vendredi 31 août 2012

Et si vous changiez de réseau social ?

A l'heure où l'action Facebook joue au yo-yo, le leader mondial des réseaux sociaux doit faire face à l'arrivée de concurrents inspirés directement de son concept. Cet été est apparu, en version bêta, Thechangebook.org. Ça ressemble à Facebook, ça a le goût de Facebook, mais c'est différent. Les créateurs expliquent « Thechangebook fonctionne sans publicité. Il est financé par Actualutte qui est garant de la préservation de l'identité des membres du réseau. » Pour Actualutte, Facebook fait trop penser à un Big Brother puissance un milliard (le nombre d'abonnés), à l'affût des goûts de chacun pour ensuite revendre ces informations aux sociétés mercantiles.
La société de Mark Zuckerberg doit également faire face à une initiative élitiste. L'entrepreneur suédois Erik Wachtmeister va lancer un réseau social visant les « 1% au sommet », appelé Best of All Worlds. Selon M. Wachtmeister, « les 1% au sommet des internautes, des personnes qui sont en pointe dans leur domaine : banquiers d'affaires, gens de la communication et des médias, de la mode, de la politique... Il ne s'agit pas de la jet-set ou des riches, mais de gens sophistiqués qui ont bon goût ». Sympa pour les 99% restants.
Quant au meilleur, toujours pour la fin ! La semaine prochaine vous pourrez vous inscrire sur flèchebook, le réseau social du paléolithique. Un site dérivé de la série animée « Silex and the city » adaptée de la BD de Jul. Tous les soirs à 20 h 45 sur Arte à partir de lundi. A ne manquer sous aucun prétexte.
En bonus, très bonne interview de Jul sur France Info :


Jul : Silex and the City, un voyage au... par FranceInfo
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

jeudi 30 août 2012

Appétissante "Brioche" confectionnée par Caroline Vié pour Lattès

Caroline Vié, critique de cinéma, signe un premier roman plein de malice sur un milieu qu'elle connaît parfaitement
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Mais qui est cette brioche, personnage principal du roman ? Le lecteur, au fil des pages, tentera de mettre un nom sur cette star américaine, objet de tous les fantasmes de la narratrice. Tout le roman est bâti comme une longue lettre s'adressant directement à l'être adulé, jamais nommé, dont le nom est remplacé par trois points de suspension. Un jeu souvent amusant, parfois énervant tant il se complique et devient dramatique sur la fin.
La narratrice de « Brioche » est journaliste critique de cinéma. Un milieu que connaît très bien Caroline Vié, l'auteur, pour s'y être fait une signature depuis quelques années. On sent qu'une bonne partie du roman est directement inspiré de souvenirs réels. Interviews à la chaîne sous le dictat d'attachés de presse hystériques, invitation à des premières en province ou des festivals moins bling bling que Cannes : ces passages réjouiront les cinéphiles curieux des coulisses. C'est croqué avec humour et malice. Mais ce n'est que l'enrobage de l'histoire.

Coup de foudre
En fait, cette pigiste, toujours prête à dire oui à son rédacteur en chef, a un peu décroché de la réalité. Tout commence lors d'une séance de promotion d'un film où ce mystérieux acteur a le premier rôle. Il renverse son coca light sur le cachemire de la journaliste. S'excuse platement sans se rendre compte qu'il vient de déclencher une machine infernale nommée coup de foudre. En cours d'entretien, elle constate, mais sans oser lui dire de vive voix, « Ta beauté m'est apparue comme une évidence. J'ai compris ce que signifiait le mot perfection. Tu en étais le synonyme, mieux l'incarnation. Je ne voyais plus que la forme de tes lèvres charnues comme la guimauve des petits nounours en bombec. Je t'ai contemplé. Tu ressembles à une brioche. »

Cinéma et folie
Parmi les indices, la star a dix kilos de trop. Des rondeurs qui vont faire dérailler la critique. Elle ne vivra plus que dans l'attente d'une nouvelle rencontre. Passent quelques mois. Enfin le retour. Nouvelle rencontre. Joie, il la reconnaît. Mais cela ne va pas plus loin.
La journaliste, qui habituellement évite ces voyages organisés, accepte une invitation dans un festival exotique. Ce n'est pas la qualité de la sélection qui l'a décidée, simplement le fait que sa brioche préférée serait présente.
Après, sans trop en dévoiler, leurs relations se compliquent. Elle a enfin sa star pour elle toute seule. Mais pas sans quelques larmes. De lui : « Que tu as de la chance, mon amour, tu fais partie de cette rare catégorie que les larmes embellissent. Elles ne te défigurent pas. Elles coulent le long de tes cils recourbés laissant de longues traces salées sur tes joues. »
Ce premier roman de Caroline Vié parle de cinéma et de folie, deux sujets très semblables finalement.
Michel LITOUT
« Brioche » de Caroline Vié, Lattès, 17 €

mercredi 29 août 2012

Baldassare en Europe

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Suite de la superbe adaptation en BD du roman d'Amin Maalouf par Joël Alessandra. Baldassare, bouquiniste au Liban, acquiert par hasard le livre maudit, celui qui révèle le centième nom de Dieu. Il le vend à un noble Français et pris de remord décide de le récupérer. Après Constantinople, le héros se rend à Smyrne avant de prendre la direction de l'Europe, l'Italie, Amsterdam puis l'Angleterre. Le livre occupe toujours une place prépondérante, mais on suit aussi avec beaucoup d'intérêt l'histoire d'amour compliquée entre le bouquiniste et une veuve qui, finalement, ne l'est pas tant que cela... Un jeune héros qui a définitivement beaucoup de succès avec la gent féminine, partageant rapidement la couche d'une rousse irlandaise, propriétaire d'une taverne londonienne. Et pour les amateurs de bonne littérature, le nouveau roman d'Amin Maalouf, « Les désorientés », sort chez Grasset le 5 septembre.
« Le périple de Baldassare » (tome 2), Casterman, 14 €

lundi 27 août 2012

Lady Spitfire : la fille de l'air


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La guerre est une affaire d'hommes. Pas sûr en lisant cette BD écrite par Latour et dessinée par Maza. L'héroïne, Laure Chevalier, est une passionnée d'aviation. En 1940, avec son père un ancien as de la 1ere guerre mondiale, elle rejoint l'Angleterre pour échapper aux hordes nazies en train de déferler sur la France. Elle se retrouvera orpheline, avec une farouche volonté de se venger et de voler. Cantonnée au début dans les transports de troupes en dehors des zones de combat, Laure devra se faire passer pour un garçon afin d'intégrer une escadre de chasseurs. Avec la complicité d'un chef excentrique, elle prendra enfin les commandes d'un Spitfire et pourra démontrer sa virtuosité dans le combat aérien. Cette reconstitution romancée de la guerre côté anglais bénéficie de dessins réalistes dignes des plus grandes séries du genre, de Buck Danny aux Chevaliers du Ciel.

