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dimanche 14 juillet 2024

Cinéma - Le confinement nous a placés “Hors du temps”

Souvenez-vous : c’était il y a à peine quatre ans, un virus, le confinement. Nous sommes très loin, aujourd’hui, de ces contraintes sanitaires. En fait, toute cette partie de notre vie est quasiment oubliée. Pourtant cet arrêt brutal de la vie dans le pays a bouleversé des existences. Fait réfléchir.

Olivier Assayas, cinéaste, raconte dans Hors du temps, son confinement. Avant la décision, il rejoint la maison familiale en banlieue parisienne. Mieux que l’appartement parisien : il y a un jardin et un immense parc, le théâtre des jeux enfantins avec son frère. Un frère qu’il retrouve. Ils se sont perdus de vue, ont oublié leur complicité et doivent réapprendre à se supporter.

Le film alterne vues fixes sur les lieux (maison, chambres, forêt, parc…) avec voix off du réalisateur racontant son enfance et les rapports avec ses parents, et pure comédie avec dans le rôle du cinéaste Vincent Macaigne et Micha Lescot dans celui du frère. Ils sont confinés avec leurs compagnes du moment. Le cinéaste, tous projets à l’arrêt, va découvrir les charmes du printemps tout en devenant paranoïaque, multipliant les précautions pour ne pas être exposé au virus.

Le frère, animateur radio, obligé de télétravailler, n’a qu’une envie : retrouver sa liberté. Hors du temps est parfois loufoque tant la caricature de cinéaste est ridicule dans sa manière de se protéger ; lumineux par ses tirades sur la nature ou l’amour ; intellectuel avec nombre de références savantes sur la peinture, la littérature ou certaines utopies oubliées comme L’an 01 de Gébé ; très réaliste avec les contraintes matérielles, de la garde alternée (avec rendez-vous sur un parking de supermarché) ou l’explosion des achats compulsifs par internet.

Un très bon résumé de cette période peu glorieuse que l’on a sans doute trop vite oubliée sans en tirer les bons enseignements.

Film d’Olivier Assayas avec Vincent Macaigne, Micha Lescot, Nora Hamzawi, Nine d’Urso.


jeudi 2 février 2023

De choses et d’autres – Comme une odeur de reconfinement

Avez-vous, comme moi, ressenti un sentiment de déjà-vu ces derniers jours ? Comme un retour vers le passé, il y a trois ans, quand arrivaient de Chine les premiers signes d’une nouvelle maladie. Depuis le (ou la) covid est connu de tous. Mais c’est l’attitude chinoise qui provoque ce sentiment de bis repetita.

L’abandon de tout confinement a ouvert les vannes de la contamination de masse. Et comme les touristes en provenance de l’Empire du Milieu affluent toujours en masse vers l’Europe, la vague arrivera jusqu’à nos frontières. à ce rythme, comme début 2020, on sera tous confinés avant la fin du mois de mars.

Je ne suis pas plus inquiet que cela pour ma santé : trois fois vacciné, déjà deux fois infecté, je fais confiance à mes anticorps. Je pense reconfinement car on commence à voir de plus en plus de clients dans les magasins qui arborent de nouveau des masques.

J’ai même croisé, le 31 décembre, quelques heures avant le début du réveillon, une dame particulièrement prudente. Non seulement elle portait un masque chirurgical, mais avait par-dessus une visière. De plus, elle poussait son chariot les mains protégées par des gants en latex. Et a attendu une bonne minute qu’il n’y ait plus personne dans son chemin pour franchir, seule, les portes automatiques.

Je ne sais pas ce que décideront les politiques, ni si l’hôpital pourra encore et toujours absorber le flot de malades, mais l’attitude de cette Française lambda me semble plus sérieuse et fiable que n’importe quelle prédiction d’une quelconque Mme Soleil. Même si à tout prendre, j’aimerais tant me tromper sur toute la ligne.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 4 janvier 2023

jeudi 28 mai 2020

De choses et d’autres - Le monde d’après ne fait pas envie

Cela fait un peu plus de deux semaines que l’on est sorti du confinement, et donc qu’on se rapproche du fameux « monde d’après », celui qui serait meilleur, empathique et plus solidaire. Mais finalement, le monde d’après ne sera pas du tout comme on l’aura rêvé entre les quatre murs de notre salon, entre la sortie pipi du chien du matin et les courses « vitales » du soir. 

