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vendredi 15 août 2025

Roman – Rwanda, un génocide trop français

Enseignant et chercheur en géographie, Michel Bussi, avant de vendre des millions de polars partout dans le monde, a suivi et documenté, dès le début, le génocide des Tutsis par les Hutus en 1994 au Rwanda. En expert sur cette période noire de l'Humanité, il a tissé, autour de la mort d'un million d'innocents en quatre mois, un polar aux airs d'acte d'accusation contre les autorités françaises de l'époque. 

De 1990, arrivée de Jorik Artera, militaire français au Rwanda pour garantir la paix dans ce petit pays africain, à nos jours, ce roman raconte le chemin douloureux d'une famille. Jorik tombe amoureux d'Espérance, une Tutsi. Ils se marient, ont une petite fille, Aline. Cette dernière a trois ans en 1994 quand sa mère traverse le pays avec des hordes de Hutus à ses trousses. Jorik voudrait l'aider, mais son devoir de militaire français l'oblige à laisser s'accomplir l'inimaginable. 

En décembre 2024, Jorik retourne au Rwanda avec Aline, mère de Maé, adolescente. Et l'enfer recommence. Long, passionnant, détaillé, accusateur mais aussi bourré de rebondissements, ce roman de Michel Bussi mériterait dix fois plus le Goncourt que le futur lauréat, désigné début novembre. 

« Les ombres du monde », Michel Bussi, Presses de la Cité, 576 pages, 23,90 €

mercredi 2 avril 2025

Polar - La guerre des Croix


Le département S, composé de deux personnes, Paule Nirsen, archiviste, et l'ancien gendarme Guillaume Lassire, va devoir se pencher, dans sa troisième enquête toujours signée Joseph Macé-Scaron, sur des meurtres agitant la petite ville de Baugé en Anjou. Des hommes retrouvés décapités et éventrés. Fou sanguinaire ou bête maléfique ? 

L'auteur déroule son intrigue entre présent et passé. Le présent c'est la menace de l'islamisme, thème récurrent dans les interventions du romancier, par ailleurs éditorialiste tendance droite tradi-catho. De religion il en est aussi question dans le passé quand il revient sur la révolte des gentils Chouans (quand le wokisme est de droite) ou l'histoire de la vraie Croix du Christ, célèbre relique de Baugé. Un polar de terroir dans l'air du temps : à droite toute !  

« La croix des ténèbres », Joseph Macé-Scaron, Presses de la Cité, 320 pages, 22 €

mercredi 5 février 2025

Roman français - « Tout est chaos » dans l’enfer de la publicité

Paloma, 24 ans, travaille dans une agence de pub. Une lettrée de plus en plus à l’aise face à un univers impitoyable basé sur le paraître et la suspicion. 

Une intellectuelle, passionnée par la philosophie et la littérature. Paloma Madar a pourtant accepté sans hésiter ce boulot de rédactrice free-lance dans une grosse agence de pub parisienne. Une sorte de reconnaissance pour cette fille de restaurateurs. La patronne, surnommée très sérieusement « La reine Margot », a confié Paloma à Benjamin, un quadra distingué, doux et gentil, heureux d’apprendre à la jeune Paloma comment survivre dans ce monde impitoyable de la publicité.

La narratrice de ce roman sociétal signé Carmen Bramly, apprend vite, résumant son métier par cette simple phrase : « enjoliver les choses, n’en montrer que la face désirable. » Elle passe ses journées à rédiger, pubs, dossiers de presse, slogans, scénarios de spots pour de grandes ou petites marques. « Ce que j’invente alimente une grande machine à rêves, produisant des récits sur mesure afin que chacun puisse se projeter, se sublimer. » Une conception romantique de la publicité.

Mais trop de pub tue la pub. Carmen le reconnaît : « Aujourd’hui, plus personne n’attend rien de la publicité. Pire, on cherche à l’éviter. Elle nous traque, s’infiltre partout, parasite les vidéos et mine nos réseaux sociaux. » S’il est beaucoup question du rôle de la publicité (et des publicitaires dépressifs comme Carmen) dans ce roman, c’est aussi le récit d’une chute.

Benjamin est accusé de harcèlement sexuel par une stagiaire. L’occasion rêvée pour la reine Margot pour se débarrasser de ce créatif un peu trop indépendant. Pour Carmen c’est un dilemme. Elle peut l’innocenter. Mais risque alors de mettre fin ainsi à sa collaboration avec l’agence. Une fausse affaire #MeToo noyée dans la marée des véritables scandales. À tous points de vue, le monde de la publicité est un véritable enfer.

« Tout est chaos » de Carmen Bramly, Presses de la Cité, 240 pages, 21 €

vendredi 13 septembre 2024

Rentrée Littéraire - Reine pour toujours


Y a-t-il une vie après le départ de ses enfants ? Nos rejetons, une fois devenu adultes, nous enlèvent-ils l’envie de survivre au quotidien ? Cette question est au centre de Un jardin pour royaume, roman de Gwenaëlle Robert. Alors que la cadette quitte le domicile familial, la narratrice se retrouve presque seule dans sa grande maison.

