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lundi 21 février 2022

De choses et d’autres - Limace poisseuse

La pluie a fait un timide retour en ce début de semaine dans la région. Pas suffisamment cependant pour faire sortir les escargots. Encore moins les limaces. Pourtant cette peu appréciée bestiole s’est retrouvée à l’honneur dans la campagne de la présidentielle.

C’est Marine Le Pen qui a utilisé l’image de la limace pour stigmatiser le supposé ralliement de Nicolas Bay à l’autre candidat d’extrême droite. Porte-parole de la candidate du Rassemblement National, Nicolas Bay est accusé d’avoir joué l’espion au profit de la Zemmourie divulguant aux ennemis héréditaires les plans pour conquérir l’Élysée.

Il a donc été suspendu du parti et la candidate, qui pourtant, depuis longtemps, tente d’adoucir son image, a été sanglante dans son commentaire : après avoir parlé de « haute trahison » et de « sabotage » elle a fustigé « la stratégie de la limace », la limace car « elle est lente, mais aussi parce qu’elle est poisseuse ».

Nicolas Bay, une « limace poisseuse », le voilà habillé pour l’hiver. Cette campagne électorale semblait un peu morne. Rien de transcendant, pas encore de gros scandales et encore moins d’affrontements tonitruants. Pour l’instant, on devait se contenter de la bataille de cour de récréation entre les très nombreux représentants de la gauche, en espérant que le président Macron n’attende pas le dernier jour pour déclarer sa candidature.

Et puis, comme à chaque fois, l’extrême droite est arrivée avec ses gros sabots et a changé la donne. La « limace poisseuse » a fait des taches indélébiles. Désormais, les insultes et anathèmes en tous genres risquent de pleuvoir entre les anciens meilleurs amis. On a beau tenter de chasser le naturel, il revient toujours au galop.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 17 février 2022

dimanche 20 février 2022

De choses et d’autres - Métavers solitaire

Si le mot de l’année 2020 a été coronavirus et celui de 2021 test PCR ou passe vaccinal, je crains que ce qui restera de 2022 commence par « méta » et se termine par « vers ». Une sorte de logique virtuelle en quelque sorte.

Dans le vrai monde, la maladie nous a poussés à rester chez nous, à nous couper complètement des autres. Et quand on osait reprendre une vie normale, on était rapidement puni avec, au mieux, l’introduction d’un coton-tige interminable dans la narine ; au pire, quelques jours en réanimation.

Ainsi, le concept de métavers a pris son envol. Pourquoi prendre des risques dehors alors qu’un univers infini et totalement sûr est à disposition ? J’ai toujours bien aimé les nouveautés technologiques. Mais je sens que ce métavers va rapidement se transformer en grosse escroquerie pour gogo.

Certains signes ne trompent pas. En premier lieu, Facebook veut absolument y être présent. Dès que le géant du réseau social tente de s’accaparer d’un concept ou d’une idée, méfiez-vous : il y a sans doute des données à utiliser à l’insu de votre plein gré. Ensuite, je suis bombardé d’emails expliquant pourquoi les cadres-artistes-retraités (cochez la catégorie voulue) doivent être présent sur le métavers. Quand on veut vous attirer à un endroit précis, c’est pour vous faire les poches.

Le métavers a d’ailleurs anticipé cet attrait, puisque certaines entreprises ont acheté des zones de ce monde virtuel. En déambulant au hasard, vous risquez de vous retrouver dans un magasin Carrefour ou une usine Nike

Dernier indice prouvant que le métavers est à éviter : face à des signalements de harcèlement, les avatars ne peuvent désormais plus se rapprocher de plus de 3 mètres les uns des autres. Mais alors, pourquoi avoir créé un métavers solitaire ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 16 février 2022

mardi 8 février 2022

De choses et d’autres - Les enfants et la cuisine

Décidément, les candidats à la présidentielle désignés par Les Républicains ont des soucis d’image de marque côté famille. On ne revient pas sur l’affaire Pénélope Fillon, qui a sans doute coûté 5 ans à l’Élysée pour l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy. Cette fois, la droite classique a désigné Valérie Pécresse.

Mariée à un certain Jérôme, il n’est pas un simple mari qu’on sort. Au contraire, ce patron de grande entreprise gagne très bien sa vie. Pas besoin d’emploi fictif pour acheter maisons et (gros) portefeuilles d’actions. Pourtant, comme il est confiant dans les chances de son épouse de l’emporter en avril prochain, il anticipe déjà ce que sera sa future vie.

