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mercredi 2 avril 2025

Polar - La guerre des Croix


Le département S, composé de deux personnes, Paule Nirsen, archiviste, et l'ancien gendarme Guillaume Lassire, va devoir se pencher, dans sa troisième enquête toujours signée Joseph Macé-Scaron, sur des meurtres agitant la petite ville de Baugé en Anjou. Des hommes retrouvés décapités et éventrés. Fou sanguinaire ou bête maléfique ? 

L'auteur déroule son intrigue entre présent et passé. Le présent c'est la menace de l'islamisme, thème récurrent dans les interventions du romancier, par ailleurs éditorialiste tendance droite tradi-catho. De religion il en est aussi question dans le passé quand il revient sur la révolte des gentils Chouans (quand le wokisme est de droite) ou l'histoire de la vraie Croix du Christ, célèbre relique de Baugé. Un polar de terroir dans l'air du temps : à droite toute !  

« La croix des ténèbres », Joseph Macé-Scaron, Presses de la Cité, 320 pages, 22 €

mardi 3 septembre 2024

BD - Ohio, rivière et frontière


Méconnue du grand public, la conquête d'Ouest américain a d'abord été une guerre entre France et Angleterre. Les deux puissances colonisatrices désiraient imposer leur loi pour profiter des richesses de ces immenses territoires vierges. Mais pas déserts. Hurons et Iroquois, ennemis héréditaires, se partagent eux aussi la région.

Le contrôle de la navigation sur la rivière Ohio devient rapidement un enjeu majeur. Les Français y voient l'opportunité de faire communiquer leurs deux grandes provinces, le Canada et la Louisiane. Les Anglais vont s'y opposer par les armes.

C'est cette guerre qui sert de toile de fond à la nouvelle série historique de Fred Duval et dessinée par Brada. En 1754, un trappeur français, Jacques de la Salle, va se retrouver au centre du conflit. Il va tenter de sauver sa peau aidé par un Iroquois, Loup Blanc.

La beauté des berges sauvages magnifie cette série qui veut rendre hommage aux nations indiennes, victimes de la querelle entre grands d'Europe. Un récit humaniste, avec son lot de surprise et de coups de théâtre, car Loup Blanc, comme le trappeur, ancien pirate, ont de lourds secrets dans leurs besaces.
« Ohio, la belle rivière » (tome 1), Delcourt, 56 pages, 13,50 €

samedi 3 août 2024

Une étude historique - La Catalogne médiévale entre Orient et Occident

Pierre-Vincent Claverie propose dans ce nouvel ouvrage la compilation de plusieurs articles parus ces dernières années. Il se focalise sur cette période du Moyen Age au cours de laquelle la Catalogne joue un rôle essentiel de liaison entre l’Orient et l’Occident.
Des considérations générales mais également des exemples précis comme cette fameuse affaire dite du monastère d’Alexandrie. 

Des Juifs, en Egypte, auraient profané un monastère copte. Trois marchands juifs, à leur arrivée en Catalogne, furent dénoncés, emprisonnés et torturés. Sans la moindre preuve. Finalement, justice leur fut rendue grâce à une contre-enquête initiée par la municipalité de Barcelone.

« La Catalogne médiévale entre Orient et Occident », Trabucaire, 276 pages, 22 €

mardi 7 novembre 2023

Un roman historique - Temps croisés de Guy Bosschaerts


Bien connu des lecteurs de l’Indépendant (édition Catalan), Guy Bosschaerts est chroniqueur judiciaire. Autre corde à son arc, l’écriture de roman. Après la fantasy, il propose un roman historique, « saga archéologique addictive » selon son éditeur. Un jeune chevalier catalan va vivre de l’intérieur les croisades. Devenu Templier, il combat mais découvre aussi toutes les richesses des civilisations orientales. Un texte qui permet à l’auteur de revenir sur certaines légendes (arche d’Alliance, alchimie).