Trois enfants qui volent de leurs propres ailes, un mari souvent absent car sous-marinier : comment occuper ses journées ? Elle décide de reprendre sa thèse sur Rousseau abandonnée pour cause de maternité. Elle se rend à Ermenonville, au château de Girardin, là où l’écrivain philosophe est mort.

A quelques kilomètres de la maison d’enfance de la romancière. Rousseau, souvenirs, solitude : ce mélange donne un texte délicat, lucide, un peu nostalgique et parfois sombre. Comme cette réflexion : « Longtemps, quand les enfants me regardaient vivre, quand mes faits et gestes étaient soumis à leur juridiction, j’ai imaginé ce que je pourrais faire quand je serais sans témoin. Maintenant j’ai la réponse : je regarde les plafonds, j’y projette mon angoisse du vide, l’impression de ne plus exister du tout. »

Une remise en cause balayée par la fabuleuse histoire de Rousseau et de son dernier bienfaiteur, Girardin.
« Un jardin pour royaume » de Gwenaëlle Robert, Presses de la Cité, 208 pages, 20 €

lundi 19 août 2024

Polar - Céleste Ibar, seconde enquête très maternelle


Céline de Roany vit en Australie. Mais elle est originaire de la région de Nantes, décor des aventures de Céleste Ibar. Cette policière marquée par la vie, pour sa seconde enquête, découvre les charmes de la Brière, un marais très touristique. Une jeune femme vient d’y être découverte assassinée.

Comme il y a des similitudes avec un premier meurtre dont s’occupe Céleste, elle hérite de l’affaire. Mais en duo avec les gendarmes locaux. L’entente est compliquée. Pourtant tout avance rapidement et dans ce petit milieu où tout le monde se connaît, un suspect est interpellé. Reste le mobile. Et surtout la découverte de fœtus de bébés. Et si la maternité était la cause de ce déferlement de violence ? Un polar parfaitement documenté, crédible et plein de rebondissements. Avec une héroïne de plus en plus attachante.

Et si vous craquez pour Céleste, en plus de sa première aventure, Les beaux mensonges (aussi chez Pocket), ne manquez pas la nouveauté parue au début de l’été, A corps perdus aux Presses de la Cité. La flic qui n’a jamais froid aux yeux et encore moins peur va s’attaquer à un gros dossier : l’adolescence. Avec d’entrée la mort d’un futur surdoué du foot. Mais aux secrets moins reluisants.

« De si bonnes mères », Pocket, 480 pages, 9,20 €

mardi 23 juillet 2024

Polar - Révisez vos romans policiers jusqu’à la « Fin de l’histoire »

Hommage aux grands du roman policier dans cette enquête signée A. J. Finn. Nicky Hunter, fan d’un écrivain, doit écrire sa biographie. Et résoudre un mystère insoluble.

Les amateurs de romans policiers vont se délecter de ce gros bouquin. Fin de l’histoire a tout pour leur plaire, de la jeune enquêtrice qui n’a pas froid aux yeux en passant par le vieux suspect qui semble manipuler tout le monde, les références à des romans cultes et le décor, une vieille maison à San Francisco recelant nombre de secrets dont une pièce cachée avec ouverture secrète dissimulée… dans la bibliothèque. Reste à découvrir le coupable. Et là, comme dans les excellents romans d’Agatha Christie ou de Conan Doyle, difficile de deviner la solution finale imaginée par l’auteur.

Sebastian Trapp est un romancier devenu célèbre (et riche à millions) avec son personnage de détective décalé Simon St John. Une vingtaine de titres, jusqu’en 1999 et un drame affreux. Le soir du réveillon, sa femme Hope et son jeune fils, Cole, disparaissent. Enlèvements, fugues, assassinats ? La police n’a jamais bouclé l’affaire. Plus de 20 ans après, Sebastian, malade, sait qu’il va mourir et demande à une de ses fans, Nicky Hunter, de venir chez lui pour rédiger sa biographie.

La jeune new-yorkaise découvre très excitée cet univers qui la fascine. Et cherche de plus de résoudre l’affaire des deux disparitions. Tout se complique quand un cadavre est découvert chez Sebastian, « Dans le bassin flotte une femme, sur le ventre, les cheveux déployés autour de sa tête, les bras et le dos nus. […] Les yeux gris sans vie, les lèvres teintées de bleu, la profonde plaie sur la tempe. » Deux disparitions, un mort : le temps est venu des révélations pour le romancier, sa fille Madeleine et le reste de sa famille.

Des coups de théâtre et une vérité à écrire pour la jeune Nicky, de plus en plus impliquée dans cette histoire de famille tragique. Un roman qui se dévore, avec une première partie intrigante mais surtout plaisante voire loufoque, suivie d’un changement d’ambiance, plus ténébreuse, dramatique et sombre. Une prouesse littéraire exemplaire.

« Fin de l’histoire » de A. J. Finn, Presses de la Cité, 608 pages, 21,50 €

mardi 7 mai 2024

Une intégrale : Les aventures de Jack Aubrey

 


Jack Aubrey, célèbre héros de romans maritimes, est né à Collioure. Exactement, son auteur, Patrick O’Brian, a écrit les nombreux romans dans la ville catalane. Une œuvre qui a connu un succès mondial, avec de multiples adaptations au cinéma.

