Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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mardi 5 juin 2018
BD : Spirou, histoire d’une revue
Lancé en 1937, le journal de Spirou a quasiment été au rendez-vous toutes les semaines depuis 80 ans. La seule interruption aura été durant la seconde guerre mondiale. Un hebdomadaire qui est toujours très dynamique même si dans le numéro de cette semaine il annonce la «retraite du groom inventé par Rob-Vel, popularisé par Jijé, magnifié par Franquin et animé depuis quelques années par Vehlmann et Yoann après Fournier et Tome et Janry. Mais dans ce gros album de 300 pages au format à l’italienne signé François Ayroles, il n’est pas questions que de Spirou mais d’une façon, plus générale du journal qui porte son nom.
Ces Moments clés permettent de revivre un pan important de l’histoire de la bande dessinée. On apprécie particulièrement les passages sur l’apprentissage chez Jijé de Franquin, Morris et Will. Puis les idées loufoques d’Yvan Delporte, génial rédacteur en chef toujours à l’affût de nouveauté. Il y est aussi question de mini-récits, de cartes blanches, de Schtroumpfs et autres Tuniques Bleues. Parfois irrévérencieux, souvent admiratif, ces dessins amuseront, voire feront perler une larme au coin de l’œil, tous les nostalgiques de l’âge d’or de la BD franco-belge.
«Moments clés du journal de Spirou», Dupuis, 26 €
jeudi 18 juin 2015
BANDE DESSINÉE - Jijé, Masse et Taniguchi, trois auteurs au Panthéon du 9e art
Jijé pour l'école franco-belge, Francis Masse pour la BD underground et Jiro Taniguchi pour le manga : trois maîtres de la BD à l'honneur dans de gros volumes mettant en valeur leurs talents multiples et variés.
Jean Valhardi est le prototype du héros positif des années 40 à 60. Blond, intrépide, détective, toujours partant pour l'aventure, ses enquêtes ont longtemps été le rendez-vous préféré des lecteurs de l'hebdomadaire Spirou. Un peu tombé dans l'oubli, il revient au catalogue Dupuis dans la très belle collection des intégrales. Un premier volume de 260 pages, dont une cinquantaine d'introduction fruit des recherches de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernaut, grands historiens de la BD franco-belge, école de Marcinelle. Les 200 planches reprises dans ce tome 1 sont scénarisées par Jean Doisy et dessinées par Jijé. Cela couvre la période 1941-1946, années marquées par l'occupation allemande, la censure puis la libération de l'Europe. Pas de message politique, mais une formidable envie de liberté, d'évasion et de nouveaux paysages. Jijé commence à affiner son style réaliste. Il délaisse de plus en plus les rondeurs de Spirou pour muscler son héros et les méchants. Dans le plus pur style du feuilleton, les rebondissements, parfois improbables, sont légion. Pourtant ce modèle a ensuite inspiré des générations d'auteurs et c'est véritablement la source de la BD franco-belge que l'on retrouve dans ces planches, "nettoyées" par les studios Dupuis pour qu'elles retrouvent toute leur virtuosité de l'époque.
Dans un genre totalement différent, plongez dans l'univers déjanté de Francis Masse. Pape de l'underground français, il a dessiné des centaines d'histoires courtes dans diverses revues (Actuel, Charlie Mensuel, Métal Hurlant...) reprises dans ce qui est la somme de toutes ses recherches : l'Encyclopédie. Après une première édition dans les années 80, voici La Nouvelle encyclopédie, enrichie de dizaines d'histoires inédites et de reproductions de toiles, car Masse s'est de plus en plus tourné vers la peinture. Découvrir l'univers de Masse, son côté noir et abscons, ouvre tous les horizons. Un immense artiste à redécouvrir.
Enfin ne passez pas à côté de Ice Age, chronicle of the earth de Jiro Taniguchi. Le plus européen des auteurs de manga n'a jamais caché son admiration pour la SF "julevernienne". Au début des années 2000 il s'est consacré à cette vaste fresque présentant une terre glacée, au climat totalement déréglé. Le héros, Takéru, se lance dans une folle quête pour tenter de sauver ses proches. 280 pages denses et riches en inventions, première partie de ce diptyque que Taniguchi n'a pas véritablement achevé. Mais cette réédition en Français lui donnera peut-être l'occasion de se replonger dans cet univers très "Métal Hurlant".