Pour le Point, il explique que bien évidemment, si Valérie Pécresse devient la première présidente de la République, il est prêt « à gérer les enfants et la cuisine ». Chapeau bas pourrait-on dans un premier temps le féliciter. Mais en réalité, cela ressemble plus à du cynisme qu’autre chose.

Les enfants ? La plus jeune a 18 ans, l’aîné 25. Il n’y a donc plus grand-chose à gérer de leur vie. D’autant que d’après le Canard Enchaîné, les trois enfants Pécresse ont déjà des comptes en banque très confortables, car les parents ont utilisé toutes les possibilités existantes pour leur faire des dons en numéraires et en immobilier. A 18 ans, sans avoir jamais travaillé, la cadette a un pécule plus important que ce que j’ai gagné durant toute ma vie active.

Reste la cuisine alors ? Pas certain que les chefs de l’Élysée le laissent aux fourneaux. C’est quand même leur boulot…

Bref, j’ai comme l’impression qu’après le couple Fillon, c’est le couple Pécresse qui a tendance à prendre les Français pour des idiots.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 4 février 2022

lundi 7 février 2022

De choses et d’Autres - Je ne peux pas, j’ai télétravail

Ils ont osé ! Je viens d’entendre à la radio une publicité pour une grande enseigne de la distribution. Un de ces sketches de la vie quotidienne qui mettent en scène mari et femme. Madame annonce, enthousiaste, qu’il y a une promotion de plus de 30 % sur un produit particulier (pour vous dire la vérité, j’ai déjà oublié quoi…).

Et que donc il faut immédiatement aller en faire un stock avant qu’il ne soit trop tard. Et là, le monsieur répond, très embêté : « Mais je ne peux pas, je te rappelle que je suis en télétravail ! ». Les publicitaires ont donc osé mettre en scène les nouvelles conditions de travail de quelques millions de Français. Et de suggérer de transgresser toutes les règles quand le mari, prenant conscience de l’importance du rabais (vous aurez remarqué que, dans les publicités, les hommes impriment beaucoup plus lentement l’attrait de certaines promotions), décide finalement de faire un saut au magasin, tout en demandant à son épouse de trouver une excuse si le bureau appelle durant son absence.

Même si je trouve cette publicité un peu gonflée, je dois admettre avoir déjà vécu cette situation. Pas par rapport aux promotions, mais au fait que tout en étant en télétravail, je déserte sans scrupule mon poste durant quelques minutes, voire un peu plus, et en profite pour accomplir de rapides courses, des tâches ménagères… ou une sieste réparatrice. Mais je n’ai pas mauvaise conscience.

Car la monnaie du télétravail c’est de ne pas avoir d’heure pour débuter sa journée (personnellement, ça m’arrange car j’écris plus facilement très tôt le matin) et encore moins pour éteindre l’ordinateur le soir. Quand on pense à le faire…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 3 février 2022

dimanche 6 février 2022

De choses et d’autres - Du noir au bleu

Toujours pas candidat. Emmanuel Macron n’a toujours pas annoncé s’il se représentait ou pas à l’élection présidentielle. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a d’ailleurs estimé, hier, que les Français « ne comprendraient pas » une annonce immédiate de candidature. Pas d’annonce certes, mais dans les faits, la campagne est lancée.

Et l’accent est mis sur le bilan. Comme cette mise en scène graphique du plus bel effet postée sur le compte Twitter officiel de l’Elysée. On voit, écrit en bleu sur un post-it jaune : « Ouverture du pass culture aux 15 - 16 - 17 ans. Fait. E. M. » À côté, sur ce qui ressemble au bureau du président de la République, quelques livres empilés. On distingue nettement un ouvrage d’Hélène Carrère d’Encausse, l’exemplaire de la pléiade des mémoires de Charles De Gaulle et… Le tome 100 du manga One Piece.

Une photo trop artistique pour être naturelle. Le choix des ouvrages est mûrement réfléchi. La présence d’un manga montrant que le président est au top des attentes de la jeunesse française. Une montre est aussi exposée. Avec un bracelet tricolore pour donner un peu de couleur officielle au cliché.

