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mardi 16 juillet 2024

BD - Prisonnier politique encombrant

La France, pays des droits de l’Homme, a parmi ses prisonniers un homme qui est derrière les verrous depuis 1984. 40 années derrière les barreaux, 40 années Dans les oubliettes de la République, comme le titre de cet album de BD signé Pierre Carles et Malo Kerfriden. Cet oublié de la justice, c’est Georges Ibrahim Abdallah, Libanais, militant communiste condamné à la perpétuité pour complicité à des attentats terroristes.

Le cas du plus vieux prisonnier politique français intéresse Pierre Carles, réalisateur de documentaires très engagés, après une enquête sur Action Directe. Georges Ibrahim Abdallah est membre des Fractions armées révolutionnaires libanaises. Un groupe communiste qui combat « l’impérialisme américain et israélien ».

Deux représentants diplomatiques de ces deux pays (peut-être des espions sous couverture) sont abattus dans la rue en 1982. Les autorités françaises sont persuadées que ce sont les FARL qui sont à la manœuvre. Deux années plus tard, Abdallah est arrêté. Selon Pierre Carles, c’est à la demande expresse des USA qu’il est lourdement condamné. Perpétuité.

Mais une fois sa peine incompressible effectuée, son avocat Jacques Vergès fait une première demande de remise en liberté. Refusée. Les suivantes aussi. Systématiquement. Jusqu’à aujourd’hui et par tous les gouvernements, de droite comme de gauche. La BD revient sur les faits, démonte la manipulation de l’époque (en réalité ce sont des intérêts iraniens qui ont abattu les supposés espions) et explique que si Abdallah est toujours en prison, c’est à la demande expresse des USA.

Une enquête fouillée, très étayée, mise en images par Malo Kerfriden dans un style très réaliste. Mais cela ne rendra jamais ces 40 années (ou du moins les 15 après qu’il aurait pu être libéré) à Georges Ibrahim Abdallah.

« Dans les oubliettes de la République », Delcourt, 128 pages, 17,95 €

mardi 6 novembre 2018

DVD et Bluray - Espionnage et traîtrise au coeur du "Dossier Mona Lisa"


Le monde de l’espionnage n’a rien à voir avec les grosses voitures de James Bond et autres gadgets. Dans la réalité, l’atout essentiel de l’agent secret c’est la discrétion. Avec « Le dossier Mona Lisa » d’Eran Riklis on est au plus près de la réalité. Mona (Goldhifteh Farahani), Libanaise, trahi sa communauté pour informer Israël. Suspectée et menacée par le Hezbollah, elle est exfiltrée en catastrophe. Sa mission est terminée. Elle subit une opération de chirurgie esthétique et une fois rétablie pourra débuter une nouvelle vie au Canada. Durant 15 jours de convalescence en Allemagne, elle va être surveillée et protégée par Naomi (Neta Riskin), agent du Mossad. La cohabitation, quasiment en huis clos est au centre de ce film d’atmosphère, oppressant et virtuose. La confrontation entre les deux femmes, méfiantes puis presque amies, est le cœur de l’histoire. Mais on y apprend aussi beaucoup des pratiques souvent peu reluisantes des services secrets (occidentaux et d’Israël) et la folie terroriste du Hezbollah. Un making-of complète le DVD, racontant le tournage en Allemagne, la mé- thode de travail d’Eran Riklis et présentant mieux Neta Riskin, excellente actrice israélienne.

➤ « Le dossier Mona Lisa », Pyramide Vidéo, 19,99 €

mardi 27 mars 2018

BD : Un coucou franco-libanais


Impressionnante tranche de vie que ce « Monsieur Coucou ». On devine beaucoup de vécu dans l’histoire d’Abel, devenu Allan depuis qu’il vit en France. Allan qui ressemble à Joseph Safieddine, scénariste franco-libanais. Allan a renié sa famille. Il vit désormais en France avec sa femme et s’occupe de la mère de cette dernière, mourante. Mais pour elle il va accepter de retourner au pays et se retrouve confronté à cette histoire familiale violente et marquée par la religion. Tout ce qu’Allan rejette depuis des années. Une introspection quasi philosophique dessinée par Park, Coréen qui lui aussi connaît l’exil puisqu’il vit en France depuis des années.

