lundi 31 juillet 2017

Livres de poche : l’imagination de Brussolo ensoleille votre été


Serge Brussolo écrit beaucoup. Et il n’a jamais renié ses débuts dans le livre de poche. Au contraire, il poursuit à proposer des romans in- édits à petit prix. Et cette année il a en a même sorti deux, dans deux styles différents. Dans « Cheval rouge » aux éditions du Masque, Rex Heller est célèbre pour avoir incarné dans sa jeunesse Rodeoman, un cow-boy justicier nanti de super pouvoirs, héros de la série télévisée à succès Cheval rouge. Hélas, gravement blessé au cours d’un rodéo, il a perdu l’usage de ses jambes et s’est vu contraint d’arrêter sa carrière d’acteur. Des décennies plus tard, Heller, devenu milliardaire, est à la tête d’un parc à thème, Rodeoman city, glorifiant l’Ouest sauvage des pionniers. Dans cette sorte d’enclave mégalomaniaque hors du temps, il se comporte en tyran.
➤ « Cheval Rouge », Editions du Masque, 8 €


Autre style dans « Les geôliers » paru en février dernier chez Folio SF. Il y a quinze ans, Debbie Fevertown s’échappait de Dipton après avoir tué sans pitié son mari et ses deux fils. Aujourd’hui, Jillian Caine est engagée par le réalisateur Dieter Jürgen pour écrire le scénario d’un biopic retraçant la vie de la meurtrière. Jill rencontre des gens qui ont connu Debbie et ont partagé son quotidien, se rend sur les lieux du crime et découvre que la réalité n’est peut-être pas celle que les médias ont décrite à l’époque. Quels mystères recèle l’étrange ville de Dipton ? Que cache ce culte insolite dédié aux arbres ? Et qui sont ces mystérieux gardiens que l’on nomme - à voix basse - les Geôliers ? Serge Brussolo renoue avec le thriller fantastique et nous offre un roman sous haute tension qui se lit d’une traite.
➤ « Les geôliers », Folio SF, 8,20 €

dimanche 30 juillet 2017

Thriller : Une mère « Épiée » par un mauvais ange


Elle est seule mais avec le sentiment inquiétant d’être épiée en permanence. Marnie, le personnage principal de ce thriller de Michael Robotham, n’a pas la vie facile. Mère d’une adolescente un peu rebelle, Zoe, et d’un petit garçon de quatre ans, Elijah, passant beaucoup de temps dans un placard à discuter avec Malcolm, son « ami imaginaire », elle est au bout du rouleau. Il y a un an, Daniel, son mari, journaliste, a disparu du jour au lendemain.
L’administration ne peut pas le considérer comme mort puisqu’aucun corps n’a été retrouvé. Par contre ses créanciers eux n’ont aucun doute et se retournent vers Marnie pour se faire rembourser. Des créanciers pas du tout accommodants car flirtant avec la pègre : Daniel, joueur compulsif, a cumulé une dette de 30 000 livres.
Pour tenter de reprendre pied, Marnie suit une thérapie avec Jo O’Loughlin, le psychologue héros récurrent des romans de Michael Robotham. Acculée, elle accepte finalement de rembourser « en nature » les prêteurs. Pour la quatrième fois, au début du roman, elle va officier comme « escorte » dans un hôtel de la capitale britannique. Un crève-cœur pour cette jolie jeune femme mais la pression est trop forte et l’homme de main, Quinn, particulièrement violent. Le roman prend un tour différent quand le fameux Quinn est découvert assassiné dans la Tamise, la gorge tranchée par un couteau. De cuisine selon les experts. Marnie est interrogée par la police. Mais aussi par les truands persuadés qu’elle cherche à se rebeller.

■ Jo le sauveur
Perdue, elle décide de se confier à Jo qui, touché par ses accents de vérité, met son copain Ruiz, ancien flic, sur le coup. Mais après Quinn, c’est le concierge de l’immeuble de Marnie qui est retrouvé mort. Lui aussi s’en était pris peu auparavant à la locataire. Tout le début du roman se compose comme une interrogation lancinante : Marnie est-elle capable d’avoir une double personnalité ? Est-elle victime ou coupable ? A moins qu’elle ne soit protégée par un ange gardien impitoyable.
Le roman se lit d’une traite, égrenant ses révélations au compte-gouttes, revenant sur le passé de Marnie, les précédents drames jusqu’à la révélation finale qui laissera pantois même les plus imaginatifs des amateurs de polars.  
➤ « Épiée » de Michael Robotham, Lattès, 22 €

Nouvelles d’ici et d’ailleurs

Pascal Graff a enseigné aux quatre coins du monde. Dans des petits paradis comme Saint-Martin aux Antilles, ou dans des endroits moins bien lotis comme Mayotte. Il a également séjourné en Andorre. Un citoyen du monde, écrivain de toujours, partageur avec ces histoires vécues ou imaginées. « La présentation du roi » est son second recueil de nouvelles. On sera plus particulièrement sensible à cette balade autour du lac de Matemale. L’auteur y croise une famille à deux vitesses. Mais cela n’empêche pas l’amour. Plein de fraîcheur aussi le récit du périple d’une classe d’Andorrans à Paris. Pascal Graff, professeur d’histoire-géographie les encadre et se laisse entraîner par leur enthousiasme et émerveillement face aux étrangetés de la ville-lumière. Simple et émouvant.
➤ « La présentation au roi », Les presses littéraires, 12 €

samedi 29 juillet 2017

BD : Retour sur la débâcle française dans "Une génération française"



Alors que le film « Dunkerque » de Christopher Nolan vient de sortir sur les écrans, le second tome de la série historique « Une génération française » se passe aussi en partie lors de l’opération Dynamo. Le premier tome racontait la jeunesse dorée puis la déroute de Martin Favre, un jeune artilleur. Il est sauvé du peloton d’exécution par un tankiste français, Tanguy Brettin d’Arçonet. Ce fils de militaire refuse de rendre les armes. Il est volontaire pour retarder la progression des Allemands en route pour Dunkerque. Avec quelques soldats déterminés, il tient un pont et stoppe les hordes nazis quelques heures, juste ce qu’il faut pour que l’évacuation des soldats britanniques et français soit un succès. Pour raconter ces trois destins de jeunes Français face à la guerre, Thierry Gloris, le scénariste, a choisi trois dessinateurs différents. Eduardo Ocana pour l’artilleur Martin, Manuel Garcia pour Tanguy qui vient de paraître et Ana-Luiza Koehler pour la jeune sœur de Martin, Zoé, titre en librairie le 23 août prochain.
➤ « Une génération française » (tome 2), Soleil Quadrants, 14,50 € 

