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dimanche 14 juillet 2024

Cinéma - Le confinement nous a placés “Hors du temps”

Souvenez-vous : c’était il y a à peine quatre ans, un virus, le confinement. Nous sommes très loin, aujourd’hui, de ces contraintes sanitaires. En fait, toute cette partie de notre vie est quasiment oubliée. Pourtant cet arrêt brutal de la vie dans le pays a bouleversé des existences. Fait réfléchir.

Olivier Assayas, cinéaste, raconte dans Hors du temps, son confinement. Avant la décision, il rejoint la maison familiale en banlieue parisienne. Mieux que l’appartement parisien : il y a un jardin et un immense parc, le théâtre des jeux enfantins avec son frère. Un frère qu’il retrouve. Ils se sont perdus de vue, ont oublié leur complicité et doivent réapprendre à se supporter.

Le film alterne vues fixes sur les lieux (maison, chambres, forêt, parc…) avec voix off du réalisateur racontant son enfance et les rapports avec ses parents, et pure comédie avec dans le rôle du cinéaste Vincent Macaigne et Micha Lescot dans celui du frère. Ils sont confinés avec leurs compagnes du moment. Le cinéaste, tous projets à l’arrêt, va découvrir les charmes du printemps tout en devenant paranoïaque, multipliant les précautions pour ne pas être exposé au virus.

Le frère, animateur radio, obligé de télétravailler, n’a qu’une envie : retrouver sa liberté. Hors du temps est parfois loufoque tant la caricature de cinéaste est ridicule dans sa manière de se protéger ; lumineux par ses tirades sur la nature ou l’amour ; intellectuel avec nombre de références savantes sur la peinture, la littérature ou certaines utopies oubliées comme L’an 01 de Gébé ; très réaliste avec les contraintes matérielles, de la garde alternée (avec rendez-vous sur un parking de supermarché) ou l’explosion des achats compulsifs par internet.

Un très bon résumé de cette période peu glorieuse que l’on a sans doute trop vite oubliée sans en tirer les bons enseignements.

Film d’Olivier Assayas avec Vincent Macaigne, Micha Lescot, Nora Hamzawi, Nine d’Urso.


mercredi 24 janvier 2024

Une fable (brésilienne) sur les effets du confinement


Quand la Covid 19 chamboulait nos vies, nous faisait paniquer, à quoi aurait ressemblé La dernière joie du monde, titre de ce roman brésilien de Bernardo Carvalho ? Presque une fable, ce court texte qui débute lors du premier confinement. Un homme annonce à son épouse qu’il la quitte. Immédiatement. Et la femme de se retrouver seule dans l’appartement. Pas totalement seule car quelques jours avant le début de la pandémie, l’épouse, prof d’université, a trompé son mari avec un étudiant. Un inconnu. Une seule fois.

Neuf mois plus tard, alors que le pays a radicalement changé, elle met au monde un garçon. Elle tente de retrouver le père en allant voir un devin. Cet homme, touché par la maladie, est longtemps resté dans le coma. À son réveil il n’a plus de souvenirs. Mais il peut prédire l’avenir.

« La dernière joie du monde » Bernardo Carvalho, Métailié, 128 pages, 18 €

mardi 29 août 2023

Roman français – Serge Joncour livre son récit de confinement


Laissez-vous emporter par la prose puissante de Serge Joncour. Après le remarquable Nature humaine (Flammarion, prix Fémina 2020 et prix Midi 2021), l’auteur qui aime tant l’Occitanie et plus spécialement le Lot, reprend le récit des vies de la famille d’Alexandre Fabrier, ce paysan exemplaire de l’évolution d’un métier jusqu’à la fin du XXe siècle.

Chaleur humaine (Albin Michel, 348 pages, 21,90 €) se déroule 20 ans après. Nous sommes en janvier 2020. Seul sur sa ferme, Alexandre élève des vaches, les parents continuant de produire quelques légumes avec un ouvrier, Alexandre a prolongé son histoire d’amour à distance avec Constanze, l’Allemande protectrice de la nature. Ses sœurs sont des citadines. L’une professeur à Toulouse, l’autre tient un café à Rodez, la dernière travaille dans les nouvelles technologies à Paris.
Frère et sœurs sont fâchés. La faute à des éoliennes géantes implantées sur les terres des exilées. Mais quand le confinement à cause de la pandémie Covid est décrété, elles décident de revenir se mettre au vert. Un roman puissant sur la réconciliation familiale, l’attachement à la terre, sa préservation et l’amour des animaux. Des simples vaches en passant par d’adorables chiots, vedettes indirectes de cette Chaleur humaine.

vendredi 7 juillet 2023

Roman - Amour immergé


La longue période du premier confinement a été un choc pour beaucoup mais aussi une opportunité de faire un bilan de sa vie. Le nouveau roman de Marie-Claire Baco-Baesa, autrice locale, utilise cette période pour dresser le portrait une femme amoureuse.

