maîtres de l'étrange, va remonter la piste et découvrir que toute cette mise en scène devrait connaître son dénouement lors d'une soirée très huppée chez un mystérieux Mexicain affirmant détenir un élixir de jouvence.
Le lecteur plonge dans l'ambiance du 19e, les femmes n'ont pas encore beaucoup de droit, les esprits sont naïfs. Aglaée se désespère de ne pouvoir prendre part aux enquêtes. Et souvent il faut qu'elle désobéisse à son oncle pour y participer. Li-An, également scénariste, a simplifié son dessin, lui donnant un aspect plus souple, efficace et chaud.
« Les maîtres de l'étrange » (tome 2), Vents d'Ouest, 13,90 €

dimanche 17 février 2013

Chronique : Carambolages en série et en vidéo sur les routes russes


Dashcam crash compilation par Spi0n

Vous avez certainement vu la semaine dernière les images incroyables d'une météorite en feu traversant le ciel russe. Une vidéo diffusée sur internet et vue des milliers de fois. Les images sont prises de l'intérieur d'une voiture. Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander quel était ce conducteur qui filme ses trajets en continu. Et j'ai trouvé l'explication en découvrant le phénomène des dashcam en Russie. Peut-être un héritage de l'ère soviétique, quand les agents du KGB espionnaient à tire-larigot. Ces petites caméras sont installées sur le pare-brise et filment dès que l'auto est en mouvement. Elles sont essentiellement utilisées par les assurances dans les litiges en cas d'accrochage. On vous grille la priorité, il passe au feu rouge : la preuve en images.
Les dashcam représentent une mine d'images insolites. Des compilations sont régulièrement mises en ligne sur Youtube. On peut donc voir une météorite, mais aussi le crash d'un avion, un char d'assaut traversant une autoroute ou un amateur de vodka sur la bande du milieu d'une voie rapide... dans un chariot de supermarché. Plusieurs niveaux de gravité des accidents sont proposés. Vous voulez rire, contentez-vous des dérapages en tout genre sur les routes verglacées de Sibérie. Et puis il y a la version hard, quand on se doute que l'accident ne peut pas être sans conséquence pour les conducteurs et occupants des véhicules impliqués. Face à des camions, bus ou tramways : les voitures ne font pas le poids, même les russes... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant.

samedi 16 février 2013

BD : Le Marsu de Conrad

conrad, marsupilami, wilbur, marsu
Nouvelle naissance dans la petite famille du Marsupilami. Mais dans l'œuf, deux bébés. Des siamois, rattachés par leur célèbre queue. Les premières planches de l'album permettent au lecteur de découvrir l'apprentissage de ces deux « mini-marsus », deux fois plus forts car toujours ensemble. Au début il y a un peu de tiraillement (dans tous les sens du terme), mais rapidement une réelle complicité s'instaure entre les frères.
L'élément perturbateur, comme toujours dans cette série imaginée par Franquin, c'est l'homme. Exactement deux enfants, des héritiers pourris gâtés d'un riche capitaliste qui capturent les petits animaux et les ramènent dans leur immense villa à une heure d'hélicoptère. Les enfants vont les utiliser comme des jouets, les bébés Marsupilami sombrer en pleine dépression. Ce second tome du dérivé de la série principale, loin d'être une simple commande commerciale, est signée par Wilbur avec Conrad au dessin. Conrad, digne héritier de Franquin, choisi par Uderzo pour reprendre les destinées d'Astérix.
« Marsu kids » (tome 2), Marsu Productions, 10,60 €

vendredi 15 février 2013

BD : L'enfant et les Dieux dans "Indicible" (Soleil)