vendredi 28 juillet 2017

BD : 1966, année hallucinante



Jack Cool est détective privé. Un vieux de la vieille, avec santiags sur le bureau, clope au bec et rouflaquettes car ses aventures se déroulent en 1966. Quand le gendre du directeur des usines Cadillac à Detroit disparaît, Jack est réquisitionné pour retrouver le fugueur. Traumatisé par la guerre du Vietnam, le jeune homme a rejoint la Californie pour se faire « désenvoûter » par le gourou de l’église de Satan. Devenu clochard, il termine sa vie errante dans la communauté des Merry Pranksters. Rebaptisé Jésus-Gris (à cause de la crasse), il passe par une première phase d’initiation en ingurgitant quelques pilules de LSD, une drogue pas encore illégale, qui lui permet de voir la vie d’une façon beaucoup plus positive. Là, il mettra à profit ses connaissances en mécanique pour retaper le bus scolaire aux couleurs criardes nécessaire pour continuer le « Magic Trip » à travers les USA. Cette nouvelle série, écrite par Jack Manini, plonge le lecteur au cœur des années hippies de cette Amérique coincée entre une guerre meurtrière, les revendications des minorités noires et une jeunesse désabusée, avide de plaisirs faciles et de paradis artificiels. L’arrivée de Jack Cool dans l’entourage de Jésus-Gris va bouleverser l’ordre des choses. Un premier tome dessiné par Olivier Mangin qui a déjà signé « La guerre des amants », déjà avec Manini, chez Glénat.
➤ « Jack Cool, 1966 », Bamboo Grand Angle, 13,90 €

jeudi 27 juillet 2017

DVD et blu-ray : « Grave », le film qui pourrait vous convertir au véganisme



Qui, dans sa vie, n’a pas sucé son doigt légèrement coupé. Un réflexe inconscient. Dans « Grave », film de Julia Ducournau, le personnage principal, Justine (Garance Marillier) aussi suce un doigt d’où une goutte de sang perle. La suite est moins commune. Au point que jamais plus vous ne sucerez votre doigt sans vous remémorer cette scène. Celle-là et d’autres. Car « Grave », présenté au dernier festival de Cannes dans le cadre de la semaine de la critique, fait parti de ces rares long-métrages qui marquent durablement les spectateurs. Culte avant même sa sortie en salles. Car à Cannes, quelques privilégiés ont eu la bonne (ou mauvaise idée) de ne pas supporter le côté crescendo de l’histoire. Pourtant tout commence calmement. Les parents de Justine la conduisent à l’Ecole vétérinaire pour son entrée en première année. 
Accueillie par sa sœur qui l’a pré- cédé d’une année, elle n’échappe pas au bizutage. Violent. Jet de sang frais d’animaux, sortie nocturne en petite culotte et surtout ingestion d’un rein de lapin, cru. Or Justine est végétarienne. Depuis toujours. Comme sa sœur. Normalement. Mais en une année les choses changent. Après avoir fait une allergie, elle prend goût à ce nouveau met qu’est la viande. Surtout le côté cru. Mais entre aimer et adorer, il y a une nuance. 
Le film, souvent glaçant, est d’une froideur abyssale. On suit pas à pas la dérive de Justine vers ses mauvais penchants, une malédiction familiale impossible à conjurer. Un grand film d’horreur dont on a toutes les clés grâce au long entretien avec la réalisatrice proposé en bonus.
➤ « Grave », Wild Side Vidéo, 19,99 € le DVD, 24,99 € 

mercredi 26 juillet 2017

Avec Valérian, la SF entrait dans les pages du journal Pilote



1967. Pilote, le journal de bande dessinée créé par Goscinny, Uderzo et Charlier, se cherche encore un peu. Le formidable succès d’Astérix donne l’opportunité à Goscinny, par ailleurs rédacteur en chef, de s’intéresser à d’autres styles. Pourquoi pas la science-fiction ? Pour occuper ce créneau il fait confiance à un jeune duo encore inexpérimenté et à peine rentré d’un long périple aux USA. Pierre Christin imagine Valérian, agent spatio-temporel. Mézières dessine ses aventures et le flanque d’une présence féminine impertinente pour la BD de l’époque, Laureline. Quelques albums plus tard, Valérian est devenue une référence pour toute une génération de dessinateurs et même de cinéaste car avant Luc Besson, Georges Lucas a «emprunté» quelques trouvailles au duo Christin-Mézières. La sortie du film permet aux éditions Dargaud de ressortir la vingtaine de titres de la série qui constitue désormais un classique. On apprécie également la sorti d’un numéro exceptionnel du défunt Pilote consacré à Valérian. Longues interviews des créateurs et surtout quantité d’histoires courtes signées des «grands» de la BD d’aujourd’hui, de Blutch à Larcenet en passant par Juillard, Pétillon et Bajaram. Sans oublier la sortie, le 22 septembre prochain, de «Shingouzlooz Inc», une aventure de Valérian vu par Wilfrid Lupano (Les vieux fourneaux) et Mathieu Lauffray (Long John Silver). 




Luc Besson : « Il faut avoir une rigueur absolue sur le récit»


Trois semaines avant la sortie du film sur les écrans, Luc Besson a reçu dans ses locaux de la Cité du cinéma quelques journalistes de la presse quotidienne régionale et expliqué ses choix et sa méthode de travail.
Sur l’élaboration du scénario : «Tout vient de l’histoire. Il n’y a pas un alien qui ne sert à rien. Jamais. Il faut avoir une rigueur absolue sur le ré- cit, sur chaque phrase. Chaque petite scène donne une information. C’est de l’horlogerie en terme de scénario et puis on fabrique les pièces. Le film se passe en 24 heures, mais s’est dilué sur sept ans. Donc tous les fils très minces pour la cohérence, la continuité émotionnelle, le rythme, l’évolution du personnage dans son arc, avec tous ces truc là on a mille fois l’occasion de casser le film. C’est ça le cauchemar du metteur en scène, cette responsabilité qu’il a tout le temps de gérer cette cohé- rence qui fait que quand on voit le film on a l’impression que c’est normal.»
La fidélité à la bande dessinée : « Avec les 29 albums on arrive à bien s’imprégner de l’univers. Après comme je m’entends très bien avec Christin et Mézières je les ai fait beaucoup parler pour essayer de cerner l’âme. Mais très vite Christin m’a dit que je devais sortir des bulles et des cases, «on a plus envie que tu nous surprenne que tu nous respecte». C’est lui qui m’a libéré. Ils ne sont pas intervenus directement sur le scénario mais Mézières venait voir les dessins au fur et à mesure et Christin m’a parfois guidé sur les personnages.»
Son rôle sur le plateau de tournage : « On me pose en moyenne une question toutes les dix secondes. On vous demande une extrème sensibilité et en même temps, vous êtes obligé d’être un gé- néral d’armée. Il y a 2000 personnes et quand vous dite «barre à gauche !», tout le monde doit partir à gauche. Le vrai secret, c’est de bien préparer. Ensuite comme tout le monde a compris que le film était plus grand qu’eux, les gens arrivaient le matin avec la patate et l’envie d’être à la hauteur. On s’est tellement préparé qu’on a terminé avec trois jours d’avance...»
Une suite serait en projet : «Si ça marche, oui. Mais d’abord je prendrai quelques jours de vacances en Grèce. Mais pas tout de suite. Avant je vais dans 17 pays faire la promotion du film...» 

