jeudi 31 août 2006

BD - "Zone mortelle", la molécule et les diables


Tester de nouveaux médicaments avant leur mise sur le marché comporte une part de risque qui encore tout récemment s'est mal terminé pour quelques cobayes anglais. C'est un peu le thème de "Zone mortelle" cette série écrite par Thomas Mosdi et dessinée par David Vogel. Trois étudiants ont développé des facultés psychiques anormales en ingérant une nouvelle molécule. Problème, ils deviennent de dangereux tueurs psychopathes. Poursuivis par l'armée française et des mercenaires payés par le laboratoire fautif, ils explorent leur pouvoir, décuplé quand ils sont en colère. C'est au cours d'une querelle entre eux qu'ils additionnent leurs facultés et donnent naissance à un monstre de feu. Il s'appelle Hadès et semble indestructible. Cela donne une scène finale dans une carrière désaffectée du Lot des plus mouvementée. Ce quatrième tome, le dernier de la série, s'éloigne du polar pur et dur pour flirter avec le fantastique. Mais Hadès aura peut-être d'autres occasions pour déchaîner sa fureur contre les humains ? (Delcourt, 12,50 €)

mercredi 30 août 2006

Roman - Collision de fuites avec "Valdingue" de Nathalie Carter

Natalie Carter, dans « Valdingue », son premier roman, fait se rencontrer deux âmes en fuite.

Antonin, treize ans, n'a jamais connu ses parents. Recueilli très jeune par un couple de paysans basques, il a adopté la rudesse du pays. Courant dans la montagne, toujours à la recherche d'une liberté inaccessible, il a mûrement préparé sa fuite. Il met le feu à la ferme, sachant que le « vieux » est toujours à l'intérieur. Après un passage par un pic abritant un nid de vautour, il rejoint une autre vallée, bien décidé à retrouver sa mère qui serait aux USA. Une rencontre changera ses plans. Une femme, peintre célèbre, le recueille dans sa voiture. Elle le prend pour quelqu'un d'autre, son fils disparu. Antonin, dérouté, joue le jeu. Juste le temps de se rapprocher de la grande ville croit-il. La cavale de ce couple improbable, au vécu déchirant les conduit dans une maison au bord de l'océan. C'est là que la foie et la fureur trouvera un terreau favorable.
Premier roman de Natalie Carter, scénariste pour le cinéma et la télévision, explore les limites de la folie. La psychologie des personnages est dévoilée par petites touches. Elle a également soigné les lieux de l'intrigue. On sent là l'expérience du cinéma qui accorde beaucoup d'importance aux décors. 
« Valdingue » de Natalie Carter. Éditions Robert Laffont. 17 €

mardi 29 août 2006

Roman - Cinquantenaires en vadrouille

Jean-Marc Roberts de souvient de ses copains, de sa jeunesse, des premiers flirts. Aujourd'hui il a  « Cinquante ans passés ». 


La mémoire nous joue toujours des tours. Elle s'accumule sans cesse. Chaque jour passé est un jour de souvenirs. Quand on atteint la cinquantaine, on sait que les souvenirs passés sont plus nombreux que ceux à venir. Jean-Marc Roberts dans « Cinquante ans passés » feuillette cette histoire révolue, son histoire. Ou plus exactement l'histoire de trois copains, jeunes chiens fous profitant de la vie au maximum. Des années plus tard, aujourd'hui donc, ils se retrouvent pour aller à l'anniversaire d'un quatrième larron. En chemin, alors qu'ils ressassent leur riante jeunesse, ils en retrouvent l'insouciance en changeant de direction, décidant qu'il serait plus marrant d'aller faire une virée à Londres. 
Il est souvent question de musique et de jeunes filles dans leurs débats. Sur ce dernier sujet le narrateur se souvient de Maryse : « la première fiancée dont j'ai caressé les seins, au cinéma Marignan, un mercredi à 16 heures. Sans doute un De Funès, peut-être Le grand restaurant ». Au gré de la discussion, chacun ne peut s'empêcher de se remettre en cause. Avec des « si », les souvenirs se transforment en romans non écrits. Jean-Marc Roberts, lui, romance son passé, remettant au passage en lumière la mémoire de Teddy Gaillard, un des Frères ennemis, disparu du jour au lendemain. Qui se souvient de lui ? Pourquoi a-t-il tout arrêté d'un coup ? Pourquoi pas eux ? 100 pages de pure nostalgie. 
« Cinquante ans passés » de Jean-Marc Roberts. Éditions Grasset. 11 €.

lundi 28 août 2006

Roman - La haine au ras du sol de "Corpus Christine" de Max Monnehay

"Corpus Christine", de Max Monnehay, explore les limites de la haine entre mari et femme.



Si l'on a le malheur de vivre en couple, on ne ressort pas indemne de ce roman âpre et dérangeant. Et malgré des années de bonheur conjugal sans nuages, on ne peut s'empêcher de se demander : "Et si cela m'arrivait à moi aussi ?"
Le narrateur, dans un langage très mouvementé et haché, on comprend pourquoi au fil des pages, raconte au lecteur qu'il interpelle parfois, son calvaire et sa déchéance. Condamné en position verticale "depuis sa chute" sur laquelle il reste très discret, il ne se déplace plus dans son appartement qu'en rampant. Mais il n’est pas seul. Sa femme continue de vivre avec lui. Mais au lieu de l’aider, elle le brime, l’affame. Seul a ruminer des mauvaises pensées le nez au plancher, le mari va raconter le coup de foudre pour cette joggueuse croisée dans la rue. Leur rencontre, le bonheur des premiers mois de vie commune, les bons moments partagés… Jusqu’à ce fameux jour.

Dramatique et... loufoque
Devenu un pantin sans défense, elle va se venger de ces années de simulation. Notamment en l’affamant. Quand il parvient à voler un pot de moutarde oublié dans la cuisine, il va goulûment s’en repaître. Résultat il a mal au ventre s’en plaint et en profite au passage pour pousser une gueulante contre le lecteur interloqué imaginant même ce qu’il pense : "Mais pourquoi se sent-il obligé de nous décrire ses brûlures d’estomac ? Quand va-t-il cesser de se plaindre à la fin ? Va-t-il crever qu’on en finisse !"
Mais le calvaire n’en est qu’à ses débuts. De plus en plus faible et affamé, sa femme va s’attaquer à sa famille, lui donnant, telle une offrande, le petit orteil sanguinolent de sa mère… Impuissant, il jure de se venger mais au bout de quelques jours doit réagir, "La chair pourrit. Elle empeste quand elle se décompose. Elle engendre la vermine. Je vais devoir me débarrasser de l’orteil de ma mère. Un enterrement n’étant pas envisageable, ne me reste que la chasse d’eau en guise de sépulture."
Tout l’intérêt de ce premier roman réside dans cette opposition continuelle entre une situation tragique, révoltante, pathétique et un certain détachement, une désinvolture qui nous rappelle sans cesse qu’il ne s’agit que d’une pure fiction sortie de l’imagination de Max Monnehay qui n’a que 25 ans. "Corpus Christine" est son premier roman. Une signature à suivre.

