vendredi 30 décembre 2011

Voici les vidéos les plus vues en 2011 sur internet

En 2011 vous avez toujours autant regardé la télévision, mais les images se consomment aussi de plus en plus sur internet. Les plateformes de partage de vidéos remportent un succès croissant. Youtube fait la course en tête, avec en moyenne deux milliards de vidéos vues... chaque jour. Des chiffres énormes qui ne doivent pas éclipser le contenu des films eux-mêmes. Et là, c'est nettement moins réjouissant.
En tête, toutes catégories confondues, le clip « Friday » de la chanteuse Rebecca Black. Ce tube à l'envers a été élu plus mauvaise chanson de tous les temps. On y voit une adolescente toutes dents dehors, lèvres glossy à outrance, partir faire la fête et se réjouir que l'on soit vendredi car « demain, c'est samedi et dimanche vient juste après... ».

Elle devance une vidéo d'un chien doté de la parole. Enfin, c'est un trucage, mais avouons que là c'est très réussi et particulièrement comique.

En 5e place, « Nyan Cat » a tout pour rendre fou. Un animation pixelisée montre un chat courir dans le ciel. Image répétitive sur une musique encore plus horripilante. La version originale dure un peu plus de trois minutes. La torture ultime c'est de tenter de supporter la vidéo rallongée. 100 heures...

En France, les vidéos les plus vues sont essentiellement des sketchs spécialement conçus pour le net. « Norman fait des vidéos », avec un minimum de moyens, truste 7 places dans le Top 10. Un jeune s'adressant aux jeunes à travers un support qu'ils apprécient. En voilà un qui a tout compris.

mardi 27 décembre 2011

Les Centaures, des militaires volants par Herzet et Loutte au Lombard


La BD militaire, et plus spécialement d'aviation a toujours eu le vent en poupe. De Dan Cooper aux Chevaliers du ciel en passant par Buck Danny, plusieurs générations de petits garçons ont rêvé aux exploits des pilotes de chasse. « Centaures » est complètement dans cette veine. Éric Loutte, le dessinateur, a fait ses premières armes sur la reprise de Biggles. Emmanuel Herzet, le scénariste, s'est rodé sur la série Alpha et « La branche Lincoln ». Deux pros de la BD au service des pros de la guerre.
L'action de ce premier tome intitulé « Crisis » débute aux îles Amandine. Cet archipel, ancienne colonie française ayant conservé des accords de coopération militaire, est au centre d'un coup d'État. Premiers visés, les militaires français. Deux pilotes, TNT et Starbuck, parviennent à prendre la fuite à bord d'un Jaguar. Leur avion touché, ils se retrouvent aux mains des rebelles. De Paris, une opération est lancée pour les libérer.
Les auteurs ont passé une semaine sur le porte-avions Charles de Gaulle pour un maximum de vérité. Un album augmenté virtuellement, des QR codes permettant au lecteur de découvrir des reportages sur cet univers de l'armée de l'air française.

« Centaures » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

mardi 20 décembre 2011

Un couple d'enfer au sommaire du nouvel album des Nombrils de Delaf et Dubuc


Mais qu'est-il arrivé à Karine, l'infortunée héroïne de la série « Les Nombrils » de Delaf et Dubuc ? Après avoir rejeté son amour de toujours, Dan, elle décide de changer de personnalité. Jenny et Vicky, les deux pestes aimant tant l'humilier, en tombent des nues. Elle a oublié son tee-shirt trop court et son bas de survêtement informe pour un ensemble noir et sexy accordé à sa nouvelle couleur de cheveux. En virant gothique, Karine est le miroir de nombre d'adolescentes traversant une crise d'identité. Et comme dans la réalité, cette métamorphose n'est pas venue d'elle mais provoquée par une relation. Karine est en train de tomber amoureuse d'Albin, le chanteur albinos. Un blond mystérieux devenant de plus en plus énigmatique au fil des gags repris dans ce 5e recueil. Vicky et Dan vont s'unir, temporairement, pour en savoir un peu plus sur le nouveau mentor de Karine, prêt à tout, même à la prendre comme choriste dans son groupe. Après quelques éclats de rire (souvent dus à la bêtise de Jenny, la fille la plus bête du monde), l'histoire prend un tour un peu plus dramatique. Albin, dont le vrai prénom est Alain, a un passé loin d'être immaculé.

« Les Nombrils » (tome 5), Dupuis, 10,45 €

mercredi 14 décembre 2011

Fume, c'est du Manchette roulé par Tardi !


Tardi achève avec « O dingos, ô châteaux ! » sa trilogie Jean-Patrick Manchette. Presque une œuvre de jeunesse pour cet écrivain français mort en 1995. Ce roman a reçu en 1973 le grand prix de littérature policière. Un choix polémique tant la prose de Manchette, pour l'époque, était moderne, dérangeante et ouvertement de gauche. Sur 90 pages en noir et blanc, Tardi réinvente la cavale à travers toute la France de Julie, la nurse au lourd passé psychiatrique et de Peter, un gamin capricieux, insupportable mais riche héritier. Julie est accusée d'enlèvement. En fait c'est un coup monté par l'oncle pour hériter. L'intrigue ne semble être qu'un alibi pour mettre en scène des personnages sortant résolument de l'ordinaire. Julie, bien évidemment, femme fragile, allergique au mot « police », mais capable de tout pour continuer à avancer dans le sinistre théâtre de la vie. Il y a aussi Thompson, le tueur. Vieux, fatigué, souffrant de maux de ventre épouvantables, il va aller au bout de sa logique : tuer atténue la douleur.

