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mardi 26 novembre 2024

BD - Questions sur la ligne de vie de Corto Maltese


Comme Tintin ou d’autres héros de papier, Corto Maltese est un grand voyageur. Ses aventures lui ont donné l’occasion de visiter tous les continents et dans ce 17e album, il accroche un nouveau pays à son tableau de chasse : le Mexique.

Dans La ligne de vie, récit écrit par Juan Diaz Canales et dessiné par Ruben Pellejero, Corto cherche des fonds pour finaliser la restauration de son bateau. La démoniaque Bouche Dorée lui propose un marché : se faire passer pour un amateur d’art et acheter des objets en jade à un pilleur de temples mayas.


Une mission simple qui va se compliquer car Corto se retrouve embarqué, malgré lui, dans la guerre civile qui déchire le pays durant ces années 20. Le gouvernement, républicain, tente de mater la révolte des catholiques. Le bel aventurier va devoir transporter des caisses de munitions pour les insurgés.

Une longue aventure, pleine de péripéties, avec le retour de quelques seconds rôles connus (Raspoutine, Banshee) et la mort qui plane sur le héros à la boucle d’oreille. Une diseuse de bonne aventure lui a annoncé le raccourcissement de sa ligne de vie. Finalement, Corto Maltese est-il mortel ?

« Corto Maltese » (tome 17), Casterman, 80 pages, 17 €

jeudi 22 août 2024

Cinéma - « Emilia Perez » change de genre et de vie

Le chef de cartel se transforme en femme justicière. "Emilia Perez" est une brillante comédie musicale de Jacques Audiard dans un Mexique violent, avec trois comédiennes sensationnelles.

Prix du jury au dernier festival de Cannes, Emilia Perez de Jacques Audiard aurait largement mérité de remporter la palme d’or. Par son propos, sa forme et son originalité. Sans oublier les trois comédiennes portant cette histoire de rédemption : Zoé Saldaña, Karla Sofía Gascón et Selena Gomez.

Dans le Mexique contemporain, Rita (Zoe Saldaña), avocate qui a le gros handicap d’être afro caribéenne, gâche son talent au service d’un patron, imbu de sa personne, blanc et peu regardant sur le pedigree de ses clients. À l’issue d’un nouveau procès où Rita a permis l’acquittement d’un mari violent meurtrier de sa femme (un suicide !), elle est contactée par le puissant chef d’un cartel de narcotrafiquant. Manitas lui promet des millions si elle se met à son service pour finaliser son rêve de toujours. Rita craint le pire, mais c’est encore plus incroyable : le chef de gang, dents d’acier, voix rauque, des dizaines de morts sur la conscience et tatoué de partout veut devenir… une femme.

Une demande d’autant plus étonnante qu’elle est faite en chantant. Car Emilia Perez est ouvertement et clairement une comédie musicale. Même si le mot comédie est certainement mal adapté à cette ambiance de secrets et de peur.

Rita, lassée de vivoter, prend le risque et fait le tour du monde pour trouver le meilleur chirurgien. Le plus discret aussi. Elle doit aussi s’occuper de toute l’intendance, dont la mise en sécurité en Suisse de la famille de Manitas, sa feme Jessi (Selena Gomez) et leurs deux enfants. Le début du film, tel le premier acte d’un opéra, est rapide, trépidant. Jusqu’à la présumée mort du gangster.

La suite, quatre années plus tard, nous permet de découvrir la nouvelle vie de Manitas, alias Emilia Perez (Karla Sofía Gascón). Une femme riche à millions, vivant toujours au Mexique, mais qui ne supporte plus d’être éloignée de ses enfants. Elle va retrouver Rita et lui demander de convaincre Jessi et ses enfants de rentrer au pays pour vivre chez la « cousine » de Manitas, une certaine Emilia.