Cinéma : Valérian dans l’ombre de Laureline

VALÉRIAN. Le héros de BD imaginé par Christin et Mézières s’anime face à la caméra de Luc Besson.

Allez voir « Valérian et la Cité des mille planètes », vous ne serez pas déçu. Film français mais formaté pour conquérir le monde, il y a tout ce qui a fait le succès des films de SF de ces dernières années : une bonne histoire, des héros décalés, des monstres et aliens en pagaille, une bonne dose de batailles spatiales, des effets spéciaux époustouflants et un message politique sous-jacent très pertinent. Luc Besson y a mis pas mal de sa fortune, mais surtout tout son cœur et une bonne partie de ses rêves de gosses. Les millions sont bien visibles à l’écran, mais Valérian ne serait pas grandchose sans ce plaisir évident pris par le metteur en scène d’animer les héros de son adolescence, de leur créer des mondes numériques sur mesure et des scènes où l’action le dispute à l’humour. Au début, Valérian (Dane Dehann) farniente sur une plage déserte. Mais l’illusion est vite effacée. Avec sa co- équipière Laureline (Cara Delevingne), il doit se rendre d’urgence sur la planète Kirian infiltrer le Big Market et y récupérer le dernier représentant d’une espèce animale étonnante, le transmuteur. Une longue séquence bourrée d’effets spéciaux. Big Market est le souk du futur. Tout y est virtuel. Ou plus exactement dans une autre dimension, gérée par les propriétaires des commerces.
■ Chabat et Rihanna

Passer de la réalité au marché est très compliqué. Encore plus quand on a l’intention d’y voler quelque chose. La mission se termine par un décollage en urgence à bord du vaisseau de Valérian, scène se terminant par un gag digne des meilleurs Tex Avery. Une sacrée mise en bouche pour ensuite entrer dans le cœur de l’intrigue. Le transmuteur est convoité par un peuple jadis décimé par une guerre dont ils n’ont été que la victime collatérale. Cachés au cœur de la Cité des mille planètes, cette station spatiale immense voguant dans l’espace, ils ont besoin de l’animal pour fabriquer de l’énergie.
Valérian et Laureline, comme souvent dans les BD, sont obligés de désobéir à leurs supérieurs pour choisir le bon côté. Laureline dans ce cadre s’affirme comme la conscience du duo. La tête aussi, Valérian jouant plus le rigolo de service. Un long chemin vers la vérité au cours duquel ils rencontrent un étonnant pirate (interprété par Alain Chabat méconnaissable et visiblement ravi de faire partie de l’aventure) et une créature métamorphe. Bubble qui peut prendre l’apparence qu’elle veut. Du monstre à la carapace rugueuse à la chanteuse langoureuse sous les traits de Rihanna qui a là plus qu’un petit rôle comme annoncé au début. Plus de deux heures de grand spectacle, sans temps mort, avec un final qui en met encore plus dans la vue que les scènes d’ouvertures, déjà impressionnantes.
On ne peut que se féliciter que le cinéma français puisse produire un film de cette ampleur. Il marque sans doute un changement dans le statut de Luc Besson et de sa société Europa. Pour ceux qui en doutaient encore, il se place au niveau des Lucas, Cameron ou Ridley Scott. Un formidable raconteur d’histoires, capables de faire rêver plusieurs générations et ayant suffisamment de plaisir à faire ce métier qu’il envisage de se lancer dès que possible, si le succès est au rendez-vous, dans une suite aux aventures des agents patio-temporel les plus célèbres de la bande dessinée.

mardi 25 juillet 2017

BD : La fin des malheurs de Sophie



Créée par Jidéhem, Sophie est une fillette qui a promené ses jupes et robes dans les pages du journal de Spirou dès 1969. Le cinquième et dernier tome de l’intégralité de ses aventures se consacre aux années 1977 à 1994. 275 pages de BD précédées d’une présentation de la fin de carrière de Jidéhem, par ailleurs aide de Franquin sur Gaston et créateur du détective Ginger. La fillette va grandir pour ses trois dernières grandes aventures, plus mouvementées. Le dessin s’aère, se rapproche encore plus de la ligne claire. Mais ce sont les ultimes productions de Jidéhem, forcé à prendre sa retraite et qui est décédé en mai dernier. Un dernier hommage à un grand de la BD belge.
➤ « Sophie » (intégrale 5), Dupuis, 32 € 

lundi 24 juillet 2017

BD : Chasse au Cerbère américain



Amazonie au milieu du XVIIe siècle. Des explorateurs découvrent une bête fabuleuse. Sanguinaire et puissante. Dressée, elle pourrait devenir une arme redoutable pour les puissances occidentales. Justement la guerre fait rage entre les Pays-Bas et l’Angleterre. En jeu le commerce maritime mondial. Quelques soldats et mercenaires à la solde des Britanniques s’’embarquent vers la Nouvelle-Espagne pour capturer l’animal légendaire, cerbère des dignitaires aztèques. Dans cette série historico-fantastique, on suit le parcours du jeune Jonas, tombé amoureux au cours de la traversée de Mara, belle Indienne qui revient sur ses terres en compagnie de son mari, le redoutable Espagnol Rodrigo Toledano. Le scénario de Munoz laisse toute latitude à Tirso pour développer son talent dans des planches dynamiques et très enlevées.
➤ « Les traqueurs » (tome 1), Glénat, 14,50 €

dimanche 23 juillet 2017

BD : XIII, version traumatisme paternel



D’où vient XIII ? Cette question a alimenté les premiers tomes de la saga policière imaginée par Jean Van Hamme et dessinée par William Vance. Une vingtaine de titres a apporté presque toutes les réponses aux fans. Mais il y a encore quelques zones d’ombres que la collection « XIII Mystery » entend exploiter. Pour le 11e titre, c’est le père du jeune Jason Fly (futur XIII pour ceux qui ont raté des épisodes) qui est mis en vedette sur un scénario de Luc Brunschwig et des dessins d’Olivier TaDuc. Dans la petite ville de Greenfalls, Jonathan Fly, journaliste local, tente de comprendre pourquoi le directeur du FBI vient régulièrement chasser le cerf. Lui qui est une piètre gâchette. Ses visites auraient-elles une autre utilité ? Il va enquêter et découvrir les activités illicites de ce responsable, un peu trop extrémiste. Il pourrait le faire tomber, mais son fils, Jason, tombe sous l’emprise de ce beau parleur. Un album très politique mais surtout axé sur le sacrifice. D’un père pour son enfant. De ses idées humanitaires contre un peu de tranquillité. Édifiant.
➤ « XIII Mystery, Jonathan Fly » (tome 11), Dargaud, 11,99 €