Le bruit médiatique fait de sorties outrageuses ou outrageantes, de petits scandales et de polémiques stériles est de nouveau omniprésent. Alors qu’on ne sait pas de quoi sera fait l’été, que le second tour des municipales n’a pas encore eu lieu (de toute manière il n’y aura pas de campagne…), tous les commentaires des éditorialistes et experts éclairés portent sur la… présidentielle. 

Une seule chose importe : savoir qui sera au sommet de l’État pour qu’on puisse, à la première crise venue, le crucifier au prétexte qu’il prend les mauvaises décisions. Notre système présidentiel a basculé dans une autre dimension. Avant il fallait choisir l’homme providentiel qui représenterait la grandeur du pays, le ferait rayonner par sa stature incontournable. Depuis Sarkozy, on a l’impression que le job a totalement changé. Le président n’est là que pour prendre des coups. 

Et Macron n’échappe pas à la règle. Son côté jeune premier le transforme de facto en tête à claques. Le pire reste encore à venir avec ce fameux monde d’après. Car dans les commentaires politiques, pour bousculer les deux favoris (le vainqueur et la battue de 2017), il ne resterait que, au choix, plusieurs profils de populistes divers et variés allant de Ruffin à Bigard en passant par Onfray et Raoult. Bref, la fonction présidentielle n’est pas près de redorer son blason.

Chronique parue le 28 mai en dernière page de l'Indépendant

lundi 11 mai 2020

De choses et d’autres - Ci-gît Jean Dupont, 50 ans

S’il est bien quelque chose que l’on ne va pas regretter de ce long confinement, c’est de remplir l’attestation de sortie. Hier, pour la dernière fois, j’ai cependant eu un petit pincement au cœur en la remplissant pour l’ultime fois.

Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 11 mai, 1er jour du déconfinement

mardi 21 avril 2020

De choses et d’autres - Drone de drame


Un cauchemar à l’état pur. Les drones ont pris le pouvoir. Dans de nombreuses villes françaises comme Nice ou Metz, ils tournent au-dessus de nos têtes, nous regardent et même nous apostrophent.
Leur message est clair : « Les déplacements sont interdits sauf dérogation » et « Respectez les distances de sécurité s’il vous plaît ». Un bon point pour eux, ils sont polis. Mais le « s’il vous plaît » n’autorise pas toutes les dérives sécuritaires.
Car ces drones omniprésents sont pilotés par des policiers. En plus de haut-parleurs, les engins bénéficient de caméras capables de vous filmer. Pour ce qui est de la reconnaissance faciale, rien n’est encore précisé, mais à la vitesse où les choses évoluent, il y a fort à parier que ce sera une option plausible après le 11 mai.

Il y a un mois, le Français moyen en bon défenseur des Droits de l’Homme, s’offusquait des pratiques du gouvernement chinois dans l’utilisation de drones ou de logiciel espion. Aujourd’hui, après quatre semaines de confinement, comme si l’absence d’air frais avait nécrosé une partie de notre cerveau, celle justement dédiée aux libertés individuelles, on ne trouve plus grand-chose à redire. Et les rares qui osent encore alerter sur le sujet, se retrouvent immédiatement associés à ceux qui ne feraient pas l’effort personnel nécessaire pour stopper le virus.
Ces drones, que l’on imaginait dans l’avenir taxis, pollinisateurs ou livreurs, ne seront que les oiseaux de mauvais augure annonciateurs de la fin de notre mode de vie, libre et insouciant.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 21 avril, 36e jour du grand confinement

