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mardi 4 mars 2025

BD - Prison ou cimetière à ciel ouvert ?

Très efficace cette série concept lancée par le scénariste Christophe Bec chez Soleil. Le point commun entre ces quatre récits indépendants : la survie des protagonistes. Après une aventure dans les Rocheuses (Warm Springs), direction la prison d'Aparecida, "complexe pénitentiaire le plus violent du Brésil". 

Dans ces murs, des centaines de détenus tentent de survivre au quotidien. Face aux brimades des gardiens, mais aussi, et surtout, les attaques entre différents clans. Une prison qui subit une inspection. La tension est à son comble. Notamment à la direction. Il faut faire bonne impression. Mais pour avoir du calme, seule la méthode forte fonctionne. 

C'est dans ce contexte qu'arrive un nouveau détenu. Un VIP. Tout simplement l'ancien chef de la police, condamné pour avoir maté une révolte dans cette même prison occasionnant des dizaines de morts. Résultat, tous les clans n'ont qu'une idée : se révolter et lui faire la peau. 

Pour comprendre cette mutinerie d'une rare violence, Christophe Bec emprunte le ressenti d'un détenu qui tente de subsister en assurant quelques petits trafics,  quasiment innocents face à la drogue aux armes et aux filles esclaves sexuelles qui permettent aux gros bonnets de continuer de s'enrichir. Il va trouver de l'aide auprès d'un jeune surdoué au foot rêvant de faire une carrière en Europe. Ce sera compliqué, on s'en doute...

Ce récit, implacable, sanglant et sans le moindre moment de répit est dessiné par deux auteurs. La première partie est réalisée par Mirko Colak, un Serbe, la seconde par Diego Bonesso, un Italien. Et comme pour le premier tome, le dénouement (qui va finalement survivre dans cet enfer ?) est étonnant.

"Survival - Aparecida Prison", Soleil, 64 pages, 16,50 €

mardi 16 juillet 2024

BD - Prisonnier politique encombrant

La France, pays des droits de l’Homme, a parmi ses prisonniers un homme qui est derrière les verrous depuis 1984. 40 années derrière les barreaux, 40 années Dans les oubliettes de la République, comme le titre de cet album de BD signé Pierre Carles et Malo Kerfriden. Cet oublié de la justice, c’est Georges Ibrahim Abdallah, Libanais, militant communiste condamné à la perpétuité pour complicité à des attentats terroristes.

Le cas du plus vieux prisonnier politique français intéresse Pierre Carles, réalisateur de documentaires très engagés, après une enquête sur Action Directe. Georges Ibrahim Abdallah est membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises. Un groupe communiste qui combat « l’impérialisme américain et israélien ».

Deux représentants diplomatiques de ces deux pays (peut-être des espions sous couverture) sont abattus dans la rue en 1982. Les autorités françaises sont persuadées que ce sont les FARL qui sont à la manœuvre. Deux années plus tard, Abdallah est arrêté. Selon Pierre Carles, c’est à la demande expresse des USA qu’il est lourdement condamné. Perpétuité.

Mais une fois sa peine incompressible effectuée, son avocat Jacques Vergès fait une première demande de remise en liberté. Refusée. Les suivantes aussi. Systématiquement. Jusqu’à aujourd’hui et par tous les gouvernements, de droite comme de gauche. La BD revient sur les faits, démonte la manipulation de l’époque (en réalité ce sont des intérêts iraniens qui ont abattu les supposés espions) et explique que si Abdallah est toujours en prison, c’est à la demande expresse des USA.

Une enquête fouillée, très étayée, mise en images par Malo Kerfriden dans un style très réaliste. Mais cela ne rendra jamais ces 40 années (ou du moins les 15 après qu’il aurait pu être libéré) à Georges Ibrahim Abdallah.

« Dans les oubliettes de la République », Delcourt, 128 pages, 17,95 €

mardi 22 novembre 2022

Cinéma - Jafar Panahi tente de se filmer dans “Aucun ours”


Emprisonné en Iran, depuis juillet dernier, Jafar Panahi n’a pu se rendre à la Mostra de Venise pour présenter son dernier film, Aucun Ours

Comme ses précédentes créations, ce long-métrage montre ses difficultés pour raconter librement ses histoires dans une dictature religieuse.  Son dernier projet porte sur la fuite, en France, d’un couple de comédiens iraniens. Le tournage se déroule en Turquie. Lui, a pris ses quartiers dans un petit village, à quelques kilomètres de la frontière. Il refuse de quitter son pays et supervise le tournage, grâce à de très aléatoires liaisons internet. Aucun Ours montre les deux réalités parallèles. 