Guy Bosschaerts propose une conférence sur les origines du monothéisme depuis Ramsès II suivi d’une rencontre dédicace le 16 novembre à 18 h 30 à la médiathèque de Perpignan.

« Temps croisés » (tome 1), de Guy Bosschaerts, éditions Erick Bonnier, 268 pages, 21 €

mardi 12 septembre 2023

BD - Héroïnes françaises


Elles ne sont pas dans les manuels d’histoire de France. Pourtant elles ont compté à leur époque et méritent d’être sorties de l’oubli. Il y a Jeanne d’Arc ou Catherine de Médicis, mais pourquoi ne pas faire aussi l’apanage de Christine de Pizan ou de Dhuoda, aristocrate carolingienne installée à Uzès, mariée à Bernard de Septimanie et qui a écrit vers 841 pour son fils aîné un manuel lui expliquant ses devoirs moraux, spirituels et féodaux. Et des femmes remarquables tombées dans l’oubli, il y en a des dizaines.


Sandrine Mirza (scénario) et Blanche Sabbah (dessin), tentent de les réhabiliter dans ce gros volume reprenant par ordre chronologique la situation des femmes dans la société française. Une grand-mère érudite explique à ses petits enfants (un garçon et une fille vivant de nos jours, responsables et sensibilisés au statut des femmes), les avancées et reculs pour ce qui reste, quoi qu’il arrive, un peu plus de la moitié de l’humanité.

C’est passionnant car chaque page apporte une information (voire plus) remettant en perspective la lutte actuelle des féministes trop souvent caricaturées par les hommes, encore et toujours au pouvoir. Et la logique voudrait que certaines militantes d’aujourd’hui, décriées, agressées et moquées à longueur de journée seront certainement citées dans la réédition de cet album dans un petit siècle.

« Histoire de France au féminin », Casterman, 144 pages, 17,95 €

lundi 17 juillet 2023

BD – L’Histoire de Narbonne passe par toute une série de cases


Les éditions Petit à Petit proposent une belle collection sur l’histoire des plus grandes villes de France. Le second tome, consacré à Narbonne (Petit à Petit, 80 pages, 18,90 €), vient de paraître en ce début d’été. On retrouve, au scénario des neuf histoires complètes illustrées par divers artistes (Ghorbani, Nhieu, Del Rincon…), le local de l’étape, Jean-Luc Garréra. Le gagman a fait un beau travail de vulgarisation de certains grands moments de la ville.

Une seconde partie qui parle beaucoup de vin, ce produit qui, depuis des siècles, permet à une importante partie de la population de vivre. Notamment avec la révolte de 1907 et le combat de Marcelin Albert et d’Ernest Ferroul, le maire de Narbonne. Insurrection tuée dans l’œuf par un Clemenceau impitoyable. Ensuite, il est question de catastrophe climatique avec les inondations meurtrières de 1927. Un petit passage sur l’action des maquisards, dans l’Aude, durant la seconde guerre mondiale et finalement un dernier chapitre sur le musée Narbo Via qui fait le lien entre la grande époque romaine et nos jours.

Des récits en BD, truffés d’informations complétées par une partie pédagogique signée Béatrice Merdrignac.

dimanche 2 juillet 2023

Patrimoine - Sentinelles catalanes

 

Excellent connaisseur de la région et surtout de son histoire, Bernard Rieu vient de signer un petit livre didactique sur les tours à signaux des Pyrénées-Orientales aux éditions Trabucaire (150 pages, Editions Trabucaire, 15 €). Dans la collection « Découverte guidée du Pays Catalan », une première partie raconte pourquoi on a construit sur des pics et collines ces tours. Leur utilité au temps des invasions et attaques des pirates mais aussi leur abandon quand la technologie les a rendues obsolètes.