samedi 22 juillet 2017

Littérature jeunesse : César et Capucine, enfants désobéissants


Imaginés par Tebo, le créateur de Captain Biceps avec Zep, César et Capucine sont deux jeunes enfants débordants d’imagination. A la base, leurs aventures étaient destinées à une bande dessinée. L’éditeur tardant à donner son accord, le dessinateur contacte une société de production audiovisuelle qui accepte de lancer la production de 52 épisodes. Diffusés sur France 5, remportant un beau succès, César et Capucine reviendront bientôt pour une saison 2 et Tebo, pour mieux exploiter graphiquement les personnages, adapte leur désobéissance chronique dans deux albums pour les enfants à partir de 5 ans. Dans « On ne veut pas faire la sieste ! », ils s’échappent de leur chambre sur des bulles de savon, découvrent une île aux fruits et affrontent un lion paresseux. Dans le second opus « On ne veut pas ranger la chambre ! », ils découvrent une île aux jouets très marrante. Mais un requin leur fait peur. A moins que ce ne soit eux qui effraient le requin, un spécimen très peureux. Joliment dessinés, aux couleurs vives et tout en courbes, ces albums permettent aux enfants de développer leur imagination.
➤ « César et Capucine », Bamboo Jeunesse, 11,95 €

vendredi 21 juillet 2017

DVD et blu-ray : Le meilleur de Jean-Luc Godard en coffret


Jean-Luc Godard est-il le meilleur ? Si vous avez un doute, contre quelques dizaines d’euros vous pourrez redécouvrir 7 de ses films les plus emblématiques de la période des années 60. De grands classiques comme « Le Mépris » ou « Pierrot le fou » ou d’autres moins célèbres comme « Made in USA » avec Yves Afonso dans un de ses premiers rôles ou « Le petit soldat » brûlot (déjà) contre le colonialisme et l’OAS.
Donc Godard s’il n’est pas le meilleur est quand même un grand du cinéma qui mérite ce nouveau coffret dans une collection qui porte, tout simplement, son nom.
➤ Studiocanal, 59,99 € les sept DVD, 69,99 € les sept bluray avec quatre heures de bonus et un livret.

jeudi 20 juillet 2017

Cinéma : L’été rime avec avant-premières dans la région

Comment avoir l’air plus au courant des nouveautés cinéma que la moyenne ? Facile, il suffit de voir un film en avant-première et de pouvoir ainsi en parler avant tout le monde. En cet été, elles seront nombreuses. En voici une liste élaborée mi-juillet et donc encore susceptible d’être enrichie dans les prochaines semaines.
En dehors des classiques projections du mardi soir, soit la veille de la sortie nationale (Valérian le 25 juillet ou Atomic Blonde le 15 août au Méga CGR Rivesaltes) les enfants sont à la fête avec des séances dans quasi tous les multiplexes de la région des As de la Jungle (le dimanche 23 juillet) et de Cars 3 (les 23, 24 et 25 juillet pour une sortie le 2 août). Toujours pour les enfants, mais uniquement au Cap Cinéma de Carcassonne pour l’instant, une projection de « Ho-Kaï Watch, le film », le dimanche 6 août.
Au Méga CGR de Rivesaltes, pour les fans de courses poursuites, « Overdrive » le 14 août avec Scott Eastwood en vedette.


Le Castillet de Perpignan, fidèle à sa politique de proposer des œuvres de qualité, organise trois avant-premières en août de films vus et remarqués au dernier festival de Cannes. « Patti Cake$» (mardi 15 août à 21 h 15) raconte la vie d’une jeune fille (Danielle Macdonald, photo ci-dessous) passionnée de slam et tentant de percer dans ce milieu. Une superbe comédie, entre chronique sociale et comédie musicale. « Faute d’amour » de Andrey Zvyagintsev, Prix du Jury au dernier festival de Cannes, sera le rendez-vous à ne pas manquer des cinéastes le mardi 22 août à 19 h 15. Enfin « Un beau soleil intérieur », film de Claire Denis avec Juliette Binoche sera à dé- couvrir le mardi 29 août à 19 h 15 avant sa sortie nationale un mois plus tard.
Plus loin dans le temps, le 1er septembre, « Coexister » sera diffusé au CGR de Narbonne. Cette comédie de Fabrice Eboué Avec Ramzy Bédia, Guillaume De Tonquédec, Audrey Lamy ou Jonathan Cohen raconte les déboires d’un « producteur de musique à la dérive qui décide de monter un groupe constitué d’un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints » selon le synopsis diffusé par la production. 

Article paru le 20 juillet dernier dans l'Indépendant. 

mercredi 19 juillet 2017

DVD : Comment être belle malgré la maladie



Florence Foresti tente depuis quelques années de se défaire de son image de comique fofolle et excessive. Tentée par le théâtre et le cinéma, elle parvient parfois à décrocher des rôles plus ambitieux.
Comme dans « De plus belle », premier film d’Anne-Gaëlle Daval spécialement écrit pour la comique. Un personnage complexe, meurtri dans son corps et ses convictions personnelles. A un peu plus de 40 ans, Lucie a frôlé la mort. un cancer du sein détecté heureusement assez tôt. Chimio, rayons... Le protocole mis en place par son chirurgien, par ailleurs petit frère (Jonathan Cohen), a porté ses fruits. Elle est en rémission et la scène d’ouverture montre tous ses amis fêter son retour à la vie dans une boîte de nuit.
Tout le monde fait la fête, danse, boit... Sauf Lucie. Comme si elle sentait que tout cela n’est qu’écume en surface d’une vie sans but ni amour. Et ce ne sont pas les gros sabots de Clovis (Mathieu Kassovitz), dragueur impénitent, qui vont la faire changer d’avis. Lucie en plus d’être devenue un peu hypocondriaque, doit subir les foudres de sa mère (Josée Drevon), peau de vache qui ne cache jamais sa préférence pour son fils.
De tous les personnages secondaires, c’est elle qui crève l’écran. La prestation de Florence Foresti, à côté des autres actrices (Nicole Garcia et Olivia Bonamy) semble un peu en deçà. Pourtant elle porte sur ses épaules tout le film, ses cours de « strip-tease thérapeutique » donnant une couleur très cabaret à cette comédie un peu trop léchée pour être émouvante.
Dans les bonus, la réalisatrice, qui a débuté comme costumière dans la série Kaamelott d’Alexandre Astier, raconte sa relation avec sa comédienne principale, quelques images du tournage montrant Florence Foresti comme on la connaît : souriante, virevoltante et provocatrice.  
➤ « De plus belle », Studiocanal, 19,99 € le DVD


mardi 18 juillet 2017

Livres de poche : laissez-vous tenter par un tour en Afrique


Dans une contrée africaine sans nom, la guerre civile fait rage. Agu essaie de fuir son village mais la violence le rattrape. Il est enrolé comme enfant-soldat. Le commandant ordonne. Agu exécute. Il frappe, tue pille. Pour ne pas mourir, le jeune garçon devient bête féroce. Premier roman du Nigérian Uzidinma Iweala, « Bêtes sans patrie » bénéficie d’une traduction d’Alain Mabanckou.
➤ « Bêtes sans patrie », Points, 6,50 €