Le tournage, dans un pays presque libre, ou du moins tolérant, face à une équipe de tournage et sa réalité dans ce village où les traditions sont encore très fortes. Jafar Panahi va se retrouver pris dans une violente querelle. Un homme, à qui une femme a été promise, à sa naissance, découvre qu’elle est amoureuse d’un rival. Et Jafar aurait photographié le couple dans le village. Le chef de village va exiger du cinéaste, de plus en plus suspect aux yeux des locaux, de lui remettre cette photo. 

Pris au piège, il va devoir passer plus de temps à régler ce problème qu’à réaliser, à distance, son film. Et face au danger, il devra fuir, retourner à Téhéran, se faire repérer par les autorités. La suite on la connaît, depuis juillet. Son film, ne la montre pas, mais tout laisse deviner cette arrestation et cet emprisonnement, pour un créateur trop libre pour le régime.

Film de et avec Jafar Panahi avec également Naser Hashemi, Vahid Mobasheri


mercredi 1 décembre 2021

De choses et d’autres - La double peine des réveillons en prison

Claude Guéant « vit très mal » son incarcération à la prison de la Santé. Cette déclaration de son avocat est tout sauf étonnante. Vous pensez qu’ils sont nombreux les détenus qui se réjouissent de passer Noël et le Premier de l’an enfermés entre quatre murs ?

Pour l’ancien ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, il y aura également dans le lot son anniversaire, 77 ans. Pourtant il avait tout fait pour ressortir rapidement. Sa mise en cellule découlait du non-paiement de fortes amendes. Du coup, le sursis a été transformé par les juges en prison ferme. Il pensait avoir fait le plus dur en versant 115 000 euros, soit, selon son avocat, l’intégralité de la somme due.

Mais la Justice, comme beaucoup d’administrations et d’entreprises durant les fêtes, n’assure qu’un service minimum puisque sa demande de remise en liberté ne sera examinée que le… 19 janvier.

En attendant, il devra se contenter du menu de Noël des prisonniers, qui, j’imagine, doit être un peu moins sélect et goûteux qu’au Fouquets. Mais qui sait, en sortant de cette expérience, il va peut-être se transformer en défenseur des libertés. Car lors de la primaire de son parti, les Républicains, ils ont été plusieurs à regretter ce laxisme qui ferait que désormais les séjours en prison sont comparables à des vacances à l’hôtel.

Certes, la télé est accrochée au mur, mais le confort de la salle de bains et des toilettes correspond plutôt à du « moins 4 étoiles ». Le seul spa proposé c’est quand les canalisations fuient. Du moins quand c’est l’eau chaude. Tiède exactement.

Claude Guéant est donc très éloigné d’un séjour dans un Palace. Mais c’est normal, une prison reste une prison.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 23 décembre 2021

lundi 5 novembre 2018

DVD et Bluray - Bagnards en compétition dans "Death Race 4"


Pas le moindre gilet jaune sur leur tableau de bord. Les prisonniers participant à la course de la mort dans cet ultime opus de la franchise ne semblent pas sensibilisés par le mouvement « populaire » contre la hausse des taxes sur le carburant. Pourtant, ils en consomment de l’essence dans cette compétition dominée depuis 7 éditions par Frankenstein, le bagnard masqué. Dans cette immense prison (reconstituée pour le film dans une ancienne aciérie bulgare), l’anarchie règne. Un nouveau venu, Connor (Zach McGowan, gros biscotos et expression bovine) va le défier. Réalisé par Don Michael Paul, le film vaut pour ses cascades. Par charité chrétienne, on ne dira rien sur les performances des acteurs.
➤ « Death Race 4 », Paramount, 14,99 € le DVD, 16,99 € le bluray

samedi 3 novembre 2018

BD - La musique (en prison) adoucit les mœurs



Fresnes. Une ville en région parisienne qui n’est plus connue en France que pour sa prison. Une ville dans la ville où vivent des milliers de détenus, de gardiens, où il y a un hôpital et même une salle de spectacle pouvant accueillir des concerts. Des concerts en prison ? Oui, et parfois des « pointures » invitées par l’association chargée d’organiser des activités culturelles pour les prisonniers. Romain Dutter est le responsable de ces concerts et il raconte dans un roman graphique illustré par Bouqué comment l’administration pénitentiaire, longtemps hostile à ces concerts, a changé sa politique au cours des années 80. 

