mercredi 28 mars 2012

Les redresseurs du temps de Kris et Duhamel


Explorateurs du temps, uchronie, Kris, Duhamel, Dupuis
Depuis Valérian, rares étaient les auteurs de BD ayant osé affronter les paradoxes temporels. Kris au scénario et Bruno Duhamel au dessin ont relevé le défi, se consacrant uniquement aux méandres de l'Histoire sur terre. Dans un futur d'autant plus difficile à définir qu'il est très aléatoire, les Brigades du temps sont chargées d'empêcher toute déviation de la grande histoire de l'Humanité.
Le premier tome débute par l'arrivée de Christophe Colomb en Amérique. Mais à peine un pied posé sur la terre ferme du Nouveau Monde, il est criblé de flèches. Finalement, l'Amérique ne sera pas découverte. Une altération du temps à corriger immédiatement. Sont envoyés dans le passé les deux héros : Montcalm Stuart, tout juste diplômé de l'université Ukronia et Kallaghan Dagobert, un vieux de la vieille.
Humour, aventure, imagination : une série plus que prometteuse.

« Les Brigades du temps » (tome 1), Dupuis, 10,45 €


mardi 27 mars 2012

Pacco, père à mi-temps dans « Une semaine sur deux »


Maé, Pacco, Une semaine sur deux, Fluide G
Maé est une petite fille heureuse et comblée. Certes, chaque semaine son cœur se brise, mais le reste du temps elle profite pleinement de son statut de fille unique de parents divorcés ayant opté pour la garde alternée. Pacco, le créateur de la série est donc ce papa « Une semaine sur deux ». Il raconte dans des gags et histoires courtes cette vie branchée sur courant alternatif. Le calme des semaines de solitude, la tornade provoquée par la présence de Maé.
De l'humour mais aussi de la gravité dans ces instantanés de la vie familiale, typique des années 2000. Et au final, on se dit que Maé, malgré cette situation anormale, sera doublement une enfant équilibrée, heureuse et ouverte. Quant à Pacco, s'il n'est pas le meilleur papa du monde, il permettra à des milliers d'hommes de se reconnaître un peu dans ses doutes, enthousiasmes et renoncements.

« Une semaine sur deux », Fluide G., 14 €

lundi 26 mars 2012

Les racines noires de l'héroïne de « L'appel des origines » de Callède et Séjourné

Callède, Séjourné, L'appel des origines, Vents d'Ouest
Changement complet de cadre et de décors pour le second tome de la série « L'appel des origines » de Callède (scénario) et Séjourné (dessin). Anna, l'héroïne métisse, après des aventures au cœur du Harlem des années 20, est cette fois au centre d'une intrigue se déroulant dans la savane africaine. Anna, découverte par Simon, producteur, est engagée comme actrice dans un grand film tourné en décors naturels. Cette expédition au Kenya a plusieurs objectifs. En plus du film qui pourrait être un succès planétaire, Anna tente de retrouver son père, un chasseur blanc disparu quelques années auparavant en pleine expédition. Une expédition de scientifiques qui auraient découverts les vestiges de la présence de l'homme en Afrique remettant en cause toutes les certitudes de l'époque.
Un récit un peu trop romantique (Anna est d'une grande beauté qui ne laisse personne insensible) rattrapé par des dessins d'une extraordinaire beauté. Joël Callède ne fait que des crayonnés, comme pour garder la puissance et la finesse de son trait mis en couleurs par Jean Verney.  
« L'appel des origines » (tome 2), Vents d'Ouest, 13,90 €


dimanche 25 mars 2012

« Sian Loriel », la mécanique guerrière

Sian Lorel, Attinost, Mauro de Luca, Lombard,
Sian Loriel est un mercenaire, un soldat se vendant au plus offrant. Il manie parfaitement l'épée et combat dans une armure mécanique le transformant en géant d'acier. Une armure qui, telle une mécanique de précision, a besoin d'un servant pour l'entretenir, voire la dépanner en pleine bataille. La tâche incombe à Cass, une orpheline déguisée en homme. Elle est amoureuse de Sian. Lui est totalement insensible, uniquement intéressé à améliorer sa technique guerrière. Dans ce monde imaginaire, entre mécanique triomphante et magie ancestrale, la lutte pour le pouvoir fait de nombreuses victimes. C'est le ressort principal de l'intrigue de Benoit Attinost, grand spécialiste de jeux de rôles. Un premier tome plein de bruit et de fureur dessiné par Mauro de Luca, un Italien passé par Panini, Disney et la conception de décors de théâtre. Il s'était déjà fait remarqué en France avec son adaptation de Soltrois d'après le roman de Julia Verlanger. Avec Sian Loriel, il marque de nouveaux points. Ses guerriers sont spectaculaires, tout comme les machines qui leur permettent de combattre à l'abri derrière de redoutables plaques d'acier.
« Sian Loriel » (tome 1), Le Lombard, 14,45 €