Par contre, les publicitaires ou hommes du marketing qui ont fabriqué de toutes pièces ce qui devait ressembler à une image prise sur le vif ont fait une grave erreur, dénoncée avec force moqueries dans les commentaires. L’écriture sur le post-it est en bleu, mais le feutre posé à côté est noir.

Vivement que le président soit officiellement candidat et qu’il prenne sa campagne en main car, pour l’instant, ses fils de pub lui font plus de tort que de bien.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 2 février 2022

mardi 1 février 2022

De choses et d’autres - Test technique

Pour fabriquer ce quotidien, nous utilisons, journalistes et techniciens, un logiciel particulier. Mardi, nous sommes passés à la nouvelle version, la 7. Un transfert totalement transparent pour vous, lecteurs de l’Indépendant. Pourtant, il y a toujours des risques quand on mélange technique, test et mise en production.

Pour apprendre à maîtriser les nouvelles fonctionnalités offertes par la nouvelle version, on travaille dans des pages test. Et ces formations, parfois, ressemblent à des occasions inespérées de se décharger de toute la pression quotidienne. C’est la foire au mot d’esprit ou transgression qui, a priori, ne franchira jamais ces quatre murs.

Sauf quand on fait une fausse manœuvre. Je me souviens de cette grosse gaffe à Tahiti, un laborantin aigri, croyant que les clichés avaient déjà été utilisés, a gravé au cutter des insultes sur le visage du PDG apparaissant dans une soirée organisée par le journal. Photos qui ont été publiées avec les mots orduriers...

On ne compte plus les fois où un texte en latin a été imprimé. C’est en fait du texte de « remplissage » servant à en mesurer la longueur.

Des dérapages qui n’arrivent pas que dans les journaux. En début de semaine, tous les utilisateurs d’Air France (soit quelques millions de personnes) ont reçu un SMS assez abscons : « Test de Julien à nouveau. » Rien à voir avec les PCR qui nous bouffent la vie. Simplement un technicien travaillant sur l’appli de la compagnie aérienne a fait un test d’envoi de message. Mais au lieu de rester dans sa configuration de travail, il est passé en production et l’a envoyé à tous les clients.

C’est bon Julien, ça fonctionne !

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 28 janvier 2022

jeudi 27 janvier 2022

De choses et d’autres - Marketing illégal

Je ne suis pas un fan des bonbons. Contrairement à certaines (que je ne nommerai pas, ici, par crainte de me retrouver menacé d’un divorce pour des Crocos Pik) je ne trouve pas ce côté nostalgique à mâchouiller des sucreries bourrées de gélatine. Parmi toutes les marques, une semble avoir le monopole du cœur : Haribo.

Pour beaucoup d’adultes, prononcer le mot de Haribo, c’est provoquer une montée de salive, à l’idée de laisser fondre en bouche Fraise Tagada ou Dragibus, un de ces produits estampillé de la marque allemande. Au point que cela a inspiré des revendeurs de drogue. Les gendarmes du Vaucluse ont arrêté des dealers qui avaient conditionné leur cannabis dans des sachets joliment renommés « Haribeuh ».


Une réalisation marketing très professionnelle, au point que certains ont sans doute acheté du Haribeuh plus pour l’emballage que le produit lui-même. Alors que des voix s’élèvent pour réclamer la légalisation de la vente des dérivés du cannabis, avant même cette décision politique déjà prise au Canada et très prochainement en Allemagne, beaucoup anticipent en cherchant à appliquer les recettes marketing à un produit qui, pour eux, est tout à fait identique à des bonbons ou des pâtes.

On a ainsi déjà vu circuler des boulettes de shit dans des emballages Kinder Surprise et d’autres cachées dans des sachets d’images Dragon Ball Z.

Le meilleur reste ces pochons floqués du nom et de la photo d’Éric Dupond-Moretti. Mais, on ne sait pas si c’était en qualité de garde des Sceaux qui allait condamner les trafiquants ou en tant que futur défenseur de ces mêmes dealers.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 26 janvier 2022

vendredi 3 décembre 2021

De choses et d’autres - Patates et célébrités

Les Parisiens résidant dans le XXe arrondissement, s’ils ont une subite envie de frites ou de purée, ne seront jamais à court de patates. Pas grâce aux épiceries de nuit ni aux supermarchés mais tout simplement car ils sont à proximité du cimetière du Père-Lachaise.