Après une présentation de son parcours (Romain Dutter a beaucoup bourlingué en Amérique du Sud, son premier contact avec le milieu carcéral se déroulant au Honduras), l’animateur raconte les concerts des deux côtés. Réactions des artistes, mais aussi des détenus ou des gardiens. Presque un reportage, sans le moindre parti pris, qui n’oppose personne au contraire. Preuve qu’effectivement, depuis toujours, la musique adoucit les mœurs. Même en prison…
« Symphonie carcérale », Steinkis, 20 €

mercredi 24 octobre 2018

DVD et blu-ray : l'avocat japonais tourmenté de "The Third Murder"

Un avocat japonais est chargé de défendre un homme accusé du meurtre de son patron. Pour tenter d’éviter la peine de mort, l’accusé prétend que c’est la femme du mort qui a commandité l’assassinat. Mais l’avocat doute de la véracité de la version officielle. Ce thriller de Hirokazu Kore-eda raconte avec minutie le travail d’un avocat. Son empathie pour aider le client, ses doutes et failles personnelles.

Un film noir et oppressant, à l’intrigue implacable.

➤ « The Third Murder », Le Pacte, 19,99 €

mercredi 16 août 2017

Cinéma : « Une femme douce » et tenace

UNE FEMME DOUCE. La société russe passée au révélateur du cinéaste Sergei Loznitsa.


Pas un sourire. Quasiment pas de paroles : la femme douce personnage principal du film de Sergei Loznitsa reste une énigme pour le spectateur. Avec une lenteur que peu de créateurs peuvent se permettre (et surtout rendre intéressante, intrigante), il plante le décor et l’obsession de cette femme de prisonnier. Son mari est enfermé. Pour une histoire de droit commun. Mais dans ce pays, la justice a parfois d’étranges conceptions des crimes.
Elle lui a envoyé un colis avec des aliments en conserve, des habits, des produits de toilette. Le colis revient à destination. Sans la moindre explication. Elle tente de demander des précisions à la poste de la ville où elle réside, mais l’administration russe, si elle n’est plus soviétique, a encore conservé toutes ses incohérences. Alors, elle choisit sa plus belle robe et part en train pour la grande ville. Avec le paquet qu’elle veut donner directement à son mari.

■ Violence
On s’attend à un plaidoyer pour les droits de l’Homme, mais rapidement on constate que la Russie actuelle n’a rien à voir avec un état de droit. A la prison, dans la cohue, après des heures d’attente et le remplissage de multiples formulaires, la fonctionnaire lit le nom du prisonnier, se retourne pour vérifier dans un registre, rend le papier à la femme en lui disant simplement que cette demande n’est pas réglementaire. Point final. Pas de discussion. Guichet fermé. Perdue dans la ville, elle est « secourue » par l’épouse d’un autre prisonnier. Elle offre de l’héberger pour la nuit. Mais cela ressemble plus à un guet-apens. Dans le salon, une dizaine de personnes se saoulent à la vodka. Les femmes se dénudent. Les hommes en profitent. La femme douce observe. De loin. Mais elle est repérée par un proxénète qui lui promet de l’aider à avoir des nouvelles de son mari contre une rétribution en nature…

Le film est lent et violent à la fois. Une violence sourde, oppressante, omniprésente. Longtemps elle parvient à l’éviter, à fuir au bon moment. Mais on se doute qu’au final, il n’existe pas d’échappatoire. Même si le réalisateur, grâce à une fin entre Fellini et «Brazil » de Terry Gilliam, parvient à laisser croire que c’est possible.