« Ô dingos, ô châteaux ! », Futuropolis, 19 €


mardi 13 décembre 2011

Vengeance d'outre-tombe dans "Le Chinois" d'Henning Mankell au Seuil

 Une vengeance vieille de plus d'un siècle s'abat sur un petit village de Suède. Un thriller nordique signé Henning Mankell, le maître du genre.



Quel peut être le lien entre un jeune entrepreneur chinois et un petit village suédois ? La juge Birgitta Roslin va se retrouver impliquée dans cette vengeance traversant les siècles et les océans. Ce nouveau roman d'Henning Mankell, sans son héros fétiche, Wallander, débute dans un hameau perdu dans la neige et les forêts. Un photographe amateur, désirant immortaliser ces bourgades en voie de désertification, découvre un cadavre en partie dévoré par un loup.

La police locale se rend sur place et se retrouve face à ce qui « devait faire date dans l'histoire pénale suédoise. Ce que découvrirent les trois policiers était sans précédent. Ils passèrent de maison en maison, arme au poing. Partout ils trouvèrent des cadavres. Des chiens et des chats éventrés, et même un perroquet décapité. Dix-neuf morts, tous des personnes âgées, à l'exception d'un garçon d'une douzaine d'années. Certains avaient été tués au lit, dans leur sommeil, d'autres gisaient par terre ou étaient assis dans leur cuisine. » Le fait divers fait la une de tous les journaux. C'est comme cela que la juge Birgitta Roslin en prend connaissance.



Les doutes de la juge

Cette femme d'une soixantaine d'années est à une période charnière de sa vie. Proche de la retraite, elle n'est plus heureuse en couple. Ses enfants sont indépendants, elle est un peu perdue, entre son métier trop prenant et ses regrets de jeunesse, quand elle voulait révolutionner son pays trop calme.

Sur une photo des lieux du drame, elle semble reconnaître une maison. Elle fouille dans ses archives. « Son souvenir était exact. Cette folie meurtrière ne s'était pas abattue sur un village quelconque : c'était l'endroit où sa mère avait grandi. » Placée dans une famille d'accueil. Et Birgitta de se retrouver impliquée dans cette affaire car « dans la maison où sa mère avait passé son enfance, des gens venaient d'être assassinés. Ses parents adoptifs ? » La juge va bénéficier de quelques jours de repos pour se rendre sur place et découvrir des carnets datant du siècle dernier. Ce journal intime est celui d'un membre de la famille ayant émigré aux USA. Dans ses réflexions il laisse libre cours à un racisme abject. Ingénieur chargé de surveiller la construction du chemin de fer traversant le Nouveau Monde, il déverse sa haine contre « les négros et les chinetoques. »



Esclaves

Le roman d'Henning Mankell va alors basculer dans le passé. Durant une centaine de pages, passionnantes, on va suivre les déboires de trois Chinois, trois frères, trois paysans. Se rendant à Canton pour y trouver du travail ils vont être enlevés et vendus à des entrepreneurs chargés de construire cette fameuse ligne de chemin de fer. Parqués près du chantier, ils sont considérés comme des esclaves par les contremaîtres. D'autres groupes travaillent avec eux. Et les jeunes Chinois vont découvrir toute l'ignominie du racisme ordinaire. « Les Irlandais, souvent ivres, les injuriaient en leur lançant des pierres. Les frères ne comprenaient pas ce qu'ils criaient, mais leurs pierres faisaient mal : ce devaient être la même chose pour leurs paroles. » A force de recherches, Birgitta va faire le lien entre ce passé américain et le présent suédois. Et c'est en Chine, à Pékin, qu'elle obtiendra des réponses sur les véritables motivations de ce massacre.

Un roman doublement prenant car on ne peut qu'avoir de l'empathie pour les deux parties : les Chinois du passé, la juge du présent. Entre il y a toujours cette violence, cette folie meurtrière des hommes, matière première de tout bon thriller.

Michel Litout

« Le Chinois » de Henning Mankell, Seuil policiers, 22 €


samedi 10 décembre 2011

L'armure du Jakolass : Valérian repart à l'aventure en compagnie de Larcenet


Valérian, agent spatio-temporel animé durant des décennies par Christin et Mézières est officiellement en sommeil. Cependant, la retraite des deux créateurs de la série SF française la plus populaire n'empêche pas le jeune héros (toujours accompagné de la sublime Laureline) de poursuivre ses missions entre galaxies et champs d'astéroïdes. Il va, comme Spirou, passer de mains en mains pour explorer d'autres genres graphiques. Manu Larcenet est le premier à se risquer à réécrire cette BD culte. Certains critiques se sont offusqués de sa vision car il part du postulat que l'esprit de Valérian est enfermé dans le corps de Monsieur Albert, vieux poivrot de base, pilier de bar plus que franchouillard. C'est vrai que c'est déstabilisant, mais Larcenet a plus d'un tour dans sa manche et surtout une grande science du rebondissement et de la mise en abîme. Comme en plus, c'est un excellent dessinateur, cette aventure de Valérian, bien évidemment à des milliers d'années lumière de l'original, reste une BD de SF, intelligente et novatrice. Avec (pour le même prix), en bonus cachés, quelques aliens dessinés par des invités de marque, de Goossens à Binet en passant par Baru ou Jean-Yves Ferri.