samedi 24 mars 2012

Algérie, première révolte dans les "Leçons coloniales" de Azous Begag et Defali


leçons coloniales, algérie, azouz Bagag, Defali, Sétif, Delcourt
Fin 44, le gouvernement français a décidé de scolariser tous les Français musulmans d'Algérie. Une décision politique très mal vue par les colons. Cet album de BD, écrit par Azouz Begag, écrivain et ancien ministre de Dominique de Villepin, et dessiné par Djillali Defali raconte la courte expérience d'une jeune institutrice pleine d'idéal. Marie arrive de métropole. Elle prend son poste à Sétif, dans l'arrière-pays. Cette femme seule, osant enseigner des rudiments d'arabes aux enfants de colons, est rapidement prise en grippe par la communauté pieds-noirs. Mais forte de la loi, elle insiste. Alors que la libération de la France donne des idées aux Algériens, dans sa classe, Marie constate que les élèves musulmans sont de plus en plus nombreux. Ils deviennent même majoritaires quand les parents européens décident de retirer leurs enfants en signe de protestation. Le 8 mai 45, une manifestation en faveur de l'indépendance dégénère. L'école détruite, Marie préfère rentrer en France, amère, déçue.
Sans manichéisme excessif, Azouz Begag a certainement puisé dans les souvenirs de ses parents, ouvriers agricoles à Sétif, pour raconter cette étape, une des premières dans les désirs d'indépendance de l'Algérie.

« Leçons coloniales », Delcourt, 16,95 €

vendredi 23 mars 2012

Tout l'or de l'Afrique convoité dans "L'expédition" de Marazano et Frusin


expédition, Afrique, empire romain, marazano, frusin, dargaud
L'Afrique, avant d'être ce continent affamé et spolié de toute part, a été une terre mystérieuse, théâtre des plus grandes aventures humaines. « L'expédition » écrite par Richard Marazano et dessinée par Marcelo Frusin se déroule en 719. A Thèbes, l'empire romain est malmené de toute part. Il lui faut encore et toujours chercher de nouveaux territoires à conquérir, de nouvelles richesses pour maintenir sa puissance. L'arrivée en barque d'un Nubien, mort, le corps chargé de bijoux en or, donne des idées à Caïus Bracca, un centurion. Il monte une expédition pour aller au delà des sources du Nil, à la recherche de cette civilisation si riche.
C'est Marcus Livius qui prend la tête de la colonne formée d'une dizaine de mercenaires. Ils devront affronter les tempêtes de sable du désert, les longues traversées sous un soleil de plomb, les maladies et les attaques. Finalement ils se retrouvent au cœur d'une forêt vierge et vont enfin approcher du but.
Cette série prévue en quatre tomes est d'une redoutable efficacité. Scénario sans temps mort, entre formation de la troupe, progression difficile et tension entre ses membres. Le dessin de Frusin, académique et détaillé, montre des soldats dans toute leur noirceur d'âme.

« L'expédition » (tome 1), Dargaud, 13,95 €

jeudi 22 mars 2012

Le pouvoir des jumeaux baigne de fantastique « Geminis Panico » de Cepo et Martinez


Cepo, Martinez, Geminis Panico, Glénat, Jumeaux
Dans un monde imaginaire, entre ruine et chaos, un savant fou, au service d'un pouvoir dictatorial, fait de véritables rafles parmi les derniers enfants de la population. Il leur fait passer des tests psychiques. S'ils réagissent positivement, il les garde pour ses expériences. Sinon, ils sont éliminés, inutiles et en sachant trop. Pour mener les tests, c'est une femme qui est derrière les pupitres : le docteur Wallen qui tente de sauver le plus d'enfants possibles, quitte à trafiquer les résultats. Elle ne sait pas exactement la teneur des expériences, mais au moins ils ont une petite chance de survivre. Dans la dernière cargaison débarquée dans le sinistre château, elle repère deux jumeaux, Yvan et Maria. Ils ne réagissent pas du tout mais Wallen fait le nécessaire pour qu'ils partent avec les autres gamins. Là, on saura enfin en quoi consistent les expériences et finalement, la mort semble douce à côté. Mais la particularité des jumeaux va mettre en péril la grande œuvre du savant.
Un conte fantastique magnifique et terrifiant de Robert Cepo et Stéphane Martinez, passés par l'animation, notamment dans les sociétés de production de Luc Besson.