Un lieu qui abrite la tombe d’Antoine Parmentier, le promoteur de la pomme de terre. Depuis ses obsèques, des fans de ces tubercules en déposent quotidiennement sur le rebord de la tombe de Parmentier. Avec des petits mots gentils, comme « Merci pour les frites ! », gravés dans la patate.

Cette habitude pourrait être étendue à d’autres tombes de personnalités inhumées au Père-Lachaise. Je me vois bien déposer mon vieux transistor sur la tombe de Pierre Bellemare que j’ai tant écouté, enfant, à la radio. Envie d’une petite douceur ? Il suffirait que les amateurs de littérature déposent sur la tombe de Marcel Proust des madeleines. Si possible emballées individuellement…

Une célébrité originaire des Pyrénées-Orientales, François Arago, pourrait voir sa tombe servir de réceptacle pour des lunettes, lui qui a tant fait pour les progrès de l’optique.

Moins utile, mais plus symbolique en ces temps peu riants, on pourrait recouvrir la tombe d’Achille Zavatta de milliers de nez rouge pour conserver une âme d’enfant. D’autres petits rigolos auront sans doute l’idée de fleurir la tombe de Maurice Thorez, célèbre responsable communiste, de bouquets confectionnés avec des faucilles et des marteaux.

Mais la plus utile des tombes restera celle de Jean-Pierre Bacri. En hommage au plus bougon des comédiens français, il suffira d’y déposer sa mauvaise humeur et repartir l’esprit léger.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 3 décembre 2021

jeudi 2 décembre 2021

De choses et d’autres - Joue-t-on encore aux cowboys et aux Indiens ?

Quand l’information a fuité en début de semaine, tout le monde a cru à un vieux poisson d’avril : les restaurants Buffalo Grill vont changer de nom pour être renommés Napaqaro. Submergé de discours contre le wokisme, j’ai dans un premier temps pensé que ces restos qui ont fait du western et de la cuisine américaine une spécialité, montraient là une volonté de rendre hommage aux peuples indigènes massacrés par les colons.

Peut-être que Napaqaro est le nom original d’un chef indien puisqu’il y a des totems à l’entrée de tous les restaurants. N’oublions pas que le véritable nom de Sitting Bull est Tataka Iyotake et que Blueberry chez les Apaches répond au nom de Tsi-na-Pah, traduction de Nez-Cassé.

En fait j’avais tout faux, les propriétaires de la chaîne de restauration, qui détient également Courtepaille, ont simplement décidé de renommer non pas les restaurants mais le groupe de ce mot qui n’est que la traduction phonétique de « nappe à carreaux », tissu bien français présent sur toutes les tables. Il reste que Buffalo Grill va un peu s’éloigner de la culture américaine. Car, selon un des responsables du groupe, « Les cowboys et les Indiens, ça ne parle plus à mes enfants qui sont jeunes, il n’y a plus de westerns qui passent à la télé… »

Alors là je m’inscris en faux. Hier soir sur C8 les amateurs ont pu voir La rivière rouge avec John Wayne. Hier encore, Jane Campion a dévoilé son nouveau film sur Netflix, The power of the dog, un western, le premier de cette grande réalisatrice primée à Cannes.

Et toujours sur Netflix, le créateur de la série Son of Anarchy (sur les bisbilles dans des bandes de Hells Angels) a révélé travailler sur un projet se déroulant dans l’ouest américain vers 1850. Non, le western n’est pas mort. Au contraire, en ces temps où tout le monde se réfère avec beaucoup de nostalgie au passé, même si on ne l’a pas directement vécu, l’épopée de la conquête américaine n’est pas prête à cesser de faire rêver partout dans le monde, même dans nos assiettes.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le jeudi 2 décembre 2021

mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - Suis-je un umarell ?

Depuis quelques semaines, je marche beaucoup. Je me promène, exactement, tôt le matin pour améliorer ma condition physique. Et parfois, je me surprends à progresser, pensif, les deux mains jointes dans le dos.

Exactement comme mon père qui, lui aussi, marchait beaucoup. Cette position, caractéristique des personnes âgées, m’est revenue à l’esprit, quand j’ai découvert le mot « umarell ». Dérivé d’un dialecte typique de Bologne, en Italie, il désigne « les hommes à l’âge de la retraite, qui passent le temps à regarder les chantiers de construction, en particulier les travaux routiers, leurs mains jointes dans le dos. » Même si je ne suis pas un fan de travaux, suis-je un umarell ?