« Valérian vu par... Larcenet » (tome 1), Dargaud, 11,95 €


jeudi 14 avril 2011

BD - "Marche ou rêve", questions de jeunes


Deux jeunes auteurs, passés par les blogs, ont mis en commun leur sensibilité pour réaliser ces 80 pages entre amour et mort. Laurel a signé le scénario. Elric les crayonnés. Puis Laurel a encré et colorié les planches alors que Elric se chargeait du lettrage. Une collaboration concluante car ces créateurs sont encore en pleine recherche de leur style. Il ont travaillé sans contrainte, avec un plaisir et une soif d'apprendre qui illumine les planches. L'histoire est celle de Harold. Il a 19 ans, une fiancée, Claire, mais n'arrive pas encore à franchir le pas question sexe. En plein été, il va passer une semaine chez sa grand-mère. Il y rencontrera une jolie rousse, Mathilde, un demi-frère et quelques chatons. Harold en plein doute sur l'orientation qu'il doit donner à sa vie. Encore rêveur, il a tendance à fuir face aux responsabilités. Une BD initiatique dans laquelle nombre de jeunes adultes pourront se reconnaître.  
« Marche ou rêve », Dargaud, 12,95 €

mercredi 13 avril 2011

BD - Les soldats sacrifiés de "Death Squad"


La guerre, quelle idiotie. Cela vient peut-être du fait que les guerres sont l'œuvre de soldats. Et qu'y a-t-il de plus bête qu'un soldat ? Des soldats du Death Squad répond immédiatement Mike, le scénariste et dessinateur de ces strips ridiculisant les glorieux conquérants des planètes inconnues. Les Death Squad sont généralement débarqués en milieu hostile. Leurs ennemis, des extraterrestres monstrueux, des virus virulents et autres plantes carnivores. Reste que les plus grandes pertes ce sont eux-même qui se les provoquent. Car dans le genre manchots avec des armes de destruction massive, difficile de faire pire. Carbonisés par un missile, transpercés de flèches, bouffés par un poulpe mutant à double mâchoires rétractiles, écrasés par un container de vivres ou dissous par une mine antipersonnel bactériologique : les troupes rétrécissent au fil des pages de ce recueil qui n'épargne rien à des militaires d'élite. On admirera l'imagination de Mike pour créer des aliens originaux. Ils ont quand même souvent des points communs : de grandes dents et une méchanceté naturelle. 
« Death Squad », Delcourt, 10,50 €

mardi 12 avril 2011

BD - Jérôme et les braqueurs


Détective privé de proximité. Jérôme K. Jérôme Bloche a trouvé sa voie, sa spécialité. Le héros rêveur et maladroit de Dodier se spécialise dans les intrigues de la vie quotidienne. Ainsi, dans le 22e titre de la série, il accepte de rendre service à Madame Zelda, sa voisine. La voyante est inquiète : une de ses amies ne donne plus signe de vie. Jérôme enfourche son Solex et va sonner à la porte de ce petit pavillon de banlieue. 
A travers une fenêtre, il aperçoit la vieille dame étendue au pied des escaliers. Il entre par effraction et appelle les secours. Cinq secondes plus tard il est maîtrisé par des hommes du GIGN. Une nouvelle fois, Jérôme plonge dans les ennuis. 
Cette vieille dame est la mère de Mathias, l'ennemi public numéro un des années 80. Il vient de s'évader avec la complicité de son fils. La police le recherche... ses anciens complices aussi. Jérôme prendra pas mal de coups dans ces 56 pages rondement menées. Mais malgré l'adversité il n'abdiquera pas et démêlera cette histoire de magot caché, permettant même l'arrestation de quelques méchants...

« Jérôme K. Jérôme Bloche » (tome 22), Dupuis, 11,95 €

lundi 11 avril 2011

Livre - Les quatre vérités de Madame Wolinski

Maryse Wolinski, avant de devenir une romancière reconnue, a été surtout la femme du dessinateur. Des années d'amour et quelques secrets.




 Maryse Wolinski, féministe convaincue, a la particularité de vivre depuis quarante ans avec un des plus affreux misogyne de Paris. Georges Wolinski, dessinateur de presse et de BD, était déjà tout auréolé de succès quand la jeune journaliste stagiaire du Journal du Dimanche le croise dans les couloirs du quotidien. Maryse Wolinski, dans ce récit plein de sincérité, d'amour et de tendresse, revient sur cette rencontre et les premières années de vie commune. Et l'auteur s'adresse directement à son homme. Wolinski avait la réputation d'être un veuf joyeux. Sa femme, morte dans un accident de la circulation, lui avait laissé deux petites filles. Il collectionnait les conquêtes. Pourtant, il reconnaît rapidement que Maryse sera la femme de sa vie. La petite fille blonde, copie conforme des personnages qu'il dénudait sans vergogne dans ses BD, mettra du temps à l'apprivoiser.

Amour et soumission

Un jour, allant à l'encontre de toutes les bonnes résolutions prises par Maryse, féministe désirant vivre libre, il accepte de l'épouser. Un mariage presque clandestin, mais qui marque, paradoxalement, un véritable tournant dans la vie du couple. Après la cérémonie, « des amis nous avaient envoyé des corbeilles de fleurs que nous avons étalées dans un champ près d'une maison que tu louais. Nous nous sommes allongés au milieu et nous avons fait l'amour jusqu'à ce que les étoiles nous avertissent que la nuit était tombée. » Cette relation, passionnelle, charnelle, n'empêche pas parfois de grosses fâcheries. Maryse ne supporte pas la vulgarité de certains dessins, notamment quand les femmes ne sont que des objets du désir. Elle a même souvent été tentée de partir, de quitter cet homme pouvant devenir épouvantable. Peine perdue : « Malgré mes résolutions, j'étais prise au piège de l'amour et de la soumission. »

Libido et virilité

Véritable confession parfois très personnelle, ce texte de Maryse Wolinski atteint l'universel quand il aborde le problème du désir et de la vieillesse. Tout couple se reconnaîtra en partie dans ces inquiétudes sur la virilité de monsieur ou la perte de libido de madame... Car la romance, commencée il y a quarante ans, a moins d'intensité qu'aux premiers jours. Georges est devenu un vieux monsieur. Toujours amoureux, mais vieux. Maryse fait tout pour contrer les ravages du temps. Sans grand succès. « Notre amour est aussi inoxydable que ma génération vers laquelle je t'entraîne en t'interdisant gentiment de vieillir. Mais je le sais aussi, dès que j'ai un moment d'inattention, tu en profites pour vieillir un peu. » Reste que si le corps de Georges Wolinski a vieilli, sa main continue de dessiner sa femme sous la forme d'une jeune fille blonde, peu vêtue. La preuve en image avec la couverture de ce livre réellement bouleversant par moment.