Sentinelles de la région, elles ont souvent subi les outrages du temps. Certaines ont carrément disparu, d’autres ne sont que ruines. Bernard Rieu raconte aussi la passion de ces amoureux du patrimoine qui ont tout fait pour reconstruire certaines tours emblématiques comme celle de la Massane. La seconde partie du livre, richement illustrée de photographies de Michel Castillo, fait l’inventaire exhaustif des tours par secteur géographique.

Particulièrement nombreuses dans les Albères, elles sont plus isolées et difficiles d’accès dans la vallée du Tech et de l’Aspre. Le meilleur exemple étant celle de Batère, isolée mais essentielle dans le maillage permettant de communiquer d’une vallée à l’autre.

Un livre érudit qui donne envie de faire un bout de chemin au grand air et de s’imaginer vivre en ces temps où les téléphones portables n’existaient pas.

lundi 30 janvier 2023

Polar historique - Le dernier « Requiem » des Cathares d’Occitanie

Après Angélus et Magnificat, Requiem est le troisième et dernier volume de cette saga historique de François-Henri Soulié qui prend la guerre religieuse contre les Cathares pour toile de fond. Dans cette Occitanie, en 1210, les bruits de la guerre couvrent tous les travaux des champs et des villes. Près de Carcassonne, la troupe des barons du Nord, formée par le pape, s’apprête à fondre, une nouvelle fois, sur les cités des fameux « hérétiques », ces Bons Hommes ou Bonnes Femmes, comme on les appelait à l’époque, le terme de Cathare n’étant apparu qu’au XIXe siècle. 

A la tête de cette armée qui sème la désolation (Béziers, Minerve), Simon de Montfort. Avant d’aller attaquer Termes, il veut laisser un homme de confiance, à Carcassonne, pour surveiller la Cité. Mais rares sont les volontaires. Un seigneur présente ainsi la préfecture de l’Aude : « Carcassonne est un nid de vermine hérétique peuplé d’enfants de putains qui n’ont que félonie au cœur. Nuit et jour, on se doit de les avoir à l’œil… Je ne suis point porcher pour avoir envie de veiller sur pareils pourceaux dans leur bauge. » Ces soldats chrétiens semblent avoir perdu la raison et massacrent, sans le moindre état d’âme. En contrepoint de ce camp, on suit les préparatifs, chez Raimon de Termes, face à l’assaut imminent. Il espère recevoir le renfort du roi d’Aragon, alors que son fils, Olivier a disparu. 

C’est l’autre intrigue de ce roman foisonnant. Le jeune Olivier est allé demander de l’aide à la Dame au cerf, une prétendue magicienne (ou sorcière ?) qui vit dans la forêt. Olivier qui croisera la route d’un autre personnage récurrent de la saga de François-Henri Soulié, Guilhem de Malpas, troubadour, allant de ville en ville avec son âne pour distraire riches et pauvres en ces temps troubles. 

Un roman policier historique (il y a aussi quelques morts mystérieuses), marqué du sceau de la vérité et qui retranscrit, avec talent, la folie religieuse des hommes, triste constance dans l’histoire de l’humanité.

« Requiem » de François-Henri Soulié, 10/18, 16,90 €

dimanche 9 octobre 2022

BD - Amitié en couleurs au front

Suite et fin des aventures de Virgil (le Noir) et Jared (le Blanc), soldats américains engagés dans la libération de l’Europe en 1945. Dans les Ardennes belges enneigées, ils vont apprendre à mieux se connaître, se comprendre et même devenir amis. 

Pas évident tant le racisme est prégnant chez les jeunes soldats blancs. Au point que les Noirs ne sont que rarement acceptés en première ligne. Virgil, pour sauver et aider son ami, va se lancer dans la bataille. Nouvel album humain et de toute beauté de Jarbinet, présent ce dimanche à Gruissan pour dédicacer cette nouveauté très attendue.