Ikenna, Boja, Obembe et Benjamin ont désobéi aux ordres paternels. Les quatre frères sont allés pêcher dans les eaux du fleuve interdit, l’Omi-Ala. Ils savourent cette pêche clandestine, jusqu’au jour où le fou Abulu les maudit : Ikenna, l’aîné, mourra de la main d’un de ses frères. Peu à peu, le poison de la terrible prophétie infiltre les esprits… Né en 1986 au Nigeria, Chigozie Obioma enseigne la littérature aux États-Unis. Son premier roman, Les Pêcheurs a connu un immense succès public et critique.
➤ « Les pêcheurs », Points, 7,60 €

Née en Ecosse, la mère d’Alexandra Fuller, mieux connue sous le nom de « Nicola Fuller d’Afrique centrale », a grandi au Kenya dans les années 50 avant d’épouser un Anglais fringant. Ils s’installent dans leur propre ferme, d’abord au Kenya puis en Rhodésie où l’auteur, Bobo, et sa sœur ont grandi, avant d’atterrir en Zambie. Le parcours de la famille Fuller, déterminée à rester en Afrique malgré la guerre civile, est fait de survie, de folie, de loyauté et de pardon.
➤ « L’arbre de l’oubli », Le Livre de Poche, 7,30 €

lundi 17 juillet 2017

Livre : Enquête au Gévaudan sur « La Dévoreuse »



Durant des siècles elle a terrorisé les locaux et suscité commentaires et spéculations partout ailleurs en France. La bête du Gévaudan, rebaptisée « La Dévoreuse » par Pierric Guittaut permet à cet auteur de polars ruraux de fournir quelques explications en fonction de ses recherches historiques mais aussi de ses connaissances en armes à feu. Car en plus de manier la plume avec brio, Pierric Guittaut s’adonne à la chasse et au tir à poudre noire. Il a passé dix ans à écumer toutes les archives de cette région du Haut-Languedoc. Collecte suffisamment fructueuse pour qu’il pense pouvoir enfin « livrer les clefs pour comprendre cette énigme qui n’en était pas une...»

■ Chairs déchirées
Tout débute en juin 1764 par la mort de Jeanne Boulet. Elle est découverte « gisante, la chemise déchirée et ensanglantée. » De toute évidence « des traces de crocs, de griffes ont déchiré ses chairs ». Quelques victimes de plus et les autorités décident de lancer des battues. En vain. Les dragons du roi sont sollicités, mais là encore la bête échappe aux mailles du filet, poursuivant son chemin sanglant dans toute la Margeride. L’auteur nous apprend même que l’affaire, franchissant les frontières hexagonales, a été utilisée par un journal anglais pour se moquer de l’armée française. Dans un article se voulant humoristique, le London Chronicle raconte que toute l’armée française s’attaque à la Bête, mais que cette dernière ne fait qu’une bouchée des milliers de soldats. Le lendemain, toujours affamée, elle mange un chaton. La mère « enragea si bien qu’elle lui sauta dessus et la tua sur le champ. La chatte doit faire une entrée triomphale à Paris pour y être faite pairesse du royaume. » Certains en rient, d’autres enragent de ne pouvoir tuer cet animal.
Le 19 juin 1767, trois ans après son apparition, « La Dévoreuse » est abattue par un certain Jean Chastel. Pierric Guittaut raconte ces chasses avec un savoir-faire indéniable, romançant l’Histoire mais sans la dénaturer. La suite du livre détaille les races possibles de la bête, en fonction des descriptions et de l’autopsie de l’animal, des tests de tir réalisés par l’auteur et le rappel d’autres affaires de bêtes dans divers coins de France et de Navarre.
Savante et distrayante, « La Dévoreuse » est sans doute la meilleure étude sur ce phénomène de société qui est encore dans toutes les mémoires.
➤ « La Dévoreuse » de Pierric Guittaut, éditions de Borée, 21,50 € 

dimanche 16 juillet 2017

BD : Un tournant pour Spider-Man



Portés par le succès des films aux effets spéciaux de plus en plus gigantesques, les comics américains ont connu un réel développement en France. Avant la vague, il y a 20 ans, Panini Comics a lancé nombre de magazines puis a décliné les séries dans de beaux albums, aux couvertures cartonnées, reprenant de 6 à 8 épisodes pour obtenir des titres compacts, bien imprimés et au goût des amateurs français du genre. Pour célébrer ses 20 ans, la maison d’édition ressort en 2017 douze titres emblématiques avec une couverture dessinée par une gloire française de la BD. Ce Spider-Man de Straczynski et Quesada par exemple bénéficie d’une interprétation par Bastien Vivès. Sollicités également Boulet, Trondheim, Sfar ou Barbucci. Et le denier titre sur les Avengers, en octobre, bénéficiera de quatre couvertures signées Vatine, Bajram, Mourier et Tarquin. Impossible de faire mieux...
➤ «Spider-Man, un jour de plus », Panini Comics, 16 € 

samedi 15 juillet 2017

BD : Les survivants rentrent à bon port


Fin de galère pour les survivants du vaisseau spatial échoué sur une planète inconnue et dangereuse, où des anomalies quantiques leur font faire des bonds dans le futur. Après quatre tomes bourrés de péripéties et de rencontres avec des races extraterrestres toutes plus étonnantes les unes que les autres, la grande spécialité de Léo le scénariste et dessinateur des Mondes d’Aldébaran, ils voient enfin le bout du tunnel avec l’arrivée de Sven, le compagnon de Kim Keller. Il explique le rôle de la mantrisse de cette planète et les ramène à Aldebaran. Là, après un temps pour réapprendre à vivre sans avoir peur au quotidien, Manon, le personnage clé de « Survivants », devrait rencontrer Kim. Mais ce sera pour le prochain cycle. Peut-être le dernier pour l’auteur brésilien âgé de 73 ans.
➤ « Survivants » (tome 5/5), Dargaud, 11,99 €

