mardi 31 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Bon appétit, sauf s'il y a des quenelles au menu du réveillon


quenelle, réveillon, PQ
Ce soir, on baffre ! Les menus de la Saint-Sylvestre sont réputés pour leur consistance. Le genre de repas qui débute en 2013 et se termine en 2014. Du recherché, avec titres ronflants et poétiques. Mais attention à ne pas vous faire avoir, parfois le contenu de l'assiette n'a qu'un lointain cousinage avec le met annoncé.
Genre « La Rissole Feuilletée de Tendre Pigeonneau au Foie Gras Grillé et Farce Fine Embeurrée de Chou Vert à la Truffe », soit une sorte de friand goût poulet avec du vert autour... Chez certains cela frise même l'escroquerie quand on recycle du surgelé. Les mini-brochettes de légumes confits (4,60 euros la boîte de 12) risquent de se transformer, une fois dégelées, en « Sarabande multicolore de légumes ensoleillés cuits lentement dans leur suc »
. Il y aura également des dindes au menu. Autour de la table aussi. Et forcément quelques dindons de la farce.
Méfiez-vous si dans le réveillon où vous êtes invité on propose en entrée des « boudins blancs au poisson carnassier roulé dans la farine ». En clair, vous allez devoir avaler des quenelles de brochet. La quenelle, pas forcément mauvaise, mais à l'arrière-goût particulièrement écœurant depuis quelques temps. Je sens qu'on va en manger des tonnes de cette quenelle en 2014.
Il se pourrait même que son zélateur se présente aux Européennes sous l'étiquette du Parti Quenellien. Quand je recevrai le matériel électoral du fameux parti, je saurai quoi en faire puisque c'est marqué dessus : aux toilettes le PQ !
Chronique "De choses et d'autres" parue en dernière page de l'Indépendant ce 31 décembre.

BD : Trolls hilarants

trolls, troy, lanfeust, arleston, mourier, waha, soelil
Si Arleston est omniprésent en cette fin d'année 2013 dans les bacs des libraires, il y a un album à ne pas manquer dans le lot : le tome 17 des Trolls de Troy. Il y donne libre cours à son humour dévastateur. Un yacht vogue près du village des Trolls. A bord la famille De Noyelle. Le petit dernier, Shapin, est à la recherche de son pouvoir magique. Il le fait fonctionner sans en mesurer les conséquences. Il échange ainsi les esprits de sa sœur, Kyrlande, avec celui de Waha. A partir de là, tout roule. Comment une noble snob va-t-elle s'adapter dans son corps de quasi trolle. A l'opposé, Waha résistera-t-elle dans cette enveloppe molle et grasse, sentant bon le savon fleuri ? Mourier anime l'ensemble avec une vigueur sans égale. Il prend de plus en plus de plaisir à dessiner les formes généreuses de ces femmes émancipées. Et de regretter une fois de plus que ce duo de génie n'ait pas été retenu pour reprendre Astérix...

« Trolls de Troy » (tome 17), Soleil, 13,95 €

lundi 30 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Rétr'horoscope de l'année 2014

sarkozy, météo, chômage, delarue
Exercices obligés de la presse en fin d'année : la rétro et l'horoscope. Dans un souci d'économiser le papier voici une tentative de mélange de genres : la rétro de l'année 2014 en fonction des prévisions des meilleurs astrologues.
Niveau météo, au début ça caille, puis ça se réchauffe et même ça brûle un peu. Rassurez-vous, tous les prévisionnistes annoncent une nouvelle chute des températures pour la fin d'année. Comme dans les sondages, il y a une marge d'erreur de plus ou moins 10° (là, sûr que j'ai tout juste).
Fin mars, le problème du travail le dimanche revient sur le tapis. Et pour une fois ce ne sont pas les salariés du privé qui trinquent mais les fonctionnaires préfectoraux et municipaux. Dans la foulée, le cours des communiqués saluant une « victoire électorale majeure » va exploser. Logique, pour les municipales, les frais de campagne sont remboursés dès que l'on obtient 5% des suffrages exprimés.
En cours d'année un « grand de la culture française » nous quitte. Statistiquement, ils seront même une dizaine. Non, je ne dévoilerai pas leur identité. La dernière fois que je me suis risqué à parler avec humour de la mort d'une célébrité, il était vivant quand j'écrivais les lignes et mort quand vous les lisiez le lendemain. Depuis, le fantôme de Jean-Luc Delarue me hante certaines nuits.
Enfin 2014 sera marqué par plusieurs retours. Dans le désordre : Nicolas Sarkozy, l'inversion de la courbe du chômage (saison 2), Nicolas Sarkozy, Guy Bedos et Nicolas Sarkozy.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

dimanche 29 décembre 2013

BD : "La brigade juive" ou quand un peuple prend les armes

Marvano, brigade juive, dargaud
Pour vaincre les Nazis, les Alliés ont mobilisé toutes leurs forces. Même les Juifs, pourtant sans pays à l'époque, ont participé à la victoire finale. En découvrant les horreurs des camps, Churchill a donné l'autorisation de former une brigade juive venue de Palestine. C'est l'histoire de ces hommes dévorés par un inouï désir de vengeance que raconte Marvano dans le premier tome intitulé « Vigilante ». On retrouve, durant l'été 45, au volant d'une jeep, Leslie Toliver, le pilote automobile de la série « Grand Prix » du même Marvano. Il a quitté l'écurie Mercedes et sillonne l'Europe de l'Est en compagnie d'Ari, un autre soldat de la brigade. Ils ne sont plus en service. Ils ont abandonné le drapeau britannique pour l'étoile de David et traquent les anciens SS tentant de se dissimuler dans la population. Ils sauvent également quelques Juifs, rescapés des camps de la mort mais rejetés par la population locale. Une BD très instructive sur une partie assez méconnue de la guerre et les prémices de la création de l'état hébreu et de son armée dont la brigade juive est l'ancêtre.

« La brigade juive » (tome 1), Dargaud, 13,99 €

samedi 28 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Stagiaires d'avenir

obama, génie, adolescent, shadok, ump
En politique, tout est bon pour faire parler de soi. Edouard Josse, 22 ans, jeune loup UMP de Lyon, en fait un peu trop. Les rédactions locales reçoivent un communiqué annonçant sa nomination au cabinet de Jean-François Copé, président du parti d'opposition. Belle promotion pour ce fer de lance de la Manif pour tous en Rhône-Alpes. Certains journalistes ont quand même la mauvaise idée de vérifier l'information. Et découvrent que cette « nomination » n'est en fait qu'un stage à partir du 1er juin... Certes, c'est tout à l'honneur d'Edouard Josse d'accepter de débuter au plus bas. Encore faut-il le reconnaître...
Il est d'autres stagiaires plus prometteurs. Joey Hudy, jeune Américain maniant les mathématiques comme d'autres leurs manettes de jeux vidéo, vient d'être recruté par Intel, le leader mondial des microprocesseurs, l'intelligence des ordinateurs. Simple stagiaire car il n'a que 16 ans. Mais si la loi américaine autorisait Intel à faire travailler des enfants, Joey aurait certainement bénéficié d'un CDI avec salaire annuel à cinq zéros. Le PDG d'Intel a découvert Joey à la Maison Blanche au cours de la présentation au président Barack Obama de son canon à air comprimé en PVC... On y voit le président US pomper frénétiquement, tel un Shadok, pour propulser une guimauve sur un mur de la Maison Blanche.
Joey a décroché un premier stage à Intel, mais il risque de céder aux appels des sirènes des fabricants d'armes dans peu de temps. Et là, on ne parlera plus de guimauve !