vendredi 17 avril 2020

De choses et d’autres - Le confinement, de cinq à sept


Encore un peu plus de trois semaines à tenir, trois semaines de confinement et parfois de cohabitation compliquée. Les menaces de divorce se multiplient aussi rapidement que les cas positifs au Covid-19 sur un porte-avions de la marine française.
Après plus de 30 jours, les accrochages atteignent un paroxysme jamais atteint, même après qu’elle vous a surpris en train de regarder à travers la haie la voisine en train de bronzer à l’été 2011 ou quand vous lui avez reproché ces minaudages lors du repas chez votre nouveau boss. Bref, rien ne va plus dans votre couple.
À moins qu’une société française n’ait l’idée, comme au Japon, de proposer des locations de courte durée, notamment aux couples qui souhaitent s’offrir un répit. Vous sentez que ça va mal se passer ce soir ou demain ? Vite louez pour trois ou quatre soirs ce studio temporaire. Cela vous permet personnellement de décompresser un peu et à votre moitié d’oublier  les nombreux griefs à votre encontre.
Au Japon, où le confinement a été instauré beaucoup plus tôt que sous nos latitudes, le nombre de divorces explose. Il est vrai que les appartements sont petits et les murs en papier selon les clichés véhiculés en Occident.
Mais paradoxalement, en France la solution du logement provisoire pour faire baisser la tension ne ferait qu’aggraver la situation. Car au retour de la petite pause, forcément elle va vous soupçonner d’avoir accueilli votre supposée maîtresse dans le studio. Vous ne serez pas en reste, la suspectant d’avoir tenté d’améliorer ses rapports de voisinage avec le beau gosse célibataire du 12.
Non décidément ce confinement n’apporte rien de bon dans la vie des couples. Au Japon comme en France.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 17 avril, 32e jour du grand confinement

mardi 14 avril 2020

De choses et d’autres - Démasqué !


Hier dans l’Indépendant, vous avez pu retrouver sur une pleine page un patron pour fabriquer votre propre masque de protection. Moi qui vais toujours faire les courses le visage découvert, depuis quelques jours je me sens nu comme un ver face à toutes les ménagères qui arborent des masques maison.

Mon épouse, pleine de bonne volonté, se concentre. Reste à décrypter le patron. Pas gagné d’avance car il faut bien le reconnaître, elle et la couture cela fait deux. Face à son air circonspect, je jette un œil aussi sur la page. Et là, l’affaire se complique encore.
Si au début les explications semblent assez compréhensibles, mon cerveau bloque quand il faut « coudre suivant les axes de pliure (piqueuse plate, point droit) en pliant A1 sur A2 puis B1 sur B2 ».
J’ignorais que la couture exigeait un doctorat de physique quantique. Enfin c’est l’impression que j’ai en découvrant les directives.
Malgré l’impression de me trouver face à une tâche insurmontable, je décide d’aider. Dans un premier temps je cherche du tissu. À carreaux (me souffle mon épouse aussi manche que moi), quand même plus facile à découper pour quelqu’un qui a deux mains gauches.
Quant aux élastiques, introuvables dans le commerce actuellement selon notre voisine, reine de la machine à coudre personnifiée, celui d’un vieux slip fera l’affaire. Mais se balader avec un morceau de slip sur la tête ne va-t-il pas m’attirer d’ennuis ?
Finalement, le masque maison sera pour plus tard. Je me contenterai d’un grand mouchoir sur le visage. Comme les bandits dans les films de cowboys. J’ai toujours rêvé d’être un cowboy. Et pour épouse Calamity Jane.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 14 avril, 29e jour du grand confinement (photo Nathalie Amen-Vals)

samedi 11 avril 2020

De choses et d’autres - Les gardiens de l’immobile

Avant, les forces de l’ordre au bord des routes nous disaient : « Circulez, y’a rien à voir ». Aujourd’hui, ces mêmes forces de l’ordre nous obligent à ne pas circuler. Ils sont devenus les gardiens de l’immobile. Les garants du confinement.
Les enfants ne jouent plus aux gendarmes et aux voleurs, mais aux gendarmes et aux déconfinés.
Les contrôles se multiplient et plus il fait beau, plus les Français osent braver l’interdit. Alors, policiers et gendarmes verbalisent à tour de bras. Pas par plaisir. Simplement car c’est la seule solution existante pour faire respecter un tant soit peu ce confinement qui, ne l’oublions pas, a pour but d’arrêter la progression du virus et donc de sauver des vies.

Forces de l’ordre mobilisées et inflexibles. Plus de passe-droit. On n’en est pas encore au niveau de la Nouvelle-Zélande où la Première ministre a viré le ministre de la Santé surpris à la plage avec femme et enfants, comme s’il avait oublié que lui aussi était confiné.