En pays d’étangs (150 pages, Balzac Éditeur, 18 €) se déroule entre Banyuls-sur-Mer et l’étang de Bages-Sigean. Alors qu’avec sa famille (un mari et deux grands adolescents), Anne se retrouve à télétravailler, elle décide de profiter de ce répit pour mettre au propre ses études sur les pêcheurs d’anguilles. Chercheuse au laboratoire océanographique d’Arago, elle a passé il y a quelques années de longs moments avec les derniers pêcheurs d’anguilles. Notamment Pierre.

Ce court roman, entre exploration scientifique et questionnement intérieur, est avant tout un cri d’amour. Car paradoxalement, Anne, est tombée follement amoureuse de Pierre. Malgré les différences sociales. Une belle et courte histoire d’amour qu’elle revit par procuration en reprenant ses notes et en se souvenant de tous ces délicieux moments d’égarement. Un style affirmé, simple et évocateur, permet à Marie-Claire Baco-Baesa d’embarquer le lecteur dans ces méandres romantiques au pays des étangs.

jeudi 2 février 2023

De choses et d’autres – Comme une odeur de reconfinement

Avez-vous, comme moi, ressenti un sentiment de déjà-vu ces derniers jours ? Comme un retour vers le passé, il y a trois ans, quand arrivaient de Chine les premiers signes d’une nouvelle maladie. Depuis le (ou la) covid est connu de tous. Mais c’est l’attitude chinoise qui provoque ce sentiment de bis repetita.

L’abandon de tout confinement a ouvert les vannes de la contamination de masse. Et comme les touristes en provenance de l’Empire du Milieu affluent toujours en masse vers l’Europe, la vague arrivera jusqu’à nos frontières. à ce rythme, comme début 2020, on sera tous confinés avant la fin du mois de mars.

Je ne suis pas plus inquiet que cela pour ma santé : trois fois vacciné, déjà deux fois infecté, je fais confiance à mes anticorps. Je pense reconfinement car on commence à voir de plus en plus de clients dans les magasins qui arborent de nouveau des masques.

J’ai même croisé, le 31 décembre, quelques heures avant le début du réveillon, une dame particulièrement prudente. Non seulement elle portait un masque chirurgical, mais avait par-dessus une visière. De plus, elle poussait son chariot les mains protégées par des gants en latex. Et a attendu une bonne minute qu’il n’y ait plus personne dans son chemin pour franchir, seule, les portes automatiques.

Je ne sais pas ce que décideront les politiques, ni si l’hôpital pourra encore et toujours absorber le flot de malades, mais l’attitude de cette Française lambda me semble plus sérieuse et fiable que n’importe quelle prédiction d’une quelconque Mme Soleil. Même si à tout prendre, j’aimerais tant me tromper sur toute la ligne.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 4 janvier 2023

mardi 11 janvier 2022

De choses et d’autres - Les deux mondes d‘après

 


Il y a un peu plus d’un an est apparu partout le concept de monde d’après face au monde d’avant. On était persuadé, il y a quelques mois, que l’épreuve de ce premier confinement et de cette pandémie allait nous permettre de resserrer les liens avec nos proches, d’avoir plus d’empathie, de modifier nos modes de vie. Que de ce malheur sortirait un monde d’après forcément meilleur.

 

On est en 2022 et on déchante.

Le monde d’après se limite à constater qu’il y a en fait deux pôles totalement opposés. D’un côté ceux qui font confiance à la science, persuadés que les vaccins contre le Covid nous protège du pire, de l’autre ceux qui refusent ces traitements forcément suspects car trop vite mis au point.

Dans l’absolu, dans le monde d’après des premiers, toute la population étant vaccinée, le Covid serait redevenu ce qu’il était dans l’esprit de certains au tout début : une « grippette ». Plus de classes fermées, plus de services de réanimation débordés, plus de contraintes liées à un passe vaccinal.

À l’opposé, le monde d’après des seconds serait redevenu sûr grâce à l’immunité collective naturelle. Tout le monde aurait déjà attrapé le Covid qui ne serait donc qu’un mauvais souvenir.

Le problème de notre société clivante, c’est que les deux mondes sont obligés de coexister. Conséquence, les avantages des deux possibilités s’annulent. Ne restent que les inconvénients. Dans le premier, malgré la vaccination, le virus circule toujours. Dans le second, seul le virus circule en toute liberté, les non-vaccinés ne pouvant plus voyager ou aller au restaurant.

Deux mondes d’après totalement incompatibles et parfaitement irréconciliables.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 11 janvier 2022

jeudi 18 juin 2020

De choses et d’autres - Ces publicités d’avant confinement

La France entière a été saisie par le confinement brutal, décidé en moins de trois jours. Deux mois où tout s’est arrêté, un peu comme le château de la Belle au bois dormant. 