« Geminis Panico » (tome 1), Glénat, 13,90 €

mercredi 21 mars 2012

Rouge désespoir pour la vie de "Garance" imaginée par Mauricet


Garance, mauricet, bamboo, grand angle, gothique, vampire, suicide
Garance est une adolescente mal dans sa peau. Un peu grosse, rêveuse, triste. Elle a tendance à s'habiller gothique, sort avec une copine, couche parfois avec elle, mais espère toujours de rencontrer le grand amour. Un prince charmant si possible. Garance est la première incursion de Mauricet (Cosmic patrouille, Basket Dunk) dans la BD fantastique réaliste. Une réussite tant au niveau dessin que pour l'histoire. Tout commence quand Thôt, le chat de Garance disparaît. Elle distribue dans le quartier des affichettes avec son numéro de téléphone. Un soir, en cherchant le matou, elle pénètre dans un cimetière et tombe en arrêt devant le mystérieux Ambroise, parlant aux statues des stèles mortuaires. Bien qu'il soit presque aussi vieux que son père, Garance tombe sous le charme de cet homme hors du temps. C'est lui qui ramènera Thôt chez Garance. Mais c'est aussi la seconde fois qu'elle est confrontée à la mort. La première c'était aux obsèques de sa mère. Elle n'était qu'une petite fille. Garance si attachante, si fragile. Ses cauchemars vont-ils cesser ? A moins qu'ils ne deviennent réalité avec Ambroise. On tombe sous le charme de Garance dans la première partie de ce diptyque atypique.

« Garance » (tome 1), Bamboo, 13,90 €

mardi 20 mars 2012

Jack Black, le Phénix des agents secrets imaginé par Ange et Khaled


Jack Black, Ange, Khaled, Soleil
Qui est Jack Black ? Agent mythique des forces spéciales anglaises, il est le héros d'une nouvelle série, toute en testostérones, signée Ange (scénario) et Khaled (dessin). De nos jours, en Ukraine, des terroristes récupèrent les souches d'une arme bactériologique. Jack Black intervient pour détruire les virus. Seul, il est débordé et froidement abattu. Fin de Jack Black. Du moins de celui-là. Car Jack Black c'est le nom générique du meilleur élément disponible dans les rangs des forces anglaises. Un de perdu, un de retrouvé... De plus il est amélioré avec des produits à côté desquels les dopants des sportifs font figure de placebo.
Ce premier album nous permet de faire connaissance avec le nouveau Jack, comprendre comment il est amélioré et surtout comment il va devoir tirer un trait sur sa vie normale. C'est très viril, manichéen et patriotique, mais dans la lignée des James Bond, Jason Bourne et Jack Bauer, les autres JB de l'imaginaire collectif mondial.

« Jack Black » (tome 1), Soleil, 14,30 €

lundi 19 mars 2012

Le Spirou oublié de Nic Broca et Raoul Cauvin


Spirou, Fantasio, Cauvin, Nic, Broca, Dupuis
Au début des années 80, les éditions Dupuis ont beaucoup hésité sur la reprise de leurs personnages emblématiques, Spirou et Fantasio. Fournier écarté, plusieurs auteurs ont été sollicités. Nic Broca pour le dessin et Cauvin au scénario ont été retenus. Mais en parallèle Tome et Janry ont pu développer leur vision du héros popularisé par Franquin. Résultat, deux Spirou ont cohabité quelques mois et finalement celui de Nic et Cauvin a été mis au rebut au bout de trois albums. Trois histoires qui ressortent aujourd'hui dans la collection reprenant l'intégrale des aventures du groom rouge. Un peu de fantastique, pas mal d'humour bon enfant (Cauvin oblige), des méchants manquant un peu de saveur, des décors minimalistes mais un découpage irréprochable : ces Spirou sont un peu oubliés des spécialistes. Les retrouver, notamment avec un dossier racontant avec minutie les déboires des auteurs rapidement désavoués par les éditeurs, permet de réparer une injustice et de jeter un œil plus averti sur cette BD populaire.