« Lady Spitfire » (tome 1), Delcourt, 14,30 €


dimanche 26 août 2012

Rire en marchant en compagnie des randonneurs de Cazenove et Jytery


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Dix ans que Cazenove écrit des scénarios humoristiques. Dix années, des milliers de gags, des séries à succès et toujours le même enthousiasme, la même simplicité qui fait mouche à chaque coup. Les éditions Bamboo ont tenu à lui rendre hommage cette année en éditant quelques albums en grand format. Mais cela n'a pas empêché ce stakhanoviste de la rigolade de signer des albums « normaux ». Les Fondus, sous le pinceau de Jytery, partent faire de la rando. Une source de situations cocasses pour cette bande qui a déjà fait rire des milliers de lecteurs en bricolant, jardinant ou à moto... Dans un style franco-belge du plus bel effet, vous suivrez des adeptes du trekking, capables de rejoindre le Népal à pied, ou s'émerveiller pour quelques particularités géologiques rares. Beaucoup présentent Cazenove comme le successeur de Cauvin. Il est vrai que comme le créateur des Femmes en Blanc ou de Cédric, il « dessine » ses scénarios.

« Les fondus de la rando », Bamboo, 10,60 €


samedi 25 août 2012

Chronique : Aimons-nous vivants

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Le Festival Trenet se déroule actuellement à Narbonne. Manifestation qui rend hommage à la chanson française. Le « fou chantant », décédé en 2001, reste très présent dans l'esprit des gens. Jeudi soir, Juliette Gréco était sur scène. Étonnement de Kevin (mon double virtuel, âgé de seulement 22 ans pour comprendre les djeuns et un peu limité question culture générale) : « j'croyais qu'elle était morte Juliette Gréco » Argl ! Je m'étrangle ! Non, cette grande dame de la chanson française continue les galas.
Kevin est victime d'un dommage collatéral des rumeurs infondées du net. L'interprète de « Déshabillez-moi » n'en a pas été la cible directe contrairement à certains. Rien que cet été Elie Seimoun est passé de vie à trépas en quelques tweets malveillants. Internet, friand de quizz, n'a pas encore osé lancer un questionnaire sur les chanteurs où les réponses seraient 1 : mort, 2 : vivant, 3 : prétendu mort, 4 : oublié. Exemples. Jacques Brel : mort (mais comme Trenet, on l'adule toujours). Johnny Hallyday : vivant (après une quasi résurrection). Pascal Sevran : prétendu mort... puis mort pour de bon. Charlotte Julian : vivante (et en tournée avec Age tendre). Stone et Charden : attention, il y a un piège, à moitié mort seulement.
En conclusion, comme le chante le grand poète François Valéry (vivant, mais un peu oublié quand même) « Aimons-nous vivants, n'attendons pas que la mort nous trouve du talent. » Bon, dans son cas, ça risque prendre du temps...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.
PS : Dans la version publiée ce vendredi matin j'évoquais brièvement les rumeurs sur l'état de santé de Jean-Luc Delarue. Tragique coïncidence, l'animateur de télévision est décédé cette nuit d'un cancer de l'estomac.

vendredi 24 août 2012

Vierge vengeresse, nouvel épisode du Zodiaque signé Corbeyran et Lannoy


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La série « Zodiaque » écrite par Corbeyran et illustrée par douze dessinateurs différents, est arrivée à mi-course. Après le Lion, c'est la Vierge qui est sous les projecteurs. Celle qui porte le talisman magique (le lien entre tous les albums) a l'apparence d'une petite employée de bureau russe. Quasi invisible, sans personnalité. Selena Takian a pourtant un un vice, un seul et unique vice : la littérature. La nuit, elle devient Elena Satanik et écrit des romans à succès « gorgés d'orgies décadentes et de meurtres épouvantables. » Sa vie va basculer à la fin d'une dédicace. Dans une rue déserte elle est enlevée par quelques moralisateurs. Ils improvisent un procès et condamnent Elena Satanik à la peine de mort. Ils risquent de le regretter un peu plus tard, le talisman de Selena lui permettant de fomenter une vengeance redoutable. Un peu faible au niveau du dessin de Nicolas Lannoy, cet album ravira cependant tous les amateurs de fantômes et de revenants.

« Zodiaque, le supplice de la vierge », Delcourt, 13,95 €


Cassoulet for ever

Si vous êtes en vacances dans la région et que vous avez envie de souvenirs typiques, voire exotiques pour tous ceux qui sont du nord de la Loire, ne manquez pas la fête du Cassoulet à Castelnaudary. Une semaine de réjouissances autour de ce plat local, sujet propice à toutes les blagues à base de « pets », « prouts » et autres « flatulences ». Le cassoulet a inspiré nombre de chansons. Le groupe Bistek s'y est essayé. « Ça pète » a souffert d'un titre réducteur malgré un air entraînant. Récemment, Régis Delapiège a enregistré « Cassoulet song ». Cette ritournelle très terroir joue sur tous les clichés véhiculés par ce plat roboratif à l'image très franchouillarde.

