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mercredi 31 janvier 2024

BD - Quand les enfants esclaves deviennent presque des Dieux


Bénédiction ou malédiction ? Ils sont certains à se poser la question après être devenus des Semi-Déus, des presque dieux aux pouvoirs  magiques dans ce monde imaginé et dessiné par Juliette Fournier et Jean-Gaël Deschard. Dans ce royaume de Sayran, le pouvoir de la reine s'appuie sur les pouvoirs des Semi-Déus, des enfants aux dons extraordinaires. Asmodée en fait partie. 

Pourtant l'histoire de cette fillette n'est pas si heureuse que cela. Sa famille, de simples paysans, affamée après une mauvaise récolte, décide de la vendre contre de la nourriture. Asmodée sera transformée en petit monstre avec d'autres filles et garçons recueillis par le clergé. Elle a la possibilité de prendre l'apparence de qui elle veut. 

Pour l'instant son pouvoir ne sert qu'à réaliser des petits larcins avec une camarade qui a le don de dupliquer, temporairement, des objets. La fillette, pour s'acheter de belles tenues,change d'apparence et revend des objets d'art rares à des marchands cupides. 

Son destin va changer quand elle sera chargée de remplacer une importante personnalité du royaume. 

On apprécie dans cette BD de fantasy l'histoire simple et inventive, sans trop de magie mais toujours merveilleuse malgré tout. Les dessins, doux, finement colorés et très expressifs, apportent un plus dans le côté monde fantastique et onirique de la série. Sans oublier le message politique : les pouvoirs ne sont pas sans conséquence et impliquent une grande responsabilité des bénéficiaires. Un apprentissage qui pour l'instant n'est pas essentiel à Asmodée. 

"Les Semi-Déus" (tome 1), Vents d'Ouest, 56 pages, 11,95 €

lundi 15 avril 2013

BD - Tous les visages de Spirou

Rob-Vel
est le créateur de Spirou. Dessinateur français, embauché par Dupuis pour animer le journal qu'il venait de créer, Spirou devait incarner cette jeunesse espiègle et débrouillarde. Son métier lui permet de croiser quantité de personnes. Problème, le décor, le Moustic Hôtel, est trop réducteur.


Jijé, touche-à-tout et stakhanoviste de la planche à dessin reprend les destinées du personnage vedette de la revue à la faveur de la guerre. Premier ajout d'importance le personnage de Fantasio. Spirou, trop sérieux, se retrouve en duo avec un farfelu permettant de multiplier les situations cocasses. Les histoires sont courtes et résolument comiques.


Franquin
hérite de Spirou par défaut. Jijé, part aux USA avec l'espoir d'être embauché dans les studios Disney. Le jeune apprenti prend le relais en pleine histoire. Il lui faudra quelques années pour s'accaparer cet univers. Rapidement il lancera son héros dans des histoires plus longues, avec plus d'aventure, des intrigues complexes et des voyages. C'est l'âge d'or du personnage, avec l'arrivée du comte de Champignac, du Marsupilami de Zorglub ou de Zantafio.

Fournier est « désigné » pour succéder à Franquin, dépressif et accaparé par Gaston. Le jeune dessinateur breton imagine un Spirou plus impliqué dans le monde actuel. Son trait se bonifie rapidement. Problème : Franquin a refusé de céder le Marsupilami. Fournier est écarté après des albums jugés trop « politiques ». Trop à gauche et tiers-mondistes pour les héritiers Dupuis...

Nic, avec Cauvin au scénario, assure un court intérim. Dessin sommaire, histoires creuses, c'est une période (seulement trois albums) que les fans préfèrent oublier.


Tome et Janry,
reviennent aux sources. Ils admirent Franquin, son dessin, ses ambiances. Spirou repart sur de bonnes bases. La meilleure reprise pour beaucoup, la plus longue aussi. Mais comme Franquin, le duo va se désintéresser du héros principal pour les gags du Petit Spirou. Tout le monde croit à la fin de l'aventure après « Machine qui rêve », histoire où Spirou, devenu adulte, est dessiné de façon réaliste.

Morvan et Munuera vont relever le défi. Remettre Spirou au goût du jour. Le changement est radical. Un peu trop. En lorgnant vers la science-fiction la série perd des fans et n'en gagne pas assez...

Yoann et Vehlmann ont hérité depuis 2010 des destinées du groom le plus célèbre du monde de la bande dessinée. Ils ont trois albums à leur actif dont un, très sombre, se déroulant sur la Lune. 

  

dimanche 14 avril 2013

BD - Spirou : septante-cinq ans de groomeries

Spirou, personnage de bande dessinée et journal pour la jeunesse, fête en ce mois d'avril ses 75 ans. Gros plan sur le groom rouge.