Quand on est ressorti, tout étonné du calme de la ville, si les voitures étaient beaucoup moins nombreuses, les panneaux publicitaires eux n’avaient pas bougé. Au contraire, ils étaient comme figés à faire la réclame d’événements ou de produits devenus obsolètes ou dérisoires, comme des vacances à l’autre bout du monde. Plus étonnant, une fois le déconfinement acté, le 11 mai, certains panneaux n’ont pas du tout changé. On a par exemple vu, durant de longues semaines, passer les bus de ville de Perpignan avec les publicités pour le film Papy Sitter. 

Un film qui n’a pu rencontrer ses spectateurs que durant une semaine. Ensuite, on a dû se contenter des affiches. Si, comme moi, vous avez  été alléché par cette histoire de deux grands-pères que tout oppose, obligés de collaborer pour faire réviser leur petite fille, vous pourrez enfin le découvrir, dès ce lundi, dans tous les cinémas de la région. 

Toujours dans le domaine du cinéma, certains affichages dépendant de la mairie de Perpignan annoncent toujours le 56e festival Confrontation de l’Institut Jean Vigo, du 24 au 29 mars. Là aussi, bonne nouvelle, le thème retenu sur l’Histoire du temps présent est conservé et se déroulera du 13 au 18 avril… 2021. Si les affiches, toujours en place, résistent encore une dizaine de mois, il n’y aura quasiment rien à changer, si ce n’est la date.  

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 18 juin 2020


jeudi 11 juin 2020

DVD. Nouveautés à foison dans un marché en crise

Après deux mois sans la moindre sortie, les nouveaux DVD et bluray envahissent les rayons des magasins spécialisés en culture mais aussi les grandes surfaces. Des nouveautés pour tenter de rattraper un manque d’activité mais qui ne cache pas la crise que traverse le secteur. Pour preuve, 50 éditeurs de vidéo ont publié un « Appel » pour interpeller les autorités sur les dangers économiques qui menacent ces petites structures. Dans ce texte dévoilé jeudi, les signataires estiment que « la vidéo physique est capitale dans la galaxie du cinéma et dans la diffusion de la culture en général. En complément des autres médiums, la vidéo physique fait vivre le patrimoine cinématographique et audiovisuel assurant sa préservation, sa diffusion et sa transmission. »

 Mais, regrettent les 50 éditeurs, « ce précieux outil de diversité et de création, que 10 millions de Français déclaraient encore acheter en 2018, pourrait perdre entre 30 et 40 % de sa valeur commerciale, du fait de la grave crise que nous traversons. Nous demandons aux pouvoirs publics un plan de sauvegarde avec la  création d’un budget spécifique de sauvegarde pour la culture, incluant notamment l’univers de la vidéo physique, en plus des exploitants, des distributeurs ou des producteurs. » 

Alors si vous voulez aider ce secteur vital pour le cinéma français, n’hésitez pas à acheter et savourer (avec souvent des bonus édifiants) les titres de cette sélection subjective. Le 26 mai, plongée dans le rude monde de la paysannerie contemporaine avec Seules les bêtes (Haut et Court), thriller enneigé de Dominik Moll. 

Le 27 mai dernier Selfie (Apollo), film à sketches sur les dérives des réseaux sociaux vous permettra de réfléchir à votre consommation de gigaoctets. Encore une histoire de ferme dans Revenir (Pyramide), film de Jessica Palud avec Adèle Exarchopoulos sorti le 2 juin. Toujours le 2 juin, Gloria Mundi (Diaphana) a fait son arrivée dans les commerces. Le dernier film de Robert Guédiguian parle de misère et de dignité. 

Terminez dans le sang de la Guerre d’Algérie filmée par Abdel Raouf Dafri dans Qu’un sang impur… (Mars Films) avec la révélation Lyna Khoudri.

  

mardi 12 mai 2020

De choses et d’autres - Les messages des arrière-plans


Tout amateur de cinéma sait qu’il faut parfois avoir l’œil pour remarquer les messages distillés par le réalisateur en arrière-plan. Un bibelot, une affiche, la couverture d’un livre en évidence : on doit être aux aguets pour ne rien rater.
Les 55 jours de confinement m’ont donné l’occasion de me perfectionner dans ma chasse aux messages cachés ou l’analyse des arrière-plans diffusés à la télévision dans tous les duplex « en direct de ma cuisine ». Amateur de livre, la première chose que je regarde c’est l’encombrement des étagères. Lors de visioconférences avec des collègues, j’ai admiré une bibliothèque méticuleusement rangée et copieusement remplie d’ouvrages reliés.


À l’inverse, je ne sais que dire de ces murs blancs, vierges de toute décoration. À moins que cela ne soit le signe d’un gros ego délivrant son message : « Il n’y a que moi à regarder, rien d’autre ! ».
Lors des directs, je cherche le détail qui permet d’humaniser l’intervenant. Une photo de famille, un tableau champêtre, un diplôme encadré, une pendule. Par contre chez les politiques on devine que tout est pensé à l’avance. Les maires sont redoutables à ce jeu. Anne Hidalgo à Paris a multiplié les symboles sur sa ville.
Et puis durant ces directs il y a les imprévus. Mignons comme le fils d’Olivier Faure qui vient se blottir dans les bras de son père, par ailleurs premier secrétaire du Parti socialiste en pleine interview sur la crise sanitaire. Catastrophiques pour l’image de marque quand Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, est surprise la clope au bec installée à son bureau en train de lire ses textos. Ils vont me manquer ces moments vrais et ces arrière-plans du quotidien.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 12 mai

samedi 9 mai 2020

Cinéma - Varda et Truffaut, cautions culturelles des plateformes de SVOD ?