Pourtant le cassoulet a été une star du web mondial ces dernières années. La faute à des plaisantins qui ont déployé une immense banderole « Cassoulet for ever » dans la foule de supporters de Barack Obama en train de fêter la victoire du candidat démocrate. « Cassoulet, what is it ? » se sont demandés des internautes et toutes les télévisions US. Voilà comment le plat du Lauragais se retrouve associé au premier afro-américain élu à la tête du pays le plus puissant du monde. Le challenge, maintenant, c'est de réussir à convaincre Obama de participer à une cérémonie d'intronisation de la Grande confrérie du cassoulet. Avouons que cela aurait un impact médiatique énorme de voir Barack dire, la main tendue au-dessus de la cassole sacrée : « Yes, we can... soulet ! »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant mercredi 22 aout.

jeudi 23 août 2012

Rêves magiques dans le "Supplément d'âme" de Kokor


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Fable onirique, rêverie fantasmée, conte moderne... il est quasiment impossible de coller une étiquette sur ce roman graphique d'Alain Kokor. On ne peut, en refermant l'album, que constater qu'il y a une belle histoire d'amour et un homme mystérieux, sorte de dieu fuyant la publicité et toute forme d'adulation. Ce « dieu » incognito, est un petit employé de bureau, le visage caché par un chapeau. Il a changé la vie de milliers de personnes en racontant ses rêves. Tous ont prolongé ses songes, constatant qu'ils étaient tous liés, interdépendants. En parallèle, Kokor relate l'arrivée d'un jeune Français à Dublin. Il va croiser la route d'une artiste qui sculpte et dissémine un peu partout en ville, la nuit, des hommes-oiseaux directement inspirés des rêves de l'homme au chapeau. Il n'est pas nécessaire de tout comprendre, juste se laisser porter par les événements et les superbes couleurs directes de Kokor.

« Supplément d'âme », Futuropolis, 17 €


mercredi 22 août 2012

Australie sauvage dans "Down Under" de Sergeef et Pezzi


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Grands espaces. Grandes injustices. La colonisation de l'Australie est une formidable aventure. Régulièrement des auteurs vont puiser dans cette saga pour y trouver des personnages forts. Nathalie Sergeef, la scénariste de « Down Under » (les dessins sont de Fabio Pezzi), fait souffler le vent de la grande aventure sur l'outback australien. Après avoir présenté les principaux personnages, un orphelin irlandais et un migrant écossais, elle plante le décor du drame. Ian, de retour chez lui après sept années passées à Sydney, découvre que la propriété familiale a été spoliée par des Anglais. Le ton monte, il doit prendre la fuite et se cacher dans le désert. Il emporte dans ses bagages le jeune Lonan. Ce dernier sera adopté par une tribu aborigène. Vengeance, traquenard, trahison familiale : cette série est idéale pour voyager par procuration, dans le temps et l'espace.

« Down Under » (tome 1), Glénat, 13,90 €


mardi 21 août 2012

Les cartes nous montrent différents mondes

Vous n'êtes pas satisfait de vos vacances ? La destination touristique choisie n'a pas tenu ses promesses ? Vous auriez peut-être dû jeter un œil sur worldmapper.org avant de prendre vos billets. Réalisé par des universités américaines, ce site propose 400 cartes pour mieux prendre conscience de l'importance de chaque pays en fonction de données statistiques vérifiées. En faisant une relation entre population et données chiffrées, certains pays grossissent, d'autres s'amincissent. Au niveau du tourisme par exemple, on trouve en tête de classement Andorre et Monaco. Si l'esprit d'aventure vous incite à découvrir des régions peu fréquentées, foncez au Tadjikistan ou au Congo.


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Vous avez la phobie des tremblements de terre (carte ci-dessus) ? Évitez l'Arménie et le Guatemala.
Incapable de vous passer d'un hamburger frites : les USA sont faits pour vous. Contrairement à Cuba où la statue de Ronald McDonalds ne fait pas partie du paysage.

Parlons prix à présent. En fait de loyers peu élevés, le pays le plus avantageux est la... Libye. L'addition sera beaucoup plus salée au Luxembourg et au Japon.


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Plus sérieusement, ces cartes montrent l'incroyable écart entre le Nord et le Sud. La carte du PIB (ci-dessus) est constituée de trois zones obèses : les USA, le Japon et l'Europe de l'Ouest, l'Afrique est réduite à une simple ligne droite...

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A l'opposé, une carte recense les porteurs du Sida et montre un continent noir boursoufflé, prenant quasiment toute la place sur cette planisphère morbide.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.


Libérez vos livres

Nombre d'entre vous profitent des vacances pour se plonger avec délice dans la lecture. Une certaine littérature (dite de plage) ne manque pas l'occasion. Des histoires légères, sans prise de tête. Mais parfois on a envie de découvrir de nouveaux horizons. Le choix est délicat. Et coûteux. Heureusement il existe de gentils mécènes. Des adeptes du bookcrossing. Un livre lu et apprécié est fait pour être partagé. Ils l'abandonnent - lui rendent sa liberté - dans un lieu public. Sur un banc, sous un abribus... Il trouve généralement un nouveau propriétaire, ravi de l'aubaine. Quelques temps plus tard, il continuera son périple autour du monde. Le site internet dédié permet de suivre son parcours.

Autre technique en vogue : l'abandon pur et simple. Une blogueuse a même recensé « les 10 lieux où abandonner vos livres », de la salle d'attente d'un cabinet médical en passant par le vestiaire d'un club de sport. Raffinement suprême : faire correspondre le titre du bouquin avec l'endroit. Dans les travées d'Aimé-Giral ou de Domec, « Match aller » et « Match retour » (Flammarion) de Julien Capron seront du plus bel effet. « Unger Games » (Pocket Jeunesse) de Suzanne Collins remportera un succès inespéré dans un club de tir à l'arc. Laissez « Stupeur et tremblements » (Albin Michel) d'Amélie Nothomb chez un concessionnaire auto japonais et guettez les réactions. Et si vous voulez passer un message à votre insupportable voisin, n'importe quel album d'Achille Talon (Dargaud) fera l'affaire...
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant.
 