Mais presque. Pour preuve, un jet privé en provenance de Grande-Bretagne avec dix personnes à son bord a été immobilisé et contrôlé à son arrivée à l’aéroport de Marseille. Les riches passagers pensaient pouvoir rejoindre, en hélicoptère, une villa luxueuse à Cannes.
Inflexibles, les gendarmes ont non seulement verbalisé les contrevenants, mais obligé l’avion à repartir vers les brumes anglaises. Logique, le virus, lui aussi, ne fait pas de différence entre un Français à découvert et un Anglais au compte en banque bien plein. Le virus est intraitable. Comme les gardiens de l’immobile.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant du samedi 11 avril, 26e jour du grand confinement


vendredi 10 avril 2020

De choses et d’autres - A complot, complot et demi


Peut-être est-ce une des conséquences indirectes du confinement : on est de plus en plus enclin à croire tout et n’importe quoi. Alors sur ce terreau fait de craintes pas toujours justifiées et de paranoïa latente, les complotistes s’en donnent à cœur joie et sèment leurs petites graines.
Sur l’origine du covid-19, même si tous les spécialistes s’accordent à relier ça à la consommation de viande animale en Chine, pour d’autres, qui n’ont qu’un brevet élémentaire en ragots et rumeurs non vérifiées, c’est la faute à la 5G. Et d’expliquer que c’est à Wuhan, berceau du virus, que les première antennes pour la 5G ont été déployées. 5G essentiellement développées par les Chinois et qui devait être l’arme fatale de leurs constructeurs face aux Américains d’Apple et aux Coréens de Samsung.
En martelant sans cesse, malgré les démentis de scientifiques, que ces nouvelles ondes favorisent le virus et amplifient l’épidémie, cela a poussé certains à passer à l’action. Voilà comment,  cette semaine en Angleterre, plusieurs antennes de téléphonie mobile ont été incendiées.


Une association complotiste a même mis en vente des clés USB (350 euros l’exemplaire, quand même), qui annihilent les mauvaises ondes de la 5G et protègent du coronavirus. Pas mal de gogos se sont fait attraper.
Mais, dans le monde des complots, il y a toujours pire. Quelqu’un, par plaisanterie, a fait un montage photo montrant une antenne 5G, volant et répandant le virus derrière elle dans des traînées blanches, les fameux chemtrails. C’est énorme, totalement invraisemblable, mais il y a fort à parier que certains vont prendre ce canular pour argent comptant.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 10 avril, 25e jour du grand confinement

jeudi 9 avril 2020

De choses et d’autres - Ils ont craqué ! Et vous ? 


Il ne se passe pas un jour sans qu’il ne nous vienne aux oreilles une histoire folle de confinement. Comme si la pandémie et l’enfermement qui en découle faisaient perdre la tête et toute raison aux plus fragiles.
Dans le top 3 de l’absurde, au pied du podium, ce malfaiteur qui a profité de la généralisation du port du masque pour braquer une pharmacie sans que personne ne s’inquiète avant qu’il ne sorte son couteau. A la 3e position, ce post de Bruno Lemaire, ministre de l’Économie, montrant… son cochon d’Inde sur la table de sa cuisine. Presque gagnant, le fou ou amateur de surréalisme arrêté dans la rue pour avoir écrit le texte de l’attestation de sortie sur sa main. Avec ce motif qui justifie tout : « Je vais acheter du papier A4 pour l’imprimante »…


Enfin vainqueur toute catégorie ce Polonais qui s’est volontairement fait confiner de nuit dans un hypermarché. Il a été retrouvé le lendemain matin ivre mort après avoir vidé plusieurs bouteilles de whisky et de champagne tout en regardant des films pornos sur les télévisions en démonstration.  
Ces craquages ont peut-être donné l’idée à trois geeks dotés d’un bon sens de l’humour de lancer tuvascraquer.fr, une petite application sous forme de quizz à choix multiples. On répond à une quinzaine de questions (comme « Quelle est ta situation actuelle » à laquelle on peut répondre « En télétravail, du moins c’est ce que croit mon employeur ») et au final vous saurez quand vous allez craquer. Personnellement j’explose le 12 avril. Et vous, quand c’est que vous craquez ?


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 9 avril, 24e jour du grand confinement

mercredi 8 avril 2020

De choses et d’autres - De la réussite de son confinement


Même dans les épreuves il faut être meilleur que les autres. Ou du moins aussi bon, faire preuve d’enthousiasme, rester constructif. La dictature de la pensée positive frappe même en plein confinement. Car on voit fleurir dans les magazines et les réseaux sociaux quantité d’articles-conseils pour « réussir son confinement ».