En France, Netflix et Amazon Prime tentent de se donner une meilleure image culturelle. Les deux plateformes de vidéo à la demande par abonnement (SVOD) ont étoffé leur catalogue avec des films français d’auteur de très grande qualité. Netflix mise sur François Truffaut, Amazon Prime, toujours dans la mouvance de la nouvelle vague, a remis au goût du jour presque l’intégralité de l’œuvre cinématographique d’Agnès Varda. Pourquoi les plateformes de SVOD changent d’un coup d’un seul le fond de leur catalogue ? 

Bonnes et mauvaises raisons

Les naïfs estimeront que c’est pour apporter un peu plus de qualité face au très raté Marseille chez Netflix ou le racoleur Love Island animé par Nabilla chez Amazon. Les plus réalistes estiment simplement que les géants américains se préparent à remplir les obligations européennes de diffusion de 30 % d’œuvres en provenance du vieux continent. 


Obligation non dérogatoire et soumise à forte amende en cas de non-respect. Sachant que les investisseurs des deux plateformes de SVOD ne sont pas spécialement des philanthropes, cette seconde explication semble la plus plausible. Reste que grâce à ces directives européennes souvent décriées, le public de Netflix et Amazon a la possibilité de découvrir des chefs-d’œuvre du cinéma français, de moins en moins diffusés à la télévision française si ce n’est Arte. 
Agnès Varda sur Amazon, cela va de son premier long-métrage La Pointe Courte, tourné à Sète en 1954 avec un jeune acteur encore inconnu : Philippe Noiret aux Plages d’Agnès de 2008. On ne manquera pas l’incontournable Sans toit ni loi qui a révélé Sandrine Bonnaire ou le mythique Cléo de 5 à 7, excellente photographie de la vie d’une femme française au début des années 60. Fiction, documentaire ou essai cinématographique, avec Varda le cinéphile est comblé de A à Z. 
Pour beaucoup, François Truffaut est considéré comme le plus grand cinéaste français de tous les temps. Ancien critique, il a été sévère pour ses aînés avant de bousculer la narration filmique. Ce sont 12 films qui rejoignent (pour un an seulement dans un premier temps), le catalogue de Netflix. On peut commencer par Les 400 coups avec un Jean-Pierre Léaud encore minot endossant le personnage de sa vie, Antoine Doinel. Mais on peut aussi attaquer avec Vivement dimanche, son dernier film réalisé en 1983. Un polar avec une Fanny Ardant toujours aussi époustouflante dès que le réalisateur derrière la caméra sait mettre en valeur sa classe folle. Entre ce premier et dernier film, ce ne sont que des œuvres d’anthologie qui sont proposées, de Jules et Jim au Dernier métro. Il manque quand même dans cette œuvre La nuit américaine (qui a offert à Dani son meilleur rôle au cinéma) et surtout L’homme qui aimait les femmes, avec Charles Denner. Sans doute le film le plus personnel de Truffaut.

De choses et d’autres - Confinement 1 - Libido 0


Pendant le confinement, les sondeurs eux n’ont pas chômé. Et si au début on ne répondait pas à leurs sollicitations, au bout de quatre semaines, leur appel était le bienvenu pour briser la monotonie de ce mauvais remake d’Un jour sans fin.
Jeudi, plusieurs instituts ont dévoilé les études portant sur le couple et le confinement. Résultat des courses, c’est pas brillant. Certes une majorité estime que ce confinement n’a pas eu d’effet sur leur vie à deux, par contre ils sont plus de 10 % qui affirment vouloir, dès la fin du confinement, s’éloigner l’un de l’autre un temps, voire définitivement.
Découvrir toutes les manies et défauts de celui ou celle avec qui on doit cohabiter 24 h sur 24, laisse forcément des traces.

De même, contrairement aux premières impressions qui laissaient entrevoir un babyboom dans 9 mois, les naissances risquent au contraire de plonger car le même sondage réalisé par l’Ifop pour Charles.co, un site de consultations en ligne de médecin sexologues, montre qu’un couple dur cinq n’a plus du tout de relations sexuelles à la fin de ce confinement.
Et si par malheur un « reconfinement » devait être décidé, les femmes sont clairement contre un nouvel enferment avec leur compagnon. A choisir, elles préfèrent, et de loin, rester seules que mal accompagnées. Sexe et confinement n’ont pas fait bon ménage.
Le déconfinement devrait permettre à certains et certaines de reprendre leur chasse à l’âme sœur. Mais je me garderai de faire la moindre allusion sur l’interdiction des réunions de plus de 10 personnes. Dix, vue la thématique du jour, ça me parait déjà très élevé…



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 9 mai, 54e jour du grand confinement

vendredi 8 mai 2020

De choses et d’autres - Le temps est venu…


En mode « Moi, président… » Nicolas Hulot a publié sous forme de tribune dans Le Monde d’hier une longue liste de propositions pour un avenir plus radieux. 100 idées qui commencent toutes par « Le temps est venu… »
L’ancien animateur télé, chantre de l’écologie (et capitaliste éclairé) estime sans doute que le long confinement a été propice aux Français pour qu’ils fassent une introspection sur leur mode de vie. 