Chronique "De choses et d'autres" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant

vendredi 27 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Ô, temps, Au temps, Autant... pour moi

autant, au temps, expression, orthographe
Le site parodique « Le Gorafi » regorge d'informations loufoques mais totalement crédibles. En lisant l'article sur la polémique autour de l'orthographe de l'expression « Au temps pour moi/Autant pour moi », non seulement je ris, mais il me remet en mémoire une violente algarade familiale.
Selon un sondage (totalement bidon), « au travail, les Français perdent entre 2 heures et demie et 3 heures à se chamailler pour savoir qui a raison sur l'orthographe de l'expression autant pour moi/au temps pour moi. »
Il y a quelques mois, mon épouse, fine lettrée et respectueuse des directives de l'Académie française, dans une lettre à ses parents, ponctue une de ses phrases par « Au temps pour moi. » Courroux de sa mère au téléphone : « Il faut écrire autant pour moi. Ton professeur de français a dû se retourner dans sa tombe ! » Sûre de son fait, ma tendre et chère, vigilante relectrice de ces chroniques avant parution, explique les origines militaires et musicales de l'expression et n'en démord pas.
L'altercation s'envenime et frôle le « Defcon 2 » (soit à dix secondes du déclenchement du feu nucléaire). La fin des hostilités intervient quand mon épouse, magnanime, admet que les deux orthographes sont autorisées.
La suite de la conversation, plus consensuelle, se contente de la météo. « Quel temps fait-il au bord de la Méditerranée ? » demande ma belle-mère. Et c'est reparti : Le Gorafi termine son article en soulignant que « la majorité des Français dépenseraient un autre quart de leur durée de présence au travail à rechercher sur Internet l'orthographe de Méditerranée ».
Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

jeudi 26 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Bêtisiers, la télé du pauvre

bêtisier, d8, tf1, france2, nrj12, arte, comique
Les fêtes de fin d'année, les cadeaux, les gueules de bois, les bonnes résolutions... le bêtisier. En quelques années ce programme télé peu coûteux est devenu l'arme fatale des programmateurs. Car comme une gastro provoquée par des huîtres pas fraîches, le bêtisier s'est propagé sur toutes les chaînes.
Mardi soir, les solitaires en manque de bûches et de cadeaux pouvaient oublier leur déprime en zappant sur France 2, D8, TF1 et NRJ12. De 20 h 30 à 2 heures du matin, il n'y en avait que pour les fous rires impétueux, les chutes, lapsus et autres gaffes en direct. Cinq heures de rires assurés.
En théorie car dans la réalité, une fois qu'on enlève les transitions laborieuses des présentateurs sur le retour, il reste tout juste quatre heures d'images. Il faut encore y retrancher les trois heures vues et revues depuis des années et qui ne font même plus sourire tant on en connaît le dénouement par cœur. Reste une heure inédite. Ou presque. Internet est souvent passé par là et certaines séquences ont déjà fait le buzz.
En fait, un bêtisier, ce sont 30 minutes de nouveautés chaque année, qui tournent en boucle sur toutes les chaînes. C'est pas cher, ne demande aucune originalité et rapporte gros. La télé du pauvre par excellence. Pour preuve, certaines chaînes de la TNT déclinent le format à l'infini en cours d'année.
Seule Arte échappe à la mode. Pourtant qu'est-ce qu'on rigolerait en entendant Alain Finkielkraut confondre Freud avec Lacan ou le chef d'orchestre Erwin Ortner laisser passer un do dièse à la place d'un ré...

Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo
 Le grand bêtisier de D8, c'est cadeau !

mercredi 25 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : François Bayrou, ado turbulent

bayrou, chute, main, marine le pen, chirac, pau
« C'est une connerie d'adolescent ! » François Bayrou, 62 ans, les accumule. Il s'est grièvement blessé à la main en escaladant les grilles du stade de rugby de Pau. En quelques minutes, il est passé d'homme politique responsable briguant la présidence de la République à simple adolescent turbulent. Et paradoxalement il en devient 100 fois plus sympathique. Je lui prédis une remontée en flèche dans les sondages. Forcément, un sexagénaire assez casse-cou pour escalader un grillage haut de 2 m 50 semble beaucoup plus humain qu'un énarque excessivement prudent.
Il faut dire qu'il n'en est pas à son coup d'essai. Il y a 24 ans, il plonge malencontreusement dans une piscine... quasiment vide. Le bête accident domestique qui parle à tout le monde. François Bayrou l'a bien compris. Sur son lit d'hôpital, il pose pour la presse locale, la main bandée, et se moque de son imprudence. Être soi-même reste la meilleure façon de se rapprocher de ses électeurs.
En 1978, Jacques Chirac fait une sortie de route. Durant de long mois il se déplacera avec des béquilles. Comme tout convalescent.
Attention cependant, tout accident domestique n'est pas profitable électoralement. Si NKM se retourne un ongle en ouvrant une boîte de caviar, pas la peine d'alerter les faitdiversiers de service la nuit de Noël.
De même Marine Le Pen a eu raison de demeurer très discrète cet été sur sa chute dans une piscine. Une fracture du coccyx est beaucoup moins photogénique qu'une main bandée.

mardi 24 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Achats impossibles

En Angleterre, la direction des célèbres magasins Marks & Spencer permet à ses caissiers et caissières musulmans de refuser de servir les clients si ceux-ci achètent de l'alcool ou de la nourriture contenant du porc. Ils sont invités « le plus aimablement possible », à faire la queue dans une autre file.
Si on généralise et étend cette liberté, faire ses courses s'apparentera au parcours du combattant. J'imagine. Dans quelques années, je fais un peu de shopping à Londres. Dans mon caddy toutes sortes de produits. Reste maintenant à choisir la bonne caisse.
Pas la peine d'aller vers cette souriante jeune femme, son foulard indique clairement que ses fines mains tatouées au henné ne toucheront pas mes lardons.
Le suivant, avec son turban hindou, aura du mal à avaler l'entrecôte de bœuf du rayon boucherie. La caissière suivante porte une croix en or particulièrement voyante autour du cou. En temps normal, elle prend tout. Sauf qu'on est vendredi et que la viande est interdite en ce jour réservé au poisson.
Au quatrième essai tout se passe bien jusqu'à l'arrivée sur le tapis d'une coûteuse crème de nuit que je compte offrir à mon épouse. La caissière croise ostensiblement les bras, me foudroie du regard et explique sentencieusement : « Pour mettre au point ces cosmétiques, des animaux ont été torturés ! Je ne cautionnerai jamais ces pratiques ! »
Bon, j'ai compris, je remballe tout et me dirige vers une caisse automatique. Les robots au moins n'ont pas de conscience ni de religion. Ils sont juste très pointilleux et refusent tout code barre mal imprimé... Bad luck !

DE CHOSES ET D'AUTRES : série télé, de la fiction à la réalité

breaking bad, série, drogue
Pourquoi les séries télé américaines sont-elles plus intéressantes que les françaises ? Facile : les Français s'inspirent d'histoires tirées de la réalité. Les Américains eux, imaginent tout, et la fiction devient réalité. Les premiers sont en retard, les seconds en avance.
La preuve ? Prenez la série « Breaking Bad » diffusée actuellement sur Arte le vendredi soir. Lancée en 2008, elle raconte comment Walter White, un professeur de chimie atteint d'un cancer des poumons, se lance dans la fabrication de drogue de synthèse pour payer son traitement et assurer l'avenir de sa famille. Succès aidant, Breaking Bad a tenu 5 saisons, le final vient d'être diffusé aux USA.
Et semble avoir donné des idées à certains. Comme ce quinquagénaire condamné la semaine dernière à 12 ans de prison. Son nom : Walter White. Son délit : fabriquer de la méthamphétamine. La ressemblance physique est tout aussi frappante, le condamné arbore une barbe bien taillée comme le personnage principal de la série. Dernier détail qui tue, le vrai délinquant a failli mourir de la même façon que le personnage fictif. Mais je ne vous dirai pas comment ici, au risque de « spoiler » le dernier épisode.
En France, impossible de voir un tel fait divers : il ne se passe jamais rien d'exceptionnel dans les séries. Par contre la vraie vie regorge d'originalité comme le crash de l'hélicoptère en Gironde après la vente d'un domaine viticole ou le cannibale des Pyrénées, incroyable descente aux enfers d'un ancien militaire. Bientôt sur les écrans ?

lundi 23 décembre 2013

BD : Maëster, le maître

Athanagor Wurlitzer, glénat, maester
Il y a 30 ans, un drôle d'obsédé sexuel a fait ses premières apparitions dans les pages de Fluide Glacial. Athanagor Wurlitzer cherche l'âme sœur. Ce grand romantique a un gros problème : le sexe. La vue d'un décolleté, du galbe d'une cuisse ou de la rondeur d'une fesse ferme suffisent pour lui faire exploser les neurones. Et perdre tout sens commun. Bref, Athanagor est obsédé par le sexe, mais n'arrive jamais à conclure. Ces histoires courtes marquaient les quasi débuts d'un futur grand de la BD humoristique : Maëster. Histoires courtes délirantes, parodies de contes, conseils pratiques... ces 140 pages présentent l'intégralité de ses déboires libidineuses. Et comme les éditions Glénat ont décidé de faire les choses en grand pour cette réédition ultime (et en noir et blanc), le lecteur trouvera en fin de volume un cahier graphique avec quelques recherches et des couvertures du magazine créé par Gotlib. A l'époque, Maëster débutait, aujourd'hui c'est un maître.