"Corpus Christine" de Max Monnehay. Éditions Albin Michel. 15 euros.

dimanche 27 août 2006

Thriller - Dangereux "Eden"

Les manipulations génétiques des hommes et des végétaux risquent de se transformer en un cauchemar sans nom…


Les éco-terroristes passent à l’attaque dans ce roman policier, assaisonné avec un gros zeste de fantastique, écrit par Bretin et Bonzon. Un petit groupe d’idéalistes, après des mois de rencontres et de palabres sur internet ou dans des bistrots, décident de frapper un grand coup. Ils prennent le nom d’Eden et décident de détruire les serres Naeliev en Suisse. Ils suspectent ce jardinier spécialisé dans les créations de roses, d’obtenir ses nouvelles variétés en faisant des manipulations génériques. L’opération se déroule comme prévu mais étrangement, il ne sera pas du tout fait état de cette action d’éclat dans la presse. 

Mystérieuse éprouvette
Naeliev, ancien chercheur des pays de l’Est, cultive le secret. Et le lecteur commence à se demander si les expériences ne dépassaient pas le simple cadre des roses. D’autant que Thomas Hearing, le cerveau d’Eden, a dérobé avant l’embrasement total, une mystérieuse éprouvette. C’est aussi à ce moment que les ennuis débutent pour lui et ses complices. Lui car il a été contaminé par le produit et commence à sentir le changement à l’intérieur même de sa chair. Les autres car ils sont éliminés par deux tueurs aussi sadiques qu’implacables. 
Quand c’est la femme et les deux fillettes de Hearing qui sont retrouvées égorgées dans son petit pavillon, l’inspecteur Renzo Sensini d’Interpol commence à se pencher sérieusement sur l’affaire. Sensini, tête brûlée assez incontrôlable, est « au placard dans un sous-service chargé des mouvances extrémistes écolos ». Hearing, disparu, constitue le principal suspect de ce massacre. 

Créatures authentiques
Première partie d’une trilogie intitulée « Complex », ce gros pavé de 400 pages ne laisse pas une seconde d’accalmie au lecteur. Les auteurs ont choisi de ne pas se contenter de l’enquête de Sensini. Ils alternent les points de vue au gré des chapitres. On suit donc à la trace Hearing, idéaliste désabusé, victime de son appât du gain, monstre en devenir, véritable enjeu de la course-poursuite lancée par plusieurs organisations que l’on devine tentaculaires. Sensini occupe bien sûr une place importante de l’intrigue, mais ce polar vaut également par les personnages secondaires. Ils sont nombreux et tous parfaitement brossés, du couple de tueurs fêtant leurs exécutions dans des raves party, en passant par le flic ripou, faisant consciencieusement son rapport aux services secrets ou la fille de Naeliev, beauté sulfureuse n’ayant jamais pardonné à son père d’avoir tué sa mère. Sans oublier le dernier membre en vie du commando Eden, Iva Neves, jeune chercheuse désemparée tombant dans les bras d’un Sensini qui n’en demandait pas tant. Bref cet « Eden » regorge de créatures authentiques, preuve que l’imagination des deux auteurs semble sans limites. 

« Eden, Complex 1 », Denis Bretin et Laurent Bonzon, Editions du Masque, 20 euros

samedi 26 août 2006

BD - Belle mais dangereuse


Rangée et assagie. La belle Lipstick a abandonné sa vie aventureuse en Amérique du Sud pour s’installer à San Diego. Elle a voiture, boulot dans une librairie et même villa en location. Avec piscine. Ce lundi après-midi, alors que la chaleur écrase tout, elle décide de fermer la boutique de comics qu’elle a en gérance pour justement aller se rafraîchir dans la fameuse piscine. Mais elle a la désagréable surprise d’y trouver un homme. Mort. Par balles. Le passé referait-il surface ?
Quatrième titre de cette série écrite et dessinée par Dominique David. La belle héroïne semble avoir le chic pour se mettre dans des histoires compliquées. Cette fois c’est la propriétaire de sa villa, une artiste excentrique, qui est à l’origine de ce déferlement de violence. L’homme de la piscine est son notaire, l’artiste est retrouvée morte en Italie et le suivant sur la liste semble être le fils adoptif. A noter dans cette aventure californienne l’apparition d’un dessinateur belge, Jean-Luc Cornette, en repérages pour un prochain album et en séance de dédicace en pleine Gay Pride. (Glénat, 8,99 €)

vendredi 25 août 2006

BD - Espionnage d'antan


Eric Stalner dessine vite. Et bien. En parallèle à La croix de Cazenac et après Blues 46, polar en deux épisodes se passant dans le Lot, il se lance sur la mythique route 66 qui traverse les USA d’Est en Ouest. Une série dont il assure le scénario et qui aborde le thème de l’espionnage dans l’Amérique de Kennedy. En ce mois d’avril 1961 Alex Poliac enterre sa femme. Elle vient de trouver la mort dans un accident de la route. En compagnie de son fils Rob, il va s’enfuir, en pleine nuit, tentant de récupérer une liste qui est également convoitée par le FBI. Vient se greffer sur cette course poursuite des crimes commis par un serial killer qui signe ses forfaits en grimant ses victimes en clowns. On appréciera particulièrement dans cette nouvelle série qui s'annonce haletante, la reconstitution de l’Amérique profonde des années 60, avec grosses voitures et stations services typiques. Le premier tome se passe en Illinois. Le second traversera le Missouri. Il reste donc du chemin avant d’atteindre la Californie… (Dargaud, 13 €)

jeudi 24 août 2006

BD - L'hôtel des enfants perdus


Dans une ville noire de pollution, un ramoneur passe ses journées à nettoyer d'immenses cheminées. Mais pour aller dans les petits conduits, il utilise les services de sa fillette, Addidas. Cette dernière est régulièrement sujette à des pertes de connaissance. Elle rêve alors à de noires créatures s'activant sur des machines sales et bruyantes. Un univers poétique et merveilleux, avec une petite héroïne très craquante. Le quatrième tome de Koma, toujours signé Wazem (scénario) et Peeters (dessin) voit Addidas et son père fuir les forces de l’ordre. Ils trouvent refuge dans un étrange hôtel habité par d’autres enfants qui eux aussi perdent parfois connaissance. Pendant ce temps, dans la ville, la police est parvenue à capturer la créature monstrueuse amis d'Addidas. Sorte de gorille aux bras démesurés, il ne dit pas un mot. Ce n’est pas du goût du commissaire qui n’hésite pas de menacer de le torturer pour lui faire dire où se cache Addidas. Un épisode transition, ouvrant de nouvelles perspectives fantastiques à cette série hors du commun. (Les Humanoïdes Associés, 9,45 €)