Un luxe de propriétaire terrien que les locataires de F3 sous les combles n’ont pas pu développer, autrement préoccupés par les cris des voisins, les pleurs du petit dernier et l’angoisse de se prendre un PV de 135 euros à leur 3e sortie de la journée pour ne pas péter les plombs.
Si certains souhaits ne sont que la reformulation de son programme politique, d’autres font un peu figure de journal intime d’une gamine de 12 ans. Que penser de « Le temps est venu de nous réapproprier le bonheur » quand plus de 12 millions de Français sont au chômage partiel ?
Et quand il dit « Le temps est venu d’applaudir la vie », c’est en opposition aux applaudissements pour le personnel soignant tous les soirs à 20 heures ?
La dernière est sans doute la plus horrible : « Le temps est venu de créer un lobby des consciences ». J’ai toujours eu en horreur le mot lobby, symbole des agissements sournois et cachés d’une minorité uniquement préoccupée par ses petits intérêts.
Mais, comme le dit ironiquement un journaliste de l’Opinion sur Twitter : « C’est sympa à Hulot de permettre à des élèves de CM2 de décrire leur monde rêvé ». En fait, pour Nicolas Hulot, le temps est surtout venu de se faire oublier. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 8 mai, 53e jour du grand confinement

jeudi 7 mai 2020

De choses et d’autres - La culture rend naturel


Bizarre comme une simple visioconférence avec quelques artistes vous change un homme. Depuis le début de la crise, le président Macron a endossé le costume très rigide du président en exercice, conscient du drame qui se joue, obligé d’être inflexible avec son peuple pour sauver des vies. Ses sorties, toutes millimétrées, ont toujours été des apologies pour les gestes barrières.


Et puis hier, il a évoqué le problème de la culture en France. Évoqué seulement car il a avoué d’entrée ne pas avoir de plan pour sauver ce pan essentiel de l’économie nationale. Alors c’est en bras de chemise sur le mode « faisons travailler nos méninges » qu’il a écouté et fait des propositions.
Un président étonnamment naturel, qui n’a pas cessé durant son long monologue de se passer les mains dans les cheveux, se décoiffant sans se soucier de son image. Se grattant les avant-bras, comme si un virus imaginaire le titillait, jouant avec sa cravate, parlant comme tout un chacun, sans lire un discours écrit par ses services, juste en émettant des idées, les jetant en pâture aux intervenants en leur demandant d’y réfléchir. Car l’imagination est de leur côté. Lui il a joué le pragmatique. Mais sans se priver de quelques sorties étonnantes, comme cette « utopie concrète » qui pourrait être au programme du bac de philo de l’année prochaine. En réalité, en le voyant un peu en roue libre, totalement décontracté, au naturel, j’ai douté un moment qu’il soit au courant que son intervention était en direct sur toutes les chaînes d’information. À moins que ce ne soit un excellent comédien. 


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 7 mai, 52e jour du grand confinement 

mardi 5 mai 2020

De choses et d’autres - Cheveux en liberté


Avez-vous remarqué comme la coiffure, les cheveux en général, devient le sujet principal de discussion autour de vous ?
Comment se teindre à la maison, comment raccourcir la frange sans massacrer le reste, y aura-t-il des places dans mon salon favori dès lundi ? Tout le monde est confiné, espérant échapper au redoutable virus mais quel est notre souhait le plus cher ?

Pas de découvrir un vaccin. Non, la priorité chez les dames c’est de se refaire une permanente ou de cacher ses racines et chez les hommes de dégager cette nuque recouverte par 10 cm de cheveux en liberté. Je vais tenter de vous rassurer, même si on est loin de toute rationalité quand il est question de coiffure chez certains d’entre vous. Premièrement, vous n’êtes pas seul ou seule à avoir dû vous priver « d’artiste capillaire ».
Les « dégâts » seront à peu près identiques partout. Vous ne serez pas plus horribles que vos collègues lundi à la machine à café.
Voyons plutôt le bon côté des choses. Chez certaines, la mise au repos forcé des cheveux ne peut qu’être bénéfique. Plus de produits chimiques ni de chaleur agressive, juste l’air dépollué et le soleil printanier.
Messieurs, adeptes de la coupe militaire, avec ces six semaines de confinement, vous avez presque la tignasse du professeur Raoult. Là aussi profitez-en : toutes les femmes vont craquer.
Reste les chauves. Pour eux, rien de nouveau sous la casquette, toujours le désert. À moins qu’un des médicaments testés pour tuer le covid-19 ait pour effet secondaire indésirable une accélération de la pousse des cheveux. Mais ça, comme pour le vaccin, c’est  pas demain la veille.



Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 5 mai, 50e jour du grand confinement

vendredi 24 avril 2020

Sant Jordi aussi est resté chez lui


Hier, 23 avril, partout dans le monde on a fêté la Sant Jordi devenue Journée mondiale du livre et du droit d’auteur depuis 1995 sous l’égide de l’Unesco. Pour la première fois cette Sant Jordi n’a pas donné lieu à de multiples rencontres entre les auteurs et leurs lecteurs, entre les éditeurs et les futurs écrivains, entre les roses et les passionnés de mots. Non, la Sant Jordi 2020 c’était à la maison, avec les livres qu’on a sous la main et peu de fleurs, confinement oblige.

Une tradition qui a cependant continué à exister sur les réseaux sociaux. On a vu fleurir les roses sur les profils Facebook ou Twitter de tous ceux qui aiment la lecture ou ont des racines catalanes. Les conseils de lectures, déjà très présents sur le net, se sont démultipliés pour une journée. Et puis il y a des initiatives plus construites et travaillées comme celles proposées par le réseau des bibliothèques de Perpignan. Temples de la lecture, ces bibliothèques, ainsi que toutes celles de l’agglo, sont fermées au public depuis le début du confinement strict. Mais très rapidement il a été proposé à tous les habitants des 36 communes composant l’agglomération Perpignan Méditerranée un abonnement de deux mois gratuits. Il suffit de remplir un formulaire en ligne pour ensuite avoir accès à l’ensemble des données du réseau disponible à l’adresse internet resolu.net. Au programme soutien scolaire, presse et films en VOD, sans oublier évidemment une large sélection de livres au format numérique.

Enregistrement des mots  de confinés

Les bibliothèques de Perpignan qui pour cette Sant Jordi enfermée ont demandé à tous les lecteurs acceptant de jouer le jeu de participer à deux opérations. La première, consistait à réaliser une œuvre dessinée sur le thème de « Sant Jordi combat le coronadragon ! »

Les photos des dessins ont été publiées sur la page Facebook de l’organisme de même que celles illustrant la seconde opération : « Affichez-vous avec votre livre du moment, votre livre préféré, le livre qui a changé votre vie, pour notre galerie de portraits de lecteurs : ‘Un livre, un auteur et moi’.» Pilule et André, les célèbres clowns, ont été les premiers à présenter leurs livres préférés dans un montage de quatre photos reflétant leur joie de vivre. L’ensemble des contributions a également été mis en ligne hier.

N’oublions pas que dès le début du confinement, les bibliothécaires, en plus de trouver quantité de bonnes solutions pour passer le temps intelligemment, ont demandé aux auteurs en herbe de participer à l’opération « Mots de confinés ». « Nous vous proposons de nous envoyer un texte, un petit « billet » : maux confinés, mots de confinés, anecdotes… parlez-nous de vous, expliquent les bibliothécaires.  Ou bien rêvez un « Et après ! », imaginez « une bibliothèque sans lecteurs », racontez-nous « des lecteurs sans bibliothèque »… inventez ! » Résultat ce sont 50 enregistrements qui sont disponibles sur la chaîne soundcloud du réseau, des textes courts, sorte de mémoire de cette période de confinement permettant de savoir comment vous le vivez, le subissez. Une matière première qui devrait être très utile pour les futurs chercheurs qui se pencheront sur cette période si étrange de notre histoire. Avec on l’espère le bout du tunnel le 11 mai prochain. Les habitués des bibliothèques pourront de nouveau chercher de la lecture directement dans les rayonnages.

jeudi 23 avril 2020

Les « Rêveries » confinées de Ben Caillous


Quand il est dans sa petite cour à Sorède dans les Albères, le matin en buvant son café, Ben Caillous ne cesse d’admirer son oranger couvert de fruits. Des boules de couleur orange qu’il a affublées de deux pattes et d’un bec pour les transformer en petits oiseaux sur les toiles qu’il est en train de réaliser. Ils sont omniprésents dans une série commencée en plein confinement. « Ces petits oiseaux ce sont un peu toutes les pensées qu’on a durant ce confinement, confie le jeune artiste catalan. Ces toiles feront partie d’une série que j’ai intitulée « Rêveries ». Comme maintenant je passe plus de temps à la maison, j’ai davantage de dessins que prévus. » Ben Caillous, comme beaucoup dans le milieu de la culture, redoute les conséquences de ce confinement. « On devait prendre un atelier avec un ami à Céret cet été. On a abandonné. Tous les événements sont annulés. J’espère que le salon de Valmy, vers la fin septembre, sera maintenu. Cela me permettra de montrer les « Rêveries » au public. »
Autre conséquence de l’interdiction de sortir de chez soi et surtout des commerces fermés, l’impossibilité de se ravitailler en matériel. « J’ai ressorti mes vieilles toiles du garage et je fais beaucoup de croquis. Mais je n’ai rien pour encadrer. Si je montre ces travaux, ce sera du brut… » Il faut alors trouver des astuces. « J’ai fait beaucoup de dessin au lavis avec du café. Cela fait de jolis effets sur les carnets de croquis ».