« Air Borne 44 » (tome 10), Casterman, 14,95 €


vendredi 27 mai 2022

BD - Rires historiques sous l'égide des Profs de Pica et Sti


Bien que son dessin ait un peu perdu de sa fluidité, c’est toujours un grand plaisir de retrouver un album dessiné par Pica. Celui qui a débuté sous le nom de Pierre Tranchand a connu le succès avec Les Profs. 

Un AVC l’a empêché de dessiner durant de longues années. Il a récupéré et peut de nouveau se mettre devant sa planche à dessin. Il a laissé la série originelle à Léturgie mais continue de raconter l’Histoire de France sous le prisme de l’éducation. 

Ce 2e volume propose des histoires écrites par Sti. On retrouve nos chers profs dans des versions préhistoriques, du temps de Charlemagne (l’inventeur de l’école, ne l’oublions pas), avec des Mousquetaires ou dans les tranchées. Jamais l’Histoire n’aura été aussi divertissante. 

« Les profs refont l’Histoire » (tome 2), Bamboo, 11,90 €

mercredi 27 avril 2022

BD - Petite guerre


Peut-on rire de la guerre ? Oui affirment en chœur l’Odieux Connard (Julien Hervieux) et Monsieur Le Chien. Dans ce second tome du Petit théâtre des opérations, ils racontent ces anecdotes étonnantes mais rigoureusement véridiques autour de faits de guerre. 


Vous saurez tout par exemple sur Douglas Bader, pilote de chasse anglais qui s’est illustré contre les Allemands alors qu’il n’avait plus… de jambes. L’histoire la plus exemplaire reste celle de Bullard, un Noir américain, porté aux nues par la Légion étrangère et victime de racisme aux USA malgré ses exploits.  

« Le petit théâtre des opérations » (tome 2), Fluide Glacial, 14,90 €

jeudi 16 décembre 2021

Beau livre - Un canal, une œuvre d’art


Paru en 2014 mais toujours disponible dans divers points de vente des Pyrénées-Orientales, le livre « Les Canals », sous la direction de Jean-Pierre Comps, est une étude savante sur le Canal royal de Perpignan et ses mas riverains. A la base, ces passionnés d’histoire locale, ont découvert le grand plan réalisé à l’aquarelle en 1 750. 

Une véritable œuvre d’art de 7 mètres de long. Le plan est reproduit dans son intégralité dans le livre, avec pour chaque mas des explications sur les familles propriétaires. On comprend en parcourant cet ouvrage l’importance de l’eau depuis la nuit des temps. Un canal qui est encore en partie en activité et sert de promenade très apprécié des citadins.

« Les Canals », Trabucaire, 30 €


samedi 4 juillet 2020

Histoire - Stéphane Bern vous fait réviser durant l’été


Tout en faisant la promotion du plus beau village de France et en lançant le nouveau loto du Patrimoine (l’abbaye de Lagrasse dans l’Aude fait partie des 18 finalistes), Stéphane Bern entend instruire les Français. Il vient de publier aux éditions Albin Michel son « Cahier de vacances Secrets d’Histoire ». 

Sur 80 pages il est proposé des exercices de culture générale qui raviront tous les férus d’Histoire. Et nous apprend aussi quantité de choses. Par exemple, dans la liste des titres de noblesse française à remettre dans l’ordre, qui savait qu’il existait un banneret comme un comte ou un duc ? 

Pour les réticents à la noblesse, profitez d’une grille de mots croisés réservée à la Révolution ou au jeu des 10 erreurs sur le tableau de Delacroix, La Liberté guidant le peuple.