➤ "Une femme douce" drame de Sergei Loznitsa (Russie, 2 h 23) avec Vasilina Makovtseva, Marina Kleshcheva.
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De la violence dans le cinéma russe
Rôle d’une rare complexité pour Vasilina Makovtseva (photo), actrice russe de théâtre venue de l’Oural, elle interprète avec brio, cette femme, douce et obstinée, perdue dans une Russie devenue incontrôlable où la violence est présente à chaque coin de rue. Du moins dans les grandes villes. Quand elle est chez elle, dans cette maison perdue dans la prairie, loin de toute route, c’est la tranquillité et le calme qui règnent. Mais jusqu’à quand. On sent que le monde russe bascule. La libéralisation du marché a littéralement désagrégé le pays. S’il a conservé sa bureaucratie pointilleuse, inflexible et incompréhensible, l’argent a transformé les hommes. Les policiers ou gardiens de prison ne sont que des corrompus en puissance. Les ambitieux deviennent les nouveaux corrupteurs, à qui rien ne peut résister. Surtout pas les femmes.
Cette thématique de la violence omniprésente dans la nouvelle société russe inspire les réalisateurs. Comme dans « Faute d’amour », nouveau film d’Andrey Zvyagintsev, en salles le 20 septembre prochain mais qui sera en avant-première au Castillet à Perpignan ce mardi 22 août à 19 h 15. Un couple se déchire, veut divorcer. Leur enfant trinque. Un film dur, bouleversant selon la critique et qui a remporté le prix du jury au dernier festival de Cannes.
Le précédent film de Zvyagintsev, « Leviathan », lui aussi primé à Cannes en 2014, explorait déjà les relations compliquées au sein de la famille d’un garagiste dans une petite ville isolée au nord du pays. 

mardi 2 mai 2017

De choses et d'autres : calcul de justice


On se demande parfois combien « coûte » un vol. A partir de quelle somme dérobée risque-t-on la prison ? Il n’y a pas de règle. Seuls les juges sont décisionnaires « en leur âme et conscience » selon l’expression consacrée. Souhaitons à tous les justiciables qu’une récente décision du tribunal correctionnel de Laon dans l’Aisne ne se transforme pas en jurisprudence de calcul. La règle de trois est facile à appliquer dans le cas concret de cet homme condamné à 1 mois de prison ferme après avoir été pris en flagrant délit de vol par des gendarmes. Mauvaise idée aussi d’ouvrir la voiture d’un garagiste travaillant pour la maréchaussée et d’y dérober tout l’argent qui s’y trouvait. Un mois de prison ferme donc pour un butin de... 20 centimes. Même les élèves de primaire peuvent faire la conversion. Exemple de problème : « Vous ne payez pas le parking après avoir garé votre voiture en ville. Vous la laissez deux heures, sachant que le prix de l’heure est fixé à 1,20 euro. Combien de temps allez-vous passer en prison si le juge suit l’exemple de Laon ? » La ré- ponse à la question est proprement hallucinante : pour un « oubli » de 2,40 euros, vous pouvez vous retrouver une année complète derrière les barreaux. Imaginez la longueur de la peine de celui qui voit grand dans le détournement de fonds. Du genre plusieurs centaines de milliers d’euros de salaires d’un emploi fictif (680 000 à la louche). A ce tarif, il devrait être emprisonné durant 2833... siècles. 
(Chronique parue le 2 mai en dernière page de l'Indépendant)

dimanche 11 septembre 2016

DVD : "Eperdument", une détenue modèle et un directeur amoureux


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Sur le papier, la distribution a de la gueule : Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos réunis, ce sont deux César qui se donnent la réplique. Le thème du film de Pierre Godeau a de plus l'avantage d'être tiré d'un fait divers récent qui a fait couler beaucoup d'encre. Le résultat n'est pas transcendant, la faute à un trop grand classicisme et une retenue dans le jeu qui vire parfois au presque faux.

