Affichage des articles dont le libellé est vincent macaigne. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est vincent macaigne. Afficher tous les articles

samedi 23 novembre 2024

Cinéma - Quand l’amour chamboule la vie des “Trois amies”

Plus compliqué que le ménage à trois, les trois histoires d’amour partagées et concomitantes de trois amies inséparables. Une comédie romantique douce-amère signée Emmanuel Mouret.


Joan, Alice et Rebecca sont amies. Trois jeunes femmes, enseignantes vivant à Lyon, qui se disent tout. Ou presque. Joan (India Hair) est la plus franche. Elle ne peut s’empêcher d’avouer à Alice (Camille Cottin) qu’elle n’est plus amoureuse de Victor (Vincent Macaigne), son compagnon et père de sa fille. Alice relativise : elle n’a jamais été follement amoureuse d’Éric (Grégoire Ludig), mais ne peut pas vivre sans sa présence quotidienne.

Rebecca (Sara Forestier) quant à elle est toujours célibataire. La plus fofolle du trio, vient de craquer pour un certain Monsieur X. Un homme marié dont elle cache soigneusement l’identité à ses deux amies. Logique, c’est Éric.

Quand Thomas (Damien Bonnard) est nommé dans le même collège que Joan et Alice, ces petites romances évoluent, mutent, se fracturent surtout.

Emmanuel Mouret est le cinéaste des amours compliquées. Il vient de placer la barre encore plus haut dans ce film où les sentiments perturbent le quotidien des trois protagonistes. En racontant en parallèle (mais aussi en les entremêlant) ces différentes rencontres et perceptions de l’attirance pour l’autre, il démontre brillamment qu’il n’y a pas un type d’amour, de coup de foudre ou de façon d’aimer mais une multitude. Autant que de personnes, voire de couples potentiels.

Si Vincent Macaigne, dans un rôle fantomatique étonnamment serein, semble être au final la voix de la raison, les trois femmes sont différentes et complémentaires. Joan, rongée par la culpabilité, refuse de se laisser guider par ses sentiments. Comme si elle portait en elle une sorte de malédiction. Alice, aux rêves étranges et prémonitoires, semble enfin rencontrer un homme qui la fait chavirer. Mais cela en vaut-il vraiment la peine quand le quotidien avec son premier compagnon est si doux ?

Reste le cas de Rebecca. La plus excentrique, aux sentiments les plus exacerbés. Sara Forestier, trop longtemps absente des écrans, revient avec un rôle en or. Obligée de mentir à ses amies après avoir trahi l’une des deux, elle ne sera jamais que la maîtresse qu’on cache. Celle qui enchaîne les déceptions, manque d’assurance et fait les mauvais choix. Sauf que, parfois, l’amitié est plus forte que l’amour et que ce dernier, comme la chance, frappe sans la moindre logique. Au final, Trois amies est un film universel d’une très grande finesse.

Film d’Emmanuel Mouret avec Camille Cottin, Sara Forestier, India Hair, Damien Bonnard, Vincent Macaigne, Grégoire Ludig.

dimanche 14 juillet 2024

Cinéma - Le confinement nous a placés “Hors du temps”

Souvenez-vous : c’était il y a à peine quatre ans, un virus, le confinement. Nous sommes très loin, aujourd’hui, de ces contraintes sanitaires. En fait, toute cette partie de notre vie est quasiment oubliée. Pourtant cet arrêt brutal de la vie dans le pays a bouleversé des existences. Fait réfléchir.

Olivier Assayas, cinéaste, raconte dans Hors du temps, son confinement. Avant la décision, il rejoint la maison familiale en banlieue parisienne. Mieux que l’appartement parisien : il y a un jardin et un immense parc, le théâtre des jeux enfantins avec son frère. Un frère qu’il retrouve. Ils se sont perdus de vue, ont oublié leur complicité et doivent réapprendre à se supporter.

Le film alterne vues fixes sur les lieux (maison, chambres, forêt, parc…) avec voix off du réalisateur racontant son enfance et les rapports avec ses parents, et pure comédie avec dans le rôle du cinéaste Vincent Macaigne et Micha Lescot dans celui du frère. Ils sont confinés avec leurs compagnes du moment. Le cinéaste, tous projets à l’arrêt, va découvrir les charmes du printemps tout en devenant paranoïaque, multipliant les précautions pour ne pas être exposé au virus.