De choses et d'autres : Orages, cèpes et embrouilles


Grosse chaleur, orages chargés en eau : les cèpes poussent ! Voilà une activité intelligente en vacances. Ramasser des champignons c’est réunir plusieurs hobbies en un seul. Découverte de la nature, randonnée, gastronomie et, plus rarement heureusement, combat au corps à corps. Car les champignons, comme tout ce qui pousse sur terre, doivent bien appartenir à quelqu’un. Le propriétaire du terrain ou le cueilleur ? Les cèpes ne se cultivent pas, ils poussent seuls, sans l’aide de personne et de façon tout à fait aléatoire. Un peu comme entre l’œuf et la poule, personne n’a jamais pu trancher. Au point que trop souvent des propriétaires interdisent l’accès à ces endroits que certaines familles se repassent pourtant de génération en génération. Hier matin dans un champ du Lot-et-Garonne cette rivalité a franchi un cap. Âgé de 70 ans, un ramasseur de champignons, se doutant d’une belle pousse après les orages, se rend dans un champ qu’il connaît bien.
Effectivement les bolets sont au rendez-vous. Il remplit son panier mais au moment de quitter la place, un homme, le propriétaire, lui entonne l’ordre de restituer sa cueillette. Immédiatement, le ramasseur a sorti un couteau de cuisine (ustensile obligatoire pour nettoyer la récolte au fur à mesure) de son panier et a menacé ce « propriétaire » osant réclamer ces cèpes sans avoir eu à se baisser une seule fois. Face à la détermination du septuagénaire armé, le demandeur a préféré prendre la fuite. Pour la gendarmerie. Il dépose plainte et les gendarmes interpellent dans la foulée le ramasseur de champignons qui, hier après-midi, était toujours en garde à vue.
Quant aux cèpes, de mets d’exception, ils se sont transformés en pièces à conviction. Quel gâchis.

Chronique parue le 15 juillet 2017 en dernière page de l'Indépendant

vendredi 14 juillet 2017

BD : Angoisse entre terre et mer



Olivier Mégaton fait partie de ces réalisateurs français qui n’ont pas peur de faire dans le cinéma de genre. Il a réalisé Taken 2 et 3 et signe le scénario d’une BD qui pourrait tout à fait faire une série B horrifique comme il en sort tant sur le marché de la vidéo. Scénario écrit en collaboration avec Sylvain Ricard maîtrisant parfaitement la narration de la BD et dont le dessin a été confié à l’Italien Genzianella qui a déjà à son actif les cinq tomes de Bunker scénarisés par Bec. On retrouve d’ailleurs beaucoup des univers du scénariste aveyronnais dans ce « Ni terre ni mer ». Une bande de jeunes adultes, deux garçons et trois filles, part en mer sur un voilier. Pris dans une tempête, le frêle esquif s’échoue sur le rivage escarpé d’une île isolée dominée par un phare. Deux hommes vivent dans ce bâtiment loin de tout. Rapidement, les naufragés vont paniquer car leurs « sauveteurs » ne sont pas très accueillants. Quand un premier rescapé est retrouvé assassiné, l’angoisse monte d’un cran. Et les secrets viennent encore compliquer l’entente des rescapés. Car ce naufrage n’est pas dû au hasard. Il y a deux ans, ils avaient aussi fait une croisière. Mais au départ ils étaient six. Chapeau au dessinateur qui parvient à insuffler beaucoup de suspense psychologique malgré l’économie de décors.
➤ « Ni terre ni mer » (tome 1/2), Dupuis, 14,50 €

jeudi 13 juillet 2017

De choses et d'autres : Smartphone, alibi téléphoné


« Putain, il est chiant lui ! » La phrase est entre guillemets car elle n’est pas de moi mais du président de l’Assemblée nationale. Mardi depuis son perchoir, François de Rugy, après avoir passé la parole à un député a prononcé, très doucement mais suffisamment fort pour que les micros l’enregistrent, cette sentence peu sympa pour un député communiste. Tollé immédiat sur les réseaux sociaux, la nouvelle chambre de résonance des us et coutumes de la République. Pour se sortir de cette situation compliquée, l’ancien député vert, passé par la gauche tendance socialisme sauce hollandaise pour finalement devenir un ponte de la Macronie a osé sortir l’alibi du smartphone. Certes il a bien prononcé la phrase, mais pas du tout au sujet du député mais de la personne (on ne saura pas son identité...) qui venait de lui envoyer un texto. Jamais au grand jamais il se permettrait d’insulter un élu du peuple... Explication alambiquée qui n’a persuadé personne mais qui permet de clore l’incident, le député mis en cause cautionnant la version du président.
Cet exemple de langue de bois absolue est à l’opposé des tweets et messages sur les réseaux sociaux de la députée « En Marche » de la 3e circonscription de l’Aude. Mireille Robert a acquis une belle célébrité en quelques jours après avoir décidé de commenter les coulisses, en toute franchise, de sa mission de députée. Dans une petite vidéo postée sur son profil Facebook, elle raconte les « interdits » à l’Assemblée nationale comme de boire ou de manger dans l’hémicycle et, plus étonnant, « on ne doit jamais tourner le dos au président de l’Assemblée ». Pourquoi ? Peut-être pour éviter qu’il se mette à vous insulter en sourdine... 

Chronique parue en dernière page de l'Indépendant le 13 juillet 2017

DVD et blu-ray : Plusieurs invités surprise au « Dîner des vampires »


Les Anglais maîtrisent à merveille le contre-pied cinématographique. Quand ils se lancent dans un film de genre, de vampires en l’occurrence, ils ne peuvent s’empêcher de détourner le propos pour le transformer en une vaste rigolade épinglant, au choix, l’isolationnisme de la Grande-Bretagne, son rapport avec l’armée et même comment il est bon d’accueillir les migrants. Une ribambelle de sujets tous plus sérieux les uns que les autres, abordés dans ce film de vampires, par ailleurs désopilant, car ce n’est pas parce qu’on saigne à tout va que l’on doit se priver de rigoler un peu avant avec la nourriture.
« Le dîner des vampires » («Eat local » dans sa version originale) débute comme un reportage sur la situation de l’Angleterre en plein débat sur le Brexit. Cinq personnes, assises autour d’une table, discutent sur des « quotas » à respecter, des «migrants » à accueillir et de la possibilité de transgresser les consignes « continentales ».Il faut quelques minutes au spectateur pour comprendre qu’autour de cette table, il n’y a que des vampires, plus que centenaires, qui sont très à cheval sur les règles. Au point qu’ils font le procès, en quelques minutes, d’un des leurs ayant osé dépassé son quota d’humain, s’attaquant même à des enfants.