➤ « Monsieur Coucou », Le Lombard, 17,95 €  

lundi 8 août 2016

DE CHOSES ET D'AUTRES : Piques olympiques (1/3)

jeux olympiques, rio2016, blessure, maillots, mladenovic, liban, israël, Samir Aït-SaïdDébutés la semaine dernière, les Jeux olympiques devraient être la grande fête du sport et de l'amitié. En réalité, la compétition sportive est aussi l'endroit où il se passe des choses pas très nettes. A chaque jour son lot de piques olympiques.
Les femmes, selon la croyance populaire, seraient particulièrement attentives à leurs tenues vestimentaires. La tenniswoman nordiste Kristina Mladenovic s'est lâchée sur Twitter après sa défaite en double féminin dès le premier tour. La faute à "l'incompétence" de la fédération française de tennis. Une bête histoire de liquette. Les maillots fournis par le staff n'étaient pas de la même couleur. Interdit par le règlement. Mladenovic a puisé dans sa réserve personnelle pour rhabiller sa partenaire. Mais pour cacher les sponsors, elle a dû le porter à l'envers. De quoi déstabiliser les sportives les moins coquettes.
Des petites anecdotes de ce type, il y en aura des dizaines, chaque athlète a son histoire et celle de son pays, difficile à porter parfois. Qui génère par exemple des tensions entre Libanais et Israéliens pour une histoire de bus à prendre ensemble. La paix se rétablit sur les stades, pas encore dans les transports publics.
Mais le pire de ces JO, pour l'instant, ne vient pas des sportifs. Ce sont les sites internet à l'affût de sensationnel qui méritent un carton rouge. A grand renfort d'adjectifs (horrible, terrible, affreuse) pour qualifier la blessure et attirer les clics, ils passent en boucle la double fracture ouverte tibia péroné du gymnaste français Samir Aït-Saïd. Des images choc dont on se serait bien passé.

mardi 18 janvier 2011

Roman - Le Liban familial de Christophe Donner

Après avoir écrit sur sa famille, Christophe Donner se penche sur sa belle-famille. Des Libanais sous la coupe d'Elias, le patriarche de 104 ans.


Écrivain atypique à la production très conséquente, Christophe Donner a deux passions : les chevaux et le jeu. Il parviendra, comme toujours, à placer ces deux éléments dans son nouveau roman qui normalement aurait eu comme sujet principal la famille et le Liban.

Narrateur et personnage principal, il quitte Paris pour quinze jours, direction le Liban en compagnie de sa femme. Dora va voir, peut-être pour la dernière fois, son père, Elias Chamoun. Le patriarche qui affiche un âge invraisemblable pour ce pays souvent en guerre : 104 ans. Il n'a plus toute sa tête, mais suffisamment pour mener la vie dure à sa femme et à la bonne. Christophe Donner ,« Monsieur Christophe » pour Elias, a un faible pour ce vieil homme qui semble avoir des trous de mémoire sélectifs. Par exemple, il est incapable de se souvenir du prénom de sa fille, Dora, l'épouse de l'auteur. Cette dernière ne lui en veut pas, comme ses frères et sœurs elle est en pâmoison devant cet homme capricieux et autoritaire mais qui semble éternel.

Au fil des jours le charme s'estompe et Elias devient de plus en plus insupportable. Cela donne ces lignes d'une étonnante clairvoyance :

« La vieillesse qui serait un retour à l'enfance, je n'y crois pas, c'est un cliché pour dissimuler l'horreur. En fait, c'est un couloir de plus en plus étroit, de plus en plus étroit, dans lequel les vieillards avancent à tout petits pas. Leur maladresse n'est pas celle des enfants, mais celle de l'épouvante. »

Ces quinze jours à Beyrouth pour Christophe Donner, ce sont aussi, et surtout, deux semaines loin des champs de courses parisiens. Il se contente d'admirer, depuis le balcon de l'appartement qu'il occupe, les pur sang libanais à l'entraînement sur la piste du vieil hippodrome.

Un séjour au cours duquel il redoute puis espère presque qu'Elias tire enfin sa révérence, qu'il emporte dans sa tombe ses humeurs, sa dépendance et avec lui ses secrets. Un roman lumineux sur le Liban, la famille et la mort... avec un zeste de course hippique, Christophe Donner oblige.

« Vivre encore un peu », Christophe Donner, Grasset, 14 €