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jeudi 13 janvier 2011

SF - le Scorpion mécanique de "Drone" par Neal Asher

Ian Cormac, agent d'élite de la police interplanétaire, affronte des séparatistes, des extraterrestres et les cauchemars de son enfance.



Le space opéra à la sauce Neal Asher cela claque comme un tir de pistolet laser trouant la carapace d'un alien géant. Pas de belle utopie dans son monde futuriste. Certes les IA (intelligences artificielles) ont quasiment pris le pouvoir, mais quand les Pradors attaquent, ce sont les Humains qui se retrouvent en première ligne. Résultat, c'est un monde en perpétuelle guerre qui est décrit dans ce roman présentant les débuts du héros, Ian Cormac, au sein du Polity, les forces spéciales terriennes.

Avant de devenir un soldat d'élite, Ian Cormac a été un enfant. Il a une dizaine d'années dans les premières pages. Il est en compagnie de sa mère, archéologue. Un jour, en rentrant d'un chantier à bord d'une navette volante, ils aperçoivent au sol une machine gigantesque semblant leur faire des signes. « Alors qu'ils la survolaient, la chose se redressa et releva ses antennes vers eux. Elle déploya une griffe blindée, comme pour les chasser du ciel. Un scorpion géant. En acier. » Ian interroge sa mère, visiblement très mal à l'aise. Elle lui explique que c'est un drone de guerre.

 Carl, le traitre

Une première rencontre pour Ian avant d'autres, tout au long de son adolescence. Les flashbacks de son enfance s'intercalent dans le corps principal du roman, son apprentissage au sein de l'armée terrienne. Pour sa première affectation après ses classes, il débarque sur Hagren, une planète en pleine ébullition. Les Pradors, des extraterrestres ressemblant à de gros insectes, très belliqueux, colonisent les mondes peuplés d'humains essentiellement pour garnir leur garde-à-manger... Mais ce sont surtout les Séparatistes qui causent des soucis aux forces terriennes. Ian subit son baptême du feu en compagnie de son compagnon de chambrée, Carl. Mais ce dernier se révèle être un séparatiste infiltré. Son but : dérober des ogives nucléaires Pradors pour décimer le Polity. Une unité d'élite qui va contacter Ian, le mettre à l'épreuve, car c'est lui qui connait le mieux Carl.

 Carapace fumante

Neal Asher dévoile ainsi les raisons du recrutement de Ian au sein du Polity. Trahit par son meilleur ami, il devra le pourchasser dans une lutte à mort. Une torture psychologique expliquant la froideur du Ian Cormac adulte et endurci. D'autant que le drone-scorpion revient lui aussi sur le devant de la scène, pour lui révéler un secret de famille lui enlevant définitivement toute illusion.

« Drone » reste cependant, et avant tout, un roman d'action et d'aventure, la marque de fabrique de Neal Asher, auteur britannique de 49 ans. Les nombreux combats satisferont les amateurs de SF guerrière. Exemple avec cette confrontation avec des Pradors, dans les entrailles d'un vaisseau ennemi : « L'un des Pradors lâcha prise et s'écroula au sol. Il resta sur le dos quelques instants , les membres agités de soubresauts, puis se retourna d'un coup, l'une de ses griffes brûlée et la carapace fumante. » Bien évidemment Ian aura le dernier mot, « Une pluie de feu, de chair puante, de carapace éclatée et de poux grillés s'abattit sur lui. »

« Drone » de Neal Asher (traduit de l'anglais par Patrick Imbert), Fleuve Noir, 22 €


jeudi 7 août 2008

SF - Glissement dans le temps


Deux humains deviennent les acteurs involontaires d'une guerre du futur, se gagnant grâce à des bonds dans le passé.


Foisonnant, très imagé, plein de bruit et de fureur, ce roman de Neal Asher entraîne le lecteur dans une folle poursuite à travers le passé. Un glissement dans les premiers temps de la Terre, pour mieux repartir et empêcher l'avènement d'un groupe d'humains supérieurement développé mais totalement dépourvu de pitié et de compassion.