Car il ne fait pas le moindre doute que j’aime avoir les mains jointes dans le dos. Cela me permet de repenser à mon père et je n’ai pas à me demander quoi faire de mes bras (mains dans les poches, simplement ballants…).

En prolongeant un peu les recherches sur les umarells de Bologne, je découvre qu’ils forment, presque, un clan et qu’il existe un titre de seigneur. Certains sont devenus tellement célèbres qu’ils ont fait de la pub et ont même eu droit à des BD racontant leurs exploits. Moins réjouissant, la véritable raison de leur présence quotidienne devant les chantiers : généralement, ils sont chassés de la maison par leurs femmes qui ne désirent pas les avoir, en permanence, dans leurs pieds.

Et, dans la région aussi, on a nos umarells. Ce ne sont pas les chantiers qu’ils squattent, mais les bancs des villages, les mains appuyées sur leur canne. De l’umarell au sénateur, il n’y a qu’un pas. 

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 1er décembre 2021

samedi 4 juillet 2020

De choses et d’autres - Dernières prévisions avant fermeture

Débutée fin août 2019, la 9e saison (un peu plus de 200 épisodes) de cette chronique « De choses et d’autres » part en vacances quelques semaines. On espère qu’il y aura une 10e saison. Mais la récente crise du covid-19 prouve qu’il ne faut plus penser comme acquis ce qu’on pensait, il y a quelques mois, comme sûr et certain. 

En janvier 2020, quels ont été les extralucides qui ont vu venir la pandémie ? En bon matérialiste que je suis, j’aurai donné ma main à couper que pas un seul de ces voyants n’aurait eu l’audace d’annoncer une pandémie. 


Je doute même qu’ils connaissent le mot. Mais, sans doute à cause des lois de la probabilité, dans toute la somme des prédictions il s’en est trouvé un qui a vu juste. Un certain Denys Raffarin qui officie à Vauvert dans le Gard. Pour un site internet local, le 5 janvier, il livre ses prédictions. Beaucoup de généralités mais une phrase qui interpelle : « En matière de santé, il est à craindre une forme de pandémie virale touchant maints pays de façon rapide. » Je reste quand même persuadé que ce n’est qu’histoire de statistique, pas du tout de voyance. 

Pour preuve, il se mouillait aussi pour le résultat des municipales. A Vauvert, ville qu’il doit bien connaître puisqu’il y officie, il prévoyait que le conseil municipal « tomberait dans l’escarcelle du Rassemblement national ». Perdu ! Le maire sortant, divers gauche, l’a emporté. D’une petite centaine de voix seulement, mais cela suffit pour remettre en cause les grands talents visionnaires de Denys. 

Par contre, messieurs les voyants, pour 2021, ne jouez pas avec le feu. Que pas un seul d’entre vous ne s’amuse à évoquer l’Apocalypse. Je n’apprécierai que très moyennement que le jeu des statistiques lui donne raison. 

(Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 4 juillet 2020)

samedi 16 mai 2020

De choses et d’autres - Quelques zéros en plus


 « Quand on parle d’argent, à partir d’un certain nombre de zéros, tout le monde écoute ». Cette superbe maxime de Michel Audiard lue hier dans le Figaro qui a consacré un dossier à cet auteur caustique qu’il ne faut pas oublier, est pourtant un peu dépassée aujourd’hui.
 Car quand il y a trop de zéros, tout le monde décroche. Un million, ça va, on peut visualiser ce qu’on peut en faire à l’échelle de notre vie. Un milliard, ça devient plus compliqué. Mais quand on rajoute encore trois zéros à ce milliard, plus personne ne suit. 
Pourtant, ces 1 000 milliards de dollars correspondraient, selon une étude de la société Comparisun, à la fortune du PDG d’Amazon, Jeff Bezos, à l’horizon 2026. Ce billion de dollars (ou trillion selon la terminologie anglo-saxonne) ce serait plus que le PIB de 179 pays. L’homme le plus riche du monde, qui à l’heure actuelle n’est à la tête « que » de 138 milliards de dollars, aura 61 ans quand sa fortune dépassera cette barre hautement symbolique. 
L’heure de la retraite sans doute pour ce jeune divorcé qui ne doit pas manquer de prétendantes. 
Comparisun, en projetant les résultats actuels des grandes multinationales, voit d’autres billionnaires d’ici 2030. Deux PDG chinois qui ont le vent en poupe. Seul Français de la liste, Bernard Arnault serait le quatrième à tutoyer ces sommets, en 2033. À part ça, le monde est en crise économique, les États font faillite, les chômeurs se comptent en dizaines de millions. 
Pourtant il reste encore beaucoup d’argent en circulation. Mais contrairement au coronavirus, les profits évitent soigneusement certains pour se concentrer sur d’autres.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 16 mai.

jeudi 14 mai 2020

De choses et d’autres - Cachez ce bling-bling !