« Georges, si tu savais... », Maryse Wolinski, Seuil, 16 €

mercredi 6 avril 2011

BD - L'amour ambulant du "Magasin sexuel" de Turf


Turf a définitivement tiré un trait sur sa Nef des fous et s'est lancé dans une nouvelle aventure, plus actuelle mais toujours empreinte d'une douceur et d'une poésie trop souvent absentes des productions BD actuelles. « Magasin sexuel » a pour cadre le petit village des Bombinettes. 234 âmes, une spécialité alcoolisée (la Bombinette) et un maire récemment divorcé et très vieux jeu. Raymond Orloff (comme le rôti), belles moustaches de Gaulois, crâne dégarni, ventre rebondi, veille à la tranquillité de sa petite communauté. Il est presque victime d'une attaque quand il constate, le lundi, jour de marché, qu'un nouvel étal fait son apparition : un sex-shop ambulant. Passé son premier effroi, il tombe sous le charme la vendeuse, Amandine, jeune et réaliste, pas spécialement portée sur le sexe mais avouant qu'au moment d'entrer dans le monde du travail, « entre vendre des sextoys ou des courgettes, j'ai vite fait mon choix ! ». Adorable Amandine qui donne tout son charme à cette BD. Une héroïne comme on aimerait en rencontrer plus souvent dans la vraie vie.

« Magasin sexuel » (tome 1), Delcourt, 14,95 €

mardi 5 avril 2011

BD - Le Découpeur frappe, Midi-Minuit veille


Jean-Charles Gaudin, s'il n'a pas le succès d'Arleston, est tout de même un des scénaristes les plus productifs des éditions Soleil. Et ses séries durent, preuve que le public est au rendez-vous. Meilleur exemple avec les Arcanes de Midi-Minuit qui en est à son 8e titre, presque un exploit chez l'éditeur toulonnais particulièrement prompt à interrompre la vie d'un héros ne touchant pas rapidement un large public. Jim et Jenna, les héros de ces histoires entre SF et fantasy, ont la particularité de ne jamais être vus ensemble. En fait il s'agit d'une seule et même personne, pouvant laisser la place à son double simplement grâce à un miroir. Si cette trouvaille était mise en avant dans les premières enquêtes, c'est moins vrai pour cette « Affaire Trinski ». Les deux agents sont envoyés dans une province du Royaume victime du coup d'Etat du chef des armées. Il terrorise la population. De même que le Découpeur, tueur sanguinaire armé de deux sabres et exterminateur de la résistance. Jim et Jenna auront fort à faire pour mettre hors d'état de nuire ces deux terreurs. Trichet, au dessin, aime les femmes sensuelles aux courbes généreuses. Un vrai plaisir pour les yeux...

« Les Arcanes du Midi-Minuit » (tome 8), Soleil, 13,50 €

lundi 4 avril 2011

BD - Derib et les Ahlalâââs au sommet du 9e art


Buddy Longway, Red Road : Derib s'est imposé dans le monde du 9e art avec des sagas réalistes au long cours. Pourtant cet auteur suisse a débuté dans la plus pure tradition de la BD franco-belge pour enfants, avec gros nez et jeunes héros positifs. En s'imposant dans le western social, il n'a pas totalement oublié ses premières amours et les éditions du Lombard nous donnent l'occasion de redécouvrir ce talent caché en rééditant « L'impossible ascension », première et seule aventures des Ahlalâââs. Ces microscopiques personnages, poilus et au langage limité, ont fait leur apparition dans le bref mais très remarqué Achille Talon Magazine. Le crâne lisse d'Achille Talon, tel est l'objectif de ces alpinistes experts. Ils vont, en 46 pages pleines de rebondissements, s'attaquer à ce sommet de la BD humoristique. Ils devront affronter une mite, un moustique, une coulée de blanc d'œuf et les mains de leur hôte qui n'apprécie guère ces démangeaisons. Étonnante et farfelue, cette BD prouve que Derib a plus d'une corde à son arc. Dommage que la suite, l'ascension du mont Lefuneste, autrement plus abrupt que son voisin tout en rondeurs, n'ai jamais vu le jour...

« Les Ahlalâââs », Le Lombard, 19,95 €

samedi 2 avril 2011

Thriller - Carré de dames pour Alexis Lecaye

Quatrième enquête pour le commissaire Martin imaginé par Alexis Lecaye. Il est aux prises avec le gourou d'une secte et un ennemi invisible.