La barre est souvent mise très haut. On doit lire les classiques et toutes les nouveautés possibles et imaginables, on doit revoir des classiques du cinéma, on doit aussi maigrir et trouver des astuces pour faire du sport à la maison. Enfin on doit garder optimisme et joie de vivre.
Je vais me faire l’avocat du diable pour une fois. Car non, on ne peut pas vivre ce confinement comme une période positive et sympa. Car parfois, on est tellement anxieux, paniqué, que se plonger dans un roman est inutile. Après avoir relu 5 fois la même phrase, on ne sait toujours pas de quoi ça parle.
Notre esprit est aux abonnés absents. Plus exactement il ne pense qu’à ce bête enfermement, ce supplice sans fin, cette privation de liberté abominable.
Devant un vieux film, notre seule pensée peut être de regretter les temps d’avant, quand on pouvait se balader dans les rues, les parcs, en forêt. Ou fumer attablés dans les cafés et restaurants.
Aujourd’hui on n’a le droit que de rester chez soi, à courir un marathon entre la cuisine et le salon, à manger des chips arrosées de muscat, affalé dans le canapé, se désespérant des kilos en trop. Mais c’est si rassurant sur le coup.
Je ne pense pas qu’on puisse « réussir » son confinement. L’enjeu est ailleurs et la difficulté sans doute encore plus grande, quand le déconfinement sera sifflé et qu’il faudra reprendre une vie normale.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 8 avril, 23e jour du grand confinement


mardi 7 avril 2020

De choses et d’autres - Les confinés se surpassent



Que restera-t-il de cette pandémie de coronavirus ? Des dizaines de milliers de morts et des services de santé débordés, on ne conservera que quelques lignes dans les futurs manuels d’Histoire numériques des écoliers du siècle prochain. Par contre on a toutes les chances de voir apparaître un genre culturel pérenne dit « du confinement ». Comme il y a des films de zombies ou une littérature policière.
Paradoxalement, quand on a dit aux Français (et au 2/3 des autres habitants de la planète) de rester chez eux et d’en profiter pour consommer de la culture, ils se sont pris au jeu et après avoir regardé de vieilles œuvres ont décidé d’en fabriquer de nouvelles.
Et, miracle de la technologie abolissant les barrières, frontières et s’affranchissant des salles de spectacle, ce nouvel art a déferlé partout.

On ne compte plus les milliers de courts-métrages, souvent très au point techniquement, mettant en scène des confinés. Scènes tournées dans la cuisine, avec femme et enfants, dans la chambre où les draps blancs se transforment en montagnes enneigées, derrière la fenêtre, avec le chat en vedette et une voix off lui faisant dire des énormités.
On a vu aussi que les visioconférences, au-delà de l’aspect pratique, permettent de transformer un nuage d’écrans en superbe création. Qui n’a pas eu des frissons en regardant le Boléro de Ravel joué par chaque musicien de l’orchestre de Radio France confiné dans son salon ou la version de l’Estaca jouée par la cobla Mil•lenària en hommage aux soignants.
Alors je ne sais pas encore combien de temps va durer ce confinement (le moins de temps possible selon le vœu de tout le monde), mais les créations qu’il a provoquées ces trois dernières semaines, elles, seront toujours les bienvenues sur nos écrans d’ordinateur.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 7 avril, 22e jour du grand confinement.

samedi 4 avril 2020

De choses et d’autres – A chaque pays ses commerces essentiels


 Hier je me demandais ce que le gouvernement entendait exactement par « commerces essentiels » dans son attestation de sortie. Une petite recherche me renvoie sur une annexe à l’article 1er de l’arrêté du 14 mars, sorte de liste à la Prévert.
Parmi les « ouverts, même en période de pandémie », on retrouve les supermarchés mais aussi les blanchisseries, les garages auto, même si on n’a pas le droit de partir en vacances, les agences d’intérim, même si des millions de Français se retrouvent au chômage, complet ou partiel, les réparateurs d’ordinateurs (là c’est dommage, si mon PC portable tombait en panne, j’aurais un bon motif pour me la couler douce) et les animaleries.
Pour ce dernier cas, je spécule que c’est surtout en cas de coupure de l’eau courante. Alors tout le monde pourra acheter de la litière et comme les chats, on fera nos besoins dans des bacs…
En fait, chacun peut considérer ce qu’il a d’essentiel pour vivre. En Italie, au tout début de l’épidémie, le gouvernement avait décidé de fermer nombre de magasins, mais permettait aux librairies de rester ouvertes. Bon, cela n’a pas tenu longtemps. La lecture c’est bien, mais rester vivant c’est mieux.
En Belgique, fermer des friteries, c’est comme imposer à des millions de personnes un régime drastique et démoralisant.
Par contre aux USA, Trump a été très clair sur ce point : pas question que les armureries ferment. Car quand le Français a besoin de sa baguette fraîche tous les jours, l’Américain lui se contente d’un fusil automatique et de 200 balles pour le recharger. Dans les deux cas cela n’a aucune efficacité contre le virus, mais ça rassure.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 4 avril, 19e jour du grand confinement