En manque de visages

Le plus dur pour le peintre reste de ne plus pouvoir sortir et de voir des gens. Il aime dessiner des visages, en manque de cette matière première, il a l’impression de s’étioler. S’il lui tarde  de ressortir et de dessiner d’après nature, il sait aussi que le confinement est essentiel puisque sa compagne est infirmière.

Et en éternel optimiste qui aime mettre des couleurs vives dans ses toiles, il espère qu’il ressortira du bon de cet enfermement. « La ville de Saint-Estève m’a contacté pour faire un dessin qui sera ensuite vendu aux enchères pour recueillir des fonds. Et puis au moins tout le monde se comprend et a ce confinement en commun. » Et qui sait, à force de rester face à un mur blanc et vide, un confiné va avoir envie d’accrocher une toile signée Ben Caillous pour égayer ce quotidien monotone.

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« Instants népalais », un livre reporté en juin
En 2015, Ben Caillous est allé en voyage humanitaire au Népal. Un périple au cours duquel il a réalisé de nombreuses aquarelles. De ce carnet de voyage, vu en partie au festival de la bande dessinée de Laroque-des-Albères dans les Pyrénées-Orientales, il en fait un livre, « Instants népalais ». 42 pages reprenant les aquarelles avec des légendes succinctes. La sortie du livre, aux Presses Littéraires, était prévue en mai. Là aussi le confinement a chamboulé la donne. Peut-être en juin…

vendredi 17 avril 2020

De choses et d’autres - Le confinement, de cinq à sept


Encore un peu plus de trois semaines à tenir, trois semaines de confinement et parfois de cohabitation compliquée. Les menaces de divorce se multiplient aussi rapidement que les cas positifs au Covid-19 sur un porte-avions de la marine française.
Après plus de 30 jours, les accrochages atteignent un paroxysme jamais atteint, même après qu’elle vous a surpris en train de regarder à travers la haie la voisine en train de bronzer à l’été 2011 ou quand vous lui avez reproché ces minaudages lors du repas chez votre nouveau boss. Bref, rien ne va plus dans votre couple.
À moins qu’une société française n’ait l’idée, comme au Japon, de proposer des locations de courte durée, notamment aux couples qui souhaitent s’offrir un répit. Vous sentez que ça va mal se passer ce soir ou demain ? Vite louez pour trois ou quatre soirs ce studio temporaire. Cela vous permet personnellement de décompresser un peu et à votre moitié d’oublier  les nombreux griefs à votre encontre.
Au Japon, où le confinement a été instauré beaucoup plus tôt que sous nos latitudes, le nombre de divorces explose. Il est vrai que les appartements sont petits et les murs en papier selon les clichés véhiculés en Occident.
Mais paradoxalement, en France la solution du logement provisoire pour faire baisser la tension ne ferait qu’aggraver la situation. Car au retour de la petite pause, forcément elle va vous soupçonner d’avoir accueilli votre supposée maîtresse dans le studio. Vous ne serez pas en reste, la suspectant d’avoir tenté d’améliorer ses rapports de voisinage avec le beau gosse célibataire du 12.
Non décidément ce confinement n’apporte rien de bon dans la vie des couples. Au Japon comme en France.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 17 avril, 32e jour du grand confinement

mercredi 15 avril 2020

De choses et d’autres - La sirène aux fesses poilues

Il y a une semaine, Disney+ ouvrait les vannes de ses programmes familiaux et consensuels. Au menu, des centaines de classiques de cette maison de production américaine toujours très à cheval sur les bonnes manières.

Malheureusement pour les dirigeants actuels, les normes en ce qui concerne la pudeur ont légèrement été revues à la hausse ces dernières années. La preuve avec la version de Splash, film sorti en 1984, mise en ligne sur Disney+.
En début de diffusion, un message en petits caractères prévient : « Ce film a été modifié par rapport à sa version originale. Son contenu a été édité. » Seuls les grands fans de ce film (et de Daryl Hannah, l’interprète principale avec Tom Hanks), remarqueront les différences.
En fait, en 1984, il était tout à fait permis de montrer les fesses de la star à l’écran. Comme elle interprète le rôle d’une sirène, elle est presque tout le temps nue. De face ses longs cheveux cachent sa poitrine. De dos par contre, son popotin est régulièrement apparent. Lors d’une scène notamment, elle se précipite vers la mer et plonge dans les vagues.
Dans la version Disney+, ses cheveux, qu’elle porte déjà très longs, ont poussé de 15 cm. Juste ce qu’il faut pour cacher entièrement son anatomie rebondie. Mais comme le montage est réalisé à grands coups de palette graphique, on a l’impression que les fesses de la belle sont recouvertes d’une sorte de fourrure, vaguement de la même couleur que sa chevelure.
Conséquence, les deux scènes (la nue et la poilue) sont reprises sur les réseaux sociaux avec moult moqueries pour la pudibonderie de Disney+, justifiée en l’occurrence. L’arrière-train de Daryl Hannah ne mérite pas un tel traitement.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 15 avril, 30e jour du grand confinement

BD - Bienvenue dans l’atelier des auteurs Rue de Sèvres

La fin du confinement, ce n’est pas pour demain. Alors les éditions Rue de Sèvres, privées de nouveautés, offrent une visite virtuelle hebdomadaire des ateliers de leurs auteurs.