« Spirou et Fantasio » (intégrale, tome 12), Dupuis, 20,50 €

dimanche 18 mars 2012

"Freaks Squeele" : un trio de héros tout en couleur


Freaks Squeele, Ankama, Maudoux
Double dose de Freaks Squeele ce mois-ci. En plus du 5e tome de cette série entre le manga et le comics de super-héros, le tout dans un style proche de la BD franco-belge, vous pourrez retrouver Chance, Ombre de Loup et Xiong Mao dans une reprise, en couleur, de leurs premiers pas à la Faculté des Études Académiques des Héros. Florent Maudoux, le créateur de cet univers riche et prenant, nous fait découvrir ces trois élèves d'une école d'exception. Trois solitaires qui vont finalement se trouver et faire naturellement équipe. Xiong Mao, la plus normale, est la fille d'un parrain des triades chinoises. Experte en art martial, elle n'a jamais peur. Chance, démonette très fashion, a plus d'un tour dans son sac. Quand à Ombre, cette bête colossale à la force surhumaine, il cache un cœur d'or et est un grand timide. Dès les premières pages on est sous le charme. Redécouvrir ces BD en couleurs, dans un format plus classique, est une excellente idée.

« Freaks Squeele » (tome 1 en couleur, tome 5 édition normale), Ankama éditions, 11,90 €


vendredi 16 mars 2012

Rome, sanglante et sensuelle

Une esclave et un gladiateur vont tenter de s'aimer dans la Rome de l'empereur Domitien. Un roman d'amour et de haine signé Kate Quinn.



Kate Quinn, Maitresse de rome, Presses de la cité, roman historiqueNous n'avons pas idée de l'importance des jeux du cirque au temps de la splendeur de l'empire romain. L'arène permettait de voir et d'être vu. Et au centre, les gladiateurs étaient les stars d'aujourd'hui. « La maitresse de Rome », roman de Kate Quinn nous donne une bonne idée de l'ampleur du phénomène. La romancière américaine, dont c'est le premier ouvrage et qui a toujours baigné dans la Rome antique grâce à son père, historien, sacrifie au genre (une histoire d'amour tumultueuse et à rebondissements), pour mieux nous faire vivre le quotidien des grands mais aussi des moins que rien, les esclaves.

Sans tomber dans le manichéisme absolu, elle dresse quatre portraits, quatre personnalités qui vont s'opposer tout au long de ces 550 pages. Thea et Lepida chez les femmes, Arius et Domitien chez les hommes. Thea, esclave, Arius, gladiateur. Domitien, empereur, Lepida, noble ambitieuse.



La Juive et le Barbare

Thea, jeune juive rescapée de la ville martyre de Masada, est au service de Lepida. Les deux jeunes filles vont remarquer Arius, nouveau gladiateur qui fait se lever les foules. Arius, un Breton, à la carrure d'athlète sculptée après des années de travaux forcés dans les mines de sel. Aujourd'hui il est sur le point de devenir une des attractions des jeux. Quelques combats facilement remportés, et son propriétaire décide de lui faire affronter le meilleur gladiateur du moment, Bellérophon.

Arius, orphelin, perdu dans cette vile de Rome si différente de ses forêts lointaines, n'a plus aucune raison de continuer à vivre. Si ce n'est ce démon qui s'empare de lui quand il est au centre de l'arène. Un démon qui le pousse à tuer sauvagement tout être vivant s'opposant à lui. « L'épaule ouverte, Bellérophon cessa de sourire et commença à se battre pour de bon, mais il était trop tard. L'épée d'Arius emporta le haut de son bouclier, lui entailla largement les côtes, arracha la moitié des doigts de sa main gauche... » Arius devient le Barbare. Son règne va durer de longues années.



Quelques mois de bonheur

Lepida fait tout pour conquérir le cœur (et la couche) du Barbare. Mais Arius l'ignore. Par contre il n'est pas insensible à la tristesse de Thea, la messagère de Lepida. Un soir, l'amour est plus fort que tout. « Du pouce, Arius caressa la courbe de ces lèvres, puis y posa sa bouche. Il sentit ces lèvres s'ouvrir sous les siennes, et un violent frisson de joie traversa tout son corps. » Mais quel peut être l'avenir d'un homme risquant de mourir tous les mois sont les coups de ses adversaires avec une petite esclave juive ? Le bonheur ne dure que quelques mois. Lepida, découvrant leur relation, revend Thea au tenancier d'une maison close. Arius est envoyé en Germanie divertir les soldats.

L'histoire continue quelques années plus tard. Thea est devenue Athena, une chanteuse de talent, Arius est toujours vivant malgré quantité de cicatrices. Lepida a de plus en plus d'ambition. Elle entreprend de séduire Domitien, l'empereur. Mais une nouvelle fois Thea va se mettre en travers de son chemin. Choisie pour être la Maîtresse de Rome, Thea va enfin espérer pouvoir regagner sa liberté. Mais en tombant dans les griffes de Domitien, c'est une épreuve encore plus redoutable qui se présente à elle.