Guerre civile française dans Jour J de Pécau, Duval et Damien


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Mai 68, révolution, avortée, n'a finalement accouché que d'une souris. Dans la série de politique fiction « Jour J », Duval et Pécau ont imaginé une autre suite pour le mouvement étudiant. De Gaulle retrouvé mort à l'Elysée (attentat ou suicide ?), les deux France se retrouvent face à face. Certains militaires tentent d'en profiter pour mener un coup de force. Les armes parlent. La guerre civile se répand partout, rouges contres bleus. Après 8 années de guerre civile, l'ONU tente de calmer le jeu. Des troupes américaines encerclent Paris. L'album, dessiné par Damien, s'accroche aux basques de Oliver Nooman, un photographe de presse pour le Boston Globe. Il se retrouve au cœur des combats dans un Paris ravagé, partagé en zones contrôlées par différentes milices, de celle des intégristes religieux aux punks anarchistes. Un déchaînement de violence comme on en voit actuellement, mais à Bagdad... Particulièrement crédible, cette histoire démontre qu'aucun pays n'est à l'abri. Une étincelle parfois suffit pour embraser une Nation toute entière...

« Jour J, Paris brûle encore » (tome 8), Delcourt, 14,40 €


lundi 20 août 2012

Lax et Fournier racontent la saga d'une famille de l'Himalaya


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En altitude, on a l'impression que le temps ne coule pas de la même façon qu'au niveau de la mer. Il aura fallu quatre années de patience au lecteur pour découvrir la suite et la fin du récit de la vie de cette famille de simples paysans de l'Himalaya à la fin du XIXe siècle. Ecrite par Lax, cette saga est mis en images par Jean-Claude Fournier. Le créateur de Bizu, repreneur de Spirou et animateur des Cranibales, pour la première fois de sa longue carrière, se risquait au dessin réaliste. Dans les décors majestueux du toit du monde, ses aquarelles devenaient encore plus lumineuses. Coup d'essai, coup de maître. On peut donc désormais suivre la suite des péripéties d'un père à la recherche de son fils retiré dans un monastère. Accusé d'espionnage pour les Anglais, il est emprisonné. Le second fils, Resham, déserte l'armée coloniale pour aller le délivrer. Véritable road-movie sur les chemins de traverses, cet album simple et beau happe le lecteur comme rarement.

« Les chevaux du vent » (tome 2), Dupuis, 16,50 € (il existe une édition limitée et numérotée à 30 €)


dimanche 19 août 2012

Solitude aoûtienne

« C'est désert sur Twitter », « Plus un chat sur Facebook »... Pas de doute, nous voilà dans le ventre mou de l'été, cette période autour du 15 août où tout le monde se trouve « ailleurs ». S'il ne se passe plus grand chose sur les réseaux sociaux, on frôle la cohue dans la vraie vie, au bord des plages, dans les restaurants, sur les autoroutes...
Dans les entreprises aussi c'est le calme plat. Celles qui n'ont pas carrément fermé, tournent au ralenti. Certains services sont dépeuplés, voire sinistrés. La plupart du temps, cette situation particulière, un peu comme si l'on était dans l'œil du cyclone, est très appréciée. Exemple avec ce témoignage trouvé dans un forum sur les relations sociales: « Je prépare la rentrée dans des conditions exceptionnelles, tout est zen... Seul souci : il faut penser à arroser les plantes de tous les bureaux alentours. » Mais tout n'est pas rose. Des « sacrifiés » qui pensaient en profiter pour se la couler douce sont trop souvent débordés, obligés d'assumer les tâches de plusieurs personnes en même temps. Quand c'est prévu, passe encore, mais s'il s'agit du « cadeau surprise » que vous laissent des collègues, il y a de quoi râler. Une situation exceptionnelle et heureusement très éphémère. Vous verrez, dès ce lundi le vent va tourner. La rentrée revient sur les chapeaux de roue et le devant de la scène avec son cortège de tracas. Dans deux semaines on est en septembre ! Alors quelle que soit votre activité, profitez, vivez, souriez, c'est l'été !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant le samedi 18 août.

samedi 18 août 2012

Nicoby vante les vertus du chou breton...


Nicoby, ouessant, choux
Parfois, les dessinateurs de BD ont des opportunités qui ne se refusent pas. Un festival breton propose à Nicoby de passer deux semaines en résidence sur l'île d'Ouessant, dans l'ancien sémaphore d'un phare. Une nouvelle accueillie avec scepticisme par sa compagne : « Quand tu pars un week-end en festival, tu bouffes tellement que tu prends un kilo à chaque fois ». Nicoby a la solution : durant ces deux semaines il va faire un régime. A base de choux. Et c'est parti pour une quarantaine de pages, réalisées in-vivo, sur la mer, la pluie, les moutons, la pluie, les choux, la pluie et... les bonbons Haribo (parce-que mine de rien, les choux c'est pas super pour avoir sa dose quotidienne de sucre). Avec une science affirmée du gag et de la chute, Nicoby se met en scène dans cette quête de la ligne parfaite. Seul face à ses démons, il va sillonner l'île au guidon d'un vélo et finir dans d'horribles hallucinations en train de dialoguer avec un mouton qu'il verrait bien finir dans son assiette. Même accompagné de choux...

« Nicoby à Ouessant », 6 pieds sous terre », 11 €


jeudi 16 août 2012

Cocktail mexicain concocté par F. G. Haghenbeck

Acapulco, sa baie, ses stars. Tel est le cadre de la seconde enquête de Sunny Pascal, le privé spécialiste des cocktails imaginé par F. G. Haghenbeck.

Haghenbeck, sunny pascal, acapulco, cocktail, johnny weissmuller, ann margret, hollywood, DenoëlVous êtes plutôt « El diablo » ou « Rhum swizzle » ? Le premier cocktail est à base de téquila blanche alors que le second est un mélange de rhum doré et jus de fruits. Leur point commun ? Ils sont tous les deux dégustés par Sunny Pascal, le détective privé américano-mexicain dont les aventures sont écrites par F. G. Haghenbeck. Deux cocktails parmi la trentaine dont la recette et l'historique sont relatées en début de chaque chapitre.
Donc, on boit beaucoup dans ce roman policier d'action. Le héros mais aussi les quelques stars que l'auteur se permet de mettre en scène dans son roman. Sunny est envoyé à Acapulco par un producteur pour veiller sur Johnny Weissmuller. L'ancien champion olympique, devenue star de cinéma en interprétant le légendaire Tarzan, n'est plus très en cour à Hollywood. Il s'est quasi retiré à Acapulco, vivant dans un luxueux hôtel, couvert de dettes.