« Athanagor Wurlitzer, obsédé sexuel » (intégrale), Glénat, 25,50 €

dimanche 22 décembre 2013

BD : Belles intégrales à offrir

500 histoires drôles en BD
intégrales, Tofield, bidouille, violette, hislaire, simon's cat, histoires drôles, glénat, vents d'ouest, fleuve noirEnvie de rigoler ? De beaucoup rigoler ? Ce recueil ultime est pour vous. Vous y trouverez 500 histoires drôles en BD étalées sur plus de 330 pages. Pas moins de 25 dessinateurs au sommaire et trois scénaristes. Découpé en chapitres thématiques, ce livre vous permettra de vous moquer des couples ou des toubibs sans oublier un très gros contingent de scénettes polissonnes. (Vents d'Ouest, 13,90 €)



Bidouille et Violette
intégrales, Tofield, bidouille, violette, hislaire, simon's cat, histoires drôles, glénat, vents d'ouest, fleuve noirSérie culte des années 80 dans le journal de Spirou, Bidouille et Violette revient dans une intégrale sous-titrée « Chronique mélancolique d'un premier amour ». Bernard Hislaire, jeune auteur complet, voulait casser les codes de la BD pour adolescents. Son personnage principal est un gros garçon timide, fils du tenancier d'une baraque à frites. Ses aventures ? Il n'y en a pas. Bidouille est simplement amoureux de la belle et évanescente Violette. Cet amour naïf, voire impossible, est une sorte de BD documentaire avant la lettre. On y retrouve toute la poésie de Hislaire, mais avec aussi la dureté de notre monde. C'est beau et triste à la fois. Conséquence, avec le temps, cette BD culte est devenue un classique. (Glénat, 38 €)

Le très gros livre de Simon's Cat

intégrales, Tofield, bidouille, violette, hislaire, simon's cat, histoires drôles, glénat, vents d'ouest, fleuve noirApparu dans des petits films animés sur le net, Simon's Cat a depuis conquis le marché du livre. Et comme ses histoires sont muettes, il inonde la planète entière. Pour ces fêtes de fin d'année retrouvez ce gros chat un peu nigaud, toujours partant pour faire une bêtise, dans un gros recueil de dessins et d'histoires courtes. En noir et blanc, Simon Tofield avec son trait simple et efficace, raconte les mille déboires d'un matou qu'on aimerait câliner tout en redoutant ses envies de destruction. Idéal pour tout public et tous les âges. (Fleuve Noir, 14,90 €)

samedi 21 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Voyages dangereux avec l'Atlas des lieux maudits

arthaud, lieux maudits, atlas, de Carrer
Dans la déferlante de beaux livres publiés pour la fin d'année, ne manquez pas cet « Atlas des lieux maudits » paru chez Arthaud. Olivier Le Carrer y liste une quarantaine de sites remarquables... et dangereux. Dans la région, vous découvrirez le mythique château de Montségur, dernier bastion des Cathares. L'auteur retrace l'épopée des « Parfaits » et leur chute. Montségur, surnommé la Synagogue de Satan par les inquisiteurs est en ruine, mais il reste à proximité des traces de ce bûcher où 200 hommes et femmes ont préféré mourir plutôt que d'abjurer leur foi. « L'émotion affleure partout dans ce site magnifique où tant de questions restent sans réponses... » En ce 21 décembre, jour du solstice d'hiver, il paraît que l'architecture du château de Montségur permettait « de spectaculaires jeux de lumières s'alignant dans l'ouverture des murailles, comme si les bâtisseurs avaient voulu faire de cette forteresse une sorte de calendrier astronomique. »
L'Atlas propose également des destinations plus lointaines comme Nauru, l'île gruyère, rongée par l'exploitation du phosphate. De paradis tropical au coeur du Pacifique Sud, Nauru s'est transformée en désert où « il ne reste plus trace de faune ni de flore. »

Afrique, Australie, Amériques, Asie, l'Atlas illustré de cartes anciennes, permet de voyager en imagination. Et de se dire que finalement, dommage qu'on n'ait qu'une vie pour ne pas tout visiter.  

vendredi 20 décembre 2013

BD : Atalante en Enfer

atalante, enfer, crisse, soleil
Blonde guerrière ayant le don de parler aux animaux, Atalante est devenue en quelques années une des héroïnes les plus populaires des éditions Soleil. Logique quand on sait que c'est Crisse qui a imaginé les péripéties de cette belle jeune femme aux rondeurs avantageuses mises en valeur dans son armure de cuir. Atalante est la seule femme de l'expédition mise en place par Jason pour conquérir la toison d'or. Le tome 6 de sa saga la plonge au cœur de l'enfer. Les Argonautes, après une terrible tempête, s'échouent sur une rivage inconnu. Ils sont attaqués par des morts-vivants. Un des guerriers, mordu, devient malade. Pour le sauver, il faut aller chercher un remède que seul Hadès, dieu des enfers, peut leur donner. Une expédition dangereuse mais qui ne fait pas peur à Atalante. Ces 46 pages, magistralement dessinées par Crisse, finalisées par Grey et mises en couleur par Besson, sont une plongée dans la noirceur des abysses infernales. Il faudra une bonne dose de courage, voire d'inconscience pour qu'Atalante découvre le remède. Reste à rejoindre la surface. Mais ce sera pour le prochain épisode...

« Atalante » (tome 6), Soleil, 13,95 €

jeudi 19 décembre 2013

De choses et d'autres : Drones contre cigognes et catapultes

La guerre est déclarée dans le secteur de la livraison à domicile. La faute à Amazon qui lance on ne peut plus sérieusement un tout nouveau service à base de drones. Vous commandez votre livre ou votre CD en ligne, un drone décolle et vous livre le colis sur votre pas de porte grâce aux miracles de la géolocalisation.

Amazon teste la livraison de paquets par des... par lemondefr

Bon, ça, c'est la théorie. En pratique il n'est pas encore venu le temps où des milliers de drones sillonneront le ciel des USA ou de France. Par contre la Poste prend les devants et offre à tous ses facteurs des leçons de tir. Objectif : dégommer les drones ni vu ni connu avant qu'ils n'arrivent à destination.
Un système qui a donné des idées à quelques librairies indépendantes françaises qui, si elles n'ont pas la puissance technologique d'Amazon, ne manquent pas d'idées. En Alsace, plusieurs d'entre elles vont dresser des cigognes pour assurer les livraisons. Les volatiles seront équipés d'une puce qui leur permettra de géolocaliser le smarphone du client afin de lui remettre son colis au plus vite.
En Angleterre, la livraison se fera par hiboux, en référence aux aventures du jeune Harry Potter.
La palme de la créativité revient à la librairie Delvaux, située à Provins. Dans un petit film mis en ligne sur son site, le libraire démontre toute l'efficacité de la livraison... par catapulte. Pourtant on n'est pas au mois d'avril. Tiens, en voilà une nouvelle idée : livrer grâce à des poissons sur les îles isolées.

BD : La vraie Médée selon Blandine Le Callet et Nancy Pena

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Médée fait partie de ces figures mythologiques réduites à deux ou trois événements. D'elle on connaît la mère qui tua ses enfants et la magicienne qui aida Jason à conquérir la toison d'or. Mais le personnage est beaucoup plus vaste et complexe. Ce que se sont essayées de raconter la romancière Blandine Le Callet et l'illustratrice Nancy Peña. Le premier tome permet au lecteur de découvrir l'enfance de Médée. Cette petite fille, très garçon manquée, joue dans les vastes jardins de son père, Aiétès, le roi de Colchide. Ce dernier se désespère car son seul descendant mâle, le jeune Absyrtos, est frêle et malade. Médée ferait une reine parfaite, mais à cette époque, les femmes brodent, les hommes guerroient. Médée, adolescente, deviendra disciple de la déesse Hécate. Elle y apprendra la magie et le secret des plantes, salvatrices ou mortelles. Dessin épuré et élégant pour une histoire toute centrée sur les interrogations d'une jeune femme, partagée entre son désir de liberté, sa soif d'apprendre et le poids de la famille. Car Médée, en plus d'être fille de roi, est petite-fille de Dieu et nièce de magicienne.