Qu'est-ce qui est rouge, qui monte et qui descend ? Un groom dans un ascenseur. Quel est le groom rouge le plus célèbre au monde ? Spirou, pour toujours.
Personnage de bande dessinée lancé dans les pages de l'hebdomadaire éponyme en avril 1938, Spirou n'a quasiment pas cessé de vivre des aventures, dans la revue puis en albums. Une longévité due à ses propriétaires. Contrairement à Tintin, création d'Hergé qui ne lui aura pas survécu, Spirou, simple groom au Moustic Hôtel, est attaché aux éditions Dupuis. L'éditeur a toute latitude pour confier les rênes de la série au dessinateur de son choix. Si Spirou doit beaucoup de son succès planétaire au talent de Franquin, il a survécu quand le créateur de Gaston a jeté l'éponge. Un second âge d'or a même vu le jour avec l'arrivée de Tome et Janry aux manettes.
Aujourd'hui, les destinées de Spirou et Fantasio sont confiées à Vehlmann (scénario) et Yoann (dessin). Mais à côté de la série mère, plusieurs déclinaisons amplifient ce phénomène éditorial. D'abord le Petit Spirou, rejeton de Tome et Janry, continue d'amuser des millions de grands enfants dans des gags pleins de sous-entendus scabreux. Mais surtout Spirou, tel un monument national, est désormais revisité par des auteurs confirmés pour qu'ils donnent leur version du célèbre groom. Des albums en dehors du décompte, aux univers très diversifiés. C'est comme ça que Vehlmann a mis le pied à l'étrier. La plus belle réussite dans le genre est à mettre à l'actif d'Emile Bravo avec « Le journal d'un ingénu », sorte de jeunesse de Spirou à la sauce Jijé.

Pour ces 75 ans, les éditions Dupuis ont décidé de voir grand. Nouveauté en janvier : « Dans les griffes de la Vipère », réédition des histoires courtes introuvables de Rob-Vel ou du Spirou d'Yves Chaland, recueil de 200 hommages par les auteurs d'aujourd'hui dans « La galerie des illustres », expositions et tournée en Europe (étape à Montpellier en juillet). Sans oublier la clé de voute à cette incroyable saga éditoriale : Spirou, l'hebdomadaire découvreur de talents depuis quatre générations, encore diffusé à 60 000 exemplaires et dont une version numérique, « Spirou Z » sera lancée ce 23 avril, le jour anniversaire.
A 75 ans, Spirou n'a pas pris une ride. Et il a encore de beaux jours devant lui, l'univers de la série s'enrichissant à chaque reprise. Comme le bon vin, il se bonifie au fil des ans, des arômes nouveaux s'ajoutent aux anciens.
Dossier paru dans l'Indépendant le 6 aril 2013.
Demain : tous les visages de Spirou

jeudi 13 décembre 2012

BD - 2013, l'année Groom

Septante-cinq ans ! Spirou fête ses 75 ans en 2013. Le groom en rouge fait figure de grand ancien dans le monde de la BD franco-belge. Il a aussi la particularité de ne pas appartenir à son créateur, Rob-Vel, mais aux éditions Dupuis. Spirou a traversé les décennies passant de mains en mains. Avec cependant une période reine, quand Franquin s'est approprié le personnage après Jijé. La série a gagné en cohérence, en profondeur et en magie quand est apparu le Marsupilami. Spirou a également été dessiné par Fournier, Nic, Tome & Janry, Munuera et Yoann. 

La 53e aventure de Spirou et Fantasio, « Dans les griffes de la vipère » sera en librairie le 11 janvier. Premier étage d'une fusée à multiples moteurs qui sera en orbite vers novembre avec la parution de « La femme-léopard », le second Spirou par Yann et Schwartz, suite très attendue du « Groom vert-de-gris ».  

lundi 20 août 2012

BD - Lax et Fournier racontent la saga d'une famille de l'Himalaya


En altitude, on a l'impression que le temps ne coule pas de la même façon qu'au niveau de la mer. Il aura fallu quatre années de patience au lecteur pour découvrir la suite et la fin du récit de la vie de cette famille de simples paysans de l'Himalaya à la fin du XIXe siècle. 
Ecrite par Lax, cette saga est mis en images par Jean-Claude Fournier. Le créateur de Bizu, repreneur de Spirou et animateur des Cranibales, pour la première fois de sa longue carrière, se risquait au dessin réaliste. 
Dans les décors majestueux du toit du monde, ses aquarelles devenaient encore plus lumineuses. Coup d'essai, coup de maître. On peut donc désormais suivre la suite des péripéties d'un père à la recherche de son fils retiré dans un monastère. Accusé d'espionnage pour les Anglais, il est emprisonné. 
Le second fils, Resham, déserte l'armée coloniale pour aller le délivrer. Véritable road-movie sur les chemins de traverses, cet album simple et beau happe le lecteur comme rarement.