Indicible, soleil, ruizgé, renault, SF
« Les Dieux noirs », premier tome de la série « Indicible », a des airs de super production américaine. De ces films qui ne lésinent pas sur les destructions de villes et les explosions en tout genre. Comme c'est de la BD, cela coûte beaucoup moins cher. Et quand c'est bien dessiné, c'est encore plus efficace. Efficace, un terme qui colle parfaitement au travail de Ruizgé, l'illustrateur de cette série de SF de Patrick Renault. Tout commence par une expérience ratée dans un centre de recherche de l'armée américaine. Ensuite des phénomènes étranges détruisent des villages puis des villes. Panique au plus haut niveau quand un homme apparaît dans la pièce où se trouve le président des USA. Une négociation débute. L'homme détruira la planète si on ne lui remet pas le jeune Kyle. Kyle, rescapé d'un accident de voiture, prend la fuite. Une course poursuite semée de morts. Du grand spectacle pour une BD très sombre.
« Indicible » (tome 1), Soleil, 13,95 €

jeudi 14 février 2013

BD : Vie de Poilus chez les Godillots

Godillots, Marko, Olier, Bamboo, poilus
La guerre 14/18, immense carnage sur lequel se sont bâtis les fondations de l'Europe, a toujours inspiré les auteurs de BD. Tardi en a dessiné toute l'horreur. Pour la première fois (si on excepte une courte série de gags de Mouminoux dans les années 70), l'humour s'invite dans les tranchées. Les Godillots de Olier (scénario) et Marko (dessin) ce sont trois soldats, venus des quatre coins de la France, unis pour le meilleur et pour le pire. Palette, le gradé, le plus âgé et clairvoyant, le Bourhis, le ch'ti, fort et taciturne, Bixente, le jeunot, Basque bondissant, manquant d'expérience mais pas de vaillance. Un trio qui devra, dans ce second tome, franchir les lignes ennemies pour récupérer leur capitaine, bien décidé à solder une affaire d'honneur. Avec beaucoup de finesse, les auteurs racontent la grande histoire par de petits détails. Les planches de Marko, en couleurs directes, sont d'une belle luminosité. La gazette des Godillots, journal du front très réaliste, est offerte en supplément avec la première édition.
« Les Godillots » (tome 2), Bamboo, 13,50 €

dimanche 10 février 2013

Chronique : "Origine du monde", Liberté...", des toiles sur la Toile


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Étrange cette fascination des internautes pour l'art. Deux histoires de toiles ont animé la Toile ces dernières 48 heures. 
Hier, tout le monde s'offusque de l'attentat subi par « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix. Une femme, fragile psychologiquement, écrit au feutre indélébile sur le tableau exposé au musée du Louvre de Lens. Un tag mystérieux, qui ne reste pas longtemps secret. AE911. Ce n'est pas le code d'un colorant chimique, ni d'une autoroute en Belgique. Les initiés reconnaissent immédiatement le nom d'un site internet de « complotistes ». Ils tentent de démontrer que les attentats du 11 septembre ne sont qu'une mise en scène du pouvoir. Raison de plus pour donner une résonance amplifiée à cette histoire de tableau maculé. 
Jeudi, c'est un visage qui fait jaser sur Twitter et Facebook. Un scoop de Paris Match : on a découvert la tête de « L'origine du monde » de Courbet. La toile sulfureuse, montrant en gros plan un sexe de femme hyper réaliste, aurait été découpée. Le haut du tableau, le visage du modèle, viendrait d'être retrouvé. Cela casse un peu la force de la composition et immédiatement le débat a fait rage car beaucoup  prétendent que ce n'est que pure invention.
Plus prosaïquement, j'ai une autre explication à ces subites passions pour le grand art. La Liberté montre une femme aux seins nus et pour l'Origine, pas la peine de faire un dessin. Enfin, si cela peut aider à faire venir les jeunes dans les musées...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

samedi 9 février 2013

BD : Violence pure dans le nouveau Jeremiah de Hermann

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Pour la 32e fois, Jeremiah et Kurdy promènent leur carcasse dans le monde post apocalyptique imaginé par Hermann. Aux guidons de leurs motos, ils vont de ville en ville, sans cesse en danger. Dans « Le Caïd », ils sont en panne. Immobilisés, ils sont témoins d'une rixe. Jeremiah, comme à son habitude, intervient pour aider le plus faible. Il se fera un ennemi redoutable. Bloqués dans cette ville partagée entre deux gangs, ils vont devoir trouver refuge dans un vieux parc d'attraction pour l'explication finale.
Avec un scénario réduit à sa plus simple expression, ces 46 pages sont juste un prétexte pour dessiner des décors sombres et inquiétants, cadres d'un déchaînement de violence pure. Du Hermann, dans toute sa splendeur.
« Jeremiah » (tome 32), Dupuis, 12 €

vendredi 8 février 2013

BD : L'amour tout simple selon un "maladroit sentimental"