Ce roman n'est pas qu'une simple histoire d'amour impossible entre deux parias aux cœurs purs. C'est aussi un remarquable tableau des mœurs de l'époque. Fascination du peuple pour les jeux, cruauté des puissants, début de la persécution des Chrétiens, vous y trouverez beaucoup plus qu'une romance à l'eau de rose.

Michel LITOUT

« La maîtresse de Rome », Kate Quinn, Presses de la Cité, 22 €


jeudi 15 mars 2012

Un historien sur le chemin des nazis : "Ars Magna" de Alcante et Jovanovic


Ars Magna, Alcante, Jovanovic, Glénat
Bruxelles, 1944. Les troupes allemandes sont à la recherche du manuscrit d'un message crypté caché sous la grand place, des siècles plus tôt. C'est Hitler en personne qui vient, en cachette, le récupérer car la légende prétend qu'il pourrait « faire gagner la guerre et établir le règne du Reich pour 1000 ans. » Mais le führer est devancé par un jeune historien se trouvant là presque par hasard. Obligé de fuir, il va recevoir l'aide de la Résistance qui profitera de l'aubaine. Ce thriller ésotérique et historique, avec un soupçon de fantastique est du à l'imagination d'Alcante, scénariste marchant de plus en plus dans les pas de Jean Van Hamme. Jovanovic, au dessin, sert fidèlement cette intrigue foisonnante à travers les âges.

« Ars Magna » (tome 1), Glénat, 13,90 €


mercredi 14 mars 2012

La fin des Autres gens à l'issue de la seconde saison


Les Autres gens, Thomas Cadène, Dupuis, Mathilde
Depuis avril 2010, « Les Autres gens » passionnent au quotidien des centaines de lecteurs. Coup de tonnerre début mars, Thomas Cadène, le scénariste et concepteur de ce projet de feuilleton BD publié sur internet, annonce son intention de mettre fin à l'aventure en juin prochain. Il promet un « final en apothéose » « Parce que je n’ai pas envie que nous soyons autre chose qu’une réussite. » L'enjeu était de taille à l'heure du tout gratuit sur internet. Car pour lire les aventures de Mathilde, sa famille et ses amis, il fallait s'abonner. Une somme quasi symbolique pour un épisode par jour, toujours écrit par Thomas Cadène, mais avec un dessinateur différent à chaque fois. Le modèle économique est novateur et tente de démontrer que la création graphique peut se passer du support papier. Pari gagné. Après des centaines d'épisodes, des rebondissements étonnants, des problématiques très actuelles (argent, sexe, politique...) et un travail harassant du scénariste incapable de regretter, au final, « les nuits sabotées, les week-end réduits à néant et les vacances amputées », les fans devront trouver ailleurs leur dose de quotidien romancé.

Et pour les retardataires, les inconditionnels du papier, « Les Autres gens » sont publiés par les éditions Dupuis. Le tome 5 vient de paraître.

mardi 13 mars 2012

Bélier contre Taureau : les deux premiers titres de la collection Zodiaque


Corbeyran, Goethals, Horne, Zodiaque, Bélier, Taureau, Delcourt
Nouvelle série flash, signée cette fois Corbeyran. Le scénariste de l'univers des Stryges a imaginé 12 albums (publiés en un an) autour des signes du zodiaque. Les deux premiers, Bélier et Taureau, viennent de paraître avec Goethals et Horne au dessin. Le bélier est flic à Chicago et tente de mettre la main sur un serial killer. Le taureau est un ancien trader tentant de se racheter une conduite après des années à brasser des milliards.
Deux récits indépendants, si ce n'est une ultime planche annonçant le 13e album, celui qui expliquera au final les pouvoirs des mystérieux talismans. Ces deux albums, à la limite du fantastique, sont passionnants et très instructifs sur les qualités et défauts de ces signes zodiacaux.

« Zodiaque » (tomes 1 et 2), Delcourt, 13,95 €



lundi 12 mars 2012

Viking vs krökken dans le premier tome d'Asgard de Nury et Meyer


Asgard, Dargaud, Nury, Meyer, Viking, Krökken
Un monstre marin, un krökken dans l'imaginaire viking, terrorise un village de pêcheurs. Pour le mettre hors d'état de nuire, les chefs décident de faire appel à Asgard. Surnommé " Pied-de-fer ", c'est un paria car estropié de naissance. Sur un drakkar spécialement aménagé, en compagnie d'un noble, d'un poète, d'une maîtresse femme et d'une orpheline débrouillarde, il va tenter de piéger la bête.
Écrite par Fabien Nury, cette histoire abordant le thème des différences, est dessinée par Ralph Meyer. Les scènes de combat lui permettent de donner toute latitude à l'amplitude de son trait, sec et précis. Depuis " Berceuse Assassine ", tout ce qu'a entrepris ce dessinateur est marqué du sceau " chef-d'œuvre ".