« Médée » (tome 1), Casterman, 15 €

mercredi 18 décembre 2013

BD : Michel Vaillant fait des étincelles

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Michel Vaillant au volant d'une voiture électrique ! Non, vous ne rêvez pas. Le héros de Jean Graton, aux voitures pétaradantes et vrombissantes, change de catégorie. Terminées les odeurs d'essence, place aux batteries aseptisées. Mais le champion automobile, repris par Denis Lapière (scénario) et Bourgne (dessin), ne va pas faire ses courses au Shopi en Autolib dans cet album intitulé « Voltage ». Il s'installe dans un prototype effilé et tente de battre le record de vitesse absolu. Objectif : plus de 700 km/h sur le lac salé, mieux qu'un moteur à explosion. Le volet technique de l'histoire (inspiré par l'écurie Venturi détentrice du vrai record) laisse cependant souvent la place aux déboires familiales du héros. Un père qui ne veut pas entendre parler de ces nouvelles technologies, un fils rebelle rejetant l'héritage, une femme inquiète et jalouse, des concurrents prêts à tout pour le faire échouer, une journaliste aussi jolie qu'intrigante... La vie de Michel Vaillant n'est pas toujours rose. Heureusement il parvient à oublier l'ensemble de ses soucis en prenant le volant. Nous, plus simplement, c'est en lisant ses aventures que cela va mieux.

« Michel Vaillant » (tome 2), Graton, 15,50 €

mardi 17 décembre 2013

Polar : Rancune de chasseurs par Pierric Guittaut

A la campagne, il y a des agriculteurs. Ils sont souvent chasseurs. Et ne tirent pas que sur des sangliers. Un polar rural signé Pierric Guittaut.

Pierric Guittaut, chasse, campagne, série noire, fille de la pluie, gallimardCe roman policier a des airs de « Canicule », le chef d'œuvre de Jean Vautrin. Le soleil en moins. La campagne décrite par Pierric Guittaut est en permanence noyée sous des trombes d'eau. Forêt humide, prairies marécageuses et chemins boueux forment le décor de cette intrigue verdoyante. Ce n'est pas un truand en cavale qui va perturber la vie des autochtones mais un clerc de notaire.
Hugues doit se rendre dans une ferme pour délivrer un acte officiel. Manque de chance, il tombe dans des embouteillages à la sortie de Nantes puis se perd sur le réseau départemental sous des trombes d'eau. Pour couronner le tout, il tombe en panne. C'est là qu'il la voie pour la première fois. Elle sort d'un bois. Le regarde quelques secondes et disparaît de nouveau sous les frondaisons. « Une femme. Sa longue chevelure ruisselante est plaquée sur son crâne. Les manches d'un gilet détrempé pendent de chaque côté d'une fine robe blanche à fleurs rougeâtres, transformée pour l'occasion en seconde peau moulante. Le tissu gorgé d'eau laisse voir par transparence le triangle blanc d'une culotte de coton, l'œil sombre d'un nombril et les formes lourdes d'une poitrine capiteuse. » L'apparition fugace va hanter l'esprit de Hugues.

Battue au sanglier
Le clerc de notaire va voir la chance tourner avec l'arrivée de Sébastien Girard. Ce jeune paysan du cru va le dépanner. Remorquer la voiture jusqu'à la ferme, offrir gite et couvert au citadin perdu. Le lendemain, il sera assez convaincant pour faire découvrir à Hugues une battue aux sangliers. Le jeune notaire a un train dans quelques heures, mais accepte quand même. Cela lui fera une anecdote à raconter à son retour en terres civilisées.
Pierric Guittaut, romancier mais également chasseur, décrit avec soin, force détails et termes techniques du cru la partie de chasse, le travail des chiens, des rabatteurs et des tireurs postés à l'orée. Jusqu'au coup de feu et la mort du gibier : « Un sanglier. L'animal est couché sur le flanc et ses petits yeux noirs ouverts ne sont plus qu'une lucarne vide sur un monde intérieur éteint. Son groin et sa gueule sont souillés de sang frais, dont le rouge vif éclate au milieu du poil dru de sa tête oscillant entre le brun sombre, le blond et le gris. » Un cochon de moins. Un chien aussi. Celui de Sébastien. Abattu volontairement par un mystérieux tireur.
Hugues va se retrouver au centre d'une vendetta entre deux familles, deux exploitations voisines aux lourds antécédents et secrets familiaux encore plus pesants.
Qui a tué le chien ? Qui est cette femme des bois ? Hugues va-t-il rester longtemps dans cette campagne isolée ? Le lecteur est happé par l'intrigue imaginée par l'auteur alors que le personnage principal, au contact de ces êtres frustres aux désirs primaires, semble se départir de sa raison, de son discernement pour lui aussi basculer dans la folie de l'instinct. Et comme les armes pullulent dans ce milieu de chasseurs, ce ne sera pas sans dégâts collatéraux. Des traces de sang et de boue vont se répandre derrière la course de cette « Fille de la pluie. »
Michel LITOUT

« La fille de la pluie », Pierric Guittaut, Série Noire Gallimard, 14,90 €

lundi 16 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Boules et sapin

Les mathématiques, souvent honnies par les élèves, servent pourtant à tout, partout. La preuve avec les recherches de Gordon Hunter, un expert de l'université Kingston à Londres. Il vient d'élaborer la méthode infaillible pour choisir... son sapin de Noël. A la base, une grande chaîne de jardinerie britannique lance un concours pour permettre à ses clients de choisir facilement le sapin de Noël adéquat. Gordon duplique une méthode scientifique utilisée pour résoudre les problèmes complexes. En quatre questions, le client ne peut pas se tromper. La première est toute simple : « Préférez-vous un arbre naturel ? » Si vous répondez non, cap sur le rayon des arbres artificiels. En répondant oui, il vous reste trois étapes à franchir autour de choix clés comme l'odeur, le style et la taille. Gordon Hunter baptise sa formule mathématique « l'arbre décisionnel de Noël ». Il est certes moins joli et poétique qu'un Nordmann bien touffu ou un Epicéa à la bonne odeur de résine, mais dans la petite sphère des mathématiciens, il a son charme.

Maintenant la question qui me turlupine c'est boules ou pas boules ? Les guirlandes, d'accord, mais les boules... Et au sommet, une étoile ou un personnage ? Et puis où le placer ce sapin ? Près de la cheminée il ferait son effet, mais gare à l'incendie. Sans compter la perte précoce d'aiguilles en raison de la chaleur... Finalement je vais procéder comme l'an dernier : laisser toutes les décos dans un carton au fond du garage. 

BD : Zarkass, la planète aux calembours


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Dans la vague d'adaptation des romans de Stefan Wul aux éditions Ankama, une série détonne. Si Niourk, La peur géante et Oms en série sont fidèles aux romans de SF de l'écrivain français, Piège sur Zarkass prend beaucoup plus de liberté. La faute à Yann, le scénariste, incorrigible plaisantin qui retrouve au passage un peu de son esprit « Hauts de pages » repris dans une belle réédition chez Dargaud. Sur la planète Zarkass, les colons humains (humaines exactement puisque dans ce futur imaginaire la gent féminine a enfin le pouvoir absolu) tentent de mettre la main sur un vaisseau extraterrestre abandonné en pleine jungle. Ce sera la mission de Marcel et Louis, accortes aventurières aux prénoms masculins mais aux formes délicieusement féminines sous le pinceau élégant de Didier Cassegrain. Il y a l'intrigue. Et tous les à-côtés imaginés par Yann. Prenez le temps de savourer les jeux de mots et clins d'œil placés par le scénariste. Vous y trouverez (en vrac) des allusions au rédacteur en chef de Spirou, aux paroles de la Marseillaise, à Lewis Trondheim et même au Major Jones, personnage de la série XIII dont Yann a imaginé par ailleurs l'enfance. Jubilatoire !  

« Piège sur Zarkass » (tome 2), Ankama, 13,90 €

dimanche 15 décembre 2013

BD : Le retour du requin par Schultheiss


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Plus de 20 ans après, Matthias Schultheiss reprend sa série phare en France : « Le rêve du requin ». Ce thriller hyper violent se déroulant en Afrique était emblématique de la BD adulte de la fin des années 80. Exit les bons sentiments, place à l'action. Même si au final le héros parvenait à s'en tirer en compagnie de sa belle. On les retrouve sur un bateau voguant sur l'océan Indien vers un avenir meilleur. Lambert et Sarah ne sont pourtant qu'au début de leurs nouvelles péripéties. Tragiques. Un cyclone se place en travers de leur chemin. La belle histoire d'amour est engloutie par une vague géante... Résultat Lambert se retrouve de nouveau seul sur une épave, redevenu bête pour survivre. Là, Schultheiss se déchaîne de nouveau dans des planches, désormais en couleurs directes mais tout aussi extrêmes. Notamment quand le héros se bat au corps à corps avec un requin, un grand bleu qui ne voit dans l'humain qu'un peu de chair fraîche alors que c'est la mort qu'il croise. Lambert, increvable et fou, mord à pleines dents ses proies comme le poisson dont il a volé la force. Un album à ne pas mettre entre toutes les mains, violence oblige.