Rythmé par les nombreuses chansons, souvent très courtes, composées et écrites par Clément Ducol et Camille, le film est une jolie parabole sur le bien et le mal, la rédemption et la difficulté de vivre tel qu’on se voit. Manitas a été violent, a semé la mort, Emilia veut réparer les dégâts, distribuer du bonheur. Mais c’est la même personne. L’image suffit-elle pour rendre bon ou bonne ? Au spectateur de trouver sa propre réponse.

Film de Jacques Audiard avec Zoe Saldana, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez, Adriana Paz

lundi 12 juin 2023

BD - La Légion étrangère et Camerone au centre de cet album

Formidable destin que celui de Casimir Laï, orphelin des rues, malmené par la vie mais qui trouve une seconde chance en intégrant la Légion étrangère. Le héros de cette série historique écrite par Jean-Yves Yerlès et dessinée par Marc-Antoine Boidin, est en fâcheuse posture. Un de ses pires ennemis vient lui aussi de rejoindre le corps expéditionnaire de l’armée française.

La tension est forte en Afrique du Nord. Elle n’ira qu’en augmentant quand les soldats partent pour le Mexique. Sous la conduite du capitaine Danjou, ils vont aller sécuriser la route entre un port et une garnison. Une petite fortune va être convoyée. C’est sur cette route, perdue, loin de tout, que Casimir et ses amis tombent dans une embuscade. Ils se réfugient dans le hameau de Camerone. La suite appartient à l’Histoire de la Légion. C’est donc au plus près des combattants que l’on suit ce combat épique, héroïque.

Mais l’album va un peu plus loin car il y est aussi question des conditions sanitaires de l’arrivée des Français au Mexique, notamment de l’épidémie de fièvre jaune, le fameux vomito negro longuement expliqué dans un cahier scientifique en fin de volume.

« Legio Patria Nostra » (tome 3), Glénat, 14,50 €

dimanche 5 février 2023

Polar - Une nonne détective au Mexique

Les détectives amateurs se recrutent dans tous les milieux. Oscar de Muriel, romancier mexicain, place la barre assez haut en imaginant les enquêtes menées par Sœur Juana. Une nonne, ayant véritablement vécu au Mexique, cloîtrée dans un couvent dans le Mexico du XVIIe siècle. Le premier de ces mystères à résoudre s’intitule Mort au couvent et se déroule presque exclusivement dans ce couvent de San Jeronimo de sinistre mémoire. Un polar historique très dépaysant, édifiant sur les mœurs de l’époque avec des figures féminines très différentes mais avec un point commun : la volonté de s’affirmer et d’acquérir un semblant de liberté dans un monde outrageusement dominé par les hommes. 

Avant de découvrir ce qui se passe entre les murs du couvent, l’auteur présente longuement les deux autres protagonistes de la série : Alina, jeune fille de bonne famille et Matea, sa domestique d’origine indigène. La première est un poids pour sa grand-mère. Poids financier. Pour la marier, elle devrait débourser une grosse dot. La vieille radine préfère donc la placer dans ce couvent, grosses économies en vue. Pour Alina c’est un cauchemar. Car elle va perdre sa liberté, ne plus avoir accès à ses livres et être séparée de son frère bien-aimé. 

 Pourtant, une fois arrivée à San Jeronimo, elle révise son jugement en découvrant l’intelligence et l’ouverture d’esprit de la nonne poétesse Sœur Juana. Cette dernière va prendre Alina sous sa protection et la transformer en adjointe d’une rare efficacité pour résoudre les crimes commis à l’intérieur du couvent.