Les éditions Omnibus - Presses de la Cité remettent les aventures du marin britannique en lumière en proposant l’ensemble des romans (dont le dernier inachevé) dans ces 5 énormes volumes de plus de 1 000 pages chacun. Les passionnés adoreront. Ceux qui découvrent cet univers n’en manqueront pas une miette.

« Les aventures de Jack Aubrey » par Patrick O’Brian, Omnibus, cinq tomes de 31 à 33 €

dimanche 14 avril 2024

Polar - « La Reine jaune » terrorise Roquebrune-sur-Argens

Un gendarme rigide et une spécialiste en écrits médiévaux enquêtent pour la seconde fois ensemble. Un drôle de duo imaginé par Joseph Macé-Scaron.


Après les falaises et les embruns d’Étretat, place à la garrigue et à la canicule de Roquebrune-sur-Argens. Gendarme en délicatesse avec sa hiérarchie, le capitaine Guillaume Lassire est muté (sanctionné plus exactement) en Provence. Il a été un peu trop brillant dans la résolution de sa première enquête (La falaise aux suicidés) et depuis se morfond dans ce Sud apathique, terrassé par la canicule.

Seul intérêt de la très tranquille vile de Roquebrune-sur-Argens, c’est là qu’on aurait aperçu pour la dernière fois Xavier Dupont de Ligonnès. Mais pas de chasse à l’homme pour Guillaume. Il doit se contenter de dissuader les particuliers de remplir leurs piscines, l’eau devenant de plus en plus rare. Il est aussi sollicité par des jeunes filles qui auraient pris une jeune fille fantôme en stop ou déterminer d’où vient un livre découvert à la bibliothèque et peut-être annoté par Dupont de Ligonnès.

Pour ce dernier cas, il va faire appel à Paule Nirsen, chartiste et déjà sollicitée à Étretat. C’est donc dans un cadre géographique radicalement différent que Joseph Macé-Scaron reforme son duo d’enquêteurs. Rapidement les choses vont se compliquer. Un inconnu agresse Paule pour lui dérober le livre. Et une jeune femme, vêtue d’une robe jaune, comme la mystérieuse auto-stoppeuse, est découverte morte dans le lit de la rivière.

Le mystère s’épaissit et prend un petit côté fantastique dans cette Provence beaucoup plus violente que l’image popularisée par Pagnol. L’occasion aussi pour l’auteur de brosser quelques portraits savoureux de notables, comme cette bibliothécaire sans doute trop curieuse ou le chef de brigade, expert en management par le vide : il donne des ordres incohérents et inutiles pour faire croire que l’on s’active alors que son seul désir est de ne rien faire bouger…

L’excellente nouvelle, en fin d’enquête, c’est l’annonce d’un troisième titre ayant pour vedette le couple (en tout bien tout honneur) composé par Paule et Guillaume.

« La Reine jaune » de Joseph Macé-Scaron, Presses de la Cité, 320 pages, 21 €

lundi 22 janvier 2024

Polar - Traque canadienne « À la lisière du monde »

 Dans le Nord canadien, au début du XXe siècle, un policier tente de retrouver un trappeur suspecté d’avoir assassiné femme et enfant. Avec la nature comme principale ennemie.


Avant de se rêver survivaliste dans une nature vierge, certains idéalistes devraient lire ce roman de Ronald Lavallée. Ou mieux, tenter de rester vivant une journée et une nuit dans ce grand nord canadien. A la lisière du monde débute alors qu’en Europe les premières rumeurs de guerre mondiale font les gros titres des journaux québécois, même dans cette mission, perdue dans l’extrême nord de l’État, entre forêts d’épinettes, rivières, marécages et baie d’Hudson.

Une région glaciale en hiver, infestée de moustiques en été. Quelques baraques occupées par des Indiens et des trappeurs, un poste de police et première affectation pour le jeune Matthew Callwood. Fils de bonne famille, il a choisi ce bout du monde pour oublier un chagrin d’amour. Plein de bonne volonté au début, il va découvrir la réalité de sa mission : ne pas faire de vagues, attendre la fin des deux années d’engagement et s’ennuyer. Il va changer d’attitude quand il apprend qu’un certain Moïse Corneau serait dans la région. Une légende.

Ce trappeur a été condamné à mort pour le meurtre de sa femme et de son bébé. Il s’est évadé la veille de l’exécution. Depuis, il survivrait tel un sauvage dans la forêt boréale. Le romancier va transformer ce duel à distance en passionnante chasse à l’homme dans un environnement inhospitalier. Le policier doute souvent : « Chercher un homme dans cette immensité est absurde. Parce qu’on vit toute l’année dans des clapiers de quelques mètres carrés, parce qu’on remplit sa chemise, qu’on touche des orteils le bout de la baignoire, on finit par croire que l’être humain prend de la place sur Terre. C’est faux. Dans la forêt boréale, l’homme est un microbe. »

Accompagné de guides locaux et de deux autres policiers, Matthew va passer tout un été sur les traces de Corneau. L’occasion pour Ronald Lavallée de décrire cette nature violente et fascinante : « La rivière est en travail. La glace craque, grince et couine. De lourdes échardes s’élèvent hors de l’eau, exposent des fanons de cristal qui scintillent au soleil. » C’est d’une beauté renversante. Très dangereux aussi. Et cela donne une furieuse envie d’aller voir par nous-même. Mais pas plus d’une journée et une nuit…

« À la lisière du monde », Ronald Lavallée, Presses de la Cité, 368 pages, 23 €

jeudi 19 octobre 2023

Polar - Le roman noir d’un tableau de Salvador Dalí retrouvé à Collioure

Un mystérieux tableau, attribué à Dalí, plusieurs meurtres, à Barcelone et Collioure : Laurence Haloche raconte la Côte Vermeille des années 80 dans ce polar intitulé « L’ombre du temps ».