« Cahier de vacances Secrets d’Histoire », Albin Michel, 9,90 €


samedi 15 septembre 2018

BD - Charlotte, un destin belge


Pan méconnu de l’histoire de la Belgique (du moins de ce côté de la frontière), le destin de Charlotte, fille du roi Léopold 1er a inspiré Fabien Nury. Il a confié l’illustration de la vie de cette jeune souveraine, devenu impératrice du Mexique à 24 ans, au talentueux Mathieu Bonhomme. A l’âge de 16 ans, Charlotte est déjà à marier. Elle semble promise au roi du Portugal. Mais les alliances européennes vont contrarier ce plan. Maximilien, le frère de l’empereur austro-hongrois, est séduit. Cela tombe bien, la famille royale belge cherche à s’allier avec les Habsbourg. Un mariage d’amour. Mais la jeune fille déchante vite. Maximilien est considéré comme le raté de la famille. Exilé en Lombardie, il est rejeté par les locaux et son armée battue. Il se retrouve assigné à résidence. Une longue période au cours de laquelle la jolie Charlotte s’ennuie. Se désespère même. Heureusement une autre opportunité s’offre au couple : devenir empereur du Mexique sous la férule de Napoléon III. 


Loin des simples récits à la « Points de vue » enluminées par la faconde d’un Stéphane Bern, cette histoire dramatique, tragique même, décrit surtout une femme lancée trop jeune dans le monde diplomatique. Déçue, aigrie, malmenée par un mari qui est incapable de lui donner une descendance, elle fera tout pour s’imposer. Au risque de se brûler les ailes dans ce Mexique bouillonnant. 
« Charlotte impératrice » (tome 1), Dargaud, 16,95 €

mercredi 25 juillet 2018

BD - La vraie vie de Dracula, un grand méchant



La nature humaine est ainsi faite : on ne s’intéresse qu’aux pires choses. Entre un grand bienfaiteur de l’Humanité et un tortionnaire de première, on est toujours attiré par le méchant. Cela a donné l’idée à Bernard Swyssen de raconter la véritable existence de quelques « salauds » de première.

Nouvelle collection inaugurée par Dracula, titre illustré par Julien Solé. Vlad Dracul a passé sa vie à conquérir le pouvoir. Luttant contre les Ottomans et les voisins occidentaux, il a trouvé une excellente (toute relative) idée pour se faire connaître et respecter: empaler à tout va. Une activité si plaisante qu’il aime déjeuner en plein air entouré de pieux sanguinolents. Un pique-nique dans toute l’acception du terme.

Loin d’être pénible cette leçon d’histoire est un parfait passe-temps, les auteurs truffant le récit de gags et références comiques. Un excellent album, empalez c’est pesé !

➤ « Les méchants de l’histoire » (Dracula), Dupuis, 12,50 €

lundi 28 août 2017

BD - Soldat religieux


Les guerres de religion ont longtemps déchiré les régions de France. Gilbert Bouchard, en racontant la vie du duc de Lesdiguières fait un large tour d’horizon du conflit entre catholiques et protestants. Dans ce Dauphiné cher au cœur de l’auteur, Lesdiguières se laisse convaincre par la Réforme. Et comme c’est un fier guerrier, il prend la tête de troupes pour faire triompher sa foi et au passage massacre quantité de catholiques. Il ira de victoire en victoire, amassant une fortune et devenant de plus en plus puissant. Mais le vent tourne. Henri IV se convertit et Lesdiguières, par amour, en fera de même. Il reprend les armes, mais pour l’autre camp. Nouvelles victimes, par milliers. Une BD historique très documentée, dans un style académique et d’une grande clarté.

➤ « Ce diable de Lesdiguières », Glénat, 11,50 € 

mardi 22 août 2017

Rentrée littéraire : Une famille française face à l’Histoire dans "Taba-Taba" de Patrick Deville