Si dans certaines régions d’Italie, les librairies ont le droit de rouvrir leurs portes aux clients, il n’en va pas de même en France. Confinement strict renouvelé jusqu’au 11 mai, ces temples de la culture sont inaccessibles à leurs fidèles lettrés. Toutes les maisons d’éditions ont donc suspendu leur programme de parution. Pas une seule nouveauté en avril, excepté quelques livres uniquement en versions numériques. Mais cela n’empêche pas ces sociétés de maintenir le contact avec les lecteurs, habituels ou occasionnels. Le secteur de la bande dessinée, florissant et dynamique, multiplie les opérations pour distraire les confinés à petit prix. Cette fois ce sont les éditions Rue de Sèvres qui lancent une opération originale. Rue de Sèvres vous invite dans son atelier ! Comme si on pouvait s’affranchir de l’interdiction de se déplacer et de se réunir.
Sur son site internet, la branche BD des éditions de l’École des Loisirs, explique que « pour animer les prochaines semaines d’isolement et garder le lien avec l’actualité de la bande dessinée, les éditions Rue de Sèvres proposent un nouveau rendez-vous. Avec la complicité des auteurs, seront proposés deux fois par semaine : des previews des albums qui auraient dû paraître en avril ; des coulisses des albums en cours de création pour l’automne et chaque semaine la lecture d’un album entier du catalogue en streaming. »

Pour cette première semaine, l’atelier s’ouvre sur les previews du déjà remarqué album sans texte Beatrice de Joris Mertens (lire notre édition du 2 avril, l’album figure dans la liste de conseils de la librairie Torcatis de Perpignan), du réjouissant C’était mieux avant de Soledad Bravi et Hervé Éparvier, idéal pour partager des souvenirs en famille confinée. Et c’est Grégory Charlet qui dévoile son album en cours de dessin pour le mois d’août, Exfiltré.e.s, un haletant roman graphique au dessin gracieux.

Et si quelques pages ne vous suffisent pas, vous aurez toute la semaine pour lire en version numérique le premier tome de la saga Bjorn le Morphir de Thomas Lavachery (scénario tiré de ses romans) et Thomas Gilbert (dessin). L’histoire d’un garçon timide obligé de se transformer en valeureux Viking pour protéger les siens.
L’atelier Rue de Sèvres est actualisé avec des previews et des bonus les mardis et vendredis et un nouvel album en intégralité est à découvrir tous les mardis. Jusqu’à la fin du confinement et la réouverture des librairies.

mardi 14 avril 2020

De choses et d’autres - Démasqué !


Hier dans l’Indépendant, vous avez pu retrouver sur une pleine page un patron pour fabriquer votre propre masque de protection. Moi qui vais toujours faire les courses le visage découvert, depuis quelques jours je me sens nu comme un ver face à toutes les ménagères qui arborent des masques maison.

Mon épouse, pleine de bonne volonté, se concentre. Reste à décrypter le patron. Pas gagné d’avance car il faut bien le reconnaître, elle et la couture cela fait deux. Face à son air circonspect, je jette un œil aussi sur la page. Et là, l’affaire se complique encore.
Si au début les explications semblent assez compréhensibles, mon cerveau bloque quand il faut « coudre suivant les axes de pliure (piqueuse plate, point droit) en pliant A1 sur A2 puis B1 sur B2 ».
J’ignorais que la couture exigeait un doctorat de physique quantique. Enfin c’est l’impression que j’ai en découvrant les directives.
Malgré l’impression de me trouver face à une tâche insurmontable, je décide d’aider. Dans un premier temps je cherche du tissu. À carreaux (me souffle mon épouse aussi manche que moi), quand même plus facile à découper pour quelqu’un qui a deux mains gauches.
Quant aux élastiques, introuvables dans le commerce actuellement selon notre voisine, reine de la machine à coudre personnifiée, celui d’un vieux slip fera l’affaire. Mais se balader avec un morceau de slip sur la tête ne va-t-il pas m’attirer d’ennuis ?
Finalement, le masque maison sera pour plus tard. Je me contenterai d’un grand mouchoir sur le visage. Comme les bandits dans les films de cowboys. J’ai toujours rêvé d’être un cowboy. Et pour épouse Calamity Jane.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 14 avril, 29e jour du grand confinement (photo Nathalie Amen-Vals)