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Gérard Latuile porte bien son nom. Il n'a pas de chance. Gaffeur invétéré, il est acteur. 33 ans toujours célibataire, il cherche la femme de sa vie. Et pour une fois, il a l'impression que la chance lui sourit. Florence, une relation de travail, semble parfaite. Il hésite beaucoup et finalement surmonte sa timidité pour l'inviter. Et là il découvre que Florence, en plus d'être plus âgée que lui, a trois enfants... Tout ce que Gérard déteste. Mais l'amour, tout simple, est le plus fort. Les deux vont lentement s'apprivoiser puis s'aimer. C'est cette fusion qui est racontée dans cet album très sensible, écrit par Zabus et dessiné par Casanave. Beaucoup plus qu'une bluette, c'est une remarquable tranche de vie qui est proposée dans ces chroniques.
« Les chroniques d'un maladroit sentimental » (tome 1), Vents d'Ouest, 11,50 €

jeudi 7 février 2013

Chronique : petit cours de rap pour les nuls

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Depuis quelques jours, une polémique entre rappeurs français prend une dimension jamais atteinte. Relayée par les réseaux sociaux, elle oppose Booba au duo Rohff et La Fouine.
Vous n'y comprenez rien ? Rassurez-vous, moi non plus. J'ai dû réviser mon « rap pour les nuls » pour avoir une petite chance de démêler les fils.
Il était une fois trois petits gars de la banlieue. Ils n'ont pas la langue en poche. Leurs rimes sont riches mais violentes. Les oreilles chastes sont choquées. Les autres apprécient. Succès et argent changent la vie des rappeurs. Ils entrent dans une autre dimension. Mais dire du mal de la France, des policiers et autres symboles de la société ne suffit plus. En septembre dernier, Booba prend pour cible les autres rappeurs. Pour être sûr qu'ils saisissent le message, la chanson est truffée de gros mots. Rohff se sent directement visé. Sur la même musique, il attaque en frontal Booba, paroles tout aussi explicites à l'appui. Le duel (qui a failli se régler sur un ring) accueille un troisième larron, La Fouine, dézingué par Booba qui rappelle ses démêlés judiciaires d'antan.
A ce stade, on pourrait en rire, trouver que cela ressemble à une querelle de cour de récréation, niveau CE1. Problème, il y a longtemps que ces lascars ne sont plus des gamins. Quand l'un ressort une vieille affaire d'agression sexuelle, l'autre se fait tirer dessus au petit matin.
Prochaine étape ? La sortie d'un album. De trois exactement. Ce serait idiot de ne pas profiter de toute cette publicité gratuite...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce jeudi. (Illustration trouvée sur le site Team Blog)

Le clip de La Fouine "T'as la tremblote"  (attention textes et images explicites)


La réponse de Booba "Tue les tous"

BD : le commandant Achab, un flic tenace

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Maigret n'a qu'à aller se rhabiller. Les nouveaux flics ont un peu la même dégaine bonhomme, mais ce n'est qu'une apparence. Prenez le commandant Cohen, surnomme Achab, il a une jambe de bois, une mauvaise humeur permanente à peine atténuée par sa forte consommation de cannabis. Achab est en vacances. Il décide de passer quelques jours au Havre en compagnie de son adjoint, Karim. Il tente de résoudre une vieille histoire de trahison. Mais quand son supérieur apprend sa présence dans la ville normande, il lui ordonne d'enquêter sur le meurtre, tout chaud, du maire de la ville. Les voilà embarqués dans une histoire de tueur en série aux motifs obscurs. Stéphane Piatzszek, le scénariste, renouvelle le genre avec brio. Douay, au dessin, apporte juste la petite touche de noirceur rendant le tout encore plus crédible.
« Commandant Achab » (tome 3), Casterman, 13,95 €