Collioure est la cité des peintres de la côte catalane. Dans ce roman policier se déroulant en 1985, la découverte d’un tableau attribué à Salvador Dalí provoque un enchaînement d’événements qui prennent leur source dans les années 60 à Madrid, voire quelques années plus tôt. Le premier chapitre raconte comment en ce jour de Noël de 1963, dans un quartier chic de Barcelone, un couple est retrouvé assassiné dans sa villa. Un gynécologue de renom et sa femme. 22 ans plus tard, à Collioure, le commissaire Marianne De Puech, récemment nommée à Perpignan, prépare les obsèques de sa mère. Un tracas pour cette femme qui a sacrifié sa vie privée pour sa carrière. D’autant qu’elle doit également surveiller les écarts de sa sœur, mère de deux enfants, aussi dilettante que Marianne est rigoureuse.

Tableau de jeunesse

A ça s’ajoute l’arrivée de son ancien amour de jeunesse, journaliste de passage à Collioure pour réaliser un documentaire sur la Retirada et la transformation temporaire du château royal en prison. La coupe est pleine ? Non car elle doit également enquêter sur le meurtre d’un religieux espagnol, retrouvé égorgé dans sa chambre d’hôtel. Sans compter l’affaire du tableau de Dalí. C’est sa sœur qui lors d’une émission sur France 3 a prétendu que la toile intitulée « Des anges au-dessus d’un volcan », dans la famille depuis des années, exposée au bar des Templiers, est un Dalí. Une effervescence médiatique dont se serait bien passée la cité balnéaire en pleine fête de la Saint-Vincent et son célèbre feu d’artifice. Un spectacle et une foule qui désespèrent la policière : « Ce déluge d’éclats de couleurs avait toujours profondément ennuyé Marianne. À quoi bon viser les étoiles à coups de pétards aussi tonitruants que vantards ? Elle préférait à ce cirque pyrotechnique le jaune du soleil aveuglant à midi, le rouge d’un crépuscule incandescent, les reflets d’argent qu’allume la lumière sur la mer… Une déflagration naturelle qui avait été pour tant d’artistes de renom une attraction autrement plus inspirante. »

Pour l’intrigue de son premier roman policier, Laurence Haloche, journaliste au Figaro, multiplie les pistes et rebondissements, mais ressuscite surtout la vie typique (et agitée) du Collioure des années 80. Le tout à travers les yeux de Marianne, femme flic en plein doute personnel. Son retour dans sa région natale est plus compliqué qu’elle ne le croyait. Son couple se délite, sa sœur semble de plus en plus compromise dans des affaires louches et ce prétendu tableau revient trop souvent sur le devant de la scène. C’est notamment cette toile que le religieux retrouvé assassiné voulait voir et expertiser.

Dalí et Collioure, le rapprochement est étonnant. Le lecteur en déroulant les fils de l’enquête menée par Marianne, découvrira que ce n’est pas tant la toile, une œuvre de jeunesse de Dalí, que le cadre qui intéresse le religieux. Que ce tableau occupe une importance capitale dans la vie de la mère de Marianne et qu’il explique bien des ombres dans la vie de ses parents, des réfugiés républicains espagnols. En mêlant la grande Histoire à celle très personnelle de Marianne, Laurence Haloche transforme son polar en réflexion profonde sur l’hérédité et la famille.

« L’Ombre du temps » de Laurence Haloche, Les Presses de la Cité, 21 €

jeudi 31 août 2023

Régis Franc : "Avec ce récit, ma mission lézignanaize est derrière moi"

 Pour raconter sa famille, Régis Franc, dessinateur, cinéaste, peintre et écrivain) avoue sans détour : "Je me suis arraché le cœur." Il a débuté par son père, puis a rajouté des chapitres sur sa mère et sa sœur. Cela donne "Je vais bien", un livre de 160 pages aux Presses de la Cité disponible depuis le jeudi 24 août 2023 dans toutes les librairies de France. Il décrit la vie simple d'une famille de Lézignan-Corbières, souvent frappée par le malheur. Un texte émouvant, où il refait vivre les fantômes de son passé, comme pour clore définitivement la partie lézignanaise de son existence. 

Vignes de Fontcouverte vendues, livre bouclé : cette rentrée 2023 est comme une page qui se tourne définitivement pour Régis Franc. Le célèbre dessinateur de BD (Le café de la Plage, Tonton Marcel), a grandi dans l'Aude, du côté de Lézignan-Corbières. A 18 ans il est "monté" à Paris. Lui, le fils d'un simple maçon, voulait réussir dans l'illustration. Son indéniable talent a fait le reste. Cette histoire familiale, il l'a longtemps conservée enfouie au plus profond de sa mémoire. Et de se demander s'il ne doit pas sa carrière à la mort de sa mère.