Acapulco et les stars
Sunny va découvrir un homme encore très robuste, capable d'ingurgiter des litres d'alcool sans jamais tituber. Éternel optimiste, toujours sûr de son charme et du pouvoir de sa gloire passée, il continue à vivre au dessus de ses moyens. Sunny jouera le rôle de chaperon durant le festival de cinéma qui bat son plein. Acapulco, station balnéaire mexicaine en plein essor, veut devenir l'égale de Cannes. Les stars sont légion, les truands aussi. Sunny constate rapidement que veiller sur le roi de la jungle n'est pas une partie de plaisir. Ils sont nombreux à vouloir lui mettre les bâtons dans les roues. Encore plus quand notre privé se retrouve propriétaire d'un attaché case bourré de billets verts.
L'intrigue devient plus complexe et ardue, un peu comme certains cocktails raffinés particulièrement difficiles à réaliser, encore plus à digérer.

Dans les bras d'Ann Margret
Sunny prendra des coups, échappera à des fusillades, à une bombe, sera menacé par la police. Mais il lui en faut beaucoup plus pour abandonner. Surtout quand traîne dans les parages la ravissante Ann Margrett. Starlette suédoise, elle vient de tourner un film avec Elvis Presley. Vivre une courte histoire d'amour aussi. Le cœur brisée par le rocker le plus célèbre du monde, Sunny sent qu'elle pourrait bien accepter de se consoler dans ses bras.
Second roman de F. G. Haghenbeck publié en France, « L'affaire tequila » est du même tonneau que « Martini Shoot » paru en 2011. Sous couvert de roman policier, l'auteur, un Mexicain par ailleurs scénariste de bande dessinée, en profite surtout pour faire revivre des gloires hollywoodiennes. Le portrait de Johnny Weissmuller est particulièrement touchant. Acteur par hasard, mondialement célèbre, dans le roman il semble davantage se souvenir (et regretter) de sa période olympique que hollywoodienne. Le vrai Weismuller semble resté dans les bassins de compétition. Il continue cependant à faire son cri à la demande, comme si le nageur savait que Tarzan serait toujours le plus fort, le plus aimé.
Michel LITOUT
« L'affaire tequila », F.G. Haghenbeck, Denoël, 20 €

mercredi 15 août 2012

Blanche Neige : un conte revisité par L'Hermenier et Looky pour Ankama


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C'est souvent avec les plus vieilles histoires que l'on fait les meilleurs plats. Nouvelle démonstration avec cette version de Blanche Neige imaginée par L'Hermenier et dessinée par Looky. La belle princesse devait devenir reine à la mort de son père. Mais sa belle mère, une sorcière, l'évince et prend le pouvoir. Promise à la mort, Blanche Neige est épargnée et trouve refuge chez des nains. Mais les nains de cette adaptation très héroic fantasy sont... cannibales. La jeune femme est en plus dotée de pouvoirs (elle dompte la neige) et peut parler avec les êtres merveilleux de la forêt. Cela donne un peu plus de péripéties à l'histoire originale et permet à Looky, le dessinateur de faire montre de tout son talent. Il utilise une technique inédite, modélisant les décors par ordinateur pour leur donner vie et dynamisme sous son crayon. Le résultat graphique est époustouflant.

« Blanche Neige », Ankama, 13,90 €




mardi 14 août 2012

Insaisissable Cassio de Desberg et Reculé au Lombard


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De toutes les séries historiques de Desberg, Cassio est celle qui offre le plus de possibilités de rebondissements à son scénariste. Cassio, bâtard aux pouvoirs médicinaux sans commune mesure, arrive à Rome. Il va retrouver dans l'entourage de l'empereur Antonin quelques uns de ses pires ennemis. Ceux-là même qui l'avaient laissé pour mort quelques mois plus tôt dans le quatrième tome de la série dessinée par Reculé. Mais Cassio réapparaît, et a bien l'intention de se venger. Ces deux tomes, constituant un cycle complet, racontent comment il s'est imposé à Rome et surtout s'est attiré des inimitiés mortelles. En parallèle, de nos jours, une archéologue est elle aussi sur les traces de Cassio. Des recherches qui sèment mort et désolation autour d'elle. Elle réchappe à divers guet-apens grâce aux interventions d'un mystérieux bienfaiteur. Et le lecteur de s'imaginer que Cassio a traversé les siècles. Mais ce n'est que pure spéculation, Desberg et Reculé ayant certainement d'autres développements à proposer aux fans (de plus en plus nombreux) de la série.

« Cassio » (tomes 5 et 6), Le Lombard, 12 €



lundi 13 août 2012

Leslie Plée : une ado mal dans sa peau parmi d'autres


Leslie Plée, Sac à dos et points noirs, Fluide G, adolescence, humour
Leslie Plée a eu 13 ans. Elle se souvient et nous fait partager ces années post-adolescence en banlieue anonyme, dans un collège comme les autres. Rien d'extraordinaire dans ses péripéties, juste un miroir exact des vagues à l'âme d'une fille pas toujours bien dans sa peau. Lunettes et petite taille lui gâchent la vie. Pourtant, par bien des aspects, elle est beaucoup plus mûre que des amies déjà réglées (la grande affaire) ou d'autres pour qui la masturbation ou l'art du baiser baveux n'ont plus aucun secret. Leslie a des côtés romantiques charmants. Elle tient un journal intime et n'ose pas dire à Alex combien elle l'aime... Avec ses meilleures amies, elle deviennent SS (sœurs de sang). Quinze jours en Allemagne pour un voyage linguistique vont lui permettre de découvrir qu'une Française, même petite, a des arguments imparables pour séduire les grands (dans tous les sens du terme) Allemands. Dessin simple et expressif, sensibilité à fleur de peau, petite touche d'humour : un album qui confirme le talent de croqueuse du réel de Leslie Plée.