mercredi 23 août 2006

BD - Chasseurs de tableaux


Pour des toiles de maître, certains seraient prêts à tout, dont tuer. En 1945, à la fin de la guerre, dans une Allemagne en pleine débâcle, c’est la course entre Américains et Russes pour mettre la main sur les trésors amassés par les nazis. Des œuvres d’art qui parfois disparaissent dans la nature comme c’est le cas pour une représentation de la reine Léda par Le Tintoret. Une toile qui réapparaît sur le marché 60 ans plus tard. Un groupe de communication anglais, malmené à la bourse, met le tableau aux enchères pour se renflouer. Pour découvrir d’où il provient exactement, une agence de détective luttant contre le trafic d’œuvres d’art va mettre une équipe sur l’affaire. Rafaello, le chef a sous ses ordres Kim, prodige de l’informatique, Souad, top-model et Saint-Alban, ancien agent secret. Ils trouveront sur leur route un collectionneur aux méthodes peu conventionnelles. Une nouvelle série d’action réaliste très actuelle écrite par Bartoll et dessinée par Thomas Legrain. (Casterman, 9,95 €)

mardi 22 août 2006

Roman - Les écrits croisés de "Louis et la jeune fille" de Cécile Ladjali

La mort est perpétuellement présente en filigrane des ces lettres composant le troisième roman de Cécile Ladjali. 

Louis est un soldat français vivant l'enfer des tranchées en 1916. Lorette, en 1951, est une jeune apprentie dactylo découvrant la vie et l'amour dans le bouillonnement de Saint-Germain-des-Près. Louis et Lorette écrivent beaucoup. Presque chaque jour. Louis à sa mère, son frère, ses amis. Lorette à son père, ses amies, son amant ou dans son journal intime. Au total ce sont 66 lettres qui composent ce roman de Cécile Ladjali. 66 occasions pour le lecteur de mieux comprendre le quotidien des deux personnages principaux de ces histoires parallèles n'ayant rien en commun si ce n'est, durant un bref laps de temps, la mère de Lorette qui fut confidente de Louis.

Les mensonges de Louis
D'un côté les tranchées, la mort, la folie. De l'autre la fraîcheur d'une jeune femme mordant dans la vie à pleines dents. Si Louis raconte la vérité à ses amis, il ment à sa mère, pour ne pas l'inquiéter. A Ferdinand, un camarade, Louis explique le 16 janvier 1916, « Hier on a joué au rugby, et pas pour rire. Le sergent lançait le ballon en cuir sous la mitraille et il fallait courir après. Marquer un essai ou se faire déchiqueter par un obus. La guerre avait des faux airs de jeu. Une espèce de cirque antique dans les résurgences du carnage. »Lorette, en plus de ses cours, tape des lettres pour quelques amies rencontrées dans le quartier. Elle tient régulièrement au courant son père, rédacteur en chef d’un journal en province, de ses améliorations. Et puis un soir, dans une boite de jazz, elle tombe sur Jack, un musicien anglais. Coup de foudre. Quelques jours plus tard elle confie à son journal intime : « Jack était joli comme le Baron noir. On a fait l’amour toute la nuit avant son départ pour l’Angleterre et papa ne le saura pas ». Plus loin elle remarque qu’elle « tousse beaucoup ». Quelques analyses après, le verdict est redoutable : tuberculose.

La lassitude de Lorette
Louis a de plus en plus de difficulté pour cacher à sa mère la réalité de sa condition. « Petite maman, écrit-il fin mars, il faut que je cesse de te mentir car cela va me porter la poisse. Je te fais croire depuis des mois que les choses vont bien, or elles sont atroces. (…) Le présent, l’atroce présent, nous fait regretter tout acte passé et nous conduit à détester l’avenir. On maudit toujours ce que l’on ne connaîtra pas. L’envie rétrécie l’âme. J’ai l’âme rétrécie, maman. » Louis a perdu beaucoup de camarades au front. Il a eu beaucoup de chance, mais un jour, un jour comme les autres, il est lui aussi blessé et fait prisonnier par les Allemands. Cela ne l’empêche pas de continuer à écrire à ses proches. Des missives poignantes et pathétiques.
Lorette va se soigner sur la côte d’Azur. Elle se sent de plus en plus faible, assiste impuissante à l’agonie de ses nouvelles amies, n’a plus de nouvelles de Jack. Ses lettres ont perdu la fraîcheur du début, la lassitude gagne, le découragement s'installe.
Les destins de Louis et Lorette s’accomplissent inexorablement sous les yeux du lecteur qui, au fil des lettres, pénètre de plus en plus dans l’intimité, voire l’inconscient des deux personnages. Cécile Ladjali semble avoir totalement habité ses deux créatures de papier, tant et si bien que l’on se surprend à douter de leur non-existence…

« Louis et la jeune fille », Cécile Ladjali, Actes Sud, 17,50 €

lundi 21 août 2006

BD - Les secrets (picturaux) des super-héros


La bande dessinée américaine n’est jamais parvenue à percer en France. Pourtant nombre de dessinateurs sont extraordinairement doués. Ce sont quelques-uns des meilleurs qui ont accepté de dévoiler leurs secrets dans ce volume didactique de plus de 140 pages. Joe Quesada, rédacteur en chef de Marvel Comics explique dans la préface que « les éditeurs recherchent trois choses : le désir brûlant, l’art de raconter une histoire et la capacité de tout dessiner ? Tout. A la demande ». Chaque chapitre aborde les fondamentaux comme l’anatomie, la perspective, le mouvement ou les décors. Chaque spécialiste tente de faire partager son savoir. Jim Lee se charge des scènes d’action, Joe Kubert de la documentation et c’est Michael Turner en personne qui donne d’une savoureuse leçon sur le sex-appeal… Un bouquin passionnant pour les amateurs de dessin, essentiel pour les jeunes dessinateurs autodidactes en mal de conseils et de solutions. (Delcourt, 14,95 €)

dimanche 20 août 2006

Essai - Eteignez vos télés

Figure de proue de la grande époque de Canal+, Alain de Greef explique simplement dans "Vous regardez trop la publicité" ce qu’il faudrait faire pour sauver le PAF.

Il est devenu une marionnette des Guignols alors qu’il n’a jamais été exposé aux yeux du public. Pas étonnant cependant quand on sait que c’est lui qui est à l’origine de l’émission, dernière survivante de la grande époque de Canal +, celle de Nulle Part Ailleurs avec Gildas et De Caunes, des Nuls et autres comiques devenus stars sous d’autres projecteurs.
Alain de Greef a quitté la chaîne cryptée par la petite porte. Quelques mois avant l’éjection sans ménagements de son mentor, Pierre Lescure. Cet ancien monteur du temps de l’ORTF explique dans ce livre comment il s’est retrouvé embarqué dans l’aventure Canal+, première chaîne privée française, première également à être payante. Et il n’en revient toujours pas d’avoir eu tant de temps pour mettre en place le projet piloté par André Rousselet sous les bons auspices de François Mitterrand.