« Le rêve du requin » (cycle 2, tome 1), Glénat, 13,90 €

samedi 14 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Pyjama vert pour Dany Laferrière

dany laferrière, grasset, académie françaiseDany Laferrière vient d'être élu à l'Académie française. Écrivain québécois d'origine haïtienne, il a été désigné dès le premier tour de scrutin. Drôle de personnage que les académiciens vont accueillir là. Il connaît le succès dès son premier roman, déjà en partie autobiographique, intitulé "Comment faire l'amour avec un nègre sans se fatiguer". De l'autofiction avant la lettre, mais avec un côté sexe et exotisme qui conquiert un large public, féminin essentiellement...
Il poursuit dans la même veine avec "Le goût des jeunes filles". Dans "Je suis un écrivain japonais" il se penche sur son statut de créateur. Sur son universalité aussi. S'il écrit en français, il est d'origine caribéenne, vit au Canada et dans ce roman se passionne pour la culture japonaise.
Son dernier livre paru chez Grasset en septembre dernier, "Journal d'un écrivain en pyjama", n'est pas tant un roman qu'un véritable manuel du parfait apprenti écrivain. En près de 200 fiches, quasi pratiques, il aborde tous les sujets, de l'idée de départ du roman, à la finalisation du texte en passant par les relations avec l'éditeur et même la presse. Souvent drôle, toujours instructive, on découvre une radiographie exhaustive d'un métier qu'il prétend manuel. En préambule, il explique qu'il n'écrit pas à son bureau mais dans son "lit, le dos appuyé contre deux oreillers". Des notes prises "en pyjama jaune à rayures bleues".
Il me tarde de voir l'entrée solennelle de Dany Laferrière à l'Académie française. En espérant qu'il troque le classique uniforme pour un pyjama vert aux parements dorés.


BD : Justicière de cape et d'épée en rose écarlate

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Maud, la belle héroïne masquée de la Rose écarlate, remporte un succès grandissant. Patricia Lyfoung, la scénariste et dessinatrice de cette série sentimentale de cape et d'épée fortement teintée de manga, déborde d'idées. Elle a donc décidé de confier des « Missions » à une dessinatrice pour satisfaire l'impatience des fans. Jenny (Pink Diary et Mathilde) a su couler son trait dans le style de la créatrice de la série. Les Missions seront en deux parties. Le premier tome du « Spectre de la Bastille » inaugure la série. Maud, justicière qui prend aux riches pour redistribuer aux pauvres, est fiancée avec Guilhem. Ils viennent de rentrer de Turquie et Guilhem est contacté par une ancienne amie d'enfance, la rousse et généreuse Adèle. Crise de jalousie de Maud qui suit les deux amis. Bien lui en prend puisqu'elle sauve sa jeune rivale des griffes de mystérieux fantômes blancs sévissant depuis quelques semaines dans les bas-fonds de Paris. Destinée aux adolescents amoureux de romance et d'action, cette série, tout en restant une opération commerciale évidente, se laisse lire avec plaisir.

« La rose écarlate - Missions » (tome 1), Delcourt, 10,95 €

vendredi 13 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Toujours plus faux

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Pour beaucoup c'est l'imposture du siècle. Renvoyés à leurs études les Laurent Baffie et autres Jean-Yves Lafesse, petits braquets du rire français.
Lors de l'hommage mondial à Nelson Mandela, un inconnu s'est fait passer pour le traducteur en langage sourd et malentendant des discours prononcés à la tribune. A deux mètres d'Obama, il a gesticulé à qui mieux mieux. Mouvements des mains et des bras censés traduire l'hommage de l'homme le plus puissant de la planète. En fait, des gestes dénués de toute signification. Un bras d'honneur mondial, en langage codé !
Cet exemple planétaire prouve qu'à l'heure des grandes oreilles de la NSA, des milliers de caméras de vidéo surveillance et des fichiers secrets toujours plus précis sur notre vie privée, un petit plaisantin parvient à tromper tout le monde. Et devant des millions de téléspectateurs...
La recrudescence de ces impostures est flagrante. Hier par exemple, je tombe, complètement éberlué, sur les photos du premier Noël du petit Prince George. Affublé de fausses cornes de renne, il découvre ses jouets dans les bras de sa mère, avec son oncle Harry déguisé en père Noël et son arrière-grand-mère, The Queen, une coupe de champagne rosé à la main. Impossible de faire plus kitsch. Comme pour l'interprète, plus c'est gros et plus c'est crédible. En fait cette série de photos d'Alison Jackson est une commande pour une boisson gazeuse anglaise. Il ne s'agit pas de champagne rosé, mais de jus de fruit pétillant. Et pas la moindre famille royale en scène, mais des sosies.
Chronique "De choses et d'autres" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant.

BD : Lanfeust en fuite

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Rien ne va plus pour Lanfeust. Dans la cité de Troy, le jeune héros qui a le pouvoir de faire fondre l'acier, est surnommé « Lanfeust le criminel ». Durant ces 48 pages dessinées par Tarquin, il lutte pour devenir aux yeux de tous « Lanfeust l'innocent ». Possédé par une entité noire, Lylth l'éternelle, venue de la portes des étoiles, Lanfeust a tué le sage Nicolède. En fuite, il cherche l'unique témoin de son envoutement, un certain Riplëh. Il devra faire appel à son ami le Magohamoth, animal marin gigantesque à l'origine de toute la magie de Troy. Des péripéties multiples en compagnie de son fidèle Hébus, le troll, et de ses quatre épouses car Arleston, le scénariste, depuis qu'il est millionnaire (pas moins de sept albums ces deux derniers mois) ne se refuse plus rien ! Au détour de sa fuite, le beau héros débarque dans un village en bord de mer, dirigé par Priep Hournoupöv, pêcheur. C'est en savourant ce jeu de mot tiré par les cheveux que l'on se dit une fois de plus qu'un Astérix écrit par Arleston ça aurait vraiment une saveur particulière.

« Lanfeust Odyssey » (tome 5), Soleil, 13,95 €

jeudi 12 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Sourires de Grands

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Comment attirer les regards vers soi quand on est Premier ministre d'un petit pays de moins de 6 millions d'habitants, perdu au milieu d'une centaine de chefs d'Etat à la cérémonie mondiale d'hommage à Nelson Mandela ?
Helle Thorning Schmidt, à la tête du gouvernement du Danemark, a gagné. D'abord, trouver une bonne place, pas trop loin de Barack Obama. Ensuite, proposer de prendre une photo avec lui. Pas un de ces clichés officiels compassés. Non, une "selfie" réalisée avec son smartphone tenu à bout de bras.
La scène, immortalisée par un photographe de l'AFP, a fait le tour du monde. On y voit la blonde Helle, tout sourire, serrée à sa gauche par un Obama toujours aussi séducteur et à droite par David Cameron, premier ministre anglais jamais dernier sur les bons coups. Celle qui ne sourit pas, c'est Michelle Obama. Peut-être saisie d'émotion par la cérémonie ? A moins qu'elle ne fulmine intérieurement contre cette "blondinette" un peu trop collante...


Pendant ce temps, Hollande et Sarkozy, côte à côte, semblent s'ennuyer ferme.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mars, la rouge

Les scientifiques sont aujourd'hui formels : il y a eu de l'eau sur Mars. Terminé le temps des suppositions : des analyses transmises par la sonde Curiosity ce lundi ont non seulement mis en évidence la présence d'eau douce, mais carrément de tout un lac entouré de montagnes enneigées. Attention, il faut cependant mettre en perspective ces informations. Les traces d'eau, et peut-être de vie microbienne, ont été retrouvées dans des roches. L'eau s'est évaporée depuis pas mal de temps. Pour John Grotzinger, professeur de géologie à l'Institut de technologie de Californie, « Ce sont des roches relativement jeunes dans l'histoire martienne ». Soit entre 3,5 et 3,6 milliards d'années. Ils sont comme ça les scientifiques, leur échelle de temps se mesure en milliards d'années. Ils s'enthousiasment pour des choses qui n'existent plus depuis si longtemps qu'il n'y a qu'eux pour en percevoir la réalité. Pour le commun des mortels, une année paraît souvent bien longue. Alors quelques milliards...