Pourtant, il reconnaît que "jamais je n'avais eu l'intention d'écrire sur les miens." Tout est parti en 2017 à la mort de son père, Roger, 97 ans, figure lézignanaise. Il écrit un petit texte d'hommage qui raconte en partie la vie de ce maçon audois. Il envoie le texte à son éditrice qui lui en demande un peu plus : écrire aussi sur sa mère et sa sœur. Il s'est donc attelé à la tâche et refait vivre les membres de sa famille.

Roger, le militant

Sur son père, il raconte l'enfance ouvrière, son engagement politique au parti communiste, la rencontre avec sa future épouse, pas du même milieu. Devenu artisan maçon, Roger est heureux avec Renée, son épouse, Régis, l'aîné et Régine, la petite sœur. "Dans les années 50, Roger publia dans le journal local (L'Indépendant), de longs poèmes en patois languedocien, langue que l'on appellerait plus tard l'occitan. Des alexandrins qui disaient son coin du Midi, des poèmes champêtres célébrant la beauté des garrigues", écrit l'auteur dans "Je vais bien", récit familial qui vient de paraître. 

Est-ce là que Régis Franc a attrapé le virus de l'écriture ? Il était très jeune et brillait à l'école. Jusqu'à cette maudite année 1960. Il sait que sa mère est malade. Un cancer. Elle dépérit. Il devient anxieux. "Je craignais que le ciel me tombe sur la tête. Et il m'est effectivement tombé sur la tête", se souvient-il.

Mélancolie à L'Ensouleiado

En pleines vacances, alors qu'il profitait de joies de la mer dans un chalet à Gruissan chez sa tante, il apprend que sa maman vient de mourir. Elle n'aura jamais pu vivre dans la maison que son mari a entièrement construite de ses mains, L'Ensouleiado, L'Ensoleillée. Roger et ses deux enfants déménagent quelques jours après les obsèques. Ils entrent dans cette maison comme on entre en mélancolie. Si Régis quitte l'Aude à 18 ans, "c'est pour m'extraire de cette mélancolie".

Il ne reviendra que de façon intermittente dans ce Sud. Et n'est pas toujours compris comme il le raconte dans ce récit : "Les gens du village qui veulent lui parler lorsqu'il réapparaît dans le secteur en sont pour leur frais. Il balance des blagues qu'ils ne comprennent pas. Ça ne fait pas plaisir." Après coup, Régis Franc reconnaît qu'il était comme dans la peau d'un personnage et qu'il "surjouait". 

Dans ce récit, on apprend aussi comment il a failli mourir quand il a été éjecté du plateau d'une camionnette de retour de la plage. Coma, plusieurs semaines à l'hôpital. Il n'en garde que de bons souvenirs : "C'était formidable car tout le monde s'intéressait au pauvre petit qui avait failli mourir." Il raconte aussi une séquence particulièrement émouvante quand Renée, au guidon de sa mobylette, rejoint Régis, en colonie de vacances à la Franqui, risquant sa vie entre les camions sur la nationale 9. "J'étais terrifié, persuadé qu’elle venait pour me dire quelque chose qui va arriver, de terrible. La chose qui, je crois, a le plus changé ma vie."

La "fugue" de la petite soeur

Quelques années plus tard, c'est sa sœur qui abandonnait la famille. Une fugue définitive qui a encore plus anéanti le père. Régis, lui, se désespère : il n'arrive pas à sauver les siens. Dans son récit, il se demande "quand ai-je su que je ne sauverais personne ?" Et de se souvenir de ce constat, alors qu'il est au bord d'un terrain de sport : "L'absurdité de ma vie de rien me glaçait. J'écoutais la musique  du vent froid soufflant sans faiblir de novembre à avril. La tramontane qui envoyait le ballon par-dessus la clôture où il disparaissait à jamais. Et ma mère venait de mourir. Je devrais m'y faire."  

Aujourd'hui, Régis Franc n'a plus d'attache audoise. Il a exploité durant une quinzaine d'années quelques vignes près de Fontcouverte, mais a revendu son domaine. De même, la maison construite par le père pour la mère, a été revendue. L'Ensoleiado est toujours à Lézignan-Corbières. Mais chaque fois que Régis Franc passait devant, il avait un pincement au cœur. "C'était la maison de ma mère, celle où elle n'a jamais pu habiter." Avec ce livre, l'auteur entend aussi rendre un dernier hommage à sa famille : "J'ai une vraie tendresse pour les miens. Je ne les vois pas comme des gens qui m'ont rendu malheureux. Ils ont simplement fait ce qu’ils ont pu. Mon père en particulier." 

"Je vais bien" de Régis Franc, Presses de la Cité, 160 pages, 18 €   (disponible également en poche chez Pocket)

dimanche 6 août 2023

Thriller - Souvenirs enfouis dans une mémoire cassée


Machiavélique et intrigant. Le nouveau thriller d’Alafair Burke devrait vous permettre de vous déconnecter complètement du quotidien et même des vacances si par bonheur vous bronzez actuellement au bord de la Méditerranée.