vendredi 3 avril 2020

De choses et d’autres - Comment recycler votre attestation de sortie ?

Hier, pour couper ma journée de télétravail, entre 12 et 13 heures, je suis allé faire des courses. Attention, je suis un psychorigide du confinement alors la sortie n’était bien que pour « des achats de première nécessité » selon la prose gouvernementale. Même si je ne sais toujours pas ce que cela représente dans les faits. Quand on n’a plus de sel, faut bien aller en acheter, même si on peut s’en passer (mais c’est moins bon).
Pour info, j’ai aussi acheté du papier toilette. Oui, vous ne rêvez pas, il y a du papier toilette dans les supermarchés. De toutes les marques, de toutes les épaisseurs et même de tous les parfums. L’idée de faire des stocks car la pénurie arriverait en pleine pandémie n’était pas si judicieuse que ça…
A la date du 22 août 2034, un petit plaisantin écrivait dans son faux « journal de mon confinement », « Je viens d’utiliser enfin le dernier rouleau acheté par mes parents en mars 2020. » 
A chaque sortie, son attestation. Et interdit de raturer sous peine de procès-verbal immédiat. Cela représente un nombre considérable de papiers. Je mets consciencieusement les attestations de côté pour une seconde utilisation.
J’aurais pu imprimer un nouveau formulaire au dos du premier. Mais vu le niveau d’humour actuel des forces de l’ordre, je n’ai pas pris le risque. Alors, découpé en petits morceaux, le papier se transforme en mini-liste de courses.
On peut même l’écrire directement au dos de l’attestation en cours. Attention cependant à ne pas la mettre à la poubelle en sortant du magasin. Si le contrôle de la maréchaussée se déroule sur le trajet retour, vous êtes bon pour l’amende salée.
Autre utilisation de l’attestation usagée : occuper les enfants en leur apprenant à faire des avions en papier. De plus, lancer l’avion par la fenêtre, le voir évoluer libre dans l’air léger du printemps, c’est un avant-goût de ce que l’on vivra dans quelques jours (semaines…) quand ce grand confinement se conjuguera au passé.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le vendredi 3 avril, 17e jour du grand confinement



jeudi 2 avril 2020

De choses et d’autres - Les rois de la bricole


Parmi les occupations préférées des Français en période de confinement : le bricolage. C’est quand on est en permanence le nez collé dessus que l’on s’aperçoit que les murs ont besoin d’une nouvelle couche de peinture ou que la table télé, un peu bancale depuis au moins deux décennies, mérite une remise à niveau.
Bricoler, pour certains, c’est une passion. Ils n’attendent pas d’être coincés chez eux pour sortir leur attirail composé de marteau, clous, perceuse et autres engins nécessaires au parfait petit réparateur.
Ils vont vivre ce confinement comme une aubaine : enfin du temps pour mener à bien la liste de travaux qui en temps normal n’aurait pu être achevée que vers 2034… Car le bricoleur a toujours quelque chose à faire, à améliorer.
Et puis il y a les autres, ceux qui sont totalement incapables de planter un clou droit et qui sont toujours obligés de réfléchir pour savoir si on visse de droite à gauche ou de gauche à droite.
Si vous faites partie de cette dernière catégorie, réfléchissez bien avant de rejoindre votre garage et exhumer la boîte à outils offerte par des potes qui visiblement ne vous connaissaient pas bien. Car si dehors, le virus est dangereux, à l’intérieur, l’accident bête vous guette.
En effet, il n’y aurait rien de plus idiot en pleine pandémie de coronavirus de mourir du tétanos après s’être blessé à la main avec ce clou rouillé dépassant d’une planche de récupération.
Pour ma part, je vais me contenter de la théorie et apprendre de nouveau à utiliser une perceuse à percussion avec les Bricol’Girls, série pédagogique d’Alain Chabat, toujours visible sur YouTube.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 2 avril, 16e jour du grand confinement