« Points noirs et sac à dos », Fluide G., 12 €


dimanche 12 août 2012

Katherine Pancol en coffret

Katherine Pancol, coffret, livre de pocheVéritable phénomène d'édition de ces dernières années, la « saga des crocodiles » de Katherine Pancol est reprise dans un un magnifique coffret regroupant les 3 titres. Retrouvez les aventures de Joséphine Cortès, « une femme ordinaire confrontée aux péripéties ordinaires d'une vie de femme » dans « Les Yeux jaunes des crocodiles », « La Valse lente des tortues »

et le dernier épisode, le plus copieux, « Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ». Idéal pour un cadeau ou tout simplement renouveler des livres trop usés à force d'être lus et relus... (Le Livre de Poche, 24,90 €)


vendredi 10 août 2012

Monstres en famille avec David Safier aux Presses de la Cité

Personne ne peut accuser David Safier de manquer d'imagination. On pourrait même dire que dans « Sacrée famille », son petit dernier, elle est totalement débridée !

Sacrée famille, David Safier, Fabienne Huart, Fleuve Noir

En apparence, les Wünschmann sont une famille berlinoise tout ce qu'il y a de plus banal. Certes, Emma (la mère) a sacrifié une carrière alléchante dans l'édition pour cause d'amour... et de grossesse un rien plus précoce que prévu. Elle tient une petite librairie en perte de vitesse, secondée par Cheyenne (quel est son vrai prénom déjà ?), vieille routarde, un tour du monde et plein d'aventures -sexuelles surtout- à son actif.

Bien sûr, Franck, son mari, conseiller financier, est carrément surmené et rentre harassé tous les soirs. Sans plus profiter de grand chose de la vie. Et puis les enfants, Fée, 15 ans, s'empoigne (au figuré) allègrement avec sa mère, à qui elle ressemble comme deux gouttes d'eau. Mais l'une et l'autre préféreraient mourir plutôt que de l'admettre. Quant à Max, 12 ans, surdoué mais renfermé et tête de turc au collège d'une certaine Jacqueline. Laquelle, du haut de ses 15 ans, prend un malin plaisir à lui plonger régulièrement la tête dans les WC (peu reluisants) de la cour de récré.

Vous l'aurez compris, le bonheur n'est pas dans le pré.

Un jour, tout sourire, débarque dans la librairie une ancienne collègue d'Emma, qui a profité de la défection de celle-ci pour accaparer le poste mirifique que la maison d'édition lui proposait à Londres. Juste au moment où elle s'est retrouvée enceinte. Lena s'étend sur ses succès, ses voyages formidables avec auteurs, acteurs et people divers, ne laissant à Emma qu'un goût amer dans la bouche.

Néanmoins, pas complètement mauvaise, Lena propose à son ancienne copine d'assister à une soirée en compagnie de toute sa famille, histoire de faire connaissance avec Stephenie Meyer, auteur de Twilight, et peut-être, d'organiser une séance de dédicace dans sa librairie, pour relancer les affaires. « Ce lancement sera un événement considérable, m'expliqua Lena avec enthousiasme. Il y aura un buffet sublime, et des costumes de monstres tout à fait géniaux. »

Les monstres sortent de leur tanière

Reste à Emma de persuader sa tribu de l'accompagner. Une seule solution : elle les menace des pires représailles s'ils se dérobent. Et dans la foulée, s'en va louer des costumes pour ne pas déparer pendant la soirée. C'est ainsi que Fée, entourée de bandelettes, se transforme en momie égyptienne, Max en loup-garou, Frank en... Frankenstein et elle, en vampiresse premier choix !

Léger problème, arrivés au Ritz-Carlton, PERSONNE n'est déguisé. Et Lena éclate de rire en expliquant à Emma qu'en fait de monstres, elle parlait des déguisements des musiciens de l'orchestre. Cerise sur le gâteau, la rencontre avec l'auteur se passe on ne peut plus mal et les Wünschmann repartent la queue entre les jambes (pour Max du moins).

La pauvre Emma, déjà désespérée, se fait traiter de tous les noms par sa peu tendre famille et toute la smala regagne ainsi la voiture.

A force de se crier dessus, c'est à peine s'ils remarquent une vieille mendiante dépenaillée qui tend sa sébile à Emma-Dracula. « Toi avoir euro ? » « Vous ne voyez pas que je suis occupée à avoir une crise de nerf ? aboyai-je ». La vieille les regarde tous dans les yeux, leur assène leurs quatre vérités et sort une amulette en argent. « Je mourir dans trois jours, et vous pleurnicher ! ». « Vous pas vivre votre vie. Vous pas méritez vie ! ».

Lève son amulette vers le ciel, commence à psalmodier des incantations en latin et tout à coup c'est la fin du monde ! Eclairs, boule de feu qui se divise en quatre pour foncer droit sur chacun des Wünschmann pendant que la sorcière crie « Semper monster ».

Et voilà nos déguisés d'un soir monstres pour la vie !

A la recherche d'une vie perdue

La véritable aventure débute à ce moment-même, quand Emma et sa famille décident de poursuivre leur bourreau jusqu'en Transylvanie, où la vilaine sorcière désire finir ses jours.

Malgré, il faut bien l'avouer, une histoire quelque peu abracadabrante, David Safier avec sa « Sacrée famille » touche plusieurs points sensibles de la famille lambda. Il en arrive même à aborder les problèmes existentiels d'une bonne tranche de population ! Bourré d'humour, l'écriture actuelle, légère juste ce qu'il faut pour ce genre de roman, il réussit à nous tenir en haleine jusqu'au bout des pérégrinations de ses invraisemblables monstres. Et en vérité, n'est-ce pas ce qui en fait tout l'attrait ?