Voyage dans l’Histoire de France. Le nouveau roman de Patrick Deville, écrivain-voyageur, est une vaste photographie de la vie politique du pays de la fin du XIXe siècle à nos jours. Mais pour parler de l’universel, il a fait le choix de ne le faire que par l’entremise de sa propre famille. Des colonies aux tranchées de 14-18, de l’éducation pour tous aux attentats de 2015 en passant par la Résistance, les Deville étaient toujours présents, acteurs ou spectateurs, mais à la vie façonnée, modifiée ou bouleversée par ces événements.
Il y a l’arbre généalogique synthétique, impersonnel et le roman, chaleureux et édifiant. Le choix est vite fait pour Patrick Deville. Il débute son récit dans un ancien lazaret devenu hôpital psychiatrique. Un gamin, boiteux, y côtoie un ancien marin répétant sans cesse «Taba, Taba ». Ce gamin c’est l’auteur qui va y revoir l’arrivée de son arrière-grand-mère, en provenance d’Égypte, plus d’un siècle auparavant. Elle rencontre un homme qui deviendra instituteur, de ceux qui recrutés par Jules Ferry formeront la fameuse armée pacifique des « hussards noirs ».
■ De Bram à Sorèze
L’auteur, au volant de sa voiture, entreprend un long voyage pèlerinage sur les différents lieux de vie de ses ancêtres. Une voiture qui joue un rôle dans le roman, « j’observais en bas dans la cour la Passat - le Passé en catalan mais l’Alizé en allemand - comme un animal gris métallisé dont ma vie dépendait. » Son récit familial l’entraîne dans la banlieue parisienne, les champs de bataille de Verdun.
Et puis, en 1941, cap au sud. Les Allemands déferlent sur la France. La famille Deville fuit. « On leur avait dit qu’ils devaient descendre à Brame. Ils avaient entendu Brame. Ils avaient découvert dans la gare minuscule l’absence du e final. Ils sont à Bram, dans le département de l’Aude. » La ville de l’époque est décrite par le père de l’auteur. Lui y retourne de nos jours et en dresse un portrait contrasté. C’est le sud, mais la cité est à l’agonie. Uniquement tourné vers le passé, le rugby des Spanghero et des Rancoule. Ensuite ce sera le maquis dans le Lot. Un tour de France qui s’achève à Saint-Nazaire, dans ce lazaret devenu asile, après une longue parenthèse à Sorèze dans la Montagne noire.
Le roman offre le triple intérêt de raconter la vie d’une famille, de la replacer dans le contexte historique et surtout de découvrir ce que sont devenus ces lieux aujourd’hui. Une vision souvent teintée de nostalgie par un auteur qui a la capacité de voir au-delà des apparences et de découvrir des histoires derrière une lettre, un objet ou une simple façade décrépie. 
➤ « Taba-Taba » de Patrick Deville, Seuil, 20 €


mardi 3 mai 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Nom d'une rue !

rue, histoire, de gaulle, arago, schoelcher
La célébrité, une fois mort, s'estime au nombre d'avenues, rues, voies et autres impasses que les municipalités baptisent de votre nom. Des amateurs de statistiques ont collecté et comparé les patronymes les plus fréquents en fonction de chaque département.
Une géopolitique historique souvent édifiante. Vainqueur toutes catégories, un certain de Gaulle, largement en tête dans près de la moitié des départements, de la Guyane au Haut-Rhin en passant par le Finistère ou les Alpes-Maritimes. Chez les anciens présidents, il cartonne largement par rapport à Pompidou (un département, le Cantal) ou Mitterrand (Mayotte...).
Dans la grande région, deux Jean s'imposent : Jaurès et Moulin. Par contre, encore une fois, les Pyrénées-Orientales font bande à part avec François Arago comme personnalité la plus représentée sur les cartes. Tous ces noms sont très connus, excepté un certain Victor Schoelcher, victorieux en Martinique et Guadeloupe. Normal, en 1848 ce député (nommé sous-secrétaire d'État aux colonies par un certain François Arago) faisait voter à l'Assemblée nationale l'abolition de l'esclavage.
A chaque spécialité son champion du nom de rue. Côté musiciens, Georges Brassens devance Berlioz et Ravel. Chez les écrivains, derrière Victor Hugo, intouchable, Zola mène la course en tête devant Lamartine et Voltaire. Pour les peintres, Cézanne bat à plates coutures Renoir et Monet.
Enfin tout est relatif car si François Arago se positionne en première ligne dans les Pyrénées-Orientales, au niveau national, il arrive derrière Maryse Bastié, aviatrice et collectionneuse de records.