■ Attaque de militaires
Sentence : la mort. Immédiate. Et son remplacement dans la foulée.Ça tombe bien Vanessa (Eve Myles, déjà vue dans Torchwood, Dr Who et Broadchurch) a ramené ce soir-là un Rom, jeune, gentil et débrouillard. Serait-il intéressé à devenir Immortel ? Mais va falloir qu’il se décide vite car au même moment une armée de militaires attaque la ferme isolée où se dé- roule le dîner pour abattre cette sale engeance de vampires. Un peu pour rendre service au Vatican, beaucoup pour donner des échantillons à des sociétés de cosmétiques à la recherche de nouveaux produits pour assurer la jeunesse éternelle aux femmes modernes.
Un film très réjouissant de mauvais esprit, signé Jason Flemyng, première réalisation de cet acteur qui a déjà des dizaines de rôles à son actif.
➤ « Le dîner des vampires », Marco Polo Productions, 12,99 € le DVD et 14,99 € le blu-ray

mercredi 12 juillet 2017

De choses et d'autres : Tous les touristes sont bons à prendre


Incroyable. Encore moqué il y a quelques mois en raison de ses soucis techniques récurrents, le téléphérique de Brest est devenu depuis le début de l’été une des attractions touristiques de la préfecture du Finistère. Les deux cabines du téléphérique, prévu initialement comme un moyen de déplacement doux pour les urbains Bretons, s’est transformé en un lieu qu’il faut absolument visiter et emprunter avant de quitter la ville. Pourtant ils étaient nombreux à se moquer de ce téléphérique planté au-dessus de la rade, loin de tout sommet enneigé.Et quand la mairie de Perpignan a envisagé de construire elle aussi un téléphérique, les ricanements ont été encore plus sardoniques. Paradoxe des gens pleins de certitudes. Comme à la fin du XIXe siècle quand les opposants à la tour de M. Eiffel menaient campagne contre cette abomination qui allait défigurer la plus belle ville du monde. On connaît la suite... Le téléphérique de Brest, à une autre échelle, est sur le point de suivre le même chemin. 
Le tourisme obéit à des règles parfois très complexes. Les responsables sont persuadés que seules les « beautés naturelles » peuvent attirer. Alors qu’en réalité, pour quelques milliers de plagistes en bord de mer,il y a des millions de visiteurs à la Cité de Carcassonne, au Pont du Gard ou sur le Canal du Midi. Des réalisations humaines pas destinées à attirer le chaland mais qui sont devenues au fil du temps les meilleurs atouts de la région. 
Alors imaginez aujourd’hui la renommée du Pays catalan si le projet de téléphérique entre la plaine et le Canigou avait abouti. Le département serait la première destination touristique d’Occitanie mais même de France et d’Europe. Il faut parfois faire confiance aux fous ambitieux. Ce sont souvent des visionnaires.

Chronique parue le 12 juillet en dernière page de l'Indépendant. 

DVD et blu-ray : « Split » ou la horde qui est en nous



A la base, « Split », film horrifique de M. Night Shyamalan,est une réflexion médicale assez élaborée sur le trouble dissociatif de l’identité. Le scénario est basé en grande partie sur les relations entre un patient(James McAvoy) et sa psychiatre (Betty Buckley). Le malade souffre de ce fameux trouble, mais puissance 23. Quand le docteur le reçoit,il est parfois Dennis ou Patricia à moins qu’il n’ait endossé l’identité de Hedwig, Kevin ou Barry Ils sont 23 au total, une véritable horde. Pour en faire un film passionnant, ce qui est le cas, il fallait trouver un ressort particulier et surtout un acteur hors normes. L’idée c’est que parmi les multiples identités qui se disputent la même enveloppe charnelle, se trouve un vrai psychopathe. Au dé- but du film, trois jeunes filles, après un anniversaire, se font raccompagner chez elles par un parent. Mais l’adulte n’a pas le temps de pénétrer dans l’habitacle que Dennis prend sa place.Trois coups de gaz somnifère et les filles se réveillent enfermées dans une pièce sans fenêtre, meublée de lits de camps.
■ Formidable James McAvoy
Un long cauchemar va débuter pour le trio car si Dennis n’ose pas trop les toucher, il n’en va de même de Patricia. Mais parfois c’est Helwig qui vient apporter les repas aux prisonnières. Helwig,de son propre aveu, est un gamin de 9 ans. Il va nouer une relation plus poussée avec Casey (Anya Taylor Joy), celle des trois qui comprend le plus vite ce qui leur arrive. Casey introvertie, taciturne, dure. Un traumatisme dans l’enfance l’a transformée. Elle saura manipuler Helwig pour tenter de s’échapper.
Le nouveau film de M. Night Shyamalan est un petit bijou de précision et d’intelligence. On pourrait lui reprocher d’être très bavard, voire beaucoup trop, mais les longs dialogues entre le malade et son toubib donnent toute leur intensité aux différents changements de personnalités. James McAvoy, dans ce rôle totalement fou, a été salué par la critique et le public car avec simplicité, il parvient parfaitement à passer d’homme à femme, d’adulte à enfant, de lettré à brute épaisse. Le final, avec un soupçon de fantastique, est expliqué dans les bonus parle réalisateur qui en une simple phrase dévoile son idée de départ. Mais on n’en dira pas un mot ici car dans les films de ce réalisateur talentueux mais parfois inégal, la fin est toujours surprenante, voire multiple puisqu’une alternative est proposée dans les suppléments.

➤ « Split », Universal Pictures Video, 14,99 € le DVD, 17,99 € le blu-ray


mardi 11 juillet 2017

Livres de poche : intrigues à travers les siècles


Printemps 1728. On traîne un homme jeune, bien habillé, dans les rues de Londres, jusqu’à la potence de Tyburn. À son passage, la foule le raille, le traitant de meurtrier. Thomas Hawkins essaie de rester calme. Il est innocent. Il sait, bien sûr, que tout est de sa faute. Il était si heureux avec Kitty Sparks. Pourquoi s’est-il mis à fréquenter le criminel le plus dangereux de Londres ? Un polar dans l’entourage de la maîtresse du roi dans cette Angleterre que connaît si bien Antonia Hodgson.
➤ « La trahison de la reine », 10/18, 8,80 €

Panique à Paris, la peste est de retour ! Voltaire aussi ! Une maladie mystérieuse affole la capitale, et voilà notre philosophe assailli de toutes parts. Policiers et médecins sont à ses trousses, mais plus étrange encore, Voltaire est poursuivi par un Anglais nommé Hyde et par son frère Armand avec qui on le confond sans cesse. Grâce à la plume de Frédéric Lenormand, nous voilà à nouveau embarqués dans une réjouissante aventure du philosophe le plus pétulant de l’histoire de France.
➤ « Docteur Voltaire et Mister Hyde », Editions du Masque, 7,90 €