mercredi 6 février 2013

Chronique : Députés trop connectés

Le fameux « rappel au règlement » cher aux députés d'opposition désireux de ralentir l'adoption des lois a fait un retour triomphal dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
Le débat sur le mariage pour tous se transforme en guerre de tranchées où tous les coups sont permis. Même les virtuels. Vendredi, un député Vert diffuse sur Twitter quelques piques à l'encontre de Hervé Mariton, député de droite en pointe dans l'obstruction. Christian Jacob, pour le groupe UMP, s'indigne et réclame une suspension de séance, « afin de ramener nos collègues de la majorité à la raison et la sérénité. » Suspension accordée. Nouveau retard dans les débats.
Quelques heures plus tard, nouvelle demande de l'UMP. Cette fois un député PS gazouille et avant de revenir en séance, confie à ses abonnés sa déprime face à « tant d'inepties et de mauvaise foi ». Un, passe encore, deux, c'en est trop :  rappel au règlement rejeté.
L'irruption des nouvelles technologies va-t-elle bouleverser les habitudes des parlementaires ?  Normalement, les débats doivent être strictement confinés à l'hémicycle pour éviter toute interférence avec l'extérieur. Les portables ne passent pas, un brouilleur est installé dans l'enceinte. Mais en déployant un réseau wifi, les services techniques de l'Assemblée nationale ont réveillé les smartphones. Nombreux sont les députés dissipés qui, en pleine séance, consultent leurs emails ou les réseaux sociaux.
Les députés connectés ont remplacé les godillots. Reste à savoir si le débat y gagne au change.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant

La littérature peut rendre fou. Pas le lecteur, mais le créateur. A force d'imaginer les existences de personnages fictifs, on peut basculer dans une non-vie aliénante. Le premier récit du triptyque « Abymes » s'intéresse au parcours de Balzac. L'écrivain français, mondialement célèbre, était un monstre de travail. Il écrivait des pages et des pages au quotidien pour alimenter les journaux qui publiaient ses histoires sous forme de feuilleton. Valérie Mangin a imaginé une biographie fictive de Balzac. Il découvre dans un quotidien un autre roman en lieu et place de son ouvrage en cours. Surtout, l'histoire semble raconter sa vie. Exactement toutes les exactions qu'il a commises pour arriver à ses fins. Qui lui en veut à ce point ? Comment est-il aussi bien informé ? Balzac va mener son enquête, se retrouvant mis en abîmes dans une histoire écrite par un mystérieux fantôme. Passionnant, tant dans le récit que dans sa construction, « Abymes » bénéficie en plus du talent graphique de Griffo.
« Abymes » (première partie), Dupuis, 15,50 €

mardi 5 février 2013

Chronique : Une appli SOS préservatif dans votre smartphone

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Les Don Juan du dimanche sont obligés, parfois, d'abandonner une bonne opportunité en découvrant, effarés, l'absence de préservatif dans leur trousse de parfait petit séducteur. Chercher désespérément un distributeur est souvent rédhibitoire pour la conquête du moment.
Désormais, que l'on soit chez soi ou dans sa voiture, la solution existe. Il suffit de disposer d'un smartphone, de l'application « SOS condom » et d'un peu de patience car la livraison du « laisser-passer » peut prendre une heure. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une version test, expérimentée à... Dubaï.
Mais on peut en découvrir tous les avantages sur un site dédié. Une fois l'appli installée sur son smartphone, on lance sa géolocalisation en même temps que la commande. Un petit film publicitaire, non dénué d'humour, montre les trois options de livraison. Chez soi, rien de plus simple que de faire appel à un faux livreur de pizza. Dans la boîte vous trouverez un petit sachet semblable à celui utilisé pour l'huile pimentée. En espérant qu'il n'est pas question du « goût » du préservatif...
Dans votre voiture, vous serez livré avec une petite pointe d'adrénaline. C'est un faux policier, gyrophare allumé, qui vous dépanne en vous rendant vos papiers après contrôle.
Encore plus improbable, dans la rue, un couple de touristes vous demande votre route tout en vous glissant discrètement l'objet de votre convoitise. Sponsorisée par Durex, cette application prouve que l'on peut vraiment tout faire avec un smartphone, même se protéger.


Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 4 février 2013

BD : Méchant masqué dans "Bad Ass", comics à la française

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Dans les comics américains, les super héros sont toujours confrontés à des méchants. Que serait Batman sans le Joker ? Il a fallu que des Français se lancent dans le format du comics pour que ces méchants soient les véritables héros d'une série. Bad Ass, écrit par Hanna et dessiné par Bessadi, propose le portrait de quatre anti héros. Premier à entrer en scène, Dead End. Sous son masque de cuir orné d'un ballon de basket en feu, se cache un visage d'ange. Mais ça, personne ne le sait. Dead End est devenu teigneux après des années de brimades au collège. Un passé raconté en parallèle à ses « exploits » actuels. Un blondinet cachant en permanence ses boutons sous une frange et de grosses lunettes. Régulièrement frappé et malmené par les caïds de sa classe, il devra même faire de fréquents séjours à l’hôpital. Au final, il va se transformer. Devenir fort, adroit et... très méchant. Capable de mettre à terre trois policiers avec une simple cigarette allumée, il semble indestructible. C'est sans compter sur l'AJF (American Justice Federation), conglomérat de super héros oeuvrant pour le bien. Entre hommage et parodie, Bad Ass est le premier titre d'un label de comics 100% français.
« Bad Ass » (tome 1), Delcourt, 14,95 €

dimanche 3 février 2013

BD : Deux filles et des bébêtes dans "Piège sur Zarkass" de Yann et Cassegrain

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Place au troisième titre de la collection Stefan Wul aux éditions Ankama. Les romans de cet auteur de SF français des années 60 seront tous adaptés par des pointures du 9e art. « Piège sur Zarkass » passe à la moulinette de Yann. Le scénariste des Innommables s’approprie goulument cette histoire d'exploratrices sur une planète hostile. Dans un futur expliqué en quelques lignes au début de l'album, les femmes ont pris le pouvoir. Les hommes sont ostracisés. La conquête de l'espace a pris un nouvel élan avec cette mentalité plus douce et harmonieuse. Sur Zarkass, Louis et Marcel (les prénoms sont asexués...) s'enfoncent dans la jungle hostile pour retrouver un papillon rare, selon la version officielle. En fait, elles doivent localiser un vaisseau extraterrestre accidenté au pied d'un volcan. Le scénario regorge de clins d’œils comme seul Yann sait les inventer, donnant un double sens à cette quête. Au dessin, on retrouve Cassegrain. Ses personnages féminins ont toujours été très aguichants. Cette fois, il se dépasse. Louis et Marcel (la rousse distinguée et la blonde dévergondée) risquent de hanter les rêves de quelques adolescents aux sens en éveil...
« Piège sur Zarkass » (tome 1), Ankama, 13,90 €

samedi 2 février 2013

Chronique : C'est loin Angoulême ?

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Une fois par an, la bande dessinée est omniprésente dans la presse. Le festival d'Angoulême fête son 40e anniversaire et permet à ce genre, souvent qualifié de mineur, de profiter d'une énorme exposition médiatique. La BD a longtemps été populaire grâce aux magazines spécialisés. Disparus aujourd'hui, le net prend le relais. Les sites se multiplient. Chacun avec sa spécialisation. Critique pour ActuaBD, collection pour BDGest, nostalgie pour BDOubliées... Et il ne s'agit que d'un tout petit échantillon.
Le numérique permet également de tester de nouveaux formats. Passionnante l'expérience diffusée hier soir sur Arte. Frank Chiche a réalisé une fiction sur la guerre d'Algérie. Il a filmé des acteurs puis numérisé les images pour donner une impression de dessin. Une version pour tablette, utilisant tous les codes de la BD, sera commercialisée sur la plate-forme Apple.