Sans passé (Presses de la Cité, 336 pages, 22 €), débute par un simple appel à témoin de la police du New Jersey près de New York. Une jeune femme est retrouvée blessée éjectée d’une voiture accidentée. Et volée. Elle ne se souvient plus de rien. Amnésie totale. Secourue par Lindsay, étudiante en droit, l’inconnue deviendra sa meilleure amie sous le prénom de Hope.

Des années plus tard, Hope va s’installer dans les Hamptons et disparaît au bout d’un mois. Lindsay va tenter de la retrouver et de découvrir enfin son passé si profondément enfoui dans sa mémoire cassée. Une enquête palpitante, sur l’oubli, le déni, les secrets et les mensonges. Hope est-elle véritablement amnésique ? Que cherche exactement Linday ? Et pourquoi Ellie Hatcher, la policière déjà vue dans les précédents romans d’Alafair Burke, est-elle concernée ? Hope aurait-elle un lien avec le suicide du père d’Ellie ? 

Le genre de thriller qu’on ne peut plus lâcher une fois passé la 10e page.

vendredi 31 mars 2023

Bande dessinée - Quand les femmes dessinent et s’indignent

Si Nine Antico, pour parler des femmes en général, raconte l’histoire de trois d’entre elles dans l’Italie du passé et du présent, Lisa Frühbeis, autrice allemande, se met en scène dans des histoires réalistes, drolatiques et parfois énervées.

Trois saintes italiennes, Agata, Lucia et Rosalia. La vie de ces religieuses, qui ont pour point commun de ne pas avoir voulu se marier, sert de prétexte pour raconter des destins plus contemporains et terre à terre de trois femmes qui ont les mêmes noms. Nine Antico, sur des récits religieux qui ont sans doute un fond de vérité, greffe ces destins imaginaires très symboliques.


Agata, encore adolescente, est envoyée dans un sanatorium sicilien. Elle n’est pas malade. Il faut simplement la préserver du scandale familial : sa mère vient d’être assassinée par son amant. Agata qui devra vivre toute sa vie avec ce poids de la faute maternelle. 

L’histoire de Lucia se déroule durant la seconde guerre mondiale. En Italie comme en France, la libération venue, les femmes qui ont couché avec les soldats allemands sont tondues. Alors que se donner à un GI fait presque figure de sacrifice patriotique.

Enfin la Rosalia de notre époque fait partie de ces témoins qui ont participé à la chute (temporaire) de la mafia. 

Ces Madones et putains, long récit graphique essentiellement en noir et blanc, aux dessins sombres comme du Baudoin, racontent les impasses dans lesquelles les femmes qui ont un minimum d’envie de liberté se retrouvent trop souvent acculées.

De l’Italie, cap vers l’Allemagne. Pays a priori plus ouvert aux thèses féministes. Mais qui pourtant a encore des progrès à réaliser quand on découvre les Petites chroniques féministes écrites et dessinées par Lisa Frühbeis. Publiées chaque semaine dans un grand journal berlinois, ces histoires en trois planches mettent Lisa en situation. Elle y aborde, en toute liberté et sans tabou, des thèmes parfois légers (comment vivre avec ses poils aux jambes ou comprendre pourquoi certaines femmes aiment véritablement avoir un soutien-gorge) ou plus sérieux et clivants.

Quand elle aborde le problème des règles, elle sait parfaitement qu’une grosse partie du lectorat masculin va zapper la BD. Il y est aussi parfois question de politique, quand elle constate que les lois, depuis des siècles, sont écrites par les hommes pour maintenir leur domination sur l’autre moitié de l’humanité.

Le dessin, simple et très expressif, permet de ne pas rendre trop indigestes ces chroniques sérieuses et édifiantes sur la situation des femmes de l’autre côté du Rhin.

« Madones et putains », Dupuis, Aire Libre, 21,95 €
« Petites chroniques féministes », Presses de la Cité, La Cité Graphique, 19 €

mercredi 8 février 2023

Polars – Georges Simenon encore et toujours

Il n’est jamais trop tard pour redécouvrir Georges Simenon. Et même de le lire pour la première fois pour les jeunes générations. Le romancier n’est pas près de tomber dans l’oubli puisque les éditions Omnibus-Presses de la Cité viennent de rééditer dans une nouvelle présentation tous les « romans durs » du créateur de maigret.

Les huit premiers volumes sont en vente (de 1931 à 1952), les quatre derniers sortiront le 2 mars (1953 à 1972). L’occasion aussi de découvrir des entretiens inédits de cinéastes ou de romanciers. On lira avec curiosité les appréciations de Patrice Leconte ou Jean Becker. Didier Decoin intervient à double titre. En tant que romancier mais également fils d’Henri Decoin, qui a transposé au cinéma trois romans durs de Simenon.

