Affichage des articles dont le libellé est déconfinement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est déconfinement. Afficher tous les articles

mardi 2 juin 2020

De choses et d’autres - Retour aux affaires

À peine trois semaines depuis la fin du confinement et on a clairement l’impression que tout est en train de redevenir exactement comme avant. Oublié le calme du confinement, quand la peur diffuse du virus muselait tous les importuns. Par exemple, durant le week-end prolongé de Pentecôte, dans mon village, les nuits ont été perturbées par des motos passant à pleine vitesse et moteur ronflant dans la rue principale, des voisins au balcon, discutant bruyamment avec des connaissances qui restaient sur le trottoir avec la musique à fond sortant de leurs smartphones. 

Le pire étant cette voisine qui décide d’appeler sa famille à l’autre bout du globe à 2 h 40 du matin. Rien de répréhensible, si ce n’est qu’elle fait ça du balcon, en parlant tellement fort (comme si elle voulait qu’on l’entende en direct à 10 000 km) que toute la rue profite de ses retrouvailles. Bref, le monde d’après ressemble à celui d’avant, en pire…  

Mais le véritable signal du retour aux affaires reste l’arrivée dans la boîte aux lettres d’une profusion de prospectus publicitaires. Ceux, copieux, débordant de promotions, des grandes enseignes généralistes (l’une d’entre elles nous propose pas moins de « 50 variétés de saumon »…) mais aussi des autres magasins, moins chanceux et qui, comme les coiffeurs ou les libraires, ont du rester portes closes durant ces deux très longs mois. Le consumérisme de masse a survécu. Bonne ou mauvaise chose, chacun a son opinion. Aussi tranchée que l’utilisation de la chloroquine. 

Cela ne va pas m’empêcher de changer de canapé et de télé, deux des ustensiles qui ont le plus été sollicités dans la maison durant le confinement.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 2 juin 2020

vendredi 29 mai 2020

De choses et d’autres - Café introuvable

Alors qu’Édouard Philippe confirmait hier soir la réouverture dès le début juin des cafés, bars et restaurants situés en zone verte, une nouvelle anodine pourrait avoir de graves conséquences sur cette annonce espérée par une grande majorité de Français. Car si les bars vont pouvoir de nouveau accueillir les clients, ils risquent de se trouver rapidement en rupture de stock du produit le plus consommé : le café. Cette plante n’est pas directement victime du virus, mais indirectement en raison du confinement toujours en vigueur dans le principal pays exportateur : la Colombie. 

Le prix de cette matière première a progressé sur le marché mondial, mais les producteurs se retrouvent dans l’impossibilité de ramasser le fruit de leurs cultures par manque de main-d’œuvre. Avouez que pouvoir enfin retourner au café après plus de deux mois de disette, mais sans pouvoir en boire un bien serré, serait la pire des aberrations. 

Pourtant, s’il est bien un produit qui nous a permis de tenir durant le confinement, c’était le café. Personnellement, j’en ai fait une consommation certainement excessive durant les deux mois de confinement et de télétravail. 

En plus de la machine à expresso, j’ai ressorti la cafetière à filtre pour alimenter ma perfusion du matin au soir. Reste que je me réveille encore avec l’envie d’un bon « petit noir serré » bu au comptoir en vitesse (ça, a priori, ce ne sera pas possible la semaine prochaine), ou d’un double, siroté en terrasse avec croissants et presse du jour. 

Alors, espérons que l’épidémie se calme aussi en Colombie et que nous ne serons pas contraints de nous réveiller avec une fade chicorée. 

Chronique parue le 29 mai en dernière page de l'Indépendant

jeudi 28 mai 2020

De choses et d’autres - Le monde d’après ne fait pas envie

Cela fait un peu plus de deux semaines que l’on est sorti du confinement, et donc qu’on se rapproche du fameux « monde d’après », celui qui serait meilleur, empathique et plus solidaire. Mais finalement, le monde d’après ne sera pas du tout comme on l’aura rêvé entre les quatre murs de notre salon, entre la sortie pipi du chien du matin et les courses « vitales » du soir. 

Le bruit médiatique fait de sorties outrageuses ou outrageantes, de petits scandales et de polémiques stériles est de nouveau omniprésent. Alors qu’on ne sait pas de quoi sera fait l’été, que le second tour des municipales n’a pas encore eu lieu (de toute manière il n’y aura pas de campagne…), tous les commentaires des éditorialistes et experts éclairés portent sur la… présidentielle. 

Une seule chose importe : savoir qui sera au sommet de l’État pour qu’on puisse, à la première crise venue, le crucifier au prétexte qu’il prend les mauvaises décisions. Notre système présidentiel a basculé dans une autre dimension. Avant il fallait choisir l’homme providentiel qui représenterait la grandeur du pays, le ferait rayonner par sa stature incontournable. Depuis Sarkozy, on a l’impression que le job a totalement changé. Le président n’est là que pour prendre des coups. 