Non, la vraie découverte sur Mars qui passionnera les foules n'est pas encore faite. Un squelette fossilisé par exemple. Ou des vestiges d'une civilisation défunte, genre sabre laser, casque de guerrier voire soucoupe volante. L'eau c'est bien beau mais trop commun. En fait, à bien y réfléchir, pour mériter l'ouverture de tous les journaux du monde, il faudrait au moins la découverte d'une bouteille de vin vieille de quelques millions d'années. Là on en reparlera. Surtout si c'est du rouge qui tache, comme la planète du même nom.

mercredi 11 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Des milliards de bugs

« Ça eut payé mais ça ne paye plus ! » Le sketch de Fernand Raynaud sur les « pauvres paysans » n'a jamais été autant d'actualité. Sauf qu'aujourd'hui ce ne sont plus les vignes ou le blé qui ne payent plus mais les aides européennes.
L'histoire s'est passée la semaine dernière et n'a pas été ébruitée, pas de manifestants agités dans la rue, aucune indignation des Bonnets rouges. Un bug informatique au Crédit Agricole a perturbé le versement des primes de la Politique agricole commune aux 350 000 agriculteurs français bénéficiaires. En fait, les primes ont été versées... deux fois. Pas moins de 3,4 milliards d'euros crédités par erreur sur les comptes bancaires de ces paysans qui, sur le coup, n'étaient pas à plaindre. Au lieu de toucher en moyenne 10 000 euros de cette Europe honnie, ils en ont encaissé 20 000. Pas mal comme étrennes de fin d'année. J'en connais qui se seraient contentés de beaucoup moins. Et bizarrement aucun leader des nombreux syndicats agricoles n'est monté au créneau pour dénoncer ce dysfonctionnement.

La banque a rectifié le tir. Une semaine plus tard, envolés les milliards surnuméraires. Comme s'ils n'avaient pas existé. Espérons que certains récipiendaires n'ont pas trop vite dilapidé la manne pour changer de tracteur... ou se payer des vacances à l'île Maurice. Si c'est le cas, ils pourront toujours ressortir (indignés cette fois) le vieux proverbe populaire plein de bon sens paysan justement : « Donner, c'est donner; reprendre, c'est voler. » 

mardi 10 décembre 2013

BD : Thorgal dans les sables

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Cap au Sud pour Thorgal. Le viking, enfant des étoiles, dont les aventures sont désormais écrites par Yves Sente, vogue vers les sables du désert entourant la ville de Bad-Dadh, la cité de l'Aigle. Le héros est à la recherche de son fils Aniel. Enlevé par les Magiciens rouge, il doit être conduit dans le temple secret de ces derniers pour permettre la réincarnation de leur chef, Kahaniel. Une nouvelle fois le héros semble pris dans un engrenage bien trop puissant pour lui. Mais c'est oublier la force de la paternité, du courage et, aussi, de l'inconscience. Le récit est assez classique, sans grande trouvaille il faut bien l'avouer, mais la lecture de cet album reste un bonheur absolu. Tout simplement car Rosinski, le dessinateur, tout en gardant les codes de découpage des planches, aborde chaque vignette comme un tableau. Avec ces 48 pages c'est comme si vous teniez dans vos mains l'ensemble d'une galerie d'art proposant près de 200 toiles toutes plus belles les unes que les autres. Si j'étais riche, je me paierai la première vignette de la planche 18. Mais il faudrait que je sois très très riche. Alors je me contente de l'album et c'est dans ce cas précis que la BD devient un « art populaire ».

« Thorgal » (tome 34), Le Lombard, 12 €



lundi 9 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Téléthon, Miss France, Canalsat... signes hivernaux

Dérèglement climatique aidant, pas toujours aisé de percevoir le changement des saisons. Prenez l'hiver. Il arrive à grande vitesse, mais les signes tangibles ne sont pas encore évidents. Chance, quelques événements récurrents jalonnent l'année de repères, hors températures.
Pour moi, depuis longtemps, l'hiver arrive le week-end du Téléthon. À la télé, impossible de zapper sans tomber sur une animation en plein air, par un froid glacial avec vent, pluie et parfois neige. On voit ces bénévoles, frigorifiés, tapant du pied, mais fiers d'aider la recherche. On aurait presque envie de donner, uniquement pour qu'ils puissent rentrer chez eux se réchauffer.
Et de regarder par exemple l'élection de Miss France, l'autre événement télévisuel synonyme d'hiver. De fêtes surtout. J'associe le défilé de ces belles "asperges" régionales en robe de gala aux prémices du clinquant des festivités de fin d'année.
La date correspond généralement au branchement des illuminations placées par la municipalité dans ma rue. Un halo bleuté éclaire mon salon. C'est joli, c'est l'hiver.
Plus prosaïquement, ce qui ne me fait jamais rater l'entrée dans la saison froide reste les publicités pour... Canalsat. Le Père Noël, les rennes (abandonnés cette année, snif...), les promos, la liste de films et séries à regarder : quand le bouquet de chaînes par satellite lance sa campagne, je me sens de plain-pied dans cette période joyeuse et dépensière. Le problème reste de trouver la force de résister pendant près d'un mois à l'envie de m'abonner vu que de toute façon je n'ai pas le temps de regarder la télé...

BD : regretté temps du politiquement très incorrect de Reiser et Hara Kiri

Notre bonne société n'a pas toujours été policée et aseptisée. Dans les années 60, 70 et 80, l'humour n'avait pas de limites. Exemples avec ces deux beaux livres sur la revue Hara Kiri et l'un de ses piliers, Reiser.

reiser, hara kiri, humour, sexe, politique, censureSi le samedi soir vous vous gondolez en découvrant les faux reportages du Groland sur Canal+, sachez qu'ils n'ont rien inventé. Ce sont les dignes héritiers des « horribles » de Hara Kiri. Le journal « bête et méchant », dans une époque où la censure veillait encore sur le contenu des journaux, a brisé un nombre considérable de tabous. Car la meilleure façon de combattre le racisme, la violence faite aux femmes ou l'extrémisme religieux (voire la religion tout court...) reste et restera toujours d'en rire.
Cette époque bénie du temps du politiquement incorrect vous pouvez en revivre la substantifique moelle dans un ouvrage luxueux de 330 pages paru cette semaine chez Glénat. Une petite préface de Cavanna (le grand créateur avec Choron) pour contextualiser le tout et place aux dessins. Fred, Gébé, Chaval, Topor, Wolinski.
La ligne éditoriale oscille entre provocation gratuite et poésie absurde. Les journaux sont vendus presque à la sauvette. Au début des années 60, le Gaullisme impose une chape de plomb sur l'information. Heureusement les mœurs évoluent, Hara Kiri est à la pointe. L'arrivée de Reiser ou de Cabu donnent un coup de fouet aux dessins d'humour, caustiques, acides. Ensuite cela va aller crescendo dans la provocation. Willem, Kamagurka vont apporter une vision étrangère.
A côté des fausses pubs regorgeant de femmes nues, le dessin d'humour va un peu perdre de son importance. Mais c'est quand même dans ces croquis ou histoires courtes que l'on retrouve toute la méchanceté du titre.
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Reiser, le meilleur
On y retrouve bien sûr quantité de dessins de Reiser. Il signe la couverture de ce beau livre sur Hara Kiri mais aussi celle ce celui qui lui est entièrement consacré. Cela fait 30 ans que l'inventeur du Gros dégueulasse a lâché la rampe. Un foutu cancer. Il a dessiné durant plus de 20 ans. Et comme il produisait énormément, Jean-Marc Parisis, son biographe, a dû beaucoup éliminer pour ne garder que le plus parlant de l'œuvre si diversifiée d'un génie : du Reiser visionnaire et écologiste avant l'heure (il vénérait le Soleil et son énergie) au Reiser fou des femmes, sachant si bien rendre toute leur beauté, en un trait rond et simple, à des fesses plus vraies que nature. Anarchiste avant tout, il aimait la vie. On découvre aussi le Reiser intime et torturé dans des croquis jamais publiés, bribes d'idées, symptômes dépressifs d'un homme inquiet. Et puis comme c'est un beau livre, au format généreux et à la réalisation soignée, ne manquez pas les pages en couleurs. Il posait sa peinture comme il dessinait : rageusement. Des aquarelles d'une rare beauté, même si ce sont deux chiens qui forniquent...
Aujourd'hui Hara Kiri n'existe plus et Reiser est mort, comme si notre envie de transgression avait disparue. L'époque est tiède. Alors en vieux combattants de l'immonde, savourons ce que les artistes et humoristes contemporains ne peuvent même plus imaginer réaliser !
Michel Litout
« La gloire de Hara Kiri », collectif, Glénat, 35 €

« Reiser », Glénat, 45,50 €

dimanche 8 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mandela l'Antillais