L’humour avant tout
Devenu directeur des programmes, il s’est plus spécialement occupé des plages en clair, véritable vitrine de la chaîne, et surtout seul espace de liberté et de persiflage dans un paysage audiovisuel français (PAF) très calme et sage. Ce livre est l’occasion pour Alain de Greef de revenir sur quelques moments clés de l’histoire de Canal+ mais surtout de livrer sa vision, voire ses recettes, pour permettre de redonner un minimum de souffle au PAF et par la même occasion d’intérêt pour les téléspectateurs et les annonceurs.
Première idée forte, privatiser France 2. Ce n’est pas la conséquence d’une vision très libérale de l’audiovisuel mais au contraire la seule solution, pour contrer l’hégémonie de TF1.

Recettes pour un PAF malade
Car à la base, l’immense erreur de ces dernières années aura été de privatiser la première chaîne, la plus florissante, la plus forte. En vendant ce pan du patrimoine audiovisuel français à Francis Bouygues, le gouvernement de l’époque signait par la même occasion l’affaiblissement du service public. Face au rouleau compresseur TF1, la petite M6 ou les chaînes câblées, voire les petites nouvelles de la TNT, ne feront jamais le poids. Seule France 2 est en position de concurrencer le mammouth. En la privatisant, un second opérateur privé pourrait enfin faire de l’ombre au groupe Bouygues. Un argument comme un autre et qui a l’avantage de clairement exposer le véritable problème du PAF : TF1 n’a plus de concurrent et depuis trop longtemps.
Parmi les autres propositions faites par Alain de Greef, d’autres semblent beaucoup plus favorables aux opérateurs privés quand il revendique la suppression de toute publicité sur les chaînes du service public. Il va plus loin en préconisant comme dans certains pays nordique de supprimer totalement la publicité visant les enfants de moins de douze ans. Si en plus on libère complètement la publicité sur les chaînes commerciales, les nombreuses coupures devraient avoir pour conséquence automatique un glissement du public publiphobe vers le service public ou les chaînes à péage. Des recettes qui ont fait leurs preuves dans d’autres pays. Pourquoi la France serait-elle l’exception télévisuelle européenne victime depuis trop longtemps d’un certain « mieux-disant culturel » ?
« Vous regardez trop la publicité », Alain de Greef avec Gilles Verlant, Flammarion, 15 €

samedi 19 août 2006

BD - Jacques Ferrandez raconte des souvenirs algériens


Après l'exploration historique de la colonisation de l'Algérie, Jacques Ferrandez se penche sur la période encore très présente de la guerre d'indépendance. Ses "Carnets d'Orient" des années 50 prennent deux amants pour héros. D'un côté Samia, jeune médecin algérienne ayant choisi le camp des indépendantistes, de l'autre Octave, un jeune para de plus en plus dégoûté par les pratiques de l'armée française. Samia, suspectée d'avoir trahie, est enlevée par le FLN. Torturée, humiliée, elle sera libérée par Octave. Le couple tentera de trouver calme et oubli dans le Sud. Dans le massif du Djebel Amour, ils participeront activement aux SAS, les Sections administratives spécialisées. Le but est simple : donner une autre image de la France en éduquant et soignant les populations locales. Mais la guerre les rattrapera vite. Certains militaires français, pour affaiblir le FLN, tentent de monter les Kabyles contre les Arabes. Un bain de sang généralisé menace le pays. Avec une rigueur historique à toute épreuve, Jacques Ferrandez dit et dessine quelques vérités qui aujourd'hui encore ont un peu de mal à passer auprès de certains "anciens". (Casterman, 14,95 €)

vendredi 18 août 2006

BD - Bêtes et mythiques


Au coeur des années 30, une équipe de savants français se lance à la recherche des espèces animales mythiques. Ils inventent la cryptologie. Après des séjours au Congo, Adrien de Chaslou, sa nièce Phalène et le professeur Grégoire Morosky vont tenter de trouver l'origine d'une d'une dent fossile de taille respectable. Charles Nessitères, journaliste, est reparti de son côté vers le Canada. Un gorille, surnommé Sasquatch par les autochtones, sème la panique parmi les forestiers. Le dernier tome de cette série au délicieux ton feuilletonesque, tente de donner quelques explications sur les phénomènes extraordinaires. Au Canada, Charles entrera en relation télépathique avec un Sasquatch qui lui expliquera pourquoi ils doivent rester ignorés des humains. A Paris, Phalène, de plus en plus sceptique, trouvera une explication beaucoup plus rationnelle à l'origine de la dent géante. Menvielle (scénario) et Martin (dessin) parviennent à dépayser le lecteur, entre raisonnement scientifique et rêve fantastique. (Glénat, 12,50 €)

jeudi 17 août 2006

BD : Oiseaux à la dérive


Pipit Farlouse, jeune oiseau adolescent, doit faire ses classes dans la vie. Après une année scolaire partagée entre les cours et les distractions (jeux avec les copains, embrassades avec sa copine et écoute intensive de Korn, groupe de hard-rock), voici venu le grand moment de la migration. Toute la classe va prendre la direction de l'Afrique. Un hiver merveilleux pour Pipit. Soleil, farniente, insouciance, quand il doit repartir vers l'Europe car les orages vont devenir de plus en plus violents sur le continent noir, il hésite longuement. Finalement il partira avec ses copains mais en chemin, pris ans un tourbillon, il s'éloignera de la route du Nord pour échouer en compagnie de trois amis sur une île déserte et caillouteuse située près de l'Antarctique. Ils penseront être sauvés en découvrant un autre oiseau, mais ce dernier n'est que le rabatteur d'un serpent des mers affamé. Riad Sattouf, loin de ses séries adultes (Jérémie ou Pascal Brutal) signe une BD pour adolescent avec juste ce qu'il faut d'action, d'émotion et surtout de second degré. Un petit bijou qui paraissait dans la revue Capsule Comique qui a cessé de paraître au printemps dernier. (Milan, 9,50 €)

mercredi 16 août 2006

BD : Cet été, bronzez en « intégrale »


Les intégrales BD sont de plus en plus présentes dans les rayons des librairies. Réservées aux fêtes, elles paraissent également en été.

Prolonger la vie d'une série BD : les éditeurs sont toujours à la recherche de solutions pour bonifier leur fond. Les intégrales, d'objet luxueux et encombrant, sont devenues des suites logiques et très recherchées aux best-sellers de ces dernières années. Les éditons Dupuis ont été pionnières dans ce format différent, notamment au niveau de la pagination. On se souvient des collections comme « Tout Jijé » ou « Tout Gil Jourdan ». Généralement c'était l'occasion de redécouvrir des albums indisponibles depuis de longues années. Changement de cap maintenant avec la publication d'intégrales en parallèle à la série classique d'albums de 48 pages. 
Toujours chez Dupuis cette année vous pouvez commencer la collection des aventures de Yoko Tsuno dans ce format qui a également l'avantage d'offrir de nombreux bonus. Classés par thèmes, les huit volumes annoncés débutent par un voyage « de la Terre à Vinéa ». Trois aventures très science-fiction pour la jeune électronicienne japonaise imaginée par Roger Leloup. En plus d'un long texte sur la genèse de la série, plusieurs dessins pleine page s'intercalent dans le récit. (Dupuis, 16 €)
Les éditions Dargaud aussi intensifient leur publication d'intégrales avant les vacances. En juillet il y en a pour tous les goûts. « La Croix de Cazenac » propose le cycle du Loup avec les albums 4, 5 et 6. En bonus une histoire courte de 6 planches signée Boisserie et Stalner. (Dargaud, 29 €). Les amateurs de science fiction décalée accueilleront avec toujours autant de plaisir le tome 9 de l'intégrale du Vagabond des Limbes de Godard et Ribéra. (Dargaud, 16 €). 