Le frère, animateur radio, obligé de télétravailler, n’a qu’une envie : retrouver sa liberté. Hors du temps est parfois loufoque tant la caricature de cinéaste est ridicule dans sa manière de se protéger ; lumineux par ses tirades sur la nature ou l’amour ; intellectuel avec nombre de références savantes sur la peinture, la littérature ou certaines utopies oubliées comme L’an 01 de Gébé ; très réaliste avec les contraintes matérielles, de la garde alternée (avec rendez-vous sur un parking de supermarché) ou l’explosion des achats compulsifs par internet.

Un très bon résumé de cette période peu glorieuse que l’on a sans doute trop vite oubliée sans en tirer les bons enseignements.

Film d’Olivier Assayas avec Vincent Macaigne, Micha Lescot, Nora Hamzawi, Nine d’Urso.


lundi 17 avril 2023

Cinéma - Générations réconciliées dans “Quand tu seras grand”

Choc de générations : des écoliers utilisent le réfectoire d’un Ehpad. Un film très réaliste atténué par une bonne dose d’humour.

Faire partager des lieux de vie entre personnes âgées et jeunes écoliers. Dans la vraie vie, quelques expériences de ce type ont été menées. Toutes avec succès. Dans le film d’Andréa Besconb et Éric Métayer, Quand tu seras grand, c’est contraint et forcé que l’encadrement de l’école de la commune doit trouver refuge et pitance dans la cantine de l’Ehpad. Une quinzaine de gamins un peu turbulents encadrés par Aude (Aïssa Maïga) qui y voit une opportunité pour justement œuvrer au rapprochement des générations.

Ce n’est pas du tout l’état d’esprit de Yannick (Vincent Macaigne), aide-soignant débordé qui tente sans cesse de colmater les brèches du tableau de service. Car dans cet établissement accueillant des personnes âgées souvent très dépendantes, l’équipe est au bord de la crise de nerfs. Alors gérer des enfants en plus, c’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase.

Répliques cinglantes et punchlines 


Le début du film a des airs de comédie sociale particulièrement enlevée. Vincent Macaigne, en protecteur des résidents, un peu manipulateur aussi, fait tout pour chasser les enfants. La confrontation est savoureuse avec Aude, grande gueule qui ne se laisse pas faire et veut rester très optimiste quant aux conséquences de ce mélange de têtes blondes et de cheveux gris. On rit beaucoup aux saillies et répliques cinglantes de Vincent Macaigne et aux punchlines d’Aïssa Maïga. Finalement c’est cette dernière qui l’emportera. Pas en raison de sa persuasion, mais simplement car Yannick voit combien effectivement l’arrivée des enfants éclaire la vie morne et souvent esseulée des pensionnaires.

Le film prend alors une autre tournure, se concentrant sur la relation entre Brieuc (Kristen Billon), un jeune squatteur délaissé par ses parents et Yvon (Christian Sinniger), ancien cascadeur, pilote émérite de moto. Brieuc qui était très hostile à cette cohabitation avec les vieux va lentement changer d’avis face à l’espièglerie du vieux bonhomme qui a dédramatisé la situation en déclenchant une mémorable bataille de boulettes de pain à la cantine.

Mais dans ce genre d’établissement, il vaut mieux parfois ne pas s’attacher. Car la mort rôde en permanence. Elle n’est pas occultée par les réalisateurs, ni la maladie, transformant la dernière demi-heure du film en belle mais triste fable sur la solitude, l’oubli et le deuil. Après Les chatouilles sur l’inceste, ce nouveau film d’Andréa Besconb et Éric Métayer est tout aussi réussi, édifiant sans être trop larmoyant.

"Quand tu seras grand", un film d’Andréa Bescond, Éric Métayer avec Vincent Macaigne, Aïssa Maïga, Évelyne Istria, Kristen Billon, Christian Sinniger. 

vendredi 30 septembre 2022

Cinéma - Liaison passagère entre parenthèses

Le cinéaste Emmanuel Mouret poursuit son étude de l’amour dans cette « Chronique d’une liaison passagère ».

L’amour paraît si simple, si facile, quand Emmanuel Mouret en parle. Ce cinéaste de l’intime explore sans cesse les rapports si complexes et pourtant évidents entre hommes et femmes. Devenu spécialiste de la comédie romantique intellectuelle, il trouve toujours de nouveaux angles pour raconter cette fusion admirable, fruit d’un coup de foudre inattendu. Dans son nouveau film, Chronique d’une liaison passagère, il se frotte à l’adultère. Ce qui pourrait ressembler à un gros mot pour certains, est en réalité pour lui une forme comme une autre de ces relations amoureuses vieilles comme le monde.