Nelson Mandela et sa lutte contre l'apartheid ont pris une autre dimension dans mon imaginaire le 11 février 1990. A l'époque je suis journaliste dans un quotidien à la Martinique. Je travaille dans une équipe composée à 70 % d'Antillais. La problématique de la couleur de peau m'est totalement étrangère.
Ce matin-là, un attroupement se forme devant la petite télévision de la rédaction de Fort-de-France. Mandela va être libéré. Mandela libre... Du simple journaliste au rédacteur en chef en passant par les employés techniques, tous regardent CNN, diffusée depuis l'île voisine de Sainte-Lucie. Exclamations en créole, rires, applaudissements : le direct prend un peu de retard, le grand homme se fait attendre. Et puis enfin il apparaît, il marche devant des voitures, main dans la main avec sa femme Winnie. Dans la rédaction, le silence se fait. Je regarde l'image, mais ne peux m'empêcher de voir aussi mes collègues. Je lis l'émotion dans leurs regards, la gravité du moment.
Je prend conscience que ce matin-là, je suis le seul Blanc de l'équipe. Je perçois alors mes collègues, mes amis, différemment. Ce sont aussi, au plus profond de leur être, des descendants d'esclaves et la marche sans entrave de Mandela après des années d'enfermement représente la fin du dernier vestige de la ségrégation raciale. Je devine des larmes dans les yeux de certains. Je suis au milieu d'eux, avec eux. Je les comprends.
La marche et le poing levé de Mandela ce 11 février 1990 resteront à jamais gravés dans ma mémoire.   

DE CHOSES ET D'AUTRES : Manger et être mangé

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L'arrogance humaine en prend un coup dans les gencives. Une étude sur la chaîne alimentaire place l'homme au même niveau que... l'anchois. Cette révélation est à mettre à l'actif des scientifiques de l'Ifremer après analyse des données de la FAO sur la consommation humaine pour la période 1961-2009. Chaque espèce vivante possède un niveau trophique calculé en fonction de ce qu'il mange pour se développer.
Tout en bas, au niveau 1, les végétaux. Viennent ensuite les herbivores et les carnivores. Au sommet, les grands prédateurs comme les orques (5,5). L'homme se retrouve avec un indice moyen de 2,2 soit au niveau du cochon et de l'anchois. La raison en est très simple : à force de manger « cinq fruits et légumes par jour » et autres verdures genre épinards ou courgettes (berk !), on se ramollit.
Rien ne vaut une bonne entrecôte. Même si le bœuf n'est pas la meilleure viande pour progresser sur la chaîne alimentaire. Mieux vaut délaisser ces mammifères placides et ingurgiter la force de véritables fauves.
Au lieu d'un poulet rôti le dimanche, faites-vous un aigle royal. Plus coriace sans doute mais à l'indice proche de 4. Arrêtez le lapin et préférez la viande de chat dont le goût, paraît-il, est très proche. Un chat sauvage si possible, pas un de ces matous engraissé aux croquettes à base de farine de poisson. Localement, le mâle humain, s'il veut rester dominant, devra jeter son dévolu sur un anchois au détriment de la cargolade...
Le summum dans nos régions serait le loup ou l'ours. Mais ce dernier ne doit pas obtenir un indice trophique mirobolant avec son bête penchant pour le miel...

samedi 7 décembre 2013

Pieds-noirs et racisme : la BD coup de poing signée Fred Neidhardt

La bande dessinée « Les pieds-noirs à la mer » de Fred Neidhardt, auteur montpelliérain, est un regard cru et réaliste sur un milieu qui a bercé son enfance. L'auteur est en dédicace aujourd'hui samedi 7 décembre à Narbonne.

Attention titre trompeur. « Les pieds-noirs à la mer » n'est pas une BD humoristique sur les pratiques estivales des expatriés. L'expression est à prendre au premier degré et elle fleurissait sur certaines banderoles de la CGT sur le port de Marseille en 1962. La ville dirigée par Gaston Deferre ne voulait pas de ces « colonisateurs ». « A la mer » voulait dire « jeté à la mer » avec leurs maigres affaires. Lâchés par De Gaulle, mal accueillis en métropole, la communauté disséminée un peu partout en France, il n'est pas étonnant qu'avant de s'intégrer dans ce quasi nouveau pays ils aient développé une certaine aigreur. Pour certains, les plus âgés notamment, cela s'est transformé en racisme ordinaire. Contre les Arabes essentiellement.
« Je ne l'ai pas vécu directement mais par procuration, explique Fred Neidhardt, le scénariste et le dessinateur de cette BD publiée chez Marabout. Je suis né quatre ans après l'indépendance de l'Algérie. Mais quand j'étais ado c'était le sujet de dispute fréquent dans la famille. » Ses parents ont échoué à Lille. Ses grands-parents ont eu plus de chance et sont restés à Marseille.
Le pépé raciste
L'album, en partie autobiographique, raconte la fugue de Daniel, étudiant de 19 ans. En désaccord avec ses parents (passionné de BD, il veut faire les Beaux-Arts alors qu'eux insistent pour qu'il poursuive des études scientifiques) il débarque en pleine nuit chez ses grands-parents.
Accueilli à bras ouverts, l'ambiance est vite plombée par les jugements à l'emporte-pièce de l'aïeul. Daniel est très partagé : « Il est raciste, il déteste les Arabes... Il aime pas les Noirs, les Juifs... lui qui est marié à une Juive. Mais c'est quand même mon pépé. Je l'aime quand même. » C'est ce grand écart sentimental que Fred Neidhardt raconte avec brio. « Pieds-Noirs et Arabes ont beaucoup de choses en commun. Quand j'étais gamin c'est quelque chose qui m'a toujours interloqué. Tu as ta grand-mère qui médit des Arabes et puis dès qu'elle a un truc à dire qui jaillit du cœur, elle le dit en arabe. Ce cas particulier permet de montrer toute l'absurdité du racisme ». Daniel, un peu naïf, va tenter de jouer le conciliateur dans le psychodrame qui frappe sa famille.
Un de ses cousins a quitté le cocon familial et s'est installé avec une jeune Française, Khadija, d'origine Kabyle. Les tentatives de rapprochement seront vaines, preuve qu'il est des blessures inguérissables.
Mais le message du livre est aussi plein d'espoir. Les générations suivantes tourneront la page. Naturellement, ou en le mettant noir sur blanc comme l'a fait Fred Neidhardt. Un auteur qui signe son œuvre de maturité et apprécie les séances de dédicaces car il y rencontre beaucoup de fils de Pieds-Noirs se reconnaissant dans le portrait de Daniel. « Et on arrive à en parler sereinement, ce qui n'est toujours pas le cas en famille... »

« Les Pied-Noirs à la mer » de Fred Neidhardt, éditions Marabout, 13,50 €

Fred Neidhardt est en dédicace aujourd'hui samedi 7 décembre à la librairie BD & Cie, 60 rue Droite à Narbonne, de 15 à 19 heures. Fabrice Tarrin sera également présent.

vendredi 6 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Danse avec les gangs

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Des détenus en train de danser un Harlem Shake dans une prison, avouez, cela fait désordre. La scène se passe à Montmédy, dans la Meuse. Un couloir mal éclairé, la musique insupportable et l'arrivée d'une quinzaine d'agités, visages dissimulés par des cagoules. La vidéo fait son petit effet sur internet, entre félicitations et indignation. Pourquoi transformer immédiatement ces quelques secondes de défoulement en affaire d'État ? S'ils veulent danser, à quoi bon contrarier leur volonté de réinsertion ? Voilà les première réflexions qui me sont venues à l'esprit. Dans un second temps, je m'aperçois que ces gens font plutôt peur. En vrac, quelques solutions pour diminuer leurs ardeurs guerrières. Le ministère de la Justice devrait imposer dans les conditions de détention un stage à l'opéra de Paris pour tous les « gangsters D-Ter » ! Ils constateront rapidement la différence entre l'art et le n'importe quoi. Danser en justaucorps moulant sur de la musique classique se révèle plus compliqué que rouler des mécaniques dans 8 mètres carrés.