Mais il a l'excuse d'être un premier film. "Éperdument" est l'histoire d'amour impossible entre une détenue et le directeur de la prison. Anna, avant son procès (le film ne dit jamais de quoi elle est accusée, mais on apprend au détour d'une conversation avec son avocate qu'elle risque dix ans de réclusion criminelle), est transférée dans une petite prison pour femme.
Amour impossible
Jean y règne en maître absolu. Ce père de famille, marié à une surveillante (affectée dans une autre prison), essaie d'être juste. Mais quand il croise le regard d'Anna, tout son monde s'écroule. Un amour fou naît entre ces murs froids. Anna va elle aussi se raccrocher à cet homme qu'elle désire. Au mépris de toutes les lois, ils vont mener une relation secrète, à l'intérieur même de la prison. Anna sera affectée au service général, une sorte d'administration composée de détenues, directement sous les ordres du directeur. Pratique pour passer de longues heures à deux dans la salle informatique ou pour la convoquer afin de faire le ménage dans son bureau. La romance ne reste pas secrète. Dénoncé par une détenue rancunière, Jean est mis à pied, jugé, condamné. Et dans le film, comme dans la réalité, en plus de perdre sa femme et sa fille, il sera rejeté par la belle Anna dès qu'elle sera remise en liberté.
On retiendra surtout de ce film carcéral la performance d'Adèle Exarchopoulos. La jeune actrice, découverte dans "La vie d'Adèle" s'est fortement impliquée dans ce rôle, passant de longues semaines en compagnie de véritables détenues pour être la plus juste possible. Le DVD offre en bonus un making of centré sur le décor, la prison de la Santé.
"Éperdument", Studiocanal, 16,99 €

jeudi 24 mars 2016

BD : S'évader des profondeurs avec Bec et Rafaele

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Conclusion de la série "Deepwater prison" écrite par Christophe Bec et dessinée par Stefano Rafaele. Dans un futur proche, pour résorber l'augmentation de la population carcérale, les autorités construisent des prisons au fond de l'océan. A 800 mètres de profondeur, impossible de s'évader. Ce huis clos angoissant est digne des meilleurs films d'évasion. Un petit groupe de prisonniers fomente un audacieux plan pour se faire la belle. Leur ticket de sortie c'est une fonctionnaire du gouvernement qui vient enquêter sur les conditions de vie de cet état dans l'état. On trouve à la manœuvre un ancien marine, condamné pour désobéissance. Et pour donner un peu plus de corps à l'ensemble, l'histoire tourne autour des exactions d'une grande compagnie pétrolière. Politique et écologique, la série est particulièrement crédible. Les dessins hyper réalistes de Rafaele renforçant cette impression.
"Deepwater prison", (tome 3), Soleil, 15,50 euros

mercredi 24 février 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Béziers, son Club Med'

Si la ville de Béziers faisait peu parler d'elle il y a quelques années, à présent elle revient régulièrement à la une de l'actualité nationale. Pour une fois Robert Ménard, surdiplômé es provoc médiatique (et néanmoins maire élu avec l'appui de l'extrême-droite), n'y est pour rien. Une séquence vidéo tournée en prison a suffi.
La France, pays des droits de l'Homme, semble bichonner ses détenus. Pour preuve, le week-end dernier, un jeune a pu diffuser durant plusieurs heures une retransmission vidéo en direct depuis sa cellule. On retrouve une nouvelle fois la plateforme Périscope à l'origine de cet 'exploit technique'. "Ici, c'est le Club Med" explique le prisonnier, en pleine nuit, un joint aux lèvres.
Bien connu de l'administration pénitentiaire, il a déjà été sanctionné en janvier après la découverte de trois portables dans sa cellule. Visiblement, il en gardait un sous le coude pour discuter en direct avec ses potes. Cette provocation risque de lui coûter gros (voir en page Eurorégion), mais au moins en voilà un qui a trouvé sa voie en cas (différé pour l'heure) de réinsertion : la télé.
Sûr, quantité de fans des émissions de téléréalité adoreront ses transgressions. Et il n'aura que l'embarras du choix : rejoindre le casting des 'Anges de la téléréalité' (où il jouera le démon) ou postuler comme chroniqueur à 'Touche pas à mon poste'.
Du moins si ces émissions existent toujours quand il sortira du "Club Med" de Béziers.

lundi 28 septembre 2015

BD : Tyler Cross se fait la belle


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Son premier album a fait sensation. Le second est encore meilleur... Tyler Cross s’affirme comme la nouvelle vedette du polar en images. Tyler coule des jours heureux au bord de la mer avec son amoureuse. Il accepte malgré tout un dernier coup. Facile. Sans risque. Une grosse embrouille en réalité. Il finit donc au pénitencier d’Angola à la Nouvelle-Orléans. Une prison qui fonctionne comme une petite entreprise. Il va donc devoir trouver une solution pour se faire respecter, puis se faire la belle. Cela lui prendra plus de 100 pages. Il devra éliminer le cador des Italiens, trouver quelques complices, échafauder un plan pour s’évader. Tout se préparant à récupérer le magot du coup “facile” et bien évidemment se venger des imprudents qui lui ont fait cette entourloupe. Véritable thriller écrit par Fabien Nury, ce roman graphique est mis en image par Brüno, virtuose des ambiances en noir et blanc. La pagination exceptionnellement longue lui permet de dérouler à l’envi les scènes essentielles, comme la bagarre dans le pénitencier ou la fuite dans les bayous. Du grand art, passionnant et palpitant.