Et Macron n’échappe pas à la règle. Son côté jeune premier le transforme de facto en tête à claques. Le pire reste encore à venir avec ce fameux monde d’après. Car dans les commentaires politiques, pour bousculer les deux favoris (le vainqueur et la battue de 2017), il ne resterait que, au choix, plusieurs profils de populistes divers et variés allant de Ruffin à Bigard en passant par Onfray et Raoult. Bref, la fonction présidentielle n’est pas près de redorer son blason.

Chronique parue le 28 mai en dernière page de l'Indépendant

jeudi 21 mai 2020

De choses et d’autres - Souvenez-vous des Tristus et les Rigolus



Depuis le 11 mai, la France est coupée en deux. D’un côté les déconfinés cools qui vivent dans la partie ouest du pays, celle qui est en vert sur la carte présentée par le ministère de la Santé. Et de l’autre les déconfinés stricts, vivant à l’Est, où le rouge domine. Deux couleurs, le vert et le rouge, une frontière nette mais fluctuante : il n’en fallait pas plus pour que me reviennent en mémoire les Tristus et les Rigolus, une bande dessinée qui m’a bien fait rire dans mon enfance. Signée Jean Cézard, publiée dans Pif Gadget, la BD mettait aux prises deux peuples que tout opposait. D’un côté les Tristus, « verts, bêtes et tristes » et de l’autre les Rigolus « rouges, malins et rigolos ». On retrouve un peu la configuration de notre pays d’après-confinement, à une différence près : l’inversion des couleurs. Aujourd’hui c’est en zone verte que l’on rigole le plus. Chez les rouges, c’est un peu la soupe à la grimace. Même si les différences ne sont pas criantes, il y a quand même plus d’avantages à vivre chez les Verts que chez les Rouges. L’autre analogie entre notre situation et la BD, consiste à la possibilité de devenir Tristus quand on est Rigolus ou l’inverse. Dès que le Tristus est sensible à un jeu de mots idiot, ses vêtements deviennent rouges et il se met à rigoler frénétiquement. 

À l’inverse, un Rigolus malheureux vire au vert et tire la tronche. Plutôt que des tests, les chercheurs devraient mettre au point un produit pour montrer si l’on est infecté ou pas. Dès qu’on a le virus, on passe au rouge (autant rester dans le code couleur du début) et on ne redevient normal qu’une fois guéri. Dans ce cas, vous verrez, la distanciation sociale sera beaucoup plus facile à faire respecter. 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 21 mai.

 

jeudi 14 mai 2020

De choses et d’autres - Cachez ce bling-bling !

L’époque n’est plus au bling-bling ni au luxe effréné. Comment justifier des petits plaisirs à plusieurs milliers d’euros quand les infirmières touchent royalement 15 € de prime de nuit…
Lundi, jour du déconfinement, une information a agité les réseaux sociaux. Tous les joueurs du Paris Saint-Germain allaient recevoir en cadeau pour leur titre de champion de Ligue 1 une coque de téléphone en or 24 carats gravée de leur nom.
Réaction assez rapide du club parisien qui a affirmé que la société anglaise en question n’a en aucune façon passé un accord avec le PSG. Ce ne serait qu’un coup de pub favorisé par le fait que plusieurs joueurs parisiens (Neymar, Mbappé) sont des clients à titre privé.


C’est ce même bling-bling devenu paria qui serait aussi le principal responsable de l’annulation du festival de Cannes. Car comment admettre que des stars se pavanent sous les objectifs des photographes dans des robes hors de prix alors qu’à quelques centaines de mètres de là des hommes et des femmes s’échinent à sauver les malades du Covid-19 ?
Pourtant le bling-bling est partout. Même dans ce symbole de la transition écologique qu’est le vélo. Un vélo électrique en carbone connecté affiche le prix astronomique de 12 999 €. L’aide de 50 € pour réparation d’après confinement, promise par le gouvernement, doit doucement faire rire les rares possesseurs de ce type d’engin.
Non, le bling-bling ne se montre plus. Mais soyons sûrs et certains qu’une fois la situation redevenue normale, les plus riches de la planète, ceux qui mesurent leur popularité à la valeur de leurs attributs factices, quitteront l’ombre et s’exhiberont de nouveau en toute indécence.

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le jeudi 14 mai


mardi 12 mai 2020

De choses et d’autres - Les messages des arrière-plans


Tout amateur de cinéma sait qu’il faut parfois avoir l’œil pour remarquer les messages distillés par le réalisateur en arrière-plan. Un bibelot, une affiche, la couverture d’un livre en évidence : on doit être aux aguets pour ne rien rater.
Les 55 jours de confinement m’ont donné l’occasion de me perfectionner dans ma chasse aux messages cachés ou l’analyse des arrière-plans diffusés à la télévision dans tous les duplex « en direct de ma cuisine ». Amateur de livre, la première chose que je regarde c’est l’encombrement des étagères. Lors de visioconférences avec des collègues, j’ai admiré une bibliothèque méticuleusement rangée et copieusement remplie d’ouvrages reliés.