Autre possibilité : participation obligatoire à un numéro exceptionnel de l'émission de TF1, rebaptisée pour l'occasion « Danse avec les gangs ». Une rumba, un tango ou une valse, devant des millions de téléspectateurs et à visage découvert paraîtront sans conteste plus intimidants qu'un Harlem Shake, masqués, face à un téléphone portable. Rajoutez là-dessus les critiques acides d'un Chris Marques toujours prompt à démolir le moindre faux-pas et le problème des prisons en France est réglé. Les détenus n'auront plus qu'une envie : rester cloîtrés, sages comme des images au fond de leur cellule.
Chronique parue jeudi en dernière page de l'Indépendant

jeudi 5 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Mélenchon et les policiers devraient apprendre à compter

La France a encore perdu des places au classement Pisa sur les systèmes éducatifs du monde. Franchement, pas besoin de sonder des milliers de jeunes pour s'en douter. Nul besoin non plus d'avoir décroché son bac avec mention pour savoir que 10 + 10 égalent 20. Pourtant... Prenez la manifestation du Front de Gauche dimanche dernier à Paris. Les organisateurs, Jean-Luc Mélenchon en tête, ne maîtrisent plus du tout cette base essentielle du calcul qu'est l'addition. Avec un aplomb déconcertant ils se sont comptés 100 000. Donc pour eux, 10 + 10 donnent approximativement 20 000.
Les policiers chargés d'estimer la foule ne valent pas mieux. Selon les chiffres officiels de la Préfecture, ils n'étaient que 7 000 à crier leur ras-le-bol fiscal. Seule explication, à l'école de police, on vous apprend à "décompter". 10 + 10 font 7. Pas plus.
À la prochaine manif, je propose de réquisitionner des enfants de grande section de maternelle, de les poster sur les trottoirs et de leur demander de compter les passants. Non seulement l'exercice sera excellent pour les gamins, mais en plus on a toutes les chances d'obtenir un nombre au plus près de la réalité. Si notre système éducatif est en perte de vitesse, cette "maladie de l'addition" ne frappe que les donneurs de leçons, pas leurs élèves.
Ils étaient aussi 100 000 dimanche à Kiev en Ukraine. Le pays ne fait pas partie du classement Pisa, j'ai pourtant l'impression qu'ils maîtrisent bien mieux les chiffres qu'en France.

Chronique parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant. D'autres billets sur le blog lelitoulalu

BD : Adorables truands sous la plume de Baru

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Un jeune Africain, virtuose du foot mais sans papiers, quelques truands sur le retour, une bande de « cailleras » de la banlieue et des Anciens combattants d'Algérie sont au générique de ce roman graphique de Baru. L'auteur de « La piscine de Micheville » nous ressert sa critique acerbe de notre société manquant de solidarité à la sauce « hommage au cinéma de Lautner et d'Audiard ». On ne peut qu'avoir de la sympathie pour les vieux truands rangés des affaires, paisible retraité en banlieue pavillonnaire ou garagiste faisant marcher son petit commerce. Avec ce dernier gros coup ils empochent le magot, mais aussi pas mal de soucis à cause de leurs jeunes associés. On apprécie le parfait enchaînement des complications et on se réjouit de la morale finale...
Cet album édité il y a trois ans chez Futuropolis, bénéficie d'une publication en poche dans la prestigieuse collection Folio qui sort également pour ces fêtes de fin d'année les deux premiers tomes de la saga africaine « Aya de Yapougon » de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.

« Fais péter les basses, Bruno ! », Folio, 7,65 euros chaque volume

mercredi 4 décembre 2013

Livre : tout savoir sur les Orcs, Elfes et autres Nains, héros de la littérature Fantasy

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A quelques jours de la sortie du second opus de l'adaptation au cinéma du Hobbit par Peter Jackson, une petite révision de vos bases de Fantasy s'impose. Chance, le Livre de Poche vient de sortir des fascicules complets, didactiques et passionnants sur trois des races vedettes de ce pan de la littérature de l'imaginaire. Den Patrick, Anglais de bon aloi, se partage entre l'écriture et la lecture. Il a aussi été critique burlesque, éditeur de BD et libraire. Il a surtout beaucoup lu de Fantasy pour en tirer ces trois petits livres (richement illustrés par Andrew James) véritables bréviaires pour fan de fantasy en première année. Sur les Elfes, il développe leur « Art de la guerre ». Gracieux, intelligents, nobles, ce sont les danseuses de ce monde rude et guerrier. Mais ils sont redoutables au combat, courageux et dignes. Les Nains, avares et travailleurs, sont avant tout tenaces. Et il en faut de la ténacité pour survivre dans un monde où la moindre créature fait deux fois votre hauteur.
Enfin avouons un faible pour les Orcs. Brutes épaisses à éviter en toute circonstance, ils n'ont qu'une philosophie : « La voie du saccage ». Prétentieux, bagarreurs, cruels ils ne sont que violence et mort. Amis avec personne, ils ont un dégoût absolu pour les Humains qui « ne sont bons à rien. Il y a quelque chose de pathétique, chez eux, qui les pousse à se rendre quand ils sont encerclés. Les humains n'ont vraiment aucune fierté. » Donc les Orcs pillent régulièrement leurs fermes car « la viande des hommes est savoureuse, assez proche de celle d'un bon cochon. » Présenté comme des études anthropologiques, ces trois bouquins grouillent de clés pour ceux qui sont un peu dépassés dans les rapports compliqués entre les différentes races de cette Fantasy de plus en plus à la mode.
« Les Orcs », « Les Nains » et « Les Elfes », Le Livre de Poche, 10,50 € chaque volume.

mardi 3 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : Morts en beauté

A fond ! Jusqu'au bout. Paul Walker, 40 ans, star à Hollywood, est mort dans l'accident de sa Porsche. Ce passionné de voitures de course ne pouvait pas rêver meilleure sortie. Sa célébrité, il la doit à son rôle récurrent dans la franchise « Fast and furious ». Des films bourrés d'adrénaline pleins de bolides et de gangsters. Alors que les fans pleurent ce beau gosse au regard d'acier, les scénaristes se creusent déjà la tête pour intégrer cet impondérable à « Fast and Furious VII », en plein tournage et dont la sortie est programmée pour juillet prochain.

Parfois les morts de célébrités renforcent un mythe : de Brandon Lee, tué en plein tournage (la balle à blanc ne l'était pas...) à James Dean, lui aussi mort dans une Porsche en passant par David Carradine retrouvé pendu dans sa chambre d'hôtel après une expérience sexuelle ayant mal tourné. En fait, personne n'est à l'abri. Sans vouloir la mort de personne, imaginons la fin de certaines stars et tremblons avec elles : Nabilla : AVC fulgurant après que son second neurone se soit connecté sans crier gare au premier. Christophe Barbier : étranglé par son écharpe rouge prise dans les pales d'un ventilateur lors du tournage du remake du film « Le Jour et la nuit » de Bernard-Henri Levy. Philippe Candeloro : égorgé par une lame de patin à glace aiguisée par un grand couturier excédé par ses tenues de gala. Ce dernier, Karl Lagerfield : étouffé sous le postérieur imposant de Frida Kalatchenko, Femen tendance boulimique n'ayant pas apprécié les sorties du couturier sur sa conception quasi cadavérique de la beauté.  
Chronique "De choses et d'autres" parue mardi en dernière page de l'Indépendant 

lundi 2 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES : La mode selon Panini

Lundi de deuil ce matin dans les cours de récréation du monde entier : Umberto, l'un des quatre frères à l'origine des célèbres vignettes Panini est mort samedi. Lancés au début des années 60 en Italie, l'album Panini et ses autocollants ont assuré la fortune de ces vendeurs de journaux de Modène. Durant des décennies, le troc et l'échange des Panini développe l'esprit de collection des petits Français. Les vignettes donnent aussi l'impression de gagner au loto. Posséder deux Platini-Panini permet de récupérer des dizaines d'anonymes comme Thouvenel (arrière de Bordeaux) ou Domenech (autre défenseur rugueux). Ils arborent de fières bacchantes totalement passées de mode aujourd'hui. Une des constantes d'ailleurs, des albums Panini sur les footballeurs : ils servent de contre-exemple aux apprentis coiffeurs. De nos jours, la coupe de Florian Thauvin (rasé sur les côtés, à la Desireless en haut) fait parler plus que ses exploits à l'OM. Et ne croyez pas que les petites couettes de Sagna ou les circonvolutions capillaires d'un Pogba soient une nouveauté. Il suffit de tomber sur un album Panini des années 70 pour s'écorcher les yeux avec des raies au milieu ou des rouflaquettes. Photos toujours prises de face. A l'exception de Ribéry, le seul à posséder une dérogation pour poser de profil. Le bon, de préférence.

Assez peu sportif dans l'âme (encore moins dans le corps), je dois vous avouer que personnellement, vous me dites Panini, je vous réponds sandwiches chauds au fromage fondant. « On n'est pas gros à lécher des murs ! » me serine souvent mon épouse. Pas faux.
Chronique "De choses et d'autres" parue lundi en dernière page de l'Indépendant.