"Jean Valhardi, l'intégrale" (tome 1), Dupuis, 35 €
"L'encyclopédie de Masse" (tome 2), Glénat, 35 €
"Ice Age, chronicle of the earth" (tome 1), Kana, 18 €
Jean Valhardi est le prototype du héros positif des années 40 à 60. Blond, intrépide, détective, toujours partant pour l'aventure, ses enquêtes ont longtemps été le rendez-vous préféré des lecteurs de l'hebdomadaire Spirou. Un peu tombé dans l'oubli, il revient au catalogue Dupuis dans la très belle collection des intégrales. Un premier volume de 260 pages, dont une cinquantaine d'introduction fruit des recherches de Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernaut, grands historiens de la BD franco-belge, école de Marcinelle. Les 200 planches reprises dans ce tome 1 sont scénarisées par Jean Doisy et dessinées par Jijé. Cela couvre la période 1941-1946, années marquées par l'occupation allemande, la censure puis la libération de l'Europe. Pas de message politique, mais une formidable envie de liberté, d'évasion et de nouveaux paysages. Jijé commence à affiner son style réaliste. Il délaisse de plus en plus les rondeurs de Spirou pour muscler son héros et les méchants. Dans le plus pur style du feuilleton, les rebondissements, parfois improbables, sont légion. Pourtant ce modèle a ensuite inspiré des générations d'auteurs et c'est véritablement la source de la BD franco-belge que l'on retrouve dans ces planches, "nettoyées" par les studios Dupuis pour qu'elles retrouvent toute leur virtuosité de l'époque.
Dans un genre totalement différent, plongez dans l'univers déjanté de Francis Masse. Pape de l'underground français, il a dessiné des centaines d'histoires courtes dans diverses revues (Actuel, Charlie Mensuel, Métal Hurlant...) reprises dans ce qui est la somme de toutes ses recherches : l'Encyclopédie. Après une première édition dans les années 80, voici La Nouvelle encyclopédie, enrichie de dizaines d'histoires inédites et de reproductions de toiles, car Masse s'est de plus en plus tourné vers la peinture. Découvrir l'univers de Masse, son côté noir et abscons, ouvre tous les horizons. Un immense artiste à redécouvrir.
Enfin ne passez pas à côté de Ice Age, chronicle of the earth de Jiro Taniguchi. Le plus européen des auteurs de manga n'a jamais caché son admiration pour la SF "julevernienne". Au début des années 2000 il s'est consacré à cette vaste fresque présentant une terre glacée, au climat totalement déréglé. Le héros, Takéru, se lance dans une folle quête pour tenter de sauver ses proches. 280 pages denses et riches en inventions, première partie de ce diptyque que Taniguchi n'a pas véritablement achevé. Mais cette réédition en Français lui donnera peut-être l'occasion de se replonger dans cet univers très "Métal Hurlant".
"Jean Valhardi, l'intégrale" (tome 1), Dupuis, 35 €
"L'encyclopédie de Masse" (tome 2), Glénat, 35 €
"Ice Age, chronicle of the earth" (tome 1), Kana, 18 €
samedi 20 avril 2013
BD - "La véritable histoire de Spirou" : Un pan de l'histoire européenne
Si Spirou a plusieurs papas, il n'a qu'un seul et unique propriétaire : Dupuis. Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernaut, historiens reconnus de la BD franco-belge, ont lancé le chantier de « La véritable histoire de Spirou » il y a quelques années. Un travail colossal dont la première partie, portant sur les années 1937 à 1941, dresse autant le portrait du groom rouge que la famille Dupuis. L'imprimeur belge de Marcinelle, dans la banlieue de Charleroi, pour faire fonctionner ses presses dans les années 30, multiplie les journaux. Moustique (humour) et Bonnes Soirées (famille) remportent un succès croissant. Mais Dupuis est absent du marché de la jeunesse très prometteur. Il décide d'éditer un hebdomadaire. En plus de quelques bandes dessinées américaines, il veut que le personnage principal soit une création propre. Il embauche, Rob-Vel, un dessinateur français, pour animer Spirou. Un groom rouge, espiègle et intrépide chargé de propager le bonne parole catholique.