1871. L’heure de la Commune de Paris sonne. Une bande d’amis vit la fièvre de l’insurrection. Ils se nomment Vallès, Verlaine, Courbet, Gill, Marceau, Dana… Mais le temps des cerises s’achève dans le sang. Dana, en fuite, est condamné à mort. Son souvenir obsède Marceau. Trente ans plus tard, il croit le reconnaître parmi les figurants du premier western de l’histoire du cinématographe. Patrick Pécherot signe un roman noir où la verve populaire et le goût du mystère s’allient à la précision de la reconstitution historique.
➤ « Une plaie ouverte », Folio Policier, 7,20 €

lundi 10 juillet 2017

De choses et d'autres : La souris croquée au sommet du Chat

L’été, certains saisonniers, plutôt que de vendre des beignets sur la plage ou servir des moules à des touristes rouge écrevisse, se font embaucher sur la caravane publicitaire du Tour de France. Voilà un job royal. Fatigant mais original. Les plus anciens se souviennent d’Yvette Horner jouant de l’accordéon au sommet d’une camionnette. On a le public qu’on peut. Aujourd’hui les marques recherchent surtout de jolies hôtesses capables de sourire dix heures d’affilée sans que leur visage ne se transforme en masque d’effroi. Pas évident quand les plaisanteries salaces et autres gestes déplacés accompagnent leur passage en tenue légères, chaleur et élégance obligent.
Hier, parmi les partenaires, le Journal de Mickey a provoqué une grosse frayeur aux organisateurs. La souris mondialement célèbre, sur sa voiture rouge et jaune vantant la diversité de son hebdomadaire, redoutait une des difficultés de la Grande Boucle. Quand Mickey s’est engagé sur la route du Mont du Chat (col hors catégorie), la tension était à son comble.
Qui de la souris ou du chat l’emporterait ? KO technique pour le félin, ses pentes ayant rapidement mis à mal la boîte de vitesse de Mickey. Immobilisé sur la petite route sinueuse, tout le monde a paniqué. La souris, telle la sardine dans le port de Marseille, allait-elle bloquer le peloton ? Heureusement, la caravane publicitaire a beaucoup d’avance sur les coureurs et quand Warren Barguil puis Froome sont passés, la souris avait disparu dans son trou.

Chronique Parue lez 10 juillet en dernière page de l'Indépendant

Témoignage : Daniel Herrero raconte ses « Méditerranées »



Bandana rouge sur sa tignasse blanche, barbe fournie, le verbe haut, l’accent fier : Daniel Herrero ne passe pas inaperçu. Que cela soit au bord d’un terrain de rugby (sa première cour de récréation), à la télévision où dans ses livres, l’homme aux racines occitanes entre Toulon et Narbonne a voulu, dans ce livre d’entretiens avec José Lenzini, journaliste au Monde, raconter son pays, sa région, sa mer. Car Herrero ne se définit pas en fonction d’une langue, d’un pays ou d’une religion. Lui, il est Méditerranéen et le répète à l’envi dans ce livre d’une centaine de pages enrichi de peintures et croquis tracés par cet artiste multifacettes lors de ses périples tout autour de cette « Mare Nostrum » qui berce depuis la nuit des temps les peuples de notre région.
« Partout en Méditerranée, sur ses terres, sur ses bords de mer, sur ses côtes, partout je suis chez moi ». Une affirmation qui prend toute sa mesure en ces temps de vastes migrations, politiques, religieuses ou économiques. Cette région de la planète a de tout temps été un lieu de vie, de passage, d’échanges. De conflit aussi et Daniel Herrero ne l’occulte pas. Mais a aussi la farouche volonté d’en faire une force : « Le métissage ne m’effraie pas. J’ai quarante-deux mille ans de pères et de mères, de frères et de sœurs qui sont du bassin méditerranéen. » Un message d’espoir à ne pas négliger en ces temps difficiles de repli sur soi.
L’ancien rugbyman de Toulon, revient aussi sur son fameux look, identifiable, comme un de ces Indiens qui perdaient trop souvent dans les vieux westerns. « Ce bandeau rouge est-il un signe ? Oui. Ostentatoire ? J’espère que non, mais de fait possiblement, probablement même. »
■ « Sur toutes les bordures »
Dans le livre, Daniel Herrero parle beaucoup de son Papé, ce grand-père qui ne parlait quasiment pas le français, fier pourtant de son pays d’adoption. Un homme simple, authentique, vrai, comme on n’en rencontre plus beaucoup de nos jours. Enfin chez nous, car ailleurs Daniel Herrero en a croisé plusieurs, de la Kabylie à la Palestine. Et il n’a pas fini d’aller à leur rencontre : « Je vais passer ma vie à aller ailleurs, aller autour au sens propre du terme ; autour, parce que en plein centre, j’y vais peu. Je suis peu allé sur la mer mais j’ai mis les pieds sur toutes les bordures, avec l’idée qu’il y a encore un truc que je ne connais pas et qu’il faut que j’aille voir ».
Alors M. Herrero, encore merci de nous emmener un peu dans vos voyages lumineux. Comme la Méditerranée…
➤ « Mes Méditerranées » de Daniel Herrero, L’Aube, 12 €

dimanche 9 juillet 2017

BD : H. G. Wells et les monstres de Moreau



Dernier album de la série lancée autour des adaptations des romans fantastiques de H. G. Wells, « L’île du docteur Moreau » est la plus horrible, la plus pessimiste sur l’espèce humaine. Un naufragé se retrouve sur une île peuplée des créatures mi-bêtes, mi-hommes du docteur Moreau. La révolte gronde dans la meute. Le règne de Moreau va prendre fin. Mais le seul survivant, le naufragé, va choisir de poursuivre l’œuvre de domination humaine. En vain. Dobbs adapte le texte et permet à Fiorentino de signer de superbes planches entre jungle et monstres.
➤ « L’île du docteur Moreau », Glénat, 14,50 € 

samedi 8 juillet 2017

Bd : Stéphane Clément et l’art vivant



Daniel Ceppi, après des années de silence éditorial, a repris sa plume et lancé une série policière suisse. Pour cet album grand format, il a la bonne idée de ressusciter son personnage emblématique de Stéphane Clément. Le voyageur baroudeur s’est posé en Irlande avec sa compagne Cynthia. Mais lors d’un séjour à Genève, il se trouve mêlé à une série de crimes mystérieux. Le tueur semble mener une vengeance et transforme ses victimes en représentations de chair et de sang de peintures célèbres. D’où le titre de l’album, Lady of Shalott, toile de John William Waterhouse. Une intrigue pleine de références et de rebondissements pour un auteur qui n’a rien perdu de son talent.
➤ « Lady of Shalott », Le Lombard, 14,99 €