jeudi 26 mars 2020

BD - Versions numériques gratuites : Delcourt et Soleil offrent le tome 1


L’opération #RestezChezVous lancée par les éditeurs de bande dessinée permet de lire des albums de BD en version numérique sans débourser un seul centime. Après les offres de Dargaud, du Lombard et de Dupuis, voici les modalités des éditions Delcourt et Soleil.
Là, ce sont les tomes 1 des séries jeunesse essentiellement qui sont tout simplement offerts. Et si vous accrochez à un univers, il ne vous en coûtera que 2,99 € pour les autres tomes. Le choix est vaste.
Pas moins de 16 titres sont proposés gratuitement pour le tome 1 puis à prix réduit pour les suivants. On retrouve parmi la sélection des champions des ventres comme Les Légendaires de Patrick Sobral ou Les petits Diables de Dutto.
De façon très chauvine, on va surtout vous conseiller la série Lila de Séverine de la Croix et Pauline Roland. Cette dernière, dessinatrice des mésaventures de Lila, fillette de dix ans qui découvre qu’elle a « les nénés qui poussent ! » est de Port-la Nouvelle et doit ronger son frein, enfermée chez elle. Elle fait partie des nombreux auteurs qui a un album (La princesse qui n’aimait pas les princes charmants) qui vient de sortir quelques jours avant la fermeture de toutes les librairies… Alors si vous vous jetez sur tous les albums de Lila (il y en a quatre au total) personne ne vous en voudra.

Les autres titres vont de la science-fiction ambitieuse avec Les Mythics à l’adaptation d’un classique de la littérature : La guerre des boutons. On a aussi la possibilité de rire des cavaliers dans A cheval !
Enfin ne ratez pas cette pépite de poésie et d’imagination qu’est la série La nef des fous de Turf. Certes la lecture en numérique n’est pas l’idéal pour ces planches à la mise en page très travaillée, mais vous ne pourrez qu’apprécier cet univers unique et qui ne compte pas moins de 10 tomes.
Et puis une fois le confinement terminé, rien ne vous interdit d’aller acheter les albums physiques des séries que vous avez découvertes lors de cette opération #RestezChezVous.

mercredi 25 mars 2020

BD - Albums en numérique gratuits : Le Lombard et Dupuis régalent


Non, vous ne risquez pas vous ennuyer durant ce long confinement. Si vous avez une connexion internet correcte et un peu de mémoire dans votre ordinateur, vous allez pouvoir lire des BD en quantité, sans faire chauffer la carte bleue. Après Dargaud, ce sont les éditions Dupuis et du Lombard qui offrent aux lecteurs quelques classiques de leur catalogue gigantesque. 
Pour les éditions Dupuis, l’opération a pris pour nom Lundi Énergie. Depuis ce lundi, des surprises sont réservées aux amateurs de BD frustrés de nouveautés. Pour l’instant trois albums sont en libre lecture sur cette page du site dupuis.com : pour les plus jeunes le tome 8 des gags de Kid Paddle, le roi des jeux vidéo, par Midam ; les amateurs de polar dévoreront « Aïna », 25e enquête de Jérôme K. Jérôme, le détective parisien qui se déplace en solex sorti de l’imagination débridée de Dodier.
Enfin un titre un peu oublié de la collection Aire Libre permet de voir presque les premiers pas d’Emmanuel Guibert : « La fille du professeur ». Ce récit, écrit par Joann Sfar, raconte les amours compliquées entre une momie égyptienne et Liliane, la fameuse fille du professeur.
De plus les éditions Dupuis offrent sur le site du journal Spirou spirou.com des activités quotidiennes comme des jeux avec la Petite Lucie, des activités de Petit Poilu ou des dessins à colorier d’Arthur de Pins pour occuper les enfants obligés de rester à la maison. 

Les éditions du Lombard offrent durant le confinement dix albums en lecture gratuite sur le site de la maison d’édition Sur lelombard.com. place au patrimoine avec des pépites comme les premières aventures de Bob Morane dessinées par Dino Attanasio ou le premier tome des aventures de Comanche, sans doute le meilleur western dessiné de tous les temps (mieux que Blueberry à notre humble avis) signé Greg et Hermann. Mais en version anglaise, histoire de faire travailler cette langue à vos enfants…