« Asgard » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

vendredi 9 mars 2012

Iznogoud, 25 histoires pour les 50 ans

Tabary, Goscinny, IMAV, Iznogoud, Calife25 histoires d’Iznogoud signées René Goscinny et Jean Tabary pour marquer les 50 ans du personnage. Parues entre 1962 et 1978, ces histoires de 2 à 16 planches sont des bijoux d’humour et de dérision. On peut y retrouver la première planche avec Iznogoud, dans sa version originale, en noir et blanc, parue dans le journal Record, puis sa version redessinée et en couleur parue dans Pilote, 11 ans plus tard. Un album de 280 pages présentant également la genèse des personnages, des portraits des auteurs historiques, un lexique des personnages et même une compilation des meilleurs calembours et jeux de mots dont la série est truffée.
Enfin, Anne Goscinny a retrouvé dans les affaires de son père le dernier scénario d’Iznogoud. Pour lui rendre hommage, elle publie la version écrite en vis-à-vis de la planche dessinée par Jean Tabary.
Une façon de découvrir comment travaillait ce génie de l’humour dont on ne dira jamais assez combien sa disparition prématurée à 51 ans nous a privés de milliers de pages hilarantes.

« Iznogoud, 25 histoires de Goscinny et Tabary », Imav Editions, 29,90 euros.


jeudi 8 mars 2012

De Jean à Nicolas : la filiation Tabary

Pour dessiner le nouvel album d'Iznogoud, Anne Goscinny n'a pas eu besoin de chercher un illustrateur coulant son trait dans celui de Jean Tabary. La succession était déjà en cours. Nicolas, le fils de Jean, après s'être approprié le personnage dans quelques gags, a signé la précédente histoire longue, « Les mille et une nuits du calife ». C'est donc un Iznogoud quasi identique graphiquement au personnage connu qui a débarqué cette semaine chez les libraires.

Iznogoud, Tabary, Goscinny, Canteloup, Vassilian, Isnogoud président, Calife, IMAV

Nicolas, pourquoi cette reprise du dessin d'Iznogoud ?



A la base je travaillais dans la publicité. Je faisais des dessins pour des institutions. Mais je travaillais avec mon père, on était très proche. Quand j'ai dessiné des strips d'Iznogoud, il m'a donné des conseils et je les ai suivis. Je respectais tellement son travail que je voulais que cela corresponde exactement à ce qu'il attendait. Mais je n'ai pas copié mon père. J'ai dessiné la série dans son esprit, sans systématiquement me référer à ses précédents albums. Je ne me suis pas forcé à prendre son graphisme. Si je dessine comme mon père c'est que j'aime dessiner de cette façon-là parce que j'ai baigné dedans toute ma vie depuis ma plus tendre enfance.



Comment s'est passé votre collaboration avec Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.



Le scénario était très intéressant car plein de nouveaux personnages, Iznogoud toujours dans tous ses états, pleins de jeux de mots. J'ai respecté le scénario mais au niveau graphisme et univers, j'ai eu carte blanche. Au niveau des personnages, j'ai pris du plaisir à dessiner leurs expressions. J'aime beaucoup la tête des personnages. Des fois, rien qu'en voyant la tête d'un personnage qui réagit, de voir sa tronche, on sourit car on le voit tout déformé. C'est quelque chose qui me tient à coeur, c'est de faire vivre les expressions.



Votre prénom Nicolas vient-il de l'autre personnage de Goscinny.



Je n'en ai pas parlé directement avec mes parents, mais je pense qu'ils ont été inspiré car le petit Nicolas a été créé bien avant ma naissance. Quand mes parents se sont mariés, j'étais déjà dans le ventre de ma mère. Et c'est marrant car Goscinny et Charlier étaient témoins au mariage. En plus, mon parrain c'est Gotlib. Sans parler de mes oncles, pierre, qui signait des illustrations sous le nom de Peter Glay dans Pilote et Jacques qui dessinait les aventures d'un magicien et les modes d'emploi des gadgets dans Pif. Donc je suis vraiment tombé dans la BD comme Obélix dans la potion magique...


mercredi 7 mars 2012

Iznogoud entre en campagne

Iznogoud, personnage de bande dessinée emblématique, revient sur le devant de la scène dans un album dont le scénario est signé Nicolas Canteloup et Laurent Vassilian.