Fabienne HUART

« Sacrée famille !», David Safier, Presses de la Cité, 21 €.


mercredi 8 août 2012

Chronique d'un naufrage ou comment ne pas être sélectionné sur le Axe Boat

Axe Boat, soirée, jet set, canet, gruissan, argelès, déodorant, axe angels
Ce week-end j'ai failli découvrir les délices d'une soire privée digne de la jet-set. Failli seulement.
Le Axe boat faisant escale dans la région, j'ai élaboré différentes stratégies pour faire partie des 200 chanceux sélectionnés sur internet ou par les Axe Angels. Vendredi, à Gruissan, le rendez-vous avait lieu au quai des Thons. Lieu prémonitoire ? J'y serai dans mon élément. Comme la soirée est organisée par une marque de déodorant, je cessai d'en mettre depuis une semaine. J'y voyais un double avantage. Tout d'abord la preuve que j'ai besoin des produits Axe. Ensuite l'occasion de faire le vide autour de moi pour me faire remarquer. Raté, seuls les videurs m'ont repéré.
Canet, le lendemain, nouvelle tentative. Douché, rasé, pomponné, je m'habillai le plus djeuns possible (chemise hawaïenne et bermuda vert fluo) pour franchir les barrières et obtenir le saint Graal. Encore une fois, échec cuisant. Mon début de calvitie semble avoir été fatal dans l'ultime ligne droite.
Dernière occasion à Argelès dimanche. Je misai tout sur internet. Rien de plus facile que de se créer un faux profil Facebook. Bingo : Kevin Litout, né en 1988, obtenait le passe. Mais arrivé à l'embarcadère, les Axe Angels sentent l'entourloupe. Je ne ressemblais pas, mais alors vraiment pas du tout à l'athlétique blondinet dont j'avais piraté la photo sur un site de mannequins. Naufrage sur toute la ligne.




Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue ce mardi matin en dernière page de l'Indépendant.

mardi 7 août 2012

Raie-incarnation

Le piètre investissement dans les actions Facebook dont j'ai été victime dernièrement m'a fait accomplir un retour sur mon moi intérieur. Pourquoi gâcher sa vie sur de sordides considérations matérielles ? Le virtuel, n'est-il pas tout simplement le signe tangible de l'âme ? Totalement inculte côté religion, j'ai cherché des réponses sur internet. Le bouddhisme et son principe de réincarnation de l'âme dans le corps des animaux m'ont interpellé. Trop cool de revenir sur terre avec une apparence totalement différente. Encore faut-il soigner son karma pour pouvoir choisir la bonne race et et surtout l'endroit adéquat.

Je me verrais bien en poisson, en silure par exemple. Au Japon je suis vénéré tel un dieu. Penser à éviter le canal de la Robine où on massacre le « monstre tueur de canetons ».

Ou en chat. Ça doit être bien une vie de chat. A moins de tomber chez un geek qui va vous photographier sous toutes les coutures et vous exhiber sur le net accoutré en pom pom girl.

Reste la vache. La vache est sacrée en Inde. Tout lui est permis et personne ne lui fait le moindre mal. Mais avec ma veine je risque de me retrouver à pâturer paisiblement dans les Albères. Un arrêté préfectoral plus tard, mon âme sera à la recherche d'un autre corps, l'actuel ayant été abattu pour cause de divagation. Finalement je vais opter pour le volatile. Le goéland ou le pigeon. Je pourrai enfin me... « lâcher » impunément sur mes compatriotes.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue lundi en dernière page de l'Indépendant

lundi 6 août 2012

Deep de Betbeder et Pietrobon : une plongée dans le futur


deep, betbeder, pietrobon, soleil, plongée, fonds marins
Ambitieuse série de science-fiction, « Deep » de Betbeder (scénario) et Pietrobon (dessin) vous entraîne au fond des océans. Dans un futur proche, une multinationale tente de coloniser le monde du silence. Mais dans un premier temps encore-faut-il l'explorer. Une base dans le Pacifique observe et écoute. Elle sert de plateforme d'expériences. Elle est aux premières loges quand débute l'émission d'une fréquence depuis une fosse à plus de 10 000 mètres de profondeur. Ce signal agit sur les animaux. Des oies attaquent des avions, des baleines font couler des bateaux, des fous de Bassan déchiquètent des photographes. Que se passe-t-il exactement au fond des océans ? Les héros de la série, des chercheurs habitués à des conditions extrêmes vont se retrouver pris au piège dans la base. Avec un ennemi invisible mais dont l'armée est constituée des milliards d'organismes vivants dans l'océan. Les dessins très réalistes de Pietrobon renforcent la crédibilité de cette BD presque scientifique par certains aspects.

« Deep » (tome 1), Soleil, 13,95 €

dimanche 5 août 2012

Al Crane de Lauzier et Alexis, un cowboy en négatif


Al Crane, Alexis, Lauzier, Pilote, Fluide Glacial
Louées soient les éditions Fluide Glacial. En rééditant une intégrale des aventures d'Al Crane, elles remettent en lumière une des BD les plus politiquement incorrectes jamais publiées. Au scénario, Lauzier y déverse la causticité qui a fait le succès de ses « Tranches de vie ». Alexis, au dessin réaliste frôlant la perfection, transforme ces parodies de western en petits bijoux graphiques. Al Crane est l'archétype du cowboy solitaire. Il est parfois chasseur de primes, sait se servir de son colt, et pas que pour protéger la veuve et l'orphelin. En fait Al Crane n'a aucune morale. Dans son monde, certainement plus réaliste que l'imagerie populaire, les femmes sont des objets, les noirs de animaux et l'argent la seule chose qui compte. C'est parfois violent, très noir, toujours au second degré. Ces histoires courtes publiées durant les années 70 dans Pilote Mensuel préfiguraient le ton Fluide Glacial. Alexis y retrouva son vieux complice Gotlib. Quelques histoires de Superdupont pus tard, il cessait définitivement de dessiner pour cause de mort prématurée. Un très mauvais gag pour celui qui est toujours « directeur de conscience » du magazine d'Umour et Bandessinées.