jeudi 12 novembre 2015

Cinéma : Arménie, du génocide à la folie


Robert Guédiguian boucle sa trilogie sur le génocide arménien avec « Une histoire de fou ». Récit de la dérive violente d'une génération enragée.



Robert Guédiguian personnifie Marseille. La diaspora arménienne aussi. Le cinéaste engagé à gauche, a plus de mal avec cette notion de racines, de terre natale. Il a pourtant consacré plusieurs films à cette tragédie que constitue le génocide du peuple arménien par la Turquie en 1915. Dans "Une histoire de fou", il semble vouloir refermer la plaie avec ce film débutant en Allemagne en 1921 et se terminant deux générations plus tard, dans le jardin d'une église en ruines dans cette Arménie encore soviétique mais plus pour longtemps. Le film est né d'un constat. Pour les fils de ces réfugiés, ayant échappé par miracle au massacre, la notion d'Arménie "n'existe que grâce au génocide. Nous sommes nés sur une montagne de cadavres." Ce paradoxe, Robert Guédiguian en a fait le cœur du film, avec notamment l'explication de la lutte armée de toute une génération d'exilés.

Thelirian, l'exemple
Le film débute comme un documentaire. En 1921, Soghomon Thelirian, un jeune idéaliste arménien, abat froidement dans la rue Talaat Pacha, principal responsable du génocide. Le procès permet de mettre en lumière ce crime contre l'humanité perpétré en toute impunité en 1915 en pleine guerre mondiale. A la surprise générale, Thelirian est acquitté. La suite se déroule à Marseille durant les années 70. Aram (Syrus Shahidi), étudiant, se revendique de Thelirian. Il accuse ses parents Hovannes et Anouch (Simon Abkarian et Ariane Ascaride) d'avoir abandonné le combat. Avec d'autres jeunes il rejoint l'armée de libération de l'Arménie. Il participe à un attentant en plein Paris. Une bombe tue l'ambassadeur de Turquie. Elle blesse aussi grièvement un cycliste qui passait par hasard. Pendant qu'Aram prend la fuite pour intégrer un camp au Liban, sa mère va tenter de présenter ses excuses au blessé, Gilles Tessier (Grégoire Leprince-Ringuet). Le film raconte la dérive d'Aram et la rage de Gilles. Jusqu'à leur rencontre dans une petite cour d'un hôtel à Beyrouth. "J'essaie d'être tous les personnages à la fois", confie Robert Guédiguian qui endosse à tour de rôle le point de vue des deux protagonistes de l'histoire. Avec pour lien le rôle de la mère, tenu par une émouvante Ariane Ascaride. Sans porter le moindre jugement sur l'action violente des années 70, avec pose de bombes tuant des innocents, Robert Guédiguian reconnaît simplement que c'est depuis cette période que le génocide arménien a commencé à occuper les premières pages des journaux. Si aujourd'hui de nombreux pays ont condamné la Turquie, cette dernière campe sur sa position. "Cette histoire c'est la folie de l'Humanité", considère Robert Guédiguian. D'où le nom de ce film qui replace la tragédie arménienne dans une globalité mondiale.

mardi 4 février 2014

Livres - Histoires de bébés et autres romances avec Marie-Bernadette Dupuy

Sage-femme fraîchement diplômée, Angélina s'est juré d'honorer le nom et le métier de sa mère, alors qu'arrive « Le temps des délivrances ».