L’époque n’est plus au bling-bling ni au luxe effréné. Comment justifier des petits plaisirs à plusieurs milliers d’euros quand les infirmières touchent royalement 15 € de prime de nuit…
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.


C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 14 mai


jeudi 7 mai 2020

De choses et d’autres - La culture rend naturel


Bizarre comme une simple visioconférence avec quelques artistes vous change un homme. Depuis le début de la crise, le président Macron a endossé le costume très rigide du président en exercice, conscient du drame qui se joue, obligé d’être inflexible avec son peuple pour sauver des vies. Ses sorties, toutes millimétrées, ont toujours été des apologies pour les gestes barrières.


Et puis hier, il a évoqué le problème de la culture en France. Évoqué seulement car il a avoué d’entrée ne pas avoir de plan pour sauver ce pan essentiel de l’économie nationale. Alors c’est en bras de chemise sur le mode « faisons travailler nos méninges » qu’il a écouté et fait des propositions.
Un président étonnamment naturel, qui n’a pas cessé durant son long monologue de se passer les mains dans les cheveux, se décoiffant sans se soucier de son image. Se grattant les avant-bras, comme si un virus imaginaire le titillait, jouant avec sa cravate, parlant comme tout un chacun, sans lire un discours écrit par ses services, juste en émettant des idées, les jetant en pâture aux intervenants en leur demandant d’y réfléchir. Car l’imagination est de leur côté. Lui il a joué le pragmatique. Mais sans se priver de quelques sorties étonnantes, comme cette « utopie concrète » qui pourrait être au programme du bac de philo de l’année prochaine. En réalité, en le voyant un peu en roue libre, totalement décontracté, au naturel, j’ai douté un moment qu’il soit au courant que son intervention était en direct sur toutes les chaînes d’information. À moins que ce ne soit un excellent comédien. 


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 7 mai, 52e jour du grand confinement 

mardi 5 mai 2020

De choses et d’autres - Cheveux en liberté


Avez-vous remarqué comme la coiffure, les cheveux en général, devient le sujet principal de discussion autour de vous ?
Comment se teindre à la maison, comment raccourcir la frange sans massacrer le reste, y aura-t-il des places dans mon salon favori dès lundi ? Tout le monde est confiné, espérant échapper au redoutable virus mais quel est notre souhait le plus cher ?

Pas de découvrir un vaccin. Non, la priorité chez les dames c’est de se refaire une permanente ou de cacher ses racines et chez les hommes de dégager cette nuque recouverte par 10 cm de cheveux en liberté. Je vais tenter de vous rassurer, même si on est loin de toute rationalité quand il est question de coiffure chez certains d’entre vous. Premièrement, vous n’êtes pas seul ou seule à avoir dû vous priver « d’artiste capillaire ».
Les « dégâts » seront à peu près identiques partout. Vous ne serez pas plus horribles que vos collègues lundi à la machine à café.
Voyons plutôt le bon côté des choses. Chez certaines, la mise au repos forcé des cheveux ne peut qu’être bénéfique. Plus de produits chimiques ni de chaleur agressive, juste l’air dépollué et le soleil printanier.
Messieurs, adeptes de la coupe militaire, avec ces six semaines de confinement, vous avez presque la tignasse du professeur Raoult. Là aussi profitez-en : toutes les femmes vont craquer.
Reste les chauves. Pour eux, rien de nouveau sous la casquette, toujours le désert. À moins qu’un des médicaments testés pour tuer le covid-19 ait pour effet secondaire indésirable une accélération de la pousse des cheveux. Mais ça, comme pour le vaccin, c’est  pas demain la veille.