Enfin ne manquez pas le western atypique de la regrettée Laurence Harlé dessiné par Michel Blanc-Dumont. Jonathan Cartland avait des airs d'écologie avant l'heure. Ce troisième et ultime tome reprend les titres « Les survivants de l'ombre », « L'enfant lumière » et « Les repères du Diable ». Une série majeure que tout amateur de BD réaliste doit avoir dans sa bibliothèque. (Dargaud, 23 €). 

Spécial plage....
Autre type de gros bouquin fleurissant l'été sur le sable chaud les recueils de tomes 1, sous couverture souple et à petit prix. « Les Humanos à la plage », inventeurs du concept, proposent l'édition "spéciale plage" des albums « Sanctuaire », de Christophe Bec, dessinateur aveyronnais,  « Lune d’ombre », « Après l’Incal » et « La Danse du temps ». De plus une édition pour les plus jeunes reprend les titres « Gargouilles », « Piccolo », « L’enfant de l’Orage » et « Koma ». (Les Humanoïdes Associés, 14 €). 
C'est également l'occasion de retrouver les oeuvres immortelles du plus grand auteur français de tous les temps. Moebius a débuté le Garage hermétique et les aventures du Major Fatal juste pour lui, comme pour se défouler la main après des années et des années de Blueberry au scénario rigoureusement construit. Découvertes par Dionnet dans un tiroir, le rédacteur en chef de Métal Hurlant a publié ces premières planches et ajoutant un judicieux « A suivre ». Résultat Moebius a signé une des sagas de SF les plus délirantes de tous les temps, 120 pages en noir et blanc rééditées dans cette version bénéficiant d'une explication de texte de l'auteur lui-même. Il prévient le lecteur, « Le Garage hermétique n'est pas une oeuvre fermée. Elle recèle des ouvertures et des correspondances vers d'autres systèmes. » (Les Humanoïdes Associés, 15,50 €).

mardi 15 août 2006

BD - 80 jours pour retrouver son enfance


Edmond Lesage a 80 ans. Alité, il sent qu'il n'en a plus pour longtemps. Heureusement, une charmante jeune fille, Juliette, veille sur ses derniers instants. L'apparition de cette garde-malade un effet immédiat sur l'octogénaire. Dès le premier jour il se sent mieux. Le surlendemain il parvient à se relever. Au bout d'une semaine, il a l'impression d'avoir rajeuni de 10 ans. Et effectivement Edmond Lesage rajeunit, d'une année par jour. Il mettra encore quelques jours pour comprendre que c'est Juliette qui agit comme un élixir de jouvence. Juliette qui ne comprend pas et préfère ne plus s'occuper de ce patient de plus en plus entreprenant. Que faire de ses derniers jours ? La question est en filigrane de ce roman graphique de 80 pages écrit par Guéret et dessiné par Vadot. Et dans le cas présent, doit-on regretter son passé, tenter de revivre les bons moments ou s'en créer de nouveaux. Edmond, en retrouvant sa verdeur, tombe amoureux de Juliette. Il parviendra même à partir en vacances avec elle en Provence. Une parenthèse ensoleillée dans une BD se passant essentiellement à Bruxelles, l'autre héroïne de « 80 jours ». (Casterman, 14,75 €)

lundi 14 août 2006

BD - L'idole s'échappe


Retour dans la Monoposie, pays imaginaire imaginé par Stéphane Presle, le scénariste de "L'idole dans la bombe" cette série dessinée par Jérôme Jouvray et mise en couleur par Anne-Claire Jouvray. Le dictateur de cette contrée aux airs d'ancienne Union soviétique veut dominer le monde. Il convoite l'arme absolue. Un savant lui propose une bombe surpuissante utilisant le principe de la fission de l'atome. Trop petit, trop compliqué, le Grand Monopose abandonne le projet et le savant, se sentant en danger, décide de passer à l'ennemi. La veille de son départ, un petit escroc réussit à se faire passer pour lui. Dans ce second épisode, on suit essentiellement les péripéties de Tho-Radia, artiste vedette du pays. Elle passe souvent à la télévision, entre deux discours du dictateur et veut elle aussi quitter ce pays oppressant. Sa fuite grâce à un réseau d'espions et de résistants ne se fera pas sans casse. Course poursuite, trahisons, personnages décalés, « L'idole dans la bombe », prévu en 12 épisodes de 32 pages est très dense. D'autant que certains personnages secondaires semblent prendre de plus d'importance au fil des pages. (Futuropolis, 4,90 €)

dimanche 13 août 2006

BD - Marie aux grandes dents


Le rouge domine le troisième tome de cette série de Frédéric Lhomme (scénario) et Régis Penet (dessin). Rouge du sang versé par les soldats, rouge des armures des combattants, rouge des sous-vêtements des deux jeunes héroïnes. Dans cet empire imaginaire, sorte de copie de la Russie de la fin du XIXe siècle, deux familles s'affrontent depuis des générations pour accéder au pouvoir absolu. La haine est totale entre les Saint-Mathieu et les Saint-Pierre. Une haine que l'on retrouve entre Marie et Mardi. Les deux jeunes femmes se ressemblent, dans leur détermination, leur volonté de s'imposer, de triompher. Mais il ne peut n'y avoir qu'une seule gagnante. Cet ultime épisode est un long combat agrémenté de poésie... et de bordée d'injures? Car quand les sabres sortent de leurs fourreaux, les "crève salope !" et autres "Putain de pantin !" sont de sortie. Des dialogues crus en total décalage avec la grandiloquence des décors et de l'action. Au final le lecteur est un peu décontenancé, délaissant le fond de l'intrigue pour mieux admirer les plastiques des guerrières. Penet, au dessin, semble prendre beaucoup de plaisir à dessiner ses héroïnes dénudées ou le corps moulé dans des combinaisons de latex. Rouge, bien évidemment... (Soleil, 12,50 €)

samedi 12 août 2006

Polar - Dame de pique gagnante

Le commissaire Martin, héros de ce polar français d'Alexis Lecaye, passe par tous les états dans ces 360 pages.

Zonant dans son appartement en vieux survêtement, le commissaire Martin est en pleine dépression. Dans sa précédente aventure ("Dame de coeur"), il avait failli mourir. Il garde encore des séquelles physiques de cet ultime afrontement. Mais c'est surtout au niveau du moral que cela dérape. L'arrêt maladie se prolonge. Pourtant côté vie privé il a tout pour être heureux. Sa compagne, Marion, attend un enfant de lui. Et sa fille est elle aussi enceinte et vit chez lui depuis quelques semaines. Deux femmes actives, énergiques, optimistes mais qui se trouvent totalement désarmées face aux noires pensées de leur "homme". 