Didier Decoin qui souligne que les romans de Simenon sont « des livres tendus où il n’y a pas de perte de temps, où il ne reste pas de miettes sur la table. Quand on dit que Simenon va à l’essentiel, on voit bien que cet essentiel, c’est le cœur de l’être humain. »

« Les romans durs », Simenon, tomes 1 à 8, Omnibus Presses de la Cité, entre 31 et 33 € chaque volume

dimanche 5 février 2023

Polar - Une nonne détective au Mexique

Les détectives amateurs se recrutent dans tous les milieux. Oscar de Muriel, romancier mexicain, place la barre assez haut en imaginant les enquêtes menées par Sœur Juana. Une nonne, ayant véritablement vécu au Mexique, cloîtrée dans un couvent dans le Mexico du XVIIe siècle. Le premier de ces mystères à résoudre s’intitule Mort au couvent et se déroule presque exclusivement dans ce couvent de San Jeronimo de sinistre mémoire. Un polar historique très dépaysant, édifiant sur les mœurs de l’époque avec des figures féminines très différentes mais avec un point commun : la volonté de s’affirmer et d’acquérir un semblant de liberté dans un monde outrageusement dominé par les hommes. 

Avant de découvrir ce qui se passe entre les murs du couvent, l’auteur présente longuement les deux autres protagonistes de la série : Alina, jeune fille de bonne famille et Matea, sa domestique d’origine indigène. La première est un poids pour sa grand-mère. Poids financier. Pour la marier, elle devrait débourser une grosse dot. La vieille radine préfère donc la placer dans ce couvent, grosses économies en vue. Pour Alina c’est un cauchemar. Car elle va perdre sa liberté, ne plus avoir accès à ses livres et être séparée de son frère bien-aimé. 

 Pourtant, une fois arrivée à San Jeronimo, elle révise son jugement en découvrant l’intelligence et l’ouverture d’esprit de la nonne poétesse Sœur Juana. Cette dernière va prendre Alina sous sa protection et la transformer en adjointe d’une rare efficacité pour résoudre les crimes commis à l’intérieur du couvent.

 Éviscérée dans l’église

Une sœur a été découverte assassinée sur l’autel de la chapelle par Matéa  : « il régnait dans l’église la même odeur que dans les abattoirs de l’hacienda. Sur le maître-autel, éclairé par deux cierges, Sœur Filipa gisait toujours, cerclée d’une immonde flaque qui avait imbibé ses vêtements. […] On avait découpé le torse de la religieuse comme celui d’une bête, déchirant ses habits, sa peau et sa chair d’un seul tenant. Cette tranchée couverte de sang coagulé lui donnerait des cauchemars jusqu’à la fin de ses jours. » 

Qui a tué la sœur ? Est-ce le même tueur qui, un an auparavant, a trucidé une domestique ? Sœur Juana enquête discrètement, avec la menace d’être repérée par les inquisiteurs et conduite sur le bûcher. En toute discrétion, elle va chercher des indices, sollicitant la vivacité d’esprit d’Alina et la curiosité de Matéa pour dénouer l’affaire. Le tout sans perturber la vie réglée des nonnes car « dans le grand cloître, la vie conventuelle suivait son cours avec un stoïcisme inouï. 

Personne n’aurait soupçonné qu’à peine deux jours auparavant une religieuse avait été assassinée à cet endroit. Peut-être était-ce là le secret de la longévité des ordres ecclésiastiques ? »Une première enquête rondement menée par les trois détectives mexicaines avant de nouvelles aventures, toujours dans ce Mexique où la puissance colonisatrice impose sa civilisation à des indigènes ramenés au simple statut d’esclaves. A nom de la reine… et de Dieu.

« Mort au couvent » d’Oscar de Muriel, Presses de la Cité, 16,90 €


vendredi 16 décembre 2022

Roman - Suicide et conséquences à Étretat

Certaines villes ont une image de marque un peu compliquée à exploiter touristiquement. Étretat par exemple, station balnéaire sur la côte normande. L’aiguille creuse et les aventures d’Arsène Lupin ont beaucoup fait pour sa renommée. Mais si les falaises ont tant de succès, c’est aussi car c’est un « spot » renommé pour les suicidaires. Une chute vertigineuse et l’arrivée sur les rochers empêchent tout échec. Enfin presque. 

L’héroïne du roman policier La falaise aux suicidés de Joseph Macé-Scaron, Paule Nirsen, trouve le moyen de se rater. La faute à une tentative de meurtre qu’elle devine alors qu’elle est sur le point de sauter. Elle se cache et dévale un long talus pour terminer sa course dans un blockhaus datant de la seconde guerre mondiale.  « Au fond, ce raté, c’était le résumé de sa vie. Une succession de culbutes sans fin » constate-t-elle. Toujours est-il que l’universitaire (elle est spécialiste en littérature médiévale), retrouve un intérêt à la vie. Elle se transforme en détective amateur et prête main-forte à son ami d’enfance, Guillaume, devenu chef de la gendarmerie locale. 

Ce roman, vif et sans temps mort, dresse le portrait d’une province un peu sclérosée. On croise à Étretat sous la plus de l’auteur, par ailleurs journaliste politique parisien, nombre d’originaux. Une femme de ménage tendance gorille, une chatelaine qui fait dans le Airbnb, un spécialiste des araignées, des dockers pas très nets et même une ancienne gloire de la pop musique anglaise en la personne de Peter Doherty. Sans compter quelques dizaines de suicidés. Même si souvent, ils n’ont pas véritablement choisi leur mort. 

Sans prétention, bourré de clins d’œil à l’actualité, acerbe comme son auteur, ce roman est une belle réussite de la collection Terres Sombres, mélange de terroir et de polar.