À l’inverse, je ne sais que dire de ces murs blancs, vierges de toute décoration. À moins que cela ne soit le signe d’un gros ego délivrant son message : « Il n’y a que moi à regarder, rien d’autre ! ».
Lors des directs, je cherche le détail qui permet d’humaniser l’intervenant. Une photo de famille, un tableau champêtre, un diplôme encadré, une pendule. Par contre chez les politiques on devine que tout est pensé à l’avance. Les maires sont redoutables à ce jeu. Anne Hidalgo à Paris a multiplié les symboles sur sa ville.
Et puis durant ces directs il y a les imprévus. Mignons comme le fils d’Olivier Faure qui vient se blottir dans les bras de son père, par ailleurs premier secrétaire du Parti socialiste en pleine interview sur la crise sanitaire. Catastrophiques pour l’image de marque quand Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, est surprise la clope au bec installée à son bureau en train de lire ses textos. Ils vont me manquer ces moments vrais et ces arrière-plans du quotidien.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mardi 12 mai

lundi 11 mai 2020

De choses et d’autres - Ci-gît Jean Dupont, 50 ans

S’il est bien quelque chose que l’on ne va pas regretter de ce long confinement, c’est de remplir l’attestation de sortie. Hier, pour la dernière fois, j’ai cependant eu un petit pincement au cœur en la remplissant pour l’ultime fois.

Mais que va devenir Jean Dupont, 50 ans, né à Lyon et vivant à Paris au 999 avenue de France ?
Ceux qui sont restés au papier pour remplir l’attestation ne comprennent pas qui est ce fameux Jean Dupont. Les autres, qui ont préféré préserver les ressources de la planète et sont passés au formulaire numérique, savent parfaitement qui est notre ami Jean. Pour bien expliquer aux Français quelles cases remplir et avec les bons éléments, l’attestation était préremplie de données fantômes.
Ainsi, dans la case prénom, il y avait par défaut Jean. Au nom : Dupont. Et ainsi de suite jusqu’à l’adresse parisienne. La date de sortie et l’heure étaient quant à elles remplies d’office si votre smartphone était à l’heure.
Voilà comment tous les jours avant de prendre l’air ou faire trois courses, j’ai « écrasé » les données de Jean Dupont.
Par chance, le formulaire était intelligent et retenait mes propres données. Il fallait cependant taper les trois premières lettres pour qu’il vous propose le bon mot. J’ai donc écrit un nombre incalculable de fois Mic Lit Pol, soit les débuts de mon prénom, nom et commune de résidence.
Par contre il a bloqué sur mon lieu de naissance. Il est vrai que Saint-Aubin-de-Cadelech, minuscule village de Dordogne, c’est peu commun. Et un peu long à écrire tous les jours. Non, franchement, je ne regretterai pas l’attestation, mais je me demande encore ce que va devenir Jean Dupont.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le lundi 11 mai, 1er jour du déconfinement

mercredi 8 avril 2020

De choses et d’autres - De la réussite de son confinement


Même dans les épreuves il faut être meilleur que les autres. Ou du moins aussi bon, faire preuve d’enthousiasme, rester constructif. La dictature de la pensée positive frappe même en plein confinement. Car on voit fleurir dans les magazines et les réseaux sociaux quantité d’articles-conseils pour « réussir son confinement ».


La barre est souvent mise très haut. On doit lire les classiques et toutes les nouveautés possibles et imaginables, on doit revoir des classiques du cinéma, on doit aussi maigrir et trouver des astuces pour faire du sport à la maison. Enfin on doit garder optimisme et joie de vivre.
Je vais me faire l’avocat du diable pour une fois. Car non, on ne peut pas vivre ce confinement comme une période positive et sympa. Car parfois, on est tellement anxieux, paniqué, que se plonger dans un roman est inutile. Après avoir relu 5 fois la même phrase, on ne sait toujours pas de quoi ça parle.
Notre esprit est aux abonnés absents. Plus exactement il ne pense qu’à ce bête enfermement, ce supplice sans fin, cette privation de liberté abominable.
Devant un vieux film, notre seule pensée peut être de regretter les temps d’avant, quand on pouvait se balader dans les rues, les parcs, en forêt. Ou fumer attablés dans les cafés et restaurants.
Aujourd’hui on n’a le droit que de rester chez soi, à courir un marathon entre la cuisine et le salon, à manger des chips arrosées de muscat, affalé dans le canapé, se désespérant des kilos en trop. Mais c’est si rassurant sur le coup.
Je ne pense pas qu’on puisse « réussir » son confinement. L’enjeu est ailleurs et la difficulté sans doute encore plus grande, quand le déconfinement sera sifflé et qu’il faudra reprendre une vie normale.


Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le mercredi 8 avril, 23e jour du grand confinement