Tueuse implacable
Côté boulot, c'est l'adjointe de Martin, Jeannette, qui a pris les rênes du service. Et du boulot, il y en a. Les cadavres continuent de fleurir en différents lieux de la capitale. En premier lieu celui d'un détective privé retrouvé dans un chantier. Tué de deux balles. Des balles introuvables puisque retirées du corps avec des instruments chirurgicaux par le tueur. Une tueuse exactement. Le lecteur le sait puisqu'il a assisté à la scène. La jeune femme, sortie pour faire un jogging, a vite remarqué qu'elle était suivie. Ce que le détective ne pouvait pas savoir, c'est qu'il avait pris en filature une redoutable tueuse. Quand elle a découvert l'identité et la profession de sa victime, la tueuse a décidé de faire un peu de ménage. Forcément un "client" a payé le détective pour la suivre. Qui ? Elle ne le sait pas. Méthodiquement elle a recherché dans les archives du privé et a relevé nom et adresses des dix derniers contrats. Elle va torturer puis tuer ces hommes et femmes pour découvrir qui s'intéresse à elle. Chaque nuit elle part en chasse et laisse un cadavre derrière elle. 
Jeannette, la première parvient à identifier le premier cadavre et a l'intuition que ces morts sont liées entre elles. Une affaire qui a le don de redonner le goût de l'enquête à Martin. Du jour au lendemain il va faire une croix sur son état dépressif, remettre son bleu de chauffe et se lancer sur les traces de ce tueur mystérieux. Mais il sera stoppé dans son élan. Un soir, il discute avec la psychologue de la PJ. Le lendemain, elle est retrouvée dans le coma, sauvagement frappée dans son bureau. Or, il semble être le dernier à l'avoir vue et se retrouve très vite principal suspect. Malgré ses dénégations il est suspendu et devra, en dehors de tout cadre légal, tenter de se disculper et arrêter la tueuse.

Omniprésence féminine
Si le polar imaginé par Alexis Lecaye, dans sa structure et son intrigue, reste dans le classique, ce roman sort de l'ordinaire sur la dimension psychologique des personnages. Martin en premier lieu. Ses errements, doutes et remises en cause apportent une dimension principale à ce héros par ailleurs sans peur et sans reproche. Et il est presque le seul homme de cet univers dominé par les femmes. Celles qui ont le beau rôle comme Jeannette, Marion ou sa fille, et la "méchante" de service, tueuse implacable, froide, calculatrice, au passé trouble et traumatisant. Le lecteur, au fil des meurtres, découvre ses motivations. Et ne peut s'empêcher d'être attiré par cette beauté fatale. 

"Dame de pique", Alexis Lecaye, Editions du Masque, 20 €

vendredi 11 août 2006

BD - Docteur qui fout les chocottes


Duo inédit pour "Le mystérieux docteur Tourmente", un album fait sur mesure pour une nouvelle collection « Petits meurtres » réservé aux adolescents amateurs de littérature policière. Djian, déjà scénariste de plusieurs séries chez Soleil ou Vents d’Ouest, s’est associé à Alfredo Sommer, dessinateur espagnol doté d’une rare maîtrise du noir et blanc. Cela tombe bien car une bonne partie de l’intrigue se déroule dans les souterrains peu accueillants d’une vielle ville. Fanny et Steph, deux cousins n’ayant pas leurs yeux dans les poches, remarquent le manège d’un homme quittant une maison avec un luxe de précaution pour ne pas être vu. Les deux compères décident de pénétrer dans cette maison un mercredi et de surprendre l’inconnu dans ses activités louches. Les deux gamins vont se retrouver pris au piège, au cœur de l’enlèvement d’un garçon de leur âge. Leur courage et témérité seront mis à rude épreuve. Transposition réussie à la bande dessinée de l’esprit littérature jeunesse. Un autre titre de Djian (Parabellum avec Paillou au dessin) vient de paraître dans cette même collection. (EP éditions, 12,20 €)

jeudi 10 août 2006

BD - Guerre aquatique


Premier tome des aventures d’Aspen Matthews, héroïne de la série "Fathom" de Michael Turner, "A l’aube de la guerre" raconte par le menu les premières escarmouches entre les humains, vivant sur la terre ferme, et les "Bleus", humanoïdes longtemps demeurés cachés au fond des océans. Aspen est une Bleu. Mais alors qu’elle n’était qu’une enfant, elle a été recueillie en plein océan par un navire. Devenue biologiste marine, elle va petit à petit se souvenir de sa première vie, de son monde originel. Un réveil qui intervient alors que sur terre toutes les eaux des lacs forme une boule en suspension au dessus des plus grandes villes américaines. Comme une menace imminente. La panique gagne les populations, les morts se comptent par centaines. mais ce n’est que le début de l’affrontement entre les militaires américains, agissant en dehors du contrôle du président, et les guerriers d’élite des profondeurs. Une BD américaine permettant à Michaël Turner de laisser libre cours à son talent d’illustrateur visionnaire. (Delcourt, 12,90 €)

mercredi 9 août 2006

BD - La guerre civile continue


Second tome de la série la plus étonnante de la nouvelle collection "32" de chez Futuropolis. En 2007, la France s’enfonce lentement mais sûrement dans la crise. Les trois héros de cette chronique de la guerre civile ordinaire sont Gautier, Morvan et Ricard, les dessinateurs et scénaristes. Ils se mettent en scène dans des situations de plus en plus extrêmes. Morvan, devant reconduire un éditeur japonais à son ambassade à Paris, trouve refuge chez son ami dessinateur. Mais il devient de plus en plus dangereux de se déplacer dans Paris. Les bandes rodent et l’armée bloque certaines artères. Notamment le quartier des ambassades. Morvan parviendra à passer en reconnaissant un militaire qui l’a formé lors de son service national. Mais au retour, le barrage est attaqué, le militaire est grièvement blessé. Morvan ne veut pas l’abandonner et va le conduire à ses risques et périls à l’hôpital. Action haletante, cas de conscience, peur et angoisse, la série semble avoir trouvé son rythme, les grandes pages permettant au dessin de Gautier d’exprimer ce chaos grandissant. (Futuropolis, 4,80 €)