« La falaise aux suicidés » de Joseph Macé-Scaron, Presses de la Cité - Terres sombres, 21 €


vendredi 25 novembre 2022

Beau livre - Contes et nouvelles signés Maupassant


Il est toujours temps de découvrir les classiques de la littérature française. Et cela reste des cadeaux inestimables. Encore plus quand ils sont proposés dans une édition luxueuse comme ces « Contes et nouvelles du pays de France » signés Guy de Maupassant Après une préface éclairante de Claude Aziza, découvrez ces textes dont certains très célèbres comme Boule de Suif, Le Horla ou La maison Tellier. Dans un coffret du plus bel effet, plongez dans ces histoires du temps passé. Et pour compléter, le même Claude Aziza propose un dictionnaire sur « Le monde de Maupassant » en fin d’ouvrage, de « Amour et désir » à « Zola et le naturalisme ».

« Contes et nouvelles du pays de France », Maupassant, Omnibus, 45 €


mardi 11 octobre 2022

Polar historique - Intrigues napoléoniennes

Été 1800. Paris bruisse de rumeurs. Napoléon, en campagne en Italie, aurait été défait. Immédiatement les intrigues se nouent pour récupérer le pouvoir tel un fruit mûr. Dans ce marigot, quelques têtes émergent. Talleyrand et Fouché en premier lieu. Le premier a tout connu, du sacre de Louis XVI à la révolution et l’avènement du Premier consul. Il est dans la place et manigance pour accroître sa fortune et son pouvoir. 

Fouché est l’homme de l’ombre, le chef de la police qui sait tout sur tout le monde. Ils vont s’affronter tout en déjouant les intrigues de Lucien, le frère de Napoléon et de Joséphine, la belle créole, femme du futur empereur. Tristan Mathieu, dans ce premier roman policier historique, déploie tout son savoir d’historien. Mais aussi de feuilletoniste puisque ces complots à tiroirs sont découverts par Armand de Calvimont, noble de Dordogne, revenu en France après quantité d’aventures aux quatre coins du monde. 

Fier et impétueux, il est au service de Talleyrand, surnommé le diable boiteux, et va croiser la route de la belle et tout aussi intrigante Julie de Swarte. 

Un roman enlevé, instructif, bourré d’action, d’énigmes, de combats et qui sera suivi d’une suite car cette partie de l’Histoire de France est riche de péripéties.

« 1800 » de Tristan Mathieu, Presses de la Cité, 21 €

mardi 6 septembre 2022

Récit - Régis Franc à la ferme


Longtemps, Régis Franc n’a juré que par les rues animées de Paris et les rivages de la Méditerranée, plus spécialement de l’Aude qui l’a vue naître à Lézignan-Corbières. Mais le créateur du Café de la Plage, feuilleton dessiné du Matin de Paris a rencontré une femme qui l’a entraîné dans une toute nouvelle aventure : la campagne.

Il a retrouvé ses pinceaux et crayons de couleur pour raconter l’histoire de la ferme de Montaquoy, cette exploitation agricole où sa compagne, Valentine, tente de retrouver le goût et le travail d’antan. 


Cet objet graphique unique propose quelques séquences de BD en noir et blanc, de grandes planches colorées, à la limite de l’abstrait, des portraits, du texte et même des documents d’époque. L’ensemble compose un livre rare de 200 riches et passionnantes pages.

De l’acquisition du domaine par Ernest, le Girondin qui a fait fortune en vendant des voitures puissantes au Paris de la Belle Époque à la renaissance de la ferme à l’aube des années 2000 quand Valentine en prend les rênes, c’est plus d’un siècle de l’histoire de la paysannerie française qui est retracé avec chaleur et bonté par un Régis Franc qui n’a rien perdu de son talent de conteur.

« La ferme de Montaquoy » de Régis Franc, La Cité Graphique (Presses de la Cité), 25 €
 

jeudi 21 juillet 2022

Thriller - Voyage agité à bord du "Bullet train" japonais

Le 3 août, dans deux semaines, sort au cinéma Bullet Train, film à grand spectacle avec Brad Pitt en vedette. Une production Sony adaptée du roman du même nom de l’écrivain japonais Kotaro Isaka et récemment publié en France aux Presses de la Cité.

Dans le Shinkansen, train à grande vitesse japonais, plusieurs tueurs vont se livrer au jeu du chat et de la souris avec une valise remplie de billets. Dans ce polar aux dialogues percutants et aux personnages complexes, c’est Kimura qui fait le premier son entrée en scène. Retiré des affaires, il arrive à bord du train ivre et armé. Il a l’intention de tuer un collégien qui a poussé son petit garçon du haut d’un immeuble. Il va croiser la route de Mandarine et Citron. Des experts des opérations spéciales. Ils viennent de libérer un adolescent et le ramènent à son père ainsi que la valise bourrée de l’argent de la rançon.

Une valise qui est l’objectif du dernier malfrat (Brad Pitt dans le film), Coccinelle. Il doit la voler. Mais comme il est toujours très malchanceux, les choses ne vont pas se dérouler comme prévu. Le huis clos dans le train est magistralement mené par un romancier à l’imagination débordante.

« Bullet Train » de Kotaro Isaka, Presses de la Cité, 22 €