Ce beau livre, richement illustré de fac similés de l'époque, dresse plus le portrait de cette famille d'entrepreneurs belges que du personnage vedette. Il est vrai que les histoires de Spirou, les premières années, sont peu consistantes. Par contre la vie du journal, animé par Jean Doisy, résistant très actif dans un pays où le rexisme, forme belge du fascisme, avait pris le pouvoir, est exemplaire des difficultés traversées par l'Europe.
Après une période d'interdiction, Spirou revient sous forme d'almanach avec un nouveau papa : Jijé. Et dans son sillage ce qui deviendra au fil des ans la fine fleur de la BD de l'école dite de Charleroi : Morris, Will et Franquin. A la libération Rob-Vel est oublié, Spirou est de retour avec un nouveau compagnon, Fantasio. Les bases sont placées par Jijé, la route est toute tracée par Franquin. Mais ce sera pour le prochain volume de cette « Véritable histoire de Spirou ».
« La véritable histoire de Spirou », Dupuis, 55 €
lundi 15 avril 2013
BD - Tous les visages de Spirou
Rob-Vel est le créateur de Spirou. Dessinateur français, embauché par Dupuis pour animer le journal qu'il venait de créer, Spirou devait incarner cette jeunesse espiègle et débrouillarde. Son métier lui permet de croiser quantité de personnes. Problème, le décor, le Moustic Hôtel, est trop réducteur.
Jijé, touche-à-tout et stakhanoviste de la planche à dessin reprend les destinées du personnage vedette de la revue à la faveur de la guerre. Premier ajout d'importance le personnage de Fantasio. Spirou, trop sérieux, se retrouve en duo avec un farfelu permettant de multiplier les situations cocasses. Les histoires sont courtes et résolument comiques.
Franquin hérite de Spirou par défaut. Jijé, part aux USA avec l'espoir d'être embauché dans les studios Disney. Le jeune apprenti prend le relais en pleine histoire. Il lui faudra quelques années pour s'accaparer cet univers. Rapidement il lancera son héros dans des histoires plus longues, avec plus d'aventure, des intrigues complexes et des voyages. C'est l'âge d'or du personnage, avec l'arrivée du comte de Champignac, du Marsupilami de Zorglub ou de Zantafio.
Fournier est « désigné » pour succéder à Franquin, dépressif et accaparé par Gaston. Le jeune dessinateur breton imagine un Spirou plus impliqué dans le monde actuel. Son trait se bonifie rapidement. Problème : Franquin a refusé de céder le Marsupilami. Fournier est écarté après des albums jugés trop « politiques ». Trop à gauche et tiers-mondistes pour les héritiers Dupuis...
Nic, avec Cauvin au scénario, assure un court intérim. Dessin sommaire, histoires creuses, c'est une période (seulement trois albums) que les fans préfèrent oublier.
Tome et Janry, reviennent aux sources. Ils admirent Franquin, son dessin, ses ambiances. Spirou repart sur de bonnes bases. La meilleure reprise pour beaucoup, la plus longue aussi. Mais comme Franquin, le duo va se désintéresser du héros principal pour les gags du Petit Spirou. Tout le monde croit à la fin de l'aventure après « Machine qui rêve », histoire où Spirou, devenu adulte, est dessiné de façon réaliste.
Morvan et Munuera vont relever le défi. Remettre Spirou au goût du jour. Le changement est radical. Un peu trop. En lorgnant vers la science-fiction la série perd des fans et n'en gagne pas assez...
Yoann et Vehlmann ont hérité depuis 2010 des destinées du groom le plus célèbre du monde de la bande dessinée. Ils ont trois albums à leur actif dont un, très sombre, se déroulant sur la Lune.
dimanche 14 avril 2013
BD - Spirou : septante-cinq ans de groomeries
Spirou, personnage de bande dessinée et journal pour la jeunesse, fête en ce mois d'avril ses 75 ans. Gros plan sur le groom rouge.