« Tyler Cross » (tome 2), Dargaud, 16,95 euros

samedi 8 novembre 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES : Raccrochez

Splendeurs et misères de la téléréalité. Hier matin, alors que tout le monde glosait sur la prestation de François Hollande la veille sur TF1, une petite information de rien du tout a chamboulé les discussions à la machine à café, au bistrot, dans les cours de récréation... Dans un hôtel de Boulogne-Billancourt en région parisienne, au cœur de la nuit, un couple se dispute. Le ton monte, la femme se saisit d'un couteau et en porte plusieurs coups au niveau du thorax de l'homme. En pleurs, elle descend à la réception prévenir les secours.
Depuis hier matin elle est en garde à vue et risque une mise en examen pour "tentative d'homicide" - l'homme a été touché au niveau du cœur et des poumons.
Le fait divers n'a rien d'exceptionnel, la personnalité de la présumée coupable par contre sort de l'ordinaire. Il s'agit de Nabilla, la jeune vedette des "Anges", rendue célèbre après sa cultissime réplique "Allô, non mais allô quoi !"
Même si cet épisode sanglant n'implique pas forcément la fin de la carrière médiatique de Nabilla, il lui sera difficile de rebondir après. Déjà, D8 a préféré déprogrammer dans l'urgence les rediffusions de l'émission "Touche pas à mon poste" où elle officie en tant que chroniqueuse.
Il se peut fort qu'elle soit obligée de faire une étape par la case prison. Reste que le milieu de la téléréalité est souvent peu regardant sur la morale, il se trouvera donc certainement des producteurs peu scrupuleux pour lui proposer de filmer son incarcération et sa détention. The show must go on. Jusqu'à la nausée.

jeudi 25 septembre 2014

DVD : De l'utilité des prisonniers dans "On the job"

Thriller philippin, « On the job » fait découvrir au spectateur les bas-fonds de Manille.
Le cinéma asiatique est trop souvent méconnu en Europe. Saluons donc la sortie en DVD chez Wild Side Vidéo de ce film philippin nerveux et violent. Réalisé par Erik Matti, « On the job » est tiré d'une histoire vraie. Dans ce pays où politique et corruption ont toujours fait bon ménage, un scandale a ébranlé la police quand la presse a révélé que des prisonniers étaient utilisés comme tueurs à gages. Tatang et Daniel (Joel Torre et Gerald Anderson) sont détenus depuis de longues années. Le premier est en train de former le second à ce métier non officiel. Régulièrement, ils sont exfiltrés du pénitencier et ont pour mission d'abattre un « ennemi ». La scène d'ouverture, en plein carnaval, est impressionnante. Tatang, sous la protection de Daniel, s'approche de la cible et l'abat de deux balles. Une dans la poitrine pour le faire tomber, une seconde dans la tête pour terminer le travail. Une fois le travail accompli, ils rentrent dans le rang, avec un beau pécule en poche.

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Ces règlements de compte, de plus en plus fréquents, poussent la police locale à mobiliser ses meilleurs éléments. L'enquête est confiée au sergent Acosta, un pur, incorruptible et tenace. Dès qu'il a une piste, l'affaire lui est retirée et confiée au FBI local, plus spécialement à Francis Coronel Junior. Jeune, beau, ambitieux, il est le gendre d'un homme politique influent. Entre les détenus tueurs et le duo de flics, une palpitante chasse à l'homme va s'engager, des ruelles sombres et étroites des bas-fonds de Manille aux couloirs d'un hôpital en passant par les beaux quartiers où la classe politique, alliée à l'armée et la mafia, manipule et corrompt au quotidien. Le film n'est pas uniquement d'action. Il dénonce aussi vivement la corruption qui gangrène le pays. De manière un peu naïve, mais finalement assez salutaire.