Simon (Vincent Macaigne), est un homme marié. Quand il rencontre Charlotte (Sandrine Kiberlain) à une soirée, il lui parle essentiellement de son épouse et de ses enfants. Cela ne l’empêche pas de rappeler et de lui donner rendez-vous dans un bar, un soir. Ils boivent, discutent, boivent beaucoup, discutent encore plus et, comme une évidence, finissent dans le lit de Charlotte.

Clin d’œil à Bergman 

Malgré une culpabilité écrasante, Simon découvre un équilibre inattendu dans cette relation uniquement basée sur le sexe. Charlotte, plus mystérieuse (elle est divorcée et elle aussi a des enfants que l’on ne verra jamais), tente de dédramatiser la situation. Pour elle, il suffit de profiter de ces moments à deux. Sans se poser de questions, en admettant que ce n’est qu’une liaison passagère, une amourette entre parenthèses. Dans des dialogues enlevés, justes et de moins en moins théâtraux (gros défaut des premières réalisations d’Emmanuel Mouret), on suit la progression de cet amour, conscient que sa fin programmée risque de faire de gros dégâts.

A l’un comme à l’autre. Cette envie de plaisir différent pousse même le couple à s’inscrire sur un site pour tenter une expérience à trois. Ce sera avec Louise (Georgia Scalliet), petite épouse délaissée, fragile, qui va les émouvoir plus que de raison quand elle déclare avec sincérité au couple : « Vous êtes beaux ».

Ce film très abouti, permet aussi au spectateur de retrouver une ambiance à la Bergman, un extrait de Scènes de la vie conjugale venant rappeler que Charlotte et Simon, pour beaucoup, sont comme mari et femme. Et si l’amour dure trois ans selon certains spécialistes, combien dure un amour à trois ?

Film d’Emmanuel Mouret avec Sandrine Kiberlain, Vincent Macaigne, Georgia Scalliet

 

mercredi 14 mars 2018

"Chien" de Samuel Benchetrit ou comment devenir un bon toutou


Sa femme le quitte. Jacques Blanchot (Vincent Macaigne) se retrouve célibataire du jour au lendemain. Hélène (Vanessa Paradis) affirme souffrir d’une maladie rare. Qui a le nom de son mari car les symptômes sont des démangeaisons qui n’apparaissent qu’en sa présence. Elle lui demande donc d’aller vivre ailleurs, le plus loin d’elle.
Jacques accepte. Jacques n’est pas méchant. Il s’accommode de tout. Avant de partir, il voit son fils jouer avec le chien du voisin. Pourquoi ne pas lui offrir un animal de compagnie ? Sur le chemin de l’hôtel minable où il va désormais tenter de dormir la nuit, Jacques achète un minuscule roquet à Max (Bouli Lanners). Roquet qui ne survivra pas longtemps à sa rencontre impromptue avec un 18 tonnes. Il ne reste que la laisse et le coussin à Jacques…
Samuel Benchetrit a décidé de porter à l’écran son propre roman pour montrer l’évolution lente et inexorable du faible Jacques. Un homme soumis, obéissant, docile. Une proie facile pour Max. Le manque de personnalité de Jacques lui donne une occasion en or d’appliquer ses principes de dressage. Cela tombe bien, Jacques avait payé à l’avance dix cours. Il va donc les suivre. Mais comme il n’a plus de chien, c’est lui qui va prendre sa place.

Avec les autres chiens

Tourné dans des paysages urbains déserts ou des forêts et parcs lumineux mais tout aussi démunis de la moindre présence vivante, le film donne l’impression de se dé- rouler dans un futur sinistre et déshumanisé. La violence, la méchanceté, la suspicion sont les valeurs de base des rapports humains. Jacques, face à cette adversité, est trop naïf, pas du tout armé. Il ne réagira que pour protéger un autre chien subissant les foudres de Max.
Homme ou chien, il faut choisir. Avec un seul mot au final pour se dé- terminer: « Ouaf ! »
 ➤ « Chien », comédie dramatique de Samuel Benchetrit (France, 1 h 34) avec Vincent Macaigne, Bouli Lanners, Vanessa Paradis.