mardi 8 août 2006

BD - Michel Vaillant contre le grand capital


Michel Vaillant est toujours dans la course. Jean Graton, le dessinateur créateur de ce héros de BD ayant fait rêvé plusieurs générations de lecteurs de 7 à 77 ans (la série passait dans le journal de Tintin) a passé la main. Son fils, Philippe, assure le scénario alors que le dessin est réalisé par un studio fidèle au style originel. Délaissant les circuits de Formule 1, Michel en compagnie de Steve Warson est engagé sur le rallye d’Orient en Turquie. Avec son buggy au moteur révolutionnaire il est sur le point de gagner une nouvelle spéciale quand il est obligé de quitter la route pour éviter un enfant errant au milieu de la piste. Le pilote au grand coeur, va prendre l’enfant sous son aile, tenter de découvrir d’où il vient et l’aider à retrouver sa famille. Une histoire très réaliste puisque en plus de l’intervention de personnages réels comme René Metge, le scénario va lever le voile sur le travail des enfants dans les pays émergents. Une thématique courageuse dénonçant les pratiques de certains constructeurs automobiles... (Graton Editeur, 10 €)

lundi 7 août 2006

BD - Simon Nian, un goût de Tillieux


Jouant sur le ressort de la nostalgie, savoureuse à souhait, cette BD écrite par Corteggianni et dessinée par Rodier comblera tous les nostalgiques de la grande époque de Maurice Tillieux. Il y a même une Peugeot 404 en couverture, mais rassurez-vous, Simon Nian est bien actuel. Cet avocat au sang bouillant, doit se rendre dans le sud-est de la France pour régler quelques problèmes après le décès dans une chute de vélo d’un de ses amis, expert en oeuvres d’art. Hors le lecteur sait parfaitement que l’intéressé n’est pas mort tout seul, balancé qu’il a été par un couple d’affreux jojos. Simon va se lancer dans une enquête à rebondissement avec nonnes belliqueuses, démons assassins, peintre faussaires et trésor caché. Avec en guest-star, Monsieur Choc, le célèbre "méchant" de Tif et Tondu, la série dessinée par Will et scénarisée par... Tillieux. Intitulée "Les démons de Partransac", le second tome de cette série se permet même quelques piques contre « le nain de la place beauvau qui se prend pour les sept à lui tout seul et qui n’aime pas qu’on évoque ses problèmes avec Blanche-Neige ». (Glénat, 9,40 €)

dimanche 6 août 2006

BD - Caroline et les Indiens


Installée au Québec, Caroline Baldwin, privé au féminin, est chargée de « récupérer » un jeune Indien parti en dissidence. Entraîné par des meneurs plus intéressés par les conséquences financières (notamment grâce au trafic de cigarettes) que le fond politique, il participe à des barrages pour obtenir l’indépendance des réserves, dernier vestige de leur domination des terres et forêts canadiennes. Dans le même temps, Caroline accepte de retrouver le père d’une jeune Libanaise, un ancien militaire français. Deux intrigues croisées qui vont interférer dans les dernières pages particulièrement denses. André Taymans, auteur complet de cette série comptant 12 titres, est particulièrement productif. En plus de sa série fétiche, il signe le scénario de plusieurs autres bandes dessinées et surtout travaille actuellement sur la reprise de Lefranc en parallèle avec celle de Francis Carin. Son trait classique et enlevé, parfois très épuré, gagne en rigueur dans les premières planches dévoilées sur plusieurs sites internet consacrés aux héros imaginés par Jacques Martin. (Casterman, 9,80 €)

Littérature jeunesse - Tags intempestifs


Comment déclarer sa flamme à la fille qu’on aime quand on est trop timide pour lui dire de vive voix ? Eliot, l’amoureux de Mickette, se pose la question et trouve la solution en prenant conscience de la laideur de la façade toute décrépie de l’école. Il achète des bombes de peinture et, la nuit venue, écrit en gros et de toutes les couleurs sa déclaration d’amour. Mais alors qu’il admire son tag il est dérangé par une horde d’hommes invisibles qui eux aussi écrivent sur le mur. Mais c’est beaucoup moins poétique. Qui sont ces fantômes ? Eliot ne le sait pas car dès qu’il les a vus, il a pris ses jambes à son cou. Problème, Eliot est accusé d’être le taggueur et se retrouve renvoyé de l’école. Cela ne plait pas à Mickette, sensible à la déclaration d’amour, qui va enquêter pour découvrir l’identité des véritables fauteurs de trouble. Un roman très actuel sans être trop fleur bleue de Gudule (créatrice de Mickette, héroïne de deux autres aventures) illustré par Christophe Durual pour les 8 – 10 ans. (Nathan, 4,50 €)

vendredi 4 août 2006

Roman - L'héritage de Mme Picmol

Quand la gardienne d’un immeuble découvre le luxe dans un palace, le mélange des classes sociales peut virer au tragique. 


A vivre tout le temps par procuration, on peut parfois perdre toute notion de réalité. C’est un peu ce qui arrive à Angélique dans « Le destin de Madame Picmol » de Claudie Pernusch. Angélique Picmol, gardienne d’immeuble dans le civil, la cinquantaine assez bien conservée, vénérant son petit chien, Pupuce, et lisant un peu trop souvent les articles flatteurs sur les princesses, « sa préférée, son idole, c’est celle aux lévriers : la princesse Estelle, « Estie » pour les intimes, c’est-à-dire pour tout le monde ». Or, voilà qu’après des années d’économies et un héritage imprévu, une cousine se rompant le cou à la pêche aux moules, Madame Picmol se paie une folie totale : un mois en pension complète au Chamois d’or, un palace planté au pied des pistes d’une station huppée et surtout du château d’Estie. Elle croit même l’apercevoir une fois dans sa voiture et se con sole en allant acheter du bourguignon haché pour Pupuce chez le même boucher que les lévriers d’Estie. Mais Angélique comprend rapidement qu’elle est une pièce rapportée dans cet univers de riches habitués à être servis en permanence. Elle, a plutôt l’habitude de servir les autres. C’est encore plus flagrant au restaurant, quand un larbin se charge même de lui rapprocher sa chaise juste avant de s’asseoir. 

Le bel Edouard
 C’est un peu trop pour Madame Picmol, mais à son grand étonnement elle s’habituera vite à cet état de fait. Et quand un homme s’intéresse à elle, c’est un choc incroyable, comme une renaissance, l’espoir d’une nouvelle vie. Dès son entrée dans la salle à manger, Angélique a remarqué la belle prestance d’Edouard : « Il est de taille moyenne, un peu ventru, avec des cheveux blancs fournis, une moustache grise, des yeux téméraires, démesurément grands derrière ses lunettes. » Elle, dans la glace de sa chambre, avait détaillé ses atouts : « Stature moyenne, bien en chair sans excès, la taille encore mince malgré des hanches larges. Elle a des yeux vert amande, un nez court arrondi, des pommettes rebondies, un bouche bien dessinée, l’épiderme fin légèrement couperosé, une poitrine généreuse, des jambes un peu maigrelettes ». Edouard lui raconte son veuvage, les petits enfants, dans un manoir. Il montre même des photos du dernier Noël. Angélique prend l’habitude de dîner avec lui le soir. 