Il les aura toutes faites. Débutant par la « Dame de cœur », Alexis Lecaye boucle son carré avec la « Dame de trèfle ». Quatre romans policiers pour imposer un style et des personnages. Le lecteur retrouve donc le commissaire Martin, son équipe et ses emmerdes. Car ce flic de haut vol, plus près de la cinquantaine fatiguée que de la quarantaine épanouie, accumule les ennuis personnels. Un métier prenant, des horaires impossibles et une réticence à entrer dans un moule auront eu raison de son couple. Marion l'a quitté. Avec le bébé. C'est cet enfant qui a tout compliqué. Déjà père d'une Isabelle âgée aujourd'hui de 20 ans et elle aussi jeune maman, Martin semble avoir paniqué face à ces nouvelles responsabilités. C'est dans cet état d'esprit que le lecteur fidèle retrouve son héros. Car ne nous y trompons pas, la série des « Dames » s'apparente fort au feuilleton, même si les « méchants » changent à chaque titre.

Fugitive et stripteaseuse

La « Dame de trèfle » c'est peut-être Camille, à moins que ce ne soit Armony. La première, caissière dans un petit magasin parisien, s'enfuit dès qu'elle aperçoit sur le trottoir Jean-René, un Canadien, père de sa fille. Dans sa fuite, elle monte durant quelques instants, par la force, dans la voiture d'Armony. Cette stripteaseuse n'a pas la vie facile en ce moment. En plus de se produire dans un peep-show, elle vit dans sa voiture, expulsée de son appartement dont elle n'arrive plus à payer le loyer. Camille lance un SOS à Armony. Elle lui confie les numéros de téléphone de ses enfants et de son avocat. Puis elle quitte la voiture. Les destins de ces deux femmes vont désormais être liés, pour le meilleur et le pire.

Martin intervient le lendemain, quand Camille est retrouvée, grièvement blessée au pied d'un pont dans une mare de sang. Suicide ? Jeannette, l'adjointe de Martin a des doutes. Ils sont rapidement confirmés par le fait que le sang n'est pas d'elle. La machine policière se met en marche pour identifier la victime de ce qui semble être une tentative de meurtre.

Quasiment au même moment, après une journée d'hésitation, Armony se décide enfin à contacter la police car personne ne répond aux numéros de téléphone. Mais elle n'a décidément pas de chance puisqu'elle tombe sur un jeune flic mal luné, qui met en doute ses déclarations et qui, pour couronner le tout, la met en garde à vue. Armony, au bout du rouleau, tente de se suicider dans sa cellule crasseuse.

Secte et ennemi invisible

L'avancée d'une enquête policière dépend parfois de peu de choses. Cette fois c'est Jeannette qui va relier le témoignage d'Armony et la tentative de meurtre sur Camille. Un peu trop tard malheureusement. Armony s'est évaporée dans la nature. Et il n'y a pas que les policiers qui la recherchent, le Canadien, gourou d'une secte, est sur sa piste lui aussi. Il sait qu'elle seule pourra lui livrer un indice pour récupérer les enfants.

Un roman policier captivant à plus d'un titre. L'intrigue est prenante mais on est surtout fasciné par les différents personnages. Armony en premier lieu, Jeannette aussi alors que le Canadien fait froid dans le dos. Pour la bonne bouche gardons le commissaire Martin. Il est un peu moins efficace car submergé de doutes. Il aime toujours Marion mais n'hésite pas à répondre aux avances d'une amie de sa première femme. Un piège en fait, fomenté par un mystérieux ennemi. Martin va devoir enquêter tout en étant lui même suspecté par la Police des polices de tentative de meurtre. Pas facile, mais pas insurmontable pour un héros digne de ce nom...

« Dame de trèfle », Alexis Lecaye, Le Masque, 20 €

jeudi 31 mars 2011

BD - Le Sud désolé par Emmanuel Lepage



Emmanuel Lepage, formidable dessinateur de BD est également un peintre aimant croquer ses sujets in-situ. Ses aquarelles, notamment de l'Amazonie, sont très cotées. Ce Breton de 44 ans, aimant les voyages, s'est embarqué sur le Marion Dufresne pour deux mois de voyage aux Terres australes françaises. Cet album de plus de 150 pages raconte ce périple. Une partie reprend les dessins exécutés à bord du navire et sur ces confettis glacés uniquement peuplés d'animaux. Ils sont intégrés dans une BD plus classique racontant le voyage, les rencontres, la vie à bord et sur ces bases coupées de tout. Un reportage dessiné se transformant en témoignage sur la passion d'hommes et de femmes sacrifiant beaucoup pour cette zone de la planète jadis surnommée les îles de la Désolation.

« Voyage aux îles de la Désolation », Futuropolis, 24 €

mardi 25 janvier 2011

BD - Turo, petit chasseur


Turo, jeune chasseur, est doté d'une force colossale. Il l'utilise pour tuer sangliers et autres grosses bêtes qui fournissent de la viande à sa tribu. Mais dans ce monde d'héroic fantasy, il lui arrive également de croiser un dragon et même une elfe. Cette dernière, aux prises avec les fantômes des gardiens d'un roi-sorcier, réussit à persuader Turo de la suivre en ville. Turo est émerveillé face à cette vie qu'il ne soupçonnait pas. Mais Turo va aussi découvrir qu'il a un destin et que cette force exceptionnelle n'est pas un hasard. Premier tome très convaincant d'une nouvelle série de Mateo Guerrero. Cet auteur Espagnol transforme l'essai graphique de sa première série, Beast, toujours au Lombard.
« Turo » (tome 1), Le Lombard, 9,95 €