Qui parle de festival d'Angoulême signifie aussi foire aux dédicaces. Des centaines d'auteurs s'y retrouvent pour vous exécuter un joli dessin sur leur album. Cependant, certains rechignent de plus en plus à sacrifier à cet exercice. La faute aux profiteurs sans scrupules. L'encre à peine sèche, le dessin se retrouve en vente sur eBay, le site d'enchères en ligne.
On trouve par exemple des Marini ou des Guarnido à plus de 150 euros. Record pour un dessin (un gribouillis plus exactement) d'Astérix signé Uderzo : 850 euros...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Mako, un dur à suivre

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Boris Beuzelin est un auteur de BD qui n'a pas peur de faire dans le classique. Pourtant son trait le rapproche plus des modernes et autres adorateur de l'autofiction. Perdu, lui ce qui le branche c'est l'action et les coups durs. Après Narval, un plongeur vivant des aventures dans toutes les mers du monde, il anime Mako, un ancien agent de la DGSE (les services secrets français). Délaissant la patrie pour le privé, Mako est chargé de récupérer une puce électronique dans un bunker secret. Trahit au moment crucial, il passe cinq années en prison. A sa sortie, il n'a qu'une idée : se venger. Et trouver des fonds. La soeur de son codétenu va lui donner l'occasion de faire les deux en même temps. Mais dans ce milieu d'agents doubles et de spécialistes d el'infiltration, cela semble trop simple. Effectivement, les coups de théâtre vont se multiplier au fil des pages.
Noir et nerveux, voilà le premier titre d'une série très prometteuse.
« Mako » (tome 1), Treize Etrange, 13,90 €

Chronique : la retraite dorée d'un certain David Beckham


Vous êtes saturé de mariage pour tous et de guerre au Mali ? Rassurez-vous, une autre information brûlante a détrôné hier, en quelques minutes, ces sujets : David Beckham signe au PSG ! (photo AFP) Et ne me dites pas que ce n'est pas important ! Sur internet, de Twitter à Facebook, il n'y en a que pour le bad boy et sa Posh chérie. Réflexions sanglantes, comme si toute la toile est devenue marseillaise. Les plaisanteries fusent de toutes parts sur « la précarité des footballeurs, un CDD de six mois c'est peu » ou la création d'une nouvelle « maison de retraite de luxe : le PSG ».
Quelques-uns saluent le gros coup de com' du Qatar, mais beaucoup préfèrent dénigrer, jouer du sarcasme (et nous faire rire au passage). Sur la page Facebook de l'Indep, Chris Tophe fait remarquer que Beckham a « besoin de cannes anglaises pour se déplacer, mais à part ça... ». Très méchante, cette réflexion de @lapuss sur Twitter « Avec une femme désagréable et prétentieuse, il était temps qu'il signe à Paris en fait. »

Même les célébrités dénigrent cette signature. Jean-Michel Apathie, éditorialiste politique, ose « Beckham qui court maintenant moins vite que moi va signer au PSG. Ah ça, les Qatari, ils ne savent pas comment le dépenser leur argent. »

Toujours dans la veine « troisième âge », @LaMortLaVraie signale que le PSG devient un « exemple à suivre pour les entreprises qui n'embauchent pas de seniors. »

A ce rythme, Codorniou va revenir au Racing et Lièvremont à l'USAP...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

Livre : Affrontement de dames sous la plume d'Alexis Lecaye


Alexis Lecaye prolonge ses histoires de « Dames ». Jeannette, la policière, va affronter d'autres femmes, parfois pires qu'un tueur en série.