« Al Crane », Fluide Glacial, 25 €


samedi 4 août 2012

Le Bookfighting peut-il devenir sport olympique ?

bookfighting, livres, jeux olympiques, combat
Les jeux olympiques, symboles de paix entre les nations par excellence, offrent paradoxalement à leur programme nombre de sports de combats voire d'armes tout court (épée, pistolet, carabine et arc...) De tous temps, les hommes inventent sans cesse des « armes par destination ».
Yves Duranthon, plasticien orléanais, publie à la rentrée « The Bookfighting Book », manuel pratique d'un sport venu de nulle part. Sur un terrain genre balle au prisonnier, deux combattants s'affrontent en se jetant des livres à la tête.
Sur son site de « post-littérature et sport de combat », l'auteur en détaille la philosophie : « Les livres eux-mêmes ne sont pas produits pour le combat, c’est une dernière chance qui leur est donnée avant le pilon. Les mots qu’ils contiennent vont briller à nouveau et les idées aussi belles et généreuses qu’ils renferment voler une dernière fois dans les airs… »
Dans les faits, le jeu s'avère assez violent. Les duellistes sont casqués, protégés par un plastron et une coquille. Un livre, même de poche, lancé avec efficacité peut occasionner des dégâts. Et des études scientifiques ont prouvé qu'il peut être projeté plus de 25 fois avant d'être complètement disloqué. L'occasion pour un gros pavé sirupeux à souhait de la collection Harlequin de prendre sa revanche sur le best-seller de Stéphane Hessel. Dans ce cas précis, 400 pages de niaiseries provoquent plus de dégâts que les 30 pages d'indignation du Résistant français.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET (MÊME L'ÉTÉ)" parue en dernière page de l'Indépendant ce vendredi.

vendredi 3 août 2012

Lorna, la femme géante selon Brüno


Lorna, Brüno, série Z, Pulp, Glénat, Treize étrange
Hommage au cinéma de série Z, cet album de Brüno ravira tous les amateurs de femme nue géante, de tarentule mutante, de star du porno et de savant fou. Dans son style de dessin épuré, très ligne claire renforcée par une bichromie élégante, l'auteur accumule les situations picaresques. Premier chapitre dans le désert. Une voiture en panne. L'homme tente de réparer, la femme en profite pour bronzer. Arrive un businesman en costard cravate venu de nulle part. Il boit un soda, drague la vacancière, se transforme en monstre arachnéen et les boulotte. Ensuite, on découvre le grand professionnalisme d'une actrice porno. Elle vient de refuser la demande en mariage d'un chimiste devenu milliardaire après avoir mis au point une pilule assurant un développement pénien quasi miraculeux. Et puis apparaît Lorna. Une femme nue qui ne passe pas inaperçue : elle mesure 50 mètres de haut. En fait c'est un robot construit par une intelligence extraterrestre. Tous les ingrédients se mélangent pour finir dans une catastrophe généralisée. Totalement déjantée et barrée, cette BD bénéficie d'une préface de Dionnet. C'est dire...

«Lorna», Treize Etrange, 17,25 €

mercredi 1 août 2012

"Ecume de sang", danse macabre signée Elizabeth Haynes

Une experte en pole dance abandonne les feux de la rampe pour la vie solitaire dans une péniche en Angleterre. Mais son passé la rattrape.



Elizabeth Haynes, pole dance, strip-tease, écume de sang, presses de la Cité, thrillerCertains personnages de romans policiers marquent leurs lecteurs. Gennie, l'héroïne de « Ecume de sang » d'Elizabeth Haynes fait indéniablement partie de cette catégorie. La jeune Anglaise est au centre de ce thriller complexe faisant régulièrement appel à des flashbacks. Normal, Gennie a totalement changé de vie depuis six mois. Cette ancienne executive woman vit désormais en ermite sur une vieille péniche qu'elle est en train de retaper.

Qui est exactement Gennie Shipley ? Et que cache-t-elle dans le fond de sa péniche ancrée sur un fleuve à quelques kilomètres de Londres ? L'auteur prend un malin plaisir à brouiller les cartes dans les premières pages de ce thriller. Gennie semble être une jeune femme timide et réservée. Elle vit seule sur une péniche qu'elle retape lentement. Pour la première fois, elle va tenter de renouer avec son ancienne vie, quand elle était une brillante commerciale dans une société informatique. Elle organise une soirée sur son bateau. Quelques amis de Londres font le déplacement. Des voisins de ponton sont également de la fête.



Mort d'une amie

Quand tout le monde est parti, elle se couche. Un bruit sur la coque la réveille. Avec une lampe elle va voir et découvre le cadavre de Caddy. Caddy, une ancienne collègue de Gennie. Une collègue de son travail de nuit. Gennie, pour arrondir ses fins de mois, était danseuse de Pole Dance dans un club huppé. En sous-vêtements affriolants, elle se trémoussait autour de cette barre d'acier sous les regards admiratifs de quelques messieurs en goguette. Elle nous en apprend d'ailleurs beaucoup sur cette danse « J'avais besoin d'un début spectaculaire pour capter leur attention. Ils bavardaient et riaient entre eux quand je commençai, mais ils s'interrompirent au bout d'une dizaine de secondes pour me consacrer toute leur attention. Verticale, bascule, grand écart avec rotation : mes cheveux volaient si vite en arc de cercle qu'ils auraient pu sentir le courant d'air. » Un petit boulot d'appoint le week-end mais qui rapporte gros. Quelques mois ont suffit pour qu'elle mette de côté la somme nécessaire pour l'achat de cette péniche.

Son passé la rattrape par l'entremise de Caddy. Et Gennie est inquiète car il lui semble évident que si Caddy a été assassinée puis jetée contre sa péniche, cela sonne comme un avertissement.

L'auteur joue habilement avec les nerfs des lecteurs, ne distillant que par petits bouts les éléments de l'intrigue. Quels sont ses rapports avec Dylan, un videur du club où elle officiait ? Pourquoi a-t-elle décidé de couper les ponts avec son ancienne activité ? Le personnage de Gennie apparaît de plus en plus complexe au fil des événements. Elle a peur, voudrait que Dylan revienne pour la protéger et tombe finalement dans les bras d'un jeune et beau policier. Mais c'est avant tout une femme libre, et c'est toute la force du roman.

Michel LITOUT

« Ecume de sang », Elizabeth Haynes, Presses de la Cité, 20 €