Qu'est-ce qui est rouge, qui monte et qui descend ? Un groom dans un ascenseur. Quel est le groom rouge le plus célèbre au monde ? Spirou, pour toujours.
Personnage de bande dessinée lancé dans les pages de l'hebdomadaire éponyme en avril 1938, Spirou n'a quasiment pas cessé de vivre des aventures, dans la revue puis en albums. Une longévité due à ses propriétaires. Contrairement à Tintin, création d'Hergé qui ne lui aura pas survécu, Spirou, simple groom au Moustic Hôtel, est attaché aux éditions Dupuis. L'éditeur a toute latitude pour confier les rênes de la série au dessinateur de son choix. Si Spirou doit beaucoup de son succès planétaire au talent de Franquin, il a survécu quand le créateur de Gaston a jeté l'éponge. Un second âge d'or a même vu le jour avec l'arrivée de Tome et Janry aux manettes.
Aujourd'hui, les destinées de Spirou et Fantasio sont confiées à Vehlmann (scénario) et Yoann (dessin). Mais à côté de la série mère, plusieurs déclinaisons amplifient ce phénomène éditorial. D'abord le Petit Spirou, rejeton de Tome et Janry, continue d'amuser des millions de grands enfants dans des gags pleins de sous-entendus scabreux. Mais surtout Spirou, tel un monument national, est désormais revisité par des auteurs confirmés pour qu'ils donnent leur version du célèbre groom. Des albums en dehors du décompte, aux univers très diversifiés. C'est comme ça que Vehlmann a mis le pied à l'étrier. La plus belle réussite dans le genre est à mettre à l'actif d'Emile Bravo avec « Le journal d'un ingénu », sorte de jeunesse de Spirou à la sauce Jijé.
Pour ces 75 ans, les éditions Dupuis ont décidé de voir grand. Nouveauté en janvier : « Dans les griffes de la Vipère », réédition des histoires courtes introuvables de Rob-Vel ou du Spirou d'Yves Chaland, recueil de 200 hommages par les auteurs d'aujourd'hui dans « La galerie des illustres », expositions et tournée en Europe (étape à Montpellier en juillet). Sans oublier la clé de voute à cette incroyable saga éditoriale : Spirou, l'hebdomadaire découvreur de talents depuis quatre générations, encore diffusé à 60 000 exemplaires et dont une version numérique, « Spirou Z » sera lancée ce 23 avril, le jour anniversaire.
A 75 ans, Spirou n'a pas pris une ride. Et il a encore de beaux jours devant lui, l'univers de la série s'enrichissant à chaque reprise. Comme le bon vin, il se bonifie au fil des ans, des arômes nouveaux s'ajoutent aux anciens.
Dossier paru dans l'Indépendant le 6 aril 2013.
Demain : tous les visages de Spirou
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jeudi 10 mai 2012
BD - "Gringos locos" : trois Belges en vadrouille
En 1948, craignant une troisième guerre mondiale nucléaire en Europe, le dessinateur Jijé décide de s'expatrier aux USA en compagnie de toute sa famille. Il emporte dans ses bagages deux jeunes auteurs, Morris et Franquin. Ce périple totalement délirant fait partie de la légende de la BD franco-belge.
Ces trois génies ne parviendront pas à se faire embaucher par les studios Walt Disney et trouveront une porte de sortie au Mexique, continuant leurs séries respectives (Spirou, Lucky Luke) depuis Tijuana. Yann, le scénariste, a cette idée d'album en tête depuis des années. Il a collecté les anecdotes de la bouche même de Franquin.
Dessinée par Schwartz, cette épopée est très romancée. Un peu trop au goût des héritiers qui ont bloqué la parution de l'album, puis obtenu le rajout d'un texte présentant « leur vérité ». Un complément documentaire qui enrichit cet album événement, très attendu et particulièrement réussi.
« Gringos locos », Dupuis, 14,95 €
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