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Le commissaire Marin, héros récurrent des romans policiers d'Alexis Lecaye, a fort à faire dans ce nouvel opus de ses enquêtes. Outre une histoire de tueur d'enfants, il doit faire face à des femmes toutes plus redoutables les unes que les autres. Jeannette, sa collègue, Marion, sa compagne et Jessica, une mère prête à tout pour protéger son fils. Martin qui, par la force des choses, est obligé de laisser la place à cet affrontement de dames.
Comme dans tous les bons feuilletons, « Dames d'Atout » exploite les faits seyants des précédents épisodes. Le fil rouge cette fois est la possible remise en liberté de Vigan, un serial killer de la pire espèce, un tueur de femmes. Confondu par Jeannette (voir les autres romans), il va passer en appel. Mais les preuves manquent et l'avocate de Vigan semble avoir des éléments nouveaux capables de le disculper. Notamment le meurtre d'une femme blonde, exactement comme les précédentes. Et on retrouve sur le cadavre un cheveu de l'ancien amant de Jeannette, tué par Vigan mais dont on n'a jamais retrouvé le corps. La défense va tenter de démontrer que Vigan est innocent et que le véritable tueur sévit toujours.
Par ailleurs, l'intrigue principale du roman porte sur les agissement d'un certain Charlie. Ce fils de bonne famille est un pervers de la pire espèce. Pédophile violent, il a déjà violé et assassiné des fillettes. Depuis, sur l'injonction de sa mère, Angela, une ancienne top-model, il prend des médicaments, sorte de castration chimique annihilant ses instincts sexuels. Problème, Charlie cesse de prendre ses cachets. Aussi, quand il croise deux petites filles dans la rue, il les enlève et les cache dans une cave sous sa maison. Rapidement, il assassine l'une d'entre elle.

Mère protectrice
Paniqué, il appelle au secours un ancien proxénète l'ayant déjà aidé, dans le passé à se débarrasser d'un corps. Un prélude raconté sans détour par Alexis Lecaye, comme pour mieux démontrer la complexité d'une enquête policière. Le corps est retrouvé près d'une autoroute. Martin va lancer son équipe un peu au hasard en l'absence de piste sérieuse. Enquête de voisinage, surveillance des alentours, visionnage des enregistrements de caméras de surveillance : le travail de policier est souvent ingrat. Et puis tout s'accélère quand un premier indice semble plus intéressant que les autres. D'autant que Martin découvre que ce sont deux fillettes qui ont disparu. Il va remonter jusqu'au proxénète, mais en croyant faussement qu'il est le tueur. Charlie lui continue à basculer dans la folie la plus complète, toujours protégé par Angela, froide et égoïste, dont la seule faille est ce fils, monstre absolu mais qu'elle aime plus que tout.
Entre le personnage d'Angela et celui de Jeannette, on trouve comme des similitudes. Une femme, quand elle aime, est capable de tout. Quel que soit l'être aimé. Un polar parfois un peu trop linéaire. Heureusement la double intrigue permet de relancer l'intérêt du lecteur. Sans compter sur les déboires et doutes sentimentaux de Martin, flic terriblement humain, parfois plus fragile que les nombreuses femmes de son entourage.
Michel Litout
« Dame d'atout » d'Alexis Lecaye, Editions du Masque, 18 €


vendredi 1 février 2013

BD : avec "Geek Agency", ceci n'est plus un jeu

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Tout commence comme une véritable réunion de Geeks. Quelques amis entre 20 et 25 ans se retrouvent pour une nuit de divertissement. Au programme pizza et jeu de plateau. De zombies exactement. Chacun endosse la vie d'un personnage sous les directives d'un maître du jeu. Les premières pages sont distrayantes avec plaisanteries potaches et allusions graveleuses (il y a quatre garçons et deux filles dont une célibataire). Quand un second livreur de pizzas sonne à la porte tout le monde croit à une erreur. En fait c'est un zombie, un vrai, qui vient s'inviter au jeu qui n'en est plus un. Magie de la BD qui permet de tout faire accepter aux lecteurs. Romain Huet, le scénariste, s'autorise toutes les ellipses, distillant à toute petite dose les indices. Non ce n'est pas un cauchemar. Deux des joueurs sont des membres d'une agence secrète. Oui la Terre est véritablement envahie par des zombies et risque la destruction totale. Philippe Briones, le dessinateur, va lui aussi crescendo. Les zombies baveux du début laissent place au fil des planches à des monstres plus élaborés.
« Geek Agency » (tome 1), Ankama, 14,90 €