lundi 24 janvier 2011

BD - Menace sur Apollo avec Scott Leblanc


Philippe Geluck est un spécialiste du second degré. Son Chat nous fait rire depuis des années. L'auteur multicartes apparaît également à la télévision, intervient à la radio et vient de se lancer dans une nouvelle carrière de scénariste. En bon Belge qui se respecte, il frappe très fort en animant les aventures de Scott Leblanc, sorte de Tintin idiot, journaliste pour un magazine animalier. Il a bien évidemment un animal de compagnie. Dans le premier tome, c'était un oiseau, Toni, dans la seconde aventure, il récupère un petit chien, Bruce. Mais Scott n'a pas de chance, Bruce connaîtra une fin atroce, comme Toni précédemment... Dessiné par Devig, à la ligne claire rigide que l'on peut également mettre sur le compte de la parodie, cet album se déroulant dans les années 60 mélange lutte anti communiste, conquête spatiale et complot nazi. Le tout sur fond de Floride grouillant d'alligators.
« Les aventures de Scott Leblanc » (tome 2), Casterman, 12 €

dimanche 23 janvier 2011

BD - Les coulisses du journal Spirou


Le journal de Spirou fait un peu figure de dinosaure dans le paysage de la presse BD. Dernier survivant d'un certain âge d'or, il reste la vitrine des éditions Dupuis. Une sorte de laboratoire pour tester des séries, lancer de nouveaux auteurs et créer un lien entre dessinateurs. Dans la dernière nouvelle formule en date, le nouveau rédacteur en chef, Frédéric Niffle, a donné carte blanche à Yann et Simon Léturgie pour animer la rubrique « historique » de l'hebdo. Cela a donné naissance à une série d'histoires courtes parodiant la vie de la rédaction et des éditions Dupuis. Niffle devient un paon très suffisant, les actionnaires des sortes de Rapetou de la finance et les auteurs des névrosés égocentriques en mal de reconnaissance. C'est méchant et hilarant. A lire en renouvelant son abonnement !
« Spirou dream team », Dupuis, 9,95 €

mardi 18 janvier 2011

Roman - Le Liban familial de Christophe Donner

Après avoir écrit sur sa famille, Christophe Donner se penche sur sa belle-famille. Des Libanais sous la coupe d'Elias, le patriarche de 104 ans.


Écrivain atypique à la production très conséquente, Christophe Donner a deux passions : les chevaux et le jeu. Il parviendra, comme toujours, à placer ces deux éléments dans son nouveau roman qui normalement aurait eu comme sujet principal la famille et le Liban.

Narrateur et personnage principal, il quitte Paris pour quinze jours, direction le Liban en compagnie de sa femme. Dora va voir, peut-être pour la dernière fois, son père, Elias Chamoun. Le patriarche qui affiche un âge invraisemblable pour ce pays souvent en guerre : 104 ans. Il n'a plus toute sa tête, mais suffisamment pour mener la vie dure à sa femme et à la bonne. Christophe Donner ,« Monsieur Christophe » pour Elias, a un faible pour ce vieil homme qui semble avoir des trous de mémoire sélectifs. Par exemple, il est incapable de se souvenir du prénom de sa fille, Dora, l'épouse de l'auteur. Cette dernière ne lui en veut pas, comme ses frères et sœurs elle est en pâmoison devant cet homme capricieux et autoritaire mais qui semble éternel.

Au fil des jours le charme s'estompe et Elias devient de plus en plus insupportable. Cela donne ces lignes d'une étonnante clairvoyance :

« La vieillesse qui serait un retour à l'enfance, je n'y crois pas, c'est un cliché pour dissimuler l'horreur. En fait, c'est un couloir de plus en plus étroit, de plus en plus étroit, dans lequel les vieillards avancent à tout petits pas. Leur maladresse n'est pas celle des enfants, mais celle de l'épouvante. »

Ces quinze jours à Beyrouth pour Christophe Donner, ce sont aussi, et surtout, deux semaines loin des champs de courses parisiens. Il se contente d'admirer, depuis le balcon de l'appartement qu'il occupe, les pur sang libanais à l'entraînement sur la piste du vieil hippodrome.

Un séjour au cours duquel il redoute puis espère presque qu'Elias tire enfin sa révérence, qu'il emporte dans sa tombe ses humeurs, sa dépendance et avec lui ses secrets. Un roman lumineux sur le Liban, la famille et la mort... avec un zeste de course hippique, Christophe Donner oblige.

« Vivre encore un peu », Christophe Donner, Grasset, 14 €

lundi 17 janvier 2011

Roman - La sagesse des animaux d'une "Lointaine Arcadie"

La solitude comme art de vivre. Un libraire parisien, fatigué d'une certaine agitation, va vivre en ermite dans une petite maison de la Creuse.

L'homme peut-il vivre seul, en reniant toute émotion, tout contact ? Matthieu, le personnage principal de ce roman de Jean-Marie Chevrier, ne se pose pas la question. Pour lui c'est une évidence, une étape essentielle de sa vie. Il a longtemps été libraire à Paris. Marié, sa femme l'a quitté après des années de vie commune, les dernières passées plus côte à côte qu'ensemble. Ce citadin vend son magasin, prend sa retraite et achète, pour une bouchée de pain, une vieille maison sur un petit terrain dans la Creuse.

Déesse vache

Après quelques travaux afin d'y apporter un minimum de confort, il s'y installe et entame un processus de désocialisation et de retour sur soi. Matthieu va vivre des expériences simples et nouvelles lui permettant de redonner un sens à son existence. Il trouvera notamment de nombreuses réponses en observant les animaux des alentours. Sauvages (salamandre, sanglier...) ou domestiques comme ces génisses ruminant paisiblement dans un champ. Parmi elles, il tombe littéralement sous le charme de Io (le nom de déesse qu'il lui donnera plus tard): « Elle avait un pelage crémeux, avec, dans les plis où s'attachaient les pattes et dans le fanon qui pendait à son cou, des ombres brunes et violettes. Ni plus grande , ni plus forte que les autres, elle régnait sur le troupeau par sa différence. » Matthieu va tout faire pour acheter cette vache, la transformer en animal domestique. Ce sera long, mais elle donnera au fil des mois un peu de cette chaleur qui commence à lui manquer.