Cela débute comme un récit de SF à la Blade Runner. Dans un futur assez proche, Polly, droguée et prostituée pour se payer ses doses, rentre dans son appartement après une dure journée de labeur. Elle tombe nez-à-nez avec Nandru, un ancien militaire du gouvernement centralisé. Il lui reproche d'avoir tué sa sœur, colocataire de Polly, morte d'une overdose. Il explique que sa vengeance sera terrible. Et effectivement, la vie de Polly va basculer. Il implante dans sa nuque une puce d'intelligence artificielle qu'il a dérobé à l'armée. Il la rendra, intacte au gouvernement, si on lui verse une rançon. Mais rien ne se passe comme prévu. Le jour de l'échange, un monstre sortant de nulle part apparaît, une écaille tombe sur le bras de Polly et s'y greffe immédiatement. De plus un soldat du gouvernement, Tack, tue Nandru et prend en chasse Polly.

C'est le moment que choisit Neal Asher pour faire basculer son roman de la SF classique au paradoxe temporel. L'écaille est en fait un parasite qui n'a qu'un but, reculer dans le temps. Avec son porteur. Et tout ce qui se trouve à proximité. Ainsi, alors que Tack est sur le point de tuer Polly, la jeune femme « glisse » dans le passé, entraînant l'exécuteur. Des petits bonds de quelques dizaines d'années. Elle parvient ainsi à échapper à Tack. Mais en accélérant les bonds en arrière, elle comprend rapidement que le phénomène est inéluctable et irréversible. Les deux humains se séparent. Polly se retrouve au large de l'Angleterre en pleine seconde guerre mondiale, laissant Tack désemparé quelques années plus tard. Le soldat, humanoïde cloné, programmé pour tuer et ne pas se poser de questions, est totalement désemparé. Il décide de faire la seule chose qu'il maîtrise : tuer pour survivre.


Voyageur et sauveur

Mais au moment où il va exécuter une famille tranquille, un Voyageur apparaît : « Une silhouette grande et maigre, vêtue d'un long manteau , d'un pantalon ample et de chaussures pointues, sortit de l'ombre sur sa droite. Sa peau était blanche comme l'os, et ses cheveux pâles rassemblés en queue-de-cheval. Son visage n'exprimait que colère et mépris. » Le Voyageur, qui donne son nom au roman, entre enfin en scène. Il mène une guerre contre une congrégation d'êtres supérieurs tentant d'avilir l'humanité. Il va repartir dans le passé, avec Tack (qu'il va au passage « déprogrammer », permettant à l'humain de retrouver une conscience et un libre arbitre).

Ils vont devoir affronter dinosaures et autres grosses bêtes affamées avant de rejoindre une base permettant de remonter le temps. En parallèle, Polly tente de survivre. Accusée d'être une espionne allemande, elle parvient à sauver sa peau en glissant dans le passé. Elle se retrouve jongleuse devant le roi Henri VIII. Une expérience positive. Moins que sa rencontre avec Claudius, empereur roman en pleine conquête de l'île de la Bretagne...

Cette grande variété des scènes et des décors donne un attrait supplémentaire à ce roman qui est avant tout une réflexion sur l'éveil de la conscience d'êtres humains normaux placés dans une situation extraordinaire. Polly, perdant ses réflexes de droguée en manque, explique à Muse, son intelligence artificielle greffée : « Je ne veux pas simplement survivre. Je veux vivre. Je veux comprendre, ressentir. Je devrais considérer... ce voyage comme une chance. J'ai tant de chose à apprendre. » Même son de cloche du côté de Tack. Tueur antipathique au début, il se métamorphose en homme curieux et sensible, comme s'il rattrapait tout cet apprentissage de la vie, la vraie, dont il avait été privé. Une démarche humaine comme une immense bouffée d'espoir et d'air pur.

« Voyageurs », Neal Asher, Fleuve Noir, 22 €