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Lassé de ne pouvoir devenir calife à la place du calife, Iznogoud a une idée géniale pour enfin accéder au pouvoir suprême : il va se faire élire président ! Le fil conducteur de ce nouvel album des aventures du personnage le plus ignoble et méchant de la bande dessinée est directement tiré des événemebnts qui ont secoué les pays arabes en 2011. Mais si la démocratie tient une place prépondérante, ce n'est pas au détriment de l'humour. Et Iznogoud va vite se rendre compte que pour être élu, il faut être aimé du peuple. Hors, les premiers sondages le créditent d'un petit 0%. « Pour l'instant c'est encore faible, constate Iznogoud, mais la bonne nouvelle c'est qu'on ne peut que remonter. »



Scénaristes inspirés

Anne Goscinny, fondatrice des éditions IMAV, est à l'origine de cette reprise d'Iznogoud. Et c'est elle qui a choisi les nouveaux scénaristes. « Je revendique la paternité du casting. Je me suis demandé « Qui me fait rire ? » Or je n'ai pas le rire facile. Mais la réponse s'est imposée assez rapidement, c'est Nicolas Canteloup et ses auteurs qui me font marrer le matin sur Europe 1. Parce qu'ils ont du talent, qu'ils ne sont jamais ni grossier ni méchant. J'ai trouvé que leur humour coïncidait bien avec les codes que mon père avait mis en place » Restait à les convaincre de se lancer dans une aventure nouvelle, alors qu'ils étaient déjà surchargés de travail (chronique quotidienne à la radio et à la télévision, spectacles en tournée...). Le personnage d'Iznogoud étant si riche, si proche de leur univers, ils ont accepté « naturellement » d'en reprendre l'animation.

« Ce personnage il est très étrange, admet Anne Goscinny. Tout le monde le connait. Il a acquis une popularité incroyable sur la base d'une seule formule. Cela a un côté un peu magique. Laurent Canteloup et Laurent Vassilian connaissaient le personnage mais n'avaient pas précisément l'univers et les calembours en tête. »



Une excellente reprise

A la lecture de ces 48 pages riches et mouvementées, on peut dire que la greffe a parfaitement pris. Les gags, clins d'oeils, références détournées sont incessantes. Une seule lecture ne suffit pas à en faire le tour. Sans trop en dévoiler, sachez qu'Iznogoud, au niveau machiavélisme, est presque battu par le mage Lâkan, une sorte de magicien qui par sa seule parole, parvient à changer la mentalité des gens. Le bourreau, par exemple, ne veut plus tuer mais monter sur les planches.

Clin d'œil aussi aux nouvelles technologies. La mode à Bagdad c'est d'avoir un bouc coiffé d'un fez. Il parle, permet d'avoir des amis. C'est le fez-bouc. Et pour qu'il n'y ait pas de jaloux, Twitter aussi jouera un rôle dans l'histoire. Et au final, comme de bien entendu (on ne change pas une formule qui marche), Iznogoud ne sera pas « calife à la place du calife » et encore moins président...

Michel LITOUT

« Iznogoud président » au éditions IMAV, 11 euros.

lundi 5 mars 2012

Si maman l'a dit... ou quand Twitter fête les mères en avance

« Les phrases cultes de ma mère » ont inondé Twitter ces deux derniers jours. Régulièrement, des thèmes sont lancés sur ce réseau social. Les ados et jeunes adultes adorent s'amuser à ce petit jeu, surtout quand il leur donne la possibilité de décrire leur quotidien.
L'observateur y trouve un sondage grandeur nature sur l'état d'esprit de la jeunesse. Et les inquiétudes des mamans perdurent de génération en génération. On perçoit beaucoup de tendresse dans ce petit florilège.
L'habillement : « Tu vas pas sortir comme ça j'espère ? » Les relations : « Tu parles pas à des inconnus sur Internet, hein ? », « Y'a des mecs à la soirée ? Tu les connais ? Pas de bêtises hein ! » « Si tu continues je te mets en pension ... »
Le ménage : « T'as vu ta chambre ? », « Je te donne 15 minutes pour ranger ta chambre sinon tout passe par la fenêtre ».
L'école : « Je m'en fous de la note des autres c'est toi qui m'intéresse. »
Internet : « Laisse ton ordinateur se reposer », « Mathieuuuuu, comment on fait un copier/coller déjà ? »
L'avenir : « C'est quand que tu te maries ? » « Vous verrez quand vous aurez mon âge... » « Arrête d'acheter des vêtements et va ouvrir un compte épargne logement » « C'est quand que tu me fais des petits-enfants ? »
Et comme sur Twitter, tout finit par du second degré, savourez cette dernière phrase culte : « Je vous déclare mari et mari. » Mais elle n'est pas de ma mère puisque c'est Noël (Mamère) qui l'a prononcée le 5 juin 2004...
(Chronique "ça bruisse sur le net parue ce vendredi dans l'Indépendant)