 Confidences à Pupuce
 Son séjour devient merveilleux. Elle a enfin quelqu’un à qui parler, se confier. Une tâche jusqu’alors tenue par son chien. La journée, elle attend son rendez-vous avec Edmond et se confie : « Tu sais Pupuce, il y a des lunes que ta Mamine n’a pas attendu ! Parce que y a attendre et attendre, hein. Attendre quelqu’un qui vous attend pas et attendre quelqu’un qui vous attend. Dans le premier cas on se fait écho, dans l’autre on fait un duo. Attendre et s’attendre, c’est pas pareil, Pupuce. Là, tu vois, Edmond et moi on s’attend. » 
Alors, ce roman ne serait qu’une romance entre quinquagénaire ? Ce n’est pas véritablement le style de Claudie Pernusch, conceptrice-rédactrice de publicité. Son premier roman est tranchant et incisif. Madame Picmol semble aveuglée par le luxe, Edmond pas si clair que cela et certains employés du palace très gênés par la situation. Reste Pupuce. Il n’aime pas Edmond, par contre adore le boucher qui lui donne toujours quelques restes. Cette comédie douce amère décortique le changement de vie de Madame Picmol, ses espoirs de revanche. Quant à savoir si la fin est morale, bien malin celui qui pourra avoir un avis tranché… 

« Le destin de Madame Picmol, Claudie Pernusch, Albin Michel, 14,50 €

jeudi 3 août 2006

BD - Cochons voyageurs


L’univers graphique de Nicolas de Crécy n’a rien de commun. Ses histoires sont également tout sauf conventionnelles. Après des romans graphiques très ambitieux comme « Léon La Came » et l’éblouissant « Prosopopus », il s’essaie à la série avec héros récurrent. Salvatore, chien garagiste, est amoureux de Julie. Mais elle est partie en Amérique du Sud. Pour la rejoindre, il construit un véhicule expérimental. Et pour le faire fonctionner, il doit retrouver une pièce subtilisée par une vache artiste. Il partira en ville en compagnie de son gardien, homme nain, peu bavard, peureux mais fidèle. Au même moment, la cochonne Amandine s’échappe de la maternité en compagnie de ses 12 cochonnets prématurés. Elle aussi est à la recherche de quelque chose. Quelqu’un exactement, François, son treizième rejeton. Ce dernier, perdu dans les égouts, est recueilli par une chatte gothique. La trame de l’intrigue paraît assez décousue, pourtant tout ce petit monde improbable évolue sous le pinceau de Nicolas de Crécy avec une intelligence de tous les instants. Imagination et invention, le lecteur en a pour son argent. (Dupuis, 9,80 €)

mercredi 2 août 2006

Rubine, une sacrée fliquette


C’est toujours à la fin d’une journée de travail épuisante qu’un imprévu vient gâcher la paisible et reposante soirée en vue. Du moins pour les héroïnes de BD, surtout quand elles sont policières à Chicago. Un emploi que ne renie pas Rubine, mais qui parfois lui pèse. En rentrant chez elle, donc, elle assiste au suicide d’une jeune fille. Désespoir amoureux soldé par un plongeon du 50e étage. Quelques semaines plus tard c’est son frère qui se noie au cours d’une sortie en voilier. Et quand la femme de Peter Blackwood se suicide, Rubine ne peut que se poser des questions. Pourquoi cette série noire ? Est-ce que cela a un rapport avec les activités professionnelles de Blackwood, comptable d’un parrain de la mafia locale ? Mythic, le scénariste, signe une intrigue touffue et pleine de fausses pistes pour un beau coup de théâtre final. Les dessins de Boyan, encore un peu tortueux, gagneraient à s’alléger d’une épaisseur de trait pas toujours justifiée dans une histoire où le comique occupe encore une grande place. (Le Lombard, 8,70 €)

BD - Galata au sommet


Istambul, début du XVIe siècle. Alors qu’il vient de prendre ses fonctions de prévôt, le chevalier Ogier de Murol échappe à un attentat. Un poète est assassiné à sa place. Mais rapidement on le croit mort, empoisonné par une chemise enduite de ciguë. Heureusement il en réchappe et c’est un héros revanchard qui reprend du service dans le second tome de cette série historico-policière écrite par Alain Paris et Fred Le Berre alors que le dessinateur Stefano Palumbo s’occupe de la mise en images. Il découvre que la mort du poète n’est pas un hasard. Ce dernier cachait bien son jeu car il était en réalité un chasseur de primes sur le piste d’un chevalier voleur d’une grosse quantité d’ambre. Pour venger sa mort, Ogier doit retrouver le voleur. La seule piste le conduit dans un monastère perché au sommet d’un pic rocheux quasiment inaccessible. L’intrigue, assez complexe, sait parfois laisser la place à des scènes récréatives, notamment quand entre en scène l’adjoint d’Ogier, un jeune savant farfelu, sorte de Michel Ange avant l’heure… (Les Humanoïdes Associés, 10,40 €)

mardi 1 août 2006

BD - Territoire maudit


Rien ne va plus pour Nigel. Accusé de meurtre, blessé, il est conduit dans un hôpital par les policiers. Entre la vie et la mort, il revoit enfin la belle Kirstie. Cette femme, réapparaît régulièrement dans sa vie, avant de mourir, happée par des démons sortis d’un Territoire mystérieux et angoissant. Dans cette salle des urgences, elle lui explique qu’il est sur le point lui aussi de rejoindre le territoire. Qu’après il ne pourra plus l’aider. Il faut donc qu’il vive pour continuer de chercher une autre porte qui la délivrerait définitivement. Un baiser éthéré plus tard, il reprend conscience, au grand étonnement du corps médical. Il va se lancer sur la trace de Greg Sanders, sorte de gourou californien qui drogue ses disciples avec une plante hallucinogène. 
C'est déjà le quatrième tome de cette série écrite par Corbeyran et dessinée par Espé. Regrettons que l’intrigue n’avance pas beaucoup, par contre en fin de volume un dossier de 8 pages nous éclaire sur les peintures de Jean-Pierre Ugarte, le véritable inspirateur de cette BD fantastique. (Delcourt, 12,90 €) 

BD - "Welcome to Hope", l'Amérique abjecte

Hope, petite ville américaine entourée de milliers d’hectares de maïs. Quelques fermes par ci par là et un bar. Derrière le comptoir, Norma, jeune blonde qui, comme la moitié des Américaines, rêve de gloire sur une scène de Las Vegas. Autour de la belle inaccessible tourne Cody, mécano en liberté conditionnelle pour un vol qu’il n’a même pas commis. Un soir, avec un peu de baratin et quelques bières, il séduit la bimbo. Pour lui les ennuis vont commencer car le papa et le fiancé n’apprécient pas. En parallèle, Scott, joueur professionnel de poker débarque à Hope. Un bled de bouseux où il pense facilement gagner quelques billets. Mais pour lui aussi les choses vont se compliquer. Marie (scénario) et Vanders (dessin), décrivent un monde où tout le monde semble abject, sans aucune morale ni gentillesse. Seule la loi du plus fort et du plus vicieux semble avoir droit de cité. Un premier tome très noir s’achevant sur un coup de théâtre annonçant des développement encore plus extrêmes. 
(Bamboo, Grand Angle, 12,90 €)