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 5 mai, 50e jour du grand confinement

jeudi 30 avril 2020

De choses et d’autres - Virus volant non identifié

Sur l’origine du coronavirus, dans la somme de toutes les hypothèses un peu farfelues concernant sa naissance, personne encore n’a osé impliquer les extraterrestres.
Cela va peut-être changer dans peu de temps car avant-hier, les militaires américains ont déclassifié trois vidéos où apparaissent des ovnis, ces fameux objets volants non identifiés qui font tant rêver (ou cauchemardé) depuis les années 50. Il existait déjà des extraits de rencontres inexpliquées, mais cette fois, les scènes enregistrées par des avions de la marine américaine sont très récentes.
Une première date de novembre 2004, les deux autres de janvier 2015.
Les pilotes commentent en direct ce qu’ils voient. Rien de bien concluant, si ce n’est que ces hommes habitués à la vitesse, sont totalement estomaqués par la célérité des objets très brièvement aperçus. Les vidéos, en noir et blanc, sont suffisamment nettes pour que l’on se pose des questions. Mais n’apportent pas de réponse.

Exactement comme la pandémie actuelle. Le virus, sans le moindre doute, est partout sur la planète. Il est virulent et redoutable. Mais on ne sait pas d’où il vient et encore moins quand il compte disparaître. Quand à sa provenance, elle n’est a priori pas spatiale.
Dommage, cela aurait permis à nombre de laboratoires comme celui de Wuhan de se dédouaner.
Alors reste l’hypothèse animale. Le pangolin notamment. Qui, à bien y réfléchir est un mammifère pour le moins intrigant. Un peu comme les petits hommes verts supposés piloter les ovnis filmés récemment par les militaires américains.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 30 avril, 45e jour du grand confinement

mardi 21 avril 2020

De choses et d’autres - Drone de drame


Un cauchemar à l’état pur. Les drones ont pris le pouvoir. Dans de nombreuses villes françaises comme Nice ou Metz, ils tournent au-dessus de nos têtes, nous regardent et même nous apostrophent.
Leur message est clair : « Les déplacements sont interdits sauf dérogation » et « Respectez les distances de sécurité s’il vous plaît ». Un bon point pour eux, ils sont polis. Mais le « s’il vous plaît » n’autorise pas toutes les dérives sécuritaires.
Car ces drones omniprésents sont pilotés par des policiers. En plus de haut-parleurs, les engins bénéficient de caméras capables de vous filmer. Pour ce qui est de la reconnaissance faciale, rien n’est encore précisé, mais à la vitesse où les choses évoluent, il y a fort à parier que ce sera une option plausible après le 11 mai.

Il y a un mois, le Français moyen en bon défenseur des Droits de l’Homme, s’offusquait des pratiques du gouvernement chinois dans l’utilisation de drones ou de logiciel espion. Aujourd’hui, après quatre semaines de confinement, comme si l’absence d’air frais avait nécrosé une partie de notre cerveau, celle justement dédiée aux libertés individuelles, on ne trouve plus grand-chose à redire. Et les rares qui osent encore alerter sur le sujet, se retrouvent immédiatement associés à ceux qui ne feraient pas l’effort personnel nécessaire pour stopper le virus.
Ces drones, que l’on imaginait dans l’avenir taxis, pollinisateurs ou livreurs, ne seront que les oiseaux de mauvais augure annonciateurs de la fin de notre mode de vie, libre et insouciant.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 21 avril, 36e jour du grand confinement

mercredi 15 avril 2020

De choses et d’autres - La sirène aux fesses poilues

Il y a une semaine, Disney+ ouvrait les vannes de ses programmes familiaux et consensuels. Au menu, des centaines de classiques de cette maison de production américaine toujours très à cheval sur les bonnes manières.

Malheureusement pour les dirigeants actuels, les normes en ce qui concerne la pudeur ont légèrement été revues à la hausse ces dernières années. La preuve avec la version de Splash, film sorti en 1984, mise en ligne sur Disney+.
En début de diffusion, un message en petits caractères prévient : « Ce film a été modifié par rapport à sa version originale. Son contenu a été édité. » Seuls les grands fans de ce film (et de Daryl Hannah, l’interprète principale avec Tom Hanks), remarqueront les différences.
En fait, en 1984, il était tout à fait permis de montrer les fesses de la star à l’écran. Comme elle interprète le rôle d’une sirène, elle est presque tout le temps nue. De face ses longs cheveux cachent sa poitrine. De dos par contre, son popotin est régulièrement apparent. Lors d’une scène notamment, elle se précipite vers la mer et plonge dans les vagues.
Dans la version Disney+, ses cheveux, qu’elle porte déjà très longs, ont poussé de 15 cm. Juste ce qu’il faut pour cacher entièrement son anatomie rebondie. Mais comme le montage est réalisé à grands coups de palette graphique, on a l’impression que les fesses de la belle sont recouvertes d’une sorte de fourrure, vaguement de la même couleur que sa chevelure.
Conséquence, les deux scènes (la nue et la poilue) sont reprises sur les réseaux sociaux avec moult moqueries pour la pudibonderie de Disney+, justifiée en l’occurrence. L’arrière-train de Daryl Hannah ne mérite pas un tel traitement.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 15 avril, 30e jour du grand confinement