« On the job », Wild Side Vidéo, 14,99 euros.

mardi 1 avril 2014

BD - Angoissante prison sous-marine


Pour éviter les évasions, les Américains ont inventé Alcatraz, la prison, sur une île au large de San Francisco. Dans le futur décrit par Christophe Bec et illustré par Stefano Raffaele (dessinateur réaliste d'une rare efficacité), ils sont allés encore plus loin. La prison est une base sous-marine à 900 mètres de profondeur. Deepwater Prison, lieu d'une violence inégalée. Les gardiens et quelques caïds font régner la terreur. Pour la première fois depuis longtemps, une femme va y séjourner. Une scientifique qui enquête sur le naufrage d'une plateforme pétrolière à quelques encablures. 
Le premier tome de cette série qui aurait tout à fait eu sa place dans la collection « La grande évasion » plante le décor. Un héros, emprisonné par erreur, une femme belle et déterminée, une administration qui a beaucoup à cacher et quelques monstres marins démesurés. Il ressort de cette BD un sentiment d'angoisse et d'oppression très fort. Preuve que les auteurs ont parfaitement réussi leur coup. Car dans Deepwater Prison, personne ne peut être serein...

« Deepwater Prison » (tome 1), Soleil, 13,95 €

vendredi 6 décembre 2013

DE CHOSES ET D'AUTRES - Danse avec les gangs

Des détenus en train de danser un Harlem Shake dans une prison, avouez, cela fait désordre. La scène se passe à Montmédy, dans la Meuse. Un couloir mal éclairé, la musique insupportable et l'arrivée d'une quinzaine d'agités, visages dissimulés par des cagoules. La vidéo fait son petit effet sur internet, entre félicitations et indignation. Pourquoi transformer immédiatement ces quelques secondes de défoulement en affaire d'État ? S'ils veulent danser, à quoi bon contrarier leur volonté de réinsertion ? Voilà les première réflexions qui me sont venues à l'esprit. Dans un second temps, je m'aperçois que ces gens font plutôt peur. En vrac, quelques solutions pour diminuer leurs ardeurs guerrières. Le ministère de la Justice devrait imposer dans les conditions de détention un stage à l'opéra de Paris pour tous les « gangsters D-Ter » ! Ils constateront rapidement la différence entre l'art et le n'importe quoi. Danser en justaucorps moulant sur de la musique classique se révèle plus compliqué que rouler des mécaniques dans 8 mètres carrés.

Autre possibilité : participation obligatoire à un numéro exceptionnel de l'émission de TF1, rebaptisée pour l'occasion « Danse avec les gangs ». Une rumba, un tango ou une valse, devant des millions de téléspectateurs et à visage découvert paraîtront sans conteste plus intimidants qu'un Harlem Shake, masqués, face à un téléphone portable. Rajoutez là-dessus les critiques acides d'un Chris Marques toujours prompt à démolir le moindre faux-pas et le problème des prisons en France est réglé. Les détenus n'auront plus qu'une envie : rester cloîtrés, sages comme des images au fond de leur cellule.

Chronique parue jeudi en dernière page de l'Indépendant

mercredi 30 avril 2008

BD - Entre quatre murs


La vie est tellement dure dans la prison de Templeton Bay que certains détenus, sans hésiter, choisissent la mort. Deux d'entre eux, pourtant condamnés à des peine minimes, se donnent la mort. Le premier en sautant du toit, le second en s'immolant avec du white spirit qu'il a dérobé dans la buanderie. 

Une drôle d'ambiance semble s'instaurer entre ces quatre murs. Une nouvelle drogue, aux effets dévastateurs, ne serait pas étrangère à cette modification de l'atmosphère générale. Aleks Wojda, un des gardiens, héros de cette série écrite par Callède et dessinée par Gihef, enquête et tente de découvrir qui inonde la prison de cette substance mortelle. Cette série, d'une rare violence, crue, ne laissant aucune des atrocités de la captivité dans l'ombre, est en fait très psychologique. 

Derrière ces attitudes se cachent de profondes fêlures, dans tous les camps. Gardien de prison corrompu, taulard terrorisé par son compagnon de cellule, caïd froid et sans pitié, femme facile au passé douloureux, maton cocu et trop conscient de l'être : la galerie de personnages est riche et diverse. Tout un monde dont on devient rapidement accro.

« Haute sécurité » (tome 3), Dupuis, 10,40 €