Il est des évidences difficiles à contester, Marie-Bernadette Dupuy possède une plume d'une prolixité telle qu'elle frise parfois la démesure. La quantité au détriment de la qualité, voilà ce que peut craindre le lecteur. 
L'auteure ne partage (évidemment) pas cet avis, elle qui déclare en préambule de son livre : « Une demande qui revient fidèlement au fil des courriers et des rencontres : une suite, écrivez-nous une suite ! ». On veut bien la croire et certes, ces papivores-là ne sont pas déçus, les romans-pavés de M-B Dupuy comptent rarement moins de 700 pages. Et 700 de plus pour la suite, et 700 autres pour la suite de la suite. Un peu comme ces films qui obtiennent un succès d'audience tel que les producteurs et/ou réalisateurs ne résistent pas à l'envie de tourner un deuxième, troisième, quatrième voire cinquième opus (cf Terminator où ce brave Schwarzy finit par s'essouffler un rien. Faut dire qu'à l'époque, il ne s'était pas encore mis à la bière light). « Le temps des délivrances » ne déroge donc pas à la règle, qui succède aux « Mains de la vie ».

La bonne et l'enfant
Vous l'aurez compris, je ne suis pas particulièrement fan de ce genre de production littéraire. Beaucoup de redondances, un côté bien-pensant quelque peu agaçant, d'inévitables répétitions à peine déguisées (il faut bien les remplir, ces 700 pages ! Aussi, vous deviendrez incollable sur la manière d'accoucher au XIXe siècle ) et un style plutôt ampoulé. « La liberté ne siérait qu'aux hommes, reprit-elle. Ils prennent leur plaisir et après ils s'en vont sans se soucier des conséquences. (…) Vous étiez tout disposé à faire de même avec moi, me conquérir et me laisser derrière vous ! (...) A présent ivre de rage et de chagrin, Angélina le saisit par les épaules. Elle lui murmura de très près : (…) sans Gersande (sa bienfaitrice, ndlr), mon enfant serait un bâtard ! Elle était si proche de lui qu'il eut un élan instinctif vers elle, autant pour la faire taire que sous le coup d'un désir impérieux. L'enlaçant avec fermeté, il s'empara de ses lèvres, douces et satinées ».
Malgré ses faiblesses, le livre présente néanmoins quelques aspects séduisants. Les aventures d'Angélina, jeune sage-femme de 22 ans dans la petite ville ariégeoise de Saint-Lizier en cette fin XIXe, se révèlent pleines de rebondissements. Assez peu crédibles sans doute et attendus, sûrement. Une vieille aristocrate bienfaitrice de la costosida (sage-femme en occitan), deux jeunes hommes séduisants dont l'un est le père de son enfant caché, une petite bonne recueillie alors qu'elle mendiait, en guenilles, sur le parvis d'une église, un père qui commence par la renier (fricoter en dehors des liens sacrés du mariage, il trouvait ça moyen) mais ensuite pardonne et tombe sous le charme de son petit-fils. Autant de bons vieux clichés qui font pleurer dans les chaumières mais, accommodés à la sauce Dupuy, assurent quelques heures d'évasion aux lectrices en mal de « belles histoires ». D'un romantisme échevelé par bien des côtés, elles sont agrémentées de quelques scènes de sexe osées juste ce qu'il faut pour ajouter un zeste de piment à l'ensemble. Passages qui feraient tout juste ricaner monsieur Grey, mais M-B Dupuy ne joue pas dans la nuance.
D'ailleurs, c'est bien pour cette raison qu'on finit par la trouver sympathique, Marie-Bernadette. Sans autre prétention que de les contenter, elle propose à ses lecteurs(trices) d'abandonner le temps d'une lecture, leur quotidien accablé par les soucis, et de s'immerger dans l'univers de rêves et d'illusions sorti tout droit de son imagination.
Fabienne HUART

« Le temps des délivrances - Angélina », Marie-Bernadette Dupuy, Calmann-Lévy, 22,50 €