Matthieu n'est cependant pas complètement coupé du monde. Jean-Marie Chevrier, entre les longues descriptions de ses balades dans les bois et veillées devant la cheminée, lui fait rencontrer une violoniste et un voisin promenant son fils handicapé (sourd, muet et aveugle) au bout d'une laisse. Mais le cœur du roman c'est cette volonté qu'a Matthieu de faire un bilan sur la vie, sa vie. Il analyse ses attitudes d'avant, quand il était dans la masse. « Incapable d'engagement, terrifié par le groupe, redoutant le sport, craignant d'être assujetti à toute vie associative, il était resté prisonnier de sa liberté. »

Ce paradoxe explique toute sa démarche. Pourtant, car quand surgissent, en plein été, deux randonneurs, tous les sens de Matthieu vont se réveiller. Forcément. Avec une randonneuse dont il soigne les pieds le premier soir pour cause d'ampoules et son mari archéologue pompeux, quitter ces trois années d'hibernation ne sera que finalement, redonner un sens à sa vie. Avec à la clé plaisir futile et amour fou.

« Une lointaine Arcadie », Jean-Marie Chevrier, Albin Michel, 16 €

dimanche 16 janvier 2011

BD - Parodies ensoleillées


Lanfeust Mag, le mensuel BD des éditions Soleil, est également le reflet de la vie quotidienne du Gottferdom Studio. Ce regroupement de dessinateurs et de scénaristes, tous auteurs de talent, ne se prennent pas au sérieux. Pour preuve ils sont les héros d'histoires courtes ciselées par Dav et les mettant en scène dans des parodies de films célèbres. Ce cinquième titre débute par une satire d'Avatar, le film événement de James Cameron. Dom, la caricature du scénariste Dominique Latil, est transformé en alien bleu et va tenter de protéger l'arbre magique que le méchant, Arleston, veut abattre pour le transformer en papier pour imprimer les millions d'albums qu'il vend chaque année. Une entrée hilarante pour un album allant crescendo avec les parodies de Peter Pan, Toy Story ou Prince of Persia. Le meilleur est pour la fin avec « Les aventuriers de Gott-Lanta ». Nos héros sont très crédibles en vedettes de télé-réalité. Ils ne semblent pas se forcer outre mesure pour être aussi bêtes que insupportables. Du grand art !
« Gottvatar » (tome 5), Soleil, 9,95 €

samedi 15 janvier 2011

BD - La mère aventureuse de "Nouveau monde"


Pas un seul moment de répit dans le premier album de cette série aventuro-historique signée Filippi (scénario) et Mezzomo (dessin). En 1755, sur la côte est de l'Amérique, des naufrageurs repèrent un voilier en difficulté. Ils se préparent à accueillir à leur façon les membres de l'équipage en perdition. Manque de chance pour les bandits, les hommes et femmes qui réussissent à mettre pied à terre n'ont aucunement l'intention de se laisser massacrer sans se défendre. Ils ont à leur tête une blonde particulièrement téméraire : Emie. C'est elle qui déclenche les hostilité abattant à bout portant le chef des naufrageurs. Emie, le personnage principal de cette BD, une mère avant tout qui est à la recherche de ses deux enfants. Cette Anglaise a favorisé une mutinerie sur le navire la conduisant en Amérique. Elle est recherchée par l'armée anglaise, de même que les exilés, pas très recommandables, qui ont profité de l'aubaine. Dans les bois, contre les tuniques rouges ou les indiens, Emie et ses amis ne cessent de tuer pour se défendre et arriver à leur but.
« Nouveau monde » (tome 1), Glénat, 13,50 €


vendredi 14 janvier 2011

BD - Sarkozix, an 2


Décidément, même s'il a tout fait pour gommer son image « bling-bling », Nicolas Sarkozy est une mine pour les humoristes. Le second recueil de gags contant les « aventures de Sarkozix » vient de paraître sous une couverture montrant Sarkozix et sa femme Carlita, perchés au sec sur un bouclier alors que tout autour d'eux la Gaule se noie sous des inondations. « Et ils coulèrent des jours heureux... » renforce ce sentiment que le couple présidentiel est totalement déconnecté des réalités du pays. Lupano et Delcourt au scénario, y vont très fort dans la critique. Bazile, au dessin, signe quelques caricatures sympas (Johnny, Villepin, Fillon...) qu'Uderzo ne renieraient pas. 
Un album qui suit l'actualité, de la crise de l'euro à l'avènement de « Barako », nouvel empereur du monde. Celui-là, Sarkozix ne l'aime pas. Trop de prestance et de charisme. Le petit chef gaulois irascible en souffre. Son entourage aussi car quand Sarkozix n'est pas content, ses colères sont homériques. Une série qui enchantera tous ceux qui sont lassés par la politique. Ils sont de plus en plus nombreux...
« Les aventures de Sarkozix », (tome 2), Delcourt, 10,50 €


jeudi 13 janvier 2011

SF - le Scorpion mécanique de "Drone" par Neal Asher

Ian Cormac, agent d'élite de la police interplanétaire, affronte des séparatistes, des extraterrestres et les cauchemars de son enfance.



Le space opéra à la sauce Neal Asher cela claque comme un tir de pistolet laser trouant la carapace d'un alien géant. Pas de belle utopie dans son monde futuriste. Certes les IA (intelligences artificielles) ont quasiment pris le pouvoir, mais quand les Pradors attaquent, ce sont les Humains qui se retrouvent en première ligne. Résultat, c'est un monde en perpétuelle guerre qui est décrit dans ce roman présentant les débuts du héros, Ian Cormac, au sein du Polity, les forces spéciales terriennes.