« Les chevaux du vent » (tome 2), Dupuis, 16,50 € (il existe une édition limitée et numérotée à 30 €)

mardi 11 novembre 2008

BD - Le Népal d'antan


La collection Aire Libre permet à des dessinateurs confirmés de se risquer dans un genre différent de leurs habitudes. Dernier en date à s'y risque, Jean-Claude Fournier qui entreprend de raconter la vie d'une famille népalaise, au XIXe siècle, sur un scénario de Lax. 

Fournier, créateur de Bizu, avait repris Spirou et Fantasio, après Franquin, puis animé les aventures culinaires de la Famille Crannibales. Nouveau style et nouvelle technique pour cet album éblouissant. On est notamment en admiration devant ces aquarelles, fidèles à la luminosité unique de ce pays montagneux.

« Les chevaux du vent » (tome 1), Dupuis, 14 € (existe également en édition luxe, avec un cahier supplémentaire, à 18 €) 

samedi 24 novembre 2007

Chronique - Jean-Louis Fournier parvient à nous faire rire avec sa psy

Une psychanalyse pour rire. C'est un peu ce qu'essaye de proposer Jean-Louis Fournier dans ce recueil d'histoires courtes.

Halte à la sinistrose de la vie quotidienne des psychanalystes. Malades, cessez de raconter vos malheurs, de vous plaindre. Tentez de la distraire et pourquoi pas de la faire sourire. Durant une année, Jean-Louis Fournier a consulté chaque lundi matin une psy qui lui semblait parfois bien triste. Plutôt que de revenir sur tous les événements sinistres qui forcément bâtissent une vie, il a pris le pari de la distraire. A chaque séance, il entreprend de lui raconter une histoire de sa veine. Avec beaucoup d'humour, mais très noir, dépression oblige. Car Jean-Louis Fournier ne va pas bien. Il le reconnaît, tente de se soigner, mais a peur d'entraîner dans sa noirceur envahissante cette charmante jeune femme dont il essaie lui aussi de cerner l'humeur.

Mystérieux silence

Chaque petite histoire est précédée de petites annotations sur l'état d'esprit de la seule personne qui aurait du profiter de ces nouvelles flash. Ainsi, le 15 mars, « ma psy a fermé les yeux pour m'écouter », le 19 avril, elle a « mis un tee-shirt rose et un jean ». Il se pose également beaucoup de questions sur cet être humain qui absorbe ses petits délires. Mais il n'aura jamais la réponse. Le 12 juillet, peu avant la séance, il se demande « Est-ce que ma psy sait faire la cuisine ? », à la fin de la séance du 20 septembre, il constate : « Elle est ailleurs... A quoi pense-t-elle ? A moi, j'espère. Ce serait la moindre des choses. »

Au fil des séances et de ces petites appréciations, on comprend que l'auteur ne peut s'empêcher de fantasmer un peu sur la statue qui l'écoute, pourtant faite de chair et de sentiments. Mais ce sera toujours peine perdue.

Alors il reste les histoires. Distrayantes certes mais aussi émouvantes. Comme l'histoire de cet homme si pressé de découvrir Paris du haut de la tour Eiffel. A force de gentillesse il parvient à dépasser énormément de personnes dans la longue file d'attente. Tous ceux qui l'ont laissé passé le croiseront un peu plus tard dans l'autre sens. Mais pour rejoindre la terre ferme il a délaissé les escaliers et ascenseurs pour emprunter la voie plus rapide et radicale des airs. L'histoire se termine par cette phrase : « Il était arrivé, le jeune homme pressé ». Et dans la foulée le patient constate « J'ai l'impression que ma psy a les yeux humides, mais il fait tellement sombre... »

Elle a peur de déranger

Il est beaucoup question de mort et d'abandon dans ces histoires. Jean-Louis Fournier fait rarement dans la gaudriole ou l'humour gaulois. Mais heureusement, il a disséminé dans cette année de consultations quelques petites perles qui elles prêtent réellement au sourire, voire au rire à gorge déployée comme la mésaventure arrivée à Hélène, venue passer quelques jours en hiver chez des amis habitant dans un chalet isolé, un véritable nid d'aigle. « Hélène a toujours peur de déranger » explique en préambule le narrateur. Hélène est discrète et veut tout le temps se faire oublier. Une montagne de modestie et de discrétion qui va pourtant se transformer en véritable catastrophe ambulante en quelques secondes. Cette nuit-là, Hélène n'a pas voulu allumer la lumière pour aller à la salle d'eau. Elle ne voulait pas déranger. Au regard des conséquences, ce fut une regrettable erreur.

On se régale de ces contes imaginés par Jean-Louis Fournier pour distraire sa psychanalyste, « froide comme la mer du Nord ». Elle ne semble pas beaucoup en profiter. Le lecteur, lui, appréciera et se dit que, finalement, si l'auteur rechute, ce ne sera pas perdu pour tout le monde.

« Histoires pour distraire ma psy », Jean-Louis Fournier, Anne Carrière, 17,50 €