dimanche 4 mars 2012

La main du mort, second volet de "Poker Face" de Fonteneau et Arnoux


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Jean-Louis Fonteneau, scénariste de l'inspecteur Bayard, série tout public, change totalement de genre avec « Poker Face ». Une série sur les jeux d'argent, avec de la violence et du sexe : le grand écart est complet. Pour illustrer cette histoire de vengeance il a fait confiance à Éric Arnoux qui pour l'occasion s'est adjoint les service d'un jeune apprenti, Chrys Millien. Yan Duarte, le héros, retrouve son père après des années d'absence. Mort. Une balle dans la tête. Les policiers ne mettent pas en doute le suicide car il est en possession d'une lettre annonçant son geste. A cause de ses dettes de jeu. Mais Yan est sceptique. Il va tenter de mieux comprendre le milieu dans lequel son père évoluait. Yan va aller de surprise en surprise, découvrant que l'addiction au jeu peut entraîner certains sur des terrains extrêmes. De Paris à Barcelone en passant par Narbonne, Yan, toujours entouré de jolies femmes (et peu vêtues) va mieux comprendre son père et savoir enfin pourquoi il est mort. Un bon thriller, palpitant, avec une grosse dose de méchants, vraiment affreux.

« Poker Face » (tome 2), Jungle, 12,50 €

vendredi 2 mars 2012

"Spécial Branch" : des policiers tenaces racontés par Hamo et Seiter


Hamo, Seiter, spécial branch, police, londres, glénat
Ils ont inventé la police scientifique. Ils ne lâchent jamais leur proie. Même des années après un crime, ils font tout pour démasquer l'assassin. Les flics de Spécial Branch sont de retour dans cette enquête au long cours écrite par Seiter et dessinée par Hamo. Un cadavre momifié a été découvert dans la double coque d'un transatlantique en cours de démolition dans le port de Liverpool. Robin se charge de l'interrogatoire des témoins, Charlotte, sa sœur, de l'analyse des viscères du mort.
Ce dernier, non seulement a été tué d'une balle dans la tête, mais a en plus été drogué avant l'exécution. Pour tenter de découvrir l'identité du cadavre et surtout ce qui s'est passé durant cette traversée en 1967, 22 ans avant, Robin va rechercher les passagers. Et en constatant que Jules Verne en fait partie, il convoque immédiatement l'écrivain français. Le génial visionnaire se souvient parfaitement du voyage au cours duquel il a pris des notes dans l'optique de rédiger un de ses romans intitulé « Une ville flottante ».
Le second volet de cette série est passionnant. Enquête, déduction, témoignage, complot, on ne n'ennuie pas une seconde. Et un ultime coup de théâtre final nous rend encore plus impatient de découvrir le 3e et dernier volet.

« Spécial Branch » (tome 2), Glénat, 13,50 €


jeudi 1 mars 2012

"Boule à zéro", craquante petite malade de Zidrou et Ernst


Ernst, Zidrou, Boule à Zéro, Bamboo
Attention préparez vos mouchoirs. Si vous n'avez jamais pleuré (ou du moins écrasé une larme) en lisant une BD, « Boule à zéro » risque de vous bouleverser. Zita est une petite fille de 13 ans. Elle n'en paraît que 10 et tout le monde autour d'elle l'appelle Boule à Zéro. Zita est malade, elle vit depuis 9 ans dans l'hôpital où ont tente de la soigner. Ernst (dessin) et Zidrou (scénario) ne forcent pas le trait. Au contraire, malgré sa maladie, Zita est extraordinairement active. Durant les premières planches, on la suit dans les couloirs de l'hôpital alors qu'elle distribue les invitations à son anniversaire. On croise les infirmières, les docteurs, les autres petits malades et même les pensionnaires du service gériatrie, toujours enchantés de voir une tornade de jeunesse. Car Zita a parfois tendance à en faire un peu trop. Résultat c'est son cœur qui se met au chômage. Heureusement elle ne quitte jamais l'hôpital. Pour les premiers secours, c'est plus pratique. Le problème de Zita, après sa maladie, c'est sa mère. Elle ne vient plus la voir. Et c'est là, dans cet amour perdu que les auteurs nous fendent le cœur. La justesse de ton de cet album en fait un des titres indispensables de ce début 2012.

« Boule à zéro » (tome 1), Bamboo, 10,95 €, en librairie le 29 février)