Avant de devenir un soldat d'élite, Ian Cormac a été un enfant. Il a une dizaine d'années dans les premières pages. Il est en compagnie de sa mère, archéologue. Un jour, en rentrant d'un chantier à bord d'une navette volante, ils aperçoivent au sol une machine gigantesque semblant leur faire des signes. « Alors qu'ils la survolaient, la chose se redressa et releva ses antennes vers eux. Elle déploya une griffe blindée, comme pour les chasser du ciel. Un scorpion géant. En acier. » Ian interroge sa mère, visiblement très mal à l'aise. Elle lui explique que c'est un drone de guerre.

 Carl, le traitre

Une première rencontre pour Ian avant d'autres, tout au long de son adolescence. Les flashbacks de son enfance s'intercalent dans le corps principal du roman, son apprentissage au sein de l'armée terrienne. Pour sa première affectation après ses classes, il débarque sur Hagren, une planète en pleine ébullition. Les Pradors, des extraterrestres ressemblant à de gros insectes, très belliqueux, colonisent les mondes peuplés d'humains essentiellement pour garnir leur garde-à-manger... Mais ce sont surtout les Séparatistes qui causent des soucis aux forces terriennes. Ian subit son baptême du feu en compagnie de son compagnon de chambrée, Carl. Mais ce dernier se révèle être un séparatiste infiltré. Son but : dérober des ogives nucléaires Pradors pour décimer le Polity. Une unité d'élite qui va contacter Ian, le mettre à l'épreuve, car c'est lui qui connait le mieux Carl.

 Carapace fumante

Neal Asher dévoile ainsi les raisons du recrutement de Ian au sein du Polity. Trahit par son meilleur ami, il devra le pourchasser dans une lutte à mort. Une torture psychologique expliquant la froideur du Ian Cormac adulte et endurci. D'autant que le drone-scorpion revient lui aussi sur le devant de la scène, pour lui révéler un secret de famille lui enlevant définitivement toute illusion.

« Drone » reste cependant, et avant tout, un roman d'action et d'aventure, la marque de fabrique de Neal Asher, auteur britannique de 49 ans. Les nombreux combats satisferont les amateurs de SF guerrière. Exemple avec cette confrontation avec des Pradors, dans les entrailles d'un vaisseau ennemi : « L'un des Pradors lâcha prise et s'écroula au sol. Il resta sur le dos quelques instants , les membres agités de soubresauts, puis se retourna d'un coup, l'une de ses griffes brûlée et la carapace fumante. » Bien évidemment Ian aura le dernier mot, « Une pluie de feu, de chair puante, de carapace éclatée et de poux grillés s'abattit sur lui. »

« Drone » de Neal Asher (traduit de l'anglais par Patrick Imbert), Fleuve Noir, 22 €


mercredi 12 janvier 2011

BD - Tristes retrouvailles canadiennes dans "Conventum"


Retrouver ses camarades de classe, 10 ans après les avoir perdu de vue, ne réserve pas que des bonnes surprises. C'est le nœud de cet album autobiographique de Pascal Girard, un auteur québécois au ton résolument original. Quand il reçoit une invitation pour le « conventum » des dix ans de la fin de ses études secondaires, Pascal se questionne essentiellement sur l'image qu'il va donner. Est-il dans le camp des gagnants ou des perdants ? Première mission, perdre du poids. Mais cela ne suffit pas. Il se fait des films, espérant épater ses anciens camarades qui ne reconnaîtront pas le « gros timide » qu'il a toujours été. Avec un luxe de détail sur 160 pages, on assiste à son naufrage, la nature humaine ne changeant pas en une décennie...
« Conventum », Delcourt, 13,50 €

mardi 11 janvier 2011

BD - El Spectro frappe les mutants de la lune rouge


Les catcheurs masqués reviennent à la mode. El Spectro, le héros imaginé par Yves Rodier et Frédéric Antoine, ne surfe pourtant pas sur la mode actuelle des lutteurs américains. El Spectro est un as de la Lucha Libre, ce sport mexicain qui a connu son heure de gloire dans les années 50/60. C'est à cette époque que se déroule sa première aventure. Après quelques combats durement gagnés, il passe quelques jours de repos sur la Costa Brava espagnole en compagnie d'une charmante championne d'échecs. Cette dernière est enlevée par des hommes mouches. El Spectro va se lancer à sa recherche, écumant les Pyrénées pour localiser la belle, prisonnière d'un savant fou retiré dans un monastère en ruine. Une BD hommage à l'âge d'or de la BD franco-belge.

« Les aventures d'El Spectro » (tome 1), Le Lombard, 11,95 €

dimanche 9 janvier 2011

BD - Tuerie finale pour Naja


Dernier acte pour Naja. La tueuse implacable, insensible à la douleur, va enfin connaître pourquoi elle est passée de chasseuse à gibier. Morvan, le scénariste, dans ce cinquième et ultime album toujours dessiné par Bengal, va délaisser l'action pour la psychologie. Naja va découvrir qui tire les ficelles en coulisse, pourquoi les trois meilleurs tueurs de cette organisation criminelle se retrouvent à s'affronter. Un quatrième larron va donner des accents shakespeariens à une BD entre manga extrême et tragédie familiale. L'action, de Barcelone, se déplace à Bruxelles, dans cette enclave bon enfant, écrasée par « l'Union européenne, reine de tous les cynismes. » Naja y retrouve les décors de son enfance perdue dans les limbes de sa mémoire.
« Naja » (tome 5), Dargaud, 13,95 €