mardi 14 avril 2020

De choses et d’autres - Démasqué !


Hier dans l’Indépendant, vous avez pu retrouver sur une pleine page un patron pour fabriquer votre propre masque de protection. Moi qui vais toujours faire les courses le visage découvert, depuis quelques jours je me sens nu comme un ver face à toutes les ménagères qui arborent des masques maison.

Mon épouse, pleine de bonne volonté, se concentre. Reste à décrypter le patron. Pas gagné d’avance car il faut bien le reconnaître, elle et la couture cela fait deux. Face à son air circonspect, je jette un œil aussi sur la page. Et là, l’affaire se complique encore.
Si au début les explications semblent assez compréhensibles, mon cerveau bloque quand il faut « coudre suivant les axes de pliure (piqueuse plate, point droit) en pliant A1 sur A2 puis B1 sur B2 ».
J’ignorais que la couture exigeait un doctorat de physique quantique. Enfin c’est l’impression que j’ai en découvrant les directives.
Malgré l’impression de me trouver face à une tâche insurmontable, je décide d’aider. Dans un premier temps je cherche du tissu. À carreaux (me souffle mon épouse aussi manche que moi), quand même plus facile à découper pour quelqu’un qui a deux mains gauches.
Quant aux élastiques, introuvables dans le commerce actuellement selon notre voisine, reine de la machine à coudre personnifiée, celui d’un vieux slip fera l’affaire. Mais se balader avec un morceau de slip sur la tête ne va-t-il pas m’attirer d’ennuis ?
Finalement, le masque maison sera pour plus tard. Je me contenterai d’un grand mouchoir sur le visage. Comme les bandits dans les films de cowboys. J’ai toujours rêvé d’être un cowboy. Et pour épouse Calamity Jane.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 14 avril, 29e jour du grand confinement (photo Nathalie Amen-Vals)

samedi 4 avril 2020

De choses et d’autres – A chaque pays ses commerces essentiels


 Hier je me demandais ce que le gouvernement entendait exactement par « commerces essentiels » dans son attestation de sortie. Une petite recherche me renvoie sur une annexe à l’article 1er de l’arrêté du 14 mars, sorte de liste à la Prévert.
Parmi les « ouverts, même en période de pandémie », on retrouve les supermarchés mais aussi les blanchisseries, les garages auto, même si on n’a pas le droit de partir en vacances, les agences d’intérim, même si des millions de Français se retrouvent au chômage, complet ou partiel, les réparateurs d’ordinateurs (là c’est dommage, si mon PC portable tombait en panne, j’aurais un bon motif pour me la couler douce) et les animaleries.
Pour ce dernier cas, je spécule que c’est surtout en cas de coupure de l’eau courante. Alors tout le monde pourra acheter de la litière et comme les chats, on fera nos besoins dans des bacs…
En fait, chacun peut considérer ce qu’il a d’essentiel pour vivre. En Italie, au tout début de l’épidémie, le gouvernement avait décidé de fermer nombre de magasins, mais permettait aux librairies de rester ouvertes. Bon, cela n’a pas tenu longtemps. La lecture c’est bien, mais rester vivant c’est mieux.
En Belgique, fermer des friteries, c’est comme imposer à des millions de personnes un régime drastique et démoralisant.
Par contre aux USA, Trump a été très clair sur ce point : pas question que les armureries ferment. Car quand le Français a besoin de sa baguette fraîche tous les jours, l’Américain lui se contente d’un fusil automatique et de 200 balles pour le recharger. Dans les deux cas cela n’a aucune efficacité contre le virus, mais ça rassure.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 4 avril, 19e jour du grand confinement