 Éviscérée dans l’église

Une sœur a été découverte assassinée sur l’autel de la chapelle par Matéa  : « il régnait dans l’église la même odeur que dans les abattoirs de l’hacienda. Sur le maître-autel, éclairé par deux cierges, Sœur Filipa gisait toujours, cerclée d’une immonde flaque qui avait imbibé ses vêtements. […] On avait découpé le torse de la religieuse comme celui d’une bête, déchirant ses habits, sa peau et sa chair d’un seul tenant. Cette tranchée couverte de sang coagulé lui donnerait des cauchemars jusqu’à la fin de ses jours. » 

Qui a tué la sœur ? Est-ce le même tueur qui, un an auparavant, a trucidé une domestique ? Sœur Juana enquête discrètement, avec la menace d’être repérée par les inquisiteurs et conduite sur le bûcher. En toute discrétion, elle va chercher des indices, sollicitant la vivacité d’esprit d’Alina et la curiosité de Matéa pour dénouer l’affaire. Le tout sans perturber la vie réglée des nonnes car « dans le grand cloître, la vie conventuelle suivait son cours avec un stoïcisme inouï. 

Personne n’aurait soupçonné qu’à peine deux jours auparavant une religieuse avait été assassinée à cet endroit. Peut-être était-ce là le secret de la longévité des ordres ecclésiastiques ? »Une première enquête rondement menée par les trois détectives mexicaines avant de nouvelles aventures, toujours dans ce Mexique où la puissance colonisatrice impose sa civilisation à des indigènes ramenés au simple statut d’esclaves. A nom de la reine… et de Dieu.

« Mort au couvent » d’Oscar de Muriel, Presses de la Cité, 16,90 €


dimanche 19 avril 2020

BD - Aventuriers du passé

Le XIXe siècle a accueilli en son sein quelques-unes des pires guerres. Que cela soit en Amérique du Nord entre Sudistes et Nordistes ou en Afrique du Sud entre Anglais et Boers, à l’arrivée ce sont des milliers de morts pour de petits intérêts politiques.


Alors que Napoléon III au pouvoir en France tente d’étendre son empire, les derniers soldats français présents au Mexique sont pris entre deux feux. Les Mexicains mais aussi les Américains. C’est dans ce contexte que l’on retrouve Félix Sauvage, le soldat imaginé par Yann et dessiné par Meynet. Le 5e titre de la série fait un peu figure de chant du cygne. 
Malgré un héroïsme extraordinaire, Sauvage est abandonné par les politiques. Il doit quitter le Mexique immédiatement avec ses hommes après la signature d’un traité avec les USA récemment réunifiés. Il va préférer abandonner son uniforme et tenter sa chance dans cet Ouest aussi sauvage que lui. Dans ces 48 pages sublimes, il croise de nouveau la route d’Esmeralda devenue danseuse itinérante. Reste à savoir désormais si les auteurs vont se contenter de cette fin ou se lancer sur un nouveau cycle, loin de l’Empire mais au cœur du far-west. 



Autre guerre qui a marqué la fin du XIXe siècle, celle dite des Boers. En Afrique du Sud, les Anglais, comme les Français au Mexique, veulent étendre leur empire. Ils attaquent donc les fermiers installés dans cette Afrique australe si riche, notamment en or. 



Le second tome des « Aventuriers du Transvaal » permet aux lecteurs de retrouver les trois héros de cette série de Bartoll et Kollé. Marlee la Boer, Pit l’Américain et Ortzi le Basque sont sur les traces du trésor de la république du Transvaal. Des tonnes de métal précieux qui serait dissimulé dans les ruines de la légendaire cité d’Ophir. Aventure, légende et histoire font bon ménage dans cette BD au graphisme simple et efficace.

« Sauvage » (tome 5), Casterman, 13,95 €
« Les aventuriers du Transvaal » (tome 2), Glénat, 13,90 €

samedi 15 septembre 2018

BD - Charlotte, un destin belge


Pan méconnu de l’histoire de la Belgique (du moins de ce côté de la frontière), le destin de Charlotte, fille du roi Léopold 1er a inspiré Fabien Nury. Il a confié l’illustration de la vie de cette jeune souveraine, devenu impératrice du Mexique à 24 ans, au talentueux Mathieu Bonhomme. A l’âge de 16 ans, Charlotte est déjà à marier. Elle semble promise au roi du Portugal. Mais les alliances européennes vont contrarier ce plan. Maximilien, le frère de l’empereur austro-hongrois, est séduit. Cela tombe bien, la famille royale belge cherche à s’allier avec les Habsbourg. Un mariage d’amour. Mais la jeune fille déchante vite. Maximilien est considéré comme le raté de la famille. Exilé en Lombardie, il est rejeté par les locaux et son armée battue. Il se retrouve assigné à résidence. Une longue période au cours de laquelle la jolie Charlotte s’ennuie. Se désespère même. Heureusement une autre opportunité s’offre au couple : devenir empereur du Mexique sous la férule de Napoléon III. 


Loin des simples récits à la « Points de vue » enluminées par la faconde d’un Stéphane Bern, cette histoire dramatique, tragique même, décrit surtout une femme lancée trop jeune dans le monde diplomatique. Déçue, aigrie, malmenée par un mari qui est incapable de lui donner une descendance, elle fera tout pour s’imposer. Au risque de se brûler les ailes dans ce Mexique bouillonnant. 
« Charlotte impératrice » (tome 1), Dargaud, 16,95 €

samedi 31 mai 2014

Cinéma - Chacun cherche sa famille dans "Les drôles de poissons-chats"

Emouvante histoire que celles des « Drôles de poissons-chats » de Claudia Sainte-Luce.


Seule. Désespérément seule. Claudia (Ximena Ayala), la petite vingtaine, vit dans un garage transformé en chambre. Elle a un travail, démonstratrice dans un supermarché, mais pas de vie sociale. Cette orpheline a appris à se débrouiller très jeune. Pas de famille. Ni d'amis. Un soir, en rentrant pliée en deux par la douleur, elle tente de faire passer le mal avec quelques comprimés. Mais finalement elle se résout à consulter les urgences. C'est dans la promiscuité de ce service débordé (l'action se déroule dans une grande ville du Mexique) que sa vie bascule. Derrière le mince rideau de séparation, elle entend les discussions autour de Martha (Lisa Owen). La mère de trois filles et un garçon, visiblement habitués à l'hôpital. Martha, si faible qu'elle ne peut plus se lever, a cependant la force pour tourner la tête vers sa voisine et tirer un peu le rideau. Martha, mère courage, foncièrement optimiste malgré la maladie qui la ronge, ouverte et chaleureuse. Elle engage la conversation avec Claudia qui elle, doit simplement se faire opérer de l'appendicite. Claudia, peut-être à cause de la douleur ou plus simplement car on ne peut pas vivre éternellement barricadée dans sa solitude, se confie un peu à Martha.

Et comme si Martha n'en avait pas assez avec sa tribu turbulente, elle décide de prendre sous son aile protectrice cette jolie fille aux airs d'oiseau tombé du nid.

Le film de Claudia Sainte-Luce, de grave au début, se transforme en un tourbillon de vie dès qu'il entre dans la maison de Martha. Claudia, au sortir de son opération, est invitée à déjeuner. Elle se cale dans un coin et observe ces enfants bouillonnants. Alejandra, l'aîné, tente de concilier travail, éducation de ses frères et sœurs et quête du grand amour. Wendy, exubérante, mange comme quatre et déprime dans son corps trop gras. Mariana, belle et élancée, rêve devant les vedettes de la téléréalité. Armando, le petit dernier, est préposé à la lessive. Normal, malgré ses dix ans il mouille ses draps toutes les nuits. Claudia va se faire apprivoiser par Martha. Puis la jeune femme, telle une pièce manquante à un puzzle pourtant évident, va devenir essentielle dans l'équilibre de cette famille.
La réalisatrice a puisé dans ses souvenirs personnels pour raconter cette rencontre miraculeuse à plus d'un titre. Par petites touches elle va montrer l'évolution de Claudia de chat sauvage en animal domestique dévoué. Un récit universel de la vie familiale, naturelle ou rapportée. Un formidable